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LE DEBAT DU SECOND TOUR POURRAIT AVOIR LIEU A LA PRISON DE NABI KAROUI
La télévision publique tunisienne, qui organise un débat pour le second tour de la présidentielle, a affirmé qu'elle pourrait l'organiser en prison, dans le cas où le candidat Nabil Karoui serait toujours incarcéré avant l'échéance électorale.
Si tu ne peux pas aller au débat, le débat viendra à toi. Le PDG de la télévision nationale tunisienne, Mohamed Lassaad Dahech, a indiqué mercredi 25 septembre que sa chaîne serait prête à organiser le débat entre les candidats du second tour de l'élection présidentielle en prison, dans le cas où le magnat des médias Nabil Karoui, actuellement en détention provisoire, serait toujours derrière les barreaux.
La justice devait trancher mercredi 25 septembre sur la libération de Nabil Karoui, fondateur d'une chaîne de télévision émettant sans licence et poursuivi depuis 2017 pour blanchiment d'argent et évasion fiscale. Mais une nouvelle fois, celle-ci a repoussé sa décision, au mercredi 2 octobre, précise Kamel Ben Massoud, avocat de Nabil Karoui.
Le 15 septembre, Kaïs Saïed, universitaire ayant fait campagne contre les partis au pouvoir, est arrivé en tête du premier tour avec 18,4 % des voix, devant Nabil Karoui qui a rassemblé 15,58 % des votes, après avoir mené de multiples opérations de charité télédiffusées. La date de l'arrestation de l'homme d'affaires, dix jours avant le début de la campagne, avait suscité des interrogations sur une instrumentalisation de la justice par le politique.
Un feu vert des autorités pour le débat ?
"Si la justice n'autorise pas le candidat Nabil Karoui à participer à ce débat télévisé à l'extérieur de la prison, nous sommes prêts à le faire au sein de la prison", a indiqué Mohamed Lassaad Dahech.
Cela nécessiterait néanmoins un feu vert des autorités judiciaires et du second candidat, le juriste Kaïs Saïed, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Tunis.
Deux débats d'une durée d'une heure chacun, sont prévus avant le second tour de la présidentielle, sous réserve que les deux candidats puissent y participer. Leur date sera fixée une fois confirmée celle du second tour. Le scrutin pourrait avoir lieu le 6 octobre, soit en même temps que les législatives si les candidats déçu du premier tour ne font pas appel de leur recours. Sinon, il aura très probablement lieu le 13 octobre.
Des débats inédits dans l'histoire de la Tunisie moderne
Pour la première fois dans son histoire, la télévision tunisienne avait organisé trois soirées politiques télévisées avec 26 candidats du premier tour, un événement rarissime dans le monde arabe et très suivi en Tunisie.
L'organisation électorale (ISIA) et le régulateur audiovisuel (Haica) ont demandé à ce que justice soit rendue afin de permettre à Nabil Karoui de participer à ce débat, sans réponse jusqu'à présent.
Plusieurs missions étrangères d'observation des élections, ainsi que des candidats déçus du premier tour ont appelé à ce que Nabil Karoui puisse faire campagne de façon équitable pour le second tour de la présidentielle.
Pour les élections législatives du 6 octobre, deux débats seront organisés les 1er et 2 octobre entre 9 représentants de listes indépendantes, de coalitions et de partis politiques, a précisé Mohamed Lassaad Dahech.
La sûreté nationale sera le thème du premier débat et les relations extérieures pour le second. Chaque débat va durer 2 heures et 35 minutes, a-t-il encore précisé.
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JACQUES CHIRAC EST MORT
Décédé à l'âge de 86 ans, annonce sa famille ce jeudi 26 septembre 2019. Maire, député, Premier ministre, président de la République française. Retour en vidéo sur la carrière politique mouvementée de l'ex-président de la République française.
L'ancien président de la République Jacques Chirac est mort jeudi matin à l'âge de 86 ans, a annoncé son gendre Frédéric Salat-Baroux à l'AFP. "Le président Jacques Chirac s'est éteint ce matin au milieu des siens. Paisiblement", a déclaré M. Salat-Baroux, époux de Claude Chirac.
Jacques Chirac restera l'un des personnages politiques les plus populaires de la Ve République, tant pour son caractère haut en couleurs que pour son côté grand fauve politique.
Avec son allure de jeune premier, Jacques Chirac aurait pu faire une carrière de comédien. Mais c'est la politique qu'il choisit.
Sait-il déjà en 1965 lors de son premier mandat, comme conseiller municipal à Saint Ferréol en Corrèze, que la France toute entière deviendra son destin ? Durant toute sa carrière, Jacques Chirac serre des milliers des mains. Il n'hésite pas non plus à partager le verre de l'amitié. La politique est justement pour lui une affaire d'hommes et d'amitiés.
Son mentor Georges Pompidou le qualifie de "Bulldozer" tant rien n'est susceptible de stopper le jeune ambitieux. Et en politique on ne donne rien : il faut prendre.
Député de Corrèze, le jeune énarque passe de secrétariats d'Etat en ministères. Jamais loin de lui, son épouse Bernadette, rencontrée sur les banc de Sciences Po, son garde-fou, son cerveau droit durant toute sa carrière.
