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25 avril 2025
Développement
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VOTRE AVENIR, CE N'EST PAS L'ANTI-FRANCE
Emmanuel Macron a appelé vendredi à Alger les jeunes Africains à « ne pas se laisser embarquer » par « l’immense manipulation » de « réseaux » téléguidés par des puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays
Le président français, Emmanuel Macron, a appelé vendredi 26 août à Alger les jeunes Algériens et Africains à « ne pas se laisser embarquer » par « l’immense manipulation » de « réseaux » téléguidés « en sous-main » par des puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays.
« Je veux dire simplement la jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous laissez pas embarquer parce que votre avenir, ça n’est pas l’anti-France », a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse sur « le désamour de la France » dans certains pays africains, au deuxième jour de sa visite en Algérie.
IL FAUT ENSEIGNER DAVANTAGE L'HISTOIRE DE LA COLONISATION FRANÇAISE
"Beaucoup de Français vont être étonnés de découvrir les massacres de civils perpétrés par l'armée française, les déplacements de populations", a dit l'historien Benjamin Stora ce vendredi en marge de la visite de Macron à Alger
L'historien Benjamin Stora a estimé vendredi que l'apaisement des mémoires entre la France et l'Algérie passait aussi par un travail de "transmission" aux futures générations de l'histoire de la colonisation française.
"Cette histoire ne peut pas être lue, interprétée par sa fin, c'est-à-dire 1962, la guerre, la tragédie, les massacres de tous ordres", a déclaré Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, à des journalistes durant la visite du président Emmanuel Macron à Alger.
"On doit essayer de la comprendre par ses origines", "avoir une vision plus large de ce qu'a été l'arrivée française en Algérie" en 1830, la "confiscation de terres, les massacres", "les déplacements de population", les "combats et les résistances", a-t-il pointé. "Le problème, c'est la transmission, c'est la connaissance. Il n'y a pas de circulation de cette information", a-t-il constaté, en appelant à enseigner plus largement cette page de l'histoire dans les écoles françaises.
"La fabrication de la mémoire s'opère aussi à partir d'une transmission ou non transmission", a-t-il insisté. "Beaucoup de Français vont être très étonnés de découvrir les grottes enfumées (les massacres de civils par +enfumades+ perpétrés par l'armée française, ndlr), les déplacements de populations. Ils ne savent pas tout cela", a-t-il dit, à propos des 50 premières années particulièrement sanglantes de la colonisation. "Ce n'est pas avec un seul discours, un seul geste, un seul mot et un seul acte qu'on va apaiser l'effervescence extraordinaire qui existe dans les deux sociétés", selon lui: "Il faut du temps, de la pédagogie, de l'inscription de tout cela dans les manuels scolaires".
En scellant leur réconciliation jeudi, M. Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, ont annoncé la création d'une commission mixte d'historiens "pour regarder ensemble cette période historique" du début de la colonisation (1830) jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance (1962). L'idée est d'aborder le sujet "sans tabou, avec une volonté (...) d'accès complet à nos archives", a souligné M. Macron. "L'arrivée des pieds-noirs, de l'armée, les combats, les résistances, tout cela fabrique un récit national, tout cela fabrique aussi des trous de mémoire", a poursuivi l'historien. "C'est une question du présent sur laquelle insistent malheureusement beaucoup d'extrémistes, qui jouent de ces trous de mémoires, de ces silences pour reconstruire des récits fantasmés et fabriquer des identités meurtrières", a-t-il analysé.
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ABDOULAYE BATHILY SORT SON AUTOBIOGRAPHIE, PASSION DE LIBERTÉ
C'est un livre de combat que publie l'homme politique sénégalais. Dans cette autobiographie, l'ancien leader de la Ligue démocratique raconte ses 50 années de lutte et révèle notamment les coulisses de la victoire de Wade à la présidentielle de 2000
Avec « Passion de liberté » aux éditions Présence africaine, c'est un livre de combat que publie l'homme politique sénégalais Abdoulaye Bathily. Dans cette autobiographie, l'ancien leader marxiste de la Ligue démocratique raconte ses cinquante années de lutte et révèle notamment les coulisses de la victoire d'Abdoulaye Wade à la présidentielle de l'an 2000. Pour l'historien et ancien ministre d’État Abdoulaye Bathily, cette alternance démocratique du 19 mars 2000 est un événement politique plus important que l'indépendance du 4 avril 1960.
