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25 avril 2025
Politique
LA CRAINTE D'UN NOUVEAU COUP D'ÉTAT AU BURKINA
Depuis que des tirs ont résonné et que des militaires se sont déployés dans plusieurs endroits stratégiques de Ouagadougou, à l’aube, ce vendredi, le pays a de nouveau basculé dans l’incertitude, huit mois après le putsch du lieutenant-colonel Damiba
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 30/09/2022
Un nouveau putsch est-il en cours au Burkina Faso, à peine huit mois après celui du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le 24 janvier ? Ou s’agit-il, comme certains le laissent entendre, d’un mouvement d’humeur de militaires réclamant le paiement de leurs primes ? Ce vendredi 30 septembre, en fin de matinée, personne ne semblait vraiment avoir de réponse à ces questions à Ouagadougou.
Rafales de tirs
Une chose est sûre : malgré une apparente normalité dans les rues de la capitale, la situation y est très volatile depuis que des tirs y ont été entendus à l’aube. Vers 4 h 30 (heure locale), des rafales ont ainsi résonné près du camp militaire Baba Sy, l’un des principaux de la ville, ainsi que dans le quartier de Ouaga 2000, dans les environs du palais présidentiel de Kosyam.
Dans les heures qui ont suivi, des véhicules militaires se sont déployés dans plusieurs endroits stratégiques de Ouagadougou : au rond-point des Nations unies, mais surtout autour de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), la télévision nationale, qui a connu une interruption de ses programmes.
Selon des sources sécuritaires, des soldats des Forces spéciales, membres de la fameuse unité Cobra, seraient à l’origine de ce mouvement. Ils réclameraient notamment le paiement de primes qui leur avaient été promises. De leur côté, les militaires de l’armée qui composent le Groupement de sécurité et de protection républicaine (GSPR), chargé de la protection de la présidence et de celle du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, auraient effectué des tirs de sommation.
MIMI DÉNONCE UN PROJET D'AMNISTIE AU DÉPENS DE LA BONNE GOUVERNANCE
"Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs", répète Aminata Touré sur RFI ce vendredi. La députée désormais non-inscrite à l'Assemblée indique qu'elle votera contre la loi d'amnistie en gestation au profit de Karim entre autres - ENTRETIEN
Au Sénégal, c’est officialisé : Aminata Touré a envoyé une lettre au président de l’Assemblée nationale pour l’« informer » de sa décision d’être désormais députée non-inscrite. L’ancienne Première ministre, qui était tête de liste de la majorité Benno Bokk Yaakaar aux législatives de juillet, a rompu avec le président Macky Sall après avoir été écartée du perchoir.
Débat sur une éventuelle troisième candidature du chef de l’État en 2024, possible amnistie des opposants Karim Wade et Khalifa Sall, ses perspectives pour l’avenir, Aminata Touré, surnommée « Mimi » Touré, est l’invitée de Charlotte Idrac.
LOIS D’AMNÉSIE
De Senghor à Macky, chaque dirigeant a pu faire adopter, par son gouvernement, avant de le faire voter à l’Assemblée nationale, son projet de loi d'amnistie de faits précis ayant caractérisé en partie des événements marquants de son règne
Senghor, Abdoulaye Wade et sous peu, Macky Sall… Chaque dirigeant sénégalais a ainsi, durant son règne, fait adopter sa loi d’amnistie. Seul le président Abdou Diouf constitue l’exception à cette option, qui tend à devenir un classique dans les annales de l’histoire politique du pays. Pourtant, n’ont pas manqué, durant la gouvernance Diouf, les évènements douloureux qui pouvaient le pousser à mener une démarche similaire. Pour le moment, la volonté du Président Sall bute, à l’image de celles de ses illustres prédécesseurs, sur une vague de rejets. Des Libéraux qui n’en veulent pas en réclamant la tenue d’un nouveau procès pour leur leader, Karim Wade, et d’autres citoyens et hommes politiques qui n’approuvent pas le futur projet de loi.
Au rythme où vont les choses, nous serions tentés de dire : à chaque régime, sa loi d’amnistie. De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, chaque dirigeant sénégalais a pu faire adopter, par son gouvernement en Conseil des ministres, avant de le faire voter à l’Assemblée nationale, son projet de loi portant amnistie de faits précis ayant caractérisé en partie des événements marquants de son règne. En attendant, bien sûr, celle du Président Sall, hormis Abdou Diouf, nous pouvons au moins constater et dire que chaque président de la République du Sénégal a été inspiré de -bien ou pas- de porter, jusqu’à l’effectivité de celle-ci, une loi d’amnistie.
Diouf, un président sans loi d’amnistie
Sous le règne du Poète-président, on a eu droit à une loi d’amnistie. Celle-ci a consisté à passer l’éponge définitivement sur les douloureux événements de 1962, qui ont valu à l’ex-président du Conseil, feu Mamadou Dia, et compagnie, leur incarcération à Kédougou.
