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26 avril 2025
Politique
FCFA : TALON, PORTE-VOIX DE LA FRANCE ?
Le débat entre utilisateurs du franc CFA et "gardien" des réserves de change laisse entrevoir que la sortie du président béninois n'était en rien une volonté des pays de l'UEMOA de réclamer une réelle indépendance économique et monétaire
Le président béninois souhaite le rapatriement des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France.
Si dans la forme l'annonce a l'air d'une petite révolution dans le club des présidents des pays utilisateurs du franc CFA, il semble visiblement que le projet de retour des réserves en lui-même est une volonté de la France.
Lors d'un entretien accordé aux médias français, certains aspects des échanges entre Patrice Talon et les journalistes donnent plus de précisions sur la nature de ce nouveau deal entre la France et l'UEMOA sur le franc CFA.
A un moment donné, le président béninois a interpellé le journaliste lui demandant de bien noter que c'est un projet des autorités françaises. Ce que notre confrère a fait.
Mais à la suite de cela, M. Talon s'est voulu plus nuancé, en précisant qu'il s'agit d'une initiative des Chef d'Etat [de l'espace UEMOA] acceptée par la France.
Ces propos sur le rôle de la France ont visiblement provoqué plus tard la réaction de Bruno le Maire, ministre Français de l'Economie et des Finances, qui a démenti en disant que son pays n'a rien imposé.
"Ce n'est pas à la France de faire des propositions ou d'imposer quoi que ce soit", a encore affirmé le ministre, ajoutant que "si une majorité d'Etats-membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse, nous répondrons oui".
Ce débat entre utilisateurs du franc CFA et "gardien" des réserves de change a laissé finalement entrevoir que la sortie de Patrice Talon n'était en rien une volonté des pays de l'UEMOA de réclamer une réelle indépendance économique et monétaire vis-à-vis de la France.
C'est cette implication de la France dans la gestion du franc CFA qui est au cœur de la colère et des critiques de nombreux analystes et économistes africains qui l'assimilent à du paternalisme.
Depuis les indépendances en Afrique de l'ouest francophone, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la présence d'une monnaie qui selon eux ne favorise pas l'indépendance et la croissance économique des pays qui l'utilisent.
Dans un contexte de crise économique, de taux de chômage sans cesse croissant et de précarité des entrepreneurs africains, les critiques contre le franc CFA sont de plus en plus virulentes.
En 2016, Carlos Lopes, secrétaire général adjoint de l'ONU, a décrit le franc CFA comme "un mécanisme désuet".
"Il y a quelque chose qui cloche avec le franc CFA. Aucun pays au monde ne peut avoir une politique monétaire immuable depuis 30 ans. Cela n'existe que dans la zone franc CFA", a soutenu l'économiste bissau-guinéen.
Début 2019, le vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio a provoqué la colère de Paris en indiquant que "la France est l'un de ces pays qui, en émettant une monnaie pour 14 pays africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les réfugiés partent de leurs pays et meurent ensuite en mer ou arrivent sur nos côtes".
Les économistes Kako Nubupko du Togo et Mamadou Koulibaly de la Côte d'Ivoire ont aussi qualifié le franc CFA de "relique coloniale" qui ne facilite en rien l'intégration économique des pays utilisateurs.
Pour l'activiste anticolonialiste et essayiste franco-béninois Kémi Séba, le franc CFA "est l'outil par lequel la France assure un contrôle sur les économies des pays africains".
Mais si des analystes, économistes et activistes critiquent cette monnaie, rares ont été les positions "anti-CFA" ou les velléités d'indépendance économique affichées par des Chef d'Etat de pays utilisateurs ces 10 dernières années.
Avec sa sortie sur des médias français, le président béninois Francis Talon semble mettre fin à cette "longue passiveté" des présidents africains vis-à-vis du f CFA ou plutôt de son modèle de gestion actuelle.
Sauf qu'encore une fois, cette volonté de rompre avec le franc CFA dans son mode de gestion actuelle semble encadré, voir dicté par la France.
"Nous sommes tous d'accord là-dessus, à l'unanimité, pour mettre fin à ce modèle" a indiqué le président Talon, parlant d'un modèle de gestion d'une monnaie qui est utilisée par les Africains mais dont les sphères de décision et les réserves se trouvent en France.
Selon lui ce modèle pose avant tout un "problème psychologique" et non "technique".
Début octobre, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, avait déclaré que la France était ouverte à une "réforme ambitieuse" du franc CFA.
Il avait dit attendre que les 15 pays qui partagent cette devise attachée à l'euro "décident ce qu'ils souhaitent", à un moment où l'Afrique de l'Ouest envisage de créer sa propre monnaie unique, l'ECO.
Les chefs d'Etat de l'UEMOA semblent vouloir donner sens à cette requête en décidant de rapatrier les réserves de change.
"La banque centrale des pays d'Afrique de l'UEMOA (Union monétaire ouest-africaine) va gérer la totalité de ces réserves de devises et va les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires dans le monde", a assuré le chef de l'Etat béninois, déclarant que cela se ferait "très rapidement".
Effet d'annonce politique ou réelle volonté de s'éloigner au plan monétaire de la France ? Une chose est sûre M. Talon vient de se prononcer sur un sujet resté tabou dans le cercle des chefs d'Etat de la zone CFA.
Cependant une question se pose: comment la France va orchestrer ce nouveau modèle de gestion du franc CFA ?
La France toujours au contrôle ?
En annonçant le "retrait des réserves de change du franc CFA", Patrice Talon ne précise aucun calendrier mais donne un sens à la requête de nombreux économistes qui demandent une pleine gestion du franc CFA par les Africains.
Cela commence par la fin du maintien des réserves garantissant la monnaie dans les coffres de la Banque de France.
Dans un contexte d'économie intégrée et d'usage d'une monnaie commune au sein de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), tous les pays doivent se préparer pour un nouveau mécanisme de gestion du franc CFA avec des réserves réparties dans "diverses banques centrales partenaires dans le monde".
Un paradoxe au moment où la CEDEAO annonce son projet de monnaie unique.
Cette annonce de Patrice Talon loin de rassurer vient conforter les doutes qui subsistent sur la volonté réelle de tourner le dos au CFA.
"Les pays de l'UEMOA ne veulent pas visiblement couper le lien monétaire avec le trésor français et cela va rejaillir sur l'Eco" s'inquiète l'économiste Ndongo Samba Sylla.
