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4 mai 2025
International
QUI ÉTAIT THOMAS SANKARA, HÉROS DE LE JEUNESSE AFRICAINE ?
Travailleur acharné, parfois autoritaire, il inquiète, dérange de vieux bastions et se sait menacé. En 1987, il déclare : « Je me sens comme un cycliste qui est sur une crête et ne peut s’arrêter de pédaler sinon il tombe. »
Un homme charismatique, anticolonialiste et panafricaniste
Né le 21 décembre 1949 à Yako (Nord de l’ex-Haute-Volta), Thomas Sankara a été formé militairement à Madagascar. En janvier 1983, à la faveur d’un coup d’Etat, il est nommé premier ministre. Le pays connaît alors une période d’instabilité et de nombreuses tensions minent l’armée. Arrêté en mai, Thomas Sankara resurgit en août à la suite d’un nouveau coup d’Etat mené par son ami, le capitaine Blaise Compaoré.Agé d’à peine 33 ans, il devient président et symbolise l’Afrique des jeunes et de l’intégrité. D’allure sportive, charismatique et le sourire facile, il bénéficie d’une indéniable popularité. Travailleur acharné, parfois autoritaire, il n’apparaît qu’en treillis avec, à la ceinture, un pistolet à crosse de nacre offert par le dirigeant nord-coréen Kim Il-sung.
Il vit simplement, avec sa femme et ses deux fils dans un palais présidentiel délabré et n’a pour seuls biens que sa guitare et sa Renault 5 d’occasion, un véhicule qu’il impose comme voiture de fonction à tous les membres du gouvernement.
A peine au pouvoir, il change le nom de son pays et la Haute-Volta devient le Burkina Faso (« pays des hommes intègres »). Ses priorités : assainir les finances publiques, améliorer la situation sanitaire avec de grandes campagnes de vaccination et la construction de dispensaires – par les habitants eux-mêmes –, faciliter l’accès à d’éducation, développer l’agriculture, la production et l’artisanat local.
< >Un président à la poigne de fer, qui parfois dérange
Sous son règne, la population burkinabée est surveillée par les « comités de défense de la révolution » (CDR) et sanctionnée par les « tribunaux populaires de la révolution » (TPR). Thomas Sankara achève une grève d’instituteurs par des licenciements et l’opposition syndicale est réprimée par des arrestations.Sur la scène internationale, ses relations avec les autres pays sont parfois complexes. Ses prises de position, ses liens avec les sulfureux dirigeants de la Libye et du Ghana lui valent quelques inimitiés en Afrique, à commencer par la Côte d’Ivoire, où Felix Houphouët-Boigny redoute que la jeunesse ivoirienne s’inspire de celle du Burkina Faso. Au président français François Mitterrand, qui avait accueilli officiellement le Sud-Africain Pieter Botha, lié à l’apartheid, il donne une leçon sur les droits de l’homme.
Thomas Sankara appelle aussi l’Afrique à ne pas payer sa dette aux pays occidentaux : « La dette ne peut pas être remboursée parce que si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, nous allons mourir. Soyons-en sûrs également. » Il inquiète, dérange de vieux bastions et se sait menacé. En 1987, il déclare :
« Je me sens comme un cycliste qui est sur une crête et ne peut s’arrêter de pédaler sinon il tombe. »
Le 15 octobre 1987, après quatre années au pouvoir et alors que« l’homme intègre », comme il est appelé, se rend à un conseil des ministres extraordinaire, il est assassiné avec douze de ses compagnons lors d’un putsch qui laisse Blaise Compaoré seul au pouvoir. Les corps sont enterrés en catimini le soir même au cimetière de Dagnoën, dans l’est de Ouagadougou.
< >Une mort entourée de mystères
La mort de Thomas Sankara est restée taboue pendant les vingt-sept années au pouvoir de Blaise Compaoré, qui a été renversé en 2014 et vit aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire. En septembre 1997, quelques jours avant la prescription de dix ans, Mariam, la veuve de Sankara, avait porté plainte contre X pour « assassinat ». Mais ce n’est qu’en mars 2015, cinq mois après la chute de M. Compaoré, que la plainte a été relancée.Les corps présumés de Thomas Sankara et de ses compagnons ont été exhumés à la fin de mai 2015 pour une expertise ADN, afin de déterminer avec certitude l’identité des victimes et de lever le voile sur les circonstances de leur mort. Mais malgré des analyses en France puis en Espagne, il n’a pas été possible de confirmer les identités.
Trente ans après l’assassinat de M. Sankara, une douzaine de personnes ont été inculpées, parmi lesquelles des militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle – l’unité qui a perpétré le coup d’Etat avorté du 17 septembre 2015 et qui a été dissoute –, dont le chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré. Inculpé pour « attentat à la sûreté de l’Etat » et « haute trahison » pour le putsch avorté, le militaire est également poursuivi dans l’affaire Thomas Sankara pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, séquestration, terrorisme et crime contre l’humanité ».
Outre cet ancien chef d’état-major du président Compaoré, l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, un des anciens gardes du corps de Thomas Sankara, présenté comme le chef du commando, fait également partie de la douzaine d’inculpés.
Dans cette affaire complexe, les suspects ne manquent pas : Blaise Compaoré, des Libyens, des Ivoiriens ou encore des Français ? « J’admire ses qualités qui sont grandes, mais il tranche trop, à mon avis. Il va plus loin qu’il ne faut », avait déclaré François Mitterrand après avoir rencontré le « Che Guevara africain ». Une chose est sûre : par son incorruptibilité légendaire, le leadeur charismatique dérangeait.
