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28 avril 2025
Politique
«QU’IL S’AGISSE DE PETROLE OU D’ARMES DE GUERRE… ON TRAITE AVEC DES VOYOUS»
Abdoul Mbaye, leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (ACT) dénonce la propension de l’État du Sénégal à ne mettre en avance ni la « transparence encore moins l’éthique » dans ses différentes transactions
Le contrat de 45,3 milliards de FCFA signé entre l’Etat du Sénégal, à travers le ministre de l’Environnement et du Développement durable et celui des Finances et du Budget d’alors, un trafiquant d’armes israélien et un Nigérien du nom d’Aboubacar Hima, alias Petit Boudé, continue de susciter des réactions d’indignation. La sortie du gouvernement convoquant le «Secret-Défense» pour justifier la transaction, n’y fera rien. L’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (ACT), qui y décèle un problème de «transparence» et «d’éthique», dénonce un marché contracté «avec des voyous».
Malgré les «éclairages» du gouvernement, l’affaire du contrat d’armement d’une valeur de plus de 45,3 milliards de FCFA signé entre l’Etat du Sénégal et un supposé trafiquant d’armes nigérien, continue de susciter des réactions de désapprobation. L’une des dernières sorties en date est celle de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (ACT), très remonté, dénonce le fait que l’Etat du Sénégal ne met en avance ni la «transparence encore moins l’éthique», dans ses transactions.
«Qu’il s’agisse de pétrole ou d’armes de guerre, le procédé sénégalais est le même. On traite avec des voyous se cachant derrière des sociétés non habilitées et créées pour la circonstance. Et ils osent dire : circulez! Tout est transparent et éthique ! Vivement la fin», peste l’ancien Premier ministre du Sénégal dans un post sur Twitter.
C’est le quotidien Libération qui en a fait la révélation. L’ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, et un Israélien proche du président Macky Sall seraient impliqués dans une commande d’armes. Le contrat d’armement de guerre et d’équipement roulant d’une valeur de 45,3 milliards de FCFA auprès de Petit Boudé n’a pas fait l’objet d’Appel d’offres, parce que couvert par le sceau du «Secret-Défense».
Seulement, la transaction faite avec un Nigérien, Aboubacar Hima, plus connu sous le nom de Petit Boudé, un «trafiquant vivement recherché par la justice de son pays», sentirait un parfum de surfacturation. Selon le journal, l’Occrp (Organized Crime and Corruption Reporting Project), en partenariat avec le journal israélien Haaretz, a obtenu une copie du document. Partant des termes de ce contrat, des types d’armements et d’équipements et des modalités de paiement et livraison de la commande, il a été décelé certaines irrégularités dont des prix surévalués.
Livrant les vérités des autorités étatiques sur cette affaire, le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, dans un communiqué, publié le jeudi 27 octobre, assure que, «le contrat dont il est question a été passé conformément à la règlementation en vigueur. Il a été approuvé par les services compétents de l'Etat, sous le sceau du «Secret-Défense», conformément aux dispositions du décret 2020-876 du 25 mars 2020 complétant l’article 3 du décret 2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics, modifié par le décret 2020-22 du 7 janvier 2020 qui exclut du champ d’application du Code des marchés publics les travaux, fournitures, prestation de services et équipements réalisés pour La Défense et la Sécurité du Sénégal et classé «Secret-Défense», qui sont incompatibles avec les mesures de publicité exigées par le Code des marchés publics».
Et Abdou Karim Fofana, d’ajouter : «les marchés estampillés «Secret-Défense» sont passés en principe par procédure d’entente directe qui est une voie dérogatoire au principe de l’Appel d’offres qui ne permet pas de préserver le caractère confidentiel qui s’attache à la politique d’équipement de nos Forces de défense et de sécurité». Et le ministère de l’Environnement est «fondé à passer des contrats d’armement au profit des Directions en charge des Eaux, Forêts, Chasses, Conservation des Sols et Parcs nationaux qui sont assimilés aux Forces de sécurité et de défense, conformément au décret n°2021-563 du 10 mai 2021». Aussi «le contexte géopolitique marqué par le développement des mouvements terroristes et le trafic illicite de bois impose une réorganisation de notre dispositif sécuritaire avec des équipements de qualité pour le rendre beaucoup plus opérationnel en termes de capacité d’intervention et de riposte le long des axes frontaliers et des zones stratégiques».
L’ASSEMBLEE MISE EN BRANLE À PROPOS DU CONTRAT D'ARMEMENT POLÉMIQUE
Le député Abass Fall rejette les explications du gouvernement et demande l’ouverture d’une enquête parlementaire
Le député Abass Fall rejette les explications du gouvernement et demande l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’affaire du contrat d’armement de 45 milliards de francs Cfa signé par Abdou Karim Sall et Abdoulaye Daouda Diallo alors ministres de l'Environnement et des finances. Dans une lettre adressée hier, vendredi 28 octobre, au président de l’Assemblée nationale, le député membre de la coalition Yewwi Askan Wi a justifié sa demande par les réactions des journalistes d'investigation ainsi que la presse internationale qui considèrent selon lui que cet acte de vente constitue une vraie « nébuleuse plutôt que d'une nécessité sécuritaire ». La commission Énergie et des ressources minérales de l’Assemblée nationale dont il est le président l’a suivi dans sa requête d’enquête parlementaire.
Le débat ayant trait à l’affaire du contrat d’armement portant sur un montant de 45 milliards de francs Cfa signé par les Ministres de l'Environnement et des Finances d'alors en l'occurrence Abdou Karim Sall et Abdoulaye Daouda Diallo prend une autre tournure. Vingt-quatre après la sortie officielle du gouvernement apportant à travers son porte-parole des éclairages sur la « conformité de la procédure de signature du contrat d’armement aux règles édictées dans la passation de marché de ce genre ».
Le député Abass Fall, relayé par suite par la Commission Energie et ressources minérales, a saisi hier, vendredi 28 octobre, le président de l’Assemblée nationale pour demander l’ouverture d’une enquête parlementaire pour éclairer les Sénégalais sur cette affaire.
Dans sa lettre largement partagée sur les réseaux sociaux, le député membre de la coalition Yewwi askan wi a estimé au sujet de ce contrat, que les journalistes d'investigation ainsi que la presse internationale considèrent que cet acte de vente constitue une vraie « nébuleuse plutôt que d'une nécessité sécuritaire » pour justifier sa demande d’une enquête parlementaire. « Ce contrat signé avec un homme d’affaires nigérian douteux du nom de Aboubakar Hima dit Petit Boubé constitue une nébuleuse qu’il faudra clarifier pour que les Sénégalais soient édifiés sur cette affaire qui défraie la chronique depuis quelques jours », a relevé le député Abass Fall par ailleurs, président de la commission Énergie et des ressources minérales de l’Assemblée nationale qui ajoute. « Dès lors, il est légitime de s'interroger sur les raisons qui ont poussé à la conclusion d'un tel contrat et d'éventuelles responsabilités présumées des ministres concernés dans l'attribution de ce marché à la Société LAVIE COMMERCIAL BROKERS.
