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26 avril 2025
Politique
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PAUL-HENRI DAMIBA SOUS PROTECTION FRANÇAISE ?
Fanny Noaro-Kabré, correspondante de TV5 Monde à Ouagadougou, et Ousmane NDiaye, rédacteur en chef Afrique, analysent le putsch au Burkina Faso et la situation du lieutenant-colonel Damiba
Fanny Noaro-Kabré, correspondante de TV5 Monde à Ouagadougou, et Ousmane NDiaye, rédacteur en chef Afrique, analysent le putsch au Burkina Faso et la situation du lieutenant-colonel Damiba.
OUAGADOUGOU REPLONGE DANS LA CONFUSION
Il semblerait que des militaires restés fidèles au lieutenant-colonel Damiba veulent effectuer une descente sur la capitale. Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des habitants fuyaient les rues pour rejoindre leurs domiciles
Après une nuit d'accalmie apparente, la confusion règne à nouveau au Burkina Faso, au lendemain d'un putsch qui a "démis de ses fonctions" le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Des forces de sécurité lourdement armées se sont déployées samedi dans la mi-journée dans le centre de Ouagadougou et dans plusieurs endroits stratégiques de la capitale burkinabè et certaines artères ont été barrées.
Des témoins affirment avoir aperçu des troupes déployées vers la télévision nationale, où des barrières ont été posées sur les voies. C'est aussi le cas dans le quartier Ouaga2000, qui abrite le palais présidentiel de Kossyam.
Les commerçants du grand marché ont fermé boutique et le grand rond-point des Nations unies est complètement vide.
La veille, des militaires ont annoncé à la télévision nationale que c'est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, qui dirigera la junte. Mais il semblerait que des militaires restés fidèles au président Paul-Henri Sandaogo Damiba veulent effectuer une descente sur la capitale.
Sur des vidéos partagées à travers les réseaux sociaux, des habitants de Ouagadougou fuyaient les rues pour rejoindre leurs domiciles, craignant un affrontement entre militaires.
COUP D'ÉTAT AU BURKINA, LES RAISONS DE LA COLÈRE DES MILITAIRES
Certains militaires reprochent à Paul-Henri Sandaogo Damiba d'avoir favorisé ses promotionnaires du Prytanée militaire du Kadiogo en leur offrant notamment des postes clefs dans l'administration. Le retour de Blaise Compaoré a également été très mal vécu
L’histoire se répète au Burkina Faso. Le pays a été secoué vendredi 30 septembre par un second coup d’État en l’espace de huit mois. Après une journée d’incertitude à Ouagadougou, une quinzaine de soldats ont annoncé hier soir sur le plateau de la radiotélévision nationale que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba était démis de ses fonctions de président de la transition. Depuis plusieurs semaines maintenant, les motifs de mécontentement s'accumulent au sein de l'armée.
D'abord, il y a l'insécurité qui perdure. L'attaque d'un convoi à Gaskindé, dans le Soum, la semaine passée, a porté un coup au moral des troupes. Les soldats du rang se sentent trahis, explique une source proche de l'armée. Alors que Paul-Henri Sandaogo Damiba était reconnu comme un soldat de terrain compétent, en l’espace de huit mois au pouvoir, il ne sera pas parvenu à stopper les attaques jihadistes. Celles-ci n'ont pas diminué ces derniers mois dans le nord et l’est du pays. Et ce malgré le processus de dialogue que l'homme fort du pays avait tenté d'initier avec certains groupes armés, tout en intensifiant en parallèle les actions offensives de l’armée. Les victoires tant promises tardent à arriver, le matériel et l'équipement manquent.
Révélateur de cette impuissance à juguler la menace terroriste, le lieutenant-colonel Damiba avait limogé le 13 septembre dernier son ministre de la Défense et choisi d’assumer lui-même ses fonctions.
RETOUR AU CALME À OUAGADOUGOU, LE CAPITAINE IBRAHIM TRAORÉ AUX COMMANDES
Le nouveau chef de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques jihadistes
Le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, était jusqu'ici le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord.