En 1974, il lâche Jacques Chaban-Delmas, dans sa quête présidentielle, au profit de Valéry Giscard d'Estaing le centriste. Giscard, élu président, le nomma Premier ministre. L'entente tourna court. Chirac claqua la porte.
Le propre en politique selon Jacques Chirac est de ne jamais tomber mais de rebondir.
Nouvelle ère, naissance du parti gaulliste le RPR. Une machine de guerre dont l'objectif est de le mettre sur orbite vers la présidentielle.
Première étape : la mairie de Paris qu'il souffle au nez et à la barbe du candidat de Valéry Giscard d'Estaing.
1986 : retour à l'Elysée dans le costume de Premier ministre. Première cohabitation de la Vème République, et nouvelle ambiance glaciale avec cet autre président, François Mitterand, qu'il affronte lors de l'élection présidentielle de 1988.
Ambiance tendue aussi lors du débat de l'entre-deux-tours, le 28 avril 1988, entre les deux hommes quand Jacques Chirac lance : "Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre. Et vous n'êtes pas le président de la République. Nous sommes deux candidats à égalité, qui se soumettent au jugement des Français. Vous me permettez donc de vous appeler Monsieur Mitterrand.".
Président de 1995 à 2007
Après deux candidatures et deux échecs à la présidentielle, Jacques Chirac est élu président en 1995. Une malencontreuse dissolution de l'Assemblée nationale deux ans plus tard, et la réélection en 2002 contre Jean-Marie Le Pen avec 82,1% au second tour. Une deuxième législature marquée par le "non" à Georges Bush pour la guerre en Irak.
Autre moment retentissant et, pas si improvisé que cela, le 22 octobre 1996 à Jérusalem face au virulent service d'ordre israélien. "Qu'est-ce que vous voulez ? Que je prenne l'avion et rentre en France ? C'est cela que vous voulez ? Alors laissez-les faire. Il n'y a pas de danger, pas de problème. Ce n'est pas une méthode. C'est une provocation."
Fin de mandat : Jacques Chirac est amoindri politiquement. Les affaires comme les emplois fictifs du RPR se rapprochent dangereusement. Jacques Chirac parle alors d'"histoires abracadabrandestesques".
Amoindri aussi physiquement suite à un AVC en 2005. Les derniers mois de son mandat sont difficiles. Mai 2007, une image forte : il transmet la plus haute fonction à un autre animal politique envers lequel le resentiment est toujours vif, Nicolas Sarkozy. Quatre ans plus tard, goguenard, il soutiendra son adversaire à la présidentielle : "Je peux dire que je voterai Hollande".
La toute dernière apparition publique de Jacques Chirac date de novembre 2013.
Il n'est visiblement, plus le même. La démarche, la poignée de main, plus rien n'était assuré. Le "Bulldozer" dont parlait Georges Pompidou ne pouvait plus bousculer grand-chose. L'émotion est visible chez ses proches et les adversaires d'hier, réels ou supposés.
Ce jour-là, l'ancien président s'installe dans l'auditorium du musée du Quai Branly. Ce lieu, consacré aux arts premiers d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, qu'il a tant voulu, lui permet de faire partager son amour pour l'art : la statuaire africaine ou asiatique, la brutalité apparente et la complexité des codes.
UNE MAFIA SÉNÉGALAISE DÉMANTELÉE EN ESPAGNE
La police a arrêté 10 Sénégalais dans la province de Majorque pour des faits de trafic de cocaïne, de marijuana et d’atteinte à la propriété intellectuelle.
Une mafia sénégalaise a été démantelée en Espagne, informe L’Obs. La police a arrêté 10 Sénégalais dans la province de Majorque pour des faits de trafic de cocaïne, de marijuana et d’atteinte à la propriété intellectuelle.
La police espagnole parle d’une organisation criminelle qui contrôlait le trafic de drogue sur les voies publiques à « Arenal de Llucmajor » et à « Playa de Palma » mais aussi le vol de portables de dernière génération et la vente de maillots contrefaits. Les policiers espagnols ont saisi 55 000 euros soit plus de 35 millions de francs CFA, 75 téléphones portables de dernière génération, des documents volés et falsifiés, plus de 1000 maillots de grands clubs d’Europe dont le Réal Madrid, Barcelone, Paris, de l’équipe nationale d’espagnole ainsi que des preuves d’envoi de fonds au Sénégal pour plus de 200 mille euros soit plus de 130 millions de francs CFA.
L’enquête reste ouverte dans l’attente de nouvelles arrestations ainsi que de la détermination de l’origine des téléphones mis en cause et des autres procédures en cours.
TRUMP A FRANCHI LE RUBICON
POINT DE MIRE SENEPLUS - René Lake analyse sur VOA TV, les contours de l'affaire ukrainienne à l'origine de l'enclenchement par les Démocrates mardi, de la procédure de destitution du président américain
Le chef de l'État américain objet, depuis son entrée à la Maison Blanche, de soupçons d'abus de pouvoir, fait désormais l'objet d'une procédure de destitution. Les Démocrates s'en sont en effet résolus mardi suite aux informations d'un lanceur d'alerte accusant Donald Trump d'avoir fait pression lors d'une conversation téléphonique, sur son homologue ukrainien afin qe ce dernier enquête sur Joe Biden, ancien vice-président et son fils. Un fait que la transcription de l'appel téléphonique publiée ce mercredi par la présidence tend à confirmer, du moins implicitement.