L’avènement de Abdou Diouf au pouvoir, par le biais de l’article 35 de la Constitution, n’a pas entraîné une rupture dans la gouvernance. Ce qui ne pouvait pas permettre de parler de «déshengorisation» totale. Même si le dauphin d’alors du Président Senghor a pu opérer des réformes dans sa gestion du pays, il n’en demeure pas moins qu’avec lui, le pays ne s’est pas retrouvé avec une nouvelle loi d’amnistie, au bout de 20 années de pouvoir. Quels que soient les évènements que le Sénégal a connus sous Abdou Diouf. Il en est ainsi avec l’irrédentisme qui sévit au Sud, la crise sénégalo-mauritanienne (1989) avec les malheureux affrontements de Ndundé Khoré, dans le Diawara, département de Bakel, les malheureux évènements du 16 février 1994 etc. En adepte et défenseur de l’Etat de Droit, Abdou Diouf a toujours voulu faire prévaloir -en dépit de ses incessants appels au dialogue- le principe : «Force reste à la loi.» Aussi n’a-t-on pas eu droit à une loi d’amnistie de 1981 à 2000. Les rares moments d’élargissement de détenus «politiques» ont concerné souvent les irrédentistes casamançais arrêtés dans le cadre de la rébellion, avant d’être libérés à la suite des accords de cessez-le-feu signés entre l’Etat et le Mfdc.
Loi Ezzan pour Wade
Abdoulaye Wade succède à Diouf au pouvoir en devenant le troisième président de la République. Ce dernier, animé par une volonté à tout-va de «révolutionner» son pays, voudra faire émerger la deuxième République. Mais, en dépit de son référendum de janvier 2001, le pays est resté en l’état. Même si un chapelet de réformes a accompagné le règne du père Wade, l’architecture institutionnelle n’évoluera pas trop qualitativement. Les observateurs auront fini de constater que le fond de la Charte fondamentale du pays est resté le même, par rapport à celle de 1963. Donc, il faudra attendre une trentaine d’années presque pour voir le pays enregistrer une deuxième loi d’amnistie. Une œuvre du deuxième successeur de l’illustre Léopold Sédar Senghor. Abdoulaye Wade va entrer ainsi dans l’histoire politique du pays, après la première alternance qui lui vaut son arrivée au pouvoir, après 26 années de course électorale. Par le biais de la loi Ibrahima Isidore Ezzan, député du groupe parlementaire Liberté et démocratie, l’Assemblée nationale, incarnée en majorité par les députés de la Coalition Sopi, au pouvoir à l’époque, efface des faits qui ont eu lieu sous la gestion de Abdou Diouf, en partie, surtout l’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye. Ce qui fera élargir, du coup, la bande à Clédor Sène. Tout un tollé accompagna cette volonté du chef de l’Etat qui avait fini par se traduire en acte. Un évènement qui avait aussi trop marqué les esprits et heurté bien des consciences. D’autres avaient même trouvé que cela faisait partie des événements qui avaient entaché la gouvernance Wade.
Quelle loi de… Macky pour amnistier les 2 K ?
Le successeur du pape du Sopi arrive au pouvoir avec en bandoulière, la détermination de traduire en acte de gouvernance, la reddition des comptes. Il fera même comprendre à l’opinion que cela reste une forte demande sociale qui n’est autre chose que la résultante des suffrages valablement exprimés au soir du 25 mars 2012. D’où la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Cela se traduira par l’arrestation de Karim Wade, président du Conseil de surveillance de l’Anoci et ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures (Micati), et à qui certains avaient affublé du vocable de «ministre du ciel et de la terre». Chemin faisant, Karim Wade est condamné et «exilé» au Qatar, après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle. Comme un deuxième «K» pour le régime, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, fera les frais d’un procès qui lui vaudra une peine de 5 ans de prison et la déchéance de ses droits civils et politiques. Aujourd’hui, avec la troisième loi d’amnistie du pays, qui va prendre forme après 10 ans de règne du Président Macky Sall, ces deux hommes politiques et anciens ministres vont renouer avec la scène politique et espérer briguer les voix de leurs concitoyens lors de la Présidentielle de 2024.
Cette fois-ci, une vague d’indignations, de contestations et de rejet du nouveau projet de loi, à l’initiative du premier magistrat du pays, rythme aussi le pays. Les membres du Pds n’en veulent pas et réclament la tenue d’un nouveau procès pour leur leader, Karim Wade, qu’ils jugent avoir été injustement condamné par la Crei. Tout comme bon nombre de politiciens ne sont pas emballés par la nouvelle initiative du chef de l’Etat en l’accusant de vouloir protéger des proches.
En attendant l’examen du futur projet de loi en Conseil des ministres avec les propositions du Garde des sceaux et son adoption par le Parlement, les échanges heurtés parfois de part et d’autre vont continuer d’alimenter les débats.
par Farid Bathily
LE NIGERIA S'ASSOCIE À ETHIOPIAN AIRLINES POUR RELANCER SA COMPAGNIE AÉRIENNE
Le transporteur éthiopien devient le principal actionnaire de Nigeria Air, la nouvelle compagnie aérienne nationale nigériane attendue prochainement. Abuja souhaite à cette dernière un meilleur sort que la précédente plombée par la mauvaise gestion
Ethiopian Airlines a remporté l’appel d’offres international lancé par les autorités nigérianes dans le cadre de la création de Nigeria Air, la nouvelle compagnie aérienne nationale du pays. Selon le ministre nigérian de l’Aviation, Sikira Hadi, le transporteur éthiopien a été préféré à plus d’une centaine d’autres soumissionnaires au terme d’un "processus minutieux", débuté en mars 2022.
Ethiopian Airlines devrait ainsi participer à 49% au capital de la future compagnie aérienne nationale nigériane. Les autres actionnaires comprennent un groupe d’investisseurs privés en collaboration avec le Fonds souverain nigérian à hauteur de 46%. L’État quant à lui acquiert 5% des parts.
