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3 mai 2025
International
"LES LANGUES AFRICAINES NE SONT PLUS DES LANGUES VERNACULAIRES"
Denise Epoté, directrice Afrique de TV5 Monde, revient sur l'apport de l'Afrique et des africains à la langue française. Selon la journaliste camerounaise, l'imagination des africains a enrichi le français et la Francophonie
L'invitée BBC matin est Denise Epoté, directrice Afrique de TV5 Monde.
De passage à Dakar, elle revient sur l'apport de l'Afrique et des africains à la langue française.
Denise Epoté affirme que l'imagination des africains a enrichi le français et la Francophonie.
Parmi les millions de locuteurs de la langue française en Afrique et dans le monde, le français devient un pont entre différents peuples et différentes cultures.
Denise Epoté, répond aux questions de Jacques Matand'
LES RAISONS DU CRASH
Selon un communiqué de la la Mission Multidimensionnelles Intégrée des Nations Unies pour la stabilité en Centrafrique, les premiers éléments d’une enquête ont révélé que, cet accident est dû à de mauvaises conditions atmosphériques ayant rendu impossible
On en sait un peu plus sur le crash de hélicoptère de l’armée de l’Air du Sénégal qui a fait 3 morts et un blessé dans la localité de Bouar en République de Centrafrique. Selon un communiqué de la la Mission Multidimensionnelles Intégrée des Nations Unies pour la stabilité en Centrafrique reçu à iGFM, les premiers éléments d’une enquête ont révélé que, cet accident est dû à de mauvaises conditions atmosphériques ayant rendu impossible l’atterrissage.
iGFM a également appris auprès de la direction de l’information et des relations publiques des armées que l’Etat major général des armées est en contact permanent avec les autorités de l’Organisation des nations Unies en vue de l’évacuation de notre compatriote blessée et du rapatriement des dépouilles.
Selon le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, qui salue l’engagement du Sénégal aux efforts de stabilisation de la RCA , « cet accident illustre une fois de plus les risques encourus par les casques bleus dans leur engagement sur terrain, souvent au péril de leur vie ».
LE SÉNÉGAL INTÉGRE LE COMITÉ EXÉCUTIF DE LA FAAPA
Le Sénégal est admis comme nouveau membre du comité exécutif de la fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA) qui a tenu sa 7e réunion, du 25 au 27 septembre à Praia, au Cap-Vert
Dakar, 27 sept (APS) – Le Sénégal est admis comme nouveau membre du comité exécutif de la fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA) qui a tenu sa 7e réunion, du 25 au 27 septembre à Praia, au Cap-Vert, a appris l’APS.
Cette décision prise lors de la 7e réunion du comité exécutif sera entérinée à la prochaine assemblée générale de la FAAPA, prévue d’ici quelques jours au Maroc.
En outre, le Sénégal, à travers l’Agence de presse sénégalaise (APS), va abriter, sur proposition des dirigeants de la FAAPA, la 8e réunion de l’instance de décision de la fédération des agences de presse, du 1er au 4 avril prochain.
Dakar va alors accueillir les membres du comité exécutif de la FAAPA après Rabat, Casablanca, Abidjan (Côte d’Ivoire, en 2017), Brazzaville (République du Congo, en 2018) et Praia (Cap-Vert, 2019).
Par rapport aux statistiques sur les contributions des agences de presse africaines au site web FAAPA sur les 9 derniers mois, l’APS occupe la première place avec 2223 dépêches. L’agence de presse sénégalaise est suivie de celles du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Maroc.
Créée le 14 octobre 2014 à Casablanca par les directeurs généraux et responsables d’agences de presse réunis en assemblée générale, la FAAPA se veut une plateforme professionnelle pour "promouvoir l’échange d’expériences, d’informations et produits multimédia ainsi que l’échange d’idées et de réflexion sur l’avenir des agences de presse".
Elle œuvre à définir le rôle que les agences doivent jouer au 21ème siècle dans leurs diversités et leurs spécificités respectives, en tenant compte des profondes mutations qui caractérisent le paysage médiatique dans le contexte de la mondialisation et à l’ère du multimédia.
La Fédération s’est fixée pour objectifs d’asseoir un partenariat stratégique et de développer des relations professionnelles entre les agences de presse, outre la contribution à consolider la libre circulation de l’information ainsi que le renforcement de la coopération et de la coordination au niveau des forums régionaux et internationaux.
Pour atteindre ses objectifs, la FAAPA tient annuellement une Assemblée générale et deux réunions du Conseil exécutif.
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LA POLICE NIGÉRIANE LIBÈRE 300 GARÇONS VIOLÉS ET TORTURÉS DANS UNE ECOLE CORANIQUE
Plus de 300 garçons victimes de tortures et de viols ont été secourus jeudi soir par la police nigériane dans une école coranique à Kaduna, dans le nord du Nigeria.
Plus de 300 garçons victimes de tortures et de viols ont été secourus jeudi soir par la police nigériane dans une école coranique à Kaduna, dans le nord du Nigeria.
Elle est désormais surnommée "la maison de l’horreur". Vendredi 27 septembre, le Nigeria a découvert avec effroi l'existence d'une école coranique à Kaduna (nord du pays) où plus de 300 garçons étaient victimes de torture et de viol. La police les a secourus.
C’est lors d'une descente, menée jeudi soir dans une maison du quartier Rigasa, que la police de Kaduna a découvert plus de 300 élèves et étudiants de "nationalités différentes" enfermés et enchaînés.
Les responsables de l'établissement les faisaient vivre dans "des conditions inhumaines et dégradantes sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser" pédagogiquement, explique le porte-parole de la police de l'État de Kaduna, Yakubu Sabo.
Le propriétaire de l'établissement et ses six assistants ont été arrêtés, a-t-il précisé.
"Chambre de torture"
"Nous avons trouvé une centaine d'étudiants, dont des enfants de neuf ans à peine, enchaînés dans une petite pièce, dans le but de les corriger et de les responsabiliser", a déclaré Yakubu Sabo, précisant que "les victimes ont été maltraitées". Certaines d'entre elles ont déclaré avoir été violées par leurs professeurs, a-t-il ajouté.
