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30 avril 2025
Femmes
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DJIBY DIAKHATE EN PHASE AVEC SERIGNE MBAYE THIAM
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sociologue approuve le travail de Human Rights Watch sur les abus sexuels à l'école, tout en y relevant un échantillon d'étude assez peu représentatif
Les élèves adolescentes sont effectivement exposées à un certains nombre de tentations. Pour le sociologue Djiby Diakhaté, il y a une part de vérité dans le rapport publié par Human rights watch. Toutefois, il y relève une exagération fondée sur un échantillon scientifique dérisoire. Le sociologue est en phase avec le ministre Serigne Mbaye Thiam qui selon lui, a pris la défene de ses enseignants.
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RÉPONSE À NAFY DIALLO : "KOU YILIF SA JUNNIY MOROM DU SA MOROM"
Chère Nafissa qui offense tout en invitant sur le terrain du religieux, votre inculture religieuse ne vous a peut-être pas permis d’apprendre que « Addînu Nacîha », «Prodiguer le bon conseil est l’essence même de la religion ».
Suite à la déclaration du Khalife Général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour, recevant Me Madické Niang, comme il le fait pour tous les hommes politiques sollicitant ses prières et ses conseils, une nommée Nafy Diallo a voulu en profiter pour s’attaquer à cette éminente personnalité représentant toute une communauté.
D’abord, rappelons, comme nous l’avons déjà fait dans plusieurs organes de presse, que le discours tenu, ce jour-là par le Khalife Général était celui d’un homme religieux équidistant malgré sa franchise sur ses choix personnels qu’il a toujours affirmés, contrairement à ce qu’ont voulu relater des articles cousus de fil blanc.
Nous qui sommes du Daara, on nous avait appris que l’impolitesse et l’irrespect desservaient plus qu’ils ne servaient une cause surtout que « défendre » le respectable Président Abdoulaye Wade ne saurait être efficace si cela devait passer par des invectives à une personnalité pour qui il n’a jusqu’ici manifesté que du respect.
Chère Nafissa qui offense tout en invitant sur le terrain du religieux, votre inculture religieuse ne vous a peut-être pas permis d’apprendre que « Addînu Nacîha », «Prodiguer le bon conseil est l’essence même de la religion ».
Nous comprenons votre ignorance dans les deux sens d’une absence de connaissance ou d’une négation volontaire de l’évidente vérité !
Mais, ce qui est incompréhensible et, par-là même déplorable, de la part d’une citoyenne qui se dit consciente de sa responsabilité, est que vous voulez sans mandat connu de votre parti, vous attaquer à la plus haute personnalité d’une confrérie parce qu’il a pensé à prodiguer un simple conseil à Abdoulaye Wade, en ignorant tout de la nature des relations qui les unissent.
Loolu mooy niakka maandu dëgg !
Vous ignorez certainement, aussi, que le mot arabe « Nacîha » de cette même parole du Prophète de l’Islam, traduit de manière parcellaire par « conseil » est exprimé dans le wolof de nos Daara par l’expression « laayé biir ». Cette acception qui vous échappe ajoutant au simple « conseil » une charge affective que votre déficit de nuance et de politesse ne vous permet pas de décrypter.
Nous ne vous en tiendrons pas rigueur !
La pudeur n’a jamais été synonyme de manque d’audace. Mais elle a souvent marqué la limite éthique entre l’attitude des nobles courageux et celle des adeptes de l’indicible, nous ne dirons pas l’indiscipline, mot étranger à notre champ lexical.
Nous ne vous suivrons pas sur ce terrain !
Pour dire que nous ne vous retrouverons jamais sur le vôtre mais vous inviterons, dans un premier temps, à plus de respect au représentant suprême de notre communauté. Un de nos maîtres à penser dans cette confrérie, Al-Maktoum, disait : « kou yilif sa junniy morom du sa morom ».
Nous présumons de votre minimum de conscience d’un tel état de fait !
Nous avons le plus grand respect à Me Abdoulaye Wade que vous prétendez défendre et connaissons ses excellentes relations avec nos cheiksh et guides, mais sommes, aussi, certains de son désaveu pour l’irrespect caractérisant vos propos !