En ligne de Dakar, il explique pourquoi au micro de Christophe Boisbouvier.
par Farid Bathily
LES PAYS AFRICAINS ENCORE DÉMUNIS FACE À LA VARIOLE DU SINGE
L’Afrique fait face à la variole du singe depuis les années 1970, dans la quasi indifférence du reste du monde. Maintenant que l’épidémie touche l’Europe et l’Amérique du Nord, c’est la course au vaccin, et le continent est encore oubliée
Le Centre africain de contrôle des maladies l’a rappelé encore récemment : les autorités sanitaires et les chercheurs africains font face depuis les années 1970, quasiment seuls, avec peu de ressources, à des épidémies successives de la variole du singe en Afrique centrale et de l’ouest, avec des taux de mortalité élevés.
De 2019 à 2021, pendant l’épidémie du Covid-19, la variole du singe a connu un nouveau regain, affectant onze pays, notamment dans des zones non endémiques. La maladie revêt maintenant une forme particulièrement mortelle. On a recensé jusqu’à 12 454 cas d’infection et 365 décès pendant cette période. En 2022, l’épidémie a encore infecté 2800 personnes dans ces pays et a fait 103 morts, soit un taux de mortalité de 3,6%. Mais jusque-là, les autorités sanitaires africaines sont restées seules, avec peu de moyens pour faire face à la maladie.
La variole du singe, urgence de santé planétaire
C’est avec l’apparition de la maladie en début d’année 2022 en Europe et en Amérique du Nord que les grands médias du monde entier se sont saisis du sujet et l’ont mis à l’agenda de la communauté internationale.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi décrété l’état d’urgence de santé publique de portée internationale, indiquant par-là que la maladie constitue désormais un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale qui exige une action internationale coordonnée. Mais l’Afrique ne bénéficie toujours pas de cette mobilisation.
Toutes les doses du seul vaccin disponible commercialisé sous les appellations de Jynneos en Amérique du Nord et de Imvanex en Europe sont déjà achetées pour les populations européennes et américaines. L’Etat fédéral américain a acquis 600 000 doses et placé commande de 7 millions de doses supplémentaires pour sa population auprès de Bavarian Nordic, la seule firme productrice. L’Union européenne a d’ores et déjà donné son feu vert à ce fabricant et un pays européen lui a fait une première commande de 1 500 000 doses.
Covid-19, bis repetita ?
A ce jour, l’Afrique n’est pas prise en compte dans la répartition du vaccin, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui s'est produit pour le Covid-19...
"On ne doit pas permettre que ce qui s’est passé au début de la distribution du vaccin contre le Covid-19, quand l’Afrique est restée sur le bord de la route au moment où les autres pays se partageaient les quelques vaccins disponibles, se reproduise, alerte Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Mais il semble bien que ce soit bien ce qui se passe."
En fait, non seulement l’Afrique n’a pas accès au vaccin, mais elle n’a qu’une quantité limitée de médicaments antiviraux et peu de matériels de test. Selon de nombreux experts, d’une manière ou d’une autre, pour éradiquer la variole du singe à l’échelle mondiale, il sera nécessaire de répondre aux besoins urgents de l’Afrique et de combler le gap vaccinal et de traitement existant avec les pays industrialisés.
par Farid Bathily
LE NIGERIA LANCE UN CONSEIL POUR L'ÉRADICATION DU PALUDISME EN 2030
Le chef de l’État nigérian, Muhammadu Buhari, a lancé à Abuja une une initiative dont l’objectif est d’en finir avec le paludisme d’ici la fin de la décennie
Le Nigeria End Malaria Council (NEMC, Conseil d’éradication du paludisme), a vu le jour le 16 août 2022 au palais présidentiel d’Abuja en présence de l’hôte des lieux, Muhammadu Buhari, et de plusieurs personnalités du monde politique et des affaires.
