La Valette, 12 nov (APS) – Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall a plaidé, jeudi, à La Valette, la capitale de Malte, pour l’instauration d’un "ordre nouveau", à l’opposé de la "détérioration des termes de l’échange", afin que l’Afrique puisse tirer profit de ses ressources naturelles.
"Tant que l’Afrique ne verra pas la juste rémunération de ses ressources naturelles, elle sera plus ou moins dépendante. Il est temps que cet ordre nouveau soit instauré, celui d’une juste rémunération des ressources naturelles et de leur transformation sur le continent", a soutenu M. Sall lors d’une conférence de presse, à la fin du sommet Europe-Afrique sur la migration (11-12 novembre).
"Il faut lutter, non seulement pour une juste rémunération de nos ressources naturelles, mais aussi contre l’évasion fiscale. Il est de notoriété publique que certaines multinationales opérant en Afrique trouvent toujours (…) les moyens d’échapper au fisc des pays africains", a-t-il ajouté.
Macky Sall répondait à la préoccupation d’un journaliste, qui laissait entendre que l’Afrique pourrait réduire les départs de migrants de son territoire en exportant ses matières premières à des prix "équitables".
La transformation des matières premières sur place, en Afrique, permettra de donner "une valeur ajoutée plus importante que celle de leur exportation", a-t-il estimé.
"Cette transformation va créer des emplois sur le continent. (…) Ce combat nous l’avons mené partout, au G-7, au G-20 et aux Nations unies", a ajouté M. Sall.
La Valette, 12 nov (APS) – L’Union européenne (UE) propose aux dirigeants africains la création de "centres de tri" des migrants dans leur pays, une proposition qui a été l’objet d’un rejet de l’Union africaine et d’une réserve de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), mercredi, au sommet de La Valette (Malte) sur la migration.
En plus de cette proposition, l’UE s’est engagée à faciliter l’accès des Africains aux visas de ses pays membres, à accompagner le retour de certains migrants en Afrique et à réduire le montant des frais de leurs transferts monétaires vers leur pays d’origine.
A l’ouverture du sommet Europe-Afrique sur la migration, à La Valette, la capitale de Malte, la présidente de la Commission de l’UA s’est catégoriquement opposée à la création de "centres de rétention" de migrants sur le sol africain.
"Je voudrais déclarer de manière catégorique que l’Union africaine n’appuie pas et n’approuve pas l’installation de ces soi-disant centres de traitement en Afrique. Ces centres de traitement, ou peu importe le nom qu’on leur donne, sont de facto des centres de détention et constitueront une sérieuse violation des droits de l’homme", a soutenu Nkosazana Dlamini-Zuma.
Ces centres seront "une nouvelle mesure de victimisation à l’égard des migrants. Les femmes et les enfants y courront de grands risques d’être victimes de viol et de traite d’êtres humains, y compris le trafic d’organes humains", a-t-elle insisté, en présence de nombreux dirigeants européens, dont le président français François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel.
"Plus particulièrement, a ajouté la présidente de la commission de l’UA, ces centres risquent de devenir des terreaux fertiles pour le crime organisé, l’extrémisme et le terrorisme, aggravant ainsi le problème que nous essayons de résoudre."
"La politique des barricades"
Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, suggère que soit étudiée "sérieusement" cette proposition européenne.
"Sur l’éventualité de création de centres de rétention, dans des pays africains, nous sommes d’avis que cette question sensible doit être sérieusement examinée, à la lumière des règles qui gouvernent la migration dans nos espaces communautaires", a déclaré M. Sall, en intervenant au sommet au nom des 15 pays de la Cédéao.
Si cet examen n’est pas fait, a-t-il averti, "nous aurons failli à nos propres obligations" en matière de migration.
Macky Sall a aussi rejeté "la politique des barricades" menée par certains pays européens, en matière de migration.
"Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et du repli sur soi. Ce n’est pas la voie de l’avenir. La voie de l’avenir, pour nous, c’est celle de la collaboration et du partenariat", a-t-il dit aux dirigeants européens.
Il a plaidé pour "une migration maîtrisée, qui facilite la cohabitation et les échanges", en présence d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement européens et africains.
Le sommet de La Valette devrait déboucher ce jeudi sur un "plan d’action" sur la migration et la création, par l’Union européenne, d’un "fonds fiduciaire pour l’Afrique", doté de 1,8 milliard d’euros, environ 1.180 milliards de francs CFA, pour financer des projets capables de fixer les migrants dans leur pays d’origine.
MIGRATIONS : EUROPÉENS ET AFRICAINS ENTAMENT UN SOMMET A LA VALETTE
La Valette, 11 nov 2015 (AFP) - Plus d'une cinquantaine de pays européens et africains ont entamé mercredi soir à La Valette un sommet dans l'espoir de trouver des réponses communes à la crise migratoire qui déstabilise l'Europe, mais affecte aussi l'Afrique.
"Nous devons nous unir, tant les pays d'origine que les pays de destination", a déclaré à l'ouverture de ce sommet entre leaders des deux continents, le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, qualifiant la réunion d'"occasion sans précédent de travailler ensemble".
Les pays africains et européens "ont des intérêts communs" à tenter d'endiguer les flux de migrants, a fait valoir le chef de l'exécutif de l'Union européenne, Jean-Claude Juncker, à son arrivée.
L'UE doit aider l'Afrique et "les Africains doivent nous aider à limiter le flux de migrants ou peut-être à le stopper", a-t-il estimé. "L'Europe et l'Afrique ne peuvent pas s'ignorer", a déclaré devant ses pairs le président du Sénégal Macky Sall, également dirigeant en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
"Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et le repli sur soi", a-t-il lancé. Une position largement reprise par tous ces dirigeants. "La seule façon de gérer ce phénomène est de le faire ensemble", a ainsi souligné la chef de la diplomatie européenne, l'Italienne Federica Mogherini.
Le Fonds pour l'Afrique, d'un montant de 1,8 milliard d'euros et qui doit être lancé à Malte, est "l'un des instruments" nécessaires, "mais il ne s'agit pas seulement d'argent", a-t-elle fait valoir.
"Ce fonds ne peut pas couvrir tous les besoins car les besoins sont énormes", a souligné le président nigérien, Issoufou Mahamadou.
"Il faut un traitement équitable entre migrants du sud et migrants d'ailleurs", a insisté devant la presse à son arrivée au sommet son homologue sénégalais. La réadmission de migrants irréguliers africains renvoyés d'Europe, que l'UE souhaite accélérer, "est un sujet difficile", a-t-il reconnu, évoquant des migrants qui "ont bravé la mort, dans des conditions épouvantables".
La réadmission "dépend aussi des conditions qui seront mises place", a renchéri son homologue nigérien. Pour "ceux qui sont déjà en Europe, on devrait avoir une discussion franche, voir ceux qui peuvent être régularisés", a plaidé le président sénégalais.
Le plan d'action auquel doit aboutir le sommet "va combattre la migration illégale et faire plus pour donner davantage de possibilités légales de commencer à travailler en Europe", a promis de son côté la chancelière allemande Angela Merkel.
"Nous devons tendre la main à l'Afrique", a renchéri le président français François Hollande. Mais il faut aussi lui "demander un certain nombre de réponses en termes sécuritaires parce que nous ne pouvons pas accepter qu'en Libye, au Niger il y ait des trafiquants qui utilisent la détresse pour favoriser des migrations qui se terminent par des impasses voire même par des drames".
LE NIVEAU DES SOCIÉTÉS SE JAUGE AU TRAITEMENT RÉSERVÉ AUX PLUS FAIBLES
Dakar, 11 nov (APS) – L’écrivaine franco-sénégalaise, Fatou Diome, a affirmé mercredi que le niveau d’une société dépend de la manière dont celle-ci "traite ses enfants, ses femmes et ses malades".
