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25 avril 2025
International
NIGER-CÔTE D'IVOIRE, LE BRAS DE FER PAR PROCURATION
Certains opposants, à l'image de Guillaume Soro, "savent identifier les dirigeants hostiles aux leurs, pour se voir offrir de quoi les mettre dans l’embarras". C'est sans doute le but recherché par le général Tiani en recevant l'opposant ivoirien
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/11/2023
L'ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, en disgrâce auprès du président Alassane Ouattara depuis 2019, multiplie les déplacements à l'étranger ces derniers mois. Selon Jean-Baptiste Placca, éditorialiste à RFI, "Guillaume Soro semble en vouloir tout particulièrement à l'actuel chef de l'État ivoirien, dont il se dit « le bienfaiteur », sans pour autant préciser en quoi ont effectivement consisté lesdits bienfaits".
Plus récemment, c'est au Niger que l'opposant ivoirien s'est rendu, accueilli par le chef de la junte au pouvoir, le général Mohamed Ouhoumoudou. "Pourquoi le général Tiani, chef de la junte nigérienne, qui a déjà tant de mal à se faire accepter par les autres États, reçoit-il de la sorte un opposant en délicatesse avec le pouvoir ivoirien ?" s'interroge Jean-Baptiste Placca.
En effet, comme le souligne l'éditorialiste, "en Afrique, nombre de chefs d’État affectionnent régler les inimitiés avec leurs pairs par un soutien perfide à leurs opposants respectifs. Accueil, facilités financières et, à l’occasion, de quoi déstabiliser franchement un régime". Certains opposants, à l'image de Guillaume Soro, "savent identifier les dirigeants hostiles aux leurs, pour se voir offrir de quoi les mettre dans l’embarras". C'est sans doute le but recherché par le général Tiani en recevant l'opposant ivoirien.
Cependant, une telle manœuvre n'est pas sans risque. Jean-Baptiste Placca prend l'exemple de "Salif Diallo, homme d’État burkinabè, en rupture ouverte avec Blaise Compaoré, accueilli à Niamey, discrètement, mais à bras ouverts, par l’ancien président Mahamadou Issoufou. Sachant la capacité de nuisance du président du Faso, son homologue nigérien avait pris soin de le prévenir. Blaise Compaoré feignit de comprendre. Mais, se préparait aussitôt à déstabiliser le Niger, notamment en soutenant son principal opposant".
Selon l'éditorialiste, "la pratique était-elle aussi répandue que cela ? Répandue à un point que vous ne pouvez imaginer". Il cite notamment les exemples des opposants guinéens accueillis en Côte d'Ivoire ou des opposants de Sao Tomé soutenus en Angola. Mais ces soutiens pouvaient aussi rapidement cesser si les chefs d’État concernés rétablissaient de bonnes relations.
En conclusion, Jean-Baptiste Placca estime qu'"il n’y a, finalement, rien d’anormal dans ce qui vient de se produire à Niamey. Rien à reprocher à Soro et Tiani". Mais il souligne que Guillaume Soro devra désormais "se contenter d’user de la seule arme qu’il lui reste : le verbe. En espérant que les Nigériens ne se lasseront pas trop vite de ses vociférations, et de ce besoin de rappeler sans cesse qu’il est « le bienfaiteur » d’Alassane Ouattara".
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MAMADOU IBRA KANE APPELLE À UNE REFONDATION DÉMOCRATIQUE
Du parrainage dévoyé à la nécessité d'une gouvernance plus exemplaire et co-construite avec les citoyens, le patron du groupe Émedia dresse un état des lieux sans concession de la politique sénégalaise, dans l'émission Objection sur Sud FM
Le journaliste et homme politique Mamoudou Ibra Kane, qui s'est retiré de la course à la présidentielle, a livré une analyse sans concession de la situation politique au Sénégal, dans l'émission Objection de Sud FM ce dimanche.
L'invité de Baye Omar Gueye a énoncé les dérives du parrainage des candidats à la présidentielle, devenues selon lui "un grand business" d'achat de signatures. Il appelle à une refonte en profondeur des politiques publiques, axée sur la co-construction avec les citoyens, qui ont été peu associés depuis l'indépendance.
Mamoudou Ibra Kane prône plus de dialogue entre gouvernants et gouvernés, un leadership construit sur l'exemplarité et l'empathie. Il a fixé comme chantiers prioritaires la lutte contre la corruption, l'emploi des jeunes via l'industrialisation et la décentralisation de l'économie.
Concernant les décisions de justice sur le processus électoral, le journaliste appelle au respect des décisions et des voies de recours légal. Il a souligné que l'opposition devrait revoir sa stratégie et privilégier le dialogue avec le pouvoir pour défendre l'inclusion et la transparence du contrôle.