« Rappelle si le rappel peut-être utile » (fa zakkir in nafa’ati zikrâ), nous enseignait-on au Daara.
C’est pour cela, en toute courtoisie tidiane, présumant de la bonne foi de ceux qui se trompent puis se rétractent, et, pour vous retrouver, par contre, sur le registre religieux, un terrain qui nous est connu, nous nous limiterons, pour l’heure, à un simple rappel d’une sage parole de notre commun Prophète mais sonnant, tout de même, l’avertissement: « Si tu n’as point de pudeur fais ce qu’il te plaît ».
Directoire du Think Tank
Prospec’TIV
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LES DESSOUS DU RAPPORT POLÉMIQUE SUR LES ABUS SEXUELS À L'ÉCOLE
Elin Martínez responsable à Human Rights Watch revient sur les tenants et les aboutissants de l'étude qui a mis le feu aux poudres au sein du système éducatif sénégalais
Interrogée sur le rapport de l’ONG International Human Rights Watch relatif aux violences sexuelles faites aux filles dans les écoles sénégalaises, l’ancien Premier Ministre Mimi Touré n’a pas fait dans la langue de bois en indiquant que « le sujet est très sérieux, car il s’agit de la sécurité de nos enfants dans le sacro-saint lieu que doit être l’école où la tolérance zéro aux abus sexuels doit être la règle. Le système éducatif regorge bien entendu d’enseignants vertueux et dédiés à leur métier avec dévouement et éthique. Il ne s’agit pas ici d’un procès des enseignants, loin s’en faut, mais il faut aussi reconnaître que les filles sont exposées aux sollicitations sexuelles d’enseignants véreux dans nos écoles et ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est une réalité qu’il faut reconnaître et combattre, d’abord par les enseignants honnêtes eux mêmes et les enseignantes surtout. J’ai travaillé pendant des années sur l’éducation des filles en Afrique et les violences sexuelles constituent un facteur premier d’abandon de l’école. Les acteurs de l’école, les parents d’élèves, la société civile et l’Etat doivent travailler ensemble pour éradiquer la violation du droit à l’intégrité physique et morale de nos filles qui ont vocation à être les actrices de développement et les leaders de demain ».
PAR MADIAMBAL DIAGNE
TOUT LE MONDE SAIT QUE NOS FILLES SONT ABUSÉES À L’ÉCOLE
Quel est ce réflexe de rejeter toujours le tort sur les autres sans regarder la réalité pour trouver une solution aux problèmes ? Comment peut-on se cacher derrière son petit doigt pour nier la réalité des abus sexuels dans nos écoles ?
L’organisation internationale non gouvernementale Human rights watch (HRW) a effarouché les milieux scolaires du Sénégal pour avoir publié une étude qui met le doigt sur de nombreux cas d’abus sexuels dont sont victimes les jeunes filles dans les écoles. Chacun a voulu y aller de son indignation. Le ministère de l’Education nationale, bille en tête, a fustigé le travail de l’ONG qui ne «serait pas scientifique». Pour les services de Serigne Mbaye Thiam, quelque 165 cas recensés ou répertoriés dans l’étude ne suffiraient pas pour asseoir une «accusation» contre le système scolaire sénégalais.
Le ministère de l’Education a publié même un communiqué de presse pour crier au complot international, orchestré par des groupes ou autres lobbies étrangers qui chercheraient à imposer des «curricula», notamment l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires sénégalais. L’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal a voulu servir de caisse de résonance à cette «alerte-défense» du ministère de l’Education nationale pour s’ériger en boucliers de toute tentative d’imposer un modèle éducatif venu de l’étranger. On ne peut pas manquer de sourire en entendant Serigne Mbaye Thiam clamer l’indépendance des autorités sénégalaises à choisir le modèle d’éducation et les programmes scolaires à enseigner aux enfants sénégalais. Qui ne se rappelle pas que, pas plus tard que l’année dernière, le même ministre Serigne Mbaye Thiam a pris des décisions pour fermer les écoles Yavuz Selim, des écoles qui constituaient le fleuron de l’enseignement d’excellence au Sénégal et ceci, suite à une injonction d’un pays étranger, la Turquie ? A qui Serigne Mbaye Thiam parlerait alors d’indépendance dans la politique éducationnelle du Sénégal ? Quant à l’Unapes, on ne peut pas ne pas s’étonner de leur attitude qui, normalement, devrait être du côté de Human rights watch et des filles abusées dans les écoles. Le cas d’une seule fille abusée sexuellement dans nos écoles est intolérable et devrait provoquer l’ire des associations de parents d’élèves. Mais le ministère de l’Education nationale stigmatise un échantillon peu représentatif de 165 cas sur plus de 500 mille filles scolarisées dans les lycées et collèges. Peut-être qu’il faudrait révéler des dizaines de milliers de cas pour émouvoir ?