"Je ne crois pas au machisme et c’est très africain. Le machisme est d’ailleurs plus africain qu’européen", a soutenu l’auteure de "La préférence nationale " (recueil de poèmes, 2001) et du roman "Le
Ventre de l’Atlantique (2003), lors d’une rencontre littéraire avec des lycéens à Dakar.
Elle animait une rencontre littéraire avec des élèves du lycée Saïdou Nourou Tall de Dakar dans le cadre de la 15e édition de la Foire internationale du livre et du matériel didactique de Dakar (FILDAK) qui va s’ouvrir jeudi.
Appelant à la tolérance et à la justice sociale, Fatou Diome a dit à la centaine de lycéens que "la douceur que vous donnez n’est pas une faiblesse, c’est une tendresse que vous recevrez en retour".
"Mon objectif en ce moment est de continuer à semer la paix et la fraternité", a-t-elle confié aux élèves, ajoutant qu’elle "rêve de construire des bibliothèques partout dans le monde en commençant par Niodior", dans les Îles du Saloum, où elle est née en 1968.
Docteur en philosophie et littérature, Fatou Diome a fait comprendre à son jeune auditoire que "la meilleure manière d’aider l’Afrique à progresser, c’est d’aider l’école, donc le savoir".
PLANS LOCAUX DE DÉVELOPPEMENT
PLAIDOYER POUR UNE INTÉGRATION DE LA PROBLÉMATIQUE CLIMAT
Ndangane Sambou, 11 nov (APS) - Les collectivités locales doivent de plus en plus penser à intégrer la problématique des changements climatiques dans leurs plans d’actions et programmes de développement, a plaidé mercredi à Ndangane Sambou, Djidiack Faye, directeur de l’Agence régional de développement (ARD) de Fatick.
’’Depuis plus de cinq ans, au niveau de la planification locale, à l’instar de toutes les actions, ou de programmes de développement, il est question de prendre en compte l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques’’, a-t-il dit.
Il présidait un atelier de deux jours sur la planification locale et le changement climatique organisé par la direction l’environnement
et des établissements classés en rapport avec l’ARD de Fatick et le PAFA.
Selon lui, ’’il est pertinent de prévoir dans ces documents des actions liées à ces questions de climat parce que les véritables actions d’adaptation aux changements climatique devront se passer au niveau des territoires’’..
’’Aujourd’hui , il s’agit d’évaluer l’utilisation et la maitrise de ces outils d’intégration des changements climatique en essayant d’évaluer au niveau de ces plans même, le contenu, le volume de ces actions d’adaptation aux changements climatique’’, a indiqué M. Faye.
’’La planification locale a un principe fort qui s’appelle la participation des populations. Ce sont les populations elles-mêmes qui priorisent les actions à mener après avoir fait le diagnostic. Il devient important d’intégrer les changements climatiques dans les des actions de planification’’, a t-i expliqué.
Le colonel Momar Talla Diagne, chef de la division régionale de l’environnement et des établissements classés de Kaolack, a pour sa part souligné qu’il est essentiel de préparer les collectivités locales.
M. Diagne estime qu’’il ’’est important que la dimension changement climatique soit vraiment prise en compte dans la planification’’.
’’La problématique des changements climatique est une réalité au Sénégal. Partout ailleurs, il y a dégradation des sols, dégradation des ressources forestières, salinisation, baisse des rendements agricoles, bref beaucoup de problèmes liés au climat’’, a déploré le chef de division régionale de l’environnement et des établissements de Kaoalck.
Il a aussi évoque un ’’un troisième élément’’ du contexte à savoir l’Acte 3 de la décentralisation qui ’’voudrait que l’on prenne en compte les changements climatique dans nos outils de planification’’.