< >Pourquoi déclassifier les archives ?
En promettant que tous les documents français concernant l’assassinat de l’ancien président seraient « déclassifiés », Emmanuel Macron entend mettre un terme à des décennies d’opacité entretenues par ses prédécesseurs.En affirmant qu’il « n’y a plus de politique africaine de la France », il espère instaurer un rapport d’égal à égal avec le continent, basé sur la confiance. En 2015, François Hollande avait engagé une déclassification des archives françaises sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Mais celle-ci ne fut que partielle et finalement décevante. Emmanuel Macron étendra-t-il sa volonté de transparence à l’ensemble du continent ?
Cet article a été précédemment publié en novembre 2017
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AU MALAWI, DU SEXE POUR DU POISSON
Le long des rives du lac Malawi, la pauvreté et les pénuries alimentaires sont des problèmes chroniques. Les femmes dans le besoin ont parfois recours aux rapports sexuels avec des pêcheurs pour joindre les deux bouts
Le long des rives du lac Malawi, la pauvreté et les pénuries alimentaires sont des problèmes chroniques dus à la diminution des prises de poissons. Les femmes dans le besoin ont parfois recours aux rapports sexuels avec des pêcheurs pour joindre les deux bouts.
LA SOCIETE CIVILE GAMBIENNE DEMANDE LES RÉSULTATS D’UNE ENQUÊTE SUR L’ÈRE JAMMEH
1 600 pages classées en 9 volumes, c'est ce que représente le rapport de la Commission Janneh. Une mine d'information qui malheureusement n'est pas disponible sur internet, condamne Saikou Jammeh, secrétaire général du syndicat des journalistes gambiens
La société civile gambienne réclame la mise en ligne d'un rapport sur les crimes économiques commis sous Yahya Jammeh.
La Commission Janneh (du nom du président de la Commission)a évalué l'ampleur du pillage à 360 millions d'euros par l'ancien dictateur et son entourage. Le rapport a été rendu public le 13 septembre, mais il est quasiment inaccessible. Dans une lettre ouverte, le collectif Right 2 Know (« le droit de savoir ») et le syndicat des journalistes réclament une meilleure diffusion du rapport.
1 600 pages classées en 9 volumes, c'est ce que représente le rapport de la Commission Janneh. Une mine d'information qui malheureusement n'est pas disponible sur internet, condamne Saikou Jammeh, secrétaire général du syndicat des journalistes gambiens.
« Ce rapport aurait du être publié sur le site de la présidence et de tous les ministères pour que le public puisse y avoir accès. Si on ne peut pas se procurer le rapport, on ne saura pas ce qu'il contient et si on ne connaît pas son contenu alors pourquoi avoir fait une Commission d'enquête ? Cette Commission n'a pas seulement travaillé pour le gouvernement, mais pour tous les Gambiens. Pour qu'ils sachent comment leur argent a été utilisé et volé par l'ancien gouvernement. »
Trois exemplaires ont été remis au syndicat des journalistes, d'autres ont été donnés à des institutions se défend le porte-parole du gouvernement, qui assure qu'il n'y a rien à cacher.
Si un citoyen veut se procurer le rapport, il devra payer 6 325 dalasi, l'équivalent de 115 euros à l'imprimerie nationale, 10 euros (575 dalasi) de plus s'il veut acheter le livre blanc du gouvernement. Inabordable pour le commun des Gambiens et inaccessible pour la diaspora. Cette forme de publication est « irrespectueuse, irresponsable et cruelle » dénonce le collectif Right 2 Know qui se dit prêt à porter l'affaire devant les tribunaux.
LES CHEFS D'ÉTAT DISENT NON A UN TROISIÈME MANDAT PRÉSIDENTIEL
Sujet brûlant, la limitation des mandats présidentiels a été débattu pendant trois jours à Niamey, au Niger, à l'occasion d'un forum consacré à la consolidation de la démocratie en Afrique.
La limitation des mandats des chefs d'État était au menu d'un forum de trois jours qui réunissait d'anciens présidents africains à Niamey, au Niger, et qui s'est terminé le 4 octobre.
Sujet brûlant, la limitation des mandats présidentiels a été débattu pendant trois jours à Niamey, au Niger, à l'occasion d'un forum consacré à la consolidation de la démocratie en Afrique.
D'anciens chefs d'État ont participé à la rencontre, qui s'est terminée ce 4 octobre. Parmi eux, on comptait notamment Mahamane Ousmane du Niger, Nicéphore Soglo du Bénin, Goodluck Jonathan du Nigeria, Catherine Samba-Panza de Centrafrique et Amos Sawyer du Liberia.
Les participants ont dit « non », à l'unanimité, à un troisième mandat présidentiel. « La suppression de la limitation du mandat sape la conscience des populations et accroît la concentration du pouvoir entre les mains d'une minorité », peut-on lire dans la « déclaration de Niamey ».
Question « taboue »
La seule Centrafricaine présente, Catherine Samba-Panza, ancienne cheffe d'État de transition, estime qu'il faut vaincre les résistances et les tabous. « C’est une grande évolution d’avoir organisé un sommet sur cette question jusque-là taboue et que personne n’abordait de manière ouverte », a-t-elle déclaré.
Sans les citer nommément ou donner des leçons, le président béninois Nicéphore Soglo a conseillé à ceux qui s’accrochaient encore de savoir partir à temps. « Je crois que c’est le bon sens pour eux-mêmes », estime-t-il.