Ce contrat a-t-il constitué « une nébuleuse » pour couvrir d'éventuels actes de corruption ? ». « Sur la base de quels critères la Société LAVIE COMMERCIAL BROKERS a-t-elle été choisie ? Toutes ces interrogations, non exhaustives et à l'étude, mettent en balance d'importants intérêts de la Nation, qu'ils soient d'ordre sécuritaire, économique, financier, diplomatique et même géopolitique » poursuit encore l’honorable député Abass Fall dans cette lettre adressée au président de l’Assemblée. Il faut rappeler que le député Abass Fall n’est pas le premier à demander la lumière sur cette affaire de contrat.
Dans une déclaration rendue publique après l’éclatement de cette affaire, Birahime Seck, coordonnateur du Forum civil, et ses camarades a aussi demandé au nouveau gouvernement du Premier ministre Amadou Ba à réagir pour « éclairer les Sénégalais sur la teneur du contrat incriminé ». Loin de s’en tenir, le coordonnateur du Forum civil avait également invité le Procureur de la République à « s’autosaisir de cette affaire qui pourrait affecter gravement l’image du pays, sur en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux de financement du terrorisme ».
par Christine Holzbauer
QUAND LE COVID ENFERME LES CORPS MAIS LIBÈRE LA COMMUNICATION
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Comment ne pas s’émouvoir du sort de nos mamans africaines, prises en étau entre la nécessité de « sortir » de chez elles pour gagner de quoi nourrir leur famille et la peur d’être contaminée
A partir du moment où le couvre-feu a été décrété en France le 17 mars 2020, adieu terrasses de cafés, restaurants, cinémas, théâtres et autre sortie dans des musées. Pire, les jardins et les parcs franciliens ont, eux aussi, été bouclés…avec obligation de « télétravailler » ! Puisque je pouvais continuer à assurer un talk-show hebdomadaire consacré à l’Afrique francophone sur YouTube depuis mon domicile parisien, l’impact de cet enferment domestique a été plus psychologique que professionnel. Au contraire, travailler quotidiennement par écran interposé m’a permis de garder, voire même de renforcer mes liens avec mes invités. Ce faisant, j’oubliais l’anxiété des autorisations quotidiennes pour sortir de chez soi et l’isolement physique « intra-muros » qui en est résulté. Jamais la résilience dont faisait preuve mes amis au Sénégal et dans les autres pays de la sous-région n’a été aussi inspirante !
A défaut de pouvoir m’envoler tous les deux ou trois mois vers mon cher continent, mon « hublot de liberté » je l’ai trouvé en ligne. Les thèmes que je discutais avec mes interlocuteurs africains étaient, tous, liés à la pandémie au risque de tourner en rond. Mais c’était difficile de parler d’autres choses avec ce fléau qui s’abattait sur la planète. L’aurais-je voulu que ma direction de l’époque m’aurait, vite, déboutée. Cela a été moins vrai, ensuite, lors des autres confinements, mais pour ce premier coup d’arrêt à notre mode de vie effréné et à nos consommations démesurées, il n’y avait pas d’autres choix que de se lever, manger et se coucher avec des nouvelles anxiogènes sur le Sars-CoV-2 décliné, ensuite, avec toutes les variantes qu’on lui connait aujourd’hui. Dans cette période paradoxale de silence médiatisé à outrance, le champ de nos certitudes se rétrécissait de plus en plus. Nous savions que nous manquions cruellement de masques et de respirateurs et que c’était le sauve qui peut pour s’en procurer. Et que le Covid-19 est une saleté de virus venu de Chine qui fait perdre le goût et l’odorat avant de vous tuer !
L’espoir, selon Euphrasie
Bref, la sinistrose ambiante était en train de me gagner. Pourtant, grâce au combat d’une Ivoirienne, j’aperçus la première lueur d’espoir. Elle m’a fait comprendre que rien n’est inéluctable et qu’il y a toujours un moyen de reprendre sa vie en main. Comment, en effet, ne pas s’émouvoir du sort de nos mamans africaines ? Prises en étau entre la nécessité de « sortir » de chez elles pour gagner de quoi nourrir leur famille et la peur d’être contaminée, elles vivaient les restrictions imposées par les gouvernements pour lutter contre la pandémie avec le plus d’acuité. Partout dans les grandes villes africaines, ce dilemme s’est posé. Fallait-il laisser les habitants mourir de faim ou bien mourir de maladie ? Quand on les a enfermés dans les bidonvilles sans eau, sans électricité et, bien souvent, sans recours médical, comme au Kenya ou en Afrique du Sud, il y a eu des émeutes de la faim, réprimées à coups de bâton et grand renfort de gaz lacrymogènes.
De surcroit, ce premier confinement qui nous est tombé dessus brutalement a, aussi, décuplé les violences conjugales au Nord comme au Sud. Alors, comment mobiliser les femmes africaines et les aider à lutter contre cette catastrophe sanitaire ? Comment éviter qu’elle ne se transforme en une catastrophe économique et un enfer conjugal ? Puisqu’il leur était interdit de se déplacer, de commercer ou de vaquer à des activités génératrices de revenus pour nourrir leurs enfants, comment les femmes du continent pouvaient-elles s’en sortir avec dignité ? A toutes ces questions, la ministre ivoirienne conseillère du Genre, Euphrasie Kouassi Yao, - elle-même confinée à Abidjan qui était littéralement claquemurée -, avait la réponse. « C’est vrai qu’il faut manger, mais d’abord il faut être en vie ! C’est pour cela que nous appliquons strictement les mesures barrières avec une relative facilité pour la distanciation, car elle coûte zéro franc. Cet élément nous a permis de convaincre plus facilement les femmes dans la mesure où elles savent qu’elles n’ont rien à dépenser pour préserver leur vie et se battre pour l’entretenir. Et les résultats sont là, tangibles !», me confiait-elle dans l’émission que je lui ai consacrée à la fin avril 2020.
Elle venait d’aider au lancement, le 24 avril, du projet « BASE », dont l’acronyme signifie : « Banque d’amour et de solidarité efficace.» Une initiative qu’elle a pilotée grâce à la chaire Unesco « Eau, femmes et pouvoir de décisions », dont elle est la titulaire, et l’Organisation de femmes du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocofci) qu’elle coordonne depuis dix ans. Pour cette militante de longue date de l’autonomisation des femmes, pas question de s’apitoyer. Au contraire, réagir c’est le déclic pour commencer à s’en sortir : « il ne s’agit pas de se lamenter mais de réagir en unissant ses forces », n’a-t-elle cessé de marteler pendant toute l’émission.
