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26 avril 2025
Economie
UNE CINQUANTAINE DE SOCIETES COOPERATIVES INSTALLEES DANS LA REGION
L es coopératives agricoles dénommées "Farmer's Hubs" ont été installées dans les localités de Thilène, Gandiaye et Mbakhana, sous la supervision des autorités de la Direction régionale du développement rural (DRDR) de Saint-Louis.
La Direction régionale du Développement rural (DRDR) de Saint-Louis a installé environ une cinquantaine de sociétés coopératives dans les trois départements que sont SaintLouis, Dagana et Podor. Il s’agit, en effet, de groupements de femmes et de jeunes qui s’activent dans divers secteurs tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’habitat, l’artisanat, la ferraillerie, la laiterie, entre autres, et qui se sont reconvertis en sociétés coopératives. C’est le cas d’ailleurs pour les trois sociétés coopératives installées à Thilène, Gandiaye et Mbakhana par la Sénégalaise pour une Agriculture Durable (SENAD) dans le but de booster l’activité agricole de 2000 petits producteurs.
L es coopératives agricoles dénommées "Farmer's Hubs" ont été installées dans les localités de Thilène, Gandiaye et Mbakhana, sous la supervision des autorités de la Direction régionale du développement rural (DRDR) de Saint-Louis. Ce sont en tout 2000 petits producteurs qui y sont enrôlés pour stimuler les activités horticoles. Cela s'inscrit dans le cadre du projet "Agriculture intelligente face au climat et chaîne de valeur durables dans le Delta du Fleuve Sénégal" mis en œuvre en collaboration avec l'Organisation Global Green Growth Institute (GGGI). Ces sociétés coopératives ont pour objectif l’employabilité, la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations de ces différentes localités. Il s’agit d’optimiser le potentiel du secteur agricole en mettant en place des approches innovantes comme la conception et la mise en œuvre de technologies résilientes en vue de l’amélioration de la productivité et de l’atténuation des risques climatiques.
En effet, les adhérents s’activent pour la plupart dans les secteurs de l’horticulture, l’élevage, la transformation et la commercialisation de produits agricoles. Ils bénéficient de subventions de l’État et des partenaires pour développer leurs activités. «Des serres de 3000 m2 sont mises en place dans chaque localité au profit des 2000 petits producteurs qui ont été enrôlés. Ces derniers ont bénéficié également de programmes de formation et de capacitation afin de répondre aux exigences de rentabilité et de gestion axée sur les résultats», a fait savoir Moussa Sène, Coordonnateur de zone de la SENAD. La validation de ces sociétés coopératives a été faite par la Direction régionale de développement rural (DRDR) de Saint-Louis, à travers des assemblées générales tenues dans ces localités ciblées par le projet. Occasion saisie par la responsable en charge de l’enregistrement des sociétés coopératives à la DRDR de SaintLouis, Ndèye Coumba Ndiaye Faye, pour leur parler des rôles et missions qui leur sont assignés. À ce jour, ce sont plus de 50 sociétés coopératives qui ont été installées dans la région de SaintLouis.
LE BAOL EN PHASE AVEC LA VISION «SENEGAL 2050»
La région de Diourbel dispose de deux coopératives agricoles communautaires. Il s'agit de la coopération agricole communale de Bambey et celle de Tarif, dans la commune de Mbacké.
La région de Diourbel dispose de deux coopératives agricoles communautaires. Il s'agit de la coopération agricole communale de Bambey et celle de Tarif, dans la commune de Mbacké. La finalité de ces coopératives est d'unir les membres dans un même objectif de production agricole. Ces différents membres peuvent exploiter 100 à 200 hectares avec les mêmes équipements, forage, système d'irrigation, et utiliser les mêmes magasins et les mêmes hangars notamment pour le stockage de leurs productions. La coopérative communautaire communale se veut être un exemple pilote, avait déclaré Dr Alioune Dione, ministre de la Microfinance, de l’Economie sociale et solidaire, lors de la cérémonie de lancement tenue au Centre national de recherches agronomiques (CNRA) de Bambey.
En ce qui concerne les autres formes de coopératives, il y en a, à peu près plus de 85, selon le Directeur régional du développement rural (DRDR) de Diourbel. Il s'agit de structures dotées d'un bureau et d'un Conseil d'administration. L’avantage est qu’elles peuvent diversifier même leurs activités dans le domaine agricole, dans le domaine de l'élevage, dans le domaine du transport etc. L'objectif de la coopérative est d'unir ses membres dans un même objectif. La coopérative communautaire communale de Bambey, mise en place par le ministre de l'Agriculture, de l'Elevage et la Souveraineté alimentaire, Mabouba Diagne, et le ministre de la Microfinance, de l'Economie sociale et solidaire, Dr Alioune Dione, se veut une stratégie d'incubation au sens large qui comprend la production végétale et animale et la création d'emplois et de revenus pour les jeunes. Dr Alioune Dione avait relevé que beaucoup de personnes avaient nourri l'ambition de retourner vers l'agriculture et valoriser les terres car il y a plus 600 hectares qui peuvent être exploités au niveau du CNRA.
LE SORT DES COOPERATIVES AGRICOLES
Porteuses d'espoir pour l'autosuffisance alimentaire et la modernisation du secteur agricole, elles ont cependant traversé des périodes d’enthousiasme, de crise et de renouveau.
Depuis l'indépendance du Sénégal en 1960, les coopératives agricoles ont été au cœur des politiques de développement rural. Porteuses d'espoir pour l'autosuffisance alimentaire et la modernisation du secteur agricole, elles ont cependant traversé des périodes d’enthousiasme, de crise et de renouveau.
LES ANNEES D’ESPOIR (1960-1980)
Dès les premières années de l'indépendance, l'État sénégalais a mis en place un système de coopératives agricoles pour structurer et encadrer les paysans. Sous l'impulsion du président Léopold Sédar Senghor, ces coopératives ont bénéficié de soutiens financiers et techniques, notamment à travers la Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA). L’objectif était de favoriser la production de cultures stratégiques comme l'arachide et le mil, tout en assurant l’accès aux intrants et aux crédits agricoles.
