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25 avril 2025
International
DES FOOTBALLEURS PRIS AU PIÈGE DES ESCROQUERIES DE MARABOUTS
Alors que l'affaire Pogba a révélé les dérives du maraboutisme dans le football, de nouveaux témoignages éclairent l'ampleur du phénomène. D'anciens joueurs racontent comment ils ont été abusés financièrement et psychologiquement par des charlatans
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 15/11/2023
"C'est un engrenage où on peut être esclave et ça peut être très destructeur": tel est le terrible témoignage de Gilles Yapi Yapo, ex-footballeur professionnel ivoirien aujourd'hui entraîneur de foot en Suisse, rapporté par l'AFP. Il y raconte comment il a été victime d'une emprise mentale de la part d'un marabout parisien pendant deux ans, l'escroquant de 200 000 euros au total.
Selon ses dires, tout a commencé lorsqu'à 23 ans et alors qu'il évoluait au FC Nantes, il a traversé une période sportive difficile et a décidé de consulter ce marabout dans la capitale, recommandé par son oncle. "Le marabout consultait la nuit dans son appartement, je faisais souvent le trajet Nantes-Paris...", témoigne-t-il. Les premiers "sacrifices" réclamés par le charlatan étaient de 500 euros mais les sommes ont rapidement grimpé jusqu'à "des sommes colossales", toujours sans aucun résultat.
Piégé dans un "engrenage" où il avait "perdu toute lucidité", l'ex-footballeur affirme avoir déboursé au total 200 000 euros sur deux ans avant de parvenir, grâce à sa rencontre avec le Christ, à couper les ponts avec ce "marabout" qui s'est avéré être un simple escroc. D'autres témoignages comme celui de Cissé Baratté, ancien joueur ivoirien passé par la France, rapportent des phénomènes similaires d'emprise mentale et de dépendance financière.
Des révélations qui font suite à l'"affaire Pogba" et mettent en lumière l'ampleur prise par ce fléau au sein du football professionnel français. Comme l'alerte Joël Thibault, aumônier des sportifs de haut niveau, "des joueurs sont dépendants à ces marabouts qui en profitent" au point que certains n'acceptent plus d'être piqués par des médecins sans leur accord. Si certains marabouts dénoncent une "stigmatisation", ces témoignages prouvent les dangers réels qu'ils font peser sur les carrières et la santé psychologique des joueurs.
JUAN BRANCO AU SÉNÉGAL POUR LA DERNIÈRE CHANCE DE SONKO
Juan Branco devrait plaider vendredi devant la plus haute juridiction sénégalaise pour permettre à Ousmane Sonko, principal rival du pouvoir, de concourir à la présidentielle de février malgré sa détention, dans un climat tendu
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 15/11/2023
L'avocat français Me Juan Branco a annoncé ce mercredi sur le réseau social X avoir été convoqué par le président de la Cour suprême du Sénégal pour une audience capitale vendredi prochain. Cette audience déterminera si l'opposant Ousmane Sonko, actuellement emprisonné, pourra se présenter à l'élection présidentielle de février 2024.
Agé de 46 ans, M. Sonko est décrit par son avocat comme "le principal opposant du pouvoir en place et de la Françafrique". Il prône notamment « la fin du Franc CFA, des bases militaires françaises et des accords de coopération ». Selon Me Juan Branco, il s'agit de "l'homme politique le plus populaire et espéré du Sénégal".
Un pays marqué par les violences politiques
Cette audience intervient dans un contexte de tensions extrêmes au Sénégal. Me Juan Branco évoque des « massacres, meurtres, tortures et privations arbitraires de liberté » touchant des milliers de personnes ces derniers mois.
Le pays reste traumatisé par les violences sur les campus universitaires il y a six mois, qui ont entraîné leur fermeture prolongée. L'avocat met en garde contre une "jeunesse qui menace à tout instant de se réveiller".
La rue pourrait se mobiliser
Me Juan Branco prévient que des "mobilisations massives" sont en préparation dans tout le pays si M. Sonko se voyait interdire de se présenter à la présidentielle. Objectif : "assurer le soutien du peuple" à l'opposant et "exiger que la souveraineté du peuple sénégalais soit respectée".