LA CÉDÉAO PROPOSE À L’EUROPE UNE APPROCHE CONCERTÉE
La Valette, 11 nov (APS) – Le président Macky Sall a, au nom des 15 pays membres de la Cédéao, invité les dirigeants européens à avoir "une approche globale, durable et concertée" de la migration, pour "maîtriser" les flux de migrants, lors d’un sommet sur le sujet, mercredi, à La Valette (Malte).
Le président en exercice de la Cédéao a aussi appelé les chefs d’Etat et de gouvernement des pays d’Afrique et d’Europe à "favoriser une prospérité partagée pour arriver à une meilleure maîtrise des flux migratoires".
La concertation sur les politiques migratoires est une nécessité, vu "les particularités entre l’Europe et l’Afrique", a ajouté Macky Sall dans une allocution donnée au nom de ses pairs de la Cédéao.
Les "sacrifices communs", "la coopération intense qui nous lie", "la proximité" et "le brassage biologique" sont des facteurs qui "obligent" Africains et Européens à avoir "approche concertée" sur la migration, a-t-il souligné en présence de nombreux chefs d’Etat d’Afrique et d’Europe.
Au sommet sur la migration organisée par la Commission européenne ont participé aussi, côté africain, les présidents Ali Bongo (Gabon), Idriss Déby (Tchad), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Thomas Yayi Boni (Bénin), Michel Kafando (Burkina Faso), parmi d’autres.
L’Europe est représentée par des dirigeants de pays membres de l’Union européenne (UE) et d’autres Etats d’Europe invités : le président François Hollande (France), la chancelière Angela Merkel (Allemagne), les Premiers ministres David Cameron (Royaume-Uni) et Alexis Tsipras (Grèce), entre autres.
"Une fin en soi"
Macky Sall a par ailleurs loué "les efforts de l’Europe pour accueillir des réfugiés forcés de quitter leur pays à cause de la guerre".
La migration n’était pas "une fin en soi" pour l’Afrique de l’Ouest, a-t-il souligné, faisant valoir que les pays de la Cédéao ont "besoin de toutes [leurs] forces et de toutes [leurs] intelligences".
En évoquant le sort des nombreux migrants noyés en mer en tentant de rejoindre d’autres pays ou continents, le président en exercice de la Cédéao a invité ses pairs d’Europe et d’Afrique à opposer à "l’appel illusoire du grand large" (la mer ou l’océan, Ndlr) le développement de projets économiques capables de fixer les potentiels candidats à la migration dans leur pays.
Il a donné l’exemple du projet "Terres fermes" qu’envisage de dérouler son gouvernement, pour employer "des millions de jeunes dans l’exploitation de domaines agricoles".
Faciliter l’accès des populations aux services sociaux de base (santé, éduction, etc.) est également de nature à réglementer la migration et à éradiquer "l’émigration clandestine", selon Macky Sall.
Le sommet de Malte sur la migration prendra fin jeudi. Il sera ponctué d’une séance de travail des dirigeants africains et européens prévue juste après l’ouverture du sommet et de "rencontres bilatérales".
Au second jour du sommet, jeudi, à 9h (8h GMT), la Commission de l’UE va lancer un "fonds fiduciaire", qui sera alimenté par ses 28 membres, pour faire face à l’afflux de migrants en situation irrégulière provenant d’Afrique.
MACKY SALL VA DÉFENDRE UNE PLATEFORME DE LA CÉDÉAO
La Valette, 11 nov (APS) – Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, également président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), va défendre "la dignité" des migrants au sommet de Malte sur la migration, au nom des 15 pays membres, a annoncé mercredi le président de la commission de l’organisation régionale, Kadré Désiré Ouédraogo.
"Nous sommes venus lui faire le point des préparatifs de notre région pour cette importante réunion sur la migration. En tant que président de la Cédéao, il est le porte-parole de la région Afrique de l’Ouest", a expliqué M. Ouédraogo à des journalistes, à la fin d’une audience avec le président Sall.
