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4 mai 2025
Politique
AMINATA TOURE DÉNONCE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE DÉGUISÉE DE MACKY SALL
Macky Sall et son gouvernement ont entamé une tournée dite économique dans la région de Kédougou depuis lundi, une visite qui s’achèvera demain mercredi
Le président de la République, Macky Sall, et son gouvernement ont entamé une tournée dite économique dans la région de Kédougou depuis lundi, une visite qui s’achèvera demain mercredi.
Cependant, cette visite n’a pas fait l’unanimité, notamment auprès de l’ex-Premier ministre Aminata Touré. Selon elle, cette tournée présidentielle est davantage une opération de séduction politique qu’une réelle action pour résoudre les problèmes prioritaires du pays. Elle affirme que le président Macky Sall devrait mettre fin à cette “campagne électorale déguisée” et se concentrer sur des enjeux nationaux plus urgents.
GUY MARIUS SAGNA DE RETOUR AU SÉNÉGAL APRÈS UNE TOURNÉE INTERNATIONALE EN SOUTIEN À SONKO
Entre conférences, rencontres avec des élus et émissions TV, Guy Marius Sagna a sillonné l'Europe, l'Afrique et le Maghreb pour porter le message de Pastef
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/11/2023
Dans un long communiqué publié à son retour au Sénégal après plus de deux mois à l'étranger, le député de l'opposition Guy Marius Sagna détaille les faits d'armes de sa tournée de propagande en faveur d'Ousmane Sonko.
Entre visites dans 10 pays et 26 villes, meetings, conférences et rencontres avec des élus, l'activiste a sillonné l'Europe, l'Afrique du Sud et le Maroc pour vanter la candidature du leader de Pastef à la présidentielle de 2024.
"En deux mois et 6 jours passés hors du Sénégal, j'ai été invité dans 10 pays: Belgique, Espagne, Suisse, France, Suède, Luxembourg, Italie, Maroc, Afrique du Sud, Hollande", affirme fièrement Guy Marius Sagna.
Il a tenu à saluer "les coordinations de Pastef des 10 pays et les sections de Pastef des 26 villes qui m'ont invité", preuve selon lui de l'envergure du mouvement sonkiste à l'international.
Durant sa tournée, le député a pris part à "28 conférences, 09 rencontres avec des élus de 09 villes, 11 rencontres avec des associations" et participé à des émissions TV.
Convaincu de la victoire annoncée de Sonko, Guy Marius Sagna conclut : "Je suis de retour pour terminer avec vous notre mission : libérer Ousmane Sonko et les plus de mille détenus politiques, élire Ousmane Sonko 5e président de la République du Sénégal, libérer le Sénégal et l'Afrique."
Une tournée chiffrée et revendiquée comme étant la preuve de l'implantation internationale de Pastef, dont le candidat désigné ne fait aucun doute pour ses partisans.
SONKO TRANSFÉRÉ À LA PRISON DU CAP MANUEL
Depuis la prison de Sébikotane puis l'hôpital, le leader de Pastef est à présent détenu au Cap Manuel. Mais son statut de candidat arbitrairement emprisonné reste inchangé pour ses partisans
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/11/2023
Le leader du parti Pastef Les Patriotes, Ousmane Sonko, a été transféré lundi soir à la prison du Cap Manuel, selon des informations relayées par des responsables de l'opposition.
C'est le député Cheikh Thioro Mbacké qui a révélé l'information sur sa page Facebook. Dans son post, il indique que ce transfert a été effectué "sans que son médecin personnel ne soit mis au courant".
Cependant, le parlementaire précise que la direction de l'administration pénitentiaire "a exaucé le souhait de Sonko" en procédant à ce déplacement. "La Direction de l’Administration pénitentiaire a par ailleurs jugé plus prudent de le déplacer tout près à la prison du Cap Manuel pour qu’il puisse avoir ses soins à temps", ajoute Cheikh Thioro Mbacké.
Cette information a été confirmée par El Hadji Malick Ndiaye, de la cellule communication de Pastef. "Oui le président Ousmane Sonko a été transféré au Cap Manuel", a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Avant de souligner que ce changement de lieu de détention ne change rien à la situation du leader de l'opposition : "Mais qu’ils sachent que Cité Keur Gorgui, Sebikotane, Hopital Principal, Cap Manuel, quel que soit son lieu de détention le résultat est le même : le président Ousmane Sonko reste un candidat favori à l’élection présidentielle arbitrairement détenu et privé de ses droits par ses adversaires politiques".
Ce transfert à la prison du Cap Manuel, située plus près de Dakar, permettra certainement à Ousmane Sonko d'être plus accessible à ses médecins traitants, alors qu'il avait été précédemment évacué à l'hôpital pour de graves problèmes de santé, à en croire ses conseils.
VERS LA MISE EN PLACE D’UNE STATION D’OBSERVATION SPATIALE A KEDOUGOU
Le président de la République, Macky Sall, a annoncé que la région de Kédougou pourrait accueillir la station d’observation spatiale que l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) envisage de mettre en place
Kédougou 14 nov (APS) – Le président de la République, Macky Sall, a annoncé que la région de Kédougou pourrait accueillir la station d’observation spatiale que l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) envisage de mettre en place dans le cadre d’un projet global de recherche astronomique et de surveillance de l’espace.
»Au moins votre avantage, c’est d’avoir les reliefs les plus élevés du Sénégal. Donc, avoir une station d’observation à Kédougou, peut-être dans le département de Saraya, aurait du sens », a-t-il déclaré lors d’un conseil présidentiel pour le développement territorial de Kédougou.
Macky Sall précise que l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) a prévu la construction d’un observatoire équipé d’un télescope, le premier appareil du genre qui sera acquis par le Sénégal.
Il s’est engagé à créer les conditions d’un développement harmonieux pour la région de Kédougou.
Le président de la République, Macky Sall, a annoncé en mars dernier sa décision de créer l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), qui sera, selon lui, ‘’un véritable levier pour davantage de découvertes de l’univers’’.
“J’ai décidé de créer l’Agence sénégalaise d’études spatiales sur laquelle j’ai échangé depuis plus d’un an avec Maram Kaïré au cours de nos rencontres”, a-t-il déclaré, à la fin de la projection en avant-première du film documentaire “Star chasers of Sénégal” (Chasseurs d’étoiles au Sénégal) au Grand théâtre national.
Ce film, réalisé par Ruth Berry et coproduit par la télévision scientifique américaine “Nova-PBS” et la société “Terra Mater” de Vienne, en Autriche, retrace la contribution du Sénégal dans les missions scientifiques de la NASA, en racontant l’histoire de l’astronomie africaine à travers l’astronome sénégalais Maram Kaïré.
L’Agence sénégalaise d’études spatiales est dirigée par l’astronome sénégalais Maram Kaïré. M. Kaïré est également un expert en ingénierie des systèmes et réseaux.
Macky Sall séjourne depuis lundi après-midi dans la région de Kédougou dans le cadre d’une tournée économique qui le mènera aussi à Kaffrine et Kaolack (centre).
Peu après son arrivée, il a présidé un conseil présidentiel, au terme duquel il a annoncé un programme d’investissement prioritaire de 600 milliards de francs CFA pour la région de Kédougou, pour la période 2024-2026.
Ce mardi, Macky Sall va procéder à l’inauguration de la route Kédougou-Salémata et au lancement des travaux de la route reliant Mako, Kédougou et Moussala, celle allant de Bandafassi à Dindéfélo, et une autre reliant Bembou, Khossanto et Sabodala.
LE GUELEWAR VEUT MARQUER L’HISTOIRE
Dans son bureau de l’Hôtel de Ville de Thiès, l’édile de la ville, Babacar Diop, candidat à la présidentielle semble particulièrement à l’aise
Dans son bureau de l’Hôtel de Ville de Thiès, l’édile de la ville semble particulièrement à l’aise. Le candidat à la prochaine présidentielle donne l’impression d’une personne qui ne prend pas ses décisions à la légère, et que sa candidature ne s’est pas faite sur un coup de tête. Aucune question ne semble le gêner, qu’il s’agisse de celles portant sur ses ambitions présidentielles, sa place dans l’opposition, ses rapports avec le pouvoir, sa candidature, ou la gestion de la ville dont il est le maire.