Le calme était revenu samedi matin dans les rues de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, au lendemain d'une crise entre l'armée et la junte au pouvoir qui a débouché dans la soirée sur un coup d'Etat et un changement d'homme fort à la tête du pays.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir en janvier par un putsch, a été démis de ses fonctions par des militaires et remplacé à la tête de la junte par Ibrahim Traoré, un jeune capitaine de 34 ans.
La circulation reprenait samedi matin sur les principaux axes de Ouagadougou, bloqués vendredi par des militaires, après une nuit calme, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un important dispositif sécuritaire entourait toutefois toujours la télévision nationale avec plusieurs pickups et blindés et de nombreux militaires à pied ou à motos.
Les principaux axes de la capitale, bloqués vendredi par une forte présence militaire, étaient libérés et les stations-services fermées la veille rouvraient.
Une présence plus légère était déployée devant les camps militaires et sur la place de la Nation, en centre-ville.
Les commerces ouvraient également petit à petit tout comme certaines boutiques du grand marché de Ouagadougou.
Vendredi soir, après une journée émaillée de tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole, peu avant 20H00 (GMT et locale) sur le plateau de la radiotélévision nationale.
Ils ont démis de ses fonctions le colonel Damiba - dont le sort restait inconnu samedi matin - et annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition.
Un couvre-feu de 21H00 à 05H00 a également été mis en place.
Les militaires invoquent "la dégradation continue de la situation sécuritaire" dans le pays.
Le nouveau chef de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques jihadistes.
Le colonel Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d'Etat, pour renverser le président élu Roch Marc Christian Kaboré, déjà impopulaire face à la hausse des violences.
Avec les deux putschs au Mali et celui en Guinée, c'est le cinquième coup d'Etat en Afrique de l'Ouest depuis 2020.
par Jean-Baptiste Placca
UNE PLAIE BÉANTE AU COEUR DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
Au contact des délices du pouvoir, les plus belles intentions des putschistes s'évaporent parfois si vite que l'on ne peut que consentir à leurs concitoyens la faveur de les laisser juger les nouveaux putschistes à leurs seuls actes
RFI : Neuf mois après son coup d’État contre Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Damiba a donc été, à son tour, renversé par ses propres camarades. Ce que l’on présentait, hier en début de journée, comme une simple revendication de primes non versées s’est avéré être un nouveau coup d’État. Que dire de ces putschs à répétition, dans un pays dont la situation sécuritaire ne cesse, par ailleurs, de se dégrader ?
Ce qu’il y a de prodigieux dans les proclamations de coup d’État, c’est qu’elles sont attrayantes à souhait, suffisamment pour que chacun y trouve de quoi apaiser ses éventuelles frustrations. Les nouveaux putschistes étaient manifestement excédés par le peu de cas que faisait Sandaogo Damiba des questions sécuritaires, qui sont pourtant l'excuse à peine acceptable à son coup putsch. À l’évidence, ses amis, les nouveaux putschistes, acceptaient mal ce qu’ils qualifient de « restauration au forceps d’un ordre ancien », entendez : Blaise Compaoré, à qui il a concédé des amabilités, « au mépris de la justice », insistent ses tombeurs.
Ces griefs rejoignent la multitude d’autres qui se relayaient, ces derniers temps dans l’opinion. Oserait-on pour autant suspecter les nouveaux putschistes d’avoir conçu ces déclarations pour se rallier, à bon compte, une opinion déjà agacée par bien des postures du président Damiba ?
Il faut donc féliciter le capitaine Ibrahima Traoré !
Avant de lui jeter des fleurs, attendons d’apprécier si, face aux privilèges du pouvoir, il sait rester fidèle à ce qu’il proclame. C’est le capitaine d’aviation Jerry Rawlings qui affirmait, peu avant son arrivée à la tête du Ghana, être expert dans ce que c’est que d’aller se coucher le ventre vide. Nombre de militaires, dans les armées africaines, tirent, en effet, le diable par la queue.