Parmi ces dernières figurait notamment Aliko Dangoté, désigné président du Conseil par le chef de l’État nigérian, qui justifie ce choix par les nombreuses implications de l’homme d’affaires dans des causes sanitaires sur le continent. L’homme le plus riche d’Afrique dirige ainsi ce Conseil, qui comprend quinze autres membres, et dont la mission est d’œuvrer à l’éradication du paludisme d’ici 2030, conformément à l’objectif de l’Union africaine.
Fléau endémique
Le paludisme, causé par la piqûre d’un moustique porteur du plasmodium – groupe de parasites responsables de la maladie – est endémique sur le continent africain, particulièrement dans la région subsaharienne. Six pays y concentrent 55% des cas de toute la planète, selon le rapport 2021 de l’OMS.
En tête des pays les plus touchés, le Nigeria représentait 26,8% des malades en 2020. Le pays enregistre également le plus grand taux de mortalité avec 31,9%. Soit plus du double de celui de la République démocratique du Congo (13,2%), seconde nation la plus affectée par cette maladie face à laquelle les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes sont très vulnérables.
Ces chiffres, en augmentation par rapport aux précédentes données de l’OMS, témoignent du défi constant que pose le paludisme sur le continent africain.
Impulser la mobilisation
Selon le président Buhari, le Conseil devra aider l’État nigérian principalement en termes de mobilisation des ressources nécessaires pour vaincre la maladie.
Le chef de l’Etat nigérian estime à 1,89 milliard de nairas les fonds nécessaires pour faire baisser, dans un premier temps, le taux de prévalence à 10% au cours des quatre prochaines années, conformément au Plan national anti-malaria 2021-2025.
"Cela fait écho à mon rôle actuel d'ambassadeur du Nigeria pour la lutte contre le paludisme et au travail de ma Fondation pour la mobilisation du secteur privé contre la maladie en Afrique", a déclaré Aliko Dangote.
L’initiative nigériane arrive moins d’un an après que l’OMS a officiellement recommandé l’utilisation généralisée du vaccin antipaludique RTS,S chez les enfants en Afrique subsaharienne et dans d’autres régions du monde. Faite en octobre 2021, cette recommandation historique de l’OMS se fonde sur les résultats d’un programme pilote qui a touché plus de 800.000 enfants et qui a démarré depuis 2019 au Ghana, au Kenya et au Malawi.
LES ROMANS AFRICAINS DE LA RENTRÉE LITTÉRAIRE
Leurs nouveaux livres sont toujours très attendus : Jeune Afrique en a sélectionné cinq qui feront parler d’eux
Jeune Afrique |
Anne Bocandé, Fatoumata Diallo, Mabrouck Rachedi, Nicolas Michel |
Publication 25/08/2022
Que lire en cette rentrée littéraire ? Au milieu des 490 romans publiés, nous vous proposons cinq romans d’écrivains africains dont les signatures sont déjà des références.
À la vie, à la mort
« Tu ne cesses de te le répéter au point d’en être désormais convaincu : une nouvelle vie a débuté pour toi il y a moins d’une heure lorsqu’une secousse a écartelé la terre alentour et que tu as été comme aspiré par un cyclone avant d’être projeté là où tu te retrouves maintenant, au-dessus d’une éminence de terre dominée par une croix en bois toute neuve. Je respire ! Je vis ! T’étais-tu à ce moment-là murmuré en signe de victoire. Mais à présent, alors que la clarté du jour pointe à l’horizon, tu n’es plus du tout habité par cette certitude. Les images qui te hantent sont plutôt celles de tes dernières heures, celles d’un trépassé cloîtré dans un cercueil et conduit en grande pompe dans sa demeure finale, ici, au cimetière du Frère-Lachaise. »
Le décor est planté. C’est par un début tragique qu’Alain Mabanckou, prix Renaudot 2006, commence son roman. Liwa Ekimakingaï, un employé de cuisine d’un palace de Pointe-Noire connaît une fin tragique un soir du 15 août, fête d’indépendance du pays. Le jeune homme pense qu’il ne devait pas mourir ce jour-là et qu’il avait encore des affaires à régler sur terre. L’auteur remonte la vie et les heures qui ont précédé la mort de son personnage. Liwa cherche désespérément à comprendre pourquoi il a été si vite arraché à l’existence. Il assiste à sa veillée funèbre de quatre jours, ressent le chagrin de sa bien-aimée grand-mère Mâ Lembé, entend le chant des louanges de ses proches qui accompagnent son âme vers les cieux, et vit son propre enterrement.