Quelques photos ont été diffusées dans la presse nigériane. Sur certaines, on y voit un enfant avec le dos couvert de plaies à vif, visiblement causées par des coups de fouet. Un autre a les pieds enchaînés à des barres de fer, et une foule de jeunes garçons sont entassés dans une cour insalubre.
Une "chambre de torture" a été trouvée par la police. Des élèves y étaient suspendus à des chaînes et battus lorsque les enseignants estimaient qu'ils avaient commis une faute.
Des plaintes répétées de voisins, qui se doutaient que quelque chose d’anormal se passait à l’intérieur de l’école, ont permis de déclencher le raid policier ayant mené à la libération des enfants.
"Les victimes étaient de nationalités différentes et deux d'entre elles ont déclaré lors de leur interrogatoire qu'elles avaient été amenées par leurs parents du Burkina Faso", a ajouté le porte-parole.
"D'autres étaient morts avant"
Bello Hamza, l’un des garçons, cité par plusieurs journaux locaux, a affirmé qu'il devait partir étudier les mathématiques en Afrique du Sud lorsque sa famille l'a amené dans "la maison de l'horreur", il y a trois mois.
"Ils prétendent nous enseigner le Coran et l'islam, mais ils font beaucoup de choses ici. Ils obligent les plus jeunes à avoir (des rapports) homosexuels", a-t-il témoigné. "Ceux qui ont tenté de s'échapper d'ici ont écopé de punitions sévères : on les attachait et les suspendait au plafond."
"Au cours de mon court séjour ici, quelqu'un est mort des suites des tortures", ajoute-t-il. "D'autres étaient morts avant à cause de problèmes de santé et des tortures. Ils nous donnent une nourriture très pauvre et nous ne mangeons que deux fois par jour."
Enseignement religieux strict
L'école, ouverte il y a une dizaine d'années, hébergeait des étudiants amenés par leur famille pour leur apprendre le Coran, mais surtout remettre dans le droit chemin des petits délinquants, ou consommateurs de drogues.
Majoritairement musulman, le nord du Nigeria accueille un grand nombre de "maisons de correction" plus ou moins formelles dispensant un enseignement religieux strict, en l'absence de structures publiques à même de prendre en charge les jeunes livrés à eux-mêmes.
Les parents de certaines victimes originaires de Kaduna, convoqués par la police, ont été "choqués et horrifiés" quand ils ont vu l'état de leurs enfants. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils vivaient, selon le porte-parole. Ils apportaient régulièrement de la nourriture à leurs enfants et étaient autorisés à les voir une fois tous les trois mois.
Toutefois, Yakubu Sabo précise que les parents n’étaient pas autorisés à entrer dans la maison pour voir ce qui s’y passait. Les enfants étaient amenés à l’extérieur pour les rencontrer un bref instant.
MULTIPLE PHOTOS
SALLE COMBLE LORS DU DISCOURS DE CONDÉ À L'ONU ?
Une vidéo publiée le 25 septembre sur la page Facebook de la présidence guinéenne montre l’intervention du président, à la tribune de l’ONU, devant une salle comble. Sauf que les images ont été éditées pour masquer l’auditoire beaucoup plus clairsemé
Les Observateurs de France24 |
Alexandre Capron |
Publication 27/09/2019
La vidéo de onze minutes publiée sur la page Facebook de la présidence de Guinée montre l’arrivée du chef d’État à la tribune de l’ONU pour un discours. Elle est entrecoupée de plusieurs séquences montrant une salle comble, puis la vidéo montre l’intégralité du discours d’Alpha Condé, filmé par un spectateur.
Problème : comme repéré sur Twitter par Sidy Yansané, correspondant de RFI, les images montrant la salle pleine ont été ajoutées au montage.
Sur les images du discours diffusée sur la web TV de l’ONU, on remarque que la salle est beaucoup plus clairsemée, notamment que les premières places ne sont pas occupées.
Or, sur les images de la vidéo publiée sur la page Facebook de la présidence de Guinée, la salle semble pleine, et les places de devant sont occupées.
Par ailleurs, à 10min25, dans la vidéo filmée par un spectateur, il est possible de voir que les places devant sont effectivement inoccupées, et qu’elles ne correspondent en rien aux images de la salle pleine.
La rédaction des Observateurs de France 24 n’a pas retrouvé pour l’instant l’origine des images ajoutées au montage. Il pourrait s’agir d’images anciennes ou filmées cette année, mais à un moment différent du discours d’Alpha Condé.
Contacté par notre rédaction, le porte-parole de la présidence n’avait pas réagi à nos sollicitations au moment de la publication de cet article. Nous la publierons si celle-ci nous parvient.
DAKAR VIOLE-T-IL LES SANCTIONS DE L'ONU CONTRE PYONGYANG ?
POINT DE MIRE SENEPLUS - La Corée du Nord aurait rouvert discrètement une entreprise de construction au Sénégal, en violation apparente des sanctions des Nations Unies contre le programme nucléaire du pays
SenePlus retranscrit ci-dessous, une enquête traduite en français par nos soins, du média américain Voanews, évoquant le non respect par le Sénégal, des sanctions de l'ONU envers la Corée du Nord, en raison de son programme nucléaire.
La Corée du Nord a rouvert discrètement une entreprise de construction au Sénégal, en violation apparente des sanctions des Nations Unies contre le programme nucléaire de Pyongyang, a confirmé VOA Korean.
Au moins 31 Nord-Coréens travaillent pour la société Corman Construction & Commerce Sénégal Sural (CCCSSS), selon des entretiens et des documents officiels examinés par VOA Korean.
Aux termes d'une série de sanctions radicales adoptées il y a deux ans, les États-Unis ont interdit aux États membres de l’ONU de mener des activités commerciales avec la Corée du Nord. Les sanctions interdisaient également aux États de permettre l'embauche de nouveaux travailleurs nord-coréens et exigeaient que tous les travailleurs en place soient expulsés avant fin de 2019.
Le Sénégal a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en janvier 2018 qu'il s’était conformé à ces directives en fermant la société nord-coréenne Mansopae Overseas Project Group of Companies (MOP).
Toutefois, des documents montrent que Corman Construction a été enregistrée en juin 2017 sous la direction d'un ressortissant nord-coréen. La société travaille sur certains projets de construction identiques à ceux menés par Mandudae Overseas avant sa fermeture.