Quand un compendium peut en cacher un autre
Et d’ajouter pour bien me faire comprendre que la survie, c’est d’abord une question de volonté : « face au Covid-19, il faut faire preuve de solidarité. Pas d’entraide sociale mais bien de solidarité, car c’est ce qui va nous apporter des solutions à long terme en Afrique ! » En Côte d’Ivoire, il y a du coton à profusion, du fil et du caoutchouc. Alors, pourquoi ne pas les transformer en masques au lieu d’en importer ? « En combinant nos ressources, sur le plan humain, et grâce aux contributions de nos membres et de ceux qui nous soutiennent, nous allons créer une usine pour fabriquer des masques », préconisait-elle.
Grâce à une contribution de 1 000 francs CFA (1,50 euro) versée par chaque adhérent de BASE, - femmes comme hommes -, la fabrication des masques made in Côte d’Ivoire a pu commencer. Ceux-ci ont ensuite été distribués gratuitement aux personnes les plus vulnérables, notamment aux diabétiques en y ajoutant des doses d’insuline. Cette distribution s’est également accompagnée de transferts monétaires pour les plus nécessiteux grâce à des cartes prépayées éditées par les opérateurs téléphoniques.
Que faut-il retenir de cette initiative ? Quelques mesures simples mais ingénieuses, comme coudre ses propres masques ou faire soi-même son gel ou son savon pour se laver les mains, facilement duplicables partout dans la sous-région. « Cette maladie est venue nous rappeler que l’être humain est au centre de toutes choses. On peut avoir des ressources financières ou être un homme politique bien placé et mourir du Covid-19. Amour, solidarité et audace, jamais les valeurs qui fondent notre action au Compendium n’ont été aussi utiles. Les mesures ingénieuses pour les femmes ivoiriennes, c’est de faire au mieux avec ce que nous avons », a-t-elle ajouté.
Le « panier de la ménagère » des femmes rurales
Au même moment, au Sénégal, trois grandes agences des Nations unies (FAO, UNFPA et ONU Femmes) lançaient un programme d’aide internationale appelé « Le panier de la ménagère. » Doté de 450 millions de francs CFA (environ 68 millions d’euros), il était destiné aux femmes productrices ainsi qu’aux jeunes pour renforcer les systèmes alimentaires et la protection sociale des familles vulnérables au Covid-19. Les ménages bénéficiaires ont été sélectionnés à partir du registre national unique et d’un ciblage communautaire. Les femmes et les jeunes filles victimes de violences basées sur le genre et souffrant de fistules obstétricales, ainsi que des clubs de jeunes filles dans les zones d’intervention, ont également pu bénéficier de cette initiative. Destiné à protéger la production locale et à faciliter l’écoulement des récoltes, ce panier de la ménagère version africaine devait permettre, selon le représentant de la FAO, de « renforcer l’accessibilité à une alimentation variée et diversifiée ainsi que l’état nutritionnel de 300 000 personnes dont environ 37 500 ménages vulnérables. »
Pour la Directrice régionale d’ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre de l’époque, Oulimata Sarr, aujourd’hui ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, ce programme « rentre en droite ligne avec notre initiative appelé les femmes font partie de la solution. Les femmes font partie aussi bien des petits producteurs mais en seront aussi des bénéficiaires. » En Côte d’Ivoire, où les femmes rurales sont également très nombreuses, l’aide internationale pour passer le cap de la pandémie a tardé. « La production alimentaire repose à 80% sur les agricultrices ivoiriennes. Alors un coup de pouce des Nations unies pour aider les foyers modestes à acheter de la production agricole locale serait le bienvenu. Bien sûr, la question de cette production locale qui n’arrive pas à s’écouler ou bien le problème de sa commercialisation dans un rayon plus vaste se posait bien avant la pandémie. Mais c’est justement dans cette période de crise que nous devons aider nos femmes rurales à se restructurer. Or, nous ne pourrons pas le faire sans l’appui de nos partenaires au développement », a commenté Euphrasie Kouassi Yao.
Mais au-delà de cette aide alimentaire pour booster le « consommer local », ce sont les populations elles-mêmes qui doivent « apprendre à se faire confiance et à travailler ensemble », a-t-elle ajouté. Car les actions entreprises pour aider ces populations doivent être pérennisées. Sinon que se passera-t-il après que les dons ou les envois de vivres ont été épuisés ? « Nos sœurs agricultrices sont pauvres non pas parce qu’elles ne produisent pas, mais parce qu’elles n’arrivent pas à écouler leur production. À nous de les mobiliser pour qu’elles puissent mieux vendre leurs produits sur les marchés locaux. L’organisation des femmes du Compendium ne fait pas de politique et respecte toutes les religions. C’est par la mobilisation que nous améliorerons l’entrepreneuriat féminin, surtout l’entrepreneuriat rural », insiste-t-elle.
En ces temps de pandémie où le confinement risquait d’affamer nombre de citadins, il était donc vital que la production dans les campagnes ne s’arrête pas. Même si le consommer local est loin d’avoir supplanté les importations de denrées de première nécessité, à commencer par le riz, la coordonnatrice du Compendium s’est engagée à tout faire pour que cela change. À une condition : que les femmes prennent le leadership sur cette question ! Comme, par exemple, traduire en langues nationales ce que les Ivoiriens appellent les « informations vraies », celles qui permettent de toucher les populations féminines les plus démunies et, souvent, analphabètes. C’est ainsi que les vendeuses dans les marchés, dont Abidjan regorge, ont pu être sensibilisées au fait qu’elles devaient s’installer en quinconce et non plus côte à côte pour pouvoir respecter les mesures barrières.
Les leçons d’Ebola
Dès le mois de février 2020, j’avais eu la chance de m’entretenir avec d’éminents scientifiques africains m’avertissant de la (relative) préparation du continent face à ce qui n’apparaissait encore, en Europe, que comme un nouvel épisode de grippe aviaire. Mais il y en a une en particulier à qui je voudrais, ici, rendre hommage. Puisqu’on allait renter dans le registre des grandes pandémies, il me semblait légitime d’interroger ceux qui vouent leur vie à la recherche. Le Professeur Francine Ntoumi épidémiologiste reconnue mondialement pour ses travaux sur le paludisme, fait définitivement partie des « grands » reconnus par leurs pairs. Pour cette enseignante-chercheuse en immunologie de l'université Marien-Ngouabi à Brazzaville où elle a fondé, préside et dirige encore actuellement la Fondation congolaise pour la Recherche médicale, c’est bien la terrible épidémie d’Ebola, en 2015, qui a permis aux autorités sanitaires de nombre de pays africains de prendre, très tôt, la mesure du danger qui les menaçait et de réagir par anticipation.