La France accusée de soutenir le pouvoir
Dans son message, l'avocat français pointe du doigt le soutien de Paris aux autorités sénégalaises. Il dénonce un "pacte" entre la France et le président sortant, à qui l'immunité aurait été accordée.
Me Juan Branco affirme que « le gouvernement français, qui accompagne d'une main la répression politique au Sénégal, [...] voit avec anxiété la situation se développer » et « s'effilocher le dernier lien avarié qui, sur le continent, lui aura permis, des siècles durant, de piller, esclavagiser, exproprier".
PAR Demain Sénégal
RÉVOLTE CONTRE LES ATTAQUES À L'ÉTAT DE DROIT
EXCLUSIF SENEPLUS - 83% des Sénégalais sont insatisfaits de la gouvernance. Une administration électorale qui refuse sans conséquence d'appliquer une décision judiciaire. La justice et la démocratie doivent prévaloir
À travers une étude menée depuis près d'un an par l'association DEMAIN SENEGAL (« DS »), couvrant l'ensemble du territoire national ainsi que la diaspora sur la base d'un échantillon représentatif, les Sénégalais ont exprimé que « l'État de droit et la bonne gouvernance » constituent leur principale priorité aux côtés de la Santé et de l’Éducation.
Cette étude a révélé qu'une très large majorité (83%) des Sénégalais sont insatisfaits de la situation de l'État de droit et de la gouvernance, qu'ils considèrent comme le socle de notre paix sociale et de notre développement. Elle a également mis en évidence des préoccupations liées à l'accès à des soins de santé et à une éducation de qualité, ainsi qu'à des opportunités d'emploi valorisantes et à des conditions d’habitat décentes.
En cette période critique pour la démocratie au Sénégal, cet attachement aux principes de l'État de droit et de la bonne gouvernance prend tout son sens face aux récents événements que nous traversons.
En effet, à cent jours d'une élection présidentielle décisive pour l'avenir du Sénégal, voir une administration électorale qui refuse sans conséquence d'appliquer une décision de justice et constater la nomination surprise dans des conditions discutables de nouveaux membres de la Commission Électorale Nationale Autonome (« CENA »), sont autant de faits qui nous interpellent en tant que citoyens soucieux de la préservation des valeurs démocratiques.
À l'image de la forte majorité des Sénégalais, nous affirmons avec force notre attachement au respect des lois de notre pays, condition indispensable pour préserver la stabilité et la paix sociale à la veille d'élections dont la régularité, la transparence et la fiabilité nous tiennent particulièrement à cœur.
Cela signifie également que nous devons aborder les maux profonds qui rongent notre société et parmi lesquels figurent les préoccupations liées à la situation de l'Université fermée depuis cinq mois et dont la rentrée d’Octobre 2023 a été repoussée à janvier 2024, les drames de la migration par voie maritime ou les différences dans le traitement et la liberté de mouvement des candidats déclarés.
La justice et la démocratie doivent prévaloir, et il est de notre devoir de veiller à ce que chaque citoyen ait le droit de participer librement au processus électoral, conformément aux lois de notre pays. C’est dans ces conditions que la liberté des citoyens de choisir librement leur Président sera garantie.
Nous rappelons à l'administration électorale son devoir d'impartialité, de respect des décisions de justice et de loyauté envers les citoyens sénégalais.
Nous appelons l'ensemble des citoyens sénégalais à se mobiliser pour défendre les principes démocratiques et garantir l'intégrité du processus électoral au Sénégal.
Enfin, nous invitons les leaders politiques de tous bords et en particulier les futurs candidats à l'élection présidentielle de 2024, à s'engager devant les Sénégalais, autour de la charte citoyenne de la démocratie issue des Assises nationales de 2009.