Pardi ! Par leur attitude, le ministère de l’Education et l’Unapes sont en train d’absoudre tous les prédateurs sexuels qui abusent des filles dans nos écoles et surtout, c’est la plus grosse injure faite aux victimes qui sont en droit d’attendre soutien et assistance de la part de leurs parents et des autorités étatiques. Les syndicats d’enseignants sont, eux aussi, montés au créneau pour rivaliser de déclarations indignées et insulter les auteurs du rapport. Pour chercher à noyer le poisson, on verse dans l’amalgame pour chercher à mettre dans l’esprit des gens que Human rights watch mettrait tous les enseignants sénégalais dans le même sac des prédateurs sexuels. Ils constituent assurément la grande majorité des corps d’enseignants, ces enseignants valeureux, pétris de qualité et qui préparent les enfants à un avenir prometteur, mais il faut aussi bien reconnaître qu’elles sont trop nombreuses, les brebis galeuses qui détournent les enfants mineurs et abusent d’eux dans nos écoles. Puisque le ridicule ne tue pas, les syndicats enseignants exigent de Human rights watch de présenter des excuses au peuple sénégalais. En fait d’excuses, ce sont ces syndicats d’enseignants qui devraient en présenter aux élèves victimes, à leurs parents et à toute la société sénégalaise pour les abus commis par leurs adhérents qui avaient autorité sur des enfants mineurs.
C’est quoi ce réflexe de rejeter toujours le tort sur les autres et de ne pas chercher à regarder la réalité en face et de trouver une solution aux problèmes qui se posent ? Comment peut-on se cacher derrière son petit doigt pour nier la réalité des abus sexuels dans nos écoles ? Qui ne connaît pas dans son quartier, son voisinage immédiat ou sa famille des cas de jeunes filles abusées sexuellement par leurs éducateurs à l’école ? Le ministre de l’Education nationale ou les responsables de l’Unapes ou les syndicats enseignants lisent-ils les journaux ou écoutent-ils les radios et télévisions qui rendent compte, de manière quotidienne, de cas recensés çà et là ? Sans doute qu’ils peuvent s’imaginer que les journalistes qui relatent ces graves faits divers seraient aussi complices d’’une croisade mondiale contre le système éducatif sénégalais. Qu’il est ridicule de chercher à s’en prendre à HRW qui n’est coupable que d’avoir publié un rapport qui met le doigt sur un phénomène observé par toute personne vivant au Sénégal. Combien d’études ou de déclarations ont été publiées bien avant ce dernier rapport de Hrw pour alerter et surtout décrier cette situation d’abus sexuels contre des mineurs dans les écoles sénégalaises ? Le rapport de HRW, intitulé «Ce n’est pas normal. Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal», ne dit rien qui soit inconnu du grand public. On se demande véritablement si certains ont pris la peine de le lire avant de se fendre en déclarations ? Une attitude responsable aurait été de s’imprégner des constatations irréfutables et surtout de voir comment mettre en œuvre les pertinentes recommandations contenues dans le document, plutôt que d’adopter une attitude de déni systématique.