"Nous l’avons informé des réunions ministérielles organisées à Dakar pour une plateforme des pays de la Cédéao à cette conférence" sur la migration, a-t-il ajouté.
Les délégués des pays de la Cédéao vont appeler ceux de 28 Etats membres de l’Union européenne à garantir la dignité des migrants, selon Kadré Désiré Ouédraogo.
"Je laisse au président en exercice le soin de dévoiler cette position commune des pays de la Cédéao", a-t-il répondu à la question de savoir quelle était cette position à défendre par l’Afrique de l’Ouest au sommet de deux jours prévu à partir de 17h30 (16h30 GMT) à La Valette, la capitale de Malte.
"Je peux simplement vous dire qu’elle (la plateforme en question, Ndlr) est relative à la garantie de la sécurité et au respect de la dignité des migrants", a ajouté le fonctionnaire burkinabè de la Cédéao.
Les chefs d’Etat et de gouvernement d’une trentaine de pays africains et des 28 de l’Union européenne (UE) sont attendus au sommet de deux jours sur la migration, à partir de cet après-midi.
En plus de la séance de travail des dirigeants africains et européens prévue juste après l’ouverture du sommet, des "rencontres bilatérales" sont prévues ce mercredi.
Sont invités à ce sommet de l’Union européenne, des chefs d’Etat et de gouvernement de pays africains d’origine ou de transit des migrants à destination de l’Europe.
Au second jour du sommet, jeudi, à 9h (8h GMT), la Commission de l’UE va lancer un "fonds fiduciaire", qui sera alimenté par ses 28 membres, pour faire face à l’afflux de migrants en situation irrégulière provenant d’Afrique.
UNE CONTRIBUTION FORTE DE L’EUROPE PEUT RÉGLEMENTER LA MIGRATION
La Valette, 11 nov (APS) – Le président Macky Sall a estimé mercredi, à La Valette (Malte), que l’émigration des Africains vers les pays européens pouvait être réglementée si l’Europe soutenait "de façon décisive et forte" les politiques nationales de ses partenaires d’Afrique.
"Nous avons des politiques nationales visant à fixer les jeunes chez nous, avec des emplois. Si l’Europe vient [en appui] de façon décisive et forte, nous pourrons bien sûr résoudre ce problème", a dit M. Sall à des journalistes, à la fin d’un entretien avec son homologue gabonais Ali Bongo.
"Les Africains ne seront surtout pas là pour [demander] la charité", a-t-il soutenu, à quelques heures de l’ouverture, à 17h30 (16h30 GMT), du sommet des dirigeants africains et européens sur la migration, à La Valette, la capitale de Malte.
"L’Afrique et l’Europe, c’est une histoire commune et ancienne. Il faut éviter que ce phénomène actuel (la migration irrégulière, de l’Afrique vers l’Europe, Ndlr) soit perçu comme un nouveau point de départ" des relations entre les deux régions, a encore dit Macky Sall en présence d’Ali Bongo.
De l’avis de Macky Sall, l’Afrique et l’Europe doivent gérer la question de la migration "en toute responsabilité".
Les chefs d’Etat et de gouvernement d’une trentaine de pays africains et des 28 de l’Union européenne (UE) sont attendus au sommet de deux jours sur la migration, à partir de cet après-midi.
En plus de la séance de travail des dirigeants africains et européens prévue juste après l’ouverture du sommet, des "rencontres bilatérales" sont prévues ce mercredi.
Sont invités à ce sommet de l’Union européenne, des chefs d’Etat et de gouvernement de pays africains d’origine ou de transit des migrants à destination de l’Europe.
Au second jour du sommet, jeudi, à 9h (8h GMT), la Commission de l’UE va lancer un "fonds fiduciaire", qui sera alimenté par ses 28 membres, pour faire face à l’afflux de migrants en situation irrégulière provenant d’Afrique.