Interrogée par téléphone depuis l’université de Tübingen (Allemagne), où elle enseigne comme professeure associée et cheffe d'un groupe de recherche à l'Institut de médecine tropicale, ce docteur en biologie moléculaire et spécialiste des maladies infectieuses a estimé que les gouvernements africains avaient eu raison de se préparer à une augmentation significative du nombre de malades infectés par le virus. Car, en l’absence de système de santé performant et du fait d’habitudes de vie communautaires, « l’épidémie de Covid-19 pourrait se répandre comme une traînée de poudre sur le continent, même si ce virus tue moins que celui de la grippe. Mais les connaissances sur ce virus étant encore très limitées, les données sur sa transmission galopante et inquiétante. » En plus de l’Égypte et de l’Algérie, qui comptent parmi les pays africains ayant le plus de liaisons avec la Chine, « l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Maroc pourraient également être à risque », a prédit la scientifique congolaise.
Aussi s’est-elle réjouit que des mesures préventives aient été prises pour « faire face à toute éventualité », appelant à encore plus de vigilance dans les pays africains à risque. Dans nombre d’aéroports du continent, la température des voyageurs, -particulièrement ceux venant d’Asie -, était vérifiée dès le mois de décembre 2019. À Brazzaville, d’où elle est originaire, « ce dépistage est même devenu systématique et des hôpitaux ont été réquisitionnés pour accueillir d’éventuels malades », a-t-elle témoigné. La capitale de la République du Congo, Brazzaville abrite le siège africain de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière avait été très lente à réagir, en avril 2014, au moment du déclenchement de l’épidémie d’Ebola dans trois pays d’Afrique de l’Ouest. Mais, cette fois, l’agence onusienne semblait déterminée à tirer la sonnette d’alarme « le plus tôt possible » pour ne pas avoir à répéter les erreurs commises après la propagation fulgurante du virus de la fièvre hémorragique qui avait fait plus de 11 000 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.
L’espoir de la recherche
Membre de plusieurs comités scientifiques et réseaux scientifiques internationaux en Afrique et en Europe, le Professeur Ntoumi apporte également son expertise à l’Union africaine (UA) en tant que membre du panel de haut niveau sur les technologies émergentes et membre du consortium for Covid-19 vaccines clinical trial (CONCVACT) de l’Africa-CDC. A ce titre, sa première préconisation a été de développer une communication efficace sur le coronavirus SARS-COV2. « Ce serait le meilleur moyen pour que les populations locales, qui sont essentiellement informées par les réseaux sociaux, sachent quoi faire en cas d’épidémie sans céder à la panique. ».
Quant au vaccin pour lutter contre le coronavirus SARS-COV2, cette chercheuse de haut vol, qui a obtenu de nombreuses récompenses dans le cadre de ses travaux sur les souches de Plasmodium falciparum responsable du paludisme, était dubitative. « Je n’ose pas faire de pronostic (en ce qui concerne SARS-COV2) tant on a annoncé de fois qu’on allait élaborer un vaccin (contre le paludisme) d’ici à deux ans. Or, à ce jour, il faut bien le reconnaître, il n’existe aucun vaccin contre aucune maladie parasitaire !», s’était-elle insurgée. Ce qui ne l’a pas empêché, ensuite, d’étudier activement l’immunité de la population congolaise et de séquencer le virus SARS-COV2 en circulation au Congo, indispensables données pour comprendre cette maladie et pour l’évaluation des vaccins ou des traitements. Son domaine de prédilection, toutefois, reste la recherche sur les maladies infectieuses représentant un problème de santé publique pour le Congo. Ceci incluant les maladies à potentiel épidémique comme le chikungunya, Dengué et Ebola.
Impliquée depuis janvier 2009 dans le renforcement des capacités de la recherche biomédicale par le biais du Réseau régional pour la recherche clinique en Afrique centrale (Cantam - Central Africa Clinical Research Network, www.cantam.org) et le réseau panafricain pour la préparation et la riposte aux épidémies de maladies infectieuses (Pandora-ID-Net, www.pandora-id.net), le Professeur Ntoumi et ses équipes travaillent également en utilisant une approche « Une seule santé ». En effet, les équipes multidisciplinaires (entomologistes, médecins, biostatisticiens, bio-informaticiens, anthropologues, sociologues, généticiens, etc.) travaillant aussi bien sur l’humain, sur l’animal et sur l’environnement sont impliquées car les maladies sont la conséquence du bouleversement de plusieurs facteurs et pour leurs solutions, il faut considérer tous les angles. De plus, la population africaine utilise encore énormément les plantes médicinales pour se soigner et cela ne peut être ignoré. Il va falloir que les scientifiques travaillent main dans la main avec les thérapeutes afin de trouver les médicaments de demain et apporter la pleine contribution de l’Afrique.
« L’avantage que nous avons en Afrique centrale, c’est notre immense réservoir animal et végétal qui peut donner lieu à d’innombrables études. Il faut donc que nous développions davantage de recherches endogènes, notamment sur les agents pathogènes zoonoses qui se transmettent naturellement des animaux à l'être humain, et vice-versa. C’est ainsi que nous pourrons le mieux contribuer à éradiquer les épidémies et faire avancer la science en général », m’avait-elle encore confié.
Sans la pandémie, je n’aurai jamais échangé aussi intensément avec cette femme visionnaire qui s’est battue toute sa vie en tant que « femme africaine dans les sciences, une carrière extrêmement difficile à mener à cause des pesanteurs culturelles !», reconnait-elle sans fausse modestie. Alors, on se sent moins seule devant tant d’engagement, même si les nouvelles formes d’interaction « en distanciel » sont, parfois, horripilantes. Comme pour tout le reste, on finit par s’y habituer. Parfois un peu trop vite. N’oublions pas que pour beaucoup d’Européens, le moment le plus dur du « confinement » a été le « déconfinement » ! Autant de néologismes qui sont aujourd’hui rentrés dans le vocabulaire courant et que les medias ont contribué à populariser.