Le 3 mars 2018, les médias sénégalais ont révélé qu’une étude de la direction de l’Enseignement moyen-secondaire général, une structure interne au ministère de l’Education nationale, qui indique que «20% des viols enregistrés en milieu scolaire sont l’œuvre d’enseignants». L’étude soulignant que «96% des victimes de ces agressions sexuelles vivent en banlieue. Conséquence : les victimes, qui souvent dans la foulée du supplice subi attrapent des maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non voulues, ne bénéficiant pas de suivi psychologique, désertent l’école». En réaction à cette étude du ministère de l’Education nationale du Sénégal, Mme Mame Bousso Samb Diack, directrice du Forum des éducatrices africaines (Fawe), avait indiqué que «la famille et l’école ont un grand rôle à jouer pour prendre à bras-le-corps le phénomène des agressions sexuelles sur les filles».
Avant Human rights watch, tout le monde avait tiré la sonnette d’alarme
Le 11 juin 2011, lors de l’atelier de restitution d’une étude sur les enfants au Centre national de ressources éducationnelles (Cnre), le président du Comité national d’organisation de la campagne «Appendre sans peur», Cheikh Diakhaté, déplorait encore les abus sexuels dans nos écoles. Cette étude a été réalisée dans cinq écoles élémentaires et trois collèges d’enseignement moyen (Cem). Elle concerne des élèves âgés de 10 à 16 ans et vivant dans les régions de Dakar, Kaolack, Louga, Saint-Louis et Thiès. Au total, 250 élèves dont 131 garçons et 119 filles.
En outre, le 10 octobre 2014, l’Association des femmes juristes du Sénégal, par la voix de sa présidente, Me Aïssatou Dramé, mettait en garde contre la recrudescence des cas de filles victimes d’abus sexuels par des enseignants dans les collèges.
Le 22 janvier 2014, l’Association des journalistes contre les viols et les abus sexuels tirait la sonnette d’alarme en lançant une campagne nationale de sensibilisation. Les journalistes comptaient ainsi aller à la rencontre des acteurs scolaires pour les sensibiliser contre les abus sexuels faits aux filles. Selon Moustapha Fall, président de cette organisation, 3 600 cas de viol ont été enregistrés entre janvier 2013 et le début de l’année 2014. Il indiquait rechercher «une synergie de tous pour faire face à l’ampleur qu’a pris ce phénomène incompatible avec les valeurs religieuses du pays». L’Ong ActionAid a recensé les articles de presse consacrés à des abus sexuels commis en milieu scolaire contre des filles et a révélé que sur 10 pays africains étudiés, le Sénégal était en tête avec 41 cas pour la seule période de juillet 2009 à juin 2010. Quand on sait que de nombreux cas échappent à la vigilance des journalistes, on peut mesurer l’ampleur des dégâts !
La question est donc devenue un véritable phénomène de notre société comme le montre une autre étude réalisée et publiée le 8 juin 2013, par Mamadou Lamine Coulibaly, enseignant-chercheur à l’Ufr des Sciences de l’éducation, de la formation et du sport à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Les données recueillies au Sénégal par l’équipe du Pr Diallo étaient destinées à dresser un état des lieux des «victimations» scolaires sur la base d’un questionnaire administré à 2 707 collégiens et lycéens répartis sur douze établissements du moyen (collège) et du secondaire (lycées). Il en ressort que 9,6% des élèves des lycées et collèges sénégalais déclarent avoir été «embêtés pour des histoires sexuelles». Ils sont garçons comme filles et c’est le fait souvent du fait de professeurs et surveillants. Le phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire a été une grande préoccupation pour le gouvernement du Sénégal.
Ainsi, une étude conjointe du ministère de l’Education, de celui de la Santé ainsi que des Ong et de nombreux organismes étatiques en charge des questions d’éducation et de santé de la reproduction avait été commanditée. Le rapport publié en juin 2015 stigmatise également les prédations sexuelles dont sont victimes les filles en milieu scolaire. Justement, c’est cette même étude qui, dans ses conclusions, préconisait «l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires. L’éducation complète en matière de santé sexuelle est un outil essentiel qui peut produire des effets positifs sur le comportement des jeunes. Ces derniers doivent recevoir des informations justes et de qualité leur permettant d’adopter des comportements responsables». On voit bien alors que la ligne de défense du ministère de l’Education nationale contre une main invisible étrangère qui voudrait, par le biais du rapport de Hrw, imposer d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires sénégalais est bien absurde. Une rapide revue de presse nous renseigne par le truchement d’une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) que le ministre Serigne Mbaye Thiam avait présidé, le 18 janvier 2013, un atelier pour l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les curricula des enseignements au Sénégal. C’était sous l’égide de l’Unesco.