Sur les ruines de la défunte
Cette structure actionnariale répond au vœu maintes fois répété par le gouvernement de rester en retrait de la gestion de Nigeria Air. Le président Muhammadu Buhari et son équipe espèrent ainsi épargner à la nouvelle compagnie aérienne nationale le sort de Nigeria Airways. Propriété de l’État à 100%, cette dernière a vu sa gestion péricliter avant de cesser ses activités en 2003.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’idée de création de Nigeria Air lancée pour la première fois par Buhari en 2015 suscite encore bien des craintes au sein de la population. Mais le gouvernement parie sur la réussite du projet, fort de l’accompagnement d’Ethiopian Airlines.
Cette dernière est, en effet, considérée comme la meilleure compagnie aérienne en Afrique depuis 2017, selon les classements annuels successifs de l’organisme londonien spécialisé Skytrax. Une telle réussite détonne dans le secteur aérien africain marqué par des compagnies nationales très souvent en difficulté et sous perfusion financière étatique.
Rapprocher le Nigeria du monde
Selon Sikira Hadi, les débuts de Nigeria Air sont attendus après l’approbation du contrat de création par le Conseil exécutif fédéral. Un processus qui devrait s’achever d’ici 6 à 8 semaines, à en croire le ministre cité par la presse locale suite à sa sortie du 23 septembre 2022 sur le sujet.
La nouvelle compagnie va dans un premier temps relier les deux principales villes du Nigeria, Abuja et Lagos grâce une flotte de trois Boeing 737-800. Elle compte acquérir à terme une trentaine d’appareils dans le cadre de son ambition de "rapprocher le Nigeria du monde", comme l’indique son slogan.
C’est un défi de taille au regard des nombreuses compagnies à la fois africaines et internationales desservant la principale économie de l’Afrique de l’Ouest. Mais cette situation concurrentielle ne semble pas émousser l’ardeur des autorités nigérianes.
TROIS FORTES TÊTES, UN FAUTEUIL
L’amnistie annoncée de Khalifa Sall et de Karim Wade dans le jeu politique va redessiner la configuration politique
L’amnistie annoncée de Khalifa Sall et de Karim Wade dans le jeu politique va redessiner la configuration politique au Sénégal. Ces deux leaders de l’opposition classique au même titre que le leader des Patriotes, Ousmane Sonko, vont ainsi pouvoir se positionner sur la ligne de départ pour la Présidentielle de 2024. Les amarres sont larguées !
Trois fortes têtes, des couleurs différentes et une même ambition.» Ceci pourrait être le titre d’un film sur la politique sénégalaise qui est rythmé de suspenses. En attendant le climax, force est de constater que la décision du Président Macky Sall d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote vise clairement Karim Wade et Khalifa Sall. Et ceci va foncièrement reconfigurer l’opposition sénégalaise qui aujourd’hui semble avoir pris le dessus sur l’actuel régime en termes d’électorat. Cependant, une fois cette volonté actée, les différents camps seront obligés de faire chacun cavalier seul. Cette loi d’amnistie risque en effet de redistribuer carrément les cartes dans l’arène politique en comptant éventuellement sur Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade pour les prochaines élections de février 2024. En plus du nouvel homme fort de la politique sénégalaise, Ousmane Sonko qui fait montre d’une ascension fulgurante à chaque scrutin.
«SONKOMANIA»
Le leader des Patriotes est le chouchou de la jeunesse sénégalaise très politisée de nos jours.Il jouit également d’une forte admiration auprès de la diaspora sénégalaise et d’une certaine élite. Se décrivant comme un anti système, son discours très critique sur la gouvernance Macky Sall (pétrole et gaz et autres ressources naturelles), ses positions sur la redevabilité et ses menaces à peine voilées sur les intérêts de certains pays occidentaux, particulièrement la France, en ont fait aujourd’hui un leader de premier plan. Ceci lui a d’ailleurs permis d’engranger des points auprès de l’électorat : un siège à l’Assemblée nationale à l’issue des Législatives de 2017, deuxième à la Présidentielle de 2019 et des dizaines de communes et députés aux dernières élections locales et législatives de 2022.Il est devenu incontournable sur la scène politique. Et d’aucuns soutiennent que si aujourd’hui l’opposition a fait basculer la majorité au Parlement, c’est grâce à lui et à son appareil. Seul bémol, en pleine ascension, son image a été écornée par une affaire de viol supposée dont les péripéties ont entraîné des troubles sans commune mesure dans le pays. Des évènements qui ne l’ont nullement ébranlé et qui n’ont pas impacté sur ses résultats électoraux.
«LES WADE, TOUJOURS FEROCES»
Par contre, ce qui pourrait amoindrir les chances de Sonko lors du scrutin présidentiel, c’est l’amnistie prochaine de Khalifa Sall et de Karim Wade. Avec le retour des hommes forts du PDS et Taxawu Sénégal, Sonko perd cette opportunité d’être le candidat unique de l’opposition, tout au moins des plus grandes forces de l’opposition. Tout compte fait, dans la configuration politique actuelle, le PDS, moribond avant les Législatives, est revenu en force au Parlement. Et le clan Wade détient toujours des cartes à jouer. Si «Wade père» a toujours cette faculté de rassembler ses fils politiques, « les libéraux », «Wade fils » dispose-lui d’une solide expérience en termes de gestion étatique. Il a également de bonnes relations à l’international qui pourraient lui permettre de revenir en force et d’enclencher une nouvelle dynamique dans le pays. Le PDS dispose également d’un bon appareil qui pourrait profiter à Karim Wade. Le parti est maillé sur tout le territoire national. Et les dernières élections législatives ont sorti de leur torpeur les bases de la formation jaune-bleu. Les Wade réussiront-ils à bâtir une dynamique commune autour de Karim pour un règne libéral continu ? Wait and see !