Donald Trump peut-il s'en sortir ? Les Démocrates ont-ils bon dos d'engager la procédure de destitution du locataire de la Maison Blanche maintenant ? Quid du Sénat toujours favorable au président ?
L'analyste politique, René Lake, donne son éclairage sur le plateau de VOA TV en milieu de journal.
par Sokhna Fatou Sy Mansour Sarr
L’HÉRITAGE DE MANDELA FACE À LA XÉNOPHOBIE SUD-AFRICAINE
Il ne suffit pas de raconter l'héritage de Mandela à la jeunesse sud-africaine, il faut le lui enseigner afin qu’il traverse les âges - Le pays a, au-delà du devoir de mémoire, un devoir d’éterniser cet héritage sans la moindre tâche !
Sokhna Fatou Sy Mansour Sarr |
Publication 25/09/2019
La xénophobie en Afrique du Sud, serait-elle devenue cyclique ou pire, une ritournelle dont usent certains sud-africains pour exprimer leur désespoir face au chômage, au bas niveau de vie ou même simplement à la pauvreté endémique dans les « townships » ? Depuis 2008, de pareilles tensions se répètent de manière pernicieuse dans cette société arc-en-ciel. Quand le ministre sud-africain de la Police Bheki Cele, croit que les actes posés par ses concitoyens sont plus criminels que xénophobes, le Nigéria lui, pose un acte à enjeu diplomatique en faisant rapatrier des centaines de ses ressortissants dont les commerces et autres activités ont été vandalisés par les émeutiers. En réalité, quelle que soit la nature des actes, les immigrés noirs ne se sentent plus en sécurité en Afrique du Sud.
Partout, on a tendance à rappeler à l’Afrique du Sud qu’il y a à peine 25 ans tout le continent la soutenait pour qu’elle sorte de l’Apartheid. Il y a à peine 25 ans, beaucoup d’artistes musiciens chantaient pour la libération de Mandela et de son peuple opprimé. Aujourd’hui, à peine 25 ans après la fin de l’Apartheid, on boycotte des rencontres inscrites dans l’agenda continental parce qu’elles se tiennent en Afrique du Sud «devenue » xénophobe. L’on pose la question en écarquillant les yeux : est-ce bien le pays de Nelson Mandela ? Pour des raisons économiques, dit-on, les sud-africains ne supportent plus la présence des immigrés qui, pourtant hier seulement se sont battus à leur côté pour le respect de leurs droits fondamentaux et de leur dignité humaine.
En 25 ans, seraient-ils devenus amnésiques, ou sont-ils simplement ingrats au point de ne vouloir partager leur émergence économique, qui attire leurs voisins ? Qu’ont-ils vraiment fait de l’héritage de Nelson Mandela qui, pour permettre cette émergence économique a pardonné et commencé à travailler dès la fin de l’Apartheid, évitant ainsi des représailles sur le « blanc » oppresseur.
N’était-il pas suffisamment panafricain, Nelson Mandela, pour que son héritage si humain prenne le dessus sur le mal être de la jeunesse ? Ou bien les sud-africains d’aujourd’hui pensent que le panafricanisme est plus une idéologie politico-culturelle et moins une intégration socio-économique?
Liberté, démocratie, pauvreté !
Essayant de trouver des réponses à toutes ces interrogations, je me suis rappelée l’Afrique du Sud, la terre de Mandela, pays arc-en-ciel, a aussi et surtout la particularité d’être une société post-conflit dans laquelle, 25 ans après tout est en pleine reconstitution. Ce conflit a laissé des traces, que dis-je ? Plutôt des stigmates à impact considérable dans les lendemains de ce pays. Rappelons juste une chose, la guerre et les conflits armés en général causent des pertes physiques, économiques, culturelles et cultuelles mais aussi et surtout des dégâts sur le plan mental des principales composantes de la société. Gustave Le Bon disait à propos des premières conséquences de la guerre mondiale « La sombre catastrophe dont l'Europe est le théâtre n'atteint pas seulement l'existence matérielle des peuples, mais encore leurs pensées. Beaucoup d'illusions tenues pour des certitudes s'évanouissent. Des théories, jadis sans prestige, deviennent des vérités éclatantes. Le bloc des traditions se désagrège. D'antiques assises de la vie sociale s'effondrent. Tout a changé ou va changer… *
Ce dérèglement de la société qu’a décrit Gustave Le Bon, entraîne plusieurs conséquences que l'on peut mesurer sur l'organisation familiale, économique, politique et, qui nécessitent des stratégies efficaces de consolidation de la paix acquise. En Afrique du Sud, le « Pardon » développé comme nouveau véhicule du vivre ensemble par Nelson Mandela et Desmond Tutu à travers les CVR*, est l’une des stratégies de consolidation de la paix qui y a facilité une transition sociétale. D’une oppression des noirs on est arrivé à leur liberté suivie d’une égalité de toutes les (races/ethnies) composantes de cette société. Cette nouvelle conception d’une Afrique-du-Sud multi-race dans le respect des droits de tous, a évité un cycle de conflits armés à tour de force dirigeante. Ce qui pourtant, était craint ou attendu par les blancs si on s’en réfère aux chiffres. En effet, après l'élection du président Mandela en 1994, «entre 100.000 et 300.000 sud-africains blancs auraient quitté leur pays»*. Selon l'Institut Sud-africain de Relations Raciales, entre 1995 et 2005 environ 841.000 sud-africains blancs ont aussi quitté le pays*, même si ces derniers départs sont considérés comme du «brain-drain», il n'est pas injuste de penser que la peur de représailles a poussé les blancs à l'exile.