Et alors ? Il est aussi étonnant que le ministère de l’Education nationale n’avait pas pris la mouche quand, en janvier 2018, HRW, sous la plume de Mme Zama Neff, responsable de la Division droits des enfants, écrivait au président Macky Sall, avec ampliations aux ministres Serigne Mbaye Thiam et Ndèye Saly Diop Dieng, pour appeler à la gratuité de l’éducation secondaire au Sénégal. Dans cette missive, Hrw mettait déjà en garde contre les situations et pratiques dont des abus sexuels qui constituent des entraves à l’éducation des filles.
MACRON OBSÉDÉ PAR LES FEMMES ?
“Montrez-moi une femme qui a décidé, en étant parfaitement éduquée, d'avoir 7, 8 ou 9 enfants ” - Ces propos du président français sur les femmes africaines ont choqué et ce n'est pas la première fois...
Chercheuse sur les droits de l'enfant, Elin Martínez? a procédé, ce jeudi, à la publication du rapport de Human rights watch dénommé "'Ce n'est pas normal' : Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal". Une enquête contestée par le ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam. Dans cet entretien, elle apporte des éclaircissements sur les résultats du rapport avant de renseigner sur les trois recommandations clés faites au gouvernement sénégalais. Selon Elin Martínez, le ministre sait très bien que l'éducation à la sexualité à l'école est une demande qui n'est pas nouveau. Laquelle, dit-elle, figure dans la fiche technique internationale.
Le ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam a contesté, dans un communiqué, les conclusions du rapport de Human rights watch dénommé "'Ce n'est pas normal' : Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal'". Que répondez-vous ?
Oui, nous avons lu la réponse du ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam. Cependant, nous n'avons pas reçu directement le communiqué. En fait, au mois de décembre 2017, nous lui avons envoyé une lettre avec nos conclusions et nos recommandations. Mais jusqu'à présent, pas sa réponse. Donc, c'est intéressant d'avoir la réaction de Serigne Mbaye Thiam et comme toujours nous l'invitions à une réponse officielle surtout sur ce que le gouvernement va faire pour protéger les enfants à l'école. Notre rapport a montré qu'il y a des filles qui souffrent à l'école, qui sont exploitées et harcelées.
Donc, il faut réagir même s'il y a des structures de l'Etat qui sont en place. Nous nous sommes concentrés sur ça. Nous avons fait des enquêtes et nous l'avons félicité pour avoir un cadre de coordination des stratégies mises en place. Mais quand même, on s'inquiète parce que parfois ils n'ont pas tellement appliqué les mesures. Donc, même si le gouvernement dit qu'il a ses structures en place, des agents qui sont chargés des inspections médicales, il doit voir ce qui se passe dans les écoles.
?"On exhorte aussi Serigne Mbaye Thiam à consulter la fiche technique internationale qui existe déjà partout par rapport au fait d'apprendre la sexualité dans les écoles."
Pourtant, il y a des inspecteurs de l'éducation…
Comme notre rapport le souligne parfois, ça ne marche pas. Il y a des inspecteurs qui savent qu'il y a des cas d'harcèlements et d'exploitations sexuels qui ne portent pas plainte. Il y a des directeurs d'écoles aussi. C'est au ministère d'aller à la base, dans toutes les écoles, avoir des discussions avec ces agents et avec d'autres ministères pour vraiment savoir qu'est-ce qu'ils doivent faire pour protéger les enfants. Nous les encourageons à aller plus loin. Mais comme, on l'a dit, nous avons rencontré les représentants officiels du ministère de l'Éducation nationale cette semaine, on les a encouragés à répondre officiellement à notre lettre et à bien discuter de ce problème parce que pour nous, la meilleure recommandation, c'est de s'assurer que le ministère de l'Éducation nationale va protéger les filles et les garçons à l'école.