Dans Le Commerce des Allongés, Mabanckou peint une société africaine où la vie et la mort se côtoient. Cette société qui mêle croyances ancestrales et religieuses, où le monde des vivants n’est pas l’aboutissement de l’existence. Fidèle à lui-même à travers son personnage, l’écrivain décrit également une société congolaise gangrenée par la pauvreté et où la lutte des classes fait rage.
Que peuvent les mots face aux guerres intimes et politiques ?
C’est l’histoire de trois amis d’enfance. Tarek, devenu berger, à qui les mots ont toujours manqué, contrairement à son frère de lait, Saïd, l’intellectuel parti étudier en Tunisie. À leurs côtés, Leïla, celle qui est restée dans leur village, El Zahra. Chacun vit ses guerres intimes parallèlement à celles traversées par l’Algérie entre 1920 et 1990. La colonisation, la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’indépendance, le coup d’État de Boumédiene et l’arrivée au pouvoir des islamistes. Du village au Frontstalag allemand, du front de libération algérien, aux foyers de travailleurs migrants parisiens, Tarek choisit de cultiver le silence, jusqu’à le trouver pleinement lors d’une parenthèse italienne. Saïd, lui, écrit le premier roman algérien de langue arabe. Celui qui brise la vie de Leïla, sur le point de trouver refuge dans la lecture. « Dans tous mes romans, les générations n’arrivent pas à se parler », confiait Kaouther Adimi à propos de Nos richesses.
L’autrice algérienne continue de tirer le fil des mots qui manquent, à travers la solitude récurrente de ses personnages. Lesquels rencontrent, au cours de leurs vies, des figures réelles comme ici Pontecorvo et Saadi, co-réalisateurs du film mythique La Bataille d’Alger. Elle questionne aussi les mots qui trahissent, les récits qui déterminent et bouleversent les destinées. Comment, face au vent mauvais, tenir tête ? Avec une mise en abyme du roman qui se lit et celui qui s’écrit, dans un enchaînement de chapitres que l’on aurait parfois aimé voir se déployer davantage tant les riches références se succèdent, Kaouther Adimi signe un cinquième roman haletant et surprenant jusqu’à la toute dernière page.
Malgré la perte de nombreux cadres depuis 2012, le PDS a montré qu’il pouvait avoir plus d’un tour dans son sac. Toutefois, la prochaine échéance électorale peut mettre le parti à rude épreuve, malgré l’embellie des derniers scrutins
Dix ans que le Parti démocratique sénégalais (PDS) a perdu le pouvoir. Malgré la chute brutale de 2012, la formation politique créée par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade a su rebondir. De ‘’responsable’’ des malheurs du Sénégal, elle se positionne désormais comme un potentiel sauveur, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2024. Deux rendez-vous en 2022 ont livré des vérités allant en ce sens : les élections locales du 23 janvier et les Législatives du 31 juillet. Les résultats enregistrés, en affrontant des coalitions politiques beaucoup plus étoffées, sont admirables. Pourtant, le parti n’a jamais connu autant de départs de figures emblématiques.
La dernière en date est celle de Toussaint Manga qui a annoncé sa démission, dimanche dernier, du PDS. "C'est avec beaucoup d'émotion que je vous adresse ces quelques mots pour vous présenter ma démission de toutes les instances du parti", écrit l'ancien secrétaire national de l'Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL) dans la lettre adressée à Me Abdoulaye Wade. L’ex-député, responsable politique dans la région Sud (Casamance) a mal vécu son investiture à la 31e position sur la liste nationale de la coalition Wallu Sénégal, dirigée par le PDS, lors des élections législatives : ‘’Il s’agit d’une humiliation, d’une insulte faite aux militants et aux responsables de toute la région. Nous sommes la seule région qui n’a aucun candidat au niveau départemental. Nous sommes la seule région qui a un seul candidat au niveau national, mais logé au-delà des 30 premiers investis. Nous ne pouvons pas l’accepter.’’