Christine Holzbauer est journaliste/reporter, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Elle a longtemps vécu au Mali et au Sénégal où elle représentait de grands journaux français, sillonnant par ailleurs les pays du Sahel pour ses reportages. Depuis son retour en France, elle continue de couvrir les grands évènements ayant trait à l’Afrique en plus de produire, réaliser et présenter depuis Paris une émission de télévision qui s’appelle « Mon heure d’Afrique. »
par Nioxor Tine
LE TROISIÈME MANDAT ET LE PROGRAMME ALTERNATIF
Si on veut en arriver à une véritable alternative sociopolitique à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, il est grand temps d’œuvrer pour l’actualisation et de la mise en œuvre des conclusions des Assises nationales
Encore quelques mois et le palais présidentiel devrait changer de locataire !
Bien sûr, l’actuel occupant semble très peu pressé de partir. Il aimerait bien rester, encore un peu, au moins cinq ans, peut-être un peu plus, le temps, sous prétexte de s’assurer que nos nouvelles ressources sont bien gérées, de toucher sa part de dividendes de la nouvelle manne pétrolière et gazière et d’en faire profiter ses amis de l’étranger.
Tout le monde est tenu de respecter la loi
Seulement, il y a un hic ! À l’instar d’un travailleur appelé à faire valoir ses droits à la retraite devant quitter définitivement son poste de travail officiel, un président élu sous le régime de la limitation des mandats à deux, ne saurait postuler à un troisième, sauf à violer la loi. De fait, on ne peut que regretter, que toute la Nation soit tenue en haleine par son premier magistrat, qui pense qu’il lui revient de décider, s’il doit se conformer à la loi, c’est-à-dire aux dispositions constitutionnelles régissant le nombre et la durée des mandats.
Ce maatey au sommet de la République n’est pas sans conséquence, surtout si l’on considère que les plus hautes autorités de notre pays doivent donner le bon exemple aux autres citoyens. Cela aiderait beaucoup à inculquer aux jeunes générations un sens civique élevé, dont on voit, à travers plusieurs signes, - ne serait-ce que les dérives sur le net - qu’il commence à faire terriblement défaut.
Quand le troisième mandat devient facteur de confusion
De plus, cette problématique de limitation de mandats commence à peser lourdement sur les destinées de nos jeunes Nations et fausse considérablement le jeu politique, surtout au regard des enjeux fondamentaux que sont les questions d’approfondissement de la démocratie, incluant la refondation institutionnelle, de souveraineté économique et de redistribution équitable des ressources.
C’est ainsi qu’en 2012, le remarquable travail des Assises nationales a sombré dans le tumulte de la lutte contre le troisième mandat du président Wade et un outsider que personne n’attendait a été propulsé au-devant de la scène. En effet, en faisant du dégagisme une fin en soi (le tout sauf Wade), on a relégué les discussions programmatiques à l’arrière-plan. Cela s’est traduit par une méga-coalition basée – non sur des convergences programmatiques – mais sur un unanimisme grégaire autour des directives du nouvel homme fort peu intéressé par les problématiques discutées par les Assises.
Deux mandats …de régression démocratique !
De fait, on a pu constater les limites d’une telle approche depuis l’avènement du président Macky Sall au pouvoir, avec l’instauration d’un régime reposant sur l’instrumentalisation des différentes institutions aux fins de confiscation du pouvoir d’État. À titre d’exemples, on a noté une accentuation du caractère godillot du Parlement, une reddition des comptes transformée en règlement de comptes, beaucoup d’acquis du code électoral consensuel de 1992 remis en cause, avec l’introduction de la loi inique sur le parrainage pour éliminer les adversaires politiques à la présidentielle de 2019.
Mais depuis février – mars 2021, le syndrome du canard boiteux (lame duck) est en train de faire ses effets, se traduisant par une perte progressive d’autorité et de crédibilité du régime de Benno Bokk Yakaar illustrée par des grèves, des soulèvements populaires et des revers électoraux répétés.
Du Bokk Yakaar au Tass Yakaar !
Tant et si bien que le bloc monolithique de la coalition présidentielle, d’une durée de vie exceptionnellement longue commence, enfin, à se fissurer et se scinder en deux camps.
D’un côté, on trouve des hommes politiques lucides, faisant preuve de réticence vis-à-vis de cette option de forcing sur le troisième mandat, car s’étant rendus compte du caractère improductif et stérile d’une démarche de remise en cause permanente des normes de l’État de droit et de nos traditions démocratiques.
De l’autre, il y a des inconditionnels de la manière forte et d’une ligne de confrontation avec l’opposition communément désignés sous le vocable de faucons. Ils soutiennent les manœuvres de diabolisation, voire les cabales contre des leaders de l’opposition, les opérations de propagande aveugle, les manipulations du code électoral, les tripatouillages de la Constitution et bien sûr la grande escroquerie du troisième mandat rebaptisé deuxième quinquennat.
Une opposition atteinte par le virus électoraliste
Quand on regarde du côté de l’opposition, on ne peut s’empêcher de constater une prédominance de préoccupations électoralistes sur celles programmatiques.
Alors que le rapport de forces n’a jamais été aussi favorable à la survenue d’un nouveau changement de régime, dont on espère qu’il ne s’agira pas d’une simple alternance de plus, on ne voit nulle part d’esquisse de concertation sur un éventuel programme commun à mettre en œuvre en cas de victoire d’un candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle de 2024.
Au contraire, certains candidats se sont lancés dans des tournées électorales, dont on se demande parfois si c’est une offre politique alternative ou un nouveau profil de présidentiable qu’elles mettent le plus en avant. Par ailleurs, on observe également un foisonnement de candidatures individuelles, tout à fait légitimes du reste, mais donnant l’air de sortir du néant et parfois même d’être un peu prétentieuses, car reposant sur des victoires électorales acquises dans le cadre de larges coalitions, qu’on cherche alors à instrumentaliser comme rampes de lancement. Une autre faiblesse de la démarche des partis d’opposition est le manque de prise en compte de revendications économiques et sociales et de jonction avec les luttes populaires.
Si on veut, au-delà des alternances classiques qui ont montré leurs limites, en arriver à une véritable alternative sociopolitique à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, il est grand temps d’œuvrer pour l’actualisation et de la mise en œuvre des conclusions des Assises Nationales et des recommandations de la C.N.R.I
Nous passons le temps à nous plaindre, les uns des autres. Sans pour autant prendre la pleine mesure de notre rôle dans ce brouhaha inconsistant. A quand le holà sur l’impertinence et l’insolence ?
Tous les Sénégalais ressentent un mal-vivre de plus en plus envahissant dont ils cherchent, vainement, à trouver les causes profondes. Par défaut, chacun d'entre nous voit en l'autre, qui n’est pas lui, le responsable du désordre ambiant. Le pouvoir pour les uns, l’opposition pour les autres. Les réseaux sociaux pour le chef de l'Etat (?) Les motocyclistes pour les taximen…La presse ? Les politiciens ? Les marabouts ? Nous tous à la fois ? À des degrés variables évidemment…
Et pourtant, personne ne se remet en cause. En rien. La responsabilité est ainsi diluée et la conscience collective, ou ce qui en tient lieu, peut dormir tranquille. Dans un pays qui se dit à 95% musulman, il convient de consulter la référence primordiale d’une telle communauté : Le Saint Coran qui pointe la responsabilité individuelle dans la déchéance collective. Il indique la voie :
« En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant qu’ils ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. » ?