PAR BAYE DAME WADE
MULTIPLE PHOTOS
NOURRIR LES SÉNÉGALAIS ET LES AFRICAINS
Avec un engagement ferme des gouvernements, on devrait pouvoir valoriser les chaînes de valeur agricoles qui font défaut aujourd'hui et qui relient producteurs, transformateurs de produits de base, négociants, entreprises agro-alimentaires, détaillants...
En prenant fonction le 1er septembre 2015, le Président de la BAD, Akinwumi Adésina, ancien ministre nigérian de l'Agriculture, a annoncé la couleur. Il a dit, avec force, la nécessité pour "l'Afrique de se nourrir par elle-même", jugeant "inconcevable qu'un continent avec une telle abondance de terres arables, d'eau, de soleil et une réelle diversité de ses ressources agro-écologiques soit importateur net de produits alimentaires". Et d'ajouter que "l'Afrique détient 65 % des terres arables en jachère dans le monde, qui pourraient répondre aux besoins alimentaires des 9 milliards d'humains sur la planète d'ici à 2050".
Il faut y ajouter que l'agriculture concentre 2/3 des emplois en Afrique, que l'importation des denrées alimentaires coûte 35 milliards USD même si le quart de la population continue de souffrir de faim ou de malnutrition.
Si ce n'est pas une lettre de mission, c'est tout comme… On comprend alors que l'une de ses premières sorties soit consacrée à la Conférence de haut niveau sur l'Agriculture et l'Agroalimentaire, co-organisée à Dakar avec le gouvernement du Sénégal, sur la thématique "Nourrir l'Afrique : un plan d'action pour la transformation de l'agriculture".
Avec un engagement ferme des gouvernements, on devrait pouvoir valoriser les chaînes de valeur agricoles qui font défaut aujourd'hui et qui relient producteurs, transformateurs de produits de base, négociants, entreprises agro-alimentaires, détaillants et d'autres acteurs comme les expéditeurs, chercheurs et fournisseurs.
C'est dire l'importance de ce dossier sur lequel REUSSIR travaillait depuis des mois. On a senti une forte volonté politique de la part du Chef de l'État de promouvoir l'agriculture comme fondement du Plan Sénégal Emergent. Des mesures d'accompagnement ont été prises pour atteindre l'ambitieux objectif d'autosuffisance alimentaire, notamment en riz.
Bien évidemment, tout n'est pas rose et le résultat n'est pas encore à portée de main. Il y a énormément à faire. D'abord au niveau du foncier pour un arbitrage équitable entre populations rurales et investisseurs privés, nationaux comme étrangers, désireux d'exploiter les immenses atouts du pays dans ce domaine. Les malheureux exemples au niveau de la Vallée (Fanaye, Mbane, etc.) doivent servir de leçon à l'autorité publique qui doit en faire une gestion intelligente…
Ensuite, pour réussir sa politique agricole, le gouvernement doit accompagner les acteurs à produire plus et mieux. Notamment au niveau du financement d'un secteur, loin d'être classique. Il faut énormément d'encadrement, de conseils et d'appuis aux producteurs pour amoindrir les risques inhérents à cette activité. Les agro-industriels exigent des incitations fiscales pour soutenir la production locale, face à la concurrence des importations. Un pionnier, Bagoré Bathily, juge "aberrant qu'un kg de lait acheté à l'étranger soit taxé entre 5 et 7% alors que le même kg du lait produit localement, en subit 22%, toutes charges comprises".
En faisant la revue, on se rend compte que nulle filière n'est épargnée. Que ça soit les acteurs de la Tomate, de la Mangue, des Pommes de terre et Oignons, presque chacun se plaint des insuffisances de l'accompagnement par l'État…
Dommage que les services du ministère de l'Agriculture n'aient pas jugé "utile" de nous recevoir pour expliquer ce qu'ils sont en train de faire pour transformer l'agriculture et l'agroalimentaire en un véritable levier de développement. Tant pis pour eux !