Également, la tutelle dit que votre rapport a pour but d'amener le Sénégal à introduire l'éducation à la sexualité dans ses curricula. Ces soupçons sont-ils fondés ?
C'est intéressant que le ministre ait souligné cela parce qu'il sait très bien que cela fait partie des discussions en l'Afrique et à l'international. Il y a beaucoup d'efforts qui sont faits à ce niveau par des agents des Nations-unis, les cadres des Ong, des gouvernements qui sont déjà allés plus loin pour s'assurer que les enfants ont l'accès à l'éducation de qualité sur la sexualité et à la santé de la reproduction. C'est n'est pas quelque chose de nouveau. C'est juste un rappel pour le gouvernement du Sénégal afin qu'il fasse des efforts dans ce sens.
Le ministre sait très bien que ce n'est pas seulement nous qui voulons ce programme. Car, les agents de l'Onu, de l'Uncesco, du Fonds de la population des Nations-unies ont tellement encouragé l'État sénégalais à faire cela. Je veux aussi souligner qu'au Sénégal, le ministère de la Santé fait beaucoup d'efforts pour garantir que les enfants sont protégés du Vih, des maladies sexuellement transmissibles à travers l'information. Donc, si ce département est en train d'agir de la sorte, le ministère de l'Éducation nationale doit s'assurer que ces élèves ont vraiment l'accès à l'information de qualité par rapport à la sexualité mais aussi à la santé de la reproduction. On exhorte aussi Serigne Mbaye Thiam à consulter la fiche technique internationale qui existe déjà partout par rapport au fait d'apprendre la sexualité dans les écoles.
"Il y a des enseignants qui harcèlent, qui exploitent et qui abusent ces élèves. Donc, ce n'est pas seulement pour le ministère de l'Éducation. Les syndicats d'enseignants aussi doivent réagir."
Pourtant Serigne Mbaye Thiam a soutenu que la lutte contre les violences faites aux filles fait partie de l'une des priorités du gouvernement…
Nous avons souligné dans le rapport est que le gouvernement a fait deux choses. La première chose est qu'il a mis en place une stratégie pour améliorer l'éducation pour les enfants au niveau secondaire et assurer qu'il ait plus de filles à l'école. La deuxième chose est que le gouvernement est en train d'adopter certaines stratégies politiques. Mais, ce que nous avons relevé dans les recommandations, ce sont des faiblesses le système.
Nous avons remarqué que le gouvernement n'a pas une politique nationale pour prévenir l'exploitation sexuelle et le harcèlement sexuel à l'école. Cela n'existe pas même si dans les stratégies du gouvernement, ils ont déjà inclus des sujets par rapport à la violence basée sur le genre. Nous avons aussi souligné qu'il n'y a pas un code de conduite si bien que les enseignants ne sont pas guidés par un code de déontologie et d'éthique. Ceci n'est pas une obligation légale mais c'est une obligation déontologique. C'est quelque chose qu'eux-mêmes doivent respecter.
Cependant, comme on peut le voir, il y a des enseignants qui ne respectent pas cela, qui harcèlent, qui exploitent et qui abusent ces élèves. Donc, ce n'est pas seulement pour le ministère de l'Éducation. Les syndicats d'enseignants aussi doivent réagir pour adopter un code de conduite pour tout le personnel éducatif. Notre 3e recommandation clé est de donner une formation de qualité sur la protection de l'enfant et les droits de l'enfant. Ce sont les enseignants eux-mêmes et les syndicats qui nous l'ont vivement recommandée
Une étude de Human Rights Watch révèle de graves abus d’enseignants qui exigent de leurs élèves des faveurs contre de l’argent ou des bonnes notes.
Cela a commencé par des regards insistants, des sourires, puis des mots susurrés à l’oreille. Marie (le prénom a été changé) s’est laissée faire, innocemment. « J’étais jeune, 17 ans, et puis… c’était mon professeur,glisse-t-elle. J’avais envie d’apprendre et l’histoire-géo me passionnait. » Un jour, il lui a proposé de la raccompagner chez elle après les cours, dans le quartier de Pikine, en banlieue de Dakar. Dans la voiture, il essaie de la toucher, de l’embrasser. « J’avais peur. Il était costaud et le soir tombait. Si j’avais crié, personne ne m’aurait entendue. » Elle parvient à le repousser, à sortir du véhicule. Puis ce fut l’enfer.