Au contact des délices du pouvoir, leurs plus belles intentions peuvent vite s’évaporer. La preuve : il a fallu très peu de temps au président Damiba pour oublier ses vibrants engagements de janvier dernier. Rien ne nous autorise donc, à l’instant présent, à penser que ceux-ci, aujourd’hui, resteront davantage en cohérence avec leur proclamation que ceux-là, hier. Soixante ans de coups d’État, en Afrique, n’auront qu’une succession de fausses promesses, parfois de trahisons éhontées.
ALIOUNE TINE DEMANDE DE LIBERER TOUS LES DETENUS POLITIQUES
Le fondateur d’Afrikajom center magnifie la décision du président de la République de vouloir amnistier Karim Wade et Khalifa Sall, deux leaders politiques de l’opposition.
Le fondateur d’Afrikajom center magnifie la décision du président de la République de vouloir amnistier Karim Wade et Khalifa Sall, deux leaders politiques de l’opposition. Toutefois, écrit Senego, Alioune Tine souhaite que cette décision soit élargie à l’ensemble des détenus politiques. «Cela ne suffit pas, Macky doit libérer tous les otages politiques», réclame-t-il. «C’est une bonne décision, mais cela reste. Le Président doit libérer tous les détenus politiques des manifestations de juin dernier. II doit également s’asseoir et discuter avec tout le monde par rapport à cet horizon», clame l’ancien directeur d’Amnesty international.
Il dit : «Une petite éclaircie dans l’horizon illisible de 2024 au-delà des calculs et manouvres politiques. Je suis satisfait que deux leaders politiques présidentiables, qui avaient été privés de façon illégale de leurs droits civiques, se voient restituer. Ce qui permet une ouverture du jeu politique.»
Ce membre de la Société civile sénégalaise invite l’opinion à tirer les leçons. «Si vous avez le droit de participer aux affaires publiques, que vous soyez condamné par une décision complémentaire, tant que le juge ne l’a pas prononcé, vous êtes toujours éligible, comme disait le ministre de la Justice, à l’époque, Sidiki Kaba», rappela M. Tine.
Il pense par ailleurs que la Cour de répression de l’enregistrement illicite (Crei), qui a condamné Karim Wade et Khalifa Sall, ne remplissait pas les standards d’un procès équitable. Ainsi, le droit-de-l’hommiste appelle à revenir à une Justice indépendante «et qui ne sera pas le bras armé de l’Exécutif ou de son chef».
«Il faut revoir ce concept qui consiste à dire le rendez-vous d’un homme et d’un peuple. C’est le despotisme, le monarque républicain, et il faut en finir avec cette vision», exhorte Alioune Tine.
MIMI EXTERNALISE SON COMBAT
Chercher coûte que coûte à écorner l’image du Président Macky Sall sur la scène internationale. Tel semble être l’option prise par Aminata Mimi Touré depuis qu’elle a déclenché la guerre ouverte contre le patron de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby).
L’ex-tête de liste nationale de Benno bokk yaakaar (Bby) aux dernières élections législatives multiplie les sorties médiatiques contre son ancien mentor. La démarche de Mimi Touré, qui se confie aux médias étrangers, vise à donner une dimension internationale à son combat politique pour barrer la route à une troisième candidature du Président Macky Sall. L’entretien qu’elle a accordé hier à Rfi, au cours duquel elle déclare son opposition au nouveau projet d’amnistie du Président Sall, est à inscrire dans ce cadre-là.
Chercher coûte que coûte à écorner l’image du Président Macky Sall sur la scène internationale. Tel semble être l’option prise par Aminata Mimi Touré depuis qu’elle a déclenché la guerre ouverte contre le patron de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby). Puisque les médias étrangers vont constituer un atout dans sa stratégie consistant à discréditer le Président Sall, l’ex-Pm ne fait pas dans la demi-mesure. C’est dans ce cadre-là qu’il faut lire sa sortie hier sur Radio France internationale (Rfi).