KHALIFA, LA FORCE TRANQUILLE
Du côté de Khalifa Sall, c’est juste un verrou qui a sauté. Si Khalifa n’était disqualifié que du point de vue de l’éligibilité, il n’a jamais cependant quitté le terrain politique. Très actif, il mène les débats, dicte ses choix et tire des ficelles au sein de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Son entité Taxawu Sénégal ne cesse d’étendre ses tentacules dans le pays. A Saint-Louis par exemple, elle a pris des galons dernièrement, réussissant ainsi à plier la mouvance présidentielle. Il faut dire également que le leader de Taxawu Sénégal dispose d’un atout de taille, c’est d’avoir Dakar entre ses mains. Il ne se limite pas là.
En plus de Saint-Louis, il peut étendre ses bases à Louga, sa région de naissance. L’ancien maire de Dakar peut également toujours compter sur la famille socialiste avec qui il est toujours possible de recoller les morceaux. En effet, les retrouvailles de la famille socialistes sont de plus en plus posées sur la table et que Khalifa Sall pourrait incarner le leadership au niveau de cet appareil.
A noter en définitive qu’on parle toujours de la possibilité qu’il soit le candidat du PUR pour la Présidentielle de 2024. Aujourd’hui, avec la réintégration de Khalifa et de Karim et la candidature déclarée de Sonko, la seule incertitude pour 2024 reste la participation de Macky Sall à ces joutes électorales. S’il décide de ne pas se présenter à nouveau, qui sera son candidat pour 2024 ?
ABDOULAYE BALDÉ, UN SURDOUÉ POUR PILOTER LES GRANDS TRAVAUX DE L’ETAT
En nommant l'ancien maire de Ziguinchor à la tête de cette agence de grands travaux de l’Etat et de lourds investissements, le président Macky Sall n’a fait que le ramener dans son domaine, lui l’énarque et grand commis de l’Etat
En Conseil des ministres, mercredi, le président de la République Macky Sall a nommé l’ex-maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix) Il remplace à ce poste Mountaga Sy porté le même jour à la tête du Port autonome de Dakar. Nul doute, le président de la République a eu la main heureuse en choisissant Abdoulaye Baldé pour diriger l’Apix. Pour cause, bien qu’étant l’un des hommes les plus diplômés de ce pays, le leader de l’Union centriste du Sénégal (UCS), dans l’arène politique, peinait à consolider les acquis et élargir sa base ces dernières années après avoir fait deux mandats successifs comme maire de Ziguinchor suite à l’exploit ayant consisté à déraciner le baobab Robert Sagna. Ce que tous les analystes avaient qualifié de performance historique pour un policier de formation voire un technocrate né. Sur ce plan, tout le monde s’accorde à reconnaitre qu’Abdoulaye Baldé est un politicien atypique. Seulement, nombreux sont ceux qui ne retiennent que le brillant haut fonctionnaire qui nous rappelle le parcours académique de l’ancien enfant de troupe Mouhamadou Makhtar Cissé.
Car après des études à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Abdoulaye Baldé a réussi le concours d’entrée à l’Ecole nationale de police d’où il est sorti avec le grade de commissaire.
D’ailleurs à l’époque, Baldé fut le plus jeune commissaire de police du Sénégal. Après quelques mois à la redoutable Division des investigations criminelles (Dic), il avait été affecté dans services de renseignements de la présidence de la République sous le magistère du président Abdou Diouf. Ses brillantes qualités intellectuelles, sa capacité de synthèse et d’analyse ainsi que sa discrétion faisaient de lui un bon officier de renseignements. Sous ses dehors timides, le commissaire Baldé cachait mal ses ambitions. A preuve, il n’a pas tardé à aller poursuivre ses études supérieures en France. Plus précisément à l’université de Perpignan où il a obtenu son doctorat de droit public avant d’intégrer la prestigieuse École nationale d’administration (ENA) de Paris. De retour au Sénégal, Abdoulaye Baldé a réussi au très sélectif concours de l’Inspection générale d’Etat (Ige).
Informé de cet honneur pour la Police nationale que constituait le fait pour un de ses éléments d’intégrer l’IGE, « Le Témoin Hebdo » des années 90 (actuel quotidien) avait sorti de l’anonymat le crack Baldé pour le propulser au-devant de la scène d’excellence. Fasciné par le cursus et la compétence de Baldé, le président Me Abdoulaye Wade nouvellement élu l’avait réquisitionné à ses cotés après l’avoir convaincu de se débarrasser de sa casquette d’Ige. Le jeu politique en valait la chandelle. Car, de 2001 à 2012, l’ex-maire de Ziguinchor a eu à occuper plusieurs postes-clés et hautes fonctions : secrétaire général de la présidence de la République, directeur exécutif de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), ministre d’Etat, ministre des Forces Armées, ministre des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des Pme etc.
Un homme du sérail !
Justement, en sa qualité de secrétaire général de la Présidence, puis de directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé a fait partie des techniciens, administrateurs et législateurs qui ont crée l’Apix sur instruction et d’après la vision du président Abdoulaye Wade. Quelque trois ans plus tard, l’Agence a été porté sur les fonts baptismaux avec le déploiement des premiers bulldozers sur le terrain. A l’époque, Abdoulaye Baldé était parmi les influents parrains de la candidature de Mme Aminata Niane pour la conduite des grands travaux tels que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, la construction de l’aéroport de Diass etc.