L’alternance démocratique est le crédo du président nigérien Issoufou Mahamadou. Sa promesse de s’en aller en 2021 a été saluée et encouragée.
« Mon désir le plus ardent est de passer le pouvoir en 2021 à un successeur démocratiquement élu », a-t-il affirmé. Si elle se concrétise, il s'agira d'une première dans l’histoire du Niger depuis l’indépendance.
par Mathias Hounkpe
DES INSTITUTIONS FORTES PLUTÔT QUE DES ÉLECTIONS PARFAITES !
À observer les scrutins qui ont été récemment organisés, la manière dont ils ont été gérés, les résultats qui en ont découlé et le comportement de ceux qui ont été élus, il paraît légitime de s’interroger sur la pertinence du système dans son ensemble
Jeune Afrique |
Mathias Hounkpe |
Publication 05/10/2019
Ces dernières années, de nombreux ouvrages de référence ont interrogé l’utilité des élections pour les démocraties contemporaines. En effet, le jeu électoral demeure facilement influençable – par les partis au pouvoir, par les puissances de l’argent, par les leaders d’opinion et parfois même par des forces étrangères – et que les électeurs, mal renseignés sur la réalité de l’offre politique, n’ont souvent pas les moyens de jouer convenablement leur rôle.
Les études montrent que, même lorsqu’ils savent à quoi s’attendre, comme c’est censé être le cas dans les démocraties les plus anciennes et donc considérées comme établies, ils peinent à sanctionner dans les urnes les élus qu’ils jugent pourtant non performants (Christopher H. Achen et Larry M. Bartels en ont fait la démonstration en 2016 dans Democracy for Realists : Why Elections Do Not Produce Responsive Government [« La Démocratie pour les réalistes : pourquoi les élections ne produisent pas de gouvernement efficace »]).
Méfiance des citoyens
Rien de tout cela n’est très nouveau, mais les choses ne vont pas en s’arrangeant, car les réseaux sociaux et, d’une manière plus générale, internet, ont accru la méfiance des citoyens vis-à-vis des élections. Parce qu’ils facilitent la diffusion des fausses informations, mais aussi parce qu’ils augmentent les risques de manipulation des scrutins. À cet égard, personne n’est à l’abri, même dans les « vieilles » démocraties.
La frustration des citoyens est donc aisément compréhensible, mais faut-il pour autant jeter les élections aux orties et penser un nouveau mode de sélection des représentants du peuple ? Pas nécessairement, même s’il ne faut pas écarter la possibilité que l’on finisse par trouver un mécanisme plus convaincant.
Il faudrait déjà réviser nos attentes à l’égard du système et comprendre que ces élections ne sont qu’un outil. Autrement dit, il n’est sans doute pas réaliste d’attendre d’elles qu’elles produisent de manière automatique et quasi naturelle des gouvernements efficaces, non corrompus et à l’écoute des citoyens.
Ceci étant posé, il est toujours possible, dans les « vieilles » et – à plus forte raison – dans les « jeunes » démocraties, d’améliorer l’outil, et c’est ce que font de nombreux pays sur tous les continents. Il n’y a donc pas de raison que ces efforts ne soient pas poursuivis dans les « jeunes » démocraties africaines, et ceci d’autant plus que, selon les sondages réalisés par Afrobaromètre, entre 73 % et 82 % des Africains interrogés entre 2002 et 2018 « soutiennent » le principe de l’élection comme mode de sélection des gouvernants.
Contrepoids et équilibre
Surtout, il est temps que l’on accorde plus d’attention – et de prérogatives – aux institutions de contrepoids et d’équilibre, qui existent dans la plupart des démocraties. Citons, par exemple, non seulement le législatif et le judiciaire, mais également les agences de lutte contre la corruption, les commissions des droits de l’homme et les autorités de régulation des médias.
Il est de notoriété publique que ces organes ne jouent pas leurs rôles dans les démocraties africaines et, dans le fond, c’est peut-être cela qu’il faut commencer par changer. Car même avec les élections les plus propres, les plus transparentes et les moins influencées, il est irréaliste d’espérer que les gouvernants soient irréprochables et qu’ils aient à cœur de satisfaire les attentes de leurs concitoyens si on ne leur adjoint pas de garde-fous.
Comme l’a dit James Madison, quatrième président des États-Unis et coauteur du recueil Le Fédéraliste : « La dépendance vis-à-vis du peuple est, sans doute, le premier contrôle sur le gouvernement ; mais l’expérience a montré la nécessité de précautions complémentaires » – une allusion explicite aux institutions de contrepoids et d’équilibre.
Mathias Hounkpe est titulaire d’un Master of Philosophy en science politique de l’Université Yale aux États-Unis et d’un doctorat en physique mathématique de l’Université d’Abomey-Calavi du Bénin. Il est actuellement l’Administrateur du Programme de Gouvernance Politique et de Consolidation Démocratique de OSIWA (Open Society Initiative for West Africa).
