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28 avril 2025
Politique
LE DÉPUTÉ ABASS FALL VIDE SON SAC
Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), l'élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours
Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), Abass Fall député élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours. De la question de non-distribution du projet de loi règlement 2021 pour lequel, son groupe après plusieurs jours de bataille médiatique a finalement saisi le président de la Cour des comptes pour réclamation, aux débats d’orientation budgétaire pour l’année 2023 en commission. Dans cet entretien exclusif accordé à Sud Quotidien, le responsable de Pastef à Dakar, parti d’Ousmane Sonko revient également sur d’autres sujets notamment la convocation de son leader par le doyen des juges d’instruction, les rapports entre sa coalition, Yewwi askan wi et Wallu dans le cadre l’inter-coalition.
Une semaine après le démarrage des travaux du débat d’orientation budgétaire en commission, quel bilan à mi-parcours ?
Je peux dire qu’au niveau de notre coalition, nous sommes satisfaits de la tournure que prennent les débats sur le plan technique. Vous savez que l’Assemblée nationale a un peu changé en termes de composition : l’opposition parlementaire est presque majoritaire. Nous avons réussi de part notre nombre, à imposer un débat beaucoup plus technique dans le fond. D’ailleurs, il y a beaucoup de ministres qui ont approuvé, lors de leur passage en commission, le comportement des députés de l’opposition. Nous avons fait une petite évaluation des travaux en commission la semaine dernière et je dois dire que nous sommes satisfaits à mi-parcours. Et véritablement, les gens vont découvrir lors des plénières ce que nous avons eu à faire lors de ces travaux en commission technique.
Vous voulez dire que vos préoccupations ont été prises en compte par les différents ministres qui sont déjà présentés devant vous ?
On peut dire que dans l’ensemble, nos préoccupations ont été prises compte par certains ministres mais pas tous puisque le dimanche dernier par exemple, un incident est survenu lors de l’examen du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale. À la suite de cet incident, des députés de l’opposition notamment de notre groupe parlementaire (Yewwi askan wi) ont quitté la salle. Nous avons boycotté le vote du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale parce que le ministre des Finances a fait preuve de beaucoup de mépris vis-à-vis des députés en refusant non seulement de répondre aux questions mais aussi en se permettant de donner des leçons de moral. On a failli bloquer les travaux de la commission n’eutété l’intervention des uns et des autres pour ramener le calme. N’empêche, c’est une très mauvaise image que nous gardons de ce ministre qui s’est très mal comporté vis-à-vis des parlementaires que nous sommes. Nous l’attendons de manière ferme au niveau de la plénière. Cependant, retenez que de façon générale, tout se passe bien, nous avons posé beaucoup des questions aux ministres, certains ont promis des réponses écrites sous peu et d’autres ont pris l’engagement d’apporter des réponses lors de la plénière. Nous attendons, mais dans tous les cas, les Sénégalais seront au niveau de la plénière, le travail qui a été abattu par leurs parlementaires que nous sommes et principalement ceux de l’opposition.
Où en êtes-vous avec le projet de loi de règlement 2021 ?
Jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu. Le gouvernement n’a pas mis à notre disposition ce texte parce dit-il, il y a des éléments manquants, dont la certification du de la Cour des comptes. Notre groupe parlementaire avait déposé, par l’intermédiaire de son président, une lettre au niveau de la Cour des comptes adressée au président de cette juridiction pour lui demander où est-ce qu’ils en sont avec ce projet de loi de règlement. Mais dans sa lettre de réponse que nous avons reçu le dimanche 30 octobre dernier, le président de la Cour des comptes nous a dit qu’ils travaillent sur la base, donc des délais de dépôt de document. Et que le gouvernement n’a pas déposé à temps le projet de loi de règlement. Donc, contrairement à ce que le gouvernement avait voulu nous faire croire en renvoyant la faute du retard dans la transmission de ce document au député, à la Cour des comptes, le président de cette juridiction nous a dit clairement que le retard qui a été accusé n’est pas de leur responsabilité. Donc, le gouvernement a cherché à mouiller la Cour des comptes alors que c’est lui qui est à l’origine de ce retard pour n’avoir pas déposé le document à temps pour permettre à la Cour d’effectuer convenablement son travail de vérification de la conformité des dépenses.
Pourquoi persistez-vous sur ce document ? Pourquoi ?
La loi de règlement est un dispositif indispensable dans le travail de contrôle parlementaire de l’action du gouvernement. Nos prédécesseurs avaient voté un budget, il est tout à fait normal avant de voter un autre budget pour le gouvernement, de vérifier comment le budget de 2021 a été exécuté. C’est la loi qui le dit, c’est un impératif, il nous faut savoir à quel taux, ce budget a été exécuté et qu’est-ce qui a été fait avec l’argent du contribuable sénégalais mis à la disposition du gouvernement par l’Assemblée nationale. Si, on n’a pas la loi de règlement, on ne peut que douter de la sincérité du budget qu’on présente. En plus, nous ne faisons que nous appuyer sur la loi notamment les dispositions du règlement qui disent de façon claire que dès l’ouverture de la session ordinaire, la loi de règlement doit être mise à la disposition des députés. Donc, nous ne faisons que demander l’application du règlement intérieur qui le dit. C’est aussi simple que ça.
De l’avis d’anciens parlementaires, votre demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’affaire ducontrat 45 milliards d’achat d’équipements militaires au ministère de l’environnement souffre des vices de procédure qui plombent sa mise en œuvre. Que répondez-vous ?
Nous, nous sommes fondés sur le règlement intérieur pour faire demande d’une enquête parlementaire, on verra bien. Nous ne pouvons pas nous lever comme ça pour écrire une demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sans pour autant voir si cela est conforme au règlement intérieur. Nous attendons de voir. De toute façon, j’ai reçu tout à l’heure la réponse du président de l’Assemblée nationale me disant qu’il accuse réception de ma lettre de demande d’ouverture d’une enquête parlementaire et que, conformément aux règlements intérieurs, il va nous revenir. Donc, nous attendons de voir.
Votre groupe parlementaire et celui de Wallu mènent chacun ses activités en solo. Est-ce la fin de l’esprit d’inter-coalition ?
Vous savez, ce n’est pas pour rien qu’on a des groupes parlementaires différents. Si, on voulait rester et faire bloc, on allait créer un seul groupe parlementaire. L’objectif de l’Inter coalition, c’était de montrer aux sénégalais que le Président Macky Sall n’est plus majoritaire dans ce pays. Mais, quand on vient à l’Assemblée, les groupes se constituent comme le dit le règlement intérieur, par affinité, par obédience politique… Aujourd’hui, ces groupes font le travail chacun de son côté puisque Wallu c’est Wallu et Yewwi c’est Yewwi. D’ailleurs, beaucoup disaient que l’intercorrélation n’existe pas. Mais, il faut savoir que c’était une stratégie qu’on a mise en place pour affaiblir le président Macky Sall, c’est ça qui a été fait, mais quand nous venons à l’Assemblée nationale, chaque groupe parlementaire effectue le travail qu’il a à faire. L’inter corrélation n’est pas une coalition politique parce que la coalition est formalisée. Cependant, je dois préciser que nous poursuivons le travail pour la réalisation de l’objectif qui nous avait poussé à mettre sur pieds cette stratégie électorale qui est l’inter coalition. Sur beaucoup de points, effectivement, nous travaillons ensemble. La preuve, c’est dans le bureau du vice-président du groupe parlementaire de Wallu que je vous accorde cet entretien. Ceci pour vous montrer les bonnes relations que nos deux groupes entretiennent dans le cadre de l’opposition. Nous travaillons ici, à l’Assemblée nationale de la façon la plus intelligente possible et il n’y a pas de différence entre Wallu et Yewwi au contraire, ça se passe très bien au niveau de l’Assemblée nationale. Vous avez remarqué également à chaque fois que mon collègue, vice-président du groupe Wallu, Bara Dolly prend la parole, il dit que c’est nous qui avons la majorité.
Le chef de l’Etat vous a-t-il cour-cuité sur la question relative à la restauration des droits civiques et politiques avec son projet d’amnistie annoncé ?