L'espace UEMOA est une zone dirigée par des Chefs d'Etat pro-CFA, rendant quasi impossible une "réforme ambitieuse" de cette monnaie se désole l'économiste ivoirien Mamadou Koulibaly.
Le rapatriement des réserves de change du franc CFA pourrait constituer une première étape dans cette volonté de réforme.
Mais les analystes s'inquiètent que cela soit une nouvelle stratégie de la France pour assurer via l'UEMOA une certaine influence sur le projet de monnaie unique de la CEDEAO.
Cependant, se séparer de réserves de change d'une monnaie estimé en devises fortes (dollar) et notamment en or est un exercice complexe pour les banques ayant la gestion de ces réserves.
Au-delà de la perte d'un certain "contrôle" sur la monnaie, c'est aussi des moyens de change direct et de placement (gros investissements et prêts aux Etats) qui vont disparaitre des coffres de la banque.
La volonté de rapatriement des réserves voulue par les chefs d'Etat de l'UEMOA et annoncée Patrice Talon fait penser à la valse économique entre l'Allemagne et la Banque centrale américaine au sujet de l'or de l'Allemagne "gardée" par l'oncle Sam.
La requête exprimée par l'Allemagne depuis plus de 20 ans n'a permis que le rapatriement de 47% des réserves d'or soit 1.580 tonnes en 2017.
Entre l'annonce de Patrice Talon et le rapatriement effectif des réserves, la procédure risque d'être longue selon les économistes à moins que la France n'accélère le processus pour atteindre d'autres objectifs de développement comme le souhaitent certains économistes anti-CFA.
par Sidy Diop
POLITIQUE-FICTION !
Après les déboires de Khalifa Sall et toute la romance médiatico-politique qui s’en est suivie, on n’imagine pas, un seul instant, Macky Sall ou un autre, gommer l’exécutif local simplement pour se donner de l’air
Un gouverneur nommé par le Président de la République à la tête de Dakar en lieu et place du maire. Cela permettrait d’éviter les frictions entre le pouvoir et une mairie dirigée par l’opposition. L’idée avancée par Dr Cheikh Diallo au «Grand jury» de la Rfm, calquée sans doute sur un modèle appliqué ailleurs, est une de ces certitudes livresques qui, sous nos latitudes, relèvent plus de la fiction romanesque que de la science politique.
Le contexte de notre pays, en effet, ne se prête à ce type de grossièreté stratégique. Après les déboires de Khalifa Sall et toute la romance médiatico-politique qui s’en est suivie, on n’imagine pas, un seul instant, Macky Sall ou un autre, gommer l’exécutif local simplement pour se donner de l’air.
Le drame de nombre de nos analystes politiques, c’est qu’ils nous récitent tous les jours, en français ou en wolof, des leçons apprises en anglais ou en allemand et destinées à des pays où le consensus sur les règles politiques remonte à plusieurs siècles.
PAR Jean Pierre Corréa
SUEZ PREND LA PLACE D’UNE SDE MAUVAISE PERDANTE DANS LA GUERRE DE L'EAU
Pourquoi la SDE tente de faire croire aux populations Sénégalaises qu’un mauvais choix aurait été fait dans cette affaire ?
« Quand la bonne eau est tirée…il faut la boire… ».
Que d’eau, Que d’eau !!! Jamais la question de la distribution de l’eau n’avait entraîné autant de communication sur sa qualité, sa pureté et sur les droits des consommateurs sénégalais. Mais cela cache une querelle entre les anciens et nouveaux concessionnaires, qui prend des allures étranges. Mais comme on dit : « Alea Jacta es…Le sort en est jeté »… Le temps n’est plus aux jérémiades qui permettraient à l’ancien distributeur des eaux au Sénégal, la SDE, pour ne pas la nommer, d’essayer de passer par les fenêtres après avoir été prié de manière transparente d’emprunter la porte de sortie de notre économie, que le chef de l’Etat, Son Excellence Macky Sall a décidé de porter sur les voies durables de l’émergence.
Il est temps que les partenaires que le Sénégal se choisit pour accompagner son développement économique et social, comprennent que notre pays a des institutions qui fonctionnent, et qu’elles le font en toute transparence, fortes des compétences avérées qui balisent leurs décisions. La SDE pense-t-elle que nos institutions comme l’ARMP sont de pacotilles, et que leurs décisions peuvent être tenues pour saugrenues ? Affaire n’a jamais été plus claire. En effet, dans une décision en date du 29 mai 2019, l'Armp a donné son verdict définitif : elle a débouté la SDE, réduisant en cendres tous les griefs brandis pour casser l'attribution provisoire du marché à Suez. Une décision, dont les conclusions déclinées en 19 points aboutissaient à déclarer au final, le recours de la SDE mal fondé et à le rejeter. Ce sont là les faits. Le reste n’est qu’enfumage et tentative de manipulation de l’opinion publique sénégalaise.
Tous les coups étant permis, des rumeurs sur une possibilité de corruption par Suez dont la fondation avait offert deux bennes tasseuses de seconde main à la ville de Saint-Louis, dont le maire était alors le ministre de l'hydraulique. Corrompu pour si peu ? Personne ne fut dupe.
Ces infox tendraient à faire oublier que le vrai débat est ailleurs. Pendant des années, la SDE a considéré les sénégalais comme des consommateurs soumis à leurs diktats et à leurs caprices. Pas d'investissements sur les infrastructures, une fourniture irrégulière d'eau, dont souvent la qualité dans nos maisons était impropre à la consommation, une facturation aléatoire et fantaisiste, une absence totale de visibilité des consommateurs sur la facturation, on s’en tiendra là, ne souhaitant pas « tirer sur une ambulance »....
Alors, ils brandissent les conditions d'attribution du marché, les qualifiant de douteuses, faisant mine d’ignorer que ceux qui ont la possibilité de casser l'attribution les ont déboutés.
Alors, ils lâchent leurs snipers médiatiques et depuis, signe de panique évident, la société Suez ne cesse de faire l’objet d’attaques. La société concurrente qui avait en charge la gestion de ce liquide précieux semble lui garder une dent à cause de cet important marché qu’elle lui a pris.
Pourquoi la SDE tente de faire croire aux populations Sénégalaises qu’un mauvais choix aurait été fait dans cette affaire ? Et ce, malgré le fait que le Comité d’évaluation des offres du ministère de l’Eau et de l’Assainissement ait confirmé, au cours du mois d’avril dernier l’attribution du marché de la distribution de l’eau potable en zones urbaines sénégalaises au français Suez. Ce, pour une durée de quinze ans. Une attribution qui passe plus pour une manière pour l'État sénégalais de se réapproprier ce qui lui appartient.