Des reporters de VOA Korean se sont rendus à Dakar, la capitale sénégalaise, et ont examiné des documents professionnels, des documents d'immigration et des copies de passeports identifiant les activités commerciales nord-coréennes dans le pays. La source des documents a par ailleurs requis l'anonymat par crainte de représailles.
Dans la matinée du 16 septembre 2019, les reporters coréens de VOA ont vu une poignée de travailleurs nord-coréens sortir d’un logement à Dakar.
Ils sont montés dans une camionnette à double cabine, puis se sont rendus pendant une heure dans une usine appartenant au fabricant de produits alimentaires Patisen, une des trois entreprises sénégalaises à avoir embauché Corman Construction pour des projets.
"Vous venez de Pyongyang?", a demandé un journaliste de la VOA en coréen à des travailleurs accroupis sur le trottoir du parking à l’extérieur de l’usine. «Oui», lui ont-ils répondu.
Un employé a en effet déclaré être arrivé au Sénégal trois ans plus tôt. Par ailleurs, des documents examinés par VOA montraient que huit des 31 travailleurs étaient arrivés plus récemment. La source a déclaré que chaque travailleur gagnait environ 120 dollars par mois après avoir versé une partie de son salaire au gouvernement nord-coréen.
Les autorités américaines soutiennent que la Corée du Nord reçoit des centaines de milliers de dollars par an grâce à ces envois de fonds et autres. Les sanctions visent à empêcher le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, d’avoir accès à des devises qui pourraient contribuer au financement du programme de développement nucléaire et antimissile de son pays.
Joshua Stanton, avocat basé à Washington et ayant participé à la rédaction de la loi de 2016 sur les sanctions nord-coréennes, estime que la Corée du Nord viole les sanctions américaines.
"Compte tenu de la date butoir fixée à tous les travailleurs nord-coréens pour rentrer chez eux en décembre, il est clair que la Commission de sécurité des Nations Unies voulait interdire toutes les opérations générant des gains de devises à l'étranger", a déclaré M. Stanton.
VOA a contacté les gouvernements de la Corée du Nord et du Sénégal. Sans réponse de l’un ni de l’autre.
Depuis quelques années, l’appui de la Corée du Nord aux mouvements africains qui se sont battus pour l’indépendance des puissances coloniales européennes dans les années 60 est devenu une source de revenus pour Pyongyang.
En 2017, le Groupe d’experts du Royaume-Uni sur la Corée du Nord a publié un rapport dans lequel il décrivait le soutien militaire de Pyongyang aux pays africains, notamment l’Érythrée, la République démocratique du Congo, l’Angola et l’Ouganda. Le rapport a expliqué comment, globalement, le pays de Kim Jong-un
«bafoue les sanctions… avec des techniques d'évasion de plus en plus vastes, de plus en plus sophistiquées».
MOP est l’expansion mondiale du Mansudae Art Studio, fondé en 1959. Il a été créé dans des pays tels que l’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Mozambique, la Namibie et le Zimbabwe, construisant de gigantesques structures, monuments et bâtiments depuis sa création dans les années 1970. La Corée du Nord a des liens militaires avec certains de ces pays.
En 2010, Mansudae a construit une statue de bronze géante, le «Monument de la Renaissance africaine», sur une colline surplombant Dakar pour marquer le 50e anniversaire de l’indépendance du Sénégal vis-à-vis de la France. Le gouvernement sénégalais a déboursé 27 millions de dollars pour ce statut haut de 49 mètres.
Le régime nord-coréen est soumis à des sanctions internationales depuis 2006, année de ses premiers essais de missiles nucléaires et balistiques.
Après que Pyongyang eut effectué deux essais nucléaires en 2016, la Commission de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution en août 2017 interdisant à ses États membres de «créer de nouvelles joint-ventures ou entités coopératives avec des entités ou des individus de la RPDC», la République populaire démocratique de Corée, nom officiel de la Corée du Nord.
La Commission de sécurité des Nations unies a simultanément interdit aux pays membres d’autoriser d’autres travailleurs nord-coréens, affirmant qu'ils «travaillaient fréquemment dans d’autres États dans le but de générer des recettes d’exportation étrangères que la RPDC utilisait pour soutenir ses programmes de missiles nucléaires et balistiques interdits».
En septembre 2017, la Commission de sécurité des Nations Unies a adopté une autre résolution exhortant ses États membres à fermer toutes les entités nord-coréennes présentes sur leur territoire dans les 120 jours de la résolution.
À l’époque, la plupart des ouvriers nord-coréens employés à l’étranger travaillaient en Russie et en Chine. Depuis lors, ces nations ont informé l'ONU qu'elles avaient renvoyé chez elles des dizaines de milliers de Nord-Coréens.
Le 5 janvier 2018, le Sénégal a informé les Nations Unies qu'il avait fermé MOP, le constructeur du monument de la Renaissance, ajoutant que : « la société a été enregistrée en tant qu'entité juridique sous le numéro SN-DKAR-B6903 le 23 avril 2008 et opère principalement dans le pays dans le secteur de la construction. Le gouvernement sénégalais a systématiquement refusé de délivrer des visas d’entrée de court séjour ou de renouveler les visas pour les travailleurs nord-coréens de la société. En raison de ces mesures, la société ne peut plus continuer ses activités. »
VOA a appris qu'environ six mois avant que le Sénégal n’annonce la fermeture de la MOP, la Corée du Nord avait créé Corman Construction à Dakar en juin 2017. La nouvelle société devait remplacer la MOP, qui avait également été sanctionnée par les États-Unis.
VOA confirme la mise en place de la CCCSS après avoir examiné les dossiers des entreprises demandés par le gouvernement sénégalais.
Alastair Morgan, coordinateur du groupe d'experts américain sur l'application des sanctions en Corée du Nord, a déclaré à VOA que la Corée du Nord continuait de violer les sanctions imposées par l'ONU sur la main-d'œuvre envoyée à l'étranger.
Interrogé sur la situation au Sénégal, un porte-parole du département d’État des États-Unis a déclaré à VOA dans un courriel que tous ses membres «sont tenus de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité des États-Unis en matière de sanctions, et nous espérons de tous qu’ils continueront à le faire».