PAR AFRICA WORLDWIDE GROUP
DES ÉTATS-UNIS D’AFRIQUE AUX ÉTATS MUTUALISTES D’AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Que vaudra la très haute profitabilité économique du marché ouest-africain, CEDEAO, si nous ne pouvons pas nous nourrir par nous-mêmes et pour nous-mêmes ? Oui, à une armée africaine ! - AFRICAN GLOBAL NEWS
Cheikh Anta Diop (.....les fondements d’un Etat fédéral d’Afrique Noire), Kwamé Nkrumah (We must unite now or perish) et autres penseurs et politiques africains, avaient préconisé à l’aube des indépendances de la plupart des pays africains (années 60), un Etat fédéral africain comme projet politique et institutionnel. Hélas, la position du ‘’démembrement’’ de l’Afrique avec une option de regroupement par cercles concentriques ‘’les communautés sous-régionales’’, avait fini par s’imposer.
Depuis lors, cinquante ans après, la situation générale de l’Afrique, se perçoit différemment. Si dans certains pays et dans certaines zones géographiques, des pas de géant ont pu se réaliser en autorisant des reclassements inédits (Ile Maurice, Cap Vert, Maroc, Botswana, Ethiopie, Nigéria, etc.), par contre, dans certains pays et dans certaines zones géographiques, le bilan est plus que mitigé.
Globalement, l’Afrique n’est pas en crise mais elle se métamorphose parce qu'en profonde mutation sous la combinaison de trois chocs : (1) choc des économies, (2) choc des générations et (3) choc des cultures. Et c’est à l’issue de ces mutations-transitions-transformations (jusqu’en 2025), qu’il se donnera de voir on ne peut plus clair, de quelle trajectoire va emprunter l’Afrique pour de très longues décennies encore.
S’il est permis de faire une relecture de Cheikh Anta Diop et de Kwamé Nkrumah, avec les yeux de la modernité et dans une certaine intertextualité et intercontextualité, les complexités et les enjeux de l’heure nous ‘’imposent’’ d’aller vers les Etats mutualistes d’Afrique, en attendant l’Etat fédéral d’Afrique.
Comme le dit la sagesse grecque, ‘’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve car les eaux se seront déjà écoulées’’, parce que les contextes nationaux et géopolitiques des années 60 (décolonisation, guerre froide) ne sont plus les contextes nationaux et géopolitiques des années 2000 (globalisation et innovations technologiques).
Comme le dit une sagesse bien asiatique, ‘’il faut toujours marcher sur ses deux jambes pour garder l’équilibre’’, l’intégration politique va de paire avec l'intégration économique parce que la paix et la sécurité précèdent au développement.
Aujourd’hui, que vaudra la monnaie ouest-africaine, ECO, si nous ne pouvons pas assurer par nous-mêmes et pour nous-mêmes, notre propre sécurité nationale et collective ?
Aujourd’hui, que vaudra la très haute profitabilité économique du marché ouest-africain, CEDEAO, si nous ne pouvons pas nous nourrir par nous-mêmes et pour nous-mêmes ?
C’est alors que l’Afrique, au nom du principe de la différence et de l’altérité, détient toutes les cartes en main, pour penser hors-cadre, et favoriser la réalité des Etats mutualistes d’Afrique, en mutualisant nos forces de défense et de sécurité avec la création d’une armée africaine pour assurer notre sécurité collective, d’une part et d’autre part, en mutualisant nos agricultures et nos politiques agricoles, pour une agriculture africaine, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, pour tirer grandement avantage de la situation géographique sans précédent de l’Afrique : le seul continent au monde sur deux hémisphères à la fois et le seul continent au monde aux huit régions géo-climatiques identiques de par et d’autres de l’équateur, avec tous les climats du monde et donc toutes les récoltes du monde.
Oui, à une armée africaine ! C’est maintenant. Pour compléter nos forces armées d’Afrique par une armée Africaine, qui serait une force en attente, pour intervenir partout sur le continent pour rétablir l’ordre constitutionnel, la paix civile et la sécurité militaire. Dans une logique de disponibilité opérationnelle et de réaction rapide.
Oui à une agriculture africaine ! C’est maintenant. Afin que ‘’l’Afrique Aide l’Afrique’’, selon la belle formule du patriarche Abdoulaye Wade. Avec trente millions de km2, plus d’un milliards d’habitants dont une écrasante majorité de jeunes (moins de 20 ans), plus d’un tiers des ressources naturelles du monde, des ressources hydriques en surabondance, les meilleures terre du monde pour l’agriculture ; alors l’agriculture est un puissant levier pour unir l’Afrique pour vaincre la faim.
En attendant les Etats Unis d’Afrique, osons les Etats Mutualistes d’Afrique et mutualisons nos Armées et nos Agricultures et tout le reste (Industrialisation, Commerce, Arts et Culture) suivra naturellement.
En France, le terreau est désormais fertile à toutes les théories racistes ! Une France amnésique quant à son histoire. Elle est devenue un réceptacle de la haine occidentale envers les descendants de ses ex colonisés
À force de rester silencieux et de penser que le racisme d’une élite française n’est qu’un épiphénomène, une caste de mal lunés… un jour, après les pogromes médiatiques qui ont déjà commencé… nous subirons les violences physiques. Suites logiques des violences policières, de la relégation sociale, des discriminations protéiformes.
En France, le terreau est désormais fertile à toutes les théories racistes ! Une France amnésique quant à son histoire. Elle est devenue un réceptacle de la haine occidentale envers les descendants de ses ex colonisés. Il ne manque que la prise du pouvoir politique aux fascistes du XXIème siècle.
Aussi nauséabonds soient leurs discours et leurs retournements électoralistes, les théoriciens de la haine ne sont plus uniquement les politiciens.
Des intellectuels et des journalistes prennent le contrôle, maîtrisent L’ART DE LA HAINE. Tout cela avec la complicité de média et d’une certaine presse. Si non, comment expliquer l’omniprésence dans ces sphères de ces Pol Pot, ces Salan du vivre ensemble.