La Présidente : Thiaba Camara Sy
Le Vice-président : Meïssa Tall
La Secrétaire générale : Fatoumata Cissé
Le Trésorier : Ahmet Fall
Ont signé :
Liste des 84 signataires de la déclaration de l’Association DEMAIN SENEGAL
Membres du Comité consultatif de DEMAIN SENEGAL, signataires
DEMAIN SENEGAL est une Association non partisane de la société civile. Elle est fondée en décembre 2021 à Dakar par une trentaine de sénégalaises et sénégalais basés au Sénégal et dans la Diaspora (France, Etats Unis, Suisse, Côte d’Ivoire, Emirats Arabes Unis, ...).
Notre mission :
A l’image des Assises Nationales, DEMAIN SENEGAL vise à contribuer à sortir le Sénégal de la pauvreté, à reconstruire les fondements du bien-être et à améliorer la qualité de vie des Sénégalais, en particulier des jeunes.
Nous sommes motivés par les défis rencontrés par la population sénégalaise au regard de plusieurs piliers de développement identifiés :
1. Etat de droit et bonne gouvernance
2. Santé
3. Education et formation
4. Emplois et entreprenariat
5. Habitat et cadre de vie
Notre démarche :
DEMAIN SENEGAL souhaite porter la voix des citoyens à l’attention des futurs candidats à la présidentielle de février 2024. DEMAIN SENEGAL souhaite se donner les moyens pour que les engagements pris par les candidats soient effectifs dans la pérennité.
Pour ce faire, DEMAIN SENEGAL a mené une étude sur toute l’étendue du pays pour recueillir la demande citoyenne sur les 5 piliers.
DEMAIN SENEGAL a organisé 5 débats citoyens avec des experts sénégalais sur chaque pilier. Les résultats de ces débats et recommandations seront consignés sur un livre blanc qui sera vulgarisé et qui servira de base aux discussions avec les candidats.
Modèle fragilisé ou ancrage durable ? La Harvard International Review analyse la résilience démocratique du Sénégal alors que manifestations, réformes électorales controversées et répressions se multiplient dans le pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/11/2023
Depuis plusieurs mois, le Sénégal, longtemps considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l'Ouest, traverse une zone de turbulences. Entre tensions politiques, interpellations d'opposants et réformes électorales controversées, certains observateurs s'interrogent sur la capacité de ce pays à préserver ses acquis démocratiques.
Pourtant, selon la revue universitaire Harvard International Review, qui a étudié la situation dans son édition du 25 octobre dernier, tout n'est pas encore perdu. "Le Sénégal demeure une anomalie démocratique dans la région, où des militaires dirigent encore des pays comme le Burkina Faso, la Guinée ou le Mali", analyse le magazine.
Mais les Sénégalais sont conscients que leur modèle politique est fragilisé. Depuis plusieurs années, "la corruption et la répression de la dissidence ont délégitimé les institutions aux yeux de la jeunesse", précise l'article.
La mobilisation populaire contre le pouvoir de Macky Sall, incarnée notamment par les manifestations massives de l'opposant Ousmane Sonko, montre que les citoyens restent attachés aux valeurs démocratiques. Malgré les tensions, "le Sénégal n'a pas basculé dans la violence ou le chaos", souligne la Harvard International Review.
Pour cette revue, il serait réducteur de ne voir que les dérives actuelles et d'oublier les acquis du pays. Les Sénégalais ont encore la capacité de "choisir la démocratie plutôt que ses alternatives", à condition de "regarder au-delà des sirènes d'alarme pour voir les coups discrets portés à la démocratie".
En somme, le Sénégal se trouve à la croisée des chemins. Saura-t-il préserver son statut de phare démocratique ouest-africain ou sombrera-t-il dans l'autoritarisme comme certains de ses voisins ? L'issue de cette épreuve aura un écho dans toute la région, selon de nombreux observateurs de l'Afrique.
L'ARMEE MALIENNE LIBERE KIDAL
L'armée malienne a pris la ville stratégique de Kidal (nord) aux séparatistes touareg après des années d'absence de ce qui était un enjeu majeur de souveraineté pour l'Etat central, ont annoncé mardi le chef de la junte au pouvoir et l'armée.