Mais, la forte étatisation des coopératives a limité leur autonomie. Les producteurs étaient souvent contraints de vendre leurs récoltes à des prix fixés par l'État. La gestion des coopératives était centralisée, souvent loin des réalités paysannes. Les coopératives arachidières qui, malgré un potentiel de production élevé, se sont enlisées dans des problèmes de mauvaise gestion et d'endettement.
LES DESILLUSIONS ET LA CRISE (1980-2000)
L’essor des coopératives a toutefois été freiné par une mauvaise gestion, des dettes accumulées et des politiques agricoles inadaptées. Avec l'avènement des programmes d'ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1980, l'État s'est progressivement désengagé du financement des coopératives. Privées de soutien, beaucoup ont sombré dans l’inefficacité ou la faillite. La filière arachidière, colonne vertébrale de l'agriculture sénégalaise, a été particulièrement touchée par cette crise.
Les programmes d'ajustement structurel imposés dans les années 1980 ont marqué un tournant. Le désengagement de l'État de l'agriculture a fragilisé les coopératives. La libéralisation du secteur a poussé les agriculteurs à se débrouiller seuls, mais sans les outils nécessaires pour réussir. Le cas des coopératives cotonnières du bassin du fleuve Sénégal en est un exemple probant : la libéralisation a conduit à leur effondrement faute de soutien financier et de formation, poussant de nombreux producteurs à abandonner cette culture.
UN RENOUVEAU SOUS CONDITIONS (DEPUIS 2000)
Face aux difficultés du monde rural, de nouvelles initiatives ont été mises en place depuis le début des années 2000. Le Programme National d'Autosuffisance en Riz (PNAR) et le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) ont encouragé la réorganisation des producteurs en coopératives. Le modèle coopératif se développe également dans les cultures maraîchères et l'agroécologie, porté par des initiatives locales et des ONG. Cependant, les problèmes de gouvernance, le manque de formation et l’accès limité aux marchés demeurent des obstacles majeurs
Malgré l’ambition de ces projets, des problèmes de gouvernance ont persisté L'État les a massivement financés sans toujours assurer une gestion efficace. De nombreuses coopératives, ont échoué pour cause de mauvaise gestion et d'un manque d'infrastructures et de formation. Cela a limité leur impact réel. Les coopératives agricoles ont aussi dû faire face à une concurrence déséquilibrée sur le marché, notamment dans la filière arachidière, où les petits producteurs ont peiné à se faire une place.
Aujourd’hui, les nouvelles autorités cherchent à renforcer l’agriculture. Les Coopératives Agricoles Communautaires (CAC), formées pour regrouper des agriculteurs et des éleveurs autour de projets agricoles modernes, ont été mises en place. Cependant, ces nouvelles initiatives ont-elles tenu compte des difficultés rencontrées depuis que les projets et programmes d’autosuffisance ont été lancés par tous les régimes ? L'accès au financement et les conflits fonciers récurrents, restent une donne non négligeable, sans compter l'impact du changement climatique avec des irrégularités climatiques affectant la production.
ENJEU MAJEUR POUR LE NOUVEAU REGIME
Portée par le ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage (MASAE), la création des Coopératives agricoles communautaires (CAC) repose sur une logique de développement rural intégré
Portée par le ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage (MASAE), la création des Coopératives agricoles communautaires (CAC) repose sur une logique de développement rural intégré. Ces coopératives, constituées par des agriculteurs et éleveurs d'une même communauté, permettront de mutualiser les ressources et d'améliorer les pratiques agricoles, avec pour objectif final de réduire la dépendance aux importations alimentaires. Le gouvernement du Sénégal ambitionne de créer ces coopératives agricoles communautaires sur l’étendue du territoire national. Cette initiative vise à augmenter la production agricole et à créer des emplois décents pour les jeunes. Sera-t-il en mesure de relever ce défi si on sait que les tentatives de création de coopératives agricoles n’ont pas manqué avec les différents régimes précédents, mais cela n’a pas toujours donné les résultats escomptés.
Les coopératives ont toujours existé au Sénégal Elles regroupaient plusieurs villages dont les coopérateurs élisaient un bureau qui était le répondant des sociétés d’encadrement et des services de l’État. En 1983, suite aux divers problèmes de gestion des sociétés d’encadrement et des Coopératives arachidières, l’État décide de la réforme coopérative.
La loi n° 83- 07 du 28 janvier 1983 portant statut général des coopératives du Sénégal et son décret d’application n° 83- 320 du 25 mai 1983 ont créé des sections villageoises et des coopératives rurales. Cette réforme n’a pas pu apporter des réponses idoines aux problèmes des coopératives rurales trop dépendantes de la culture arachidière en plein déclin. Face aux non remboursements des dettes paysannes, l’État fut amené à pratiquer des prélèvements importants sur les marges faites sur les graines d’arachides commercialisées pour financer les services de la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS). Cette dernière dépose son bilan à son tour en 1990. Le mouvement coopératif sénégalais tomba en disgrâce et on lui substitua d’autres formes d’organisation tels que les Groupements d’intérêt économique (Gie) dont l’action se révéla peu structurante et peu bénéfique à l’économie nationale.
Arrivé au pouvoir, le régime de Macky Sall avait misé sur la création de Domaines agricoles communautaires (Dac) dans le cadre du Prodac en 2014 pour assurer plus de production et d’emplois des jeunes et des femmes, notamment dans le monde rural. Dans la même logique, le régime sortant avait lancé les Agropoles qui sont au nombre de 5 (Sud, Est, Ouest, Nord et Centre). Ces agropoles étaient davantage orientées vers la transformation agroindustrielle pour créer plus d’emplois chez les femmes et les jeunes.