Malgré ces départs, conséquences de la réorganisation d’une société post-conflit, l’Afrique du Sud a réussi sa transition politique. Du moins, jusqu’à l’ère Zuma (déboires : mœurs et corruption). C’est un pays libre et démocratique malgré certaines crises internes à l’ANC parti au pouvoir. L’ANC est arrivé au pouvoir à la suite d’élections libres qui ont enregistré la participation des noirs qui faisaient ainsi valoir leurs droits civils et politiques pour la première fois. L’ère de la liberté venait ainsi de souffler. La démocratie aussi s’est installée dans ce pays où désormais on respecte le Pacte International sur les droits Civils et Politiques des Nations-Unies (PIDCP). Mais, cette transition politique et sociétale n’est pas suivie par un équilibre économique.
La force économique aurait transitée des mains blanches vers l’élite politique noire serait-on tenté de dire. En effet, en accédant au pouvoir, l’ANC avait bien planifié des stratégies de redistribution économique qui n’ont pas été mises en œuvres en même temps que celles politiques. Le pays, avec ses ressources minières (or, diamant, etc.) a rapidement ouvert son économie à une industrialisation massive et étrangère. Ne laissant pas le temps de redistribuer les richesses longtemps inégalitaires. Et la croissance économique s’y aussi installée dans le même temps. En témoigne sa présence dans les BRICS ainsi que son entrée dans le G20. Paradoxalement, au lieu de relever le niveau de vie des peuples noirs des « township », cet envol économique les a maintenus dans une pauvreté qui n’a cessé de se creuser. La nouvelle liberté politique a entrainé une libéralisation économique dont ne profitent pas les nouveaux hommes libres. Car, sur le plan économique, les opprimés d’hier restent toujours pauvres n’arrivant pas à relever leur niveau de vie, chose qu’ils croyaient automatique avec l’acquisition de leur liberté humaine et dignité fondamentale. Ce que nous nommons déception économique des sud-africains noirs des townships ne serait pas la seule désillusion postapartheid. Il y a aussi la présence des immigrés venant d’autres pays africains qui, à la recherche d’emploi sont allés là où ils en ont trouvé. Ces immigrés, attirés par la nouvelle industrialisation et la liberté du pays arc-en-ciel, s’y sont installés, occupant les emplois dans les usines, carrières, transports, commerce, etc. Pendant ce temps, les nouveaux hommes libres tendant vers une évolution sociétale, poursuivent des études auxquelles ils ont désormais accès à tous les niveaux (l’éducation étant obligatoire jusqu’à 16ans). N’est-ce-pas Mandela disait : « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » !
Mais, la relation étude-emploi n’étant pas toujours linéaire en Afrique, au bout de leurs études, les postes qui correspondent à leurs profils sont occupés par la nouvelle élite politique noire ou par les « expatriés » des multinationales qui ont pris en « otage » l’économie sud-africaine. Ce manque d’emploi est une frustration/déception supplémentaire postapartheid. Ceux de ces nouveaux hommes libres qui n’ont ni les moyens ni la chance de faire des études, n’ont moins encore accès aux terres cultivables. Ces dernières étant toujours exploitées par des blancs (projet d’expropriation des blancs constituant moins de 10% de la population détenant les ¾ de terres exploitables, par le nouveau président Cyril Ramaphosa*) qui emploient la main-d’œuvre la moins couteuse : les immigrés. Ce qui enferme les jeunes sud-africains dans une tour d’insécurité économique dans leur propre pays. C’est à leurs yeux un Apartheid économique dont les oppresseurs les plus probables sont les immigrés qu’ils voient développer et réussir des activités qui leur sont inaccessibles chez eux.
Les réorganisations politico-économiques postapartheid impactent directement la société qui malgré l’émergence, traverse beaucoup de difficultés dont les plus notoires sont :
le taux de chômage qui aurait atteint les 29% au deuxième semestre de 2019*,
le taux de prévalence du VIH Sida qui était à 12,6% en 2017*,
l’éduction : dans le classement OCDE 2015 des systèmes éducatifs l’Afrique du Sud est à la 75ème place sur 76* etc.
C’est cet ensemble non exhaustif de facteurs post-conflit qui affectent directement la jeunesse sud-africaine.