En nommant Abdoulaye Baldé à la tête de cette agence de grands travaux de l’Etat et de lourds investissements, le président Macky Sall n’a fait que le ramener dans son domaine, lui l’énarque et grand commis de l’Etat. Brillant technocrate, plusieurs fois ministre, politicien « calfeutré » à Ziguinchor, il manquait une seule corde à l’arc d’Abdoulaye Baldé. Celle de « directeur général » d’une société nationale. C’est fait depuis mercredi ! Nul doute que ce crack — qui fut aussi le président de l’Association des maires du Sénégal ! — va réussir réussir sa mission à la tête de l’Apix. C’est en tout cas tout le bien que nous lui souhaitons !
DÉCRYPTAGE DU JEU DE BONNETEAU DE MACKY SALL
Les points de vue du journaliste Ibrahima Bakhoum et des analystes et politologues Mamadou Sy Albert et Ablaye Mbow sur le projet d'amnistie de Khalifa et Karim
En Conseil des ministres, mercredi, le président de la République a demandé au Garde des Sceaux d’étudier les possibilités et les schémas adéquats d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote. Derrière cette formulation générale, tout le monde a compris qu’il faisait allusion à Karim Wade et à Khalifa Ababacar Sall. L’enjeu, pour Macky Sall, même s’il ne le dit pas directement, c’est de rebattre les cartes en vue de la prochaine présidentielle de 2024 et mettre fin à la bipolarité ou dualité entre lui et celui supposé être son plus redoutable adversaire politique du moment, le leader du Pastef, Ousmane Sonko. Les points de vue du journaliste Ibrahima Bakhoum et des analystes et politologues Mamadou Sy Albert et Ablaye Mbow.
Pour Mamadou Sy Albert, en dehors de la politique, il s’agit aussi pour le Président de restaurer l’image de la Justice tant chahutée par bon nombre de Sénégalais. « L’enjeu c’est que Karim Wade et Khalifa Sall vont retrouver leurs droits civiques et politiques. Il peut aussi être spécifiquement juridique. La Justice va revenir sur des décisions majeures. La démocratie va prévaloir sur le conflit juridique. Si ces deux leaders sont rétablis dans leurs droits, la justice va probablement être mieux perçue par l’opinion. Son image était écornée et tout le monde dénonçait son utilisation pour régler des comptes politiques », estime notre interlocuteur.
Et de s’interroge sur la procédure que le gouvernement va engager pour rétablir ces droits civiques. A savoir : s’agira-t-il d’une loi d’amnistie ou d’une révision des procès de Karim et de Khalifa ? Ou encore une modification de la loi électorale ? « Il y a un problème strictement politique. Le Pds est pour la révision du procès de Karim. Khalifa est aussi pour la révision de son procès. Maintenant, est-ce que le gouvernement va accepter ces révisions ? Où est ce que les différentes parties vont trouver un consensus ? S’il y a dialogue politique, elles vont trouver un consensus. Mais s’il n’y a pas un dialogue direct entre le pouvoir et l’opposition, ça sera extrêmement difficile de trouver un consensus. Maintenant, si tout cela est réglé, évidemment, la finalité est que si Karim retrouve ses droits civiques, il sera candidat du Pds en 2024. Khalifa sera aussi candidat. Donc la présidentielle de 2024 va corriger au moins les défaillances de 2019. Ça va être une nouveauté sous le règne de Macky Sall. En 2019, il n’a pas voulu de Karim et de Khalifa Sall sur son chemin. Si ces deux-là sont candidats en 2024, le paysage politique va se modifier », pense le politologue.
« Ousmane Sonko ne sera plus l’unique attraction » Mamadou Sy Albert
La donne politique va changer avec l’amnistie des 2K. Très certainement, l’opposition va bouger. Khalifa Sall, Karim Wade et Ousmane Sonko seront les principaux candidats attendus de l’opposition. « Ça va ouvrir le débat. La compétition sera beaucoup plus ouverte entre les composantes de l’opposition. L’arrivée de Karim et de Khalifa va faire qu’Ousmane Sonko ne sera plus l’unique attraction. Il va devoir composer avec ces deux poids lourds. Toute la question est de savoir dès lors si Benno pourra avoir un candidat capable de résister à ces trois leaders de l’opposition. On va vers une confrontation qui va être incertaine jusqu’au bout » a encore ajouté le politologue. D’après lui, l’enjeu pour l’opposition c’est de savoir qui va être le leader capable de provoquer un deuxième tour en 2024. « Quand on regarde l’opposition que cela soit Ousmane Sonko, Khalifa Sall ou Karim Wade ou peut être les autres candidats, s’ils n’ont pas une force capable d’amener Macky Sall au second tour, alors l’actuel président peut bien gagner au premier tour. Le mieux placé de l’opposition a de forte chances pour gagner en cas de second tour mais à condition que toutes les forces de l’opposition votent pour lui. Ce n’est pas encore acquis » conclut M. Mamadou Sy Albert.