Toussaint Manga et Cheikh Bara Doly rallongent la longue liste de départs
Ces investitures avaient fait une première victime, en la personne de Cheikh Mbacké Bara Doly, Président du groupe parlementaire Liberté et démocratie dans la 13e législature. Positionné à la 13e place sur la liste nationale, lui également a eu le même sentiment que son camarade du sud du Sénégal, avec une réactivité plus radicale.
En effet, il n’a pas attendu la fin des élections législatives pour claquer la porte du PDS. Et il a surtout rejoint le camp présidentiel qui cherchait à renforcer sa présence à Mbacké.
Avant eux, ils sont nombreux à avoir quitté le navire battant pavillon libéral. Et pas des moindres : Aminata Tall, Habib Sy, Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada, Ousmane Ngom, Souleymane Ndéné Ndiaye, Oumar Sarr, Babacar Gaye, etc. Des départs qui avaient placé le parti au bord du gouffre. Lors de la Présidentielle de 2019, le PDS n’a pas obtenu la validation de son candidat Karim Wade. De cet échec est née une crise qui a abouti à l’exclusion d’Oumar Sarr, alors Secrétaire national adjoint et n°2 du PDS, accusé par Abdoulaye Wade ‘’de saper l’unité du parti’’ et de poser ‘’des actes de défi’’.
Malgré tout, le PDS semble faire de la résistance. Mais pour le docteur Ousmane Ba, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce n’est pas le PDS qui survit, mais plutôt son secrétaire général : ‘’Le PDS est une organisation politique qui a un vécu un ancrage dans toutes les localités du pays, pour avoir été dans l’opposition pendant 26 ans, avant d’accéder au pouvoir pendant 12 ans. Il y a des électeurs qui votent pour Abdoulaye Wade. S’il n’était pas revenu, je pense que le parti allait s’effondrer comme un château de cartes. Donc, je pense qu’il ne s’agit pas forcément du parti, mais du leader et de l’alliance mise en place.’’
CETTE GÉNÉROSITÉ DU GOUVERNEMENT QUI INQUIÈTE
En augmentant les salaires des enseignants, des agents de la santé, des magistrats et autres administrateurs civils, l’État risque de concourir au renchérissement du coût de la vie et d’en faire supporter les conséquences aux moins nantis
‘’Une générosité surprenante et inquiétante’’. C’est en ces termes que l’inspecteur des impôts et des domaines, Elimane Pouye, dans une tribune signée sous le titre de simple citoyen, a tenu à alerter contre les possibles conséquences des dernières mesures du gouvernement relatives à la hausse presque généralisée des salaires dans la Fonction publique (voir ‘’EnQuête’’ du 18 août 2022).
Dans sa tribune, le spécialiste est largement revenu sur la question du financement de ces hausses qui vont coûter plus de 100 milliards F CFA au budget de l’État. A l’en croire, il y a fort à parier que l’État va encore opter pour le tout fiscal, comme à son habitude. ‘’Le financement de la nouvelle hausse des salaires dans le secteur public ne saura échapper à la logique du tout fiscal du régime actuel’’, avertit M. Pouye.
En fait, à entendre l’inspecteur des impôts, ancien Secrétaire général du Syndicat des agents et inspecteurs des domaines (SAID), durant la dernière décennie, la fiscalité a été l’un des principaux leviers sur lesquels l’État s’est appuyé pour financer ses nombreuses dépenses. Souvent, au grand dam des populations les plus vulnérables, contraintes de financer de nouveaux privilèges accordés aux fonctionnaires les plus nantis. Durant cette décennie, six nouvelles taxes ont été instituées. En sus de deux taxes sur le ciment, il y a la taxe de sortie sur les volumes d’arachides exportées ; la taxe sur l’utilisation des sachets en plastique ; la taxe sur les corps gras alimentaires et la taxe spécifique sur les produits textiles.