Le Groupe d’experts de l'ONU a publié un rapport à mi-parcours en août indiquant que la MOP continuait de fonctionner malgré les sanctions à son encontre. Le panel a également rappelé à ses États membres de renvoyer les travailleurs nord-coréens dans leur pays avant la date limite de décembre 2019, conformément à la résolution adoptée par la Commission de sécurité des Nations Unies en décembre 2017.
Malgré ces sanctions, la Corée du Nord a effectué plusieurs tests de missiles cet été.
Christy Lee a contribué à ce rapport rédigé par VOA Korean.
"CHIRAC PROTÉGEAIT LES PRÉSIDENTS AFRICAINS LES MOINS RECOMMANDABLES"
L’ancien chef de l’Etat français, mort le 26 septembre à 86 ans, a eu une relation paradoxale avec l’Afrique, explique le journaliste et professeur à Sciences Po Paris Francis Kpatindé
Le Monde Afrique |
Coumba Kane |
Publication 27/09/2019
Jacques Chirac est mort jeudi 26 septembre à l’âge de 86 ans. L’ancien président français cultivait une passion pour l’art africain, ce qui aboutira à la création du Musée du quai Branly, inauguré le 20 juin 2006. Il entretenait également des rapports d’amitié avec certains dirigeants d’Afrique francophone controversés : le Gabonais Omar Bongo Ondimba, resté plus de quarante ans au pouvoir, ou encore le très autoritaire Gnassingbé Eyadéma, président du Togo durant trente-sept ans. Jacques Chirac est aussi l’homme qui n’a pas hésité à déclarer en 1990, en pleine ébullition démocratique, que l’Afrique « n’est pas mûre pour la démocratie ».
Que faut-il retenir de la relation entre l’ancien président français et le continent ? Francis Kpatindé, professeur à Sciences Po Paris et journaliste, revient sur un rapport passionné, non teinté de paternalisme.
"L'ÉMERGENCE EST CORRÉLÉE À LA MAÎTRISE DE LA DÉMOGRAPHIE"
Pour l'économiste togolais Kako Nubukpo qui vient de publier « L'Urgence africaine, changeons de modèle de croissance », les erreurs se sont multipliées sur le chemin du développement de l'Afrique, où les désirs des citoyens n'ont pas été pris en compte
Le Point Afrique |
Agnès Faivre |
Publication 26/09/2019
Le ton est donné dès le premier chapitre intitulé « L'Afrique, laboratoire du néolibéralisme ». Kako Nubukpo, économiste et ancien ministre togolais, y soutient que « la tragédie grecque fut d'abord africaine ». « Au fond, c'est comme si on n'avait rien compris aux leçons de l'ajustement structurel imposé durant plus de trente ans en Afrique », se dit-il lorsqu'il assiste, effaré, aux mesures mises en place par la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) dans le contexte de la crise financière grecque de 2008.
L'ajustement structurel, qui désigne ces politiques d'inspiration néolibérale imposées à l'Afrique à partir des années 1980, l'a aussi marqué à titre personnel. « J'appartiens à une génération née à la fin des années 1960, et mon adolescence, c'est l'ajustement structurel. Et quand on dit que les élites africaines ne rentrent pas en Afrique, on oublie parfois que ce fut aussi un traumatisme pour la classe moyenne urbaine africaine qui n'avait plus d'avenir chez elle. Parmi les gens de ma génération qui ont eu la chance de partir, très peu sont revenus au pays. Très peu », nous dit-il.
L'urgence africaine, changeons le modèle de croissance, paru aux éditions Odile Jacob, cependant, est loin de se résumer à cette seule analyse des paradoxes des mesures élaborées par les institutions financières internationales durant ces décennies du « tout-marché ». Celui qui est devenu récemment doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université de Lomé – il est aussi chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) – y passe en revue de nombreux enjeux auxquels le continent est confronté. La démographie, les migrations, le franc CFA – un de ses sujets de prédilection –, le marché commun, ou « les faux-semblants de l'émergence ». Il plaide aussi pour un retour du « politique », à travers des formes hétéroclites, et de la souveraineté. Et donne quelques raisons d'espérer. « Nous avons tout en Afrique : la terre, les travailleurs, et même les fonds quand on voit les flux de capitaux illicites qui sortent du continent. Selon la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, cela représente près de 80 milliards de dollars par an. C'est bien plus que les flux d'aide publique au développement et d'investissements directs étrangers », confie-t-il au Point Afrique. Éclairant.
Le Point Afrique : Pourquoi parler d'« urgence » à changer de modèle de croissance ?
Kako Nubukpo : L'idée d'« urgence » contenue dans le titre du livre renvoie à la jeunesse africaine qui arrive chaque année sur le marché du travail. Selon les chiffres de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), ils seront 600 millions au cours des quarante prochaines années, ce qui représente 15 millions de jeunes par an. Moi qui dénonce depuis une quinzaine d'années le caractère ultrarestrictif des politiques publiques, je ne peux qu'être interpellé par le hiatus inévitable entre la forte demande d'emploi à venir et les lacunes en matière de politiques publiques volontaristes. À partir de ce constat qu'on pourrait qualifier de prospectif, j'ai donc essayé de voir comment on en était arrivé là en remontant le fil de ces 30-40 dernières années.
À travers ce cheminement, vous employez une notion récurrente pour caractériser le rapport au monde du continent africain, qui est celle d'extraversion. De quoi s'agit-il ?
L'extraversion se caractérise par une situation où les forces productives, les rapports sociaux de production, les forces intellectuelles sont davantage façonnés par l'extérieur qu'à partir des réalités locales. En Afrique, et en particulier en Afrique francophone, nous avons trois illustrations de cette extraversion. Premièrement, dans le secteur réel de l'économie, avec, par exemple, le fait d'exporter des matières premières sans les transformer sur place. Deuxièmement, dans le secteur monétaire et financier ; c'est notamment l'idée d'avoir un véhicule d'accumulation de richesses hors du continent, symbolisé par le franc CFA. Troisièmement, dans le secteur intellectuel, où on observe une importation des idéologies en vogue en Occident. Or, il semble que ces trois modalités d'extraversion se renforcent les unes les autres, pour créer finalement un système dual, au sein duquel les élites, d'un côté, et la population, de l'autre, vivent chacune leur propre histoire, mais ce n'est pas la même histoire. J'évoque d'ailleurs dès l'introduction du livre le fait que l'Afrique ne produit pas ses propres dirigeants.