Avec Suez, les données ont changé, et une nouvelle clé de répartition des actions a été établie, retenant 45% pour Suez, 5% pour le personnel, 25% pour l'État et 25% au secteur privé sénégalais. Un partage qui, à coup sûr, profite plus aux Sénégalais qu’auparavant.
Les enjeux sont cruciaux, les choix qui soutiennent les objectifs à atteindre par Suez et l’Etat du Sénégal, ne sauraient souffrir de telles menées déstabilisatrices. Le temps était juste venu de procéder à un saut qualitatif en ce qui concerne la distribution de l’eau au Sénégal, ce qui fut fait. Le reste n’est que conjectures. « La bonne eau est tirée…il faut la boire ». Tchin-Tchin Suez !
DE DÉPITÉE À DÉPUTÉ
Marième Soda Ndiaye va suppléer Aïssata Tall Sall à l’Assemblée nationale. Pourtant, les deux n’étaient plus en odeur de sainteté depuis le ralliement de la présidente de Osez l’Avenir au camp présidentiel à la veille de la dernière présidentielle
Marième Soda Ndiaye va suppléer Aïssata Tall Sall à l’Assemblée nationale. Pourtant, les deux n’étaient plus en odeur de sainteté depuis le ralliement de la présidente de Osez l’Avenir au camp présidentiel à la veille de la Présidentielle du 24 février. La jeune de 27 ans était dépitée par cette décision qui lui avait fait «mal et honte». Le Quotidien a parcouru quelques échanges salés entre la future et l’ancienne députée. Elle sera la benjamine de l’Assemblée parce qu’elle n’a pas démissionné de la coalition.
C’est elle qui va suppléer Aïssata Tall Sall à l’Assemblée nationale. Marième Soda Ndiaye était, en effet, 3ème sur la liste nationale de Osez l’Avenir aux dernières Législatives. Mais sans doute, si c’était à refaire, cette fille de 27 ans n’aurait peut-être pas été à cette place. Le Quotidien a parcouru quelques échanges surprenants sur Facebook entre elle et les proches de celle qui est devenue aujourd’hui l’Envoyée spéciale du chef de l’Etat. A quelques encablures de l’élection présidentielle du 24 février, les bruits courent sur un ralliement imminent de Aïssata Tall Sall au camp présidentiel après que sa candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel pour défaut de parrainages. Le 2 janvier, celle qui vouait une affection presque démesurée à l’avocate est déçue et outrée au point de le partager sur sa page Facebook. «C’est surprenant et décevant que le parrainage nous prive d’une des meilleures candidatures pour la Présidentielle. Le courage, le patriotisme et la vision éclairée auraient fait de Aïssata Tall Sall la meilleure Présidente que le Sénégal n’ait jamais connue», avait-elle écrit.
Marième Soda Ndiaye n’a pas digéré le ralliement de ATS au camp présidentiel
Alors que nombre des candidats recalés devaient choisir parmi les 5 restants, le 28 janvier, des journaux annoncent que l’ancienne porte-parole du Parti socialiste va officialiser son soutien à Macky Sall dans la journée. Mais, Marième Soda Ndiaye ne veut pas y croire et publie un autre post avec une illustration saisissante de Me Sall devant un monument de Nelson Mandela. «Comme Madiba, Aïssata Tall Sall ne trahira pas l’Avenir», croit-elle. Justement, en début d’après-midi de ce 28 janvier, Aïssata Tall Sall officialise son alliance avec le Président sortant. Le lendemain, 29 janvier, Marième Soda Ndiaye revient alors sur sa page avec une déception et une devise de soldat sénégalais : «J’ai terriblement mal et honte, je l’avoue. Mais moi #MSN (ses initiales), je garderai toujours la tête haute car on me tue mais on ne me déshonore pas.» Ses «amis» compatissent et l’encouragent. Mais son mentor n’a pas apprécié ses mots pour exprimer son mal. «Marième, les vrais traîtres sont ceux qui font semblant d’être avec toi alors qu’ils t’ont quitté depuis longtemps. Voilà le visage à double face de Janus. Peut-être que dans mes leçons de vie, j’ai oublié de t’inculquer le courage en politique de ne jamais hurler avec les loups surtout quand ils sont juste idiots et méchants. Tu l’apprendras certainement là où tu as décidé d’oser ton avenir personnel. Je prie pour que ce ne soit pas à tes dépens», répliquait Aïssata Tall Sall sur la page de sa suppléante. D’autres membres de Osez l’Avenir dénoncent également le comportement de Marième Soda Ndiaye qui, selon eux, ne s’activaient plus dans la coalition depuis les Législatives de juillet 2017. Pour eux, elle voulait se «victimiser» alors qu’elle avait «trahi Aïssata depuis longtemps». Et depuis ces échanges peu amènes, Aïssata Tall Sall et Marième Soda Ndiaye ne se sont plus parlé.
«Je ne participe plus aux activités de Osez l’Avenir parce qu’on ne m’a pas convoquée depuis»
Joint par téléphone hier, la future députée dit n’avoir rien regretté de ses déclarations. «Je pouvais supprimer ces posts, mais je ne l’ai pas fait parce que j’assume mes positions et principes. Oui, je ne participe plus aux activités de Osez l’Avenir parce qu’on ne m’a pas convoquée à une seule réunion depuis. Cependant, j’ai de bonnes relations avec Aïssata Tall Sall. Ce n’est pas un débat aujourd’hui. Et puis la loi, c’est la loi. Je ne souhaite pas polémiquer.» Les proches de la nouvelle Envoyée spéciale du président de la République n’ont pas voulu en dire davantage. Aujourd’hui, le destin a fait que c’est la jeune activiste qui sera la benjamine de la 13ème Législature parce qu’elle n’a pas démissionné et n’attend que la notification du Bureau de l’Assemblée nationale pour être installée. Aïssata Tall Sall, qui était non-inscrite, ayant rejoint la majorité parlementaire, Marième Soda Ndiaye sera aussi sur la même ligne.
AÏSSATA TALL SALL, UNE POLITICIENNE TOUT EN ZIG-ZAG !