C’est un engagement que nous avons pris au niveau des deux coalitions de restaurer les droits de vote de Karim Wade et Khalifa Sall. Notre démarche n’est pas la même que celle du Président Macky Sall sur cette question. Sa décision soudaine de vouloir faire voter une loi d’amnistie est peut-être motivée par une volonté d’anticiper sur ce que nous comptons faire à l’Assemblée nationale parce que, comme vous l’avez dit, nous avons la majorité et que, si nous déposons cette proposition de loi, elle va forcément passer. Maintenant, on attend de voir ce qu’il va nous amener. Mais, je dois préciser que si le président de la République nous présente un projet de loi d’amnistie fourretout pour en faire profiter à ces compagnons qui ont été épinglés dans beaucoup de domaines pour malversations et autres, nous allons le rejeter en votant contre. Ce, d’autant plus qu’on a tous entendu Karim Wade dire par le biais de ses proches qu’il demande plutôt la révision de son procès et non une loi d’amnistie. De son coté, Khalifa Ababacar Sall non plus n’a pas fait une demande dans ce sens. Lors de la campagne électorale, on avait dit, une fois qu’on aura la majorité, on va les remettre leur droit maintenant, comment on va procéder, c’est à la conférence des leaders des deux coalitions de répondre à cette question.
Quel commentaire faites-vous sur cette audition annoncée de votre leader Ousmane Sonko dans le cadre de l’affaire sweet beauté ?
Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette convocation du président Ousmane Sonko. Nous attendons de voir ce que ça va donner. Cependant, je veux juste rappeler que les gens oublient que c’est lui-même (Ousmane Sonko) qui a exigé que ce dossier-là soit rouvert et que rapidement qu’il soit vidé parce qu’il n’acceptera pas qu’une fois, qu’il commence sa campagne pour la présidentielle de 2024 qu’on essaie de le perturber en le convoquant. Donc, c’est lui-même qui a tout fait pour que ce dossier soit remis sur la table. Rappelez-vous, c’est après sa sortie dans les médias où il avait annoncé qu’il ne va plus émarger chez le doyen des juges qu’on a commencé la même semaine l’audition des protagonistes du dossier. Il ne reste que lui et c’est tout à fait normal qu’il soit attendu. Je le dis, tout le monde sait que ce dossier est vide. Absolument rien ne peut être reproché au Président Sonko. Au contraire, la machine doit être déclenchée pour poursuivre ces gens qui sont derrière ce complot maléfique qui a coûté la vie à des Sénégalais et d’importants dégâts matériels.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
LA MÉTÉO DU TROISIÈME MANDAT
EXCLUSIF SENEPLUS - Inévitables orages politiques en vue sous le ciel faussement serein du pays. Le scénario est déjà écrit et les acteurs sont en répétition. Il posera sa candidature car autour de lui, c’est le vide
Vents forts à modérés émaillés d’orages alternants violences et d’habituelles médiations nocturnes et diurnes. Ces perturbations pourraient être aggravées par l’immixtion vigoureuse d’éléments armés, certains encagoulés, supposés œuvrer pour le rétablissement d’un ordre climatique perturbé par des vents contraires occasionnés par des lectures singulières des articles fourre-tout d’une Constitution....
Pour le climatosceptique que je suis, la probabilité que le locataire du Palais ne tente un baroud d’honneur pour conserver le fauteuil républicain sur lequel il est assis depuis dix années et qu’il veut transformer en trône royal est faible. Et croire qu’un tel monarque a des soucis d’éthique, de la parole donnée ou de la morale (même avec un petit m)comme le pensent naïvement les signataires de l’appel à la paix, c’est ne pas se préparer et préparer l’opinion à l’inévitable : l’affrontement entre ceux qui veulent s’incruster au pouvoir et ceux qui veulent les en déloger...
Pourquoi la candidature de trop du président Macky Sall est une question de vie (ou) et de mort pour eux, surtout pour lui ? Parce que ses dix ans de gouvernance ont été une gouvernance de rapines, pire que sous celle de son prédécesseur qu’on avait être trop décrié, trop injustement sans doute. Et cette volonté de le dégager (dégagisme qui ressemble furieusement à du « ôte-toi de là que je m’y mette pour bouffer moi aussi »), a empêché de voir que les héritiers du trône étaient la gangrène même qui avait pourri le pouvoir du vieux. Pas besoin d’un scanner pour voir que la quasi-totalité de ceux qui gouvernent provient de ce qu’on pourrait valablement appeler « l’ancien régime ». Ancien corrompu avec un ADN de prédateurs des gênes de l’alternance dénégénérée de 2000...
Si le nouvel héritier (par accident) du trône du vieux avait une liste (sans doute minorée) de 25 prédateurs et sur laquelle il avait posé son lourd coude, il devrait laisser une liste de prédateurs dix fois plus longue à son successeur. Qui pourrait être son plus intime des ennemis : Sonko. Un nom qui leur donne des urticaires, des aigreurs stomacales et des cauchemars. En effet, le complément des articles de presse des prédateurs épinglés, des fraudeurs de passeports, des trafiquants, des adeptes des contrats fictifs et/ou de gré à gré (dernier en date, celui des 45 milliards des eaux et forets), des prédateurs fonciers, des « surfactureurs » devant l’éternel, des chapardeurs des fonds Covid, etc. oui la liste est tellement longue.
Alors, pourquoi voulez-vous que pour des détails comme le respect de la parole donnée, la morale, le respect d’une Constitution qui ressemble à un « soupe Kandahar) et tutti quanti, pourquoi voulez-vous donc que ces gens-là, acceptent (comme des hommes d’honneur) de devoir avec certitude poser leur tête sur le billot qu’un nouveau régime de revanchards va mettre en place ? Et pour éviter qu’on vide Rebeus de ses voleurs de poules pour les accueillir ou comme on l’annonce comme une grande réforme pour le bien être des repris de justice qu’ils puissent inaugurer la future prison cinq étoiles de Pout (?) ou de Thiaroye.. Et c’est parce que comme disait Me Wade, que les Sénégalais sont intelligents, mais d’une intelligence mal saine au service du mal que ces gens-là sont devenus des prédateurs sociaux. Et qu’ils feront tout pour ne pas payer, répondre de leurs actes. Ils forceront (essaieront en tout cas) pour le troisième mandat, censé les sauver, ou tout au moins, différer leur traduction en Justice. Mais si au prix du sang qui sera versé dans les rues par des sans-culottes, ils sont battus, ils feront alors appel au plan B qui marche souvent : négocier leur liberté, rejoindre armes et bagages, toute dignité bue, le camp des vainqueurs. Par le fric ou par le chantage, ils trouveront des planques discrètes, avant de trôner dans de nouveaux postes....
Oui, inévitables orages politiques en vue sous le ciel faussement serein du pays. Parce que des années durant, il a fait le vide autour de lui, parce que tous (et toutes) les possibles et probables sérieux prétendants à la succession au fauteuil ont été, soit anéantis soit rétrogradés puis réhabilités, mais désormais honnis par l’opinion, parce que justement il n’a jamais pensé respecté sa parole, ses engagements publics nationaux et/ou internationaux. Il n’a pas, comme on dit, « préparé » un dauphin. Autour de lui, c’est le vide : entre des bannis recyclés (apéristes de la première heure), des alliés émasculés, réduits à leur plus simple expression (PS, AFP, une partie de la gauche), une bonne partie de la presse qui a laissé tomber les masques et achever de perdre ses restes indépendantistes, que lui reste-t-il sinon un baroud d’honneur du samouraï. ... Et cette aventure qui ne sera pas ambiguë, mais hautement explosive aura le soutien multiforme et hypocrite de l’Occident. De la France d’abord et bien sûr de l’Union européenne (avec Paris comme chef de la meute), de l’ONU qui s’accrochera aux basques des « machins » africains : l’UA et la CEDEAO...
Dans ce monde à géopolitique incandescente, le pétrole et le gaz sénégalais ont besoin d’un chef de la sécurité docile, malléable comme un roseau. Qu’ils perdent Bamako et Ouaga, franchement, ça la fout mal pour l’orgueil. Et l’honneur perdu d’une puissance coloniale qui a été sourde et aveugle aux aspirations de souveraineté de ces peuples. Mais perdre les têtes de pont que sont Dakar et Abidjan pour la perpétuation des pillages, c’est carrément cauchemardesque. Livrer le précarré à l’ogre sauvage russe avec son bras armé au nom qui sonne comme les notes apaisantes de ce vieux Wagner, cela ne se fera pas sans quelques cadavres au soleil ou dans les eaux de la lagune Ébriété ou du fleuve (Sénégal)...