À côté de ces taxes nouvelles, une dizaine d’impôts existants ont vu, durant la même période, leur assiette, leur taux ou tarif être modifiés à la hausse. Il s’agit notamment de l’extension du périmètre de la taxe sur les véhicules de tourisme à tous les véhicules ; l’extension de la taxe sur les boissons gazeuses non alcoolisées aux jus de fruits et du relèvement de son taux ; du rehaussement des tarifs de la taxe sur les armes à feu et du droit de timbre sur les permis de port d’arme ; du relèvement du taux de la taxe sur les tabacs ; du relèvement du taux de la taxe sur les produits cosmétiques ; de la hausse du taux de taxation des plus-values réalisées ; de l’extension aux sociétés de la taxe de plus-values sur les cessions d’immeubles et de droits réels immobiliers figurant au bilan. Autant de taxes qui ont concouru au renchérissement du coût de la vie. Et cela pourrait aller crescendo, avec les dernières mesures fiscales.
Mais ce qui inquiète le plus chez les puristes, c’est que ces mesures, ‘’inédites par leur spontanéité et leur ampleur’’, interviennent dans un contexte de morosité économique et d’inflation sans précédent. Elimane Pouye s’interroge : ‘’Dans un contexte de finances publiques tendues, lourdement impactées par les tensions géopolitiques, il y a lieu de s’interroger sur cette générosité à la fois surprenante et inquiétante.’’ La revalorisation des salaires, a-t-il poursuivi, ‘’est assez surprenante, au regard de la doctrine de gestion de la masse salariale jusqu’ici assumée par l’État. Elle s’inscrit surtout aux antipodes d’une gestion rationnelle des finances publiques.’’
En effet, depuis son accession à la magistrature suprême, le président de la République avait prôné une maitrise des mesures de hausse des salaires et une politique de rationalisation des dépenses qui n’a rien à voir avec ces dernières pratiques considérées par beaucoup comme électoralistes. Cette doctrine a été réaffirmée juste à la suite de sa réélection en 2019. A l’occasion de la cérémonie de remise des cahiers de doléances du 1er mai 2019, il pestait en des termes peu diplomatiques que ‘’l’État n’a pas les moyens d’augmenter les salaires dans la Fonction publique… Nous ne le ferons pas. Il faut que ça soit clair. Ce n’est pas possible’’.
Bien avant ces déclarations du chef de l’État, au lendemain de l’adoption du Plan Sénégal émergent, rappelle M. Pouye, l’alors ministre de l’Économie et des Finances invitait les fonctionnaires à ‘’s’interroger sur la légitimité du poids qu’ils font supporter à la nation tout entière, par le biais de la masse salariale inscrite, année après année, à un rythme toujours plus croissant dans le budget’’. En 2014, rappelait-il, 100 540 agents de l’État, constituant moins de 1 % de la population sénégalaise, émargeaient à la solde et se partageaient ainsi une enveloppe de 717 milliards équivalent à 46,3 % des recettes budgétaires de l’année 2014’’. Dans le projet de loi de finances pour l’année 2021, les dépenses de personnel étaient projetées à 904 milliards F CFA.
Nous sommes donc très loin de cette époque. Pourtant, la situation économique et le niveau d’inflation n’ont jamais été aussi exécrables. Sous la pression des syndicalistes de l’enseignement et de la santé, dans un contexte marqué par une baisse de popularité continue de son régime, le président Macky Sall a voulu, sans doute, faire plaisir à la classe moyenne où il a le plus de problème, du point de vue électoral. Elimane Pouye met en garde tout en relevant un certain nombre d’alternatives envisageables. ‘’Certes, dit-il, l’abondance de bien ne nuit pas, mais une générosité déraisonnable peut conduire à la ruine… Une meilleure mobilisation des recettes fiscales par une taxation adéquate des niches fiscales, une véritable rationalisation des exonérations, une réorientation des dépenses publiques aurait permis d’éviter de creuser le déficit et de diminuer le coût de la vie pour tous les citoyens’’.
par Dioubeyrou Sow
CAP SUR 2024
Pour convaincre, il faut exposer, il faut échanger et surtout il faut écouter tout un chacun pour que le projet voulu pour le Sénégal pour les prochaines années soit un projet partagé
Le 31 juillet 2022, le peuple sénégalais a eu, encore une fois, à montrer au monde entier sa maturité politique et démocratique. Comme tous les 5 ans, les citoyens sénégalais, sans tambour ni trompette mais dans la joie et la bonne humeur, ont choisi leur représentant à l’Assemblée nationale pour les 5 prochaines années. Sous la supervision des différentes instances et organisations nationales et internationales, le peuple souverain a su, en toute indépendance, malgré un contexte hivernal difficile, se rendre dans les centres de vote pour exprimer leur choix.