Aujourd’hui, pour atteindre la souveraineté alimentaire, le nouveau gouvernement compte mettre en place des Coopératives agricoles communales (Cac) dans chacune des 525 communes rurales pour permettre à la jeunesse de produire en quantité. Des programmes spéciaux seront dédiés pour le riz, le maïs, le blé, le mil, le sorgho, l’arachide, le coton, la production d’huile et le lait. Chaque Coopérative sera une ferme de 200 hectares, équipée et allouée à 200 personnes. L’organisation de chaque coopérative sera articulée autour d’une entité commerciale appelée Agro dealer, qui vend des intrants à la Coopérative mais aussi qui se charge de stocker, de transformer, de vendre et d’assurer le marketing des récoltes de la coopérative. La mise en place des coopératives agricoles communales constitue un élément clé de la stratégie de souveraineté alimentaire du Sénégal, un objectif central du gouvernement. En mettant l’accent sur la collaboration avec les partenaires internationaux et sur l’implication des acteurs locaux, le Sénégal espère non seulement augmenter sa production agricole, mais aussi favoriser la création d’emplois et l’autonomisation des jeunes et des femmes en milieu rural. L’ambition est de doter chaque commune du pays d’une structure coopérative capable de dynamiser l’agriculture locale et d’assurer une meilleure résilience face aux défis alimentaires.
En plus de ces coopératives agricoles communautaires, l’Etat a envisagé la création de Coopératives Productives Solidaires (CPS). Cette initiative s'inscrit dans la politique gouvernementale de développement économique et social du pays. Ce programme, qui s'étendra jusqu'en 2029, prévoit la mise en place progressive de 10.000 coopératives à travers le territoire national. Un premier objectif de 1.000 CPS est fixé pour 2025, suivi d'une extension à 3.000 structures d'ici 2027, pour atteindre le cap final des 10.000 coopératives en 2029. Cette stratégie vise principalement à répondre au défi de l'emploi des jeunes. Les CPS permettront de créer des opportunités d'emplois décents et durables, tout en mettant l'accent sur l'insertion professionnelle des jeunes et des artisans.
POLITIQUE DE MISE EN PLACE DES COOPERATIVES AGRICOLES MISE EN GARDE DU CNCR : « Eviter de tomber dans les mêmes travers que ceux des années 60 »
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, mise sur la création des coopératives agricoles sur l’étendue du territoire national pour relever le défi de la souveraineté alimentaire. Pour y arriver, le porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), Sidy Ba recommande à l’Etat de laisser les organisations professionnelles agricoles elles-mêmes créer et gérer ces coopératives afin d’éviter de tomber dans les mêmes travers que les années 60.
La création de nouvelles coopératives agricoles sur l’étendue du territoire national a été annoncée par le ministère en charge de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage dans les méthodes et programmes politiques qu'il compte mettre en œuvre, pour l’atteinte de la Souveraineté alimentaire. Ce qui n’est pas nouveau au Sénégal, car la genèse de ces coopératives agricoles remonte aux années 60. Mais malheureusement la majeure partie d’entre elles n’ont pas pu prospérer, faute d’une bonne gestion. Selon le porte-parole du Cncr : « La période qui va de 1960 à 1980, ce sont les grands moments de la coopérative agricole au Sénégal. C’est l’Etat qui dirigeait, organisait et accompagnait les producteurs. La période du déclin a commencé à partir des années 80 avec les plans d’ajustement structurel où l’Etat s’est désengagé du monde rural ».
Joint au téléphone, Sidy Bâ d’expliquer que : « En 1983, la direction des coopératives a été dissoute et on a créé des coopératives au niveau de chaque communauté rurale. Et on les avait organisées en sections villageoises. Ces coopératives ont connu des hauts et des bas ». Selon lui, ces coopératives ne profitaient ni aux traitants ni aux grands commerçants. Car, souligne-t-il, elles étaient implantées avec l’idée que les paysans puissent collecter et commercialiser leurs productions dans les unités industrielles. Parce que « Ce qui est en train d’être fait aujourd’hui nous rappelle un peu la méthode des années 60 », Sidy Bâ de prévenir qu’ « avec le projet en vue, si l’Etat ne rectifie pas le tir, on va retourner sur les mêmes travers ». Il pense qu’on doit « laisser les organisations professionnelles agricoles avoir cette initiative, créer elles-mêmes leurs coopératives et les accompagner dans ce qu’elles ont fait ». Et de souligner qu’ « il y a des initiatives qui existent et des organisations qui sont là et qui gèrent elles-mêmes leurs différents programmes. Il est du ressort de l’Etat d’accompagner ces initiatives ».
Sidy Bâ soutient que : « l’Etat ne doit rien créer. Le bien commun n’est pas souvent bien géré par les sénégalais. C’est cet esprit qu’avaient les paysans vers les années 60 ». A l’entendre, l’Etat devrait tendre la main aux organisations professionnelles qui ont un ancrage en milieu rural et discuter avec elles et voir où est ce qu’il faut mettre les pieds. Aussi, a-t-il précisé : « Pour le Cncr, les initiatives qui sont là, doivent être consolidées et accompagnées pour inciter les gens à développer de manière endogène leurs terroirs et ne pas compter uniquement sur l’Etat et les structures qui nous viennent d’ailleurs pour pouvoir développer notre agriculture ».
2 897,7 MILLIARDS DE FCFA MOBILISES PAR LA BOAD
À travers son Plan Stratégique Djoliba (2021-2025), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) a mobilisé 2 897,7 milliards de FCFA afin de dynamiser le développement socio-économique de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
À travers son Plan Stratégique Djoliba (2021-2025), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) a mobilisé 2 897,7 milliards de FCFA afin de dynamiser le développement socio-économique de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). C’est ce qu’a annoncé, hier mercredi 26 mars 2025 à Dakar, le président de cette institution financière lors de l’ouverture de la 145ᵉ session ordinaire de son Conseil d’Administration.