Oui le scénario est déjà écrit et les acteurs sont en répétition. Il posera sa candidature. La deuxième ou la troisième, c’est sans importance pour lui et ses supplétifs ;
Le Conseil Constitutionnel la validera ;
Les forces de(in)sécurité seront appelées à accentuer le désordre et à faire tonner les foudres des grenades et autres « balles réelles » ;
La Justice du tailleur de haute couture va s’abattre injustement sur les fauteurs de troubles et autres farces (forces) spéciales et des soldats de fortunes issus des rangs d’une rébellion dissoute dans les forêts et cours d’eau...
Ou alors la déferlante des sans-culottes fera dissiper les sombres nuages et ramener le beau temps. Toute la question est : le bon sens est-il encore la chose la mieux partagée chez nous ?
NB : Quelqu'un de plus intelligent que moi peut-il m’expliquer pourquoi on met en état d’alerte maximale les forces de l’ordre pour une simple audition d’un justiciable, fut-il cet empêcheur de gouverner tranquille ? N’est-ce pas des maladresses (provocations plutôt) de cette nature qui avait mis le feu aux poudres en mars 2021 ? Ce qui se passera (ou pas) le 2 novembre prochain nous édifiera sur le temps qu’il fera dans les prochaines semaines ou prochains mois. Mettre en état d’alerte des milliers de forces de l’ordre y compris les corps militarisés qui ne sont absolument pas destinés au maintien de l’ordre dans les villes pour une simple audition devant un juge, est-ce raisonnable ? Ne serait-ce pas plutôt la volonté de chercher à pousser à la faute pour justifier des mesures d’exception à venir ?
UN CONTENU LOCAL CHAHUTÉ
Catering, boulangerie, pâtisserie, buanderie, houskeeping, maçonnerie, peinture… voilà un ensemble de métiers dans lesquels les Sénégalais disposent de compétences certaines, mais qui leur échappent sur les différentes plateformes pétrolières et gazières
Catering, boulangerie, pâtisserie, buanderie, houskeeping, maçonnerie, peinture… voilà un ensemble de métiers dans lesquels les Sénégalais disposent de compétences certaines, mais qui leur échappent sur les différentes plateformes pétrolières et gazières. Malgré la loi sur le contenu local, les sociétés de placement préfèrent à la place des nationaux des Philippins, Malaisiens, Camerounais et autres Nigérians réputés être de bon marché.
En dépit des dispositions de la loi sur le contenu local, le partage des fruits de l’exploitation pétrogazière continue de se faire au nez et à la barbe des populations sénégalaises. Après les premières vagues de licenciement, un autre groupe a été débarqué hier au Port autonome de Dakar, bien que l’activité bat son plein dans les différentes plateformes.
Membre du collectif des Sénégalais licenciés, Adama Sall était sur les lieux pour les accueillir. Il peste : ‘’Ce qui se passe sur les plateformes est inadmissible. Les Sénégalais subissent toutes sortes de préjudice et de discrimination. Non seulement, les conventions ne sont pas respectées en ce qui concerne leur traitement salarial, mais ils pensent que nous ne méritons pas le peu qu’ils nous donnent, simplement parce que nous sommes des Africains. Voilà pourquoi ils vont chercher des Asiatiques, notamment des Philippins, des Malaisiens et d’autres nationalités pour nous remplacer. Nous sommes victimes d’une injustice dans notre propre pays. C’est honteux.’’
Pendant qu’Adama Sall et Cie sont libérés pour ‘’motif économique’’, RMO continue le travail avec d’autres travailleurs de nationalité étrangère. Le porte-parole du collectif fulmine : ‘’A la place, ils sont allés chercher des Philippins pour faire le même travail, dans les domaines de la restauration, de la pâtisserie, de la buanderie, de la plonge... Or, nous avons les mêmes compétences, sinon même beaucoup plus de compétences. Du point de vue de la compétence, ils n’ont rien à nous reprocher. Et les clients sur place peuvent en témoigner. Ils étaient agréablement surpris du travail abattu par les Sénégalais, notamment dans les domaines de la restauration et de la pâtisserie, comme dans la buanderie et la plonge. On faisait leurs plats (les plats européens) mieux que les citoyens européens qui ont été dans un premier temps recrutés comme chefs.’’
Pourquoi donc les entreprises tiennent-elles à avoir coûte que coûte de la main-d’œuvre étrangère ? En l’espèce, c’est surtout pour payer moins, pensent savoir nos interlocuteurs. ‘’Avec les Asiatiques et autres Africains, ils ne passent même pas par l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam). Ils sont nombreux, les travailleurs sur place, à ne pas disposer de contrats en bonne et due forme. Et pour ne pas prendre de risques, ils vont chercher des Asiatiques qu’ils peuvent exploiter à souhait. Je dois signaler que les clients comme Eiffage, BP et les autres n’y sont pour rien. Ce sont surtout les sociétés de placement et d’intérim qui sont à la base de toute cette nébuleuse’’, dénonce un des licenciés.
Le Comité national de suivi du contenu local et l’Anam interpellés
De telles pratiques sont aux antipodes des dispositions de la loi sur le contenu local. Lequel prévoit, en son article 7 : ‘’Les contractants, sous-traitants, prestataires de service et fournisseurs emploient, en priorité, du personnel sénégalais lorsque celui-ci dispose des compétences requises. Les emplois non qualifiés sont proposés en priorité aux résidents des communautés locales ou de celles avoisinant les lieux où se déroulent les activités pétrolières et gazières.’’ Il résulte de la même disposition que ‘’chaque contractant, sous-traitant, prestataire de service et fournisseur précise, dans son plan de contenu local, les mesures prises pour permettre à des ressortissants sénégalais d'acquérir les qualifications et l'expertise nécessaires pour remplacer graduellement les employés non nationaux. Ce plan décrit les progrès en matière de recours à l'emploi local, ainsi que les activités en matière de création d'emplois et de renforcement des capacités’’.
D’ailleurs, un Comité national de suivi du contenu local a été mis en place pour veiller sur l’effectivité de la loi sur les différentes plateformes.
Dans tous les cas, dans le secteur, la plupart des entreprises disposant d’agrément appartiennent à des étrangers. Pourtant, les compétences ne manquent pas, notamment dans le domaine du catering et du houskeeping. ‘’C’est faux de penser que nous n’avons pas les compétences. Il y a tellement d’emplois sur les plateformes que nous pouvons exercer. Les compagnies paient très cher le service, mais ce sont les sociétés de placement qui captent tout et qui font tout pour payer des miettes aux travailleurs. Nous pensons que l’État doit prendre ses responsabilités’’, alerte Adama Sall.
Recrutés par une société nommée O2 dans un premier temps, ces travailleurs qui ont quitté de grands hôtels de la place ont été mis à la disposition d’une autre appelée RMO. ‘’Cette société nous a fait signer des contrats en bonne et due forme pour servir dans un bateau qui se trouve à Sangomar, en l’occurrence le ‘Diamond Black Rhino’. C’est le bateau qui figure dans nos contrats. Mais au lieu de nous amener là-bas, ils nous ont conduits à Saint-Louis Offshore pour travailler sur un autre bateau. Après 13 mois de travail, ils nous ont envoyé des lettres de licenciement sans préavis. Nous réclamons juste le respect des termes de nos contrats. C’est-à-dire qu’on nous redéploie sur le bateau qui figure dans nos contrats.’’
Fact-Checking
Le contenu local ne signifie pas la transformation du gaz à Saint-Louis
Enjeu fondamental de développement, le contenu local est au cœur du débat relatif aux hydrocarbures. Les politiciens ne sont pas en reste. ''Bientôt, disait Aminata Touré pour convaincre les électeurs, Saint-Louis sera la capitale du gaz au Sénégal. L’État a adopté une loi sur le contenu local. Cela signifie que le gaz qu’on va extraire, c’est vous qui allez le transformer. Donc, le département de Saint-Louis a un bel avenir devant lui’’. Il faut noter que les enjeux sont bien plus complexes et sont aux antipodes des affirmations de l’ex-lieutenant de Macky Sall.
Babacar Sy Seye et Mor Amar
Le Sénégal sera bientôt membre de l’Organisation des pays exportateurs de gaz. Ceci aura des conséquences sur le plan économique et social du pays. Mais concrètement, comment les populations locales devront-elles sentir cette émergence économique prévue en 2023 ? Que dit la loi sur le contenu local ? Les réponses sont loin d’être évidentes. Même des personnalités s’y perdent. Lors des élections législatives, pour avoir le vote des Saint-Louisiens, l’ex-lieutenant de Macky Sall, Aminata Touré, disait : ''Bientôt, Saint-Louis sera la capitale du gaz au Sénégal. L’État a adopté une loi sur le contenu local. Cela signifie que le gaz qu’on va extraire, c’est vous qui allez le transformer. Donc, le département de Saint-Louis a un bel avenir devant lui.’’’https://fb.watch/eivd7fpNV9/?fs=e&s=cl
La question qui se pose est alors de savoir si le contenu local signifie que les ressources naturelles doivent être forcément transformées par les populations des localités où se trouvent les gisements ? En l’occurrence, le gaz du champ GTA doit-il être transformé par les Saint-Louisiens ou à Saint-Louis ?