Auparavant, durant 3 semaines, les différentes listes en compétition ont sillonné le pays pour discuter directement avec leur concitoyen. Chacun, en ce qui le concerne, a exposé son projet et sa vision pour le Sénégal de demain. Ces jours ont aussi été propices pour les partis d’opposition pour taire leur querelle. Ils ont mis en avant leur ambition pour un Sénégal prospère et un Sénégal pour tous. Pour convaincre, il faut exposer, il faut échanger et surtout il faut écouter tout un chacun pour que le projet voulu pour le Sénégal pour les prochaines années soit un projet partagé, porté par la majorité qui ne cherche qu’à être associée.
Ces jours de campagne électorale ont été pour les coalitions de l’opposition des rencontres avec le peuple souverain. Dans les villes comme dans les campagnes, avec les femmes et les jeunes, les travailleurs et les sans-emplois, ces hommes engagés, qui rêvent du pouvoir, se sont donnés rendez-vous avec ce Sénégal dont on a tant rêvé pour échanger sur les sujets de l’heure. On ne va pas s’y étendre, notre objectif est autre.
Ces élections nationales interviennent 10 ans après l’accession de Macky Sall au pouvoir. Hé oui 10 ans déjà ; ça va très vite mais quel bilan élogieux ! Dans tous les secteurs, le Sénégal a fait un bon supérieur à celui effectué de 1980 à 2012, soit plus de 30 ans. On ne va pas revenir sur ces acquis. Le Sénégal le vit tous les jours. BBY devait prendre le temps durant cette campagne électorale pour expliquer, montrer et échanger avec nos concitoyens sur la vision 2035 mais aussi sur toutes les réalisations. Que de choses à dire et à montrer.
Une campagne électorale, on ne l’apprend plus à aucun Sénégalais. La stratégie est simple : Expliquer en un minimum de temps ce qu’on fera en 5 ans. On se souvient de la marche bleue. On se souvient aussi des autres victoires électorales qui ont suivi au Sénégal et ailleurs après des campagnes électorales simples mais riches. Pour la victoire finale, au-delà du projet, il faut un discours clair, un engouement partagé et aller par la suite à la rencontre avec le peuple mais tout en montrant que ce que l’on cherche, on le veut. C’est comme dans un entretien d’embauche. A compétence égale, on choisit toujours le candidat qui montre que ce job, est le job de sa vie. La motivation n’était pas avec BBY. La fébrilité n’est pas un point fort pour tout combat surtout pour un combat électoral.
Hélas, ce combat est terminé avec beaucoup de mou et de remords mais pas de regrets. Il est temps maintenant de fixer rapidement le Cap sur 2024. Les réflexions sont déjà lancées pour prendre la revanche dans les grandes villes. La victoire de 2012, construite à partir des villes et des communes rurales, était encore plus incertaine en 2010 mais nous l’avions réussie avec la manière en échangeant avec tous les Sénégalais et en misant sur toute la population mais surtout sur les jeunes et les femmes. Le diagnostic est déjà fait. Certaines villes ne doivent pas échapper à BBY. Les réalisations de Macky Sall y sont trop importantes. Cependant, si les leaders désertent le peuple à qui appartient le pouvoir, le pouvoir leur filera entre les doigts.
Par Abdoulaye THIAM
VACANCES DU POUVOIR ?