PAR MOMAR DIENG
DE LA PAUVRETÉ AU… TERRORISME
Notre pays a assez de défis à relever pour ne pas être la marionnette de visées politiques tracées ailleurs et dont les finalités ne concourent jamais à asseoir nos intérêts essentiels
Le deuxième Forum économique de la Francophonie s’est tenu en fin octobre dernier à Paris, en présence de plusieurs chefs d’Etat africains et des plus hautes autorités françaises. Juste avant son départ pour New Delhi où devait avoir lieu le Sommet Inde-Afrique, le Président sénégalais Macky Sall a été doublement félicité, tour à tour par François Hollande et Barack Obama, pour le «leaders- hip» politique dont il serait désormais l’incarnation en Afrique, francophone notamment. A voir.
Dans cette même période, déci- dément chargée, des fonctionnaires du Fonds monétaire international (Fmi) faisaient fuiter un classement bien peu glorieux pour le Sénégal à travers une étude qui plaçait notre pays dans le panier à crabes des 25 pays les plus pauvres du monde.
La nouvelle secoua terriblement le sommet de l’Etat sénégalais. Le Premier ministre, le ministre de l’Economie, des finances et du plan, le porte-parole du gouverne- ment et, in fine, le président de la République lui-même montèrent au créneau pour rétablir la vérité dans un scénario digne des plus grandes scènes de panique.
Entretemps, un responsable du Fmi prit soin de dédramatiser le débat tout en se gardant bien de démentir l’information. Celle-ci, d’une certaine manière, avait des relents «subversifs», car c’est toute l’architecture conceptuelle et opérationnelle contenue dans le Plan Sénégal émergent (Pse) qui prenait subitement un gros coup au moral...
Une bonne partie de l’opinion s’empara de la thématique pour disserter sur la réalité de la «paupérisation visible» des populations ; les experts s’en mêlèrent naturellement, mais souvent pour rappeler qu’une croissance- même à deux chiffres- n’a jamais été signe d’aisance matérielle pour tout le monde...
Le malaise persista sans que les autorités et leurs services de communication ne pus- sent trouver la parade qui aurait réparé le mal ainsi fait à la poli- tique d’émergence. Plus que jamais alors, «deuk bi dafa Macky»...
Journalismede révélations
C’est sur cette polémique désastreuse que l’Etat entreprit de lancer la traque aux «imams terroristes». Sur ces derniers, aucun journaliste et aucun média ne semblent avoir mené des investigations de nature à conforter la thèse officielle. Il est vrai également que les choses sont allées très vite. Résultat : dans la totalité des journaux qui couvrent ces «affaires», sont rapportés des contenus de procès-verbaux d’enquêtes et d’interrogatoires qui, jusqu’à preuve du contraire, ne sont étayés par aucune espèce de contradiction.
Ce journalisme de révélations- donc sans profondeur, mais avec l’objet précis de faire avaler n’importe quoi- ne fait pas honneur à la presse de notre pays. Rares sont les confrères qui se sont dit que ces imams arrêtés pour «apologie du terrorisme» ont peut-être au moins une ou deux chances d’être innocents des «charges» qui pèsent sur eux.
Des téléphones satellitaires ? Qui les a vus au domicile d’une des quatre personnes arrêtées et inculpées à part ceux qui ont «sourcé» les journalistes ? De l’argent en liquide d’une valeur de 450 millions de dollars (près de 250 milliards de francs Cfa) trouvés chez les deux dames ? Qui peut le croire ? En tout cas, la presse qui a rapporté ces deux éléments ne semble pas les avoir vus de ses yeux. L’idée n’est pas de dire que ces éléments matériels n’existent pas, mais on s’interroge...
Dans la foulée, des «intellectuels chercheurs» n’ayant jamais produit de recherches sérieuses dans leurs domaines, ainsi que des militaires qui s’ennuient dans leur retraite, tous à l’affût de quelques consultances ou prestations de services monnayées en dollars ou en euros, se sont engouffrés dans la brèche pour ressasser et copier-coller de vieilles antiennes sur le terrorisme. Pour ces gens-là, c’est une saison de traite qui s’ouvre.