« Il me harcelait quotidiennement, me disant qu’il m’aimait, me retenant après les classes », confie-t-elle, la tête droite mais les yeux rivés dans les bosquets. Malgré son travail et ses bons résultats au premier trimestre, il lui donne des notes de plus en plus mauvaises, « par vengeance », admettra-t-il plus tard. « Même le principal m’a interpellée, intrigué par la chute de ma moyenne. Mais je n’ai rien dit. » A ses parents non plus elle ne fournit pas de raison. Six mois durant, elle craint d’aller à l’école, frôle le décrochage scolaire. « Même le week-end, quand je prenais des cours de renforcement dans d’autres matières, je le trouvais au lycée. Cela me déstabilisait profondément. »
Une situation intenable à laquelle viennent s’ajouter les avances d’un second professeur, celui de physique-chimie. Un homme marié qui lui assène son amour dès qu’elle passe devant la salle des profs. « Je n’en pouvais plus. J’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de les confronter, menaçant de révéler leur comportement au principal, un homme intègre », raconte-t-elle. Ils ont pris peur, ont cessé de l’importuner quelque temps, avant de reprendre l’année suivante. Elle finit par tout révéler à ses parents et décide de changer de lycée. « J’ai perdu mes camarades mais j’ai préservé ma scolarité. »
Grossesses précoces
Toutes les jeunes Sénégalaises ne peuvent pas en dire autant. Selon une vaste étude publiée par Human Rights Watch jeudi 18 octobre, Marie est loin d’être un cas isolé. Les actes de harcèlement et d’abus sexuels seraient même récurrents dans les écoles du pays, menant à de nombreuses déscolarisations et grossesses précoces. Le rapport de 98 pages, intitulé « Ce n’est pas normal : exploitation, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal », évoque de graves abus d’autorité de la part d’enseignants qui exigeraient des faveurs sentimentales ou sexuelles contre de l’argent, des bonnes notes, des téléphones portables, des vêtements neufs ou le règlement des frais de scolarité.
« Le Sénégal manque de mécanismes de protection contre ce type de comportements en milieu scolaire », explique Elin Martinez, chercheuse de la division « droits des enfants » à Human Rights Watch et auteure de l’étude : « Si le pays a de manière louable reconnu que la violence sexuelle est un problème sérieux dans ses écoles, l’arsenal juridique est encore trop faible. » Le Code pénal sénégalais n’inclut pas d’infraction pénale spécifique pour quiconque a des relations sexuelles avec des mineurs. La législation ne stipule pas non plus d’âge minimum pour le consentement sexuel. Seuls les actes de violence sexuelle commis sur des enfants de moins de 16 ans sont considérés comme des infractions passibles de cinq à dix ans d’emprisonnement.
« Or le consentement du mineur pose problème », avance Nafissatou Seck, membre de l’Association des juristes sénégalaises, qui fait de l’accompagnement juridique et judiciaire aux victimes de violence sexuelles :
« Un enfant a de nombreuses raisons de se taire. Surtout qu’au Sénégal, nous avons des coutumes qui maintiennent dans les familles la loi du silence. Il y a bien souvent une stigmatisation de la victime et de ses proches. Les questions de sexualité sont encore très taboues et il n’est pas évident de dénoncer publiquement ce qu’on a subi. »
Bien que se raréfiant, les mariages précoces sont encore courants dans le pays. Ce n’est pas la seule menace qui pèse sur les enfants. A Saly ou Cap Skirring, deux stations balnéaires de la côte, le tourisme sexuel, même avec des mineurs, est un phénomène visible. Bien souvent, la honte ou l’argent force les familles à se taire. « Les parents déclenchent les procédures puis se rétractent, par peur ou par manque d’argent », soutient Nafissatou Seck.