Ils s’affranchissent déjà de la loi comme les nazis dès 1933. Ils hiérarchisent, comme les Sud-africains blancs durant l’apartheid, passant outre les condamnations internationales certes de façade.
Ils expriment leur supériorité, comme les colons européens sur les peuples autochtones d’Afrique, des Amériques, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Nouvelle-Calédonie, de Tasmanie… à qui ils ont volé les terres et dont ils ont déporté les peuples.
Ces spécialistes de L’ART DE LA HAINE minimisent l’esclavage et la colonisation, renvoyant les concernés à un soupçonné esprit revanchard et puéril. L’un d’entre eux rappelle que le dynamisme démographique des blancs a permis de coloniser le monde, d’exterminer les indiens, les aborigènes, de réduire en esclavage les africains. Cette justification de crimes contre l’humanité ne scandalise personne ?
Cependant, pas certains des résultats de leur braquage raciste, les apôtres de L’ART DE LA HAINE bâtissent des remparts en carton-pâte. Le racisme anti blancs en est une parfaite illustration. Ultime ruade verbale théorisée et mal ficelée, malhonnêteté viscérale d’une caste intellectuelle dégénérée, sans valeurs morales actuelles. Faut-il rappeler qu’il ne peut y avoir un racisme originel et un racisme des victimes, c’est-à-dire des « dominés » envers les « dominants » et inversement.
Il n’y a pas de couleur, ni de religion, de type de cheveux, ou du slip que l’on porte… pour être victime ou se rendre coupable de racisme. Si nous considérons que l’humanité est une et indivisible, alors il n’est pas nécessaire d’adjoindre une précision au mot RACISME.
En Allemagne, ne disait-on pas des juifs que par leur seule présence ils menaçaient la pureté de la race arienne ?
L’histoire se répète et c’est encore en Europe qu’on plante les graines d’un grand malheur qui s’annonce.
Que choisiront ces racistes pour nous chasser ?
Les massacres à la machette, c’est fait, les chambres à gaz également ainsi que l’enterrement vivant, la bombe atomique, les zoos humains, les travaux forcés, la déportation, l’esclavage, la ségrégation …
Dans ce racisme cathodique affiché, on ne donne même plus la possibilité à ceux que l’on accuse d’être les fantassins du grand remplacement, de se défendre, de contrer cette haine assumée.
Dans cette France en proie à une violente crise identitaire qui perdure, personne ne se rend compte du désastre qui s’annonce. Chaque jour, ces « bons aryens » brisent un peu plus l’espoir d’une nation française qui conjugue ses talents. Nous devons voir au-delà de nos différences et bâtir un avenir commun. S’unir pour bâtir, c’est grandir ensemble.
Le jour où les victimes désignées, les personnes de bonne volonté, loin de toutes appartenances ethniques, religieuses, se réveilleront de leur inconséquente torpeur, se lèveront pour refuser l’abattoir médiatique, l’exécution de notre francité sur l’autel de la peur gorgée d’ignorance coupable, ce jour-là il sera trop tard.
Discours martiaux, appels au rassemblement des « blancs » contre les envahisseurs.
Finalement, n’est-il pas déjà trop tard ?
Claudy Siar est producteur et animateur de l’émission « Couleurs tropicales » sur RFI, fondateur et co-propriétaire de Tropiques FM, vice-président du CREFOM (Conseil représentatif des Français d’outre-mer), initiateur de la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en 1993
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MAËVA WEISSEN REMPORTE LE PRIX ART HUMANITÉ
La laurétate est récompensé pour sa réalisation « 1213 Onex or the Manifest of a Third Culture » qui aborde la question de l’enfant de troisième culture, issu des quartiers populaires genevois et de ses problématiques - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint de la Croix-Rouge genevoise, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la HEAD – Genève relatif à l’attribution de la 5e édition du Prix Art Humanité 2019.
« Le 3 octobre 2019 au nouveau campus de la HEAD Genève, s’est déroulée la 5e édition du Prix Art Humanité 2019, en présence de plus de 400 invité-e-s. Le Prix du Jury a été attribué à Maëva Weissen pour son travail « 1213 Onex or The Manifest of a Third Culture ». Durant la soirée, l’organisation d’un nouveau prix complémentaire et itinérant a été annoncée. Il se déroulera au Sénégal en 2020.
Le Prix, créé en 2015 par la Croix-Rouge genevoise, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la HEAD – Genève, Haute école d’art et de design, récompense un projet qui allie, avec sensibilité et succès, élan artistique et engagement humanitaire.
Le Prix de l’édition 2019 a été remis à Maëva Weissen pour sa réalisation « 1213 Onex or the Manifest of a Third Culture ». Ce projet de bachelor en Design Mode aborde la question de l’enfant de troisième culture, issu des quartiers populaires genevois et de ses problématiques.
Par le biais de l’upcycling, Maëva a créé une collection de vêtements féminins en utilisant des maillots de football usagés. Elle souhaite ainsi contribuer au développement de l’industrie de la mode et de l’économie circulaire.
Ce projet amène à réfléchir sur la condition féminine dans les quartiers populaires, où une culture ouvertement machiste peut parfois prévaloir. Il a également pour but de faire tomber les idées reçues quant à un eldorado suisse, en pointant du doigt la misère et les discriminations sociales que la société suisse essaie de dissimuler.