Vous parlez en effet de « dirigeants offshore »…
Oui. Et cela renvoie à deux composantes. D'abord, au désir de conservation du pouvoir de la part de dirigeants souvent illégitimes – au sens de mal élus ou pas élus du tout – et qui n'ont pas de base sociale populaire dans leur pays. Ils sont donc pris en otages par le reste du monde, notamment par l'Occident, qui leur impose une vision du monde. Et s'ils y adhèrent, c'est aussi parce que leur seule chance de se maintenir au pouvoir est d'être de bons élèves de la doxa internationale, à commencer par le FMI et de la Banque mondiale. Regardez Alassane Dramane Ouattara en Côte d'Ivoire, André Milongo au Congo, ou Nicéphore Soglo au Bénin, ce sont des personnes issues des institutions financières internationales, et qui, une fois au pouvoir en Afrique, n'ont eu de cesse de répliquer ce qu'on appelle le consensus de Washington, dans des environnements qui n'étaient pas appropriés à ces politiques. Le deuxième facteur est historique. Nos intellectuels africains ont pour la plupart été formés à l'étranger et en particulier en Occident.
Vous en faites d'ailleurs partie, vous qui avez étudié en France ?
Oui, et j'ai toujours dit que j'avais été ministre de la Prospective au Togo, mais que je n'avais pas de légitimité endogène, que je ne représentais pas les populations. Même si cette expérience m'a aussi permis de mieux comprendre les enjeux du quotidien pour les populations. Mais pour revenir à la formation de nos élites postcoloniales, il y a un moment où, à moins d'être extrêmement courageux, on prend simplement la place du colonisateur. Je rappelle, et je vous renvoie aussi à l'ouvrage Les Hussards noirs de la colonie de Céline Labrune-Badiane, que la première école créée au Sénégal par Faidherbe en 1905 s'appelait l'école des Otages. Quand je travaillais à la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), le gouverneur et ses adjoints avaient des privilèges hérités de ceux octroyés aux Français en poste en Afrique, notamment des primes (d'éloignement, de risque, etc.). Cela aboutit à une situation où le gouverneur de la BCEAO gagne 30 000 euros par mois sur 14 mois pour assurer une mission de service public, quand la femme de ménage togolaise gagne 30 euros par mois. C'est donc aussi à travers cette construction historique que l'élite devient offshore, et cela explique bien des errements dans la gouvernance. À cet égard, soulignons qu'on parle de « gouvernance », et en particulier de « bonne gouvernance », mais on oublie de parler de vision, dont la gouvernance n'est qu'une modalité de gestion. L'ajustement structurel, pendant 35 ans, en exportant notamment le concept de « bonne gouvernance », a éludé la recherche d'un projet de société. Pour toutes ces raisons, l'extraversion intellectuelle est donc très profonde.
Comment façonner cette vision qui, selon vous, fait défaut dans de nombreux États africains ?
Quand je pilotais la vision Togo 2030, je me suis rendu compte que tout un chacun avait une vision propre de l'avenir. Mais qui prend la peine d'aller collecter les aspirations des gens à travers le pays pour élaborer un récit collectif ? La démocratie, cela ne se limite pas à des bulletins de vote infalsifiables. Les procédures de délibération collectives sont aussi à la base de ce modèle, tout comme les débats programmatiques – à l'opposé des débats de personnes que l'on voit trop souvent. Or, nos chefs d'État ont plus d'appétence pour les sommets ou les conférences internationales que pour les attentes de leurs citoyens, que l'on pourrait faire remonter en reconnaissant davantage les collectivités territoriales, la gouvernance locale et les modes d'action collective. Combien de fois vont-ils dans les provinces de nos États ?
C'est une erreur fondamentale de se dire que, parce qu'on a fait des études supérieures à l'étranger ou parce qu'on travaille pour des grands cabinets de conseil internationaux, on est compétent pour décider de la destinée d'une nation. C'est aussi la raison pour laquelle je suis sceptique vis-à-vis de tous ces plans d'émergence concoctés par des cabinets de consultants à l'affût de contrats. Ces experts font exactement ce qu'on a reproché au FMI et à la Banque mondiale. Ils ne connaissent pas les réalités locales et n'endogénisent pas les modalités de financement du développement. Au final, nos plans de développement viennent rarement des désirs des populations en Afrique.
Vous reprochez aux plans de développement élaborés à l'étranger de ne pas suffisamment s'inscrire dans le long terme. C'est une caractéristique récurrente ?
Cela a commencé par l'ajustement structurel, qui a détruit le ministère du Plan et affaibli les ministères sectoriels. C'est d'ailleurs ce qui caractérise fondamentalement le consensus de Washington : c'est une macroéconomie de court terme, il ne faut pas l'oublier. Plus de trente ans après, on a vu émerger les documents stratégiques de réduction de la pauvreté, qui, eux, avaient un horizon de trois ans. Et aujourd'hui, on passe à des plans nationaux de développement qui ont un horizon de cinq ans ! Il y a donc une sorte de retour à la planification telle qu'elle avait été mise en place au début des années 1960. Sauf qu'il y a eu beaucoup de casse entre-temps.
Vous plaidez pour redonner plus d'espace au politique. Mais pour cela, il faut aussi une fiscalité juste et un État redistributeur. Or, on constate, dans de nombreux pays, une défiance des citoyens vis-à-vis de leurs gouvernants et de leurs modes de gestion ?
À partir du moment où les populations sont convaincues qu'elles ont à leur tête ce qu'on appelle en microéconomie des gouvernements avec agenda privé, elles n'ont pas d'incitation à payer l'impôt, parce qu'elles n'ont pas sous leurs yeux de services publics auxquels elles pourraient légitimement prétendre. De surcroît, vous avez aussi la question du secteur informel, qui représente 80 % de l'économie de nos pays, voire plus parfois. Là encore, on qualifie d'informel un mode de fonctionnement traditionnel des populations et nous reprenons le registre sémantique du colonisateur. De fait, on essaie désespérément de faire entrer dans des cadres formels des modes de pensée, des façons d'être, qui ont leurs propres histoire et rationalité. Le fait est que l'économie formelle n'inclut que très peu de gens en Afrique.