A force de ramer à contre-courant de ses idéaux, l’on en arrive à se demander si la nouvelle envoyée spéciale du chef de l'État est cohérente et conséquente avec elle-même
Me Aïssata Tall Sall est-elle cohérente dans sa démarche politique ? La question mérite d’être posée si l’on suit le parcours politique et les prises de position de la mairesse de Podor qui évolue de contradictions en contractions. A force de ramer à contre-courant de ses idéaux, l’on en arrive à se demander si Aïssata Tall Sall est cohérente et conséquente avec elle-même.
Incohérence ou absence totale de logique ? Ce sont ces interrogations qui viennent à l’esprit si l’on suit la démarche politique de la députée Aïssata Tall Sall nommée nouvelle Envoyée spéciale du président Macky Sall. Le 10 avril 2016, dans la ville des Mureaux, en France, l’avocate sort du bois et déclare ce qui suit et qui avait valeur de rébellion : « le Parti Socialiste ne sera plus un comprimé aspirine à dissoudre dans le verre de Macky. Quelle que soit la situation, le Ps aura son candidat en 2019 » assurait la mairesse de Podor.
Le 24 avril 2016, dans l’émission « Objection » de Sud Fm, l’alors égérie du Parti socialiste pimente encore le « Macky » en appelant à l’évaluation du compagnonnage entre cette formation et l’Alliance pour la République (APR) au sein de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. La teigneuse avocate indiquait en effet que le Ps n’a pas pour vocation de tenir la sacoche de l’Apr. Mieux, elle estimait qu’il doit mettre fin au dit compagnonnage, s’il le faut, « car cela n’a abouti à rien de concret ». De son point de vue, son parti devait mettre en place un projet politique pour aller à la reconquête de la confiance des Sénégalais. Me Aïssata Tall Sall disait regretter que les fruits du compagnonnage entre le Ps et l’APR n’aient pas tenu la promesse des fleurs.
Pour cause, avait-elle expliqué, le parti du président Senghor s’était affaibli à l’intérieur de la coalition Bby. « La vocation du Ps n’est pas de tenir la sacoche de l’APR, mais c’est d’être un parti qui doit aller à la conquête du pouvoir. Nous avons été dans cette coalition jusque-là, nous n’avons pas vu, pendant tout ce compagnonnage, ce que nous, nous avons pu apporter de significatif et de déterminant qui était pris en compte. Pourquoi allons-nous continuer à le faire ? Si pour nous, notre vocation c’est de gérer le Sénégal, il faut arrêter, mettre en place un projet politique, notre programme pour le Sénégal et le soumettre au peuple sénégalais», avait déclaré l’ancienne challenger d’Ousmane Tanor Dieng au dernier congrès de renouvellement des instances du Ps. « Il faut que le parti revienne à lui-même et arrête d’emprunter le chemin qui n’est pas le sien. Le Ps doit reconquérir la confiance du peuple sénégalais.
Et s’il le faut, il doit mettre fin à son compagnonnage avec Bennoo Bokk Yaakaar, car cela n’a abouti à rien de concret », insistait encore Me Aïssata Tall Sall lors de cette émission politique de la radio Sud Fm. Un mois auparavant, Me Aïssata Tall Sall avait pris le contrepied du défunt secrétaire général de son parti, Ousmane Tanor Dieng, et attaqué le président Macky Sall. C’était le 21 février 2016. Se prononçant sur le respect de l’engagement de ce dernier de réduire la durée de son mandat à cinq ans contre sept auxquels il avait droit, l’ancienne ministre de la Communication du président Abdou Diouf soutenait que « la parole publique vaut plus que l’écrit. Macky devait respecter son engagement » d’autant que « le Conseil constitutionnel a rendu un avis » qui ne le lie pas.
Très en colère, Me Aïssata Tall Sall concluait que le référendum de cette année-là n’avait plus de sens parce que le peuple n’a pas été entendu alors que c’est lui qui devrait arbitrer la réduction du mandat. La nouvelle Envoyée Spéciale du président de la République ne s’en était pas arrêtée là. Elle avait même craché sur le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct) qu’elle considérait comme une sorte de salmigondis. Autrement dit, des restes de tout. « Un peu de salade, un peu d’oignon, un peu de choux, un peu de carotte. C’est cela le salmigondis. Personnellement, j’ai rêvé d’autres choses pour lui (Tanor). Même si, peut-être, les circonstances l’amènent à se contenter de cela. Quand on a voulu pour lui président de la République et que ce n’était pas possible, on a pensé Premier ministre et que ce n’était pas possible, on a pensé président de l’Assemblée nationale et que ce n’était pas possible, je disais : «Il n’a qu’à rester le conseiller officieux de Macky et qu’il soit entouré de ce halo de mystère et de pouvoir. Aujourd’hui, c’est tout cela qui est percé », attaquait Me Tall Sall lors d’une interview accordée en novembre 2016 à nos confrères du journal « Le Quotidien ».
La « lionne du Fouta » ne s’en était pas arrêtée là. Elle était allée jusqu’à claquer la porte de « Verts » de Colobane. Elle « Ose » ensuite l’avenir en posant sa candidature à la présidentielle de 2019 avant d’être recalée pour n’avoir pas eu le nombre de parrainages requis.
La grande déception
Aimée et respectée des Sénégalais pour son engagement et son opposition pugnace au régime de Benno Book Yaakar, Me Aïssata Tall allait surprendre son monde en décidant, à quelques jours de l’élection présidentielle de février dernier, de rejoindre la nouvelle majorité présidentielle et son candidat Macky Sall. « Notre coalition est en phase avec elle-même, avec ce qu’elle croit être l’intérêt du Sénégal […]. Voilà pourquoi nous avons décidé, de façon consciencieuse, méticuleuse, studieuse, de soutenir le candidat Macky Sall », avait-elle annoncé lors de sa conférence de presse du 28 janvier 2019. L’ancienne porte-parole du Parti socialiste qui avait été pourtant exclue de la formation en décembre 2017, en même temps que 64 militants dont Khalifa Sall, Bamba Fall (maire de la Médina) ou Barthélémy Dias (maire de Mermoz-Sacré-Coeur), pour s’être montrée hostile à l’alliance nouée par son parti avec Macky Sall, venait de décevoir cette même opinion publique qui l’admirait jusque-là. Elle qui avait par la suite exhorté Khalifa Sall à « prendre ses responsabilités » pour se lancer à l’assaut du pouvoir, avait été traitée de tous les noms d’oiseaux lors de son retournement de robe.