Maire de Thiès, vous êtes aujourd’hui candidat à la présidentielle, alors que vous n’avez pas encore fini votre mandat. N’avez-vous pas l’impression de brûler les étapes ?
Non je n’ai pas cette impression. Évidemment du point de vue de l’âge, je suis un jeune, engagé et militant dans le mouvement scolaire depuis le collège, ensuite au lycée Elhadj Malick Sy. J’étais président du gouvernement scolaire, à la Faculté des lettres et sciences humaines, j’ai eu à diriger la plus grande amicale de l’université, qui a plus de 35 mille étudiants. J’ai fait un cursus honorum, comme disent les Romains. J’ai fait un doctorat et je suis enseignant. Je me suis engagé en politique, au Parti socialiste où j’ai beaucoup appris. Le plus important ce n’est pas l’âge….
Je ne parle pas de l’âge. On a l’impression qu’à peine arrivé à la mairie de Thiès, vous visez une autre station plus haute, comme si ce tremplin était comme un marchepied, que vous n’êtes pas là pour servir les Thiessois, mais pour servir vos intérêts…
Lorsqu’on est maire de Thiès, on est naturellement prédestiné à jouer un rôle national. Ici, on est dans le bureau de Léopold Senghor qui fut le premier maire élu de Thiès et qui est devenu le premier président du Sénégal. Je rêve du même destin. Le problème n’est pas une affaire de mandat ou d’années, mais ce que j’ai pu impulser en termes de changements depuis que je suis à la tête de cette ville. Le plus important, c’est ce que retiennent les Thiessois, la dynamique de changement que j’ai lancée. Je suis prêt et je me suis préparé pendant de longues années pour faire de la politique au plus haut niveau. Je me suis préparé pour être maire de Thiès et je me suis préparé aussi pour être président du Sénégal.
Vous en êtes à la collecte des parrainages comme beaucoup de candidats, mais votre collecte semble connaître différentes péripéties, embûches. Com¬ment analysez-vous les problèmes que vous rencontré ?
J’ai entamé une tournée nationale depuis plusieurs mois, qui m’a successivement conduit dans les régions de Kaolack, de Diourbel, de Louga, Saint-Louis de Matam, de Thiès, de Dakar. Quand j’arrive dans une région je fais au moins 3 jours, je sillonne tous les départements, je discute avec les gens. Parce que moi, je n’ai qu’un seul interlocuteur et c’est le peuple. Je dialogue directement avec ce peuple, j’écoute les doléances et ça me permet aussi de nourrir mon projet pour le Sénégal et le faire dans la co-construction. Mais récemment lorsque je suis arrivé à Sédhiou, j’ai été chaleureusement bien accueilli par les jeunes, par les femmes, par les sages. Le préfet a tenté de bloquer ma tournée avec son commissaire de police. Et il s’est rendu vite que son intimidation n’est pas passé et c’est ce que j’ai dit au commissaire, au préfet. Si un préfet n’est pas capable d’arrêter les tournées politiques de Amadou Ba, il ne doit pas avoir le pouvoir d’arrêter mes tournées politiques. Je poursuivrai mes tournées, j’irai à la rencontre du peuple, des sénégalais aucun préfet, aucun gouverneur ne peut arrêter mes tournées.
Pour vous c’est deux poids deux mesures ?
Oui c’est deux poids deux mesures. Amadou Ba est venu ici à Thiès sous prétexte d’une tournée économique, il a utilisé les institutions de l’Etat, il a utilisé la gouvernance pour recevoir son parti politique, pour recevoir les membres de sa coalition, pour recevoir des notables, pour recruter, pour débaucher, pour autant personne n’a trouvé mot à dire.Et nous on lui a laissé le terrain, en tant que maire on a eu un comportement correct. Je suis Sénégalais j’irai à la rencontre des Séné-galais. Aucun préfet je le répète, aucun petit fonctionnaire de l’Etat, ne peut m’empêcher de faire mes tournées politiques.
Concernant les parrainages, pour les parrainages de Ousmane Sonko on assiste à la situation où la Cena a été totalement modifiée. Il y a des spécialistes qui s’insurgent contre cette situation. Quelle est votre analyse à vous ?
Ce qui s’est passé c’est un coup de force. La Cena n’a fait que se conformer à la loi, à une décision de justice rappelant à la direction générale des élections qu’on est dans un État de droit. Un État de droit, c’est un État soumis au droit. A partir seulement d’une lettre de la Cena, le président de la République a pris la décision de manière unilatérale, avec une brutalité que personne ne comprend, de limoger les membres de la Cena…
Néanmoins, certains rétorquent que les membres de la Cena limogés étaient déjà forclos depuis très longtemps….
S’il avait pris la décision depuis fort longtemps, personne n’aurait trouvé mot à dire. En limogeant les membres de la Cena, un corps très important dans le processus électoral, et une élection doit fortement être marquée par des consensus forts. Le président de la République ne peut pas de manière unilatérale sans consultation, sans concertation, sans dialogue avec l’opposition, nommer de nouveaux membres comme ça dont nous doutons de leur impartialité, nous doutons de leur intégrité, de leur neutralité. Ce qui fait que nous avons un processus électoral corrompu qui est source de violence pré et post-électorale. La prochaine présidentielle risque d’être très violente et je pense que Macky Sall en portera l’entière responsabilité.
N’est-ce pas paradoxal pour une présidentielle où le sortant ne se représente pas, cela aurait dû être un scrutin plus pacifique?
Oui mais lorsque vous avez le complexe de Senghor, vous pensez que vous avez un statut dans l’histoire de votre pays qui va vous permettre d’avoir un dauphin, Macky Sall aurait dû avoir le courage d’aller jusqu’au bout en réformant la Cons¬titution et faire revenir l’article 35. Ce serait plus facile pour lui, plus logique et à partir de ce moment faire face au peuple sénégalais.
Mais personne ne l’aurait accepté ?
Cela aurait été plus cohérent en tout cas vu sa démarche aujourd’hui. Mais tout ceci également, c’est l’absence d’une opposition capable de prendre en charge la question électorale. Si vous voyez les deux alternances que nous avons eues, il y a eu des divergences au niveau de l’opposition ; ce n’est pas la première fois. Et les gens ne s’entendront jamais, ou bien ils s’entendront autour de l’essentiel. En 2000 j’étais plus jeune, mais je pense que les gens ont pu trouver une entente sur la question électorale qui a réuni tous les candidats, toutes les forces vives de la Nation pour exiger des élections libres et transparentes. Et ce rapport de force a permis à l’opposition d’imposer au président Diouf de nommer une personnalité neutre au ministère de l’intérieur. Il y a eu l’Onel, Ceni… C’étaient des acquis démocratiques. Le président Abdoulaye Wade en 2012 a été acculé par l’opposition Benno siggil Sénégal. Pourtant, les gens ne s’entendaient pas au sein de cette opposition, Ousmane Tanor Dieng était candidat, Moustapha Niasse aussi. Il y avait de fortes têtes au sein de cette opposition ; Abdoulaye Bathily, Amath Dansakho étaient des foretes têtes. Mais les gens ont pu taire leurs querelles et se retrouver autour de l’essentiel. Abdoulaye Wade était obligé de reculer et il nous a trouvé un ministre chargé des élections en l’occurrence Cheikh Gueye. Notre opposition aujourd’hui, manque de maturité, c’est cela la vérité. Elle n’a pas un agenda politique précis sur des questions, c’est cela qui nous a amené cette situation qui fait que Macky Sall peut dérouler sans avoir un contre-pouvoir assez sérieux capable de prendre en charge les questions essentielles. Regardez notre opposition sur ces questions essentielles vitales, elle est quasiment absente. Et on veut aller vers des élections libres et transparentes. Il est urgent pour l’opposition sénégalaise de construire un Front démocratique pluraliste qui devra rassembler tous les candidats de l’opposition, toutes les forces démocratiques, les mouvements citoyens, les mouvements sociaux et qui luttent pour la défense de notre démocratie et pour exiger, imposer des élections libres, transparentes et inclusives.