Aux termes de l’article 1er de la loi 2019-04, ‘’le contenu local dans le secteur des hydrocarbures renvoie à l'ensemble des initiatives prises en vue de promouvoir l'utilisation des biens et des services nationaux, ainsi que le développement de la participation de la main-d'œuvre, de la technologie et du capital nationaux dans toute la chaîne de valeur de l'industrie pétrolière et gazière’’.
Dans la même veine, l’article 3 a été précis, en ce qui concerne les objectifs à atteindre avec une telle disposition. ‘’La présente loi, souligne-t-il, a pour objectif de promouvoir et de développer le contenu local, c'est-à-dire : a) d'augmenter la valeur ajoutée locale et la création d'emplois locaux dans la chaîne de valeur des industries pétrolières et gazières grâce à l'utilisation de l'expertise, ainsi que des biens et services locaux ; b) de favoriser le développement d'une main-d'œuvre locale qualifiée et compétitive ; c) de développer les capacités nationales dans la chaîne de valeur de l'industrie pétrolière et gazière par l'éducation, la formation, le transfert de technologie et de savoir-faire et la recherche-développement ; d) de favoriser le renforcement de la compétitivité nationale et internationale des entreprises sénégalaises’’.
Membre du Groupe multipartite d’ITIE/Sénégal (Initiative pour la transparence dans les industries extractives), Moussa Mbaye Guèye s’est voulu on ne peut plus clair. Selon lui, dans le contenu local, il est surtout question de l’emploi de la main-d’œuvre locale, de la dimension approvisionnement local pour les entreprises sénégalaises et la participation au développement local. ‘’Quand on parle de contenu local, souligne-t-il, les gens ont tendance à se limiter à la question de l’emploi. Mais le contenu local renvoie à trois phases. Il y a la dimension approvisionnement local pour les fournisseurs de biens et de services, mais aussi la participation au développement local… Dans notre perspective, nous disons que travailler avec l’entreprise, c’est mieux que travailler dans l’entreprise. Parce que c’est plus profitable’’. Ce qui lui fait dire qu’il y a beaucoup d’insuffisances dans la déclaration de l’ancienne Première ministre.
Au-delà de ces dispositions législatives pertinentes, il faut savoir que rien ne sera donné sur un plateau d’argent aux locaux qui, au sens de la loi sur le contenu local, ne sont pas les Saint-Louisiens comme certains peuvent le penser, mais les Sénégalais, quelle que soit leur origine.
Une chose est, en effet, d’avoir la loi, avertit Moussa Mbaye Guèye, mais c’en est une autre d’avoir les compétences qui permettent de s’en prévaloir. ‘’L’État, explique l’expert, peut faire une loi. Ce qui va être problématique, c’est que les gens doivent disposer des compétences pour répondre aux offres d’emploi qu’on va leur proposer. C’est pourquoi nous estimons qu’il faut mettre en place toutes les conditions pour former un tant soit peu les populations, afin qu’elles aient les compétences nécessaires pour répondre potentiellement aux offres d’emploi. C’est aussi valable pour les entreprises qui doivent relever leurs plateaux de compétence pour répondre aux exigences de ce secteur’’.
Pallier la faiblesse des capacités techniques, technologiques et économiques des entreprises locales
Ainsi, de l’avis du représentant de la société civile au sein de l’ITIE, l’utilisation de la main-d'œuvre locale et la participation des entreprises nationales aux activités pétrolières et gazières ne peuvent être optimales que si les défis liés à la faiblesse des capacités techniques, technologiques et économiques des entreprises locales et ceux liés à la qualification professionnelle de la main-d'œuvre sont relevés. Il déclare : ‘Il faut noter que le Master Gaed (apprendre à gérer les impacts des activités extractives) a été lancé à Saint-Louis et à Nouakchott, respectivement au niveau des universités USTM et UGB. Son objectif est de former des étudiants d’Afrique francophone à la gestion des fonctions d’interface entre entreprises, États et sociétés civiles’’.
Dans tous les cas, la loi sur le contenu local offre beaucoup d’opportunités, selon le spécialiste, aussi bien au niveau des plateformes qu’au niveau de l’onshore.
Mais il faudrait que Saint-Louis se mette à niveau pour en bénéficier. Moussa Mbaye Guèye explique : ‘’Les travailleurs étrangers qui seront dans les bateaux pour exploitation des ressources ont besoin d’être sur terre à un certain moment. A Saint-Louis, par exemple, il manque d’infrastructures pouvant accueillir ces travailleurs. Actuellement, l’hôtel Onomo de Dakar est le site qui accueille les gens, lorsqu'ils auront besoin de repos. Quelque part, ce n’est pas profitable pour Saint-Louis. Parce que c’est de l’argent qui va être plus dépensé à Dakar’’, a regretté M. Guèye.
En définitive, il faut retenir que la déclaration d’Aminata Touré est vague, imprécise, avec beaucoup d’insuffisances qui peuvent induire en erreur. D’abord, la loi sur le contenu local ne vise pas spécifiquement la population de la localité abritant le gisement, mais les nationaux de manière générale. Ensuite, il faut noter qu’il y a des domaines qui sont réservés exclusivement aux Sénégalais, mais aussi d’autres domaines qui restent ouverts à la concurrence étrangère. Encore que même pour les domaines qui sont en principe réservés aux nationaux, il faudra que les compétences existent pour en tirer pleinement profit. Ce qui est loin d’être le cas pour le moment.
En 2020, informe le membre du Groupe multipartite, les services et matières achetés auprès des fournisseurs locaux ont représenté 28,91 % du volume total des achats des entreprises sélectionnées. Ils sont évalués à 715 692 333 114 F CFA, selon l’ITIE.
SONKO DEVANT LE JUGE D'INSTRUCTION, JEUDI 3 NOVEMBRE
La date de l’audition du maire de Ziguinchor dans l’affaire Sweet Beauty, est désormais connue
La date de l’audition de Ousmane Sonko, dans l’affaire Sweet Beauty, est désormais connue. Me Bamba Cissé a dévoilé que le leader de Pastef sera entendu par le juge d’instruction le jeudi 3 novembre prochain. « Sauf changement, notre client sera entendu ce 3 novembre prochain», a confié la robe noire à nos confrères de Libération.
Le journal informe par ailleurs, que ses avocats ont adressé, depuis le 5 octobre dernier, une nouvelle lettre au doyen des juges pour demander l’audition de témoins à l’occurrence Baye Mbaye Niass dit Mc Niass, Mamadou Mamour Diallo et de la nommée Madame Tall.
«En ce qui concerne le premier, il a déclaré publiquement dans l’extrait vidéo joint, que la nommée Adji Sarr s’est confiée à lui relativement aux faits de la cause et estime être en mesure de faire des révélations importantes menant à la manifestation de la vérité. S’agissant du nommé Mamadou Mamour Diallo, il a, dans un autre extrait vidéo joint, entretenu des discussions soutenues avec la nommé Adji Sarr, ce qui recoupe la dé position du sieur Coulibaly, époux de l’inculpée Ndèye Khady Ndiaye qui avait déclaré devant le juge d’instruction avoir entendu la dame Adil Sarr dire que c’est le chauffeur de monsieur Mamadou Mamour Diallo qui était venu à la porte du salon Sweet beauty la prendre, la nuit des faits supposés. Enfin, Mme Tall qui avait hébergé Adii Sarr a aussi révélé publiquement s’être entretenue avec la susnommée sur les faits supposés reprochés à notre clients», ont écrit Me Bamba Cissé et Cie dans leur requête.
Les avocats de Ousmane Sonko estiment que ces dépositions sont «capitales pour la manifestation de la vérité, comme il en est de celle de l’ex-capitaine Seydina Oumar Touré, qui, lui-même, a aussi dans un extrait vidéo, déclaré attendre votre (doyen des juges) convocation », ajoute Libé.