Le sujet de la mode et du design se trouve donc intimement lié à la notion d’«être humain» et la réflexion est accompagnée d’une réalisation textile forte, engagée et aboutie, qui permet à l’artiste de diffuser un message à caractère social et humaniste.
Doté de 5 000 francs Suisse, le Prix était ouvert aux étudiantes et étudiants ayant accompli au moins quatre semestres à la HEAD – Genève, ainsi qu’aux titulaires d’un Bachelor ou Master datant de moins de cinq ans. Les travaux ont été jugés en fonction de leur originalité, de la qualité de leur réalisation et de leur cohérence avec le thème du Prix.
Le public a également eu la possibilité d’élire le candidat de son choix et de lui attribuer le Prix du public, doté de 2 000 francs Suisse.
Grâce à une diffusion de la cérémonie en streaming sur Facebook, les personnes présentes et les internautes ont pu suivre intégralement la cérémonie et voter pour l’une des cinq œuvres finalistes.
Fanny Blanchet et Garance Vallier ont ainsi été désignées lauréates du Prix du Public pour leur travail en Communication visuelle « Lilithia », une illustration gigantesque représentant une ville et ses habitants. Grâce à une application de réalité augmentée, HP reveal, le spectateur, muni d’une tablette ou d’un smartphone, part à la découverte de 18 animations cachées, qui surgissent ponctuellement du paysage.
Développé comme un outil pédagogique, ce projet questionne la place des femmes dans notre société. Il est destiné aux jeunes âgés entre 10 et 13 ans et se présente sous forme d’atelier servant de base à la discussion et à la réflexion commune.
En parallèle à la remise du Prix Art Humanité, les participant-e-s ont pu découvrir un projet photographique du Musée de l’Elysée, de la Direction du développement et de la coopération - DDC et du CICR, intitulé « Les Principes Humanitaires : ici et maintenant » ainsi que J’ai dû tout quitter, une série de portraits de personnes déplacées en Afrique réalisés par l’artiste Ben Betsalel.
Enfin, l’organisation d’un nouveau prix, au Sénégal, a été annoncée. Ce Prix extramuros, fruit d’un partenariat entre le CICR, la HEAD – Genève, la Croix-Rouge genevoise d’une part et Sup’Imax à Dakar d’autre part, mettra au concours des artistes d’écoles d’art et des jeunes créateurs basés à Dakar. Ce Prix trouvera son aboutissement en mai – juin 2020, puisque les finalistes seront exposés lors de la quatorzième édition de la Biennale de l’Art africain contemporain.
Pour plus d'informations
Croix-Rouge genevoise, Françoise Diggelmann, Responsable Communication
« 1213 Onex or The Manifest of a Third Culture » de Maëva Weissen, Bachelor en Design Mode.”
LE BURKINA FASO AU BORD DE L'EFFONDREMENT
Une grande partie du territoire échappe désormais au contrôle de Ouagadougou qui commence à peine à sortir du déni face à la multiplication des attaques des groupes armés et des milices dites « d’autodéfense »
Le Monde Afrique |
Christophe Châtelot |
Publication 04/10/2019
Il a fallu du temps aux autorités du Burkina Faso pour sortir de leur déni alors que les attaques se multipliaient sur le territoire jusqu’à frapper la capitale Ouagadougou. Ce temps est révolu. Il est à l’urgence devant « l’extrême gravité de la situation sécuritaire »qui fait « qu’il n’y a pas un jour, pas une semaine sans de nouvelles victimes », selon les mots du ministre des affaires étrangères Alpha Barry. A tel point que de hauts responsables occidentaux en viennent à redouter un effondrement de l’Etat, à l’image du voisin malien en 2012 sous les assauts alors combinés d’indépendantistes touareg et de groupes djihadistes.
Ouagadougou a en effet perdu la main sur une bonne partie du pays. « Environ un tiers du territoire échappe à son contrôle », affirme un officier de la police burkinabé. Une estimation confirmée par d’autres sources occidentales. Attablé à une terrasse de restaurant de la capitale, le policier trace les zones rouges à grands traits sur une carte du pays. Région par région, d’ouest en est, il isole la moitié de la Boucle du Mouhoun, les deux tiers du Centre-Nord, la totalité du Sahel, et un demi de l’Est. Autant de zones frontalières du Mali, du Niger, du Bénin et du Togo. « Pour compléter le tableau, le Sud-Ouest [proche de la Côte d’Ivoire] est sous la menace des bandits et des coupeurs de route », ajoute le policier.
« Ils grappillent du terrain comme des fourmis »
Prenons Djibo, grande ville du nord du Burkina distante de seulement 210 kilomètres de Ouagadougou. Sa caserne est la seule à tenir encore dans la province du Soum, jouxtant le Mali. Harcelés, sous-équipés, démoralisés, les militaires burkinabés ont déserté les cinq autres positions qu’ils occupaient dans cette province. Cette débandade entamée il y a quelques mois s’est accélérée depuis l’attaque, fin août, de Koutougou, proche de la frontière malienne, soldée par la mort d’au moins vingt-quatre soldats – les officiers avaient abandonné la place quelques jours plus tôt – et le pillage d’un arsenal important.
L’assaut par des combattants en motos a été revendiqué par le Groupe de défense de l’islam et des musulmans (GSIM) lié à Al-Qaida. Pour les services burkinabés, le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) en serait l’auteur. Selon une source occidentale, « sept à neuf groupes armés sont présents dans le nord du pays et travaillent ensemble ».