Que nous reste t-il à faire dès lors ?
Dans nos salons et Grand-Place, nous passons le temps à nous plaindre, les uns des autres. Sans pour autant prendre la pleine mesure de notre rôle dans ce brouhaha inconsistant. Quel rôle devons-nous jouer pour apporter une pierre dans l’édifice collectif ? Quel engagement devons-nous prendre, et le respecter, pour la transformation qualitative de notre société ? Les réponses à ces questions préjudicielles sont un préalable à une révolution culturelle et sociale porteuse d’un nouvel essor. Sur tous les plans. La politique, telle qu’elle se donne à vivre et à voir sous nos tropiques et plus particulièrement dans notre pays, le Sénégal, est en perte de sens. Elle a oublié son projet de transformation. Elle se réduit à des compétitions interpersonnelles et des règlements de comptes, bien des fois entre alliés devenus ennemis sans que personne ne puisse dire pourquoi ni comment. Cette opacité du genre politicien est propice à l’émergence des pêcheurs en eaux troubles, entremetteurs et courtisans. Elle favorise les grandes gueules qui peuvent dire et se dédire, hurler et insulter.
Pendant ce temps, les braves gens se taisent et se meurent… Et pourtant Ils sont plus nombreux, mais moins sonores. Donc inaudibles. Le silence des uns fait écho à la clameur des ignares.
Nous n’en pouvons plus de vivre sous cette tyrannie !
A quand la renaissance de la parole qui est vie ? A quand le holà sur l’impertinence et l’insolence ? A quand la mise au pas de l’outrance abusive qui nous éclabousse et nous fatigue ?
Il ne faudrait pas sombrer dans des spirales de la malédiction du pétrole, que des contrées africaines conjuguent à tous les temps de la corruption et de l’enrichissement illicite
Nous voilà dans le cercle fermé des 20 pays exportateurs de gaz, parmi lesquels 8 nations africaines.
On pourrait appeler ce groupe à l’acronyme barbare (GECF), l’OPEP du gaz. La cousine de l’OPEP, à qui, rien ni personne ne résiste. Surtout pas en ces temps de guerre européenne, dont les effluves font dresser le spectre de la troisième guerre mondiale.
Nous vivrions les séquelles du covid-19, que je ne serais pas surpris, tant le système nerveux mondial semble avoir pris des emboles.
Au regard du recul civilisationnel et économique de la vieille Europe, des avancées à pas de géant de l’empire du milieu et des satellites asiatiques, de l’obésité américaine au dollar sulfurique, nous ne devrions pas être surpris. Et encore moins nous méprendre sur les enjeux en cours.
L’Afrique, que tous disent être l’avenir du monde piégé par l’effet de serre additionnel, ne peut pas, ne pas s’attendre à ce qu’elle vive un autre goulot d’étranglement, après l’esclavage, le colonialisme, le néo impérialisme.
Sans être parano du complot ou de la thèse d’une conspiration internationale, qui ferait du continent le dindon de la farce, gardons grands ouverts nos écoutilles et ouvrons nos lunettes 3D.
Surtout, nous autres Sénégalais et nos deux millions cinq cent mille tonnes de gaz, que nous produirons dès l’année prochaine. A quelques mois du premier tour de la présidentielle de février 2024. Pour être précis.
D’où le pari, de ne pas sombrer dans des spirales de la malédiction du pétrole, que des contrées africaines conjuguent à tous les temps de la corruption et de l’enrichissement illicite.
Certes, le gaz n’est pas le pétrole qui corrompt absolument. Mais mieux vaut prévenir les étincelles des émissions gazeuses, que guérir du réchauffement social et des affrontements politiques.
Transparent, voilà comment doit être le Gazpower. Même s’il est vaporeux.
La molécule de la bénédiction tient à cette panacée, tout comme inversement la névrose de la malédiction.
Pour avoir flambé leurs pétrodollars, des gouvernants ont hypothéqué le développement, confisqué la démocratie et compromis l’avenir de leur pays.
N’allons surtout pas croire, d’un autre côté, que parce que nous vapotons, nous sommes aussi riches que les Saoudiens.
Les recettes gazières pour 2023 feront à peine 3% du PIB. 53 milliards de francs CFA. Faut-il faire un dessin ?
Ce n’est pas demain la veille, que nous alimenterons nos RIB, avec des milliers de milliards de dollars.
A moins que nous devenions des “number one” de l’agro-industrie, du tourisme, de la technologie. Ce serait faire de tout le monde Youssou Ndour, Commençons donc par travailler pour avoir un Impack, pardon un impact social, politique et international.
CONTRAT D'ARMEMENT, AMADOU MAME DIOP SAISI POUR UNE ENQUÊTE PARLEMENTAIRE
Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, le président de la commission Énergie et Ressources minérales Abass Fall, député membre du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi a saisi l’assemblée pour une affaire qui remonte à décembre 2021
Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, le président de la commission Énergie et Ressources minérales Abass Fall, député membre du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, a saisi l’assemblée pour une affaire qui remonte à décembre 2021. M. Fall explique dans le document qu’il s’agit d’un "contrat secret de plus de 45 milliards signé par les ministres de l’Environnement et des Finances d’alors”.
Le contrat concernerait un homme d’affaires nigérian “douteux” répondant au nom d’Abuubakar Hima et les ministres de l’Environnement Abdou Karim Sall et des Finances Abdoulaye Daouda Diallo de l’époque. Le président de la commission Énergie et Ressources minérales demande au président de l’Assemblée nationale à ce qu’une “enquête parlementaire” soit ouverte pour que les “Sénégalais soient édifiés sur cette affaire”.
Par Abdoulaye SAKHO
LE PRIX SOCRATES DÉCERNÉ À MANÉ POUR BOOSTER LA PROTECTION SOCIALE ?