Celle qui, dans une autre vie était ministre du Président Macky Sall, préfère, dans cette nouvelle existence politique qu’elle embrasse, demeurer dans le principe de la Patrie avant la famille. Avant le parti. Trahison ? S’il y en a, elle est à chercher du côté de ceux-là qui fonctionnent selon l’inverse du principe précédemment cité, et qu’elle a défendu hier face à la correspondante de Rfi au Sénégal, Charlotte Idrac.
Constante, encore, sur ce principe-ci : «C’est clair que comme présidente de l’Assemblée nationale, une telle loi ne répondrait pas à mes critères éthiques !» La loi, qui pourrait permettre d’amnistier Karim Wade, ne saurait prospérer dans une Assemblée qui a pour présidente la même personne qui, au moment de la traque de Wade-fils, était ministre de la Justice. Ainsi, «maintenant, on peut comprendre mieux en fait ce qui s’est passé à la lumière des projets d’amnistie de monsieur Karim Wade». Dans la logique de Aminata Touré et à la lecture de ce qui se joue, cette dernière n’avait pas le boulevard de la présidence de l’Hémicycle grandement ouvert. Il y avait une grosse boule qui roulait à contre-sens de son ascension vers le Perchoir. Cette boule qui dévale du Qatar lointain, et qui a chamboulé le destin de Mimi. Mimi qui, pourtant, avait un accord avec Macky. Du moins, selon ses dires.
Dans le futur, ces deux-là s’en expliqueront : Mimi-Macky, en tête-à-tête, quand M. Sall ne sera plus Président, fait remarquer l’ex-présidente du Cese. Macky qui, selon Mimi, doit partir. Lui, président en exercice de l’Union africaine (Ua), doit donner le bon exemple en se disqualifiant clairement, au sens de Mme Touré. Lui, Macky Sall, dont les réalisations ne sont pas pour autant occultées par son ex-directrice de campagne, qui dit ne jamais se renier sur le fait qu’elle ait défendu haut et fort le travail abattu par l’apériste en chef.
Patrie et liberté, d’une part, intransigeance concernant Wade-fils d’autre part, et plus encore ! «Tout semble l’indiquer», l’idée du troisième mandat. Mais, «ce n’est juste pas possible», car «nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. C’est très clair dans la Constitution». Ici aussi, madame Aminata Touré se veut constante et intransigeante. Elle est ouvertement opposée à un troisième mandat pour l’actuel président de la République. La désormais députée du peuple, ancrée dans sa position principielle par rapport au cas Karim. Cette posture a la particularité de l’isoler. Puisqu’elle s’aliène un éventuel soutien des Libéraux et de leurs alliés au sein de Wallu, quand sonnera pour elle l’heure de crier à l’injustice et de s’indigner face aux persécutions dont elle pourrait être l’objet de la part du pouvoir. Ces Libéraux ayant toujours au travers de la gorge, la forte implication de l’ex-Garde des sceaux dans la traque des biens supposés mal acquis qui ont valu une «injuste» condamnation à leur champion.
Résolument anti-clanique, Mimi a, en outre, le chemin du Palais au cœur. De toutes les façons, «ce sont les Sénégalais qui décident, personne d’autre. Il faut aller juste avec un bon programme».
Bonne gouvernance, respect des institutions, les femmes, les jeunes, alliance entre ces deux forces vives («pourquoi pas?»). Ce sont ses expressions. Aminata Touré est déjà dans le mood. Elle se voit Présidente, au moment de faire son foulard. Effet Président ! Et on ne serait sûrement pas dans l’erreur, disant que jamais au plus grand jamais, les forces dormantes ou encore timides, qui attendent que la boule arrive à bon port, ne la prendront comme alliée. Jamais ? Mais qui sait ! «Jamais» a-t-il un sens en politique, si l’on sait que des «jamais» fermes sont devenus des «maintenant, vu les circonstances»…
TROIS ANCIENS DÉPUTÉS MAINTIENNENT MIMI À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Moustapha Diakhaté, comme les anciens députés Cheikh Oumar Sy et Hélène Tine soutiennent que rien ne peut arriver à Aminata Touré dont la décision de quitter la coalition majoritaire continue d’alimenter l’espace public sénégalais
Nando Cabral GOMIS ET P M CAMARA |
Publication 01/10/2022
Le débat est clos! Moustapha Diakhaté, ancien président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, comme les anciens députés Cheikh Oumar Sy et Hélène Tine soutiennent que rien ne peut arriver à Aminata Touré dont la décision de quitter la coalition majoritaire pour gonfler le rang des non-alignés continue d’alimenter l’espace public sénégalais. Apparemment, l’ancien Premier ministre ministre savait très bien ce qu’il faisait pour ne pas tomber sous le coup des jurisprudences Mbaye Ndiaye et autre Moustapha Cissé Lo. Ou du moins juridiquement.