Dans le cadre de cette stratégie, la BOAD consolide son appui aux États membres de l’UEMOA ainsi qu’au secteur privé, en mettant l’accent sur une intensification de ses interventions, une mobilisation optimisée des ressources et un impact accru sur le développement régional. Après quatre années de mise en œuvre, « l’efficacité de ce programme est déjà manifeste», s’est félicité Serge Ekué, président de l’institution. L’évaluation intermédiaire indique que les financements cumulés atteignent 2 897,7 milliards de FCFA, soit 86,5 % de l’objectif fixé à 3 300 milliards de FCFA à l’horizon 2025.
« Ces résultats prometteurs nous imposent une responsabilité accrue : celle de préserver notre trajectoire tout en redoublant d’efforts avec rigueur et innovation. C’est à cette condition que nous pourrons continuer à mobiliser et à allouer les ressources nécessaires afin de transformer les attentes de nos États et de leurs populations en réalités tangibles et durables », a affirmé, hier, mercredi 26 mars 2025 à Dakar, Serge Ekué, lors de son discours d’ouverture du 145ᵉ Conseil d’Administration.
DES AVANCEES MAJEURES EN 2024
Revenant sur les réalisations de la BOAD en 2024, M. Ekué a mis en avant plusieurs avancées notables, parmi lesquelles : La révision de la perspective de la BOAD par Moody’s Ratings, passée de négative à stable ; le lancement de la phase pilote du projet des Prêts Adaptés aux Catastrophes Naturelles (PACAN) ; la signature d’une police d’assurance de 100 millions d’euros avec ATIDI ; l’émission de la première obligation hybride verte en euros, placée en privé auprès de la Cassa Depositi e Prestiti (CDP) pour un montant de 100 millions d’euros ; la garantie MIGA de 506 millions d’euros pour le renforcement climatique en Afrique ; la création du Fonds de Transformation Digitale, en partenariat avec la KfW, pour accélérer la modernisation numérique des administrations publiques de l’UEMOA ; la prise de participation de 24 millions de dollars de la Banque Africaine de Développement (BAD) au capital de la BOAD ; l’approbation d’un financement de 17 milliards de FCFA par le Fonds pour l’Environnement Mondial en faveur de projets de résilience climatique et de développement durable au Bénin, au Burkina Faso et au Mali ; l’octroi d’une subvention de 29 milliards de FCFA par le Fonds Vert pour le Climat, destinée à financer la lutte contre le changement climatique au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger.
À travers ces initiatives, la BOAD réaffirme son rôle de moteur dans le financement du développement durable et de la résilience climatique en Afrique de l’Ouest.
LE FMI ALERTE SUR DES IRRÉGULARITÉS BUDGÉTAIRES AU SÉNÉGAL
Face à ces constats, l’institution préconise des réformes urgentes pour renforcer la transparence et le contrôle des finances publiques.
Une mission du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Edward Gemayel, a séjourné au Sénégal du 18 au 26 mars pour examiner les conclusions du rapport d’audit de la Cour des comptes, publié le 12 février. Cette enquête a révélé des irrégularités majeures dans les déclarations budgétaires du pays entre 2019 et 2023, notamment une sous-estimation significative du déficit et de la dette publique.
Selon les conclusions du FMI, le déficit budgétaire moyen sur cette période a été révisé à la hausse de 5,6 points de PIB, tandis que la dette de l’administration centrale est passée de 74,4 % à 99,7 % du PIB en 2023. L’audit a également mis en évidence l’existence de passifs non divulgués, incluant des emprunts dissimulés représentant 25,3 points de PIB.
Des réformes urgentes recommandées
Face à ces révélations, le FMI insiste sur la nécessité de renforcer le contrôle budgétaire et la transparence des finances publiques. « Ces lacunes soulignent l’urgence d’une refonte structurelle des mécanismes de gestion budgétaire », a déclaré Edward Gemayel. La mission a évalué les facteurs institutionnels et procéduraux ayant contribué à ces incohérences et discuté avec les autorités de mesures correctrices à adopter.
L’activité économique du Sénégal est restée dynamique en 2024, avec une croissance estimée à 6 % du PIB, portée par le secteur des hydrocarbures. L’inflation est restée contenue à 0,8 %. Toutefois, le déficit budgétaire a atteint 11,7 % du PIB et la dette de l’administration centrale est montée à 105,7 % du PIB en fin d’année, illustrant des tensions croissantes sur les finances publiques.
Parmi les mesures prioritaires recommandées figurent la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses. Ces réformes visent à assainir les finances publiques et à garantir une trajectoire budgétaire soutenable.
Vers un nouveau programme d’appui du FMI
Les autorités sénégalaises ont exprimé leur volonté de solliciter un nouveau programme d’appui du FMI. Toutefois, l’institution attend la mise en place effective de mesures correctrices avant d’engager des discussions formelles. « Le Fonds se tient prêt à accompagner le Sénégal dans l’élaboration d’un programme de réformes ambitieux, basé sur les enseignements de l’audit et aligné sur les priorités nationales de développement », a affirmé Gemayel.
Durant son séjour, la mission du FMI a rencontré le président de la République Bassirou Diomaye Faye, le ministre de la Justice Ousmane Diagne, le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr, le ministre des Finances Cheikh Diba, ainsi que plusieurs hauts responsables. Des échanges ont également eu lieu avec les syndicats, la société civile et les partenaires au développement.
Le FMI salue l’engagement des autorités en faveur de la transparence budgétaire et leur coopération dans cette mission d’évaluation, qui marque une étape décisive vers une meilleure gestion des finances publiques du pays.
LE PUDC, UN DÉSASTRE
Chantiers inachevés, travaux mal faits, entreprises au bord de la faillite, poursuites judiciaires… Retour sur l'un des programmes phares du régime précédent, dont on a souvent vanté les mérites
Chantiers inachevés, travaux mal faits, entreprises au bord de la faillite, poursuites judiciaires… ‘’EnQuête’’ revient sur l'un des programmes phares du régime précédent - le Programme d'urgence de développement communautaire (PUDC) - dont on nous a souvent vanté les mérites, en mettant en avant ses nombreuses réalisations.