A titre d’anecdote, l’un de ces intellectuels, arabisant moralisateur féru des chaînes télé, avait été convoqué par les services de sécurité il y a deux ans à la suite de ses rodomontades abracadabrantesques sur des cellules djihadistes qui somnoleraient quelque part en banlieue dakaroise. Devant les enquêteurs, il avait perdu la langue avant de disparaître pendant quelques mois... Il est de retour.
Défendre notre paysdans la vérité
Notre point de vue n’est pas de nous interroger sur l’existence ou non d’adeptes du «djihadisme» au Sénégal, ni de dire que notre pays est à l’abri de ce phénomène. Si les autorités sénégalaises estiment détenir des éléments probants et suffisants pour inculper des citoyens au nom de la lutte contre le terrorisme, il sera difficile de le leur reprocher. Par contre, si ce grand déballage public visant des citoyens s’avérait un fiasco dans quelques semaines ou quelques mois, ce serait extrêmement grave pour la crédibilité de ceux qui auront commandé ces actes.
Sans préjuger de l’avenir de ce dossier, la défense des intérêts supérieurs du Sénégal commande dans tous les cas de mettre les pieds là où il faut. Nous ne sommes pas demandeurs de l’importation dans notre pays de cette ambiance morbide de lutte contre le terrorisme qui prévaut chez nombre de voisins. Nous ne sommes pas demandeurs de voitures piégées, de bombes dissimulées, de kamikazes candidats au martyre, etc. Les Sénégalais doivent pouvoir exiger que leur pays ne soit pas «vendu» d’une manière ou d’une autre.
Défendre les intérêts de notre pays, ce n’est pas épouser l’agenda des puissances extérieures dont les «services» sont passés maîtres dans l’art de déstabiliser les zones stables avant de revenir proposer leur aide à travers des panoplies dites anti-terroristes. C’est exactement de mesurer à leur juste valeur les atouts fondamentaux qui ont jusqu’ici assuré et encadré notre vie commune : tolérance et solidarité dans la diversité.
Protéger nos libertés
Notre pays a assez de défis à relever– la pauvreté, par exemple– pour ne pas être la marionnette de visées politiques tracées ailleurs et dont les finalités ne concourent jamais à asseoir nos intérêts essentiels. Des dizaines de pays du continent africain– et d’ailleurs– ont souffert de cette stratégie consistant à les maintenir dans des combats d’arrière-garde dont les soubassements n’ont jamais été loin des préoccupations politiques et géostratégiques d’Etats qui ne leur veulent pas toujours du bien et qui manipulent leur avenir comme dans des jeux de casino.
Ce n’est pas parce que l’on est le chouchou de la France et des Etats-Unis que l’on doit tout se permettre, jusqu’à tirer vers l’abîme une partie du lien social et affectif qui a donné au Sénégal une certaine spécificité au plan international. On ne peut vouloir donner des gages à des «Etats copains» en mettant en danger un pays tout entier.
La lutte contre le terrorisme à travers le monde a montré que les Etats ne sont pas toujours loyaux avec les principes qu’ils énoncent à longueur de traque. Le summum de cette hypocrisie haut placée a été l’œuvre de l’administration Bush. Celle-ci, au nom dudit principe, s’est fait fabriquer des men- songes planétaires à partir des officines de «l’Etat profond», restreignant des années durant des libertés historiquement chères au Peuple des Etats-Unis d’Amérique, causant des drames humains par- tout où cela a été possible. De là est parti le combat de Edward Snowden.
Avec la pauvreté qui nous colle déjà si fort aux basques, sommes- nous condamnés à devoir vivre en plus dans un contexte de «lutte contre le terrorisme» pour les 5 ou 10 prochaines années ?