IBRAHIMA BAKHOUM, JOURNALISTE « Khalifa Sall et Karim Wade n’avaient pas leur destin en main »
Les partisans de Karim Wade avaient crié urbi et orbi que leur candidat ne veut pas d’une amnistie. Qu’il fallait réviser son procès. Wade-fils a eu des soutiens sur le plan international et toutes les juridictions saisies ont estimé en substance que son procès n’a pas été équitable. Les Nations unies, par leurs organes habilités, avaient instruit le Sénégal de rejuger Karim Wade. Mais selon le journaliste - formateur et spécialiste des questions politiques Ibrahima Bakhoum, on peut dire « je ne veux pas d’amnistie » mais celui qui décide, c’est l’exécutif en passant par le Parlement. « Karim Wade peut penser qu’on veut le mettre en situation de quémandeur d’amnistie. Il peut dire « je ne veux pas d’amnistie. Je veux être jugé ». Mais c’est très compliqué de le rejuger. Aujourd’hui, le président Macky Sall prend une décision en instruisant le Garde des Sceaux, ministre de la Justice de travailler à que ces gens-là retrouvent leurs droits. Les avocats de Karim disent toujours que leur client a couvert les 5 ans qui devraient être s’il y avait perte de droits civiques, politiques. « Nous avons déjà couvert ces 5 ans ». Maintenant ils disent que oui, Karim Wade doit retrouver tous ses droits même politiques. Eux, ils considèrent que cette loi que le pouvoir s’apprête à faire voter ne les concerne même pas. Ensuite, faire valoir que la Crei n’avait jamais demandé une perte de ses droits par ailleurs. Mais si c’est le code électoral qui l’a décidé, évidemment, c’est fini pour lui » explique-t-il.
Le jeu de stratège du pour neutraliser les 2K
Un des vétérans de la presse nationale, Bakhoum estime que le choix du président Sall peut être motivé par des gains politiques pour quelqu’un qui cherche à pacifier l’espace politique. Car, argumente-t-il, Karim ne veut pas être redevable de quoi que ce soit à Macky Sall. « Du côté de Khalifa Sall, on dira nous aussi nous ne sommes pas demandeurs. Mais ils ne vont pas aller aussi loin que Karim. Parce que les juridictions ne sont pas les mêmes. Là-bas, il s’agit de la Crei qui ne vous donne aucun droit en termes d’équilibre pour qu’au moins vous puissiez faire appel pour être rejugé. Dans le second cas, on vous dit venez prouver que vous n’avez pas fauté (Khalifa Sall). Le jugement de la Crei n’a retenu ni détournement de deniers public, ni vol ni escroquerie ni blanchiment d’argent ni corruption passive ou active. Ce que la Cour a retenu est que Karim est le propriétaire de telle chose et de telle autre chose encore que ses revenus licites ne pourraient pas lui permettre d »’acquérir. Khalifa Sall, on lui dit ce que vous avez fait n’est pas régulier du point de vue de la gestion. Son problème à lui est que oui, ça c’est toujours passé comme ça. Dans tous les cas, la justice a condamné tous les deux », a retracé Ibrahima Bakhoum. Qui précise que quand Macky décide de les amnistier, Karim ne peut rien y faire. Car c’est le président qui décide et l’Assemblée nationale va l’appuyer. Et si l’Assemblée suit la volonté du président, Karim va être amnistié qu’il le veuille ou non.
L’équation Ousmane Sonko !
Selon toujours Ibrahima Bakhoum, amnistier Khalifa Sall et Karim Wade peut être un moyen de déstabiliser légalement le leader de Pastef ce que n’a pu faire l’affaire de mœurs dont il est accusé. En revanche, il précise que si le maire de Ziguinchor ne commet pas de faute pas d’ici 2024, il sera très difficile de l’affaiblir. « On trouve les moyens en permettant à deux adversaires redoutables, deux personnalistes qui en étaient empêchées en 2019 et qui vont pouvoir se présenter en 2024 si la loi passe. Parmi les tout sauf Macky, il y a ceux qui sont allés s’accrocher à Ousmane Sonko tout simplement parce que c’est un pis-aller pour eux. Macky leur donne ainsi des alternatives à Sonko constituées par Khalifa Sall et Karim Wade. Evidemment, ca affaiblit Ousmane Sonko. Macky va éviter la bipolarisation entre lui et Sonko. Il ne va pas prendre le risque de se retrouver face à un seul adversaire aussi redoutable que le leader de Pastef en 2024. « Peu importe que ce soit lui ou un autre candidat de Benno. L’essentiel, pour lui, c’est de faire en sorte qu’Ousmane ne soit plus seul dans la course pour disperser son électorat » conclut Ibrahima Bakhoum
ABLAYE MBOW, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE «Pourquoi il est bon d’avoir une pluralité de candidatures à une présidentielle»
Ablaye Mbow rappelle qu’une loi d’amnistie ne concerne pas des personnes. Elle concerne plutôt les faits. Sur les cas de Khalifa Sall et Karim Wade, le journaliste analyste politique précise qu’ils ont été condamnés pour des faits économiques. « Quoiqu’il en soit, en ce qui concerne Kalifa Sall et Karim Wade. Je crois bien que beaucoup d’acteurs politiques, d’acteurs de la société civile ont eu à réclamer une loi d’amnistie pour leur permettre de recouvrer leurs droits civiques et politiques. La société civile a eu même à proposer la modification du code électoral. Notamment les articles L29 et L30 pour permettre à ces deux leaders de pouvoir redevenir électeurs. Et en redevenant électeurs, ils pourront véritablement être candidats à toutes les élections » précise Ablaye Mbow. Comme nos deux autres analystes, il estime que l’enjeu est la redistribution des cartes au sein de l’opposition. « Ces deux-là n’ont pas été de la course à la présidence en 2019. Pour 2024, au niveau de l’opposition, il y aura une pluralité de candidatures. Pour une présidentielle, il est toujours bon d’avoir une pluralité de candidature. Parce qu’on a eu les exemples de 2000, 2012 ou la pluralité de candidatures avait poussé le président sortant à aller au deuxième tour » dit-il.
Éparpillement de leaders et éparpillement de l’électorat !
Le rédacteur en chef du quotidien « Vrai Journal » précise que le camp de la majorité pourrait sortir grand perdant de cette proposition de loi d’amnistie. Il peut se retrouver pris son propre piège en voulant amnistier les 2K. « Il ne faut pas oublier que le pouvoir aujourd’hui est aux prises avec une rébellion interne menée par Mimi Touré. Peut-être qu’elle va regrouper les frustrés, les anti-troisième mandat si par extraordinaire le président de la République déclarait une troisième candidature. On sait pertinemment qu’au niveau de l’opposition, il ne pouvait pas y avoir une seule candidature. Parce qu’au sein de Yewwi, il y a déjà eu les déclarations de candidatures faites par Ousmane Sonko et Malick Gakou. Il faut également s’attendre à ce qu’il y ait d’autres déclarations de candidatures au niveau de Yewwi comme dans les autres coalitions de l’opposition. Khalifa Sall pourrait se jeter dans la bataille s’il est amnistié avant 2024. Effectivement, il y aura un éparpillement de leaders et un éparpillement de l’électorat de l’opposition » convient Ablaye Mbow. Toutefois, avertit-il, une partie de l’électorat du pouvoir peut basculer du côté de l’opposition comme on l’a vu lors des élections législatives du 31 juillet dernier…
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SITUATION CONFUSE AU BURKINA
Des tirs ont été entendus tôt ce vendredi matin dans le quartier de la présidence et du QG de la junte militaire. Plusieurs axes de la capitale sont également bloqués par des militaires tandis que le signal de la chaîne de télévision publique est coupé
"J'ai entendu de lourdes détonations vers 4H30 et là les routes autour de ma maison sont barrées par des véhicules militaires", affirme un témoin.
Des tirs ont été entendus vendredi matin avant l'aube à Ouagadougou dans le quartier abritant la présidence et le QG de la junte militaire au pouvoir depuis janvier dernier, ont rapporté des témoins à l'AFP, et le signal de la télévision nationale a été coupé.
"J'ai entendu de lourdes détonations vers 4H30 (locales et GMT), et là les routes autour de ma maison sont barrées par des véhicules militaires", a affirmé l'un d'eux, vivant près de la présidence.
L'origine de ces tirs restait inconnue vendredi matin.
Plusieurs axes de la capitale burkinabè étaient bloqués dans la matinée par des militaires, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces militaires sont postés sur les principaux carrefours de la ville, notamment dans le quartier de Ouaga 2000 où se situe la présidence et le camp militaire de la junte au pouvoir, mais aussi devant le siège de la télévision nationale, a constaté l'un d'eux.
Le signal de la télévision nationale était coupé vendredi matin, un écran noir remplaçant les programmes avec un message indiquant "No video signal" ("Pas de signal vidéo").
Le Burkina Faso est dirigé par une junte militaire arrivée au pouvoir en janvier dernier lors d’un coup d’Etat. Ce putsch, qui avait renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, avait démarré par des mutineries dans plusieurs casernes du pays.
L’homme fort de cette junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait promis de faire de la sécurité sa priorité, dans ce pays miné depuis des années par des attaques jihadistes.
Nombreuses attaques
Mais la situation ne s’est pas améliorée et les attaques meurtrières, touchant des dizaines de civils et soldats, se sont poursuivies.
Cette semaine encore, un convoi qui devait ravitailler en vivres la ville de Djibo (nord) a été attaqué par des jihadistes présumés.
11 soldats sont morts, 28 personnes ont été blessées et 50 civils portés disparus, selon le dernier bilan officiel.
Plusieurs villes du nord sont même désormais soumises à un blocus des jihadistes qui font sauter des ponts à la dynamite et attaquent les convois de ravitaillement qui circulent dans la zone.
D'autres attaques ont particulièrement marqué l'opinion publique, comme le massacre de Seytenga (nord) en juin dernier où 86 civils avaient été tués.
Et début septembre, un autre convoi de ravitaillement avait sauté sur un engin explosif improvisé, provoquant la mort de 35 civils, dont de nombreux enfants.
Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, principalement dans le nord et l'est du pays, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Depuis l'an dernier, le Burkina est devenu l'épicentre des violences dans le Sahel, avec plus d'attaques meurtrières qu'au Mali ou au Niger en 2021, selon l'ONG Acled.
Plus de 40% du territoire est hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels.
L’AFP EXIGE PLUS DE TRANSPARENCE AUPRÈS DE BBY
Après dix ans d’existence, le fonctionnement de la coalition Benno Bokk Yaakaar ne semble plus faire l’unanimité au sein des alliés du président Macky Sall
Le Secrétariat politique exécutif (Spe) de l’Alliance des forces de progrès (Afp) est monté au créneau hier, jeudi 29 septembre 2022, pour réclamer la réforme du mode de fonctionnement de la coalition Benno Bokk Yakaar. Dans un communiqué rendu public à l’issue de sa réunion sous la présidence de Moustapha Niasse, le Secrétariat politique exécutif a également invité l’ensemble de responsables et militants de l’AFP à projeter un regard attentif sur l’échéance de 2024.
Après dix ans d’existence, le fonctionnement de la coalition Benno Bokk Yaakaar ne semble plus faire l’unanimité au sein des alliés du Président Macky Sall. La preuve, dans un communiqué rendu public hier, jeudi 29 septembre 22 à l’issue de sa réunion sous la présidence de Moustapha Niasse, Secrétaire général, le Secrétariat politique exécutif (Spe) de l’Alliance des forces de progrès (Afp) est monté au créneau pour demander la réforme du mode de fonctionnement de cette coalition formée entre les deux tours de la présidentielle de 2012 autour du président Macky Sall. « Le Secrétariat politique exécutif encourager la réforme du fonctionnement de la Coalition de sous Coalitions qu’est Benno Bokk Yakaar, aux fins d’une plus grande équité et d’une plus grande transparence, dans la perspective des victoires à construire », appelle cette instance de direction de la formation de l’ancien président de l’Assemblée nationale dans son communiqué.