Près de 500 milliards F CFA dépensés par le gouvernement du Sénégal dans le Programme d'urgence de développement communautaire (PUDC). Plus de 123 milliards rien que dans la première phase mise en œuvre entre 2015 et 2018. Pour le deuxième volet, un budget estimatif de 300 milliards a été annoncé, lors de la cérémonie de lancement par le président de la République Macky Sall. Ce qui fait, au total, une enveloppe de 423 milliards F CFA supposés être engloutis dans les différents travaux de ce programme. Dans le PTBA (Programme de travail du budget annuel de 2024), l'alors ministre chargé du Développement communautaire, Thérèse Faye, avait fait le bilan de huit ans d'exécution de ce programme d'urgence. Elle annonçait la réalisation de 827 km de pistes de désenclavement, 328 systèmes d'alimentation en eau potable et 857 villages électrifiés, entre autres grandes réalisations sur la période.
Pour aller vite dans ce programme d'urgence, l'État s'était attaché les services du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui était chargé de l'exécution. À ce titre, il était signataire de tous les contrats avec les entreprises engagées dans le cadre de ce processus.
À peine trois ans après le lancement, le PNUD avait quitté la barque, laissant sur place de nombreux chantiers inachevés, des chefs d'entreprises désemparés, contraints de faire face à des fonctionnaires peu soucieux de leur sort, des agents qui leur en ont fait voir de toutes les couleurs, en méconnaissance de plusieurs termes de leurs contrats. Depuis, certains d'entre eux peinent à se relever, tenaillés entre les difficultés économiques, les nombreuses dettes envers leurs créanciers et fournisseurs, l'impossibilité d'obtenir un quitus fiscal...
“Je suis complètement ruiné à cause de ce programme. Nous avons été dupés par le PNUD et le PUDC”, témoigne Papa Ngagne Dièye, la cinquantaine révolue, mandataire du groupement d'entreprises EAK-GCI et fondateur de GCI Construction. Une entreprise qu'il a bâtie après des efforts inlassables, beaucoup de résilience et de sacrifices. “Je me rappelle des nuits passées dans les rues de la Médina ou de Pikine à réparer des réseaux d'assainissement et de voirie. Tout ça a été anéanti par le PNUD et le PUDC”, rapporte-t-il, la voix emplie de tristesse.
La désillusion des entreprises
Avant le programme, GCI était en pleine croissance. Aujourd'hui, après avoir participé à ce programme, ses activités sont complètement à l'arrêt. Ses machines immobilisées dans les chantiers. Ses bureaux fermés. Ses employés envoyés en chômage technique à cause des lourdes pertes financières. Et elle est loin d'être la seule entreprise dans cette situation. D'autres vivent le même calvaire depuis bientôt cinq longues années voire plus. Directeur général de Negodis, Doudou Condé explique dans un mémorandum que nous avons parcouru comment le PNUD et le PUDC ont coulé son entreprise. En sus d'un préjudice moral jugé énorme, de la détérioration de son image, il invoque “un redressement par les impôts pour un montant de 500 millions de francs ; des problèmes avec la douane pour la régularisation de 257 millions déclarés (injustement) au nom de Negodis et toujours non régularisés...” ; des procédures interminables avec ces administrations ; plus de 300 millions de frais financiers auprès de sa banque du fait notamment des retards de paiement.... Tous ces préjudices, selon lui, résultent de manquements imputables au PNUD et au PUDC, qui n'ont rien fait pour les aider à sauver leurs entreprises.
Selon les termes des contrats signés avec les entreprises, le PNUD devait payer les factures dans un délai de 15 jours, suivant leur présentation. Sous ces conditions et tenant compte du sérieux présumé de cet organisme international, les banques, d'habitude réticentes, n'ont pas hésité à apporter leur concours. Papa Ngagne Dièye : “Les termes du contrat étaient très motivants et devaient nous éviter de recourir à des concours bancaires sur des délais longs et à des coûts financiers exorbitants. Avec le PNUD et la charte de transparence et de lutte contre la corruption établie, nous pensions que cela nous mettait à l’abri de certaines pratiques courantes dans nos administrations telles que les lenteurs administratives, la corruption et la concussion avec comme corolaires les conflits d’intérêts. C'est dans ces conditions que nous tous nous étions engagés.”
Le PNUD tenu pour “complice” de tous les manquements de la première phase
Mais dès les premières semaines surgirent les premiers problèmes : avec des retards de paiement, des variations substantielles des termes des contrats dues à des erreurs de conception, entre autres pratiques que les chefs d'entreprises jugent dolosives. Monsieur Dièye donne son exemple dans son premier contrat portant sur la réalisation d'une piste rurale de 12,5 km dans la région de Matam. “Nous avions réalisé le contrat (initial) et 50 % des avenants dans le délai contractuel de 3,5 mois – délai anormalement court - mais que nous avions tenu à respecter parce qu’étant contractuel”.
À sa grande surprise, il sera immobilisé (personnel et matériel) durant sept mois sur le site, pour la validation des avenants restants et l’achèvement des travaux. “Nous avions fait ce sacrifice, car en ce moment, notre niveau de motivation était à son maximum à cause de notre attachement au programme. Mais il était étonnant de constater que pour ce petit projet, nous nous retrouvions avec autant d’avenants, à cause de mauvais choix techniques. Ce qui démontrait à suffisance la non-maîtrise du projet par l’équipe composée d’experts sénégalais recrutés par le PNUD pour gérer la dimension technique du programme. Cela montre également que le PNUD n'était pas outillé pour mener à bien ce genre de projets”, a-t-il indiqué.