La liberté, la démocratie seraient une nouvelle réalité sud-africaine au même titre que l’industrialisation, l’investissement étranger et l’immigration. En parallèle, la pauvreté y est notoire voire endémique et vécue par les jeunes noirs des zones défavorisées qui font en sus face, à la maladie et au chômage. Toutes ces difficultés qui résument le triptyque liberté, démocratie, pauvreté seraient à l’évidence la source des vagues de soulèvement à caractère xénophobe des jeunes qui exigent un changement immédiat de leur situation. La question que l’on se pose maintenant est : est-ce que la jeunesse sud-africaine qui croit que toute son opportunité et sa sécurité économique lui sont usurpées, est consciente de l’héritage de Mandela ?
Un héritage humanitaire à rudes épreuves socio-économiques !
Dans presque tous les pays africains on rencontre les difficultés existentielles auxquelles fait face la jeunesse sud-africaine. Loin de la défendre, j’essaie de la comprendre. Ces jeunes dont certains seraient nés après l’Apartheid. L’héritage de Nelson Mandela, aussi beau et humanitaire soit-il, leur a été raconté même s’ils ont le devoir de le conserver. Autant ils se sentent envahis, autant d’autres peuples se sentent envahis par leurs voisins qu’ils accusent de les dépouiller en amassant de l’argent qu’ils réinvestissent dans leurs pays d’origines. Et à y regarder de très près, ces immigrés font le travail que les nationaux se refusent de faire ou ne peuvent faire en raison d’études au-dessus de ces emplois (même s’il n y a pas de sot métier) ou d’inaccessibilité aux terres exploitables. A Dakar, certaines communautés de pays voisins qui y vivent, sont indexées comme ayant la mainmise sur le commerce de quartier « boutigou- cafék meew yi » et sur celui des fruits ainsi que d’autres types d’activités que les sénégalais ne font pas toujours. Et pour ces mêmes raisons nos frères émigrés en hexagone souffrent du racisme.
Le mal de la jeunesse sud-africaine est bien partagé par d’autres peuples. Mais la société sud-africaine garde les traces de violences inhumaines qui sont facilement ravivées par l’étincelle du désarroi économique. C’est presque à l’image du conflit opposant agriculteur et éleveur dans toutes les sociétés mais qui est exacerbé depuis le début de l’année au Burkina-Faso et au Mali, comme si d’autres raisons en seraient la cause dans ces pays. Les problèmes des jeunes en Afrique du Sud, on les retrouve dans tous les pays africains, mais il y a d’autres facteurs qui les enflamment dans ce pays post-conflit. Et le Rwanda alors, ne sort- il pas de conflit, s’interroge-ton. A la différence que le Rwanda semble avoir réussi la transition économique pendant que la démocratie resterait à la traîne ! Ce qui confirme la difficulté à reconstruire une société post-conflit.
Toutefois, aucune difficulté ne justifie encore moins n’excuse ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Les images insoutenables de massacres, rappellent un passé douloureux que nous croyions avoir enterré avec le pardon national après Apartheid. Ces actes, qu’ils soient criminels ou xénophobes convoquent directement l’héritage de Nelson Mandela qui a largement dépassé les frontières. Et c’est peut-être là où se trouve le nœud du problème. L’acte posé par Nelson Mandela, a toujours été magnifié comme un acte noble et humainement grand. Ce qui n’est pas faux. Mais n’est-il-pas temps de d’apprécier cet acte non pas seulement sur le plan humanitaire, mais le plan scientifique. Ne faudrait-il pas étudier la scientificité du pardon dans l’acquisition d’une paix définitive. Si 25 ans après apartheid, des images inhumaines refont surface en Afrique du Sud malgré un héritage aussi important, il faut peut-être prendre le pardon dans sa valeur la plus scientifique et l’enseigner aux générations postapartheid comme une donne sociologique qui permet de ne point dépasser la limite face à son prochain quel que soit le différend qui vous oppose. Si Mandela a pardonné et fait pardonner, c’est qu’il avait compris que, sans cet acte les opprimés pourraient se venger des oppresseurs. Si ce scénario s’était présenté, non seulement il n’aurait pas gouverné, mais le pays ne sortirait jamais d’un cycle de conflit. Et l’émergence économique qui a attiré les immigrés ne pourrait pas être atteinte en raison de conflits cycliques. Alors, avec le Mgr Desmond Tutu, ils ont permis, par le biais des commissions vérité et réconciliation, d’accepter la réalité des faits et de les pardonner pour avancer ensemble. Ce pardon, même s’il est un acte humain, humanitaire, il est devenu stratégique et scientifique. D’ailleurs, beaucoup de société-post conflit reprennent l’initiative pour consolider la paix acquise. C’est une méthodologie de consolidation de la paix que l’on retrouve partout. Ce qui pourrait asseoir une hypothèse de sa scientificité quand on sait que la naissance d’une théorie scientifique peut commencer avec l’observation d’un fait réel suivie du cercle d’analyse, d’expérimentation, de développement d’hypothèses, de prédictions jusqu’à la naissance d’une science qui est toujours une nouvelle source de recherche. L’héritage de Nelson Mandela ne nourrit pas la jeunesse sud-africaine mais il pourrait développer des valeurs humainement au-dessus des armes qui ôtent des vies. Il ne suffit pas de la lui raconter il faut le lui enseigner afin qu’il traverse les âges quelles que soit les difficultés.