QUAND LES CHERCHEUSES AFRICAINES FORCENT LE DESTIN
En Afrique, seules une chercheuse sur trois est une femme. Malgré leur excellence, les scientifiques africaines font face à de nombreux obstacles sur leur parcours
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/11/2023
Les femmes restent sous-représentées dans la recherche scientifique en Afrique, comme le révèle une enquête réalisée par Le Monde dans le cadre d'un partenariat avec la Fondation L'Oréal. Selon les chiffres de l'Unesco, un tiers seulement des scientifiques sur le continent sont des femmes, même si la parité progresse lentement. Les chercheuses témoignent d'un "parcours du combattant" pour embrasser une carrière scientifique en Afrique.
Le Forum économique mondial estime qu'il faudrait un siècle au rythme actuel pour atteindre la parité homme-femme chez les scientifiques africains. Si le Maghreb et l'Afrique du Sud progressent, le nombre de chercheuses stagne dans le reste de l'Afrique subsaharienne à environ un tiers. Cette région ne compte que 96 chercheurs tous genres confondus par million d'habitants, contre plus de 770 en Afrique du Nord et près de 5.000 en France.
Pourtant, les scientifiques africaines sont en pointe sur de nombreux défis comme les maladies, l'accès à l'eau, le changement climatique ou les énergies renouvelables. Elles représentent même désormais 35% des doctorants en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).
Pour accélérer les progrès, l'Unesco et la Fondation L'Oréal ont décidé d'élargir leur Prix Femmes et Sciences en Afrique subsaharienne, récompensant désormais 30 lauréates contre 20 auparavant. "L'avenir est à la science et la science est aux femmes", commente Alexandra Palt, directrice de la Fondation L'Oréal.
Cependant, les chercheuses africaines font face à de nombreux obstacles. "Nous avons cumulé tant d'obstacles pour y arriver. Le parcours du combattant continue après le doctorat, alors que nous devrions nous sentir arrivées", témoigne Awa Bousso Dramé, doctorante sénégalaise. Outre les stéréotypes, elles doivent composer avec les pesanteurs sociales qui les assignent avant tout au foyer. Le harcèlement sexuel peut également mettre en péril leur carrière.
Depuis 2018, l'Unesco et la Fondation L'Oréal proposent donc aux lauréates une formation d'une semaine pour mieux les armer, qu'il s'agisse de leadership, négociation, communication ou lutte contre le harcèlement. "C'est vraiment un moment libérateur", souligne Alexandra Palt. Pour Awa Bousso Dramé, la partie sur la négociation a été "très importante" pour préserver son indépendance dans sa recherche.
Les scientifiques interrogées sont convaincues que plus les femmes seront incluses dans la recherche, plus vite les problèmes de l'Afrique pourront être résolus. En devenant des modèles, certaines poursuivent aussi une œuvre de sensibilisation auprès des jeunes pour susciter des vocations. Tel est le cas de Francine Ntoumi, pionnière de la recherche sur le paludisme en RDC, pour qui "le regard des filles et des garçons montre qu'avoir réussi leur donne le courage d'y aller".
SANGOMAR, LE PÉTROLE QUI FÂCHE DÉJÀ LE SÉNÉGAL ET LES MAJORS
A l'aube de l'exploitation de Sangomar, le Sénégal exige 42 millions d'impôts impayés mais les compagnies s'y opposent. Ce différend précoce cache-t-il en réalité une lutte d'influence pour le contrôle futur des milliards promis par le pétrole ?
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/11/2023
Alors que le Sénégal s'apprête à devenir un producteur pétrolier majeur grâce au gisement offshore de Sangomar, ce nouvel El Dorado apparaît déjà comme une pomme de discorde entre Dakar et les géants du secteur.
C'est ce que révèle le magazine panafricain Jeune Afrique dans son édition du 16 novembre. Selon les informations obtenues par le journal, l'autorité fiscale sénégalaise réclame pas moins de 42,7 millions de dollars d'impôts et taxes à Woodside Energy et Capricorn Energy, les exploitants du champ.
Problème, les majors australienne et britannique rechignent à payer la note, alléguant des raisons juridiques selon JA. S'annoncerait-il déjà des bisbilles en coulisses sur la répartition du magot pétrolier ?
Car avec ses réserves estimées à plus de 600 millions de barils de pétrole, Sangomar pourrait rapporter des milliards de dollars aux deux partenaires industriels. Le Sénégal, qui détient 18% via Petrosen, veut aussi sa part du gâteau...au risque d'envenimer les relations avec les géants du secteur.