Au demeurant, nombre d'États africains misent sur l'exportation de ressources brutes pour remplir leurs caisses… Ont-ils vraiment d'autres choix ?
Je constate que nous signons de plus en plus d'accords de libre-échange avec le reste du monde, et que la tendance, impulsée par l'Organisation mondiale du commerce, va plutôt vers un désarmement tarifaire. Donc, on va percevoir de moins en moins de droits de douane. C'est le principe même de la transition fiscale.
Vous voulez dire que c'est une façon de générer des recettes qui n'est pas durable ?
Exactement. Et si on envisage de compenser ce manque à gagner par la fiscalité directe, il faudrait une base productive moins étroite. Sinon, cela revient à matraquer, comme la plupart des États le font actuellement, la classe moyenne urbaine. Or, il s'agit d'une base étroite et les taux d'imposition sont très élevés. Ce vers quoi il faut tendre, en principe, c'est une assiette large et des taux bas. Mais là encore, on bute sur l'absence de cohérence des politiques publiques. On ne peut pas accepter de faire du désarmement tarifaire et donc de réduire la fiscalité de porte, sans au préalable avoir travaillé sur les substituts possibles. On risque de se retrouver avec des États qui auront encore moins de recettes fiscales qu'aujourd'hui, mais autant de demandes sociales à satisfaire.
Le problème réside donc dans la production et la transformation des richesses. Mais ce qui me surprend, aujourd'hui, dans les orientations du FMI, c'est qu'il fait fi des tendances lourdes. Cette institution se base sur la faiblesse de l'offre productive africaine pour imposer une réduction de la demande. C'est ce qu'on appelle l'absorption. Le FMI semble ne pas comprendre que la locomotive de la croissance africaine sur le long terme sera la demande. Les politiques devraient donc plutôt agir sur les moyens d'augmenter l'offre productive. Mais on reste rivé à cette idée d'équilibre entre dépenses publiques et recettes publiques. Cela n'a aucun sens. Le processus de développement dans le monde s'est toujours articulé au crédit, qui a alimenté la production, avec des remboursements en fin de cycle.
Parmi ces pistes de production et de transformation figure le secteur de l'agriculture, qui a été complètement négligé par les rapports de développement successifs de la Banque mondiale… Comment dynamiser aujourd'hui ce secteur et donner aussi envie aux jeunes de s'y investir ?
Le rapport « Berg » de 1981 de la Banque mondiale dit qu'il ne sert à rien de viser l'autosuffisance alimentaire, qu'il est préférable de se spécialiser dans des secteurs générant des devises et d'importer l'alimentation. Il est important de le rappeler. Pour inciter des jeunes à se tourner vers l'agriculture, il faut développer des services publics, sortir des phénomènes de macrocéphalie qui caractérisent des pays comprenant une seule grande ville. Il faut créer des villes moyennes, près des centres ruraux, de façon à éviter les migrations. Ensuite, il y a trois points qui me paraissent essentiels. D'abord, augmenter la productivité, ce qui suppose la maîtrise de l'eau, la recherche variétale et la capacité à accompagner les agriculteurs – des missions qui relèvent des offices agricoles. Ensuite, il faut travailler sur le renforcement institutionnel (organisations de producteurs, services à l'agriculture, comme l'assurance, le crédit, etc.) Dans le secteur du coton, vous avez accès au crédit, aux intrants, vous pouvez miser sur la totalité d'achat de votre récolte, avec en plus un prix garanti. Mais dans les filières céréalières, vous n'avez aucun de ces services. Ce qui me renvoie au troisième défi que sont les politiques agricoles, et à la vision de l'État en la matière. Si les producteurs ont une perception aléatoire de ce que fait l'État en matière de politique agricole, ils ne peuvent pas investir. Et enfin, nous avons un système bancaire totalement extraverti, qui ne prête pas aux agriculteurs. Rappelons que la politique agricole commune dans l'Union européenne représente la moitié du budget européen, ou que le producteur américain a des soutiens qui sont 720 fois supérieurs aux soutiens dont bénéficie le producteur tanzanien. Et on voudrait les mettre sur le même marché… C'est un jeu de dupes. Et avec ce qui s'annonce sur le plan démographique en Afrique, ce n'est plus jouable, car nous parlons de la stabilité de l'ensemble de la planète. C'est pourquoi je parle d'urgence africaine.
Fin juin, les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) se sont prononcés sur la création de l'éco, une monnaie qu'ils pourraient partager. Qu'en pensez-vous, vous qui plaidez depuis plusieurs années pour une alternative au franc CFA ?
D'abord, le fait que les nations se mettent ensemble pour avoir un destin monétaire commun me paraît être une bonne chose. Mais il ne faut pas oublier que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Donc, si l'éco devient un CFA bis, cela ne peut pas marcher. Par rapport au CFA, j'ai toujours soutenu plusieurs exigences. Premièrement, un changement de nom, car le nom renvoie à l'identité. Deuxièmement, le déplacement des réserves de change du Trésor français vers d'autres institutions, par exemple, à la Banque des règlements internationaux à Bâle. Troisième chose, le régime de change : j'estime que nous avons besoin d'un régime flexible avec le rattachement à un panier de devises étrangères, plutôt que de rester arrimés à l'euro. Cela se répercute sur le financement de nos économies puisqu'on est confronté dans la zone franc à des taux d'intérêt à deux chiffres. Or, avec l'impératif pour notre jeunesse d'accéder à des activités génératrices de revenus et celui aussi d'être compétitif à l'export, on ne peut pas contracter des emprunts avec des taux d'intérêt à 15 %. En conséquence, si l'éco s'inscrit dans cet agenda, on peut le soutenir. Ce qui risque d'être épineux, enfin, c'est ce qui va se jouer sur le plan politique, avec un déplacement de Paris à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, qui est la première puissance économique de la Cedeao. Parce que, au-delà de la monnaie, l'union monétaire est aussi traversée par des questions politiques, qui sous-tendent, par exemple, les questions de solidarité budgétaire, de processus d'harmonisation, de système bancaire, de marché financier… etc. Les chefs d'État francophones d'Afrique de l'Ouest sont-ils prêts à ce transfert vers Abuja ? Il y a encore toute cette transition à construire.