Le Burkina Faso s’enfonce sournoisement dans une guerre qui ne dit pas encore son nom. Cela se traduit par plus de quatre cents incidents violents répertoriés depuis 2016 et des centaines de morts. Et si, depuis trois mois, tout semble calme dans l’Est, contrairement au premier semestre, c’est, selon une source policière, parce que « les militaires ne patrouillent plus par peur des embuscades ou des engins explosifs. Les routes sont tenues par les groupes armés ». « Ils grappillent du terrain comme des fourmis, méthodiquement », observe Mahamoudou Savadogo, chercheur sur les questions de sécurité. Ils contrôlent les campagnes et noyautent les milieux urbains.
« La haine et la peur se sont installées »
Longtemps, Ouagadougou a ignoré les ressorts locaux des violences dont les prémices remontent pourtant à 2016 avec la montée en puissance du prédicateur radical Ibrahim Malam Dicko, porteur d’un message quasi révolutionnaire auprès des plus démunis délaissés par le pouvoir central ou subissant le poids social des structures traditionnelles.
En octobre 2018, la présidence de Roch Marc Christian Kaboré servait encore un « scénario complotiste » au ministre français des affaires étrangères : la main vengeresse de l’ancien président Blaise Compaoré (1987-2014), chassé par la rue, serait derrière toutes ces attaques. Puis on a accusé la France, soupçonnée de vouloir s’accaparer on ne sait quelles richesses nationales. « Ils ont perdu du temps », ponctue un diplomate.
« Certains émirs ou idéologues sont étrangers mais le terrorisme, chez nous, est devenu endogène à cause de la mauvaise gouvernance, de l’injustice, des spoliations… », énumère Mahamoudou Savadogo. « C’est une insurrection armée locale mais les autorités préfèrent l’auto-victimisation et dire que tout cela serait importé du Mali », ajoute le chercheur.
Rencontré à Ouagadougou, l’influent chef d’un village frontalier du Mali raconte comment la situation s’est dégradée à partir de 2016 ; comment l’armée a usé d’une force disproportionnée pour tenter d’annihiler le mouvement du prédicateur Dicko. « Des jeunes ont fui au Mali et rejoint le Mujao [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest], d’où ils sont revenus quelques mois plus tard pour se venger. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à aller vers les groupes armés. Ils n’ont plus d’autres choix parce que les FDS [l’armée] tuent, pillent, ciblent des villages ou des familles entières parce que l’un des leurs a rejoint les djihadistes. La haine et la peur se sont installées », déplore-t-il. Ainsi, son village, comme tant d’autres dans la région, se vide. A l’échelle du pays, le nombre de déplacés est passé de 87 000 personnes au mois de février à 289 000 en septembre. Environ 2 000 écoles ont été fermées. On ne compte plus les assassinats de représentants de l’Etat, de chefs traditionnels ou de certains marabouts considérés comme déviants par les djihadistes. Ce cycle est entretenu par les groupes armés djihadistes ou les milices dites d’autodéfense soufflant sur les braises de différends communautaires. Sans parler de l’enjeu du contrôle de voies de trafics en tous genres, partant du golfe de Guinée jusqu’aux rives de la Méditerranée à travers, entre autres, le Burkina.
Le notable nordiste concède aujourd’hui son impuissance : « En tant que chef traditionnel, nous avons perdu de l’importance. »« Résultat, tout le monde tire sur tout le monde. Et tout le monde est responsable : groupes armés, communautés, djihadistes. Une chose est sûre, la réponse militaire n’est pas la solution », observe un haut fonctionnaire en poste dans le Nord.
Evanescence du pouvoir
Mais aucune autre dynamique ne semble à l’œuvre. Le rapport final de la réunion extraordinaire du conseil de médiation et de sécurité sur le terrorisme de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tenue le 12 septembre à Ouagadougou, dressait ainsi un constat alarmant : « Faible implication des leaders communautaires, religieux, des femmes et des jeunes ; sous-équipement des forces de défense et de sécurité ; impact des changements climatiques et prolifération des armes légères ; faible coordination pour lutter contre l’insécurité ; faiblesse des moyens de financement disponibles »…
On pourrait ajouter, dans le cas burkinabé, l’évanescence du pouvoir depuis la dissolution du système semi-autoritaire de Blaise Compaoré. « Il n’a pas de stratégie pour contrer celle des groupes armés qui ciblent les structures étatiques, exacerbent les tensions intercommunautaires et religieuses », tranche un observateur étranger.
A l’image de son homologue et voisin malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le président Kaboré, élu fin 2015, est accusé de passivité. « Notre administration ne fonctionne pas comme un Etat en guerre. Il y a une perte totale du sens de l’Etat au profit de la prédation », constate Luc Marius Ibriga. Rapport après rapport, ce chef de l’autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption dénonce, en vain, « une montée des actes de malversation du haut en bas de l’échelle depuis 2016, en toute impunité ». « Jamais la défense n’a reçu autant d’argent, mais on ne sait pas où ça va au nom du secret militaire », ajoute-t-il.
A un an de la présidentielle, le pouvoir devrait pourtant s’inquiéter de ces pratiques qui alimentent le mécontentement d’une part grandissante de la population. « Blaise Compaoré a été chassé à cause de sa mauvaise gouvernance démocratique et de la corruption », rappelle Bassolma Bazie, le secrétaire général de la confédération générale du travail (CGTB). Il laisse entendre que les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. Signe du malaise ambiant, la CGTB, aux côtés d’autres syndicats et des organisations de la société civile, a tenté de protester, le 16 septembre, dans les rues de la capitale. Une marche qui fut presque immédiatement dispersée par la police à coups de gaz lacrymogènes.