LA COALITION MACKY 2012 DENONCE «LE NI OUI NI NON» DE MACKY SALL
Les langues commencent à se délier au niveau de la coalition du président de la République concernant la question du 3ème mandat
Les membres de la Coalition Macky 2012 veulent que le chef de l’Etat se prononce sur la question du 3ème mandat. Selon eux, «le ni oui ni non», entretenu par le président de la République, est devenu un «goulot qui étrangle, étouffe et asphyxie les populations».
Les langues commencent à se délier au niveau de la coalition du président de la République concernant la question du 3ème mandat. La Conférence des leaders de la Coalition Macky 2012 estime qu’après la cherté de la vie, «le second goulot qui étrangle, étouffe et asphyxie les populations, reste indéniablement le «ni oui ni non», volontairement entretenu par le président de la République au sujet de la 3e candidature pour la Présidentielle de 2024». Ainsi, la coordinatrice de cette Conférence des leaders, Fatoumata Guèye Diouf, informe que les membres de cette coalition seront «en conclave les 12 et 13 novembre 2022 pour donner publiquement» leur «position sur cette question qu’aucun allié politique ne doit occulter».
Dans son communiqué, la Conférence des leaders de Macky 2012 a rappelé que «son compagnonnage avec le Président Macky Sall et Bby est basé sur un socle de valeurs qui l’astreint à l’obligation civique et morale de soutenir le président de la République et son gouvernement dans toutes les politiques publiques et dans la prise en charge des préoccupations des populations». Dans la même veine, elle souligne que «ledit compagnonnage est scellé au ciment de la Justice, du respect mutuel et de la responsabilité».
Par ailleurs, abordant la lancinante question de la cherté de la vie, «la Coalition Macky 2012 constate, pour le regretter, que malgré les milliards débloqués pour juguler l’inflation, toutes les énergies et synergies déployées pour atténuer la souffrance des compatriotes, la demande sociale reste très forte».
Dans cette dynamique, les membres de cette organisation politique exhortent «le président de la République et son gouvernement, à mettre en place et à déployer, dans les meilleurs délais, des stratégies pour circonscrire, voire abréger la souffrance des ménages». Selon eux, «c’est une bataille qu’il urge de gagner afin de faire renaître l’espoir chez ces populations, le Yaakaar auquel il tenait tant».
MACKY VEUT UN BETAIL ELECTORAL
A l’approche de l’élection présidentielle, le camp du pouvoir veut mobiliser des partisans par tous les moyens.
En meeting sur le site du foirail de Diamaguène Sicap Mbao, les ministres, Cheikh Oumar Anne et Aly Saleh Diop, sont allés jusqu’à brandir le titre foncier du terrain sur lequel est installé le marché d’échange de bétail dans la région de Dakar. Cela, pour inciter les opérateurs du lieu à approuver un éventuel 3ème mandat pour le Président Macky Sall et voter pour ce dernier.
A l’approche de l’élection présidentielle, le camp du pouvoir veut mobiliser des partisans par tous les moyens. Le week-end dernier, les éleveurs du foirail de Diamaguène Sicap Mbao se sont retrouvés au cours d’une grande mobilisation. A cette rencontre, on a noté la présence de ténors du parti au pouvoir. Parmi lesquels on peut citer les ministres Aly Saleh Diop, ministre de l’Elevage et des productions animales, et Cheikh Oumar Anne, ministre de l’Education nationale.
Ces derniers ne sont pas venus les mains vides, puisque qu’ils avaient dans leurs dossiers, le titre foncier du site du foirail. Quand ils l’ont brandi en l’air, des éleveurs sont tombés en transe et certains ont déclaré valider un 3ème mandat pour le Président Macky Sall.
«Ces gens de l’opposition, s’ils savaient ce qui les attend, ils resteraient dans leur coin et garderaient leur calme. Nous n’attendons que le signal du chef de l’Etat.
Si c’est pour être prêts, nous le sommes. Si c’est pour mobiliser, nous le sommes, quel que soit le prix, nous le mettrons pour faire réélire le Président Macky Sall.
Aujourd’hui, vous avez ce sésame qui est le titre foncier du site. Beaucoup de personnes lorgnent ce site alors que vous êtes là depuis 1945. Vous n’avez pas eu de papiers. Aujourd’hui, si ce n’était pas Macky Sall, vous n’alliez jamais entrer en possession de ce site», a déclaré le ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne. Des propos qui ont rendu hystériques les éleveurs du foirail.
Dans une ambiance indescriptible, le ministre de l’Education a poursuivi de manière à inciter ses interlocuteurs à se préparer à un devoir de reconnaissance envers le chef de l’Etat sortant. «Pour le troisième mandat, c’est acquis. Pourquoi c’est acquis ? Parce que le Président a un bilan élogieux. Au vu de toutes les réalisations qui ont été faites. Aujourd’hui, c’est une fierté pour le Sénégal. Même au sein de l’opposition, certains (es) reconnaissent le travail qui a été fait. Alors qu’est-ce qu’ils veulent encore ? Diriger un pays n’est pas donné à n’importe qui et pour reprendre les propos du maire Racine Talla, «nous n’allons jamais laisser des arrivistes, qui n’ont aucune expérience de ce qu’est un Etat, nous mettre dans le pétrin»», a enchaîné le responsable politique dans un brouhaha persistant provenant des éleveurs qui semblaient dans un état second.
Il augmente la dose : «Ne vous laissez pas distraire par une bande de dormeurs qui ne cherchent qu’à déstabiliser le pays. C’est peine perdue pour eux, nous sommes prêts à les affronter et ce sont les Sénégalais qui feront leur choix.»
«Des khalifes généraux ont encouragé Macky et lui ont demandé de continuer son travail»
Le ministre de l’Elevage a donné une information de taille. Et c’est pour dire que le chef de l’Etat, «malgré certaines personnes qui essaient de le contester, a reçu la bénédiction des khalifes généraux, qui lui ont demandé de continuer son travail pour le Sénégal. Aujourd’hui, Macky est notre candidat et personne d’autre. Parce que là où nous sommes, il n’y a pas encore de personne qualifiée qui puisse le remplacer à l’heure actuelle».
Par Madiambal DIAGNE
KARIM WADE ET KHALIFA SALL, LA PEUR D’ÊTRE CANDIDAT
S’ils ont confiance en leur capacité de gagner la prochaine présidentielle, pourquoi ne se lanceraient-ils pas avec les conditions minimales qu’offrirait une loi d’amnistie, quitte à faire réviser leur procès une fois au pouvoir ?
A l’issue de la réunion du Conseil des ministres du 29 septembre 2022, le Président Macky Sall avait demandé à son ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, d’examiner les conditions qui permettraient à certaines personnalités politiques de se faire réadmettre dans le corps électoral, après leur radiation pour cause de condamnations judiciaires. Tout le monde voyait à travers une telle initiative, un souci de la réhabilitation politique de Karim Meïssa Wade et de Khalifa Ababacar Sall. Le communiqué du gouvernement précisait que «le chef de l’Etat a demandé au ministre de la Justice de lui faire des propositions dans les délais les plus rapides». Plus d’un mois après, le projet semble être coincé car les modalités de sa mise en œuvre divisent les différentes parties. En effet, le gouvernement semble vouloir privilégier la voie de l’adoption d’une loi d’amnistie alors que les camps de Karim Meïssa Wade et de Khalifa Ababacar Sall disent refuser une telle formule. Au bout du compte, on réalise que si Karim Wade et Khalifa Sall déclinent la proposition, c’est qu’en réalité ils ne souhaitent pas tant se porter candidats.
Le caprice assez égoïste de Karim Wade
Des franges du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui parleraient au nom de Karim Wade, affirment que le fils du Président Wade, condamné le 23 mars 2015, par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), rejette l’offre d’une amnistie et continue d’exiger la révision du procès, au motif que Karim Wade avait été mal jugé par une juridiction du reste «illégale». Cette prétention ne manque pas de sens, du point de vue politique. En cas de réouverture du procès de Karim Wade, les compteurs seraient en quelque sorte remis à zéro et le candidat, jusqu’ici virtuel du Pds, pourra aller devant les électeurs en leur disant qu’il reste toujours présumé innocent, tandis qu’une loi d’amnistie laisserait toujours le sentiment d’une certaine culpabilité effacée par une volonté d’amnésie ou d’oubli collectif. D’autres analystes ont pu voir en l’attitude de Karim Wade, un caprice mal placé, surtout que le rapport de forces politiques ne lui permettrait nullement d’imposer la marche à suivre. Cela a d’ailleurs suscité des objections au sein même du Pds, où des responsables ont exprimé leur agacement ou un ras-le-bol devant l’insistance de Karim Wade à préférer une révision du procès ; une perspective qui, au demeurant, resterait hypothétique et se révélerait un couteau à double tranchant car nul ne saurait préjuger de l’issue finale d’un nouveau procès.