Qu’est-ce qui pourrait être fait dans l’immédiat ?
Que les gens reviennent à plus d’humilité, plus de maturité, plus de tolérance.
C’est ce qui avait été essayé avec Yewwi
Mais qu’est-ce que ça a donné ? Yewwi a foulé au pied ses propres principes, son propre texte, yewwi s’est perdu. C’est ça que je dénonce. Il faut accepter le pluralisme, personne ne peut avoir le monopole de la vérité. Giscard d’Estaing disait à François Mitterrand : «Vous n’avez pas le monopole du cœur», mais nul n’a le monopole de la vérité, personne n’a le monopole du patriotisme. Il faut respecter les gens, traiter les gens dans la dignité même si vous avez des différends. Il y a des gens qui ne s’agenouilleront jamais, au plus grand jamais, devant qui que ce soit. Parce que nous n’avons de leçons morales à recevoir de personne. On respecte les gens, on respecte les partis mais on revendique le même respect, sinon il y aura des problèmes. Oui je peux le comprendre dans toute organisation, il y a des mouvements dominants, des partis dominants ce sont des règles politiques que tout le monde peut comprendre mais ça ne signifie pas écraser des gens, ça ne signifie pas avoir le monopole de la décision et l’initiative, de l’orientation. Non il faut plus d’humilité, c’est ça que Yewwi n’a pas su comprendre. Aujourd’hui j’ai quelques inquiétudes lorsqu’on me dit qu’on veut mettre sur pied un front pour l’inclusivité sans Khalifa Sall et Karim Wade. Il n’y a pas de commission morale chargée d’étudier le comportement des gens, il faut arrêter. Vous savez, moi je ne suis pas le meilleur ami de Khalifa Sall tout le monde le sait. Parce qu’il a une entière responsabilité dans ce qui s’est passé au Yewwi. Il était là personne morale de Yewwi, il fait partie des gens qui m’ont exclu. Ce n’est pas pour autant une raison pour cautionner ce que Yewwi lui a fait. Ce n’est pas une raison pour mettre en place un front en excluant Khalifa. Khalifa. Khalifa est une réalité politique si on veut gagner. Il y aura forcément un second tour, on ne sait pas ce qui va se passer. Je ne suis pas sur la même ligne politique que Khalifa même si on me dit vous avez les mêmes valeurs politiques, mais moi mon socialisme est différent du socialisme des Boy Dakar de Khalifa et de Barthélémy Dias. Mon socialisme c’est un vrai socialisme africain, démocratique, progressiste, écologique. C’est ce socialisme-là renouvelé que je défends…
Mais vous revendiquez tous l’héritage de Senghor ?
Vous savez, j’ai un parcours un peu différent des Khalifa et autres. Ma différence avec ces gens-là, à un moment je peux être Senghoriste ou senghorien. Mais si vous êtes Senghoriste il faut l’être jusqu’au bout. Etre Senghoriste, c’est de savoir que Senghor avait intégré un grand parti dirigé par Me L’amine Gueye, la Sfio. Être Senghoriste jusqu’au bout c’est de retenir et de savoir qu’en 1948 il a eu le courage de démissionner à travers une lettre qui est restée célèbre, la Lettre à Guy Mollet, et il est allé former l’une des formations les plus historiques de notre pays. Ces gens là n’ont pas eu le courage de Senghor. Moi j’ai eu le courage de partir et d’adresser une lettre à Ousmane Tanor Dieng, de lui dire que je vais sortir pour bâtir une formation qui va être plus importante socialement que le Ps: Fds les Guelewaar et je veux que cette formation politique soit l’une des plus importantes du 21e siècle. C’est cela être Senghoriste si ces gens-là se revendiquent de Senghor. Ma différence avec eux, c’est que j’ai fréquenté Senghor à travers les textes. J’ai lu Senghor certains de ces gens-là n’ont rencontré une seule ligne dans les Libertés de Senghor. Moi j’ai lu les 5 volumes des Libertés de Senghor. Je les ai dans ma bibliothèque. J’ai fait un mémoire sur la pensée politique de Senghor, une thèse sur la pensée politique de Senghor. Mais à côté de cela, j’ai eu la chance de fréquenter physiquement et spirituellement le président Mamadou Dia. Je suis un fils spirituel du président Dia. Si je suis Senghoriste, je le serai du premier Senghor, celui du Bds, celui des textes de jeunesse, celui d’avant la rupture en 1962, ce Senghor qui était engagé avec Mamadou Dia dans une révolution démocratique, africaine, dans une utopie africaine. Mais le Senghor d’après 1962, est un Senghor rattrapé par la corruption politique, par le clientélisme politique. Parce que c’est un Senghor affaibli politiquement parce qu’il s’est séparé de Mamadou Dia et le camp politico-affairiste a pris le dessus et a contrôlé le pouvoir politique.
C’est paradoxal de vous entendre dire cela alors que vous avez été militant du Parti socialiste sous Diouf et sous Tanor
Non, pas sous Diouf. Je suis arrivé au Parti socialiste après la défaite quand, après ma licence à l’Université, vers 2005-06n je me suis rendu compte que le seul parti structuré dans l’opposition était le Parti socialiste. Mais vous savez, moi, on ne m’enferme pas. Je suis un insoumis. C’est cela être Guelewar.
Je ne m’agenouille pas devant Senghor. J’ai beaucoup de respect pour lui. Quand je vois des jeunes insulter Senghor à travers les réseaux sociaux, je me dit qu’il n’y a que l’ignorance pour conduire à cela. On peut ne pas être d’accord avec lui, mais si on fait l’affort de s’approcher de Senghor, on ne peut qu’avoir du respect pour lui. Pour autant, je ne m’agenouille pas devant lui. Je ne m’agenouille pas non plus devant Mamadou Dia, qui est pourtant mon père spirituel. Il a fait des erreurs politiques, c’est cela la vérité de l’Histoire. Les gens créent aujourd’hui des mythes au Sénégal ; chacun parle de Mamadou Dia, sans jamais avoir lu une seule ligne de lui.
A partir de ce moment, qu’est-ce que je fais ? Mon interlocuteur, ce n’est ni l’opposition, ni Macky Sall. Je n’ai qu’un seul interlocuteur devant l’histoire, et c’est le peuple sénégalais. Le seul qui aura à me juger.
Aujourd’hui, ce peuple semble déchiré entre deux pôles, qui sont l’opposition concentré autour de Ousmane Sonko et le pouvoir du président Macky Sall. Pensez-vous qu’il y a de la place pour une troisième voie, celle que vous prônez ?
L’histoire n’est jamais pleine, il y a toujours de la place pour ceux qui veulent y croire, ceux qui sont audacieux.
Un candidat à la présidentielle vient de se retirer de la course sous le motif qu’il y a une pléthore de candidatures. Cette pléthore ne serait-il pas un signe d’une certaine maladie de notre démocratie ?
Moi, je ne me trouve pas d’excuses. S’il y avait 1000 candidats et que l’Etat du Sénégal exigeait 100 mille signatures pour participer à la présidentielle, je participerai. Il n’y a pas d’excuses. Je me suis préparé à faire de la politique. Je suis allé à la politique aussi naturellement que le canard va à l’eau, comme disait Jean Jaurès. J’ai pris le temps de ma préparer intellectuellement pour engager une carrière politique. J’ai aussi pris le temps de faire un «Cursus honorum», comme disent les Romains. Je pense que moralement, politiquement, intellectuellement, socialement, je suis prêt.
Il ne faut jamais chercher des excuses qui pourraient donner des prétextes à M. Macky Sall. Il faut être prêt, faire un diagnostic réel de la situation et se donner les moyens de triompher.