L'armée malienne a pris la ville stratégique de Kidal (nord) aux séparatistes touareg après des années d'absence de ce qui était un enjeu majeur de souveraineté pour l'Etat central, ont annoncé mardi le chef de la junte au pouvoir et l'armée.
Si elle est confirmée, la prise de Kidal est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire et politique profonde. Elle parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée.
"Aujourd'hui nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal", a annoncé le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu au cours d'un flash spécial à la télévision d'Etat.
Un haut responsable du Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a paru reconnaître la perte de Kidal.
"Nous continuons notre lutte pour l'honneur et la dignité de notre peuple avec plus de détermination. C'est la fin d'un épisode mais le feuilleton vient juste de commencer", a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.
L'étendue du contrôle exercé sur place par l'armée n'est pas claire. Les autorités n'ont pas diffusé d'image. La collecte et la vérification de l'information est compliquée par l'impossibilité d'accéder au terrain. Les rebelles séparatistes ont fait couper vendredi le réseau de téléphone alors que l'armée progressait vers la ville.
Un vieil aiguillon
Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l'Algérie situé à plus de 1.500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s'est vidée d'une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d'habitants, indiquent des messages postés sur les réseaux sociaux.
Deux officiers ont indiqué sous le couvert de l'anonymat que les rebelles avaient quitté la ville quand les soldats y sont entrés.
Un autre officier a déclaré que l'armée contrôlait en particulier la piste aérienne et le camp récemment évacué par la mission de l'ONU.
L'armée et l'Etat maliens n'avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l'armée.
Les rebelles, qui s'étaient soulevés deux ans plus tôt en même temps que les salafistes, avaient accepté un cessez-le-feu avec le gouvernement quelques jours après. Ils faisaient régner la sécurité et l'ordre à Kidal depuis lors. Les jihadistes, eux, ont continué à combattre l'Etat malien et toute présence étrangère, et étendu leurs agissements au centre du Mali et aux pays voisins.
Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l'ONU (Minusma), poussée vers la sortie par les autorités maliennes, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du nord (armée, séparatistes, jihadistes).
L'Etat malien a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal.
L'insoumission de Kidal et de sa région, où l'armée a subi de multiples défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d'irritation à Bamako, y compris pour le pouvoir actuel qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale sa mission.
"Libérateurs"
En décrochant de Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d'air.
Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s'est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n'a pu être établi de sources indépendantes.
Le colonel Assimi Goïta a parlé de "lourdes pertes" infligées à l'ennemi.
"Notre mission n'est pas achevée. Je rappelle qu'elle consiste à recouvrer et à sécuriser l'intégrité du territoire", a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d'une '"avancée considérable" qui "démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali".
Le Collectif pour la défense des militaires, un des groupes les plus actifs en soutien aux autorités maliennes, a appelé à se rassembler mardi à Bamako pour remercier les "colonels libérateurs".
GUY MARIUS SAGNA DE RETOUR AU SÉNÉGAL APRÈS UNE TOURNÉE INTERNATIONALE EN SOUTIEN À SONKO
Entre conférences, rencontres avec des élus et émissions TV, Guy Marius Sagna a sillonné l'Europe, l'Afrique et le Maghreb pour porter le message de Pastef
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/11/2023
Dans un long communiqué publié à son retour au Sénégal après plus de deux mois à l'étranger, le député de l'opposition Guy Marius Sagna détaille les faits d'armes de sa tournée de propagande en faveur d'Ousmane Sonko.
Entre visites dans 10 pays et 26 villes, meetings, conférences et rencontres avec des élus, l'activiste a sillonné l'Europe, l'Afrique du Sud et le Maroc pour vanter la candidature du leader de Pastef à la présidentielle de 2024.
"En deux mois et 6 jours passés hors du Sénégal, j'ai été invité dans 10 pays: Belgique, Espagne, Suisse, France, Suède, Luxembourg, Italie, Maroc, Afrique du Sud, Hollande", affirme fièrement Guy Marius Sagna.
Il a tenu à saluer "les coordinations de Pastef des 10 pays et les sections de Pastef des 26 villes qui m'ont invité", preuve selon lui de l'envergure du mouvement sonkiste à l'international.