Les Sénégalais ont du cœur ! Pour plusieurs raisons fondées sur diverses convictions, il s’est développé, dans notre pays, une forte culture d’aide et d’assistance. De manière générale, chacun d’entre nous, dans la mesure de ses possibilités, essaie de contribuer. A mon avis, le prix Socratès remis par France Football à notre icone nationale Sadio Mané peut être considéré comme une sorte de reconnaissance de niveau mondial de cette « attitude-valeur », un des ciments de la société sénégalaise. Ce jeune footballeur est effectivement, à lui seul, un condensé de solidarité et d’humilité. Il conforte l’idée qu’il ne faut surtout pas perdre foi en l’humanité « à l’époque où le tissu social paraît s’effilocher de plus en plus vite, où l’égoïsme, la violence et le manque de cœur semblent miner la vie de nos communautés » (Goleman, L’intelligence émotionnelle, 2014). J’aimerais saisir l’occasion de cette récompense à un sportif, certainement l’un des meilleurs d’entre nous, pour exhorter les pouvoirs publics à mieux asseoir l’assistance et la solidarité, ici et maintenant corroborant en même temps l’idée que le sport irradie toutes les sphères de la société !
En ce sens, nous disposons, sur le plan juridique, d’une solide base incitant au social. La Constitution de notre pays, dès la première phrase de son article premier, dit : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. » Ce qui autorise à dire que notre République n’est pas que Démocratique et Laïque, elle est aussi sociale.
En réalité, « faire du social » relève quelque part de notre culture, de notre « way of life » bref, de notre quotidien. Certains nous le reprochent. Ils considèrent qu’il s’agit d’un véritable frein à l’épanouissement individuel et au développement parce qu’ici, la solidarité et l’assistance reposant généralement sur la proximité familiale, confessionnelle, amicale voire même géographique, génère, à rebours, une confortable « culture d’assistés » pour des gens qui ne feront aucun effort pour s’en sortir. Pourtant d’autres, plus nombreux à mon avis, considèrent qu’il s’agit d’une valeur forte, porteuse d’un véritable avantage comparatif face aux civilisations occidentales supposées, à tort ou à raison, plus individualistes. En conséquence, et pour moi, la République sociale, celle dont parle la Constitution, ne devrait pas être très difficile à mettre en œuvre via une politique adaptée de protection sociale.
On sait qu’il existe, dans notre pays, un système achevé de protection sociale avec son cadre institutionnel (IPRES, Caisse de sécurité sociale, Délégation à la Protection Sociale, Agence de la CMU…), ses normes (Code du travail et de la sécurité sociale, Textes sur la CMU, Loi d’orientation sociale n° 2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.…), ses ressources humaines (de réelles compétences et une véritable expertise existent ici) et financières (importantes ressources publiques). Malgré tout, on a toujours l’impression que la protection sociale est beaucoup plus le fait des individus et des familles que celui des institutions dédiées.
Oui, la protection sociale officielle fondée sur le mécanisme de l’assurance, copiée du système de l’ancienne puissance coloniale, ne s’intéresse qu’à ceux qui disposent de revenus et peuvent ainsi contribuer à leur propre prise en charge. Cela pose problème surtout lorsqu’on a une population plus perméable à la culture de la cigale qu’à celle de la fourmi. Je crois, en tout état de cause, qu’il y a lieu de se demander si ce modèle n’est pas en train de s’essouffler. En effet, mettre de côté pour sa propre protection puis essayer de prendre en charge la protection des autres devient une gageure, un vrai exploit de superman que nos compatriotes assument de plus en plus difficilement. En conséquence, les formes de protection sociale fondées sur l’assistance ont gagné énormément de terrain ces dernières années. L’effort mérite d’être soutenu et encouragé.
Mais, très sincèrement, je crois que, pour une meilleure efficacité, la protection sociale doit aujourd’hui être renforcée par une base juridique beaucoup plus solide que le cadre légal actuel (théorie du « droit structurant » par opposition à celle du « droit-reflet ») C’est la raison de mon appel à la mise en œuvre de ce concept de République sociale : c’est peut-être le moment idéal pour faire de la Constitution sociale, une réalité
Aujourd’hui, les populations africaines sont essentiellement préoccupées par des questions liées au droit à la sécurité dans un environnement respectueux de la santé. C’est ce qui fait du droit à la protection sociale un défi majeur chez nous voire même, plus largement, dans ce monde contemporain où, ceux qui possèdent sont de moins en moins nombreux alors que la grande masse des non possédants s’accroit au jour le jour (Rosanvallon, La société des égaux, 2011). Pour nous, l’urgence demeure ce qu’on appelle pudiquement « lutte contre la pauvreté ». A ce propos, je ne crois pas en l’existence d’une solution miracle immédiate, il faudra du temps pour complètement inverser cette tendance et l’éradiquer. Mais en attendant :
- d’une part, d’ores et déjà insupportable pour l’être humain, on pourrait commencer à le combattre par l’empathie, « cette capacité à lire dans le cœur d’autrui, à être sensible aux besoins et au désespoir de l’autre », attitude morale qu’exige notre époque. Sadio Mané incarne cette attitude ;
- d’autre part, au plan du droit, j’estime que poursuivre l’objectif de permettre aux citoyens de vivre décemment devrait pouvoir relever du « domaine réservé du Chef de l’Etat » au sens du droit constitutionnel, concept souvent utilisé pour désigner les champs de la souveraineté dans lesquels on trouve certains ministères et des hommes de confiance du président de la République, élu au suffrage universel.
Loin d’être inconnue dans notre droit positif, c’est à l’occasion d’une révision constitutionnelle en 1969 que la notion de « domaine réservé » a été précisée en ces termes : « … il est des domaines où le Président de la République, débarrassé de l’exécution des petites tâches quotidiennes, doit conserver une responsabilité directe et totale…
De par leur importance et de par la célérité de l’action qu’ils requièrent, ces secteurs doivent constituer un domaine réservé au président de la République. Les actes que celui-ci y accomplit seront donc dispensés de contreseing. Il en est ainsi de la politique étrangère, de la défense, de l’armée et de certaines questions touchant la Justice ». Cette révision constitutionnelle de 1969 était un copier-coller de la Constitution Gaullienne de 1958 en France inspirée par un contexte qui n’est pas le nôtre aujourd’hui. Chez nous, je le répète, le contexte est marqué par les urgences sur le social, alors agissons sur le social et consolidons la logique de fonctionnement de notre société avec un fondement social qui repose sur l’empathie tandis que le fondement juridique serait la Constitution du Sénégal. Une ère nouvelle devrait s’ouvrir pour la protection sociale dans notre pays. EDGE y contribuera.
C’est vrai qu’ici on préfère les débats passionnés et passionnants sur les modes de dévolution et de conservation du pouvoir politique, de temps en temps sur les questions de laïcité. C’est bien, mais tout n’est pas que politique pour les populations, il y a de la place pour les « bons cœurs » qui, à la dimension de leurs avoirs, aident et assistent leurs congénères dans le besoin. N’est-ce pas que dans une période de vaches maigres pour notre pays, le Président Diouf parlait de « Dimension sociale de l’ajustement structurel » ?