Vous êtes de ceux qui disent craindre des élections violentes. D’autres, qui ont fait le même constat, prônent un report de la présidentielle.
Ceux qui entretiennent ce débat veulent apporter plus de confusion, alors qu’il y en a déjà trop. Je pense qu’on cherche de la visibilité et de la lisibilité. Ce débat-là est inutile, stérile. Comme lorsqu’il s’était posé à la veille de la Présidentielle de 2012. Je m’opposerai au report de la présidentielle. Le calendrier républicain doit être respecté. Nous irons à la présidentielle le 25 février 2024. Le peuple sénégalais choisira son nouveau président.
Dans l’éventualité d’un second tour, si vous n’y êtes pas, comptez-vous vous allier avec le candidat de l’opposition ou celui du pouvoir ?
La prochaine présidentielle ne doit pas seulement être une élection pour élire le 5ème président de la République. Ce serait alors simplement, un président de plus. L’enjeu, c’est de voter pour un projet de changement. De changement radical. Le Sénégal aspire au changement. Ma différence avec les autres est que ce changement radical doit être construit dans la paix, dans la stabilité.
Quel est le projet de changement des Guelewar ?
Quand je suis arrivé à la Ville (de Thiès. Ndlr), je me suis rendu compte que ce pays-là pouvait changer. Dans un contexte démocratique, que fait-on pour changer un pays ? On adopte une stratégie de pénétration des institutions. Il faut occuper les institutions, il faut être au cœur des institutions. Une fois à la tête de ces institutions, vous les transformez et faites en sorte qu’elles soient conformes aux attentes des populations. C »’est ce que j’ai réussi à Thiès. Transformer l’institution municipale pour qu’elle puisse répondre aux aspirations. C’est simplement comme cela que l’on mène une révolution démocratique, pacifique, écologique. Et c’est notre projet des Fds. Un projet de souveraineté démocratique. Le peuple doit avoir la possibilité de décider. Souveraineté économique. Aujourd’hui, nous sommes assujettis au Fmi, à la Banque mondiale. Le Sénégal est riche de son pétrole, du gaz, du fer, de notre forêt, du zircon, de la mer, mais ces richesses ne profitent pas aux populations. Elle ne nourrit pas nos populations. Cette richesse est captée par les multinationales.
Nous devons avoir la capacité de décider pour nous-mêmes, de faire nos propres choix économiques. Donc, souveraineté économique, souveraineté sanitaire, écologique, monétaire, ainsi que souveraineté sécuritaire et militaire. Je veux bâtir une seconde indépendance, une seconde émancipation de notre peuple. Une indépendance réelle.
Comment tout ce projet que vous exprimez ici, se traduit-il dans le champ de Thiès dont vous êtes le Maire ?
Lorsque je suis arrivé à la Mairie de Thiès, la première chose que j’ai fait a été de dire à toutes les grandes entreprises établies ici – Sonatel, Cbao, et autres, que, vous occupez des espaces appartenant à la propriété communale, et vous payez des montants dérisoires. Lorsque j’ai informé les Thiessois de ce que pait Sonatel, cela a été un scandale ! Je me suis rendu compte que la coopération décentralisé, servait à faire voyager des Maires, à donner des perdiems, à donner de la visibilité à certaines villes européennes. Nous avons ici une avenue de Caen. En dehors de cela, à quoi sert notre coopération ? Absolument à rie, et je l’ai dit au niveau international. En dehors de faire voyager les maires, à quoi sert cette coopération ? C’est pour cela que vous ne me voyez pas beaucoup voyager. Cela ne sert absolument à rien.
Je veux construire une coopération fondée sur la dignité de notre ville, sur le respect, et qui peut nourrir des projets pour la ville de Thiès.
Cette posture ne vous a-t-elle pas mis en conflit avec le pouvoir central ?
Je veux être honnête. J’ai tous les problèmes avec Monsieur Macky Sall. Mais je serais très malhonnête en disant que le gouverneur, ou le Préfet de Thiès a bloqué mes projets. Je n’ai pas de problème particulier avec le pouvoir. Il y a des divergences, c’est vrai. Par exemple, sur certains projets qu’ils gèrent, avec certaines direc¬tions, ils ne sous associent pas, ce qui n’est pas normal. Mais je ne vais pas passer mon temps à pleurnicher. Moi, j’ai un mandat, je cherche à faire des résultats. Et dans ce but, il y a ce qui dépend de moi et ce qui ne dépend pas de moi. Il y a des choses qui dépendent de Macky Sall, de la coopération internationale.
Ce qui dépend de moi, ma propre capacité à innover, à chercher des ressources, à augmenter les capacités financières de la ville, à engager des projets et à les auto-financer, c’est cela le plus important. Et je concentre mes efforts sur ce qui dépend de moi, car je sais qu’un mandat, ça va très vite.
Parlant de recettes, comment évoluent-elles ?
Je touche du bois. Quand je suis arrivé, j’avais trouvé un budget d’à peine 1,5 milliard. Mais je peux dire aux Thiessois que nous allons dépasser les 3 milliards bientôt. Pour une première dans l’histoire de cette ville, on a mobilisé des recettes de plus d’un milliard de francs Cfa.
Le premier point de ma politique, quand je suis arrivé à la tête de cette ville, a été la gouvernance. J’ai trouvé une mairie qui était à terre. Une institution municipale qui n’existait pas. Nous étions en train, de perdre la ville de Thiès en tant qu’institution. Elle ne servait plus qu’à faire des recrutements politiques et à payer quelques salaires. Il n’y avait pas de projet, pas d’ambitions, rien ! Aujourd’hui, on est en train de reconstruire la ville de Thiès, et je peux vous dire que, déjà, on est premiers au niveau du Pacasen, devant Dakar, Mbour et d’autres villes, en moins d’un an. Nous sommes l’une des rares mairies à avoir réussi une maitrise de notre masse salariale.
Parlant de la jeunesse, il y a le phénomène de l’émigration des jeunes qui prennent des pirogues pour l’Europe. Or, les politiques n’en parlent pas ou très peu. Ce n’est pas une préoccupation ?
Plus que cela, c’est un scandale moral, ce qui se passe. C’est le suicide collectif de notre jeunesse, au fond de la mer, dans l’indifférence totale. On a l’impression que la vie d’un jeune africain, d’un jeune sénégalais, n’a point de valeur. Quel est l’origine de ce phénomène ? C’est l’absence d’espoir, c’est des mauvaises politiques publiques fondées sur la corruption, qui ont causé tout cela. Ce qui se passe au fond de la mer est la preuve la plus éloquente de l’échec du président Macky Sall au plan économique et social. Il avait promis Xeyu ndaw nyi, qui devait mobiliser une enveloppe de plus de 450 milliards. Je pense qu’à part caser une clientèle politique, créer des postes pour des membres de son parti ou bien des gens de leurs familles, le Xeyu ndaw nyi a plus créé de chômage au Sénégal. Quels sont les résultats du Prodac ? Le président Macky Sall s’était engagé, au début de son quinquennat, de créér un million d’emplois. Où en est-on ? C’est ce que j’appelle la Nécro¬politique, une politique qui produit la mort. Alors que la vraie politique doit créer la vie. Il faut reconstruire cette nation, recréer l’espoir. Il faudra reconcilier les jeunes avec leur pays, pour qu’ils aient le courage de rester au Sénégal et de construire ici.
Que faut-il faire ?
Récréer l’espoir. Voyez Singapour. C’est un pays dont la trajectoire n’est pas très éloignée du Sénégal. Lee Kwan Yew a réussi un grande prouesse en très peu de temps. La première phase de son travail a été une lutte farouche contre la corruption. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celle de la Covid avec Mansour Faye et ses dossiers sans lendemains, on restera dans le sous-développement. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celle de Mame Mbaye Niang, sans lendemain, on restera dans le sous-développement. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celles de tous ces dossiers traités par l’Ofnac, sans lendemain, par ce que tous les incriminés sont protégés parce qu’ils font partie du camp du pouvoir, on restera dans la pauvreté. On ne peut pas bâtir le développement avec ce niveau de corruption.