Les mêmes problèmes ont aussi été notés dans l'exécution du deuxième contrat gagné en 2015 grâce à ses performances et plus tard dans l'exécution du troisième contrat. Comme pour le premier contrat, il a encore perdu beaucoup d'argent dans l'exécution du deuxième contrat ; pour une piste de 38 km toujours dans la région de Matam. “Après plusieurs mois d’hésitations sur le choix de l’itinéraire, le PNUD a fini par choisir de relier la route nationale de Matam à Lougrethiolly. Ce qui devrait nous amener à réaliser une route de 50 km en lieu et place de 38 km contractuels. Ainsi, non seulement le linéaire a augmenté, mais aussi l’itinéraire a changé impactant le nombre d’ouvrages d’assainissement. Ce qui nous donnait droit à un avenant de 600 000 000 F CFA environ”, confie-t-il, soutenant que le PNUD et le PUDC n'ont pas voulu réparer ces préjudices, sous le prétexte qu'au-delà de 30 % du marché de base, l'avenant doit être validé par New York. C'est pour ne pas en arriver là qu'on essayait par des subterfuges de gérer les difficultés.
Retour sur le déni de responsabilité du PNUD
Comme pour ne rien arranger, en 2018, le PNUD décide de se retirer. Aux entreprises qui avaient encore des travaux en cours, elle impose une cession de contrat avec la direction nationale du PUDC. Une proposition à prendre ou à laisser. Motif invoqué : le contrat qui le liait à l'État dans le cadre de cet appui technique était arrivé à terme. Pour légitimer cette “rupture”, il a été reproché aux entreprises de n'avoir pas terminé les travaux dans les délais requis. Des accusations rejetées par les chefs d'entreprise, qui accusent l'agence d'être à l'origine des retards. “En réalité, si nous n’avions pas pu finir les travaux objet de nos contrats dans les délais contractuels qui étaient supposés être couverts par la durée de la première phase du Programme, c’était bien évidemment de la seule responsabilité du PNUD qui a failli gravement à tous ses engagements contractuels, avec notamment le non-respect des délais de paiement contractuels, les variations substantielles de quantités, entre autres causes”, se défend le mandataire de EAK-GCI, rappelant l'exemple de son premier contrat dans lequel il a été immobilisé plus de sept mois pour validation des avenants.
Par ailleurs, dénoncent plusieurs chefs d'entreprises, l'agence onusienne a royalement ignoré leurs différents courriers de mars 2018 à avril 2019, alors qu'ils étaient toujours en contrat selon M. Condé. En lieu et place, c'est la Direction nationale du PUDC qui leur a envoyé le 5 octobre 2018 une lettre dans laquelle elle leur fait part d'un protocole de cession de contrat en sa faveur. “La Direction nationale n’était pas partie prenante au contrat. Le PNUD, notre seul et unique cocontractant, n’a pas daigné nous écrire directement pour discuter des conditions de cession. Nous répondîmes à la DN-PUDC que nous n’allions pas signer le protocole pour plusieurs raisons dont l’une était l’absence de solidarité du PNUD en cas de non-paiement par l’État du Sénégal”, insiste-t-il.
C'est dans ces conditions que l'ancienne représentante résidente, Mme Bintou Djibo, a été affectée au Niger. Sa remplaçante, Mme Priya, dès son installation, avait refusé de s’impliquer, dans le sens d’un redressement effectif de la situation laissée par sa prédécesseur.
Une entreprise espagnole saisit le tribunal de La Haye
Avec le retrait du PNUD, entrent en jeu des fonctionnaires de l'État du Sénégal qui ont fini d'achever les entreprises. Ces fonctionnaires en voulaient à certains nationaux qui n'étaient pas favorables à la cession de contrats et qui avaient refusé au départ d'y adhérer.
Ces derniers ont dû faire face à ce qu'ils considèrent comme du sabotage, des représailles et un mauvais traitement qui les a précipités dans la dèche. Monsieur Dièye : “Le coordonnateur du programme au départ du PNUD était très remonté contre tous ceux qui n’avaient pas systématiquement signé lesdits protocoles de cession de contrats. Pour lui, le refus de signer était assimilable à de l’insubordination, et de la défiance à l’État du Sénégal. Alors que nous ne faisions que prévaloir nos droits.”
Devant leur refus persistant de signer, le coordonnateur avait fini par recevoir des représentants du groupe pour les inciter à signer, afin d’accéder aux paiements de leurs décomptes en souffrance. C’était, selon lui, la seule alternative puisque le PNUD était de toutes les façons déjà parti.
Avec lui, la détérioration des rapports s'est accentuée. “Après nous avoir plongés dans des difficultés incommensurables, le Coordonnateur du PUDC se plaisait à nous mépriser et à nous traiter de défaillants dans la presse. Nous confirmons que le PNUD et le PUDC nous ont effectivement rendus entreprises défaillantes. Mais en ce qui concerne nos contrats PNUD PUDC, nous les avons honorés pour l’essentiel, malgré les dysfonctionnements relatés et dont le PNUD et le PUDC sont totalement responsables.”
Papa Ngagne Dièye et Condé appellent de tous leurs vœux une évaluation exhaustive sur tout ce qui s'est passé, afin de situer les responsabilités entre les entreprises, la Direction nationale et le PNUD. Le plus cocasse, pensent-ils, c'est qu’après la cession de contrat, le PNUD est encore revenu dans le jeu lors de la deuxième phase. Cette fois, juste pour aider l'État à contourner les dispositions du Code des marchés publics.
À noter que cette affaire PUDC risque d'atterrir devant les tribunaux internationaux. Une entreprise espagnole du nom d’Atersa avait en effet saisi une Cour permanente d'arbitrale également appelée tribunal de La Haye, conformément aux dispositions contractuelles, pour faire trancher le contentieux l'opposant au PUDC et au PNUD. Les nationaux non plus n'écartent pas l'hypothèse de saisir les juridictions. Mais avec l'avènement de l'alternance, ils espèrent ne pas en arriver à ce stade.