Karim Wade trouverait un autre intérêt strictement personnel à la révision de son procès ou mieux, dans une décision finale de relaxe en sa faveur. Cela lui permettrait d’avoir les coudées franches et de garder une image immaculée pour mieux s’occuper directement de ses activités dans le monde de la finance, qu’il développe notamment à Doha, à Kigali et à Kinshasa. On se demande même si Karim Wade ne préférerait pas une telle activité plutôt que de revenir de son exil doré au Qatar pour faire de la politique au Sénégal avec tous ses aléas et inconforts. Avec une facilité déconcertante, Karim Wade menace, par le truchement de ses thuriféraires, de démissionner même du Pds si son parti s’associait à l’idée de voter une loi d’amnistie. C’est dire…
La demande de Karim Wade apparaît plus personnelle et égoïste qu’une démarche politique et manquerait d’altruisme. En effet, il semble n’avoir cure du sort de ses co-accusés (Bibo Bourgi et autres) qui, eux, devraient sans doute être heureux de se voir amnistiés afin de pouvoir tourner une mauvaise page et passer à autre chose. Aussi, il apparaît incohérent que Karim Wade, qui trouve la Crei illégale et rejette ses jugements, continue de demander une réouverture du procès devant la même juridiction. Certes dans ces colonnes, nous n’avons eu de cesse de relever nos réserves pour ne pas dire notre appréciation négative des règles qui organisent la Crei, qui ne garantissent absolument pas un «procès juste et équitable». C’est non seulement dans le sens où le principe du fardeau de la preuve reste imposé aux accusés, mais aussi l’absence dans le dispositif, d’un second degré de juridiction pour recevoir d’éventuels appels formés par les parties, tous travers apparaissant comme non conformes à une bonne distribution de la Justice («Pour une réforme de la Crei», 26 octobre 2015).
Des députés de l’opposition ont brandi l’idée d’une proposition de loi pour amender certaines dispositions de la loi électorale afin de permettre la participation au prochain scrutin présidentiel de 2024, de personnalités politiques comme Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall. Ces réformes envisagées ne devraient pouvoir être adoptées si elles ne sont pas acceptées par le groupe parlementaire majoritaire de Benno bokk yaakaar (Bby). Autrement dit, l’idée est partie pour être un pis-aller et Karim Wade comme Khalifa Sall, si tant est qu’ils seraient mus par leur volonté de participer à l’élection présidentielle, risquent de lâcher la proie pour l’ombre.
Au cas où l’idée avancée à grands renforts médiatiques par le Président Macky Sall (comme pour tenir l’opinion publique à témoin), de faire revenir dans le jeu politique ces deux protagonistes échouerait, Karim Wade et Khalifa Sall seront bien mal placés pour crier en 2024, à une attitude anti-démocratique de Macky Sall d’écarter du jeu politique des adversaires redoutables. «On ne peut faire le bonheur des gens malgré eux» et «nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude» !
Ainsi, en a-t-on encore décidé pour Khalifa Sall…
On ne dira jamais assez que Khalifa Ababacar Sall se laisse toujours mener par le bout du nez. Dans une chronique en date du 14 décembre 2020, intitulée «Alliance avec Sonko, Khalifa Sall perdant à tous les coups», nous indiquions que «Khalifa Sall laisse toujours les autres décider pour lui». Il en est de cette idée de rejet de la loi d’amnistie qui vient d’être proposée. Khalifa Sall a laissé les Barthélemy Dias et autres membres du Pastef de Ousmane Sonko parler et décider pour lui et donc, les députés de ce camp se mettent à préparer une proposition de loi de réforme du Code électoral afin de permettre son éligibilité. On a déjà dit que rien ne garantirait le succès d’une telle initiative, mais cette démarche battrait en brèche tout l’argumentaire des partisans de Khalifa Sall qui voulaient faire croire qu’en dépit des dispositions de la loi électorale, l’ancien édile de Dakar pouvait être candidat à la Présidentielle de 2019 comme aux élections locales et législatives de 2022. Il n’y aurait pas aveu plus éloquent de leur mauvaise foi, s’ils se résolvent à corriger ce qui, du point de vue des juges, empêchait la recevabilité de la candidature de Khalifa Sall.
Du reste, Khalifa Sall a plus intérêt que tout autre à une loi d’amnistie. Si la demande de révision de son procès, brandie par quelques gens dont certains qui se sont déjà déclarés candidats ou qui ont fini de choisir leur candidat à la prochaine Présidentielle, aboutissait, on ne voit pas un juge qui lui épargnerait une condamnation pour «faux et usage de faux en écritures publiques et prévarication de deniers publics». En effet, Khalifa Sall a fait maints aveux publics et devant la Justice, d’avoir usé d’une pratique frauduleuse qui avait toujours cours à la mairie de Dakar, et qui consistait à faire des commandes fictives de denrées alimentaires destinées aux indigents, alors qu’en lieu et place des tonnages de riz et de mil, les agents comptables donnaient du cash au maire de Dakar dans le but d’abonder une certaine «caisse noire». En quelque sorte, il dirait de manière triviale : «J’ai volé les caisses de la mairie parce qu’avant moi les maires le faisaient.» Khalifa Sall serait bien drôle de se mettre devant les électeurs tout en traînant dans son casier judiciaire, une condamnation pareille. Dire qu’il s’est trouvé des personnalités qui prônent œuvrer pour la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources publiques, qui ont l’outrecuidance de défendre ou excuser ces forfaitures et forfanteries de Khalifa Sall !
Il est à parier que Khalifa Sall se plairait de voir prospérer l’idée d’une loi d’amnistie comme il s’était bien complu, comme Karim Wade du reste, de la grâce présidentielle que le Président Macky Sall leur avait respectivement accordée en 2019 (Khalifa Sall) et 2016 (Karim Wade). L’un comme l’autre faisaient la fine bouche, affirmant n’être pas demandeurs d’une grâce présidentielle, mais ne s’impatientaient pas moins de voir la procédure aboutir quand d’autres personnes avaient formulé la demande à leur place. Aucun des deux ne s’était fait tirer de force de sa cellule de prison pour humer l’air libre et monter dans le premier avion en attente à l’aéroport de Yoff. De toute façon, en déclinant l’offre d’amnistie, Khalifa Sall oublie lui aussi ses autres compagnons d’infortune comme Mbaye Touré et autres qui devraient bien être contents d’un tel geste et refaire leur vie et leur carrière professionnelle.
Il est à rappeler que quand Khalifa Sall faisait du chichi quant à une demande de grâce, ces personnes, condamnées en même temps que lui, avaient pris sur elles de formuler la demande qui a fini par lui profiter. Dans cette autre situation, il avait fallu décider pour Khalifa Sall pour le sortir de prison.
L’histoire jamais aboutie des demandes de révision de procès au Sénégal
Rechercher un cas d’école de la révision d’un procès dans les annales judiciaires du Sénégal serait rechercher une aiguille dans une botte de foin. L’histoire renseigne que les demandes de révision de procès formulées à hue et à dia, comme celle de Mamadou Dia pour la révision de son procès suite aux évènements du 17 décembre 1962 ou celle de Abdoulaye Wade dans l’affaire de l’assassinat du juge constitutionnel Me Babacar Sèye en 1993, n’ont jamais pu aboutir.
L’ancien président du Conseil de gouvernement du Sénégal (équivalent à l’actuel Premier ministre), Mamadou Dia, avait été accusé de tentative de coup d’Etat contre le Président Léopold Sédar Senghor et avait été condamné avec plusieurs autres de ses compagnons. Ils furent écroués à la prison de Kédougou et seront libérés en 1974, suite à une grâce présidentielle. Une loi d’amnistie avait été adoptée en 1976 pour effacer les faits. Cette loi d’amnistie aura permis à Mamadou Dia de participer aux élections de 1983 et de 1988. Mamadou Dia et ses camarades n’exigeaient pas moins la révision de leur procès. L’un de ses avocats au procès de 1963, Me Abdoulaye Wade, devenu président de la République du Sénégal en 2000, proposa la réouverture du procès. Mais contre toute attente, Mamadou Dia déclina l’offre en 2001. Sa posture aura beaucoup déçu certaines familles de ses compagnons d’infortune, d’autant qu’au-delà de l’acte de réhabilitation, le régime de Abdoulaye Wade entendait, à l’issue d’un nouveau procès, engager la responsabilité de l’Etat et allouer des dédommagements substantiels aux personnes vivantes et aux ayants droit des disparus. Les proches de Mamadou Dia expliqueront que la position du «père Dia» ne relevait pas d’un snobisme quelconque ou d’une défaillance mentale, comme d’aucuns avaient pu le penser. En 2003, Mamadou Dia ne trouvait pas équitable de tenir un nouveau procès auquel ne pouvait pas participer Léopold Sédar Senghor, qui était décédé le 20 décembre 2001.