Professeur Abdoulaye Sakho est Chercheur au CRES, Directeur de l’Institut EDGE.
par Farid Bathily
LA VOLLEYEUSE PAOLA EGONU MENACE DE QUITTER LA SÉLECTION ITALIENNE POUR CAUSE DE RACISME
La joueuse italo-nigériane, se dit exaspérée d’être sans cesse ramenée à ses origines dans une nation transalpine qu’elle fait pourtant briller
Paola Egonu, une joueuse italo-nigériane, se dit exaspérée d’être sans cesse ramenée à ses origines dans une nation transalpine qu’elle fait pourtant briller. Son cas connaît une résonance particulière à l’heure du basculement de l’Italie vers une nouvelle ère politique.
La scène dure à peine 26 secondes. Elle n’en reste pas moins empreinte d’émotion et surtout d’exaspération. On y voit Paola Egonu, volleyeuse italienne d’origine nigériane de 24 ans, en sanglots face à un homme identifié comme étant son agent Marco Raguzzoni. "Tu ne peux pas comprendre, c'est devenu fatigant. Ils m'ont demandé pourquoi j'étais italienne. C'est mon dernier match. Je suis fatiguée", lui dit-elle d’une petite voix.
La vidéo tournée le 15 octobre 2022 au terme de la rencontre Italie – États-Unis, comptant pour la petite finale du Championnat du monde de volley-ball aux Pays-Bas suscite l’émoi à travers le monde. Elle illustre le ras-le-bol d’une enfant d’immigrés dont la filiation avec le pays de naissance ne cesse d’être remise en cause, et cela malgré sa victoire ce jour-là, face aux Américaines.
Le poids des origines
Née en Italie de parents venus du Nigeria au début des années 1990, Paola Egonu est incontestablement la meilleure volleyeuse du monde en ce moment. Au-delà de son palmarès riche d’une dizaine de titres chez les pros, dont deux championnats d’Italie, ses capacités individuelles crèvent l’écran. Plusieurs fois MVP, sa jeune carrière est déjà auréolée de 27 récompenses individuelles.
Mais l’attaquante du club turc de Vakıfbank Sport Kulübü semble avoir du mal à se faire accepter en Italie. Elle qui a dû attendre ses 15 ans pour disposer de la nationalité italienne en raison de la primauté du droit du sang sur celui du sol dans le pays. Son agent indiquait ainsi auprès de la presse italienne ce week-end qu’elle n’en peut plus d’être pointée du doigt par le public à la moindre occasion manquée, "comme si elle avait tué quelqu’un".
Cette situation reflète le quotidien d’une fille que les parents ont très tôt mis en garde contre les discriminations dues à la couleur de peau. "Ils disent que les noirs puent ? Soyez toujours propres", lui répétait-on fréquemment à la maison afin de la protéger, à en croire ses propos tenus récemment dans la presse italienne.
Élan de solidarité
Reverra-t-on Enogu sous le maillot bleu ? "Je veux faire une pause. J’ai envie de ce maillot, mais les derniers mois ont été durs avec toutes les insultes que j’ai reçues", répond-elle au moment où sa sortie a suscité un vaste élan de solidarité en sa faveur dans toute l’Italie.
Le Premier ministre Mario Draghi lui a notamment exprimé son soutien à travers un appel téléphonique le 17 octobre 2022. La Corriere dello Sport, l’un des journaux les plus lus d’Italie, l’a qualifiée de "fierté italienne" à la une de son édition du même jour. De nombreux messages anonymes lui ont par ailleurs été adressés via les réseaux sociaux.
Les épisodes de racisme en Italie régulièrement mis au jour dans la presse sont scrutés avec davantage d’attention depuis la victoire de la coalition menée par Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni aux législatives du 25 septembre 2022. Et pour cause, cette dirigeante d’extrême droite exècre tout ce que représente Paola Enogu : un symbole de l’immigration et ouvertement bisexuelle.
PAR Farid Bathily
CELTIIS BÉNIN, UN OPÉRATEUR 100% BÉNINOIS SUR LE MARCHÉ DE LA TÉLÉPHONIE
Le nouvel opérateur promet des offres innovantes. Un pari pour le gouvernement au regard de la précédente initiative de l’État plombée par la mauvaise gestion et des critiques récurrentes adressées aux acteurs GSM par les consommateurs
Après le Sud-Africain MTN et le Marocain Moov, le Bénin dispose désormais d’une troisième figure de la téléphonie mobile, une initiative promue par l’État béninois. Baptisé Celtiis Bénin, l’opérateur a officiellement lancé ses activités le 21 octobre 2022 à Cotonou.
Le nouvel opérateur promet, entre autres, une couverture réseau de 80% du territoire dès l’entame de ses activités ; un tarif de retrait de 1% sur les transactions financières via mobile communément appelées « Mobile money » et une communication gratuite entre abonnés du segment fixe.
Immense défi
Autant de promesses destinées à séduire des consommateurs jusque-là ballottés entre MTN et Moov, sans vraiment obtenir pleine satisfaction. Outre leur coût élevé, la qualité des services proposés par ces opérateurs est souvent décriée au Bénin. La ministre du Numérique, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, a d’ailleurs insisté à la fois sur la disponibilité de la fourniture des services et le niveau d’excellence de ces derniers parmi les grandes attentes du public vis-à-vis de Celtiis.
Le défi se révèle donc de taille. D’autant que le duopole MTN-Moov se partage le marché des communications électroniques au Bénin à raison de 60 et 40% de parts respectivement, selon de récentes données de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la Poste (Arcep) du Bénin.
Redynamiser le secteur des télécoms
Ce troisième opérateur téléphonique est une œuvre de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN), entreprise publique née de la volonté du président Patrice Talon de restructurer l’écosystème national des télécommunications. Le secteur était, en effet, marqué par des années de mauvaise gestion. Une situation qui a fait
péricliter plusieurs de ses acteurs, dont l’opérateur historique Libercom et sa maison-mère Bénin Télécoms Infrastructures.
Cette dernière a cédé la place à la SBIN en 2018. La nouvelle structure fut ensuite placée sous gestion déléguée de la Société nationale des télécommunications (Sonatel), opérateur historique du Sénégal trois ans plus tard. L‘objectif décliné par les autorités béninoises à travers cette décision consiste à "redynamiser le secteur du numérique et faire de Cotonou un hub des innovations technologiques en Afrique".
MTN et Moov restent pour l’heure silencieux face à la communication agressive du nouvel arrivant. Les consommateurs espèrent quant à eux que l’arrivée de ce dernier va ouvrir la voie à une véritable concurrence à leur bénéfice.