Interrogé par Jeune Afrique, Woodside Energy fait la sourde oreille. Capricorn Energy promet de "se défendre" juridiquement. Les prémices d'un conflit à couteaux tirés pour le contrôle des futurs revenus pétroliers sénégalais ?
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L'ONU EN CRISE EXISTENTIELLE
75 ans après sa création, l'ONU appelle à une réforme face aux divisions croissantes en son sein. Cela paraît cependant impossible sans l'accord de ses membres permanents. L'institution semble condamnée à l'impuissance
Créée en 1945, l'Organisation des Nations Unies fête cette année ses 75 ans. Mais l'euphorie des débuts a laissé place au doute : l'ONU est-elle encore capable de remplir sa mission première, garantir la paix et la sécurité dans le monde ?
Rassemblant 193 pays, l'ONU chapeaute de nombreuses agences traitant des grands défis mondiaux, du climat à la santé. Mais son organe clef dans la résolution des conflits, le Conseil de Sécurité, semble paralysé. La faute au droit de veto de ses 5 membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) qui bloque toute action concertée.
Un veto que la Russie n'hésite plus à utiliser pour défendre ses intérêts, empêchant toute sanction contre le régime Syrien ou l'invasion de l'Ukraine. Pékin suit le pas, formant avec Moscou un tandem rival des Occidentaux.
Dans ce climat de division croissante, une réforme du Conseil paraît indispensable. Mais impossible sans l'accord de ses membres permanents. L'ONU semble condamnée à l'impuissance.
Pourtant, elle reste le seul cadre permettant de rassembler toutes les nations face aux défis communs et de faire respecter le droit international. Son rôle est plus que jamais essentiel, à condition d'opérer sa mue. L'ONU parviendra-t-elle à se réinventer pour entrer pleinement dans le 21e siècle ? L'avenir de la gouvernance mondiale est en jeu.
UN BUDGET 2024 DE CROISSANCE DE 7 000 MILLIARDS ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE
Le ministre des Finances a défendu ce budget axé sur la croissance économique malgré la crise. Il mise sur l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz pour relancer l'activité au Sénégal
Le projet de loi de finances de l’année 2024 portant sur 7 003,6 milliards de FCFA a été adopté samedi par la majorité des députés de l’Assemblée nationale, a constaté l’APS.
Quatre-vingt-dix députés ont voté pour l’adoption du budget de l’année à venir, tandis que 32 parlementaires ont voté contre et 10 députés se sont abstenus.
Le rapport économique et financier annexé au projet de loi des finances initiales 2024 présenté à l’Assemblée nationale, repose sur le cadrage macroéconomique 2023-2024, selon le ministre des Finances et du Budget.
Mouhamadou Moustapha Ba qui défendait le projet devant l’institution parlementaire a expliqué que ‘’ce projet met en exergue la volonté du gouvernement de poursuivre la mise en œuvre de son important programme économique et social inscrit dans le PSE dont la phase II du PAP2A atteint son point d’achèvement à fin 2023’’.
‘’Ce budget 2023 a été exécuté dans un contexte international particulier marqué par l’avènement de la Covid-19 et de la crise entre la Russie et l’Ukraine, avec en corollaire des tensions sur les échanges extérieurs de certains produits et un relèvement conséquent des cours des matières premières de base et des niveaux des prix intérieurs’’, s’est défendu M. Ba
Il a fait observer que sur le plan interne, ‘’la dynamique de l’activité économique serait renforcée en 2024, par le démarrage effectif et l’exploitation des ressources pétrolières et gazières qui devraient avoir un impact significatif sur la croissance’’.
ACCAPAREMENT DE L'EAU AU SÉNÉGAL
L'eau du lac Guiers, ressource vitale menacée. Une entreprise américaine l'exploite intensivement pour l'agro-export, ignorant les besoins croissants de Dakar et les risques environnementaux
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/11/2023
Alors que l'accès à l'eau potable devient de plus en plus difficile à Dakar, une société d'investissement américaine exploite les ressources en eau du seul lac du pays, mettant en péril la sécurité hydrique du Sénégal, selon une enquête du site d'information Bloomberg Green.
Le lac Guiers, principal réservoir d'eau douce du pays situé à environ 260km de Dakar, fournit déjà la moitié des besoins en eau de la capitale. Pourtant, la société African Agriculture Inc. y cultive sur 26.000 hectares de la réserve naturelle du Ndiael, à proximité, de l'alfalfa destinée principalement à l'export vers l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.