Engrenage infernal
L’étude de Human Rights Watch, qui a permis de révéler des dizaines de cas de harcèlements et de viols à travers 160 entretiens de jeunes filles, n’a encore levé qu’un coin du voile. « Vu le nombre de cas que nous avons rencontrés rien que dans les écoles visitées à Dakar et en Casamance, on peut supposer que la situation est grave dans toutes les régions », note Elin Martinez.
Supposition confirmée par Ndeye Fatou Faye, psychologue du Centre de guidance infantile et familiale de Dakar (Cegid), qui prend en charge les victimes de violences : « J’ai parcouru pendant deux ans et demi le Sénégal en accompagnant psychologiquement 300 enfants victimes d’abus sexuels. Je peux vous assurer que le phénomène est national. » Le ministère de la santé, qui avait publié en 2016 le chiffre officiel de 3 200 cas de viols déclarés, tous âges confondus, est donc encore loin du compte.
Marie, aujourd’hui 25 ans, s’épanouit dans ses études de bureautique grâce au courage qui lui a permis de briser la loi du silence et à sa famille, qui a su bien réagir. Mais elle est consciente qu’elle a échappé de peu à un engrenage infernal. « Je connais une fille en Casamance, d’où je viens, qui a été mise enceinte par son professeur. Il a refusé de reconnaître l’enfant. Elle a dû quitter l’école à 15 ans pour travailler et survivre. » L’enseignant, lui, est toujours en poste.
AÏCHATOU AGNE POUYE INTÈGRE LE CA D'ECOBANK
L’ancienne ministre des PME et du Commerce sénégalaise, est coptée dans le conseil d’administration d’Ecobank, a annoncé vendredi Ecobank Transnational Incorporated (ETI), maison mère du groupe Ecobank
« Mme Aïchatou Agne Pouye est une professionnelle sénégalaise dotée de plus de 30 ans d'expérience dans le secteur privé, l'administration publique et les organisations internationales », informe Ecobank dans un communiqué dont APA a obtenu copie.
Aïchatou Agne Pouye est titulaire d’un diplôme de troisième cycle spécialisé en gestion et administration des affaires de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen, en France, d’un BSC et d’un MSC en sciences économiques de l’Université de Paris 9 Dauphine (France).
Elle a occupé des postes de direction dans de nombreuses organisations aussi bien au sein du secteur privé que du secteur public, où elle a démontré de solides compétences dans des domaines tels que la gestion des personnes, l'audit et la gestion d'entreprise, la commercialisation des services bancaires, l'accès au financement pour les PME, les négociations commerciales internationales et la TRTA (assistance technique liée au commerce).
En 1984, elle débute sa carrière chez Ernst and Young International, à Dakar, au Sénégal, où elle a travaillé en tant qu'auditeur externe. En octobre 1990, elle a rejoint Citibank où elle a passé 10 ans en tant que vice-présidente résidente, vice-présidente de groupe et membre du comité de direction de la banque.
En juillet 2000, Mme Pouye a rejoint le secteur public en tant qu'administratrice générale du Fonds de promotion économique (FPE), un fonds de refinancement créé par la Banque africaine de développement et le gouvernement sénégalais pour financer des PME et des microprojets.
De mai 2001 à avril 2004, elle a rejoint le gouvernement du Sénégal en tant que ministre des PME et du Commerce, puis ministre du Commerce, pour un mandat cumulé de cinq ans.
En août 2006, elle donne une orientation internationale à sa carrière en occupant le poste de Directrice de la Division des affaires et du soutien international et de la Division du marketing du Centre du commerce international (ITC), une agence des Nations Unies et de l'OMC où elle a travaillé jusqu'en décembre 2017.
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#MEETOO, QUEL IMPACT EN AFRIQUE ?
Dans la foulée de l'affaire Weinstein qui a ébranlé tout Hollywood, les femmes ont dénoncé le harcèlement et les agressions sexuelles, mais qu'en est-il sur le continent africain ?
#MeeToo, dans quelle mesure le mouvement a-t-il pris en Afrique ? Dans la foulée de l'affaire Weinstein qui a ébranlé tout Hollywood, les femmes ont dénoncé le harcèlement et les agressions sexuelles, mais qu'en est-il en Afrique ?