Arrivera un moment où il faudra que l’on dise la vérité à notre jeunesse et à notre peuple. Le premier point de mon programme politique c’est la gouvernance. Et le premier point de cette gouvernance, c’est une lutte sans concession contre la corruption.
ENTRE LE MARTEAU DE L’OPPOSITION ET L’ENCLUME DE SES FAUX FRÈRES
Rien n’est plus pesant que le statut de candidat de la majorité présidentielle pour le scrutin du 24 février 2024. Amadou Ba ne dira pas le contraire.
D’un côté, l’opposition affûte ses armes. De l’autre, il est soit délaissé soit critiqué par les membres de son propre camp. Amadou Ba devra composer avec ces deux fronts et même les neutraliser s’il veut véritablement conquérir le fauteuil présidentiel.
Rien n’est plus pesant que le statut de candidat de la majorité présidentielle pour le scrutin du 24 février 2024. Amadou Ba ne dira pas le contraire. L’actuel Premier ministre, choisi le samedi 9 septembre dernier par le Président Macky Sall pour le compte de la coalition Benno Bokk Yaakaar, fait actuellement face à plusieurs fronts. Le plus surprenant, ce sont les membres de sa propre coalition qui lui posent plus d’obstacles vers cet objectif de conquête du fauteuil présidentiel. Déjà, il ne fait pas l’unanimité au sein du camp présidentiel où de nombreux leaders ont choisi de ne pas se ranger derrière lui. Aly Ngouille Ndiaye, Mahammad Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao ont tous retiré des fiches de collecte de parrainage et continuent dans leur logique de se présenter au scrutin présidentiel alors que des responsables comme Abdoulaye Daouda Diallo se sont rétractés au dernier moment. Ces candidatures multiples laissent entrevoir un certain malaise au sein de BBY où l’électorat risque de s’éclater.
Conséquence : Amadou Ba perd des électeurs en moins. En plus de ce risque d’émiettement de l’électorat dommageable au Premier ministre et candidat de BBY, il faut noter que l’image d’Amadou Ba en pâtit en amont. En effet, le fait de ne pas mobiliser toutes ces forces précitées derrière projette l’image d’un homme sans poigne et pas du tout convaincant au sein de son propre appareil. Ainsi, dira-t-on, si on ne peut pas mobiliser et rassembler ses troupes, pourrait-on mobiliser et rassembler les Sénégalais autour de l’essentiel ? Pis, il est constaté depuis quelques jours une campagne médiatique tendant à le dénigrer. Et ce sont de gros pontes du régime qui se sont ouverts à ce sujet, crédibilisant la thèse selon laquelle Amadou Ba ne maîtrise pas encore l’appareil que lui a cédé le Président Macky Sall.
AMADOU BA, AURA-T-IL LE GENIE POUR SURVIVRE ET CONQUERIR LE POUVOIR ?
Dans l’émission Grand Jury sur RFM, Souleymane Jules Diop, par exemple, n’y est pas allé par quatre chemins : “Je le trouve amorphe. Je trouve qu’il ne montre pas assez aux Sénégalais, aux gens de sa majorité qu’il a les épaules, qu’il a l’étoffe. Il ne le fait pas assez, il doit se bouger, il doit aller vers les gens. À un moment donné, il faut vous assumer. Je m’impatiente de voir Amadou Bâ s’affranchir, se lever et dire aux Sénégalais : c’est moi. (...) Il commence à susciter de l’inquiétude dans nos rangs. C’est profond ce que je vous dis. Moi je suis 100% Amadou Bâ et depuis longtemps. C’est un homme pétri de qualités. Mais il ne fait pas assez. Et si ça continue comme ça, l’opposition bien organisée peut nous battre à la prochaine présidentielle.»
Pendant ce temps, Abdoulaye Bibi Baldé pense qu’Amadou Ba «n’assure pas et ne rassure pas»; non sans lui demander de revoir sa démarche et corriger les erreurs avant qu’il ne soit encore trop tard. L’ancien maire de Kolda, d’habitude très réservé, indique que les militants manquent de confiance au Premier ministre et qu’ils doutent de sa capacité à porter sur ses frêles épaules le PSE ; et la prise en charge des aspirations du peuple laisse perplexe. Ces deux sorties renseignent suffisamment sur l’ampleur de la crise dans le camp présidentiel. En effet, à partir du moment où ces responsables sortent publiquement pour dénigrer le PM alors qu’ils pouvaient en parler dans leurs différentes instances, cela signifie que le malaise est profond.
Affaibli, Amadou Ba risque de ne pas tenir sur l’autre front plus délicat. Le candidat du pouvoir devra également faire face à une opposition qui se mobilise, se réorganise et se radicalise. Furieux contre le pouvoir, les membres de l’opposition n'hésitent pas à utiliser des armes non conventionnelles contre lui pour le détruire au fur et à mesure qu’on s'approche du scrutin présidentiel. En plus, le PM sera mal à l’aise dans le débat programmatique parce que les vagues d’émigration, le chômage des jeunes, la crise dans le système éducatif, entre autres, seront difficiles à défendre au sein de l’opinion. Aussi, Amadou Ba sera obligé de défendre le bilan de Macky Sall, qu’il soit matériel ou immatériel. Ce qui en fait également une cible. En effet, c’est lui qui recevra malheureusement tous les coups que l’opposition va donner à Macky Sall. Aura-t-il le génie politique pour surmonter tous les obstacles devant lui. Wait and see !
12, COMME LES DOUZE TRAVAUX D’HERCULE
Zoom sur les nouveaux membres de la Cena - Jamais nomination de membres d’une institution n’a fait autant de suspicions
Bés Bi le Jour |
Malick SY |
Publication 14/11/2023
Jamais nomination de membres d’une institution n’a fait autant de suspicions. Même à la veille de leur prestation de serment, les récriminations continuent. Bés Bi dresse le profil des douze nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena). 12 travaux d’Hercule aussi dans un contexte préélectoral bouillant.
Aminata Fall Niang : Présidente de l’Ajs
Présidente de l’Association des juristes sénégalaises depuis le 24 juillet dernier, Aminata Fall Niang est Expert juriste-fiscaliste, consultante. Elle a fait ses études supérieures à l’Université de Dakar où elle a obtenu successivement une Maîtrise d’anglais, option Lettres et civilisations anglaises, avec la mention Bien, Major de sa promotion. Puis une Maîtrise en sciences juridiques, option Droit privé des affaires et un Dess en droit bancaire et fiscalité. Mme Niang a exercé l’essentiel de sa carrière qui a duré 26 ans au siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) où elle est entrée sur concours en 1996 en tant que Fondée de pouvoir et y a pris sa retraite en juillet 2022 comme Conseiller du Gouverneur, membre du Gouvernement de la Banque. Auparavant, elle a successivement assumé d’importantes fonctions à la Bceao de 1996 à 2022. Aminata Fall Niang est aussi Membre Fondateur de l’Association franco-sénégalaise «Brigades Vertes». Cette association s’active dans le reboisement et dans lutte contre la déforestation, son siège est à Clichy-LaGarenne, France.
Cheikh Ameth Tidiane Ndoye : Ancien ambassadeur
Administrateur civil brillant, Cheikh Ameth Tidiane Ndoye a été ambassadeur du Sénégal au Portugal en 2014 en remplacement du général Abdoulaye Fall, ancien haut commandant de la gendarmerie nationale. Il était à deux mois de la retraite. M. Ndoye a débuté sa carrière à Saint-Louis. Il a été préfet de Ziguinchor, de Fatick, de Nioro, de Pikine et de Tivaoune. Il sera ensuite nommé gouverneur de Fatick en 2009. Cet économiste, natif de la commune de Bargny, dans le département de Rufisque, a été ensuite propulsé gouverneur de la région de Dakar.