Il y a un fascinant parallélisme entre Mandela (18 juillet 1918-05 décembre 2013) et Kalachnikov (10 novembre 1919-23 décembre 2013). Mikhaïl Kalachnikov a inventé l'arme éponyme plus connue sous l’appellation AK 47, le fusil d'assaut préféré dans les rebellions et autres guérillas, qui a facilité tant de violence et souffrance humaine. Quant à Mandela, il est le héraut du pardon, il ne l'a pas inventé mais il a promu la magnificence du mot dans un domaine jusqu'alors inexploité comme tel, la gestion du post-conflit. Ces deux hommes ont partagé le même siècle, ont presque eu la même longévité et ont laissé des héritages aux générations futures. Il appartient à ces générations de choisir lequel des legs perpétrer.
Il faut juste rappeler que l'invention de Kalachnikov tend à éliminer des êtres humains et facilite le développement de la guerre là où la trouvaille de Mandela tend à rapprocher les êtres humains par ceux qu'ils ont le plus en commun, l'humanité ! Les Sud-africains ont, au-delà du devoir de mémoire un devoir d’éterniser l’héritage de Mandela sans la moindre tâche !
Sokhna Fatou Sy Mansour Sarr est Ingénieure Documentaliste en droits de l’homme, CEO SAPED SARL, Membre du Mouvement des Jeunes Madibaristes
Twitter @SokhnaMansour
* G. LE BON, Premières Conséquences de la guerre 1916: transformation mentale des peuples, Québec, 2006, p.8
*CVR : Commission de la Vérité et de la Réconciliation
* SAIRR (South African Institute of races relations), rapport 2008, In P. MALET, « En Afrique du Sud, les blancs n'ont plus d'avenir », Slate.FR, Monde, 2009 p. 3
* F. X. FAUVELLE-AYMAR, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Le Seuil 2006, in L. BUCAILLE, Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud: Une mutation politique et sociale, coll. Politique Etrangère, février 2007, p.323
Qui aura, plus que Cheikh Anta Diop, contribuer au réarmement des peuples par son combat de remise sur ses pieds d'une histoire de l'humanité, habituée à marcher sur la tête à cause des falsifications que les vainqueurs du moment y avaient introduites ?
Le texte ci-dessous a été précédemment publié en décembre 1999 dans Sud Quotidien.
À l'heure où les faiseurs d'opinion de la toute puissante Amérique ont choisi pour l'Amérique (et implicitement pour le reste du monde) le scientifique Einstein comme étant la figure la plus marquante et la plus essentielle de ce grand siècle finissant, les Africains se doivent, eux aussi, d'exercer leur devoir de mémoire et de fidélité en désignant librement leur "Africain du siècle".
Si le choix pour les Américains a semblé pénible entre...Ghandi et Einstein, il le sera tout autant pour l'Afrique tant le choix est large parmi tous ces nombreux martyrs et héros de notre résistance à l'oppression et à l'humiliation intellectuelle ou politique. Ces héros étaient surtout remarquables dans leurs sacrifices pour un continent devenu le continent par excellence des espoirs étranglés, des rendez-vous manqués, des énergies dévoyées, des générations hypothéquées et pour parler comme David Diop "des promesses mutilées".
Ainsi contextualisé, tout observateur lucide des péripéties de l'Afrique dans ce siècle de lumière, d'avancées grandioses, mais aussi de tragédies massives et d'holocaustes, concèdera que l'Africain du siècle devra être un homme ou une femme qui, plus que tous les autres, s'est nettement distingué dans le combat pour restaurer et revitaliser la fibre morale de nos peuples. Une telle fibre, profondément malmenée par l'esclavage et le colonialisme, est absolument essentielle à tout acte de dignité et toute œuvre de renaissance. Cette fibre réparée devient alors le socle et la condition sine qua-non de ce que des intellectuels africains ont brillamment appelé "la reprise par les Africains de l'initiative historique".
En effet, perdre "l'initiative historique" permet à l'autre de vous définir comme ne s'en sont pas privées du reste l'anthropologie et l'ethnologie occidentales. Perdre "l'initiative historique" rend opaque votre mémoire de vos origines, vous fait oublier et douter de vos succès du passé, vous paralyse et vous fait vaciller aujourd'hui et fatalement vous désarme pour demain. L'Africain d'aujourd'hui souffre assurément de toutes ces conséquences de la perte de "l'initiative historique".