Pour justifier sa position, le Secrétariat politique exécutif évoque « la part congrue réservée à l’Afp qui ne correspond guère aux réalités du terrain » après l’examen critique des résultats des élections territoriales du 23 janvier 2022 et des législatives du 31 juillet dernier. Par ailleurs, le Secrétariat politique exécutif a également invité l’ensemble de responsables et militants de l’AFP à projeter un regard attentif sur l’échéance de 2024 qui, au-delà des enjeux électoraux, est une étape importante dans la consolidation de notre démocratie.
Tout en rendant par ailleurs un hommage vibrant à son Secrétaire général, « Moustapha Niasse qui, dix ans durant a présidé de main de maître l’Assemblée nationale », l’AFP qui s’est prononcée sur les incidents notés lors de l’installation de la 14e législative a condamné avec la dernière énergie « ces comportements indignes de Représentants du peuple » et a invité « tous les acteurs à placer l’intérêt national au-dessus des contingences politiques ».
L’AMNISTIE PERMET DE BROUILLER LES PISTES QUANT AU TROISIÈME MANDAT
Jean Charles Biagui, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Ucad se prononce sur le cas Karim Wade-Khalifa Sall
La demande soudaine adressée par le chef de l’Etat, Macky Sall, au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, « d’examiner dans les meilleurs délais les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote », lors de la première réunion du Conseil des ministres, avec le nouvel attelage gouvernemental piloté par le non moins nouveau Premier ministre Amadou Ba, le mercredi 28 septembre, est tout sauf un fait anodin. L’avis est de l’Enseignant-chercheur en Sciences politiques à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Interpellé sur la question en effet hier, jeudi 29 septembre, Jean Charles Biagui, Maître de Conférence assimilé, a qualifié cette décision du Président Macky Sall de « stratégie politicienne » visant à le faire revenir au cœur du jeu politique après les défaites enregistrées cumulativement aux élections locales de janvier et aux Législatives de juillet dernier.
«La question de l’amnistie en faveur de Karim Wade et Khalifa Sall était dans les tuyaux depuis un moment. La récente décision du président de la République d’aller dans ce sens n’est donc pas une surprise. En revanche, le contexte dans lequel s’inscrit cette volonté d’amnistie nous pousse à penser qu’il s’agit encore une fois malheureusement d’une stratégie politicienne visant à revenir au cœur du jeu politique après les nombreuses défaites aux élections locales de janvier et aux législatives de juillet dernier. Parler d’amnistie au moment où le débat volontairement soutenu par le pouvoir sur le 3ème mandat bat son plein est un moyen de brouiller les pistes quant aux réelles intentions du président Macky Sall. Il est encore trop tôt pour connaître les motivations profondes de cette volonté d’amnistie. Mais la stratégie et les propositions du ministre de la Justice nous renseigneront très prochainement. Pour l’heure, je reste convaincu du souhait actuel du chef de l’Etat de briguer un 3ème mandat contrairement à la lettre et à l’esprit de la Constitution sénégalaise. Seule la pression des Sénégalais pourrait lui faire changer d’avis. Après avoir instrumentalisé la justice pour éliminer des adversaires politiques, après avoir dépensé des millions de CFA du contribuable dans des procès qui n’honorent pas l’Etat de droit, je doute de la bonne foi du pouvoir ».
UN OUTIL DE SÉDUCTION POUR BROUILLER LES PISTES QUANT AU 3ÈME MANDAT!
« Macky Sall a eu au cours de ses deux mandats plusieurs opportunités pour pacifier l’espace politique et faire ainsi rentrer le Sénégal dans une dynamique démocratique irréversible. Il a malheureusement cherché à verrouiller le jeu politique en limitant par exemple les candidatures aux élections avec le parrainage, en éliminant des candidats jugés sérieux par une judiciarisation de la politique, en réduisant au minimum les mobilisations collectives par l’interdiction des manifestations et les arrestations arbitraires. A côté de cela, le pouvoir n’a jamais montré sa fermeté dans l’instrumentalisation de plus en plus notoire de l’identité. Les dernières défaites stratégiques aux élections montrent un pouvoir à bout de souffle, à la fin proche. Je ne suis pas sûr que l’amnistie qu’il veut accorder à Karim Wade et Khalifa Sall va changer cette réalité. Il est néanmoins évident que la question de l’amnistie est un outil de séduction et permet aujourd’hui de brouiller les pistes quant au 3ème mandat ».
KARIM WADE ET KHALIFA SALL COMME PRÉTEXTE POUR ÉVITER DE FUTURES POURSUITES AUX MEMBRES DU RÉGIME ACTUEL?
« Si le pouvoir choisit une loi d’amnistie, il est clair qu’elle ne pourra pas viser uniquement Karim Wade et Khalifa Sall. La règle de droit est générale et impersonnelle. Dès lors, le cas de ces deux hommes politiques pourrait servir de prétexte pour éviter de futures poursuites aux membres du régime actuel comme dans le cadre de la loi Ezzan en 2005. Ce serait un autre exemple de la réalité de l’impunité dans un pays où les fonctionnaires et les hommes politiques s’enrichissent en se servant sans scrupule de l’Etat et où 2000 personnes environ peuvent périr dans un naufrage sans qu’il y ait de responsables malgré les lourdes fautes humaines constatées. »