Vous dites qu'une Afrique industrialisée à l'horizon 2050 est tout à fait possible. À quelles conditions ?
Ces vingt dernières années, l'Afrique a enregistré le deuxième taux de croissance le plus élevé parmi les cinq continents. Mais une fois ramenée au nombre d'habitants, cette croissance est trois fois moins élevée que dans les pays émergents. Et si vous regardez les chiffres de l'évolution démographique, vous voyez que ces cinquante dernières années, tous les continents, à l'exception de l'Afrique, ont divisé au moins par deux leur démographie. L'émergence est corrélée à la maîtrise de la démographie. Si l'Afrique veut donc miser sur son dynamisme démographique et en faire un atout, il faut renforcer les politiques publiques en matière d'éducation – en mettant l'accent en particulier sur l'adéquation formation-emploi – et de planning familial – comme on l'a connu dans les années 1960. Il s'agit donc de passer d'une démographie subie à une démographie choisie, afin que les gains de productivité puissent engendrer la transformation structurelle.
Ensuite, il convient d'identifier les couleurs de l'économie, qu'il s'agisse d'économie verte sobre en carbone où l'Afrique a un fort potentiel, d'économie bleue (maritime), d'économie mauve (culture) ou d'économie transparente avec cette forte appétence de la jeunesse africaine pour le numérique. Outre la construction d'infrastructures de transport, d'énergie, de télécommunications, cela suppose d'identifier des niches porteuses pour chacune de ces filières selon les différents contextes. Par exemple, en ce qui concerne l'innovation dans le numérique, il faut passer à l'échelle de ce que j'appelle des systèmes nationaux d'innovation et de recherche, pour qu'on ne se cantonne pas à des histoires anecdotiques et intéressantes à raconter lorsque nos jeunes créent de nouvelles choses, et que ces innovations puissent s'insérer dans un processus de transformation structurelle.
Pour l'heure, ce qu'on observe en Afrique, c'est ce que l'économiste Dani Rodrik qualifie de transformation structurelle à l'envers. Le processus de désindustrialisation précoce dû à l'ajustement structurel a cassé tout ce qui était volontariste. Et aujourd'hui, les emplois migrent du primaire directement vers le tertiaire, en sautant le secteur secondaire – l'industrie. Or, c'est là que vous avez la valeur ajoutée et les emplois. Et c'est pour cela aussi qu'il y a urgence à trouver la cohérence entre les trois secteurs.
* L'urgence africaine. Changeons le modèle de croissance, Éditions Odile Jacob, Paris, septembre 2019. Ce livre défend la thèse de l'instrumentalisation de l'Afrique comme laboratoire du néolibéralisme avec la complicité de ses propres élites. La croissance démographique fait du continent africain une terre de prospérité future ou… une véritable bombe à retardement.
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CHIRAC, LE BRUIT ET L'ODEUR
En juin 1991, alors que le Front national grignote des voix, l'ancien président français prononce un discours stigmatisant à propos des immigrés
Le 19 juin 1991, Jacques Chirac, président du RPR et maire de Paris, prend la parole entre le fromage et le dessert lors d’un dîner-débat à Orléans devant 1 300 militants. Le teint luisant et rougi, il balance : «Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. […] Il faut mettre un moratoire au regroupement familial.»
Pour bien appuyer son propos, le candidat de droite de la prochaine présidentielle relate une visite qu’il vient d’effectuer avec Alain Juppé dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Paris : «Le travailleur qui habite à la Goutte-d’Or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs. […] Sur son palier d’HLM, ledit travailleur voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou. Ce n’est pas être raciste que de dire cela», conclut-il, déclenchant l’hilarité et les applaudissements de son auditoire.
Les habitants de la Goutte-d’Or «ont eux beaucoup moins ri»,raconte Jean-Raphaël Bourge, chercheur à l’université Paris-VIII et habitant du quartier : «Prendre l’exemple de la Goutte-d’Or était un prétexte facile pour fustiger l’immigration parce que ce quartier est porteur de tout un tas d’images et de clichés autour de la figure de l’immigré et de l’Arabe en particulier. Cette sortie de Chirac est une marque indélébile dans les mémoires. C’est un souvenir toujours vif pour les anciens qui y vivent encore. Pour les habitants, il était encore moins tolérable de faire croire que la cohabitation était impossible entre eux alors qu’il y a toujours eu une relative harmonie», corrige-t-il.
«Parenthèse raciste par opportunisme électoral»
Dès le lendemain et alors que le RPR fait front avec Chirac, la phrase «le bruit et l’odeur» provoque aussi un tollé à gauche. «Le langage de Monsieur Chirac ressemblait beaucoup à celui de Le Pen», analyse par exemple la Première ministre socialiste Edith Cresson,qui précise avoir pressenti «ce rapprochement» avec le FN.Mais Jacques Chirac s’en défend :«Je ne suis pas suspect de sympathie à l’égard de M. Le Pen. Je ne vois pas en quoi il aurait le monopole de souligner les vrais problèmes», assure-t-il, tandis que le président du parti d’extrême droite Jean-Marie Le Pen s’en frotte les mains, assurant que les électeurs «préféreront l’original à la copie».