Parmi toutes les personnalités africaines de ce siècle (ceux "at home ou abroad" (en Afrique ou dans la Diaspora), selon la belle formule de Marcus Garvey): aussi bien ceux qui ont donné leur vie pour la Renaissance négro-africaine (Lumumba, Cabral, Malcom X, Martin Luther King Jr., Samora Machel, Boganda, Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandié, Osandé Ofana, Josiah Tongogara, Steve Biko, Walter Rodney, Thomas Sankara...), que ceux qui ont consacré chaque seconde de leur vie au triomphe d'une Afrique forte, souveraine et réunifiée (Dubois, Garvey, Padmore, Nkrumah), que ceux qui ont accepté d'incarner jusqu'au martyre le profond sanglot de l'Afrique-mère (Nelson Mandela, Walter Sisulu, Diallo Telly), que ceux qui ont tenté d'incarner une certaine vision de l'Afrique (Senghor, Houphouet, Sékou Touré, Modibo Keita, Selassié, Kenyatta, Nyéréré), que ceux qui se sont distingués dans les tranchées du combat intellectuel et militant sans merci (Damas, Césaire, Lamine Senghor, Garan Kouyaté, Tovalou Quénum, Etienne Léro, David Diop, Alioune Diop, Fanon, Mamadou Dia, Abdoulaye Ly, Théophile Obenga...), que toutes ces femmes, symboles forts et attachants (Winnie Mandela, Aliin Sitoye Diatta, Gracia Machel, Mariéma Ba), un intellectuel panafricaniste, nationaliste africain radical, scientifique de stature mondiale nous a semblé se détacher nettement pour avoir le mieux symbolisé l'entreprise colossale de réconciliation des Africains avec l'initiative historique. Et il est, pour nos générations, notre "Africain du siècle". Et il s'appelait Cheikh Anta Diop.
Pr. Cheikh Anta Diop est indiscutablement un héros des peuples noirs et africains. L'année de ma naissance, vêtu de son seul courage et armé de sa redoutable puissance de frappe intellectuelle, il était devant son jury de la Sorbonne pour introduire la plus grande rupture épistémologique de ce siècle qui est la thèse sur l'antériorité des civilisations nègres et le caractère négro-africain de la civilisation égyptienne.
Ni Einstein, ni Ghandi, ni à vrai dire Nelson Mandela (que je classerai sans réticence deuxième sur ma liste, ex-aequo avec Dr. Martin Luther King) n'ont accompli une œuvre aussi capitale à la reconquête - par la race noire et les peuples africains - de ce sens de la continuité historique et de cette conscience de l'urgence de la reprise de l'initiative historique. Si comme le prêche le frère Thabo Mbeki, le 21ème siècle sera le siècle de l’Afrique et donc de la Renaissance africaine, je n'ai aucun doute qu'il sera alors le siècle du triomphe intellectuel et politique de Cheikh Anta Diop.
Que l'on revisite la liste proposée plus haut, qu'on l'amende à volonté, qu'on y ajoute ou retire des noms, je demanderai cependant à nos anciens, à nos ainés, à ma génération et à celle qui nous suit, en cas de désaccord, de nous proposer un autre membre de ce groupe de prestigieux Africains (du continent ou de la diaspora). Un membre qui aura, plus que Cheikh Anta Diop, contribuer au réarmement moral des peuples noirs et africains par son combat titanesque de restauration de l'identité négro-africaine et de remise sur ses pieds d'une histoire de l'humanité, avant lui, habituée à marcher sur la tête à cause des falsifications que les vainqueurs du moment y avaient massivement introduites.
Ni les misérables salaires d'une université africaine, encore moins l'excuse d'un matériel de recherches inadapté ou désuet n'ont eu raison de la féroce volonté de Cheikh Anta Diop de revisiter et de contribuer aux différents corps des sciences humaines, sociales et exactes. Que ces thèses et découvertes aient vieilli ça et là, ou exigent une urgente rénovation, interpelle au fond plus les Africains contemporains et ceux du siècle prochain que Cheikh Anta Diop à qui l'on peut appliquer sans hésiter le "Gacce Ngalama" des Wolof ("mission accomplie").
Si un Américain, interviewé dans les rues de New York a pu proposer que la thèse centrale de la théorie de la relativité d'Einstein c'est "qu'au fond tout est relatif", refusons de le suivre tout en acceptant à notre tour de "relativiser" le choix porté par les Américains sur Einstein, pour brandir notre Africain du siècle (et peut-être même carrément notre homme du siècle), le regretté et éminent professeur Cheikh Anta Diop : physicien, historien, linguiste, ethno-anthropologue, philosophe, politologue et soldat émérite de la cause noire et africaine.
Et comme on veut nous contraindre à accepter que le 1er janvier 2000 n'inaugure pas la dernière année du 2ème millénaire, mais bien le début du troisième (alors que, en toute relativité, les Hindous ont eux célébré l'an 2000 il y' a ...500 ans et que les musulmans attendront 600 ans), déclarons le prochain siècle quel qu'en soit le repère : le siècle du triomphe des idées et des idéaux de Cheikh Anta Diop.
Pr. Diop est incontestablement "l'Africain du 20ème siècle" qui nous a le plus armés pour les batailles et les victoires du siècle qui meurt et du siècle qui s'enfante laborieusement, sous nos yeux, dans la douleur et l'espoir d'un rendez-vous réussi avec la Renaissance africaine.
TRUMP A BIEN DEMANDÉ AU PRÉSIDENT UKRAINIEN D'ENQUÊTER SUR BIDEN
La Maison-Blanche a publié ce mercredi, la transcription de l'appel entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky
Donald Trump a bien demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur son rival Joe Biden, selon la transcription d'un appel téléphonique entre les deux dirigeants rendue publique mercredi 25 septembre par la Maison-Blanche.