Elle « trahit » Khalifa et obtient sa part du gâteau
Enième incohérence de la mairesse de Podor. Me Aïssata Tall poussera ainsi l’ancien maire de Dakar dans la gueule du loup avant de lui tourner le dos. Depuis la présidentielle, elle s’était à ce point effacée de l’espace politique que des internautes avaient lancé des avis de recherche pour la retrouver. Mais le moins que l’on puisse dire est que sa « traitrise » à l’endroit de ses anciens compagnons d’infortune du PS semble être payante. Car, elle a été nommée, le jeudi 07 novembre dernier, par décret, Envoyée spéciale du président de la République, en remplacement de Mme Aminata Touré, actuelle présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ainsi va la politique sous nos cieux avec de spectaculaires retournements de vestes. Pardon, de robes !
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LE 20H DE LA RTS Lundi 11 Novembre 2019AVEC PAPE BOUNA THIAW
CELEBRATION ARMISTICE : les poilus se souviennent- Can 2024 : les lions affutent leurs armes
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Par Dr Babacar DIOP,
LA FETICHISATION DU POUVOIR EN AFRIQUE : L’EXEMPLE DE LA GUINEE
Alpha Condé, arrivé au pouvoir à un âge fort avancé, après plusieurs décennies passées dans l’opposition, apparaît comme un nouveau Bâsi des temps modernes
L’Afrique est encore frappée par ce que le philosophe sénégalais Djibril Samb appelle le «syndrome Bâsi », une maladie qui affecte dangereusement les chefs d’État africains et qui est pire que l’épidémie de l’Ébola. Bâsi était un souverain de l’empire du Ghana qui arriva au pouvoir à un âge assez avancé ; frappé de cécité qu’il dissimula, il s’accrocha au pouvoir avec la complicité de son entourage en usant de toutes sortes de subterfuges (D. Samb, L’Afrique dans le temps du monde, 2010, p.91).
Le pouvoir est une drogue qui fait perdre la raison. Des chefs d’État africains découvrent subitement, avec déraison, qu’ils sont irremplaçables et nourrissent la folle ambition de régner à vie sur leur pays. Ils sont prêts à tout, au nom disent-ils de l’intérêt supérieur de leur pays : ils tuent des enfants, massacrent leur peuple, emprisonnent des innocents pour satisfaire des ambitions démesurées et démoniaques. Ils prétendent à terminer les projets qu’ils sont les seuls à pouvoir achever.
C’est dans cette logique que Djibril Samb explique cette maladie contagieuse et mortelle des hommes politiques africains : « Ce syndrome consiste, pour ces chefs d’État […], même parvenus démocratiquement au pouvoir, à capturer l’appareil d’État, à vassaliser toutes les institutions, à concentrer tous les pouvoirs entre leurs mains et celles de leurs familles, avant d’instituer une espèce de « royauté barbare » d’extraction tyrannique fondée sur le règne du pouvoir personnel. Ce syndrome est d’autant plus justement nommé que certains chefs d’État africains, n’ayant pourtant exercé le pouvoir au plus que quelques années, se découvrent subitement irremplaçables »
(L’Afrique dans le temps du monde, p.92). Le syndrome Bâsi constitue une politique du pire qui repose sur la violence brutale et une concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un individu omnipotent qui devient l’alpha et l’oméga de tout un peuple soumis à ses désirs, fantasmes et caprices les plus burlesques. À titre d’illustration, le président Alpha Condé, arrivé au pouvoir à un âge fort avancé, après plusieurs décennies passées dans l’opposition, apparaît comme un nouveau Bâsi des temps modernes. Frappé de cécité politique, il utilise la violence contre son peuple pour s’accrocher à un pouvoir personnel et clanique qui a tourné le dos au peuple guinéen depuis longtemps. Ses partisans entonnent la chanson déjà entendue ailleurs: « la Guinée a besoin du Pr Alpha Condé, il faut le laisser terminer ses chantiers pour le grand bonheur du peuple guinéen ».
C’est pourquoi, F. Mitterrand avait bien raison de dire : « Il y a toujours une clientèle pour les dimensions hors série » (Le coup d’État permanent, 2010, p.109). Alpha Condé ne reculera devant aucune honte, il tuera pour le pouvoir, il piétinera le peuple pour conserver les privilèges égoïstes de son clan politique. L’Afrique est malade de ses dirigeants ! C’est la raison pour laquelle, « la question fondamentale qui se pose à l’Afrique […] demeure celle de son leadership politique » (D. Samb,
L’Afrique dans le temps du monde, p.9). Les manifestions organisées à Conakry et à l’intérieur du pays, entre le 14 et 16 octobre par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ont déjà fait onze morts, une centaine de blessés dont certains sont dans un état critique et plus de deux cents arrestations. Malgré cette situation chaotique, Alpha Condé refuse d’entendre la voix de la raison ; il est décidé à aller jusqu’au bout de sa logique meurtrière du troisième mandat en marchant sur des cadavres. Le peuple de Guinée a trop souffert pour supporter à nouveau qu’on sacrifie innocemment ses enfants. Il faut préserver le sang sacré des guinéens.
A-t-on oublié le massacre du 28 septembre 2009 qui a fait plus de 150 morts ? A-t-on oublié la douleur des femmes violées dans l’enceinte du stade du 28 septembre de Conakry ? A-t-on besoin de rappeler toutes les luttes du peuple guinéen pour la démocratie et la dignité ? A-t-on rangé aux oubliettes le rôle pionnier et héroïque de la Guinée dans les indépendances africaines. Il est évident qu’Alpha Condé refuse de marcher dans le sens de l’histoire, il veut replonger la Guinée dans les ténèbres à ce moment décisif de son histoire. Malgré la grande défaillance d’un homme face à sa population, la belle jeunesse de Guinée est décidée à marcher dans le sens l’histoire. Elle assure la résistance populaire pour arrêter la révision constitutionnelle qui ouvrirait à Alpha Condé la voie à une candidature et à un troisième mandat au forceps.
Saint Just disait, avec son cœur plein de jeunesse dans son Discours sur la Constitution de France : « La liberté d’un peuple est dans la force et la durée de sa constitution ; sa liberté périt toujours avec elle, parce qu’elle périt par des tyrans qui deviennent plus forts que la liberté même » (Œuvres complètes, 2004, p.539). Au regard de l’idéal de démocratie que nous souhaitons en Afrique, la jeunesse doit soutenir ce noble combat pour dissuader d’autres « Bâsi » en puissance qui observent avec intérêt l’évolution de la situation en Guinée.