Durant sa tournée, le député a pris part à "28 conférences, 09 rencontres avec des élus de 09 villes, 11 rencontres avec des associations" et participé à des émissions TV.
Convaincu de la victoire annoncée de Sonko, Guy Marius Sagna conclut : "Je suis de retour pour terminer avec vous notre mission : libérer Ousmane Sonko et les plus de mille détenus politiques, élire Ousmane Sonko 5e président de la République du Sénégal, libérer le Sénégal et l'Afrique."
Une tournée chiffrée et revendiquée comme étant la preuve de l'implantation internationale de Pastef, dont le candidat désigné ne fait aucun doute pour ses partisans.
VIDEO
LE SÉNÉGAL DOIT REVOIR SES PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT
Alors que le FMI décaisse des milliards au pays, Maïssa Babou accuse les autorités de gaspillages et d'absence de vision, pointant du doigt la bureaucratie pléthorique, les exonérations fiscales scandaleuses et la désaffection envers le secteur primaire
Dans un entretien accordé à Financial Afrik, le professeur d'économie Maïssa Babou livre une analyse sans concession de la politique économique menée au Sénégal depuis 2012.
Alors que le FMI vient de décaisser plus de 1000 milliards FCFA, la spécialiste estime que cette mansuétude n'est pas justifiée au regard des maigres performances économiques du pays (4,1% de croissance en 2022).
Des infrastructures coûteuses au détriment du secteur primaire
Maïssa Babou dénonce en particulier les investissements massifs dans les infrastructures de transport (routes, autoroutes, TER), qui ont eu un coût exorbitant. "On ne mange pas les routes", assène-t-il, expliquant que ces dépenses auraient pu être mieux orientées vers les secteurs productifs.
L'agriculture et la pêche devraient être la priorité absolue du Sénégal, qui importe encore massivement des denrées alimentaires. La souveraineté alimentaire doit être un objectif stratégique, qui permettrait en outre de créer des emplois dans le rural.
Manque de vision et gaspillages
Plus généralement, l'économiste reproche l'absence de vision économique du gouvernement. Selon lui, les investissements se font de façon désordonnée, sans stratégie de long terme.
Il pointe également les gaspillages liés à une bureaucratie pléthorique (38 ministres !), ainsi que les exemptions fiscales accordées au secteur minier, qui ne profitent pas à l'économie locale.
Un optimisme mesuré pour l'après-pétrole
Maïssa Babou se montre prudente quant aux retombées des futurs gisements gaziers et pétroliers. Ces ressources ne doivent pas constituer une "fin en soi", mais seulement un "appoint" pour un Sénégal déjà riche de ses forces vives, indique-t-il.
A condition de mener des politiques rationnelles axées sur les secteurs productifs, le pays a les moyens de se développer par ses propres moyens. C'est le message optimiste mais réaliste que lance cet éminent universitaire.
par Bosse Ndoye
NOMINATION DE MACKY PAR MACRON, LA RÉCOMPENSE D’UN SOUMIS ?
La France a besoin de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables que, contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms, ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat
Dans sa sagesse infinie, après avoir énuméré certains des bienfaits qui seront la récompense - dans l’au-delà - de ceux qui lui étaient soumis sur terre, Le Tout Miséricordieux, dans la sourate éponyme (AR-Rahmane), pose une question rhétorique: « Y a t-il d’autre récompense pour le bien que le bien ? » Cette question, nous nous la sommes posée aussi à la suite de la nomination du président Macky Sall en tant qu’envoyé spécial de 4P (Pacte de Paris pour les Peuples et la Paix) par son homologue français, le 10 novembre 2023, en marge du Forum de Paris. Cette interrogation est d’autant plus légitime que le président sénégalais a beaucoup sinon trop fait de bien pour la France durant ses années au pouvoir, et ce, souvent au détriment de son peuple. Dès lors, sa nomination par Emmanuel Macron ne peut qu’être sujette à interprétation. Simple geste d’amitié anodin, diront certains là où d’autres ne voient qu’un juste retour d’ascenseur, qu’une récompense d’un soumis, qui a bassement défendu les intérêts de son pays. Je suis plus proche de ces derniers.