« On parle beaucoup du fils de Biden et du fait que Biden ait arrêté l'enquête et beaucoup de gens veulent en savoir plus sur le sujet, donc cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus », dit-il à Volodymyr Zelensky lors de cet échange le 25 juillet. Donald Trump propose à cette occasion à son homologue ukrainien de travailler en coopération avec son avocat Rudy Giuliani et avec le ministre américain de la Justice Bill Barr.
Mardi, la Chambre américaine des représentants, à majorité démocrate, a ouvert une enquête pour «impeachment» à l’encontre de Donald Trump, première étape d’une procédure de destitution contre le président des États-Unis, qu’elle accuse d’abus de pouvoir.
La Chambre examine si Donald Trump a cherché à obtenir l’aide de l’Ukraine pour obtenir des informations susceptibles de nuire à Joe Biden. «Le président doit rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi», avait déclaré la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Après la publication des échanges, Donald Trump a ré-affirmé mercredi ne pas avoir exercé "la moindre pression" sur l’Ukraine : "C’est probablement la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire américaine. C’est une honte."
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DÉCÈS DE GABRIEL FAL
L'expert en ingénierie financière et fondateur de CGF Finance avait 66 ans - Pendant de nombreuses années, il a rayonné sur les marchés financiers africains
(SenePlus.com, Dakar) - L'expert en ingénierie financière Gabriel Fal est décédé, à la suite d'une longue maladie, à Paris dans la nuit du mardi au mercredi 25 septembre 2019. Il avait 66 ans.
Fils de Cheikh Fal, le premier patron d'Air Afrique, Gabriel Fal a opéré depuis de nombreuses années sur les marchés financiers. Il est le créateur de la Bourse régionale des Valeurs mobilières (BRVM) et de son propre cabinet d'intermédiation financière: CGF Finance.
Ce spécialiste des levées de fonds a piloté plusieur emprunts obligataires et monté de nombreux dossiers de grandes entreprises sénégalaises notamment les ICS et la Senelec.
L'HOMME, UN PUR PRODUIT AFRICAIN
Non, Homo sapiens n'est pas apparu en douce dans un recoin de l'Afrique. Il est l'aboutissement de 200 000 ans de métissage sur tout le continent
Le Point |
Frédéric Lewino |
Publication 24/09/2019
Où donc notre espèce géniale – qui, entre nous soit dit, serait en train de tuer la planète – est-elle donc née ? Dans quel recoin obscur de l'Afrique ? Plus la peine de chercher. L'homme dans toute sa splendeur n'est né ni au Kenya ni en Éthiopie, et encore moins au Soudan. Cette fois-ci, nous en sommes quasiment certains, l'homme est né d'un gigantesque brassage ayant impliqué de très nombreuses populations africaines entre - 500 000 ans et - 300 000 ans.
C'est fini, cette vision « généalogique » d'espèces descendantes les unes des autres à la queue leu leu. C'était bon à une époque où les paléoanthropologues n'avaient encore ramassé qu'une poignée de fossiles qu'ils classaient les uns par rapport aux autres par commodité. Imaginez plutôt un énorme buisson foisonnant dont chaque brindille constitue un rameau humain.
Prenons l'histoire de l'humanité, il y a 500 000 ans. Elle se divise en multiples ramures qui coexistent, se mélangent ou s'ignorent. L'un de ces petits rameaux choisit de prendre la poudre d'escampette d'Afrique, le continent étant devenu trop peuplé. Ils deviendront les Néandertaliens et les Denisoviens. Leurs camarades restés au pays continuent à cousiner ou à se faire la guerre durant deux cents millénaires, au gré des changements climatiques qui les isolent ou les rassemblent. Lors de périodes d'isolement qui peut durer des millénaires, les différentes populations développent des capacités physiques et culturelles nouvelles. Lesquelles finissent par alimenter le pot commun.
La théorie du « buisson ardent »
Bref, après 200 000 ans de ce brassage continuel, l'homme moderne a pointé le bout du nez. Le plus ancien fossile connu, datant de 300 000 ans, a été découvert au Maroc par le Français Jean-Jacques Hublin (Max Planck Institut). La confirmation de cette théorie du buisson « ardent » vient d'être apportée par une étude mêlant génétique, culture technologique et changements climatiques, publiée dans la revue Nature Ecology and Evolution. Elle est signée par Eleanor Scerri (Max Planck Institut) et Lounès Schiki (CNRS/université de Toulouse et Gulbenkian Institute of Science, Lisbonne)
Nous assistons donc là à un enterrement de première classe d'une autre théorie imaginant la naissance de l'homme moderne, non pas dans la seule Afrique, mais également hors d'Afrique ! C'est ce que les paléoanthropologues appellent l'hypothèse multirégionale. Selon eux, une espèce d'Homo serait apparue voilà 2,5 millions d'années sur le continent avant de s'éparpiller dans le monde entier (sauf en Amérique). Ces populations auraient alors convergé, chacune dans son coin, vers Homo sapiens. D'où l'existence de plusieurs berceaux de l'humanité, mais toujours reliés entre eux par le nomadisme afin de perpétuer une seule espèce humaine. Une hypothèse qui pourrait également expliquer les différents traits physiques.
Eh bien, non ! Nous sommes tous sortis d'Afrique voilà quelque 100 000 ans. Le Mongol comme le Français, le Scandinave comme le Tunisien.