MOUSTAPHA DIAKHATE, ANCIEN PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE BENNO BOKK YAAKAAR : «Elle ne court aucun risque »
«Il n'est pas dit dans le règlement intérieur de l'Assemblée nationale qu'un député qui quitte son groupe parlementaire peut courir un quelconque risque, si ce n'est le fait qu'il ne pourra plus adhérer à un autre groupe parlementaire. Donc, Aminata Touré ne pourra plus intégrer un autre groupe parlementaire pendant tout au long de la 14ème législature en cas de démission du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, mais il n'y a pas d'autre conséquence à part ça. Cependant, les députés de Benno Bokk Yakaar sont libres de demander à Aminata Touré de démissionner de son poste de député. Alors si elle accepte de le faire, elle perd de facto son siège à l'hémicycle. Maintenant, il faut préciser que démissionner d'un groupe parlementaire ne signifie pas démissionner d'un parti politique, car un groupe parlementaire est simplement un regroupement basé sur des affinités politiques, et non un parti politique à proprement parler. D'ailleurs, l'Assemblée nationale ne reconnaît même pas les partis politiques, mais les groupes parlementaires.»
HELENE TINE, ANCIEN DEPUTE :«La loi parle d’un député démissionnaire et d’un député exclu»
«L'alinéa 1 de la loi du règlement intérieur de l'Assemblée nationale qui parle de démission dit que le député ne peut perdre son siège que quand il démissionne (et non exclu) de son parti. Dans le cas de Aminata Touré, elle n'a pas démissionné de son parti, elle a dit qu'elle démissionne du groupe parlementaire. Donc, je ne vois pas comment le groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar va aller vers une procédure de retrait de son mandat de député, tant qu'elle n'aura pas démissionné de l'APR, qui est son parti. Aminata Touré restera député même si elle venait d'être exclue de l'APR. En revanche, avant la fin de cette législature, elle ne pourra pas intégrer un autre groupe parlementaire. Pour rappel, nous avons voté la proposition de loi 13/2015, la seule proposition de loi votée par la 12ème Législature et qui porte sur une modification du règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Dans cette modification, entre autres dispositions, il est dit à l'article 20 portant sur les groupes parlementaires que "Tout député qui démissionne de son groupe parlementaire ne peut en aucun cas s'affilier à un autre groupe parlementaire au cours de la législature». En fait, cette proposition de loi était motivée par le fait qu'il y avait des tentatives de création de groupes parlementaires sur les flancs de Benno Bokk Yaakaar avec le départ de Rewmi. C'est ainsi que la majorité a voulu verrouiller cette propension en 2015. Ils ont d'abord, dans l'article 20, augmenté le nombre de députés requis pour avoir un groupe parlementaire. C'est-à-dire qu’on est passé de 10 députés à 1/10 des députés. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, il faut avoir 17 députés pour pouvoir former un groupe parlementaire. Le vote de la loi 13/2015 a aussi permis le rallongement du mandat du président de l'Assemblée nationale d'un an à 5 ans. C'est dire que les raisons qui ont poussé à l'époque Benno Bokk Yaakaar à procéder au verrouillage se sont maintenant retournées contre les auteurs eux-mêmes. Même si Aminata Touré aura voulu regagner le groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar après y avoir démissionné, ceci ne sera plus possible. Elle restera non inscrite jusqu'à la fin de la législature.»