En revanche, le Président Abdoulaye Wade avait la possibilité ou la latitude de rouvrir le procès de l’affaire Me Babacar Sèye. Il se gardera de le faire et s’empressa dans un premier temps d’accorder une grâce, en février 2002, à la «bande à Clédor Sène», jugée coupable du meurtre du juge Sèye. La mesure de grâce ne semblait pas suffire aux bénéficiaires, qui se montraient très prolixes sur les circonstances de l’assassinat du juge. Ainsi, un député du parti du Président Wade, Ibrahima Isidore Ezzan, initiera subitement une loi d’amnistie en 2005 pour enterrer définitivement cette sale affaire Me Babacar Sèye. On aura retenu que le Président Wade s’était auto-amnistié pour une affaire dans laquelle sa responsabilité personnelle était beaucoup en cause.
Pour en revenir à Karim Wade et Khalifa Sall, on leur dirait que s’ils ont confiance en leur capacité de gagner la prochaine Présidentielle, pourquoi ne se lanceraient-ils pas avec les conditions minimales qu’offrirait une loi d’amnistie, quitte à faire réviser leur procès une fois au pouvoir ? Nombre de ceux qui les encouragent à rejeter l’idée d’une loi d’amnistie semblent ne pas leur vouloir que du bien. Le Pr Cheikh Anta Diop nous enjoignait : «Ku bërey daan !» En d’autres termes, on ne gagne pas un combat qu’on n’a pas livré.
LA QUESTION DE LA TROISIÈME CANDIDATURE AUX DERNIÈRES LÉGISLATIVES
Le Professeur d’Histoire à l’université de Columbia aux Etats-Unis, Mamadou Diouf, estime que le débat sur une nouvelle candidature de l’actuel chef de l’État Macky Sall, agité de plus en plus par ses partisans est un non-événement
Selon le Professeur d’Histoire à l’université de Columbia aux Etats Unis, Mamadou Diouf, la question de la 3ème candidature du Président Macky Sall en 2024 a été définitivement réglée par les résultats issus des élections législatives du 31 juillet dernier. Invité du jour de l’émission objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 30 octobre, l’historien sénégalais vivant aux États Unis a indiqué que le débat en cours sur cette éventuelle 3ème candidature de l’actuel chef de l’Etat est un non-événement.
Le Professeur d’Histoire à l’université de Columbia aux Etats Unis, Mamadou Diouf, estime que le débat sur une éventuelle 3ème candidature de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, alimenté de plus en plus par ses partisans est un non-événement.
Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 30 octobre, l’ancien Maître assistant d’histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (en 1989) a indiqué que cette question de la troisième candidature du Président a été définitivement réglée par les résultats issus des élections législatives du 31 juillet dernier. « Ceux qui poussent Macky à se présenter disent que c’est le deuxième quinquennat et ceux qui sont contre disent que c’est un troisième mandat et, la Constitution ne permet pas justement ce 3e mandat. Mais, rappelez-vous que je vous avais dit que les élections législatives vont effectivement, être une occasion où les Sénégalais vont dire clairement, je ne dis pas seulement au Président Macky Sall mais à tous ceux qui font du bruit autour de la possibilité de sa candidature en 2024, que ça ce n’est pas possible. Les Sénégalais ont effectivement fait ça en votant pour une Assemblée nationale où l’opposition et le pouvoir sont presque à égalité des sièges. Donc, cette question a été définitivement réglée par les résultats de ces élections», a souligné le Pr Mamadou Diouf.
Avant de faire remarquer dans la foulée : « Ce 3ème mandat est une idée qui ne devrait même pas être débattu, parce que c’est réglé par la Constitution sénégalaise. Tous ceux qui, se sont targués d’avoir participé à la rédaction de cette Constitution ont tous répété jusqu’à maintenant, qu’un 3ème mandat était impossible. D’ailleurs, on a aujourd’hui d’anciens Premiers ministres, d’anciens ministres mais aussi des ministres actuels même s’ils ne le disent pas très clairement, qui sont d’avis que le 3ème mandat est impossible ».
Poursuivant son argumentaire sur ce débat, l’historien sénégalais, titulaire de la chaire Leiner family d’études africaines et directeur de l’Institut d’études africaines de l’Université Columbia à New York, a ainsi tenu à prévenir que le Sénégal va plonger dans une crise en cas de 3ème candidature pour l’actuel chef de l’Etat. « Pour matérialiser cette idée de 3e mandat, il va bien falloir au moins qu’une institution décide que c’était possible parce que la Constitution lue, d’une certaine manière, dit que c’est impossible. Dans ce cas, il faut changer la Constitution. Mais, la question est de savoir si le parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) dispose d’une majorité à l’Assemblée pour amender cette Constitution».
PR MAMADOU DIOUF SUR L’AVENIR POLITIQUE D’AMINATA TOURE - « Elle va être candidate en 2024 parce que (…) on ne peut pas avoir une alliance Aminata Touré-Sonko »
Par ailleurs, interpellé par notre confrère Baye Oumar Guèye sur l’avenir politique de l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, qui a démissionné du groupe parlementaire de la majorité après la mise à l’écart de sa candidature pour la présidence de l’Assemblée nationale par le Président Sall, le Pr Mamadou Diouf a indiqué qu’elle sera candidate en 2024. « Mme Aminata Touré est une politicienne assez extraordinaire. Son avenir politique est très clair. Qu’on soit d’accord avec elle ou non. Et, je pense qu’au moins dans une certaine mesure, elle a constamment montré la trajectoire qu’elle dégageait pour elle-même. C’est une politicienne, une politicienne ambitieuse qui se bat pour ses ambitions, qui se bat pour ses idées et qui va effectivement se trouver dans les jeux politiques. Probablement, elle va être candidate en 2024, parce que si elle s’allie, si vous voulez avec le représentant le plus important de l’opposition, elle ne peut être qu’en 3e ou 4e position », a-t-il affirmé. Avant d’insister : « Je veux dire, on ne peut pas avoir une alliance Aminata Touré Ousmane Sonko où c’est Aminata Touré qui dirige ça, c’est très clair. Donc, elle ne peut que, peut-être, rassembler les gens avec qui elle était et une partie des gens de l’opposition, c’est possible. Mais aujourd’hui elle doit se constituer, comme on dit, une base, une base politique pas en termes de petit espace avec un maire ou député, mais une vraie base nationale. Elle doit se construire maintenant une identité politique mais une identité politique qui la sorte de là où elle vient. Pour moi, c’est ça qui est le plus important »
D’ANCIENS DÉPUTES INVALIDENT LA DEMANDE DE CLARIFICATION D’ABASS FALL AU SUJET DU CONTRAT D'ARMEMENT POLÉMIQUE
La demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 45 milliards destinée à l’achat des armes, déposée sur le bureau du président de l’Assemblée nationale par l’honorable député Abass Fall pourrait rester sans suite
Les anciens parlementaires Aliou Souaré et Cheikh Oumar Sy récusent la proposition de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 45 milliards destinée à l’achat des armes déposée par le député Abass Fall. A travers des messages partagés sur les réseaux sociaux, ces anciens parlementaires ont relevé des vices de procédure qui pourraient entraver la mise en œuvre de cette proposition par l’Assemblée nationale.
La demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 45 milliards destinée à l’achat des armes, déposée sur le bureau du président de l’Assemblée nationale par l’honorable député Abass Fall pourrait rester sans suite. En effet, s’exprimant sur cette proposition du député élu sur la liste départementale de Yewwi Askan Wi à Dakar, d’anciens parlementaires dont Aliou Souaré et Cheikh Oumar Sy disent relever des vices de procédure qui risquent d’entacher sa mise en œuvre par l’Assemblée nationale.