"L'eau n'est pas suffisante. Vingt mille hectares de culture fourragère d'exportation ne pourront qu'aggraver la situation", s'inquiète Ousmane Aly Pame, professeur d'université et militant écologiste. Un avis partagé par les experts, alors que la demande en eau de Dakar devrait tripler d'ici 2050 selon la Banque mondiale.
African Agriculture entend pourtant doubler la surface cultivée et prévoit d'exporter jusqu'à 350.000 tonnes d'alfalfa par an dans le Golfe, deux fois plus que les besoins actuels en eau du lac pour Dakar. "Nous utilisons l'eau de manière durable", se défend Alan Kessler, le PDG de la société.
Celle-ci est cependant accusée d'avoir prélevé de l'eau pendant deux ans sans payer les redevances à l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal. Et les risques de conflits d'usage sont réels avec les agriculteurs et éleveurs locaux privés de pâturages.
Surtout, le lac est déjà gravement pollué notamment par les eaux usées des champs de canne à sucre voisins. Or l'irrigation sur de vastes surfaces cultivées risque d'aggraver le problème. "Si le lac disparaît, c'est toute la région et Dakar qui seront menacées", alerte Djiby Sambou, expert climat de l'ONU originaire de la zone.
African Agriculture n'en prévoit pas moins d'entrer en bourse via une fusion avec une SPAC américaine, misant sur la rareté croissante de l'eau comme "barrière à l'entrée" pour ses concurrents. Une opération financière qui fait fi des enjeux de souveraineté alimentaire et d'accès à l'eau du Sénégal.
Selon l'enquête de Blomberg Green, cette privatisation des ressources en eau illustre les dérives d'un marché qui commercialise l'or bleu au détriment des populations.
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MACKY SALL MET EN GARDE CONTRE LE CHAOS
Depuis Fatick, le chef de l'Etat durcit le ton sur la sécurité nationale. Il s'engage à préserver l'ordre républicain durant les derniers mois de son mandant afin de remettre le pouvoir à son successeur en 2024 dans un Sénégal préservé
Le chef de l’Etat Macky Sall a fait part vendredi à Fatick (centre) de sa “ferme intention’’ de protéger le Sénégal jusqu’à la fin de son mandat qui expire le 2 avril 2024.
“Il y a des choses que je n’accepterai pour personne dans ce monde, je n’accepterai jamais qu’on mette le pays sens dessus sens dessous. Au nom de quoi on le ferait et l’accepterai ?’’, a martelé le chef de l’Etat. Il intervenait à la clôture du conseil présidentiel sur le développement de la région de Fatick.
“Ceux qui pensent qu’ils peuvent semer le chaos dans ce pays, ils n’ont qu’à se tenir tranquilles. S’ils pensent que je vais capituler devant les forces intérieures ou extérieures, ils n’ont rien compris“, a mis en garde Macky Sall.
“J’ai renoncé au pouvoir mais je n’accepterai pas le chaos au Sénégal jusqu’au jour où je remettrai le pouvoir à mon successeur “, a-t-il encore dit sur un ton ferme.
LIBÉRIA, GEORGES WEAH A PERDU LE POUVOIR
C'est fini pour Georges Wéah au Libéria. Le président sortant libérien vient d'accepter sa défaite à la présidentielle.
iGFM - (Dakar) C'est fini pour Georges Wéah au Libéria. Le président sortant libérien vient d'accepter sa défaite à la présidentielle.
Le président sortant du Liberia, George Weah, a concédé vendredi soir sa défaite à l’élection présidentielle de mardi face à l’opposant Joseph Boakai, dans un discours sur la radio publique, alors que le pays est dans l’attente de la publication des résultats totaux du scrutin.
« Ce soir, le CDC (le parti de George Weah) a perdu l’élection mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la victoire », a déclaré Weah, ancienne gloire du foot élue en 2017, dans un discours sur la radio publique.
Les résultats publiés vendredi par la commission électorale, après des votes dans plus de 99 % des bureaux, donnaient 50,89 % à Joseph Boakai et 49,11 % à George Weah.
par Fadel Dia
GAZAOUI LIVES MATTER
EXCLUSIF SENEPLUS - On comprend que les Européens, qui sont à l’origine du plus grand massacre de juifs de l’Histoire, répriment leur désapprobation par peur de se voir rappeler leur passé, mais les autres ?