CHEIKH OUMAR SY, ANCIEN DEPUTE :«On ne peut rien contre elle»
«Si Aminata Touré démissionne du groupe, elle va être dans le groupe des non-inscrits, mais elle ne pourra pas rejoindre un autre groupe parlementaire. Si tu démissionnes d'un groupe parlementaire, tu ne peux pas rejoindre un autre. À moins qu'elle démissionne de son parti politique, c'est-à-dire l'Alliance pour la République et qu'elle rende son poste de député. Autrement, nul ne pourra lui enlever son statut de parlementaire. Alors, si elle démissionne seulement du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar et qu'elle reste dans le même parti, on ne peut rien contre elle, même en cas d'exclusion de la formation politique.»
par Abou KANE
LES UNS CREUSENT, LES AUTRES REMBLAYENT
Évitons d’étouffer davantage nos entreprises qui sont déjà à bout de souffle, en ne leur imposant surtout pas des conditions d’accès au crédit plus drastiques ; ce serait comme ouvrir une plaie qui ne se refermera pas rapidement
Dans son discours du 16 Septembre, le PR Macky Sall rappelait que l’Etat a mobilisé 620 milliards de FCFA pour soutenir les ménages, dont 120 milliards de revalorisation de salaires et 43 milliards sous forme de transferts d’argent. S’y ajoutent les 300 milliards de subventions à l’énergie et les 157 milliards de renonciation à des recettes fiscales. Donc il y a une injection de liquidités dans l’économie.
Le problème c’est qu’au même moment la BCEAO cherche à les réduire en relevant ses taux directeurs de 25 points de base (0,25%) en septembre, après une hausse similaire en juin. En théorie, cela permet d’assurer la stabilité monétaire par la lutte contre l’inflation en défendant la valeur de la monnaie, rattachée à l’euro par une parité fixe.
Pour faire simple, la BCEAO est comme un grossiste, les banques secondaires, des détaillants. Le relèvement des taux directeurs va rendre les emprunts plus chers pour les particuliers et les entreprises parce que les banques répercutent cette hausse sur les taux d’intérêt comme le ferait un détaillant pour qui le prix d’acquisition de la marchandise chez le grossiste augmente. Les dépenses de consommation baissent, de même que les investissements puisque les agents économiques sont moins enclins à emprunter pour financer leurs activités.
Dans la situation actuelle, on a plus affaire à une inflation importée puisque l’euro auquel est arrimé le Franc CFA est faible face au dollar et nous importons l’essentiel de ce que nous consommons qui est facturé en dollar. Il y a toutefois une part d’inflation par les coûts car les travailleurs demandent des salaires élevés pour faire face au coût de la vie, l’énergie coûte cher pour les entreprises, les intrants viennent souvent de l’extérieur.
L’Etat et la BCEAO ont certainement les mêmes objectifs mais ne semblent pas regarder dans la même direction puisque l’un favorise la circulation de l’argent, l’autre le décourage, au nom de la lutte contre l’inflation et la défense de la parité fixe avec l’euro. Que veut-on finalement ?
C’est très bien de soutenir la demande mais puisque dans notre cas, cette demande est surtout satisfaite par des importations, on doit aussi soutenir l’offre domestique. Pour cela, au lieu de serrer la vis pour les crédits, il faut plutôt les desserrer (BCEAO). De même, au lieu de s’en tenir à renoncer à des impôts et de payer des arriérés à des entreprises, il faut créer les conditions de développement d’un tissu industriel solide qui ne va pas tanguer à la moindre brise de mer venant de l’océan atlantique ou de la Méditerranée.