Dans un message partagé sur son compte Facebook intitulé : « Commission d’enquête parlementaire : Procédure ! », l’ancien député et spécialiste du droit parlementaire, Aliou Souaré, a qualifié la sortie du député Abass Fall annonçant le dépôt de sa demande d’enquête parlementaire sur cette affaire de contrat d’achat des armes « d’abus de langage ». « Nous entendons parfois un député en solo ou un groupe parlementaire dire « on va créer une commission d’enquête ». Par exemple, le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi vient d’annoncer par la presse la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 45 milliards destinée à l’achat des armes. C’est un abus de langage de faire ces genres déclarations ! » a-t-il d’emblée souligné avant d’ajouter. « L’initiative de créer une commission d’enquête ne dépend pas du groupe parlementaire. Mais c’est l’Assemblée nationale, elle seule, qui dispose le pouvoir d’en créer et, par une résolution (voir art.48 de son règlement intérieur) ».
Poursuivant son propos, le spécialiste du droit parlementaire livre ainsi les contours de la mise en place d’une commission d’enquête. « Pour qu’il ait une commission d’enquête sur l’achat des armes, il faut que la commission, de la défense et de la sécurité ou celle du développement durable et de la transition écologique de l’Assemblée nationale, présente une résolution à la conférence des présidents ayant en charge la responsabilité d’établir l’ordre (voir art.19). Et si, elle est adoptée et c’est à partir de ce moment que la plénière se réunit et décide de mettre en place ou pas cette commission d’enquête parlementaire »
Abondant dans le même sens, Cheikh Oumar Sy, ancien parlementaire de la douzième législature a clairement noté son doute sur cette proposition du député Abass Fall. « Je doute que la saisine de l’honorable député Abass Fall, pour éclairer les Sénégalais sur le scandale des 45 milliards pour l’achat d’armes pour protéger les Oryx, puisse avoir un écho favorable ». Et pour justifier sa position, l’ancien député dans un message partagé également sur son compte Facebook souligne : «il y a vice de forme, le Président de l’Assemblée nationale n’est pas tenu de répondre à sa requête. Il n’ordonne pas l’ouverture d’une enquête parlementaire. Son rôle se limite, au-delà de sa posture politique, à coordonner les activités du parlement ».
Poursuivant son argumentaire, Cheikh Oumar Sy renseigne que « la création d’une commission d’enquête relève exclusivement de l’initiative parlementaire. Celle-ci doit prendre la forme du dépôt, par un ou plusieurs députés, d’une proposition de résolution tendant à la création d’une telle commission. Cette proposition de résolution doit exposer les motifs de la demande et déterminer l’objet de l’enquête. Elle est transmise à la commission permanente compétente au fond (dans ce cas précis, ce sera la commission Défense ou celle du Développement) ». Et d’ajouter : « l’Assemblée nationale se prononce ensuite en séance publique en votant pour adopter ou rejeter la mise en place d’une commission parlementaire. Si elle est adoptée, la commission des lois se chargera de mettre en place ladite “ commission d’enquête parlementaire” »
MOSCOU SUSPEND L'ACCORD SUR LES EXPORTATIONS DE CÉRÉALES UKRAINIENNES
La Russie a suspendu samedi l'accord sur les exportations de céréales des ports ukrainiens après une attaque de drones ayant visé ses navires en Crimée annexée, que Moscou impute à Kiev et à la Grande-Bretagne
La Russie a suspendu samedi l'accord sur les exportations de céréales des ports ukrainiens après une attaque de drones ayant visé ses navires en Crimée annexée, que Moscou impute à Kiev et à la Grande-Bretagne. L'ONU appelle au respect de l'accord vital pour l'approvisionnement alimentaire mondial.
Moscou justifie cette suspension par une attaque de drones massive qui a visé samedi matin la flotte russe de la mer Noire stationnée dans la baie de Sébastopol, en Crimée annexée.
"Compte tenu de l'acte terroriste réalisé par le régime de Kiev avec la participation d'experts britanniques contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils impliqués dans la sécurité des couloirs céréaliers, la Russie suspend sa participation à la mise en oeuvre de l'accord sur les exportations des produits agricoles des ports ukrainiens", a annoncé le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Face à ces accusations, la Défense britannique a réagi en dénonçant de "fausses informations" destinées à "détourner l'attention", tandis qu'un responsable ukrainien a suggéré qu'une "manipulation négligente d'explosifs" par les forces russes était à l'origine de l'incident.
- "Histoire inventée" -
L'Ukraine a dénoncé un "faux prétexte" et appelé à faire pression pour que la Russie "s'engage à nouveau à respecter ses obligations" pour cet accord conclu en juillet sous égide de l'ONU et de la Turquie, le seul entre Moscou et Kiev depuis le début du conflit.
L'accord céréalier avait permis l'exportation de plusieurs millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens depuis le début du conflit en février. Ce blocage avait provoqué une flambée des prix alimentaires, faisant craindre des famines.
- L'ONU appelle au respect des accords -
L'ONU, garant de l'accord, appelle à le préserver, soulignant qu'il avait un "impact positif" pour l'accès à l'alimentation de millions de personnes à travers le monde.
Les Nations unies ont appelé samedi à tout faire pour préserver l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, après l'annonce par la Russie qu'elle suspendait sa participation en raison de l'attaque de drones ayant visé ses navires en Crimée.
"Il est vital que toutes les parties s'abstiennent de toute action qui mettrait en péril l'accord céréalier de la mer Noire", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, soulignant que cet accord avait un "impact positif" pour l'accès à l'alimentation de millions de personnes à travers le monde.
- "Aggravé les problèmes" -
Peu avant l'annonce de la suspension de l'accord céréalier, le ministre russe de l'Agriculture avait une nouvelle fois critiqué le texte à la télévision, accusant les pays de l'UE de s'accaparer les exportations ukrainiennes devant revenir aux pays pauvres. Ces allégations avaient précédemment été démenties par le centre de coordination situé en Turquie.
"L'accord sur les céréales, malheureusement, non seulement n'a pas permis de résoudre les problèmes des pays dans le besoin, mais les a même aggravés dans un certain sens", a déclaré Dmitri Patrouchev, promettant de leur livrer gratuitement jusqu'à 500.000 tonnes de céréales russes.
Sur le terrain samedi, l'armée ukrainienne a rapporté des combats dans les régions de Lougansk et de Donetsk dans l'Est, notamment près de Bakhmout, la seule zone où les troupes russes ont progressé ces dernières semaines, et des bombardements dans plusieurs autres régions.
Sur le front Sud, des journalistes de l'AFP ont assisté à des combats d'artillerie dans le village de Kobzartsi, la dernière localité côté ukrainien avant la ligne de contact avec les Russes.
"Ca peut mal tourner par là. Mais nous savons qu'ils souffrent bien plus de leur côté que du nôtre", a assuré un soldat ukrainien, Oleksiï, la vingtaine.
Les deux camps se préparent dans cette zone pour la bataille pour la ville de Kherson, la capitale régionale, d'où les autorités d'occupation ont évacué des dizaines de milliers de civils, ce que l'Ukraine a qualifié de "déportations".
Selon les autorités russes, l'attaque a eu lieu au petit matin samedi avec "neuf véhicules aériens sans pilote et sept drones maritimes autonomes", provoquant des "dégâts mineurs" sur un navire dragueur de mines et sur le barrage de confinement de la baie de Sébastopol.
"La préparation de cet acte terroriste et la formation du personnel militaire du 73e centre ukrainien des opérations maritimes spéciales ont été menées par des spécialistes britanniques basés à Otchakov, dans la région de Mykolaïv en Ukraine", a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Moscou a aussi accusé Londres d'être impliqué dans les explosions ayant endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique et promis de soumettre la question au Conseil de sécurité de l'ONU.
La Russie a demandé à plusieurs reprises une enquête conjointe sur les attaques (...). Le fait que les pays occidentaux aient refusé cette proposition le confirme : ils ont quelque chose à cacher", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova dans un communiqué.
Le ministère britannique de la Défense a dénoncé une "histoire inventée" par la Russie pour "détourner l'attention de sa gestion désastreuse de l'invasion illégale de l'Ukraine".
La Première ministre française, Elisabeth Borne, a dit ne donner "aucun crédit" aux accusations russes.
Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Gerachtchenko, a lui assuré sur Telegram que "à la suite de la manipulation négligente d'explosifs dans la baie de Sébastopol, quatre navires de guerre de la flotte russe de la mer Noire ont explosé, dont une frégate et un navire de débarquement".