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25 avril 2025
Santé
RAPPORT OFNAC 2023, RÉVÉLATIONS SUR LA SURFACTURATION DES KITS DE DIALYSE
Parmi les grands scandales, il y a celui de l’achat de kits de dialyse qui donne le tournis. Une dénonciation du porte-parole du Mouvement des insuffisants rénaux depuis 2019, sur des détournements et de la surfacturation des kits de dialyse.
Il ne restait que ce rapport de 2023 pour l’Ofnac. Parmi les grands scandales, il y a celui de l’achat de kits de dialyse qui donne le tournis. Une dénonciation du porte-parole du Mouvement des insuffisants rénaux depuis 2019, sur des détournements et de la surfacturation des kits de dialyse.
Hamidou Diallo est décédé au cours de l’enquête que menait le Département investigations (Dpi) de l’organe de lutte contre la fraude et la corruption. Mais c’est une affaire dont les écarts sur les prix des kits sont si énormes d’un fournisseur à un autre que les enquêteurs ont dû fouiner partout et auditionné du beau monde : la Directrice de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA) de l’époque, le Directeur général de l’Agence de la Couverture Maladie universelle (ACMU) de l’époque, l’administrateur délégué de l’Institut Clinique de Perfectionnement (ICP), le Directeur administratif et financier (DAF) de la Clinique de la Madeleine, l’ancien chef du Service Néphrologie de l’hôpital Aristide le Dantec (1992 à 2019), un technicien supérieur en anesthésie à la retraite devenu Directeur général de la clinique ABC Hémodialyse et de la société Diminter, le chef du Service Néphrologie de l’hôpital Aristide le Dantec depuis 2019….Complicité entre privé et agents publics »
En guise d’exemple, il signale que la Clinique des Madeleines facture la séance à 250 000 FCFA, ABC à 90 000, ICP à 65 000 et le Centre d’Hémodialyse de Dakar (CDD) à 65 000 FCFA. Il ajoute que, malgré la gratuité dans le public, il arrive que l’héparine, une des composantes du kit, soit vendue à 7 500 FCFA au patient par certains agents indélicats des centres, sous prétexte que le kit est incomplet. »
L'HEPATITE ELEVEE DANS LE BASSIN ARACHIDIER
La prévalence de l’hépatite B est à plus de 10% dans le bassin arachidier (Centre), a indiqué le Secrétaire général du Cadre de concertation, de coordination et d’actions de plaidoyer de la Société civile pour la santé au Sénégal (3 Cap-Santé), Karim Diop
La prévalence de l’hépatite B est à plus de 10% dans le bassin arachidier (Centre), a indiqué le Secrétaire général du Cadre de concertation, de coordination et d’actions de plaidoyer de la Société civile pour la santé au Sénégal (3 Cap-Santé), Karim Diop. «En ce mois d’avril, nous étions dans le bassin arachidier, où la prévalence de l’hépatite B est à plus de 10%», a-t-il déclaré.
Le docteur Diop animait, samedi à Dakar, un panel organisé dans le cadre de la Journée mondiale de la santé, célébrée le 7 avril dernier.
«Notre santé, nos droits» était le thème de cette édition.
«Les dépistages menés ont montré que l’hépatite B affecte beaucoup de jeunes, leur causant la cirrhose, une inflammation chronique du foie qui détruit les cellules hépatiques», a-t-il expliqué.
«Malheureusement, si vous allez à Kaolack, vous verrez qu’au niveau des hospitalisations en interne, il y a beaucoup de jeunes qui présentent des cirrhoses, c’est-à-dire des cancers du foie», déplore Dr Diop.
Il a plaidé pour la «mise en œuvre d’un programme ardu de dépistage, de prévention et de vaccination des enfants à la naissance contre l’hépatite B».
Karim Diop a annoncé qu’une note conceptuelle sera transmise aux autorités avec des recommandations, pour apporter des solutions à ce problème de santé.
«L’Etat ne pourra pas tout faire, mais peut renforcer la dynamique qui est déjà développée», a-t-il souligné.
ACCÈS AUX SOINS, LE DR FARBA LAMINE SALL PRÉCONISE UNE APPROCHE MULTISECTORIELLE DE REDEVABILITÉ
Dr Sall appelle la société civile à exiger qu’il y ait collaboration entre le ministère de la Santé avec d’autres. Ce qui permettra, selon lui, de prendre en charge "les extrémités négatives".