Sans aucune hésitation, les peuples africains doivent adopter des positions radicales contre les chefs d’État qui seraient tentés par l’idée d’un troisième mandat, en violation flagrante de la Constitution de leur pays. C’est l’occasion d’inviter la jeunesse africaine à s’inspirer de ces propos pleins d’enthousiasme, d’engagement et d’actualité du jeune Abraham Lincoln de Springfield qui venait d’entrer en politique ; il disait à ses compatriotes américains dans un discours du 27 janvier 1838, à la veille de son vingt-neuvième anniversaire: « [Que chaque amoureux de la liberté, que tout citoyen qui veut le bien de sa postérité jure, au nom du sang versé par la révolution, de ne jamais violer en quoi que ce soit les lois du pays et de ne jamais tolérer que d’autres les violent. […], que chaque [citoyen] accepte de soutenir la Constitution et les lois au prix de sa vie, de ses biens et de son honneur sacré ; qu’aucun n’oublie que transgresser la loi, c’est piétiner le sang de son père et mettre en lambeaux sa propre liberté comme celle de ses enfants. […]
Bref que [le respect de la loi] devienne la religion politique de la nation ; que les anciens et les jeunes, les riches et les pauvres, les esprits graves et les êtres joyeux, quels que soient leur sexe, leur langue, leur couleur, leur condition, ne cessent jamais de lui offrir des sacrifices sur les autels qui sont les siens » (Le pouvoir des mots. Lettres et discours, 2009, pp.20-21). Alpha Condé, un passionné de pouvoir absolu en arrive à se considérer comme la source légitime du pouvoir, oubliant que la légitimité émane de la volonté de la communauté politique. Pour cet hom
me, sa propre volonté et la volonté particulière du clan au pouvoir deviennent la volonté générale. C’est ce processus de corruption de la politique qui coupe la légitimité de sa source originaire (la communauté) que le philosophe argentin Enrique Dussel appelle la « fétichisation du pouvoir », c’est-à-dire, son absolutisation, et sa divinisation. La fétichisation du pouvoir est la manifestation de la corruption la plus achevée de la politique.
Ainsi, les représentants cessent de représenter le peuple pour incarner des intérêts particuliers, les intérêts du groupe au pouvoir et des lobbies qui les soutiennent. Le pouvoir se corrompt quand il dévie de sa fonction première qui est d’obéir à la volonté générale de la communauté politique. En ce sens, E. Dussel soutient : « La corruption originaire du politique, que nous nommerons le fétichisme du pouvoir, consiste en ce que l’acteur politique (les membres de la communauté politique, qu’ils soient citoyens ou représentants) croit pouvoir affirmer que sa subjectivité propre ou l’institution dans laquelle il accomplit une fonction (et qui lui permet donc d’être appelé « fonctionnaire », qu’il soit président, député, juge militaire policier, est le siège ou la source du pouvoir politique.
Ainsi, par exemple, l’État qui s’affirme comme souverain, comme l’instance ultime du pouvoir, représente le fétichisme du pouvoir de l’État et la corruption de tous ceux qui prétendent exercer le pouvoir étatique ainsi défini » (Vingt thèses de politique, 2018, p.29-30). Celui quit nie son peuple s’affirme lui-même comme maître absolu et se divinise. Ainsi, le pouvoir est considéré comme une idole à laquelle on sacrifie la vie du peuple qui devient un instrument, un objet, c’est-àdire une chose. Le pouvoir fétichisé est un pouvoir corrompu, coupé des préoccupations du peuple pour satisfaire des intérêts particuliers ; c’est aussi un pouvoir oppressif qui use des formes les plus brutales de la violence.
Alpha Condé croit exercer le pouvoir par son « autorité autoréférentielle » (E. Dussel, Vingt thèses de politique, p.30), c’està-dire référée à lui-même, oubliant la communauté politique, « l’instance ultime » qui est la seule source du pouvoir légitime. Alpha Condé, candidat au pouvoir absolu, devient à lui seul toute la Guinée, sa volonté particulière vaut la volonté générale du peuple. Ainsi le pouvoir en Guinée se corrompt, se fétichise, s’absolutise et se tyrannise. Le pouvoir fétichisé est un pouvoir despotique qui use de la violence pour exercer sa domination sur le peuple. Il ne consiste plus en un exercice délégué par la communauté, mais plutôt en une dictature qui persécute le peuple afin d’assouvir les ambitions particulières et égoïstes d’une oligarchie politique corrompue. Dans un tel schéma, ceux qui s’opposent à l’oppression sont persécutés et réprimés jusqu’à la mort. Ainsi, le pouvoir fétichisé se nourrit du sang de ceux qui résistent.
Le peuple doit faire face au monstre afin de construire un nouvel ordre qui consacre la volonté de la communauté. En Afrique, il est temps que les despotes comprennent que le peuple est le seul détenteur légitime du pouvoir. La Guinée doit user de tous les moyens pour se libérer de cette nouvelle domination. Devant un Bâsi infirme et assoiffé de pouvoir absolu, il faut un peuple éveillé et prêt à défendre sa liberté à tout prix. En vérité, « un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi » (Le coup d’État permanent, 2010, p.238). Aujourd’hui, la Guinée engage la lutte pour sa « Seconde Émancipation » ; ce noble combat mérite une solidarité continentale. Pour conclure, les onze victimes des manifestations du 14 au 16 octobre 2019 doivent être élevées au rang de martyrs de la démocratie. À leur endroit, nous prononçons ces vers de Senghor remplis symboles : « Non, vous n’êtes pas morts gratuits. Vous êtes les témoins de l’Afrique immortelle /Vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera demain » (L.S. Senghor, Œuvre poétique, 1990, p.95). La jeunesse africaine est invincible.
Dr Babacar DIOP,
Enseignant-chercheur au département de Philosophie de l’université Cheikh anta DIoP babacar.diop1@gmail.com
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"JE DÉNONCE LE HARCÈLEMENT JUDICIAIRE CONTRE L'ADVERSAIRE POLITIQUE QUE JE SUIS"
L'ex-chef des "Jeunes patriotes" ivoiriens, Charles Blé Goudé, en liberté conditionnelle au Pays-Bas dans l'attente d'une décision de la CPI, a affirmé dans un entretien à France 24 faire l'objet de "harcèlement judiciaire"
L'ex-chef des "Jeunes patriotes" ivoiriens, Charles Blé Goudé, en liberté conditionnelle au Pays-Bas dans l'attente d'une décision de la CPI, a affirmé dans un entretien à France 24 faire l'objet de "harcèlement judiciaire".