Après le passage de Senghor à l'Académie française, celui d’Abdou Diouf à la tête de la Francophonie, nous venons d’assister à la nomination par la France d’un troisième président sénégalais, parmi les quatre qui ont été au pouvoir jusqu’ici. Ces nominations, qui sont devenues une sorte de tradition, ne peuvent que susciter des interrogations. Par conséquent, une des premières questions pouvant venir à l’esprit de qui s’y intéresse de près peut être la suivante : quelle est la particularité du seul président sénégalais - en l’occurrence Abdoulaye Wade -, n’ayant eu aucune nomination venant de l’ancienne puissance coloniale à la fin de son mandat ? Quelques faits peuvent certainement constituer un début de réponse.
Le pape du Soppi, quoi qu'on puisse lui reprocher, ne rentrait pas toujours dans les rangs. Sous sa présidence, il a eu le « toupet » de demander et d'obtenir le départ de l’encombrant ambassadeur français, Jean-Christophe Ruffin ; d'obtenir le départ des troupes françaises du Sénégal – même si d’aucuns parlent d’un commun accord avec Sarkozy, il a osé le demander. Il est aussi parvenu à faire déboulonner Vincent Bolloré - un des barons de la Françafrique - de son piédestal du port de Dakar au profit des Qataris. Ces actes parmi d’autres ne sont pas imaginables pendant le règne des trois autres présidents, qui, ayant poussé "l’amitié franco-sénégalaise" jusqu'à aplatissement, n'ont presque jamais osé ou pensé ouvertement agir contre les intérêts de l'ancienne métropole.
L’actuel président sénégalais a affectivement fait beaucoup de bien pour la France. C’est sous son règne que l’accord de défense donnant aux militaires français l’autorisation de retourner au Sénégal a été signé avec Sarkozy, le même qui avait prétendu trouvé un accord commun avec le président Wade pour le départ de ces derniers du pays quelques années plus tôt. Ce que fait penser que si les intentions de rompre avec la Françafrique clamées par ce président français étaient sincères, il n’aurait pas signé cet accord, quelque alléchantes que fussent les propositions de Macky Sall, lequel ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Car, quelques années plus tard, il a autorisé l’implantation de l’Escale aéronautique des Éléments français au Sénégal, à l’aéroport international Blaise Diagne (400 militaires et civils[1]. C’est aussi sous sa présidence que le Groupe Bolloré a signé son retour au port de Dakar, que l’exploitation du pétrole dans le pays a été scandaleusement accordée à Total, qui avait pourtant proposé l’une des offres les plus désavantageuses pour le peuple sénégalais. L’on se souvient encore de la signature du contrat, pour le moins onéreux pour l’économie du pays, pour la construction du TER, juste pour sauver une entreprise française aux portes de la faillite et de son soutien au maintien du franc CFA, dont la nocivité sur les économies de ceux qui l’ont comme monnaie n’est plus à démontrer. La liste est longue des services que le président Macky Sall a rendus à la France. Donc, pour parler comme Jean-Marie Adiaffi dans Carte d’identité, au lieu de couper les chaînes qui nous lie, il a bien augmenté leur poids.
Dès lors, placée dans le contexte mondial actuel, où les murs les plus solides de la Françafrique commencent à se fissurer un peu partout sur le continent, où d’autres puissances concurrentes lorgnent du côté des anciennes chasses gardées françaises, la nouvelle de sa nomination peut ne pas être surprenante. Parce que la France a besoin de se réaffirmer, de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables, voire soumis que – contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms - ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat ; pour être secourus quand leur vie est menacée, comme ce fut le cas avec l’exfiltration de Compaoré ou pour trouver un avocat quand ils sont victimes de coup d’État ou quand ils arrivent au pouvoir par le même moyen, comme l’attestent ses vociférations à la suite du renversement de Bazoum au Niger et de l’intronisation de Déby fils.