C’est sans doute une première dans l’histoire moderne qu’une armée, puissante et sophistiquée armée d’avions, d’hélicoptères[D1] , de drones, de chars et de mitrailleuses, prenne d’assaut…un hôpital civil, défonce ses murs, fracasse ses portes, envahisse les salles d’urgence et saccage leur matériel , tire dans les couloirs, fouille et déshabille le personnel à la recherche de suspects , et pour tout dire, transforme en champ de bataille une institution dont la vocation est de soigner et de soulager les douleurs ! Je me rappelle qu’autrefois on mettait à proximité des hôpitaux un panneau sur lequel étaient inscrits deux mots « Hôpital : Silence ! », mais c’est apparemment une recommandation dont se moque l’armée israélienne, et de toute façon cela fait des semaines que les deux mille malades, blessés ou réfugiés de l’hôpital Al Shifa, ainsi que son personnel, ont perdu le sommeil, troublé par ailleurs par la mort, par manque d’oxygène d’une quarantaine de nourrissons !
Les images des atrocités commises par le Hamas sont diffusées sur tous les médias, religieusement projetées devant les élus européens, mais qui peut dire ce qui s’est passé à Gaza depuis plus d’un mois ? Les reporters de guerre se font embedded dans les chars israéliens, ne diffusent que les images filtrées (non censurées ?) par l’armée israélienne, mais combien parmi eux ont pris le risque , l’honneteté,de s’intéresser et de montrer au monde la détresse des deux millions et demi de Gazaouis, qui n’ont ni eau ni électricité, ni réserve alimentaire ni médicaments, qui sont coupés du monde extérieur faute de connexion, qui enterrent leurs morts dans des fosses communes ?Il y bien longtemps que personne à Gaza n’a pris un bain ,il y a des habitants qui ne mangent plus que du crû ,qui boivent de l’eau à moitié saumâtre, qui brulent du carton pour faire du feu…et ces témoignages viennent des institutions humanitaires qui sont encore en place. Qui ,parmi ces audacieux reporters, a porté témoignage du sort des femmes et des hommes abandonnés à eux-mêmes et qui errent comme des âmes en peine du nord vers le sud de la bande, en file indienne en rasant les murs et en trainant des enfants et des chariots? Qui s’est penché sur les mères qui portent dans leurs bras leurs enfants mourants ou tués par les bombes, ou suite à l’interruption des soins faute d’électricité, et sur les centaines de malades et de blessés qui agonisent sur des lits crasseux? Qui raconte le désespoir des Palestiniens de Cisjordanie, qui ne sont pourtant pas en guerre, quand les colons israéliens s’amusent à aller casser du Bédouin, comme on va jouer à la marelle, brulent leurs maisons et arrachent des oliviers vieux de plusieurs siècles .Quand un terroriste (mais pour les autorités israéliennes tout arabe est terroriste, au moins en puissance),ou présumé tel est dans le collimateur de l’armée israélienne, celle-ci n’hésite pas, pour l’éliminer, à lancer une bombe sur un camp de réfugiés, sans se soucier du nombre de victimes collatérales que cette opération peut provoquer. Le gouvernement israélien a déclaré que tous ces gens-là n’étaient que « des animaux, qu’ils seraient traités comme tels » et que leurs vies ne valent pas celles des Israéliens ! Personne ou presque, parmi ceux dont les voix comptent dans le monde, ne crie pourtant au scandale (seul Human Rights Watch a trouvé ces mots « répugnants »), et aucun pays (à l’exception, curieusement, du Chili et de la Colombie et aussi de l’Afrique du Sud) n’a pris des sanctions contre un gouvernement qui foule aux pieds les lois internationales !
Qui eût pensé, il y a trois quarts de siècle, dans l’euphorie qui a entouré la création de l’état d’Israël, que parmi les descendants des rescapés des camps d’extermination allemands, du ghetto de Varsovie ou de la Rafle du Vel d’hiver, on verrait surgir des tortionnaires, que leur gouvernement aurait recours- (ce sont des institutions internationales ,des observateurs indépendants et même des Israéliens favorables à la paix qui l’affirment)-à l’apartheid, à des crimes de guerre, à l’expropriation de terres ,et qu’il ferait l’objet, à lui seul, de plus de la moitié des condamnations votées par l’Assemblée générale de l’ONU ,celle-là même qui avait permis à Israël d’exister?
On en est là : un état de 9 millions d’habitants défie le monde, insulte ou menace les plus faibles, fait du chantage ou morigène les puissants. On comprend que les Européens, qui sont à l’origine du plus grand massacre de juifs de l’Histoire, répriment leur désapprobation par peur de se voir rappeler leur passé, mais les autres ? Pas seulement les Arabes, mais le monde entier : le problème des Palestiniens n’est ni ethnique ni confessionnel, il ressort du droit, de la justice et de l’humanité.
Aujourd’hui aucun pays démocratique dans le monde ne devrait garder des relations diplomatiques normales avec l’État d’Israël.