Charles Blé Goudé estime faire l'objet de "harcèlement judiciaire". Dans un entretien diffusé lundi 11 novembre sur France 24, l'ex-chef des "Jeunes patriotes" ivoiriens, a assuré que l'on tentait de "l’empêcher de participer aux débats politiques de son pays" et de s’impliquer dans la campagne présidentielle de 2020.
"On ne peut pas éternellement utiliser l’appareil judicaire pour faire aboutir un agenda politique. Même Félix Houphouët-Boigny ne l’a pas fait", a-t-il poursuivi, visant le président ivoirien Alassane Ouattara.
L’ancien bras droit de Laurent Gbagbo sera jugé par un tribunal criminel à Abidjan pour des crimes présumés commis entre 2010 et 2011. Il a été acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale et est actuellement en liberté conditionnelle aux Pays-Bas, en attendant l’examen de l’appel de la procureure par la CPI.
Blé Goudé a été élu en août à Abidjan à la tête de son parti et ne cache pas ses ambitions présidentielles. Il était dans les années 2000 surnommé "le général des rues" pour sa capacité à mobiliser les partisans du président de l'époque, Laurent Gbagbo, grâce au mouvement des Jeunes patriotes, souvent qualifié de milice.
Ses détracteurs et les ONG internationales considèrent qu'il a été un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d'Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales ayant fait plus de 3 000 morts.
«LE PAYS VA DANS LE GOUFFRE»
Interpellé sur les 55 milliards de FCFA que le Sénégal vient de lever sur le marché de l’Uemoa, Meissa Babou s’en désole et cloue au pilori Amadou Ba, qui a pourtant été alerté aux fins de limiter les interminables Eurobonds levés sur le marché financier
Lever 55 milliards sur le marché financier pour une grande entreprise, à fortiori , un Etat n’est pas de la mer à boire. Mais le Sénégal sous ajustement, qui a fait l’effort d’augmenter les prix de quelques produits à la consommation et de baisser quelques dépenses, sous la houlette de la Banque mondiale pour le rééquilibrage des comptes du Trésor public doit nécessairement arrêter tous les projets qu’il finance et surtout ne pas engager d’autres. C’est ce que préconise l’Economiste Meissa Babou pour faire face aux engagements exigibles.
L’économiste Meissa Babou, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) interpellé sur les 55 milliards de francs CFA que l’Etat du Sénégal vient de lever sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), s’en désole et cloue au pilori l’ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Plan Amadou Ba, qui a pourtant été longtemps alerté par les avisés aux fins de limiter les interminables Eurobonds levés sur le marché financier. Pour s’en convaincre, il a tenu à rappeler ceci : «Six (06) mois avant la dernière présidentielle, alors invité à Sud Fm je parlais déjà d’une banqueroute si l’on n’arrêtait pas le ministre Amadou Ba. Aujourd’hui, le temps m’a donné raison. Nous sommes en train de subir les conséquences des actions d’autorités qui ne comprennent que dalle». A l’en suivre: «Le ministre a enfoncé le pays dans des projets inutiles comme le Train Express régional, l’autoroute Ila Touba…». De mémoire, convoque l’économiste pour étayer son propos. «La Banque mondiale a toujours conseillé le Sénégal. Par exemple avec le Ter, la Banque mondiale n’était pas d’accord. Et quand le Sénégal a levé 1200 milliards sur le marché financier, la Banque mondiale avait recommandé à celui-ci (Sénégal) de garder la moitié pour 2019. Mais, Amadou Ba répondait en ces termes: Nous sommes un pays souverain».
Le Sénégal sera absent sur le marché financier pour un temps
Cette posture assez dommageable, fait-il savoir, «nous a amené à payer cash. Aujourd’hui, nous en sommes à une situation de déséquilibre budgétaire, voire de déficit budgétaire. Et lorsque le pays est dans une telle situation, la Banque mondiale vous freine». D’ailleurs, ajoute-t-il: «Le Sénégal ne pourra plus aller sur le marché financier sans autorisation du Fonds monétaire international (Fmi). Nous sommes sous-ajustement. Parce que nous sommes incapables de payer la dette. Et tant que cette situation n’est pas réglée, aucun accès au marché financier ne sera autorisé par le Fmi».
Le social freine le développement
Selon l’économiste, «notre développement est freiné par le social. Et ce qui est dommage dans cette affaire, c’est le mal-vivre noté chez les Sénégalais. Les Sénégalais ne se retrouvent plus parce qu’au niveau social, la situation est difficile au niveau des écoles, des hôpitaux, et particulièrement pour les universités. Par exemple, cette année, l’Etat aura de sérieux problèmes pour orienter tous les nouveaux bacheliers dans les universités. Parce que les universités ne sont pas capables d’absorber tous ces bacheliers».
Tous les projets doivent être arrêtés, excepté les projets clés en main
A la situation actuelle, l’économiste préconise ceci: «Tous les projets où l’Etat finance doivent être arrêtés. Et seuls les projets financés clés en main doivent continuer». Et de dire dans la foulée : «Aujourd’hui encore, l’Etat engage un projet social appelé Bus Rapid Transit (Brt) sans avenant de 300 milliards de francs CFA, lequel sans doute arrivera à plus de 600 milliards. Nous l’avons vu avec le Train Express Régional (Ter) qui, au départ tournait autour de 800 milliards, mais aujourd’hui il avoisine plus de 1500 milliards». Aujourd’hui, conseille-t-il: «Le seul projet bon, c’est le projet Ila Kaolack. Parce que ce sont les Chinois qui financent clé à main».
L’absence de planification est contre performante
Très déçu par cette situation, Meissa Babou dira: «Il n’y a aucune planification dans nos politiques publiques. Les gens font des projets par copinage à l’image du projet Ter. Donc, pas même de vision. Ce sont des investisseurs qui viennent nous faire des propositions comme ça. Et très souvent, ces projets ne rentrent pas dans notre vision de développement». Et l’économiste de déconseiller: «Il faut que les gens arrêtent d’engager l’Etat dans des projets où le seul but visé est l’intérêt personnel. Tout doit être planifié avant. Ce qui n’est pas le cas pour bon nombre de projets engagés ».