Dans la logique de la suspension du pacte de convergence de l’UEMOA pour permettre aux Etats de s’endetter et de dépasser le seuil d’inflation de 3%, on doit se débrouiller pour injecter plus de liquidités dans l’économie sachant que la situation actuelle va s’estomper même sans aucune intervention de notre part. En effet, il suffit que Vladimir Poutine décide d’arrêter sa guerre contre l’Ukraine et que l’euro remonte face au dollar pour que les problèmes soient oubliés. Toutes ces deux conditions ne dépendent pas de nous ; donc évitons d’étouffer davantage nos entreprises qui sont déjà à bout de souffle, en ne leur imposant surtout pas des conditions d’accès au crédit plus drastiques ; ce serait comme ouvrir une plaie qui ne se refermera pas rapidement.
Espérons que les 15 mesures qui viennent d’être annoncées par le gouvernement lors des concertations engagées avec les acteurs économiques aboutissent à du concret. Les 1000 volontaires qui doivent contrôler les prix doivent être bien payés ; comprenne qui pourra.
Abou Kane est Professeur Titulaire, Agrégé d’économie,FASEG/Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
CONCERTATION SUR LA CHERTE DE LA VIE, L'ARSENAL MIS EN PLACE
Les travaux de la concertation nationale sur la vie chère, initiée par le Président Macky Sall, le 26 septembre dernier, ont été lancés vendredi à Dakar, sous la présidence du Premier ministre, Amadou Bâ. Au total, 18 commissions ont été mises en place...
Les travaux de la concertation nationale sur la vie chère, initiée par le Président Macky Sall, le 26 septembre dernier, ont été lancés vendredi à Dakar, sous la présidence du Premier ministre, Amadou Bâ. Au total, 18 commissions ont été mises en place selon les filières. L’objectif principal est de parvenir à une stabilisation voire une baisse des prix des produits alimentaires et non alimentaires.
Après le lancement des concertations sur la vie chère qui se sont tenues, le lundi 26 septembre, au Palais de la République, les travaux ont été entamés vendredi sous la présidence du Premier ministre Amadou Bâ. À l’ouverture de la rencontre, il a invité l’ensemble des ministères concernés à intensifier leurs actions dans le sens de l’atteinte des objectifs fixés par le Chef de l’État. « Il nous faut poursuivre les efforts dans l’atténuation des chocs exogènes chiffrés à ce jour à 627 milliards de FCfa dont 157 milliards de renonciation de recettes. Notre rôle est de conduire l’action gouvernementale en droite ligne avec les instructions du Président de la République et de lui fournir les résultats escomptés », a-t-il expliqué. Il espère qu’à l’issue des trois semaines que dureront les consultations, des solutions seront trouvées à travers « d’autres mesures structurelles ».
De l’avis du ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, Abdou Karim Fofana, ces travaux permettront d’entrer dans le vif du sujet et de façon concrète. Ainsi, 18 commissions ont été mises en place. Elles concernent le loyer, le blé, le riz, le sucre, l’huile, le lait, les produits horticoles, la viande, le poisson, le ciment, le fer à béton, l’eau, l’électricité, les services financiers, le transport, les cours de passage portuaires et les Télécommunications. Il y a également des comités en charge des prestations sanitaires et des frais scolaires. « Pour les prestations sanitaires, l’idée n’est pas de charger les prestataires, le médecin ou la clinique au bénéfice du consommateur, mais de vérifier, d’étudier l’ensemble des modèles qui nous permettent de nous entendre. Concernant les frais scolaires, ils ont le même niveau que les dépenses alimentaires », a précisé Abdou Karim Fofana.
Chaque commission aura le minimum de membres possible afin « d’avoir un cadre de travail opérationnel et des résultats », a-t-il ajouté. Les hommes des différents secteurs seront accompagnés dans chaque commission par des agents du ministère du Commerce, de la Consommation et des Pme et du ministère des Finances et du Budget. Les travaux se dérouleront du 3 au 5 octobre. Les conclusions et résultats sont attendus avant le lundi 10 octobre afin que le Chef de l’État puisse statuer avant le 20 octobre comme il l’a promis le 26 septembre.
Les résultats attendus à l’issue de ces travaux sont la promotion des produits locaux, des recommandations pour le renforcement des associations consuméristes, la baisse et la stabilisation des prix des produits alimentaires et non alimentaires, le diagnostic des filières et produits visés.