Fatou Kiné Diop : Au nom de la parité !
Elle dirige l’Observatoire national de la parité (Onp). Conseillère en décentralisation, elle est la demi-sœur de Mame Yacine Lakh, membre de l’équipe sortante de la Cena dirigée par Doudou Ndir. Fatou Kiné Diop a été souvent au front pour rappeler les institutions et organes à se conformer à la parité. Comme c’est le cas avec plusieurs Conseil municipaux qui refusent d’appliquer la loi dans les bureaux.
Abdoulaye Sylla, président de la Cena : Un «sage» contesté
Ancien de l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea), Abdoulaye Sylla est devenu ensuite administrateur civil avant d’être Inspecteur général d’Etat. Membre du Conseil constitutionnel jusqu’à sa nomination comme président de la Cena, il est réputé un homme compétent.
Ndary Touré, vice-président de la Cena : magistrat à la retraite
Actuel vice-président de la Cena, Ndary Touré connaît bien l’organe de contrôle et de supervision des élections. En effet, il a été sept années durant le secrétaire général. Ancien professeur de lettres, il a été ensuite magistrat. Il est le seul à n’avoir pas quitté en même temps que Doudou Ndir et Cie.
Cheikh Awa Balla Fall : le politicien promu
Ingénieur des travaux des eaux et forêts avant de réussir le concours de l’Enam, il est contesté par l’opposition et la société civile pour avoir affiché son soutien au président Macky Sall. Et mieux, un membre actif de l’Alliance pour la République. L’Inspecteur général d’Etat à la retraite a été directeur général de l’Ena jusqu’à sa nomination à la Cena.
Serigne Amadou Ndiaye : professeur des universités
A 71 ans, le natif de Mboss, une localité du Guinguinéo, est un pur produit de l’école sénégalaise. Professeur titulaire des universités à la retraite. Professeur titulaire des universités en 2000, il est, de 1989 à 2006, membre du conseil de la faculté, avant de devenir assesseur de la Fst en 2006, puis Doyen en 2009.
Ndèye Rokhaya Mbodji : La journaliste qui remplace Issa Sall
Elle remplace Issa Sall qui a passé 18 ans à la Cena comme membre. Ndèye Rokhaya Mbodj Ndiaye est journaliste. Elle est de la 13ème promotion (1985) du Cesti. Ancienne de la Rts, elle a été en service à l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la météorologie (l’Anacim).
Léopold Wade : administrateur civil à la retraite
Titulaire du brevet de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), Léopold Wade est administrateur civil principal. Ancien sous-préfet, préfet et gouverneur, il a pris sa retraite en tant que directeur général de l’Administration territoriale. Originaire du village de Lalane (département de Thiès), il est camarade de promotion de l’autre membre de la Cena, Cheikh Ahmed Tidiane Ndoye. Consultant et formateur spécialisé en décentralisation et en gouvernance territoriale, il enseigne les finances et la fiscalité des collectivités territoriales. Il est d’ailleurs auteur du livre «Le contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales au Sénégal».
Mamadou Bocar Niane : l’expert électoral
Mamadou Bocar Niane est un enseignant de formation, expert indépendant et conseiller électoral sénior. Il a occupé pendant 15 ans le poste de Chef de division de la formation à la Direction générale des élections (Dge). A ce titre, il a été concepteur des guides et supports de formation à l’intention des personnels des commissions d’établissement des listes électorales, des membres des bureaux de vote, des plénipotentiaires des partis politiques pour la constitution et le dépôt des dossiers des candidatures pour les différentes échéances électorales au plan national comme à l’extérieur. M. Niane a été également membre de la commission technique de revue du code électoral et de la commission technique pour l’audit international du fichier électoral sénégalais. Depuis plusieurs années, il assume les fonctions de conseiller technique du Dge et participe à plusieurs missions d’observation électorale en Afrique et en Europe, notamment en Allemagne. Mamadou Niane bénéficie d’une accréditation complète BRIDGE (Building Resources in Democracy, Governance and Elections).
Aïssatou Sow : La notaire
Maitre Aïssatou Sow Badiane, ancienne présidente de la Chambre des notaires du Sénégal (Cnds) est décrite comme une femme «déterminée et compétente».
Mamadou Marème Diallo : Le flic de la Cena
Pour la première fois depuis sa création, la Commission électorale nationale autonome (Cena) va compter parmi ses membres un agent des forces de police. L’ancien directeur de l’Ecole nationale de la police va siéger dans cet organe de gestion des élections.
AMADOU BA PEUT-IL SE PERMETTRE DE RENIER MACKY ?
Aux côtés des opposants de la famille de BBY à Amadou Ba connus comme Mahammad Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Boye Diao, on peut ajouter désormais Souleymane Jules Diop et Abdoulaye Bibi Baldé
Les sorties de Souleymane Jules Diop et Abdoulaye Bibi Baldé au cours du weekend participent à « enfler » la contestation à l’interne de la candidature du Premier ministre. Elles présentent le candidat de BBY comme « un homme amorphe » « un candidat qui n’assure pas et ne rassure pas ». Existe-t-il d’autres encagoulés qui vont se dévoiler les prochaines semaines pour fusiller le candidat de BBY ? Réponse dans les prochains jours. En attendant, force est de dire que les deux sorties de Souleymane Jules Diop et Bibi Baldé, qui ont eu à assumer des fonctions ministérielles, démontrent que la candidature du Premier ministre suscite un profond malaise et installe un manque total de sérénité dans la majorité présidentielle tout en faisant apparaître une absence de solidarité agissante au sein de BBY à l’endroit de son propre candidat Amadou Ba. En seconde lecture, ces deux sorties traduisent de la part de leurs auteurs une volonté de pousser Amadou Ba à s’affranchir de Macky Sall, de l’APR et de BBY pour tenir un discours de rupture et rénovateur. Une rupture jugée impossible et impertinente du côté des proches du Premier ministre qui minimisent puisque, pour eux, Abdoulaye Bibi Baldé est frustré et dépassé tandis que Souleymane Jules Diop fait tout simplement un appel du pied à l’endroit d’Amadou Ba.