MOMAR DIONGUE «TRAHIT» LE SECRET DE MACKY
«Le chef de l’Etat est en train de se renforcer, de créer un vaste mouvement autour de sa personne et cela, bien avant l’élection présidentielle. Je dirais même que cette dynamique a commencé au Conseil des ministres décentralisé tenu à Kaffrine.
Alors que les supputations vont bon train au sujet des motivations réelles du chef de l’Etat qui, au moment où il semble bannir toute discussion au sein de camp concernant le troisième mandat, procède au renforcement de sa coalition par la promotion des alliés de la dernière heure. Momar Diongue, journaliste et analyste politique, interpellé par la rédaction de Sud quotidien, souligne que le président Sall après avoir martyrisé l’opposition durant son premier mandat, est en train de l’amadouer soit pour se baliser la voie du troisième mandat le moment venu, soit pour créer un vaste rassemblement pour son futur dauphin.
«Le chef de l’Etat est en train de se renforcer, de créer un vaste mouvement autour de sa personne et cela, bien avant l’élection présidentielle. Je dirais même que cette dynamique a commencé au Conseil des ministres décentralisé tenu à Kaffrine.
En marge de cette rencontre, il avait dit qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression. C’est le premier repère qui explique à mon avis cette dynamique. J’y reviendrais tout à l’heure. Le deuxième repère, ce sont les élections législatives de juillet 2017 où le président Macky Sall s’est rendu compte que sa coalition, Benno Bokk Yaakaar, était en train de s’affaiblir ou de s’essouffler. Car, au sortir de ces législatives, il avait à peine 51% des suffrages même si le mode de ce scrutin lui a permis d’avoir une majorité avec énormément de départements qu’il a remportés. Mais toujours côté suffrages, il était quasiment titillé par l’opposition/ C’est pourquoi il a senti la nécessité de renforcer la coalition Bby. Et si vous souvenez bien, c’est au sortir de ces législatives qu’il à commencé à faire appel à ses anciens frères libéraux : Modou Diagne Fada, Farba Senghor, Pape Samba Mboup, Souleymane Ndènè Ndiaye, Serigne Mbacké Ndiaye qui l’ont tous rejoint pour élargir les base de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour aller vers une grande coalition présidentielle. Donc, c’est depuis cette élection qu’il s’est lancé dans cette dynamique.
Maintenant, je l’ai évoqué un peu plus haut, je considère le Conseil des ministres décentralisé de Kaffrine comme étant le premier repère de cette dynamique de renforcement du président Sall tout simplement. Si vous vous rappelez de la déclaration du chef de l’Etat, lui-même disait qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression. Et dans sa démarche, il a fait recours à deux stratégies dont la première a été utilisée durant son premier mandat où il était question pour lui de ne pas faire de quartier à l’opposition. C’est la raison pour laquelle il l’a martyrisée à l’époque. Ceux qui avaient des velléités pour entraver son chemin pour le second mandat, on a vu le sort qui leur a été réservé. Certains sont allés en prison comme Khalifa Ababacar Sall à la faveur de l’affaire dite de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, Karim Wade avait fait les frais de la Crei, le Pds a vu énormément de ses responsables arrêtés et emprisonnés au point qu’il soit obligé de se concentrer sur leur libération plutôt que penser à se massifier et à s’organiser. Ensuite, il a réussi à travers la loi sur le parrainage à faire invalider les candidatures de certains ténors de l’opposition dont Malick Gakou, Pape Diop, Hadjibou Soumaré, Aïda Mbodj pour ne citer que ceux-là. Donc, il avait réussi à martyriser l’opposition et ne lui donner aucune chance de pouvoir entraver son chemin pour le second mandat. Ça, c’est la méthode du premier mandat».
«AMADOUER L’OPPOSITION POUR SE BALISER LA VOIE DU TROISIEME MANDAT, LE MOMENT VENU»
Maintenant, contrairement à cette méthode pour le second mandat, il amadoue l’opposition et c’est ce qui l’a amené à donner quelques sucettes à ceux qui étaient dans le camp de l’opposition et qui ont finalement décidé de le rejoindre. C’est le de Cheikh Tidiane Gadio récemment élevé au rang de vice-président de l’Assemblée nationale, Aïssata Tall Sall nommée Envoyée spéciale du président de la République. Auparavant, il a fait la même chose avec le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Balde mais aussi avec Thierno Lô nommé président du conseil d’administration de la société chargée de la gestion du Ter (Train express régional). Donc après avoir martyrisé l’opposition durant son premier mandat, Macky Sall est en train de l’amadouer. Puisqu’il a non seulement nommé certains de ses frères libéraux, il a scellé ses retrouvailles avec le président Wade. Il a aussi permis la libération de Khalifa Ababacar Sall par le biais d’une grâce présidentielle. Et enfin, il a tendu la main au reste de l’opposition pour entrer dans le cadre du dialogue politique. Donc, la méthode utilisée par le président Sall durant son premier mandat est contraire à celle qu’il est en train d’utiliser actuellement pour créer un vaste mouvement autour de sa personne mais pour quelle finalité. À mon avis, je pense que cette finalité peut être double puisque le président Sall sait que le débat sur le troisième mandat va fortement finir sur une question de rapport de forces. Et s’il travaille pour avoir l’essentiel de la classe politique autour de lui, peut être qu’il lui sera beaucoup plus facile, le moment venu, d’aller vers un troisième mandat si c’est vraiment dans ses intentions».
«UN VASTE RASSEMBLEMENT (...) POUR SON DAUPHIN»
«L’autre possibilité, c’est de créer un vaste rassemblement autour de sa personne pour éventuellement que tous ses souteneurs aillent dans le sens qu’il leur indiquera au moment où il choisira son dauphin. Tout simplement parce qu’il sait que ce dernier (dauphin) aura besoin d’une grande majorité présidentielle pour pouvoir éventuellement passer parce que ce dauphin n’aura pas le temps d’ici là de peaufiner un coefficient personnel, d’asseoir sa notoriété, de se préparer à temps et d’avoir un appareil. Donc, soit Macky Sall travaille pour lui-même dans la perspective d’un troisième mandat pour qu’au moment où il en aurait l’intention, qu’il n’y ait pas une opposition farouche pour l’empêcher et que la majorité présidentielle soit suffisamment forte afin que le rapport de forces lui soit favorable. Ou bien il travaille à créer un vaste mouvement pour son dauphin».