Diomaye demandait l'inventaire de tous les chantiers inachevés
À l'occasion du Conseil des ministres du mercredi 19 mars dernier, le président de la République revenait sur cette problématique des chantiers inachevés et donnait des instructions pour une prise en charge efficiente.
“Il est constaté, depuis plusieurs années, un nombre important de chantiers inachevés dans plusieurs localités du Sénégal. C’est le cas dans les secteurs de l’enseignement supérieur, de l’éducation, de la formation professionnelle et technique, de la santé, de l’énergie, de l’assainissement, des routes et des sports”, indiquait le communiqué du CM qui ne s'adressait pas exclusivement au PUDC.
Aussi, le chef de l'État enjoignait au Premier ministre “de faire procéder, dans chaque ministère, au recensement exhaustif des projets de construction inachevés et de proposer les voies et moyens de restructuration et de relance desdits chantiers, dans le respect du Code des marchés publics et des procédures du ressort de l’Agence judiciaire de l’État”.
Il avait également souligné l’urgence de faire le point sur les projets relevant du PUDC, de Promovilles, du PNDL et du Puma, différents programmes dont la mutualisation des interventions participe du renforcement de l’efficacité de la territorialisation des politiques publiques.
Auparavant, le Premier ministre avait aussi annoncé un audit sur ce programme.
DAKAR FACE À LA COLÈRE DU FMI
Après la confirmation de la dette cachée, le Sénégal s'expose à des sanctions sévères du Fonds, de la suspension d'aide à l'imposition de réformes structurelles. Un précédent qui rappelle le cas mozambicain, privé d'aide pendant huit ans
(SenePlus) - Le Fonds Monétaire International (FMI) a confirmé lundi 24 mars 2025 l'existence d'une dette cachée de 7 milliards de dollars au Sénégal, accumulée entre 2019 et 2024 sous la présidence de Macky Sall, corroborant ainsi les révélations de la Cour des Comptes de février 2025. Face à cette situation, le pays pourrait subir diverses sanctions de la part du FMI, qui dispose d'un mécanisme gradué pour punir les États dissimulant leur endettement réel.
"Le Fonds Monétaire International doit s'assurer qu'un pays a les garanties suffisantes pour rembourser ses traites à l'échéance, ce qui permet à l'institution financière de mettre de nouvelles ressources à la disposition d'autres États. C'est pourquoi une série de sanctions est prévue en cas de fausses déclarations", précise RFI.
L'histoire récente offre deux exemples africains révélateurs de la réponse du FMI à de telles situations.
En 2016, le Mozambique a vu sa "dette cachée de 2 milliards de dollars" dévoilée, constituée de "prêts secrets accordés à des entreprises publiques par des banques privées et dont un demi-milliard de dollars est détourné", selon RFI. La réaction du FMI fut immédiate : l'institution "suspend son aide budgétaire aux autorités de Maputo. Les versements n'ont repris qu'en 2024", soit après huit années de suspension.
Plus proche géographiquement du Sénégal, "au Congo-Brazzaville, une dette cachée de quelque 3 milliards de dollars est mise au jour mi-2017", indique RFI. Cette dette était composée de "pré-financements – et de pots de vins – accordés par des négociants en échange de livraisons de pétrole".
La réponse du FMI fut différente mais tout aussi contraignante : "En avril 2018, après des négociations avec le gouvernement de Denis Sassou-Nguesso, conseillé dans ces négociations par Dominique Strauss-Kahn et Mathieu Pigasse, le FMI conditionne son aide à une série de réformes pour plus de transparence dans la gestion des ressources publiques et pétrolières congolaises", explique RFI.
Le cas sénégalais, avec une dette cachée de 7 milliards de dollars, dépasse en ampleur ceux du Mozambique et du Congo-Brazzaville. Selon les informations de RFI, le pays pourrait donc s'attendre à des sanctions sévères, allant d'une suspension temporaire ou prolongée de l'aide budgétaire à l'imposition de réformes structurelles profondes.
L'inquiétude persiste quant à la capacité du Sénégal à se conformer aux exigences qui seraient imposées. Comme le souligne RFI concernant le Congo-Brazzaville, "la poursuite de ces réformes et la volatilité des cours du brut restent une source d'inquiétude exprimée l'an dernier par l'institution financière".
Pour le Sénégal, dont l'économie comprend désormais une composante pétrolière et gazière en développement, les répercussions pourraient être particulièrement significatives, tant sur les finances publiques que sur la crédibilité internationale du pays.
PAR Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle
LE FMI DOIT D'ABORD FAIRE LE MÉNAGE EN SON SEIN
EXCLUSIF SENEPLUS - S'agit-il de ne pas examiner les chiffres de près, de peur que des transactions n'apparaissent publiquement, ce qui aurait pu nuire à l'avenir politique du meilleur ami de la France au Sénégal, Macky Sall ?
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 26/03/2025
Dans sa publication mondiale phare – Perspectives de l’Économie mondiale - publiée en octobre 2024, le FMI prévoyait que l'inflation sur 12 mois au Sénégal en décembre 2025 serait de -13,4 % et de 41,9 % pour l’année d’après. Ces prévisions n'étaient pas fondées. En effet, l'inflation sur 12 mois au Sénégal en décembre 2024 était de 0,8 %, ce qui confirme, si besoin était, que les prévisions du FMI étaient erronées.
Nous avions indiqué à l'époque que cet épisode reflétait une défaillance majeure de contrôle de qualité du FMI concernant ses propres travaux de base. Cependant, nous notions que le problème essentiel n'était pas sa mauvaise compréhension évidente de l'inflation. Nous soulignions plutôt que cette erreur sur une variable macroéconomique aussi centrale n'était que « la partie émergée de l'iceberg ».