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AU COLLÈGE DE FRANCE, FRANÇOIS-XAVIER FAUVELLE BRISE LES CLICHÉS SUR L'AFRIQUE
« S’il n’est jamais superflu de rappeler que les sociétés africaines sont faites de la même étoffe historique que toutes les sociétés, c’est parce que l’Afrique, bien que toujours déjà là, a vu sa coprésence au monde depuis longtemps méconnue. »
Le Monde Afrique |
Joan Tilouine |
Publication 04/10/2019
Les mots d’Ibn Battuta ont résonné entre les murs du Collège de France. Les observations du mythique explorateur marocain sur la capitale de l’empire du Mali, où il a probablement résidé de juin 1352 au début de l’année suivante, ont plongé les auditeurs dans l’atmosphère de la place de la mosquée centrale, à ciel ouvert, où des sujets du puissant sultan prient à leur manière. Il y a ceux qui se tournent vers La Mecque et ceux qui exécutent la danse des masques. La scène réunit fidèles d’Allah et adorateurs des déités traditionnelles ; comme un échantillon de ces mondes africains qui cohabitent dans un même espace, en osmose.
C’est par ce récit et « sous la protection des ancêtres » que l’historien et archéologue François-Xavier Fauvelle, 51 ans, a commencé sa leçon inaugurale, jeudi 3 octobre, peu après 18 heures. Un événement en soi. Pour la première fois, la prestigieuse institution née au XVIe siècle a créé une chaire pérenne entièrement dédiée au continent, baptisée « Histoire et Archéologie des mondes africains ». Un anachronisme bien français auquel n’a pas su échapper ce temple du savoir. « Le temps perdu n’existe pas, mais il n’y a plus de temps à perdre », a déclaré le médiéviste Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, en guise d’introduction.
Dans un amphithéâtre Marguerite-de-Navarre bondé, François-Xavier Fauvelle a prononcé sa leçon magistrale. Son texte, puissant, brise élégamment les clichés sur une Afrique trop souvent caricaturée voire méprisée, au point de se voir amputée de son histoire précoloniale. Pire… d’être effacée du récit du monde par un président de la République française qui avait déclaré sans ambages à Dakar, en juillet 2007, que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
« Reconnaissance de la méconnaissance »
Comme en écho à ce passé gommé, M. Fauvelle plaide pour « un travail de reconnaissance de la méconnaissance » et répond par une érudition qu’il partage tel un conteur, passeur de savoirs. L’intellectuel, qui veut partager la richesse de la « littérature orale », cite des récits historiques rédigés par des lettrés musulmans sous forme de chroniques pour le sultan de Zanzibar au XVIe siècle, à Tombouctou (Mali) puis à Kano (Nigeria) le siècle suivant.
« S’il n’est jamais superflu de rappeler que les sociétés africaines sont faites de la même étoffe historique que toutes les sociétés, c’est parce que l’Afrique, bien que toujours déjà là, a vu sa coprésence au monde depuis longtemps méconnue. » Cette histoire de l’Afrique, l’Occident et ses puissances l’ont longtemps délibérément évitée pour mieux la piller, l’exploiter, réduire en esclavage ses habitants. « L’expérience de la traite par les esclaves africains, transportés d’un continent à l’autre, réduits à une condition de marchandises, victimes et instruments de la globalisation du monde, constitue à la fois le point central et aveugle de la modernité », souligne M. Fauvelle, pour qui « ce processus de déshumanisation des ancêtres » constitue la pierre angulaire du déni d’existence.
De quoi alimenter « une peur raciale qui actionne les théories providentialistes de l’histoire ». Une manière d’éclairer par une analyse savante du passé les dérives actuelles et les discours haineux confortés par certains polémistes et politiciens. De l’esclavage à la colonisation, des empires médiévaux aux indépendances parfois confisquées par un clan ou un parti-Etat, cette histoire des mondes africains a longtemps été malmenée par « une violence qui pénètre dans la forme même du récit ».
Un public de « mâles blancs et âgés »
Jeudi au Collège de France, face à un auditoire composé principalement d’intellectuels, de chercheurs africanistes, de l’ancien président François Hollande et d’ex-ministres, rares sont les Africains. Il y a certes l’un des diplomates les plus respectés de l’Union africaine qui s’est discrètement glissé dans le public. Un professeur dans une université américaine s’étonne de constater cette majorité de « mâles blancs et âgés », inconcevable dans le milieu universitaire anglo-saxon, où enseignent certains des plus grands intellectuels du continent.
François-Xavier Fauvelle s’est élevé bien au-delà des considérations sur « le temps perdu ». Comme pour mieux faire avancer une discipline trop longtemps polluée par le poids colonial, le tiers-mondisme et les autres instrumentations politiques paternalistes ; voire par un afrocentrisme dont il a déconstruit les ressorts lors de ses travaux précédents.
Jeudi, le nouvel élu au Collège de France a présenté la place cruciale jouée par les Afriques dans l’histoire du monde et de la mondialisation. En citant les récits d’Ibn Battuta, les productions d’érudits du Moyen-Age et les discours de Nelson Mandela, il a convoqué les « ancêtres pour leur dire que le travail de l’historien est de les inviter dans le présent ». Avec Fauvelle, les Afriques entrent en majesté au Collège de France.