«On peut plaiderla parenthèse raciste par opportunisme électoral», avance le politologue et ex-insoumis Thomas Guénolé. Au moment de son discours, le FN s’est en effet installé dans le paysage politique français depuis le début des années 80. Le parti a obtenu près de 11% des voix aux européennes de 1984, plus de 10% aux législatives de 1986 et récolte 14,34% des voix au premier tour de la présidentielle de 1988. Dans l’espoir de limiter l’hémorragie, Jacques Chirac lepénise alors son discours. Mais cette sortie raciste a marqué les esprits. Quelques années plus tard, le groupe Zebda reprend ses propos dans son deuxième album le Bruit et l’Odeur : «Qui a construit cette route ?/ Qui a bâti cette ville ?/ Et qui l’habite pas ?/ A ceux qui se plaignent du bruit/ A ceux qui condamnent l’odeur/ Je me présente…»
«Avant 1986 et après 1991, il n’y a pas de traces de Chirac de ce même genre de propos sur l’immigration, avance Thomas Guénolé. Lors de ces deux mandats présidentiels, «ses ministres en charge de l’immigration adopteront tout de même une ligne dure mais, dans le même temps, Chirac reste irréprochable dans les discours qu’il prononce. Selon moi, il adhère donc à l’hostilité envers l’arrivée de nouveaux immigrés, mais sans aucun racisme envers ceux déjà installés en France», avance Guénolé, qui rappelle le discours de Jacques Chirac lorsqu’il quitte le pouvoir en 2007 : «Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. Dans notre histoire, l’extrémisme a déjà failli nous conduire à l’abîme. C’est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit. Tout dans l’âme de la France dit non à l’extrémisme.»
Dommage de prononcer deux ans plus tard une petite phrase qui fera polémique. En 2009, Jacques Chirac se promène à Bordeaux avec le maire de la ville Alain Juppé (décidément), lorsqu’un jeune homme les approche. Jacques Chirac lui demande alors : «Vous êtes d’où vous ?» Le jeune homme répond : «Je suis de Lormont [à côté de Bordeaux,ndlr].» Mais alors que le passant s’éloigne, l’ex-président murmure à son ancien Premier ministre : «A mon avis, il n’est pas tout à fait né… natif de…» La scène a été filmée… Et «le bruit et l’odeur» ressorti du placard.
LA MAISON BLANCHE ACCUSÉE D'AVOIR VOULU GARDER SECRET L'ÉCHANGE ENTRE TRUMP ET L'UKRAINE
Trump a sollicité l'ingérence de l'Ukraine dans la présidentielle de 2020 lors d'une conversation avec Volodymyr Zelensky, et la présidence a essayé que cet appel téléphonique reste secret, accuse un lanceur d'alerte dans un document explosif révélé jeudi
Donald Trump a sollicité l'"ingérence" de l'Ukraine dans la présidentielle américaine de 2020 lors d'une conversation avec le président Volodymyr Zelensky, et la Maison Blanche a ensuite essayé que cet appel téléphonique reste secret, accuse un lanceur d'alerte dans un document explosif révélé jeudi.
La publication de ce document accroît encore la pression sur le président américain, à l'encontre duquel les démocrates ont ouvert mardi une procédure de destitution, une démarche rarissime aux lourdes conséquences à près de 400 jours du scrutin.
Dans un tweet en lettres capitales, Donald Trump a appelé les républicains à "se battre". "L'avenir du pays est en jeu", a ajouté le milliardaire qui dénonce à cor et à cri depuis deux jours "la pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis".
La crise trouve sa source dans un échange téléphonique, le 25 juillet, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, au cours duquel le président américain a demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, parmi les favoris de la primaire démocrate en vue de l'élection de 2020.
La conversation a suscité l'inquiétude d'un mystérieux lanceur d'alerte, membre des services de renseignement, qui avait, début août, transmis un signalement sur la teneur de cet appel.
Le président "a utilisé les capacités de sa fonction pour solliciter l'ingérence d'un pays étranger dans l'élection de 2020 aux Etats-Unis", dénonce-t-il dans ce document, rendu public jeudi après un bras de fer entre le Congrès et l'exécutif.
Dans les jours suivants cet échange, poursuit-il, les avocats de la Maison Blanche "sont intervenus pour +verrouiller+ toutes les archives liées à l'appel téléphonique", notamment en ordonnant de les conserver dans un "système électronique distinct" de celui utilisé habituellement.
Pour lui, cela prouve que l'entourage du président "comprenait la gravité de ce qui s'était passé". Il ajoute que, selon ses sources, deux hauts responsables américains ont ensuite "donné des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de +contourner+ les demandes du président".
- "Etouffer l'affaire " -
L'auteur de ce signalement, jugé "crédible" par l'inspecteur général des services du renseignement, précise ne pas avoir directement assisté à l'appel mais avoir échangé avec plus d'une demi-dizaine de responsables "très perturbés" par cet appel.
Interrogé jeudi au Congrès, le directeur du renseignement national (DNI) Joseph Maguire, qui avait bloqué la transmission de ce signalement, a déclaré ne pas connaître l'identité du lanceur d'alerte.
"Rien n'a changé avec la publication de ce signalement", a balayé la Maison Blanche dans un communiqué, en évoquant une "compilation de récits de troisième main et d'articles de presse", "qui ne montrent rien d'inapproprié".
Mais les démocrates ont dénoncé une tentative de la Maison Blanche d'étouffer l'affaire. "Le président a trahi notre pays et il a essayé de le cacher", a ainsi déclaré le parlementaire Mike Quigley.
La veille, la publication du compte-rendu de la conversation téléphonique au coeur du scandale avait suscité le même type de réaction, MM. Trump et Zelensky qualifiant leur échange d'"anodin" et de "normal", les démocrates le jugeant "accablant".
Dans cette discussion, l'asymétrie de la relation est notable mais M. Trump ne brandit pas de menace concrète. Il invite en revanche M. Zelensky à la Maison Blanche.
Les Etats-Unis ont "été très très bon à l'égard de l'Ukraine" sans que cela ait été "forcément réciproque", souligne Donald Trump, avant d'évoquer Joe Biden et les affaires en Ukraine de son fils Hunter.
"Beaucoup de gens veulent en savoir plus sur le sujet, donc cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus", dit-il à Volodymyr Zelensky, un novice en politique élu en avril à la tête de son pays très dépendant de l'aide américaine.
A quelques 400 jours du scrutin, la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi a annoncé mardi, après avoir tempéré les ardeurs de ses troupes pendant des mois, que la Chambre des représentants allait lancer une procédure de destitution contre le président.
Compte-tenu de la majorité démocrate à la Chambre, Donald Trump risque bien d'être mis en accusation ("impeachment en anglais), ce qui n'est arrivé qu'à deux de ses prédécesseurs.
Les républicains contrôlant le Sénat qui, selon la Constitution, sera chargé de le juger, il a de bonnes chances de rester en poste.