Cette nomination du président Sall peut aussi être là ou l’une des contreparties du renoncement à une 3e candidature à laquelle il n’a évidemment pas droit selon la constitution sénégalaise. D’autant que, pendant ces périodes troubles dans la sous-région, où il y a une hostilité de plus en plus grandissante envers la politique de l’Hexagone, ce dont la France a le plus besoin, c’est la préservation de la paix et de la stabilité au Sénégal et en Côte d’Ivoire, qui, il ne faut pas l’oublier, ont été et demeurent encore la fondation solide de l’édifice françafricain. Par conséquent, elle fera tout pour que le candidat qui sera élu lors des élections présidentielles sénégalaises de 2024 soit le plus disposé à suivre de son prédécesseur, après évidemment la mise hors course d’Ousmane Sonko.
Le choix porté par Macron sur Macky Sall, pour controversé qu’il puisse être - car la décence, le respect et le bon sens eussent voulu qu’il fût annoncé à la fin de son mandat, puisqu’il est encore le président d’un pays dit souverain -, a au moins le mérite de montrer que la France se fout éperdument des droits de l’homme qu’elle prétend défendre urbi et orbi ; qu’elle est juste mue par ses intérêts, que ce qui compte ce sont des dirigeants qui lui sont soumis, peu lui chaut ce qu’ils font à leurs populations et dans leurs pays. Autrement, ce choix ne se serait pas porté sur le président sénégalais, lui qui a fait emprisonner iniquement beaucoup de ses opposants dans son pays, restreint certaines des libertés fondamentales tout en bafouant d’autres sans honte ni gêne.
En définitive, le président Macky Sall peut se réjouir, comme il l’a fait avec l’annonce de la nouvelle de sa nomination sur son compte Twitter, car il a trouvé un nouveau travail à quelques mois de la fin de son mandat. Pendant ce temps des milliers de jeunes sénégalais, dont il n’a pas l’air de beaucoup se soucier, meurent dans un océan de désespoir. Le grand perdant reste encore et toujours le peuple. D’autant que pour certains dirigeants, juste mus par leurs ambitions personnelles, la présidence n’est qu’un tremplin, une porte menant vers d’autres horizons sur le chemin de leur carrière professionnelle.
Au Gabon, des élections (présidentielle et législatives) seront organisées en août 2025. Une annonce faite ce lundi 13 novembre, en direct sur la télévision d’État Gabon Première par le porte-parole du pouvoir militaire.
Au Gabon, des élections (présidentielle et législatives) seront organisées en août 2025. Une annonce faite ce lundi 13 novembre, en direct sur la télévision d’État Gabon Première par le porte-parole du pouvoir militaire.
Le calendrier adopté en Conseil des ministres, demeure « indicatif », et doit encore être soumis à une conférence nationale incluant « toutes les forces vives de la Nation » prévue en avril 2024, selon le porte-parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).
Pour rappel, le 30 août dernier, un coup d’État militaire a renversé Ali Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis 2009. Son successeur et nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, investi président par intérim, a prêté serment début septembre dernier.
GUILLAUME SORO AU NIGER
L’arrivée de l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro dans la capitale nigérienne est annoncée par un communiqué rendu public par Générations et peuples solidaires (GPS), formation politique dirigée par M. Soro.
L’arrivée de l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro dans la capitale nigérienne est annoncée par un communiqué rendu public par Générations et peuples solidaires (GPS), formation politique dirigée par M. Soro. « Après 5 ans d’exil hors du continent africain, M. Soro Kigbafori Guillaume, ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, séjourne à Niamey où il est arrivé le samedi 11 novembre 2023, à 14h18 (heure locale) à bord du vol ET 937 d’Ethiopian Airlines », note le communiqué.
À en croire la même source, « il sera reçu en audience ce jour par le général Abdourahmane Tchiani, président de la Transition et Chef de l’État du Niger. Cette rencontre revêt une importance particulière pour M. Soro, qui demeure engagé dans sa volonté d’apporter sa contribution à l’édification de la paix et de la concorde entre les peuples frères d’Afrique ».