Aux côtés des opposants de la famille de BBY à Amadou Ba connus comme Mahammad Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Boye Diao, on peut ajouter désormais Souleymane Jules Diop et Abdoulaye Bibi Baldé. Deux membres importants de la majorité qui ont eu à occuper des postes de ministres dans le régime du président Macky Sall. Les deux hommes ont essayé de démontrer l’un à travers une émission radio et l’autre dans un article repris par la presse qu’Amadou Ba n’est pas l’homme de la situation. Ils « offrent » ainsi en pâture le Premier ministre candidat à l’opposition et surtout peuvent influencer négativement l’opinion sur les aptitudes politiques du candidat de BBY. Amadou Ba est lapidé directement par les deux membres du camp présidentiel. Abdoulaye Baldé BIBI, membre du SEN (secrétariat exécutif national) de l’APR ne prend pas de gants pour dire que « le PM Candidat Amadou Ba n’assure pas et ne rassure pas ». Poursuivant, il soutient que « la désignation d’Amadou Ba comme candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar a révélé la vraie posture et le vrai visage de l’homme, Premier ministre longtemps décrit comme un homme de paix et de consensus. De nos jours, nous ne le reconnaissons plus. Au fait, il sait se jouer de son monde. En effet, depuis qu’il a été choisi, les structures du parti et de la coalition à la base ont fini d’être profondément divisées avec un manque de concertation, de coordination et de communication. Bref, tout est confus et cette confusion a été empirée par son dispositif parallèle ou en marge du Benno avec des mouvements appelés partout DEBOUT. Les cas foisonnent à Louga, Sédhiou, Kaolack, Kolda, Dakar etc. » confie l’ancien ministre. « L’exemple que je connais le mieux c’est à Kolda où il existe deux Délégués régionaux, preuve d’un manque de générosité et d’un positionnement inutile soutenus et encouragés par Amadou Ba. Depuis notre désignation comme délégué régional par le Président lors du SEN, il entretient et encourage en parallèle un groupe qui crée une dualité qui sera fatale pour Benno dans le Fouladou, car le travail est désordonné et les militants désemparés. Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres, le Candidat ne nous rassure pas dans sa démarche, dans son organisation, dans son discours, dans ses faits et gestes et par rapport à notre niveau d’implication dans le processus de préparation des échéances à venir. Il s’y ajoute des rendez-vous manqués et des promesses non tenues. Son comportement est aux antipodes des (07) engagements pris dans le pacte dit éthique et politique devant la conférence des leaders de la coalition BBY et de la grande majorité présidentielle, le 02 octobre 2023. Nous manquons de confiance et doutons de sa capacité à porter sur ses frêles épaules le PSE et la prise en charge des aspirations du peuple nous laisse perplexe. Donc, nos doutes sont tout à fait légitimes et sont loin d’être tempérés » ajoute Bibi Baldé. L’ancien maire de Kolda et membre du SEN de l’APR hausse le ton et interpelle Amadou Ba pour lui dire ceci : « Qu’il soit certain, les populations du Fouladou sont mobilisées et participeront activement au choix du futur Chef de l’État. Il n’est plus question d’accepter d’être laissé en rade ou d’être négligé. Rien ne peut se faire sans notre implication. Car l’histoire du parti nous renseigne que nous sommes plus anciens que lui et plus légitimes aussi bien dans l’APR que dans le Benno et le moment opportun, nous aviserons. Et qu’il comprenne que le choix aurait pu être porté sur moi-même ou quelqu’un d’autre pour être PM ou porter la candidature. Nous invitons Amadou Ba, Candidat du Benno et de la mouvance présidentielle à revoir sa démarche et corriger les erreurs avant qu’il ne soit encore trop tard. En attendant, nous donnons RENDEZ-VOUS très prochainement à la population du FOULADOU ».
Souleymane Jules Diop : « Je trouve Amadou Ba amorphe »
Amadou Ba n’en finit pas d’être descendu en flammes par ses propres camarades de la majorité présidentielle. L’autre qui s’est exercé à cet exercice, c’est Souleymane Jules Diop, actuel ambassadeur du Sénégal auprès de l’Unesco après avoir été ministre. «Je le (Ndlr, Amadou Ba) trouve amorphe. Je trouve qu’il ne montre pas assez aux Sénégalais, aux gens de sa majorité, qu’il a les épaules, qu’il a l’étoffe. Il ne le fait pas assez, il doit se bouger, il doit aller vers les gens, il doit rassurer la majorité. À un moment donné, il faut vous assumer (…). Je m’impatiente de voir Amadou Bâ s’affranchir, se lever et dire aux Sénégalais : c’est moi,» a déclaré Souleymane Jules Diop à l’émission Grand Jury. Une critique frontale d’un allié qui avoue qu’au sein de BBY, la question de la capacité du Premier ministre à mener les troupes à la victoire à la présidentielle de 2024 est posée. «Il commence à susciter de l’inquiétude dans nos rangs. C’est profond ce que je vous dis. Moi je suis 100% Amadou Bâ et depuis longtemps. C’est un homme pétri de qualités. Mais il ne fait pas assez. Et si ça continue comme ça, l’opposition bien organisée peut nous battre aux prochaines présidentielles. Et je vous le dis en toute honnêteté,» a tonné l’ambassadeur. Qui ajoute que «les gens ne vont pas le dire, ils vont le murmurer dans les couloirs. Il faut qu’il nous rassure. Il est notre candidat. Nous l’avons choisi, il a des qualités pour être un bon président de la République, mais il faut qu’il rassure son camp. Il ne le fait pas assez ».
« Bibi Baldé est frustré et dépassé, Souleymane Jules Diop, on cherche ses motivations »
Au niveau des proches d’Amadou Ba, on affiche sa perplexité par rapport aux sorties de ces deux responsables. Un proche d’Amadou Ba confie sous le couvert de l’anonymat qu’ « Abdoulaye Bibi Baldé, c’est un homme tout simplement frustré et qui est dépassé politiquement dans sa propre zone politique. Bibi Baldé est un condensé de frustrations. La première date des locales de 2022. L’homme croit que le président Macky Sall et BBY ont fortement appuyé Mame Boye Diao qui avait fini par triompher à la mairie de Kolda. La deuxième frustration est à lier à son limogeage de la direction de La Poste avec l’humiliation supplémentaire qui lui a été faite de nommer l’inspecteur des Impôts et des Domaines Mouhamed Diaité, un cadre de Boukiling, évoluant donc dans la même zone politique que lui, comme directeur général de La Poste à sa place. La troisième frustration c’est que, bien qu’il se soit rapproché à un moment du Premier ministre, il a mal pris mal la nomination du jeune Doura Baldé comme directeur général de la Lonase. Ces frustrations s’étalent sur l’horizontalité. Dans la verticalité, le Pr Moussa Baldé a su maintenir grâce à son travail sur le terrain les bases politiques de l’APR dans la région de Kolda. En fin de compte, il faut avouer que Bibi Baldé est à la périphérie et il n’a plus l’initiative politique. Il doit se taire et se mouvoir dans la dynamique unitaire de BBY à Kolda pour travailler à la victoire du candidat de BBY » estime, menaçant, notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat.
Concernant Souleymane Jules Diop, le proche du Pm y va d’abord dans la déconstruction, puis la reconstruction du discours du ministre-conseiller. « Je cherche sincèrement les motivations de Souleymane Jules Diop. Sa prise de parole est dans une perspective d’ordre contractuel. Il connait bien Macky Sall or il avait théorisé du temps où il animait son émission depuis le Canada que Macky Sall était incapable de diriger ne serait-ce qu’un service à plus forte raison le Sénégal, pourtant il avait accepté après la victoire de l’actuel président de venir siéger à la table du Conseil des ministres. Le problème de l’homme est qu’il a un égo qui dépasse sa tête. Il pense que toute construction politique dans ce pays doit se faire avec lui. Finalement, au lieu de chercher à positiver les choses, il essaie de les rendre ténébreuse, une manière de faire un appel du pied au Premier ministre. Seulement, Souleymane Jules Diop doit comprendre qu’Amadou Ba ne marche pas dans de telles pratiques qui ne sont que du chantage politique. En tant que ministre-conseiller, il sait les canaux par lesquels il peut passer pour rencontrer le Premier ministre et lui apporter les suggestions qu’il pense détenir » indique notre interlocuteur.
S’affranchir de Macky Sall et de l’APR, une mission impossible
Il se demande pourquoi à ce stade certains pensent-ils qu’Amadou Ba doit s’affranchir de la tutelle du président Macky Sall pour tenir un discours nouveau et rénovateur ? « Une éventuelle tentative de le faire serait vouée à un échec lamentable. Comment voulez-vous qu’Amadou Ba soit choisi par le président Macky Sall qui l’a présenté comme le meilleur profil de tous les candidats et qu’il vienne ensuite s’affranchir d’un homme dont il défend le bilan dont il a été d’ailleurs un des artisans. Ce n’est pas possible et c’est abject de demander au Premier ministre de faire cela » peste notre interlocuteur. « En conclusion, Souleymane Jules Diop et autres veulent bousculer le Premier ministre pour le pousser à s’affranchir du président Macky Sall et BBY, cela n’a pas de sens. Amadou Ba a dit qu’il est l’horloger de Macky Sall et qu’il s’inscrit dans la continuité du Yonnu Yukkuté, de Ligueyeul Euleuk et du PSE. Il incarne la continuité constructive pour un avenir radieux pour le Sénégal. Il arrivera un moment où Amadou Ba va se redresser pour montrer aux Sénégalais qu’il est un homme vertueux, d’honneur, capable de réconcilier les Sénégalais. Une ferveur autour de l’homme a été notée dans ses tournées économiques à Thiès, à Louga, à St-Louis…Des foules composées essentiellement de jeunes Sénégalais passaient des journées et des nuits entières à attendre l’homme dans les coins et recoins les plus reculés de notre pays. Parce qu’Amadou Ba est porteur d’un nouveau contrat social qui ne saurait faire place à des hommes comme Souleymane Jules Diop et Bibi Baldé. Ces deux hommes connaissent bien Amadou Ba. Ils ont été des collègues ministres dans un même gouvernement. Ils savent qu’ils ne peuvent pas bousculer le Premier ministre » conclut notre interlocuteur.