Il n’y a pas eu de conseil des ministres hier, mercredi 24 août. Un fait rarissime pour ne pas être relevé ; surtout que le président de la République est au palais présidentiel, sain, sauf et jouit de toutes ses facultés physiques et mentales
Il n’y a pas eu de conseil des ministres hier, mercredi 24 août. Un fait rarissime pour ne pas être relevé ; surtout que le président de la République est au Palais présidentiel. Il est sain et sauf et jouit de toutes ses facultés physiques et mentales. Sauf qu’en lieu et place de cette rencontre hebdomadaire où les ministres rendent compte au Chef de l’Etat de leurs activités relatives à l’exécution de la politique de la Nation qu’il définit lui-même, il a préféré gérer ses audiences. Dans un excellent papier paru avant-hier, à la UNE de nos confrères du journal EnQuête, annonçant que notre «pays est en stand by». Effectivement, il est à l’arrêt.
Ce, depuis novembre–décembre 2021, date de l’annonce de la restauration du bicéphalisme au sommet de l’Etat avec le retour du poste du Premier ministre. Un slogan anglo-saxon «Fast Track» avait été brandi contre toute attente pour légitimer la suppression du fusible juste après la réélection du Président de la République, Macky Sall à la tête de la magistrature suprême le 25 février 2019 avec 58,26 %.
Le 14 mai 2019, il avait promulgué la loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre, renvoyé certains caciques du régime supposés à tort ou à raison d’avoir des ambitions présidentielles. Ce qui lui permet désormais de piloter, seul, l’action du gouvernement. «Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain. Voilà le cap que j’entends fixer aux équipes qui m’accompagneront dans ce nouvel élan de réformes transformatives», justifiait alors Macky Sall, qui venait ainsi d’administrer un coup de Jarnac à toute la classe politique sénégalaise mais aussi aux analystes politiques.
Mais 31 mois après, à la surprise générale, le Chef de l’Etat, brandit sa nouvelle charge, celle du futur président en exercice de l’Union africaine, pour annoncer le retour d’un Premier ministre. La décision tombe, comme un couperet, en conseil des ministres le 24 novembre 2021, qui a adopté le projet de loi portant révision de la Constitution. Le texte passe ensuite comme lettre à la poste à l’assemblée nationale le 10 décembre 2022, avec 92 députés en faveur de la loi portant restauration du poste de Premier ministre, deux contre et huit abstentions.
Les «aboyeurs» sont envoyés sur les plateaux de télévisions et autres radios pour justifier la décision. Argument plus que fallacieux brandi : la charge est trop lourde pour que le Président Sall puisse s’occuper et du Sénégal et de l’Afrique. Diantre ! Sauf que l’urgence va se transformer en une véritable arlésienne. La fumée blanche attendue n’est toujours pas sortie du Palais. Et pour cause. Empêtré dans ses calculs de dauphinat et/ou de 3ème mandat, le Président Sall renvoie l’échéance jusqu’après les élections locales du 23 janvier 2022.
Mais, la perte des grandes villes comme Dakar, Thiès, Mbacké, Ziguinchor entre autres, fait encore hésiter le Chef de l’Etat, qui avait pourtant demandé à ses ministres de faire leurs dossiers. Ensuite, ils seront appelés à exécuter les affaires courantes. Ce qui durera 8 longs mois. Record absolu ! Arrivent ensuite les élections législatives du 31 juillet 2022. L’inter-coalition Yewwi Askan Wi et Wallu corse l’addition, installe une quasi-cohabitation à l’hémicycle et une panique généralisée au sein de la majorité. Ce qui explique d’ailleurs les réactions épidermiques contre chaque sortie de Ousmane Sonko qu’ils ont créé de toutes pièces en faisant de lui, le principal leader incontesté et incontestable de l’opposition. Sinon comment comprendre ses mises en demeure contre des ministres et autres directeurs de sociétés nationales qui ne mouilleraient pas le maillot ?
Face à l’expression de la volonté du peuple qui a envoyé au Chef de l’Etat un premier avertissement lors des Locales du 23 janvier 2022, puis un deuxième lors des Législatives du 31 juillet, il a annoncé face à «ses» députés lors d’une réunion marathonienne «chercher des combattants». Nous osons espérer que c’est pour sortir le Sénégal des ténèbres avec la cherté du coût de la vie suite à des flambées des prix tous azimuts dans un contexte international où chaque Etat se bat pour que ses industries ne mettent pas la clé sous le paillasson