En effet, si le FMI s’est fourvoyé à ce point sur un indicateur macroéconomique de base tel que l'inflation sur un horizon aussi court, quelles assurances pourrions-nous avoir qu’il ne s’est pas trompé sur les autres et plus lourdement ?
Un récent audit public des finances publiques de 2019 à mars 2024 nous apprend que la dette publique du Sénégal à la fin de 2023 s'élevait à 18 558 milliards de francs CFA, soit 99 % du PIB officiel, et non 74 % du PIB comme indiqué précédemment.
Une partie de cette dette élevée est due au FMI lui-même uniquement en raison des décaissements liés à son programme avec le Sénégal qui n'auraient pas dû être effectués parce que, sur la base de données correctes, les critères de performance du programme avaient été largement enfreints.
Il ne s'agit pas ici, comme l'a récemment suggéré le chef de la mission du FMI, de « déclarations erronées » de la part du gouvernement sénégalais de l'époque.
Il s'agit plutôt de savoir comment les services du FMI ont pu perdre de vue plus de 20 % du PIB au cours d'un programme intensif avec ce gouvernement, et ainsi mal mesurer les critères de performance.
Le plus gros dans l’affaire est que le FMI n’a pas seulement perdu de vue plus de 20 % du PIB. Il a dû aussi à plusieurs reprises, mission après mission, pendant cinq ans, perdre toute trace de ces sommes à quatre endroits : dans la balance des paiements, dans l'enquête monétaire, dans les comptes nationaux et, bien sûr, dans les comptes publics.
Le fait que le FMI n'ait pas détecté ce problème en temps réel constitue donc un manquement majeur à son obligation de diligence. En effet, à chaque revue de programme avec le Sénégal, les services du FMI étaient tenus de déclarer à tous les actionnaires du FMI, y compris au peuple sénégalais, que les données reflétaient fidèlement les actions du gouvernement de Macky Sall.
Autrement, nous devons nous demander : s'agit-il simplement d'un « manque » de diligence raisonnable de la part du FMI, d'autant plus que le FMI a ignoré les avertissements de l'opposition sénégalaise concernant les fausses déclarations dès 2018 ? Peut-être s'agit-il plutôt d'une décision délibérée de ne pas examiner les chiffres de trop près, de peur que des transactions n'apparaissent dans le domaine public, ce qui aurait pu nuire à l’avenir politique du meilleur ami de la France au Sénégal, M. Macky Sall ?
Quoi qu'il en soit, le chef de la mission du FMI note que le FMI pourra agir « rapidement » pour résoudre les difficultés du Sénégal, dès que les sources des déclarations erronées auront été identifiées.
Tout sauf ça, serions-nous tentés de dire !
En fait, le même problème s'est posé en 2016 au Mozambique lorsqu'il est apparu que la dette publique, en proportion du PIB, était 10 % plus élevée que ce qui avait été confirmé précédemment par le FMI, dans le contexte d'un boom des actifs carbone. De toute évidence, le FMI aurait dû examiner comment il avait pu perdre de vue 10 % du PIB dans les données du Mozambique afin d'éviter qu'une telle situation ne se reproduise. Mais il est rapidement passé à autre chose.
Cette « rapidité du FMI », il est maintenant clair, s'est faite aux dépens du Sénégal.
Ainsi, si, dans la précipitation, le FMI propose maintenant que le Sénégal stabilise son imposante dette publique en s'engageant à atteindre des objectifs élevés d'excédent primaire dans son budget - peut-être 4 % du PIB - un tel conseil n'aurait absolument aucun fondement, tout comme ses projections d'inflation pour décembre 2025 et 2026, et tout comme toutes ses assurances antérieures au fil des ans que les données macroéconomiques pour le Sénégal étaient saines.
Non, le FMI ne devrait pas conseiller ou agir à la hâte. Il devrait d'abord faire le ménage en son sein.
*Ndongo Samba Sylla est économiste sénégalais, Directeur de Recherche à l’International Development Economics Associates (IDEAs).
*Peter Doyle est économiste américain, ancien cadre du FMI et de la Banque d’Angleterre.
LE SÉNÉGAL LÈVE L’INTERDICTION D’EXPORTATION DES GRAINES D’ARACHIDE
Cette décision, qui s’appliquera du 25 mars au 15 juin 2025, intervient après une campagne de collecte jugée "satisfaisante". Toutefois, elle reste encadrée par des conditions strictes afin de préserver l’approvisionnement des huileries locales.
Le gouvernement sénégalais a décidé d’autoriser temporairement l’exportation des graines d’arachide, après une interdiction en vigueur depuis octobre 2024. Cette décision, annoncée par le ministère de l’Agriculture, fait suite à une campagne de collecte jugée satisfaisante, garantissant un approvisionnement suffisant pour les huileries et les semences locales.
La levée de l’interdiction prendra effet du 25 mars au 15 juin 2025, mais ne concernera pas les graines destinées à la semence. Le gouvernement a cependant fixé plusieurs conditions pour encadrer cette réouverture du marché. Les exportations devront respecter les normes de qualité établies par la Direction de la Protection des Végétaux et s’inscrire dans le cadre réglementaire défini par les autorités. Le prix plancher imposé devra être scrupuleusement respecté, et les devises issues des transactions devront être rapatriées conformément aux règles en vigueur. Par ailleurs, chaque expédition devra être justifiée et accompagnée d’un certificat phytosanitaire, exigé avant toute opération.
L’interdiction, instaurée par la circulaire n°01548 du 29 octobre 2024, avait pour objectif d’organiser efficacement la campagne agricole 2024-2025 et de sécuriser l’approvisionnement des industries locales. Selon le ministère de l’Agriculture, cette mesure a permis d’atteindre des résultats satisfaisants en matière de collecte, notamment pour la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos), justifiant ainsi un assouplissement des restrictions.
En encadrant strictement cette reprise des exportations, l’État cherche à concilier les intérêts des producteurs, des transformateurs locaux et des exportateurs, tout en préservant la stabilité du secteur arachidier.