LE HANDICAP D'AMADOU BA RÉSULTE DU FAIT QU’IL APPARAIT COMME UN CHOIX PAR DEFAUT
Jean Charles Biagui, Enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Ucad, apporte des éclairages.
« Les nombreux points de vue des membres de Benno sur leur candidat Amadou Ba mettent en lumière plusieurs réalités. D’abord, la plus évidente est qu’ils révèlent si besoin en est encore la faiblesse du leadership du candidat Amadou Ba. Je considère qu’il n’a pas l’étoffe d’un président de la République. Le costume de présidentiable semble trop grand pour lui tout comme d’ailleurs celui de Premier ministre. Il ressemble beaucoup d’ailleurs à celui qui l’a choisi. Il est incapable de prendre des initiatives du fait notamment de son manque de charisme et de la manière dont il a été choisi. Il aurait eu une marge de manœuvre beaucoup plus importante et des garanties s’il avait été choisi de manière démocratique par les militants de Benno. Ensuite, son handicap résulte également du fait qu’il apparaît comme un choix par défaut. Le véritable choix du président Macky Sall, c’est Macky Sall lui-même. C’est la mort dans l’âme et devant la pression des Sénégalais qu’il s’est résolu à respecter la constitution. La stratégie du président Macky Sall d’attendre le plus longtemps possible avant de se prononcer sur sa candidature se révèle contre-productive pour son candidat qui a perdu beaucoup de temps pour peaufiner une stratégie électorale ». «Enfin, les positions de certains membres de la coalition au pouvoir sont aussi le signe d’un opportunisme chez des politiciens qui comprennent bien que dans une élection ouverte et inclusive, Amadou Ba n’a aucune chance de l’emporter. Ainsi, les contestations des uns et des autres quant aux stratégies annoncent déjà d’éventuelles transhumances ou revirements ».
«ENTRE L’ENCLUME DE BENNO ET LE MARTEAU DES ÉLECTEURS CONCERNANT LE BILAN DE MACKY SALL»
«Je ne suis pas sûr que les divergences dans l’APR et dans Benno soient les principaux handicaps de Amadou Ba. Le défi auquel, il est confronté est en premier lieu le bilan plus que mitigé de Macky Sall à tout point de vue. S’il reste fidèle à ce bilan, il simplifie la tâche à l’opposition. S’il se renie, il se mettra l’APR et Benno à dos. Que fera-t-il pour être crédible aux yeux des électeurs? Comment Amadou Ba réussira-t-il à convaincre les nombreux sénégalais qui l’identifient à un régime à la croisée des chemins ? Cela dit, Amadou Ba est confronté à un second défi relatif à son manque de charisme et à son manque d’envergure nationale. Il n’a pas de réelles capacités de séduction. Dans l’immédiat, il n’osera pas prendre ses distances avec son mentor et avec un système de plus en plus décrié et dont il est le symbole».
«LES SORTIES DANS BENNO S’INSCRIVENT DANS LA PERSPECTIVE DE LA FIN D’UN RÉGIME»
«Le camp du pouvoir n’a plus beaucoup de marge de manœuvre. Il n’a pas de solution de rechange. Il soutiendra Amadou Ba jusqu’au bout surtout s’il continue de rester fidèle au président de la République. Benno nous a habitué à des candidatures multiples et des organisations parallèles. Certains observateurs estiment même qu’il s’agit d’une stratégie pour multiplier les chances. Pour ma part, j’estime que les prises de position osées dans Benno s’inscrivent dans la perspective de la fin d’un régime dont les membres sont à l’affût de la moindre occasion pour justifier leur départ ou leur nouvelle allégeance politique ou pour négocier de nouveaux rapports de clientèle».
AMADOU BA À L’ÉPREUVE DE L’APR
Le dauphin désigné a du mal à faire l'unanimité au sein de sa propre majorité. Entre frustrations, critiques acerbes et dissidences larvées, le Premier ministre candidat divise et suscite le malaise, remettant en question la stratégie du président
Désigné par le président de la République, Macky Sall pour poursuivre son ambition de voir la coalition Benno Bokk Yakaar conserver le pouvoir jusqu’à l’horizon 2035, le Premier ministre Amadou Ba peine toujours à incarner la posture d’un candidat de rassembleur. En plus de l’équation d’anciens camarades de parti qui ont quitté le navire après l’officialisation de sa désignation pour tenter leur chance, Amadou Ba est aujourd’hui appelé à composer avec une famille politique très divisée sur la question de son leadership, de plus en plus remis en question publiquement par certains de ses camarades de partis.
Le président de la République, Macky Sall s’est-il trompé de stratégie en misant sur son Premier ministre, Amadou Ba pour poursuivre son ambition de voir la coalition Benno Bokk Yakaar conserver le pouvoir jusqu’à l’horizon 2035 ? Tout porte à leur croire au regard de la persistance des dissensions entre l’actuel candidat de la majorité et certains responsables du camp présidentiel. En effet, en plus d’un contexte politique très hostile à sa candidature du fait de l’incapacité de son gouvernement à apporter des réponses à l’inflation quasi-généralisée de tous les produits de consommation, au drame de l’immigration mais au problème de l’état de droit, l’actuel Premier ministre, candidat de la majorité fait face à une situation très particulière. En plus de l’équation d’anciens camarades de parti à l’image de Mahammed Boun Abdallah Dionne , Aly Ngouye Ndiaye et Mame Boye Diao qui ont quitté le navire après l’officialisation de sa désignation pour tenter leur chance, Amadou Ba est aujourd’hui appelé à composer avec une famille politique très divisée sur la question de son leadership qui est de plus en plus remis en question publiquement par certains de ses camarades de partis.
La sortie ce weekend de certains responsables politiques dont l’ancien ministre de la Communication et ex maire de Kolda, Abdoulaye Bibi Baldé, l’ambassadeur du Sénégal à l’Unesco, Souleymane Jules Diop et l’adjoint au maire de Mbacké Lamine Bara Gaye par ailleurs, Directeur du SNEIPS peuvent renseigner à suffisance sur le morale de la troupe de la coalition au pouvoir. Invité de l’émission Grand Jury chez nos confrères de la Radio futur média, Souleymane Jules Diop n’a pas caché sa crainte sur la posture actuelle de leur candidat, Amadou Ba.
«Il commence à susciter de l’inquiétude dans nos rangs. C’est profond ce que je vous dis. Moi, je suis100% Amadou Bâ et depuis longtemps. C’est un homme pétri de qualités. Mais, il ne fait pas assez. Et si ça continue comme ça, l’opposition bien organisée peut nous battre à la prochaine présidentielle», a-t-il prévenu.
Abondant dans le même sens, Lamine Bara Gaye qui était l’invité de l’émission «Objection» de la radio Sud Fm (privée) a fait remarquer que « l’ennemi redoutable » de leur coalition le 25 février prochaine ce n’est pas leurs ex camardes qui ont quitté la mouvance présidentielle et acté leurs candidatures. Mais plutôt « ce bastion de responsables frustrés qui sont encore dans la coalition, à des positions insoupçonnées dans l’appareil gouvernemental et étatique, qui n’ont pas encore posé d’actes montrant qu’ils portent la candidature d’Amadou Ba».
Pour sa part, l’ancien maire de Kolda a accusé l’actuel candidat de Benno d’avoir empiré la situation de confusion qui mine actuellement la mouvance présidentielle «par son dispositif parallèle ou en marge du Benno avec des mouvements appelés partout DEBOUT».