Conseiller en financement de la santé, Dr Farba Lamine Sall prône une multisectorialité de redevabilité pour faire face aux défis de l’accès aux soins au Sénégal. Dr Sall s’exprimait en marge de la journée de plaidoyer, organisée samedi dernier, par le Cadre de concertation , de coordination et d’actions de plaidoyer de la société civile pour la santé au Sénégal (3CAP-Santé) dont le thème retenu est «Notre santé, nos droits».
Il est question pour le 3CAP-Santé, de défendre les droits de chacun et chacune, partout dans le monde, à accéder à des services de santé, puisque selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Au moins 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, ne sont pas entièrement couvertes par les services de santé essentiels en 2021». Ainsi, face à ces défis liés à l’accès aux soins, le Dr Farba Lamine Sall, pour lui, «il faut que les ministres soient obligés de faire la multisectoralité». Le conseiller en financement dans la santé, qui en veut pour preuve le cahier de changes du ministère de la Santé qui oblige une collaboration entre autres avec le ministre de l’Environnement et le ministre des Sports, appelle la société civile à exiger qu’il y ait collaboration entre le ministère de la Santé avec d’autres. Ce qui permettra, selon lui, de prendre en charge «les extrémités négatives».
En revanche, pour ce qui est des «extrémités positives», Dr Sall estime qu’ «il faut aussi aller chercher au niveau du ministère des Sports, au ministère de la Famille, au ministère des Forces Armées». Et l’ancien Directeur de cabinet au ministère de la Santé et de l’Action sociale d’assurer : «si vous voulez avoir des prestations de services de santé disponibles sur l’étendue du territoire auxquelles les populations peuvent accéder, il faut que vous ayez les infirmiers anesthésistes jusqu’à Fongolémi», à en croire l’enseignant au CESAG.
TROIS QUARTS DU SEL CONSOMME AU SENEGAL NE SONT PAS ASSEZ IODES
Seulement 25% du sel produit et consommé au Sénégal ont une teneur adéquate en iode- Insuffisamment iodé, la plupart du sel contient des particules dangereuses pour la santé- La carence en iode peut provoquer des troubles de croissance...
« Au Sénégal 75% des sels de cuisine ne sont pas adéquatement iodés » tel est la conclusion d’une étude sur l’évaluation de la qualité du sel de cuisine consommé au Sénégal.
Réalisée dans le cadre de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), l’étude avait pour objectif principal d’évaluer par iodométrie la teneur du sel consommé au Sénégal en iode et son niveau de contamination en éléments traces métalliques (ETM) et autres minéraux inorganiques.
En effet, exploité sans être traité, le sel peut comporter des contaminants naturels en quantités variables selon l’origine et la méthode de production. Or, le sel de cuisine ne doit pas contenir de contaminants en quantité et sous des formes pouvant nuire à la santé du consommateur.
“Une carence en iode peut être préjudiciable pour la santé de l’individu. Elle peut contribuer à l’apparition de certains troubles, d’anomalies de croissance ou de développement, à l’instar du goitre et d’autres maladies thyroïdiennes”, Mame Awa Dieng, diététicienne.
D’après les normes de l’OMS et celles du Codex Alimentarius, les limites maximales suivantes ne doivent par exemple pas être dépassées : 2 mg / kg pour le cuivre, 2 mg / kg pour le plomb, 0.1 mg / kg pour le mercure, etc.
« Cette étude montre que 25% des 125 échantillons de sel collectés sont adéquatement iodés, c’est-à-dire qu’elles ont des teneurs comprises entre 30-50 ppm (particules par million). On note la présence d’ETM avec des teneurs en cuivre et plomb supérieures à celle édictées par la règlementation », indique Tidiane Diop, l’auteur de l’étude.
« Les analyses montrent la présence de sulfate de calcium, de sulfate de magnésium, de chlorure de magnésium, de chlorure de potassium, de fluorure de sodium, de fluorure de potassium dans le sel », ajoute le chercheur qui est par ailleurs enseignant-chercheur à la faculté des Sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Tidiane Diop conclut que « cette étude montre que « 75% du sel ne sont pas adéquatement iodés. De plus, il y a du sel contaminé en ETM et en minéraux inorganiques comme les sulfates, carbonates, etc. Ces résultats inquiétants soulignent la nécessité d’un renforcement de la stratégie d’iodation et du raffinement du sel au Sénégal ».
Chaque année, le Sénégal produit plus de 450 000 tonnes de sel ; ce qui fait du pays le leader de la production de sel en Afrique de l’ouest. Une grande partie de cette production proviendrait de plus de 15 000 petits producteurs artisanaux installés pour la plupart dans les régions de Fatick, Kaolack, Saint-Louis, dans le Gandiol et à Dakar au lac rose.
Equilibre hydrique
Pour Barnabé GNING, directeur général de la Santé publique, la question du sel au Sénégal est une problématique à plusieurs composantes que l’Etat travaille à prendre en charge en mettant en place des approches spécifiques.
« Il y a quelques années, dit-il, l’iodation du sel était un défi. Les populations n’y étaient pas très favorables. C’était méconnu et on ne disposait pas d’infrastructures adéquates. La diversité des sources d’approvisionnement rendait également la généralisation de l’opération presque impossible ».
Oligo-élément considéré comme essentiel pour l’organisme, l’iode joue un important rôle dans la santé et le développement d’un individu. Quant à lui, le sel, un des ingrédients les plus utilisés en cuisine, contribue au bien-être. C’est du moins ce qu’explique Mame Awa Dieng diététicienne et nutritionniste exerçant en clientèle privée à Dakar.
« Le sel contient un micronutriment appelé sodium. C’est ce micronutriment qui permet à l’organisme de maintenir un équilibre hydrique entre l’intérieur et l’extérieur des cellules. C’est cela qui favorise la transmission entre les cellules nerveuses et la concentration musculaire. L’organisme a besoin d’environ 5 g de sel par jour, », dit-elle dans un entretien avec SciDev.Net.
« Une carence en iode peut être préjudiciable pour la santé de l’individu. Elle peut contribuer à l’apparition de certains troubles, d’anomalies de croissance ou de développement, à l’instar du goitre et d’autres maladies thyroïdiennes », ajoute Mame Awa Dieng.
Carence
Pour Barnabé GNING, les résultats de cette étude ainsi que ceux de toute recherche menée à terme sont une source de données qui aident à la décision et qui favorisent le renforcement des campagnes de sensibilisation.
« Cette étude du professeur Diop nous rappelle notre rôle d’être ouverts à la recherche et est une opportunité pour communiquer avec les populations sur les risques liés à la consommation du sel en trop grande quantité ou pas adéquatement iodé », dit-il.
« Elle nous rappelle aussi l’importance de renforcer la coopération multisectorielle avec le ministère du commerce, de l’industrie, de l’enseignement supérieur et autre pour une prise en charge efficace de la problématique du sel », conclut le directeur général de la santé publique.
Soukèye Da Tine, directrice du Financement de la recherche scientifique et du développement technologique au ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation du Sénégal propose quelques pistes pour faciliter une telle adoption par les décideurs des résultats de la recherche scientifique.
« Pour améliorer la collaboration entre les politiques et les chercheurs, dit-elle, il faut entre autres penser à la création d’un conseil national de la recherche et de l’innovation qui servirait de cadre permanent de concertation réunissant toutes les parties prenantes de la recherche. »
Elle insiste sur la mise en place de supports de diffusion des résultats de la recherche pour les rendre « simples et faciles à exploiter », ainsi que le vote d’une loi d’orientation de la recherche et de l’innovation pour construire un système national de recherche et d’innovation « cohérent et efficace ».
LA PEAU, CET ORGANE !
Bédié Mbow, spécialiste en chimie organique - La peau est le plus gros organe du corps, notre protecteur
Bés Bi le Jour |
Maxime DIASSY & Adama Aïdara KANTE |
Publication 27/04/2024
Bés bi a donné la parole à un chimiste qui explique et décortique les composantes des produits utilisés, leurs manifestations et leurs effets. Dr Bédié Mbow, professeur assimilé en chimie organique à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad. Il s’arrête aussi sur la peau, cet organe qui subit la loi des «ennemis de la nature».
La peau est le plus gros organe du corps. Elle recouvre tout notre corps et nous protège contre les éléments nocifs de l’environnement comme les températures chaudes et les germes. La peau est importante pour de nombreuses fonctions corporelles. Elle participe à la synthèse de la vitamine D qui est essentielle à la croissance et à la santé osseuse. Cette vitamine D est indispensable pour fixer le calcium. Elle joue un rôle important dans le maintien de l’homéostasie phosphocalcique. Un déficit en vitamine D a pour conséquence des troubles de croissance chez l’enfant (rachitisme) et une augmentation du risque de fractures chez l’adulte (ostéomalacie). C’est pourquoi d’ailleurs, des cas de fracture des os deviennent de plus en plus fréquents chez les personnes en carence de vitamine D (généralement les dépigmentées).
La peur de vieillir, au prix de sa vie !!!
C’est quoi ce pigment nécessaire, mal aimé ? Mélanine
La mélanine est un pigment naturel qui entre en jeu dans la couleur de notre peau, nos poils, nos cheveux et nos yeux. En effet, sa concentration est environ la même chez tous les êtres humains. Ce qui nous différencie, c’est la concentration en pigment, qui elle, est inscrite dans nos gènes. En effet, on reste tous différents, certains sont clairs et d’autres le sont moins ! Son rôle essentiel est de nous protéger contre les dommages cutanés comme les rayons ultra-violets (UV) lors d’une exposition au soleil.
Où se situe la mélanine ?
La mélanine est synthétisée par le mélanocyte. Le mélanocyte est situé à la jonction entre le derme et l’épiderme, c’est-à-dire dans la couche basale. Pour faire simple : au milieu de la peau A la base, les agents à vertu dépigmentant sont couramment utilisés en dermatologie dans le traitement des troubles de la peau, principalement dans l’hyperpigmentation (excès de mélanine) post-inflammatoire et dans le mélasma. L’efficacité de ces agents a conduit à détourner leur usage, à des fins non thérapeutiques, dans la dépigmentation volontaire (DV) avec comme objectif l’éclaircissement du teint naturel de la peau. Cette pratique, de plus en plus répandue en Afrique subsaharienne, est devenue un réel problème de santé publique car elle entraîne de graves complications à la fois dermatologiques et systémiques. Ce phénomène «de mode» révèle un aspect socio-anthropologique certain qui assimile la couleur noire de la peau à une vision négative et inférieure de l’être humain. En ce qui concerne la dépigmentation de la peau, l’inverse du processus se produit. On remarque une diminution de la production de mélanine, principalement attribuable à la détérioration des cellules responsables de la synthèse de ce pigment, ce qui entraîne un dysfonctionnement Comme évoqué précédemment la dépigmentation de la peau se manifeste par une altération de la couleur de la peau, résultant à une diminution, voire une absence totale de mélanine dans certaines zones.
Ce pigment protège l’ADN des rayons du soleil (UV)
La molécule d’ADN, également connue sous le nom d’acide désoxyribonucléique, se trouve dans toutes nos cellules. C’est le «plan détaillé» de notre organisme aussi appelé «code génétique» : l’ADN contient toutes les informations nécessaires au développement et au fonctionnement du corps. L’ADN est organisé en gènes, qui sont des segments spécifiques de cette molécule, et chaque gène code pour une protéine ou une fonction biologique particulière. La plupart des dommages à l’ADN causés par du rayonnement comportent des modifications chimiques des nucléotides qui provoquent l’apparition de liaisons chimiques qui ne devraient pas être là. Ces liaisons chimiques altèrent la forme de l’ADN. Cette altération a pour conséquence : un état de dormance irréversible, connu sous le nom de sénescence ; une mort par suicide cellulaire, également connue sous le nom d’apoptose ou mort cellulaire programmée ; une division cellulaire non contrôlée qui va conduire à la formation d’une tumeur cancéreuse.
Tous ces produits, soit de synthèse ou «d’origine naturelle» sont à la base des médicaments qui doivent être utilisés sous prescription médicale et à des doses bien maitrisées et bien contrôlées. Aujourd’hui, il est établi que les femmes utilisent ces produits pour d’autres fins, sans contrôle et sans se soucier, soit par ignorance, soit par négligence, des effets secondaires sur leur santé. Étant des antioxydants (comme la vitamine C), le rôle principal de ces produits est de protéger nos cellules des radicaux libres et autres molécules réactives à l’oxygène et en stimulant le métabolisme et la prolifération des cellules. Leur fonction principale est d’éliminer de manière efficace ces radicaux libres afin de rétablir un équilibre au sein de l’organisme. Ces radicaux libres sont responsables de la modification de l’ADN dans l’organisme, donc pouvant entrainer un cancer entre autres maladies dégénératives. Le glutathion est un antioxydant fabriqué naturellement par le corps dans le foie à partir de trois acides aminés : l’acide glutamique, la glycine et la cystéine. C’est un produit censé induire une dépigmentation cutanée. Il faut noter que si la vitamine C a effectivement des propriétés prouvées sur la prévention et le traitement des taches cutanées, il n’en est rien pour le glutathion. Pire encore, il est possible, d’après sa composition chimique (phénol), que son utilisation au long cours entraîne la fabrication de toxines cancérigènes appelées quinones. Au Ghana voisin par exemple, les autorités ont émis une alerte en octobre 2021 : les injections de glutathion «posent un risque significatif pour la santé» avec des «effets secondaires toxiques pour le foie, les reins et le système nerveux», ou pouvant engendrer le «syndrome de Stevens Johnson», un pourrissement de la peau.
LE GLUTATHION EST UTILISE POUR LE PARKINSON OU L’ALZHEIMER
Depuis un certain temps, l’utilisation de la glutathion cause énormément de dégâts avec des cancers de la peau mortels. Dr Hadi Hakim, dermatologue, s’est penché sur la question il y a quelques semaines à l’émission Encore+ de la 2S Tv.
Bés Bi le Jour |
Maxime DIASSY et Adama Aïdara KANTE |
Publication 27/04/2024
Depuis un certain temps, l’utilisation de la glutathion cause énormément de dégâts avec des cancers de la peau mortels. Dr Hadi Hakim, dermatologue, s’est penché sur la question il y a quelques semaines à l’émission Encore+ de la 2S Tv.
«Le glutathion se vend en pharmacie et pas ailleurs»
«Le glutathion est un médicament qui se vend en pharmacie et personne n’a le droit de le vendre en dehors de l’officine. Sinon, cela s’appelle les médicaments de la rue. C’est un produit qu’on utilise pour les maladies neurodégénératives comme le Parkinson, l’Alzheimer. C’est une injection pour soigner le patient. Mais quand on l’injecte à un patient, il y a un effet secondaire puisque ça rend claire la peau du malade. C’est pourquoi je dis que ce sont des produits qui ne se vendent pas n’importe où, encore moins qu’on injecte à une personne qui n’est pas atteinte de ces maladies précitées. Parce que ce produit n’est pas purifié pour le sang. Ensuite, il y a un protocole pour le prendre. On ne peut pas l’injecter chaque jour encore moins tous les deux jours. Parce qu’il peut provoquer plusieurs complications. Quand la peau s’éclaircit, alors que vous êtes en Afrique, il y a le soleil et cela peut provoquer le cancer de la peau. C’est pourquoi le taux du cancer de la peau est très élevé sur le continent, notamment au Sénégal. C’est aussi le cas chez des Européens qui sont en Australie qui a le même climat que Sénégal. Du coup, la première cause de maladie en Australie c’est le mélano, c’est-à-dire le cancer de la peau et c’est ce qu’on a commencé à avoir au Sénégal. Il faut éviter les produits éclaircissants au maximum».
«Ceux qui prescrivent le glutathion ne sont ni des infirmiers, ni des médecins»
«Le constat est là. On le trouve sur le marché parallèle, dans la rue. Il y’en a même qui, à visage découvert, le vendent sur Facebook, Tik-tok, Instagram à des prix variant entre 50 000 FCFA et 200 000 FCFA. Or, ces personnes-là ne sont ni des infirmiers, ni des des médecins ou des professionnels de la santé en général. Le jour où vous aurez une complication, elles fuient leurs responsabilités. Nous, en tant que médecins, si nous faisons un acte médical, nous assumons totalement toute notre responsabilité».
«Nous ne connaissons aucun médecin qui injecte le glutathion à une personne»
«Par rapport à l’injection du glutathion pour le xessal, nous dermatologues du Sénégal, jusqu’au jour d’aujourd’hui, nous ne connaissons aucun dermatologue ou médecin qui injecte le glutathion à une personne. Je ne l’imagine d’ailleurs pas un seul instant. Personnellement je ne prescris ce médicament à personne. Et 99,9% des dermatologues que je connais idem. Parce que nous sommes contre l’éclaircissement volontaire. Nous sommes d’ailleurs en train de nous battre, dans le cadre d’une association qui s’appelle Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (Aida) contre ce fléau. Parce que nous sommes fatigués dans nos consultations de voir les complications que la dépigmentation engendre dans ce pays. Or, notre rôle c’est de soigner les problèmes de dermatologie et non les complications de la dépigmentation».
«L’injection du corticoïde aux fesses peut donner l’obésité, le diabète ou l’hypertension»
«S’agissant du corticoïde, c’est aussi un médicament qu’on ne peut avoir que dans une pharmacie. C’est un excellent médicament pour soigner plusieurs maladies. Par exemple, les cas de Covid extrême, les maladies comme le lupus ou arthrose. Par ailleurs, contrairement à une idée répandue, quand on vous injecte tous les jours ou toutes les semaines ou encore tous les mois le corticoïde au niveau des fesses, cela ne les fait pas grossir. Mais ça cause de l’obésité et au bout de quelques semaines, vous aurez le diabète, l’hypertension partielle, des vergetures, des difficultés à la cicatrisation, un faible poids de naissance. C’est vrai que vous aurez la peau très claire, mais est-ce que ça vaut la peine de se retrouver avec autant de maladies. La réponse est non»
LA JEUNESSE FEMININE EST EN DANGER
La coordinatrice de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle tire la sonnette d’alarme. Dr Astou Diouf Kébé, dermatologue, s’indigne de la présence des produits de dépigmentation qui inondent le marché.
Bés Bi le Jour |
Maxime DIASSY et Adama Aïdara KANTE |
Publication 27/04/2024
La coordinatrice de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle tire la sonnette d’alarme. Dr Astou Diouf Kébé, dermatologue, s’indigne de la présence des produits de dépigmentation qui inondent le marché.
Quelles sont les conséquences à court terme de la dépigmentation par voie intraveineuse ?
Les conséquences liées à cette pratique qui est la dépigmentation artificielle sont nombreuses à plus ou moins long terme. Et cela, quels que soient l’intensité et le type de produit utilisé. A court terme, on peut citer l’examen de contact. Le patient peut utiliser le produit auquel il est allergique et au cours de l’application, il peut développer des examens. Alors, l’autre complication avec des effets secondaires à type d’irritation ou de brûlure. Parce que des fois, les patientes peuvent utiliser des produits corrosifs ou bien à très haute concentration qui, une fois appliqués sur le corps peuvent entraîner une brûlure carrément. Les dermites caustiques sont fréquentes.
Les conséquences à moyen terme sont-elles dramatiques ?
A moyen terme, nous notons des complications infectieuses. C’est l’ensemble des complications bactériennes, parasitaires ou mycosiques. Ces produits-là que l’on utilise surtout sont des dermocorticoïdes (hydroquinone, mercures ou le glutathion). Ils entraînent une immunodépression locale. C’est-à-dire, ils affaiblissent les défenses qui sont sur la peau. C’est ce qui fait que la femme a plus de risques de faire des abcès à répétitions, des folliculites. Dans les complications bactériennes, il faut citer la dermique hypodermique bactérienne. C’est une infection bactérienne qui atteint le plus souvent les jambes et d’autres localisations possibles, parfois même le visage. C’est une complication potentiellement grave. Ça fait partie des urgences. Et la prise en charge se fait en hospitalisation. Comme complications, nous avons l’acné, des vergetures qui sont liées à l’utilisation des produits contenant des dermocorticoïdes.
Ces produits peuvent-ils provoquer des troubles ?
Dans le long terme, il faut citer les troubles à type d’hyperpigmentation. Parmi ces troubles on peut avoir l’hyperpigmentation en lunette. Ce sont des tâches noires qui se forment autour de l’œil. Ou encore une tâche un peu brunâtre qui peut se localiser au niveau du visage. Soit c’est le visage ou la nuque, le haut du dos. Tous les cancers cutanés liés à la dépigmentation artificielle sont localisés sur ces placards d’ochronose exogène. Le diabète fait partie des complications à long terme.
Pour les injections intraveineuses, le glutathion reste-t-il fondamental ?
Le glutathion fait partie des produits dépigmentants. Il faut savoir qu’il est plus utilisé dans le traitement de certaines maladies neurologiques. Il a été détourné de son action thérapeutique. Les risques, c’est plus les toxidermies. Tu as l’impression qu’on t’a versé de l’eau chaude. Donc, tu te brûles tout le corps. Et ça peut donner des complications rénales à type d’insuffisance rénale. Il faut savoir que la peau est vascularisée. Par conséquent, ces dermocorticoïdes que l’on utilise à long terme peuvent induire un diabète ou une hypertension artérielle. Parce qu’il y a ce qu’on appelle un passage systémique. Il y a une petite partie qui arrive toujours à passer à travers la peau et à aller dans le sang.
POUR LES INTRAVEINEUSES, IL FAUT DEBOURSER 350 000 CFA
Dans cet entretien avec Bés bi, Fatou Ka, propriétaire de «K Cosmétiques», a fait des confidences sur les contours de ce phénomène viral sur les réseaux sociaux.
Bés Bi le Jour |
Maxime DIASSY et Adama Aïdara KANTE |
Publication 27/04/2024
Propriétaire de «K Cosmétiques», elle s’est rendue célébrissime dans l’univers de la dépigmentation par la réalisation d’injections de glutathion et des prescriptions clandestines de collagènes et d’autres substances par voie intraveineuse. Dans cet entretien avec Bés bi, Fatou Ka a fait des confidences sur les contours de ce phénomène viral sur les réseaux sociaux.
Le coût financier
«La gélule transparency est à 60 mille FCfa. Par contre la gélule glutathion qualité injection est monnayée à 50 mille F Cfa. Parce qu’elle ne se prend pas par injection intraveineuse. Pour les femmes qui ont les moyens, elles peuvent prendre les deux traitements. A savoir la gélule transparency de 60 000 F Cfa et la gélule glutathion qualité injection qui n’est vendue qu’à 50 000 F Cfa. Bref, pour un total de 110 000 Cfa. Cependant, en ce qui concerne les intraveineuses, on peut débourser jusqu’à 350 000 CFA. Alors que la glutax 2 800 grammes coûte 250 000 F Cfa»
Dix séances pour avoir un teint blanc complet
«Pour le traitement complet, il nécessite dix séances. Etant donné que la patiente doit utiliser trois boîtes pour avoir un résultat satisfaisant. Les effets des gélules d’injection dépendent de la sensibilité de l’organisme de son usager. Pour certaines femmes, en l’espace de 15 jours seulement, elles commencent à voir les résultats. Tandis que, pour d’autres, il faut un mois pour se retrouver avec une peau totalement blanchie».
Cure en glutathion
«Si une cliente veut une cure en glutathion, elle est obligée de subir un traitement de trois à six mois. Par contre, pour obtenir un teint métissé clair, il faut au minimum un traitement de trois mois. Pour les teints blancs, la durée du traitement est de six mois. Les filles peuvent prendre les deux pots de glutathion qualité injection. C’est très efficace. Si elles suivent le traitement, en six mois, elles s’en sortent avec un teint blanc. Nos produits sont naturels et ne sont pas étrangers à nos corps. C’est pourquoi, ils n’ont pas d’effets secondaires. Puisque dans chaque corps humain, il y a une dose de glutathion, du collagène, du vitamine C, Q10 et de l’acide hyaluronique».
L’effet du taux élevé de glutathion sur la peau
«Si tu constates bien à notre naissance nous étions tous blancs. Parce qu’à la naissance, le taux de glutathion est élevé dans le sang. Mais vu notre Adn, nous sommes des Noirs. Et avec l’âge, tu vois que nous commençons à perdre le teint. Donc, à la place du glutathion, nos corps commencent à produire de la mélanine. Par contre, chez les Blancs, ils ne développent que du glutathion. Donc, une injection du glutathion suspend la production de la mélanine. Par conséquent, l’effet secondaire du glutathion te rend clair comme un blanc. Cette méthode de dépigmentation est plus rassurante que les crèmes et gommage. Le Sénégal n’a pas de chimiste qui peut faire le produit. Raison pour laquelle ce sont les maisons de production qui fabriquent ces produits d’injection et les écoulent sur le marché»
Deux à trois gommages par semaine
«Au Sénégal, les vendeuses de crèmes et de gammes de dépigmentation sont plus claires que les clientes. La raison est simple : elles prennent des injections de glutathion. Donc, elles boivent du glutathion et mettent des pommades. Il faut deux à trois gommages par semaine. Mais avoir également à sa disposition un lait éclaircissant qui, non seulement, n’est trop fort, mais dépourvu d’hydroquinone. Utiliser ensuite les pommade thaïlandaise en buvant les gélules accompagnées de séries de gommages deux à trois fois dans la semaine».
NDLR : Nom modifié pour les besoins de l’anonymat
CONFESSIONS FROIDES DE FEMMES
Cas par cas... Mort, jambe amputée, crises…Bés bi a fait une immersion dans les foyers pour s’enquérir de la gravité des effets de la dépigmentation par injection.
Bés Bi le Jour |
Maxime DIASSY et Adama AIDARA KANTE |
Publication 27/04/2024
Bés bi a fait une immersion dans les foyers pour s’enquérir de la gravité des effets de la dépigmentation par injection. C’est dramatique pour se faire belle. Les dames n’ont pas de limites. Elles ont laissé les pommades et les crèmes. Elles sont passées à la vitesse supérieure avec des injections. C’est avec beaucoup de peine et de regrets qu’elles se confessent.
Fatou Sabor, 40 ans, habitante des Parcelles assainies - «A cause xessal, j’ai perdu une jambe»
«C’est très jeune que je commençais à m’adonner à la pratique du xessal, alors que j’avais à peine 20 ans. Au début, c’était juste des boites pour m’enduire le corps et éclaircir ma peau. Mais au fil des années, j’ai fini par devenir accro. J’ai commencé à dépenser énormément d’argent pour acheter des produits dont certains se sont avérés par la suite dangereux pour ma santé. Car j’utilisais n’importe quel type de cocktail. Mais c’est lorsque j’ai pris une injection Kenacort, un médicament pour asthmatique, que je suis devenue aussi blanche qu’un toubab. Il ne me restait presque rien dans ma peau. Finalement, je me suis retrouvée avec une plaie à l’arrière de mon genou droit qui s’est aggravée avec le temps et qui, malgré les traitements médicaux, n’a jamais guéri. Les médecins ont tout tenté en vain. La plaie s’est aggravée devenant un gros trou dans ma jambe qui avait complément enflé. Pour éviter une gangrène et sans doute une mort certaine, ils m’ont amputée la jambe au-dessus du genou. Depuis lors, me voilà handicapée. Depuis 7 ans maintenant, je suis entre une béquille et un fauteuil roulant. Je ne sors plus de chez moi et j’ai arrêté le xessal puisque j’étais à un doigt d’un cancer de la peau généralisé. A cause de ce maudit xessal, ma vie s’est arrêtée, j’ai perdu ma beauté, mon argent et surtout ma santé».
Absa Guèye, 45 ans, habitante de Thiaroye : «Après une injection du glutathion, je suis devenue diabétique»
«Je suis commerçante. J’étais très belle avec un teint marron au point qu’on me surnommait même la fille au teint caramel. J’avais entre 18 et 20 ans. Lorsque je devais me marier à un polygame qui avait déjà deux épouses, je devais être sa troisième. Et à quelques jours semaines de mon mariage, alors que nous étions dans les préparatifs, mes copines, mes cousines m’ont conseillée, comme je ne suis pas noire, d’entretenir ma peau pour que je sois plus rayonnante le jour-j. C’est dans ce sens qu’elles m’ont amenée dans un institut de beauté sis à Dakar. Et la dame m’a proposé de prendre une injection et des gélules glutathion, c’est rapide et sans effets secondaires. A une semaine de mon mariage, j’étais devenue toute blanche sans tache, même mes quintos étaient clairs. Au bout de quelque temps, j’ai constaté que mes menstrues ont été perturbées, pis je faisais pipi constamment, qu’il m’était même difficile de faire correctement des prières. Après consultation, on m’a dit que je suis diabétique. Bizarre car cette maladie n’existe pas dans ma famille. Mais c’est après plusieurs analyses que les médecins ont révélé qu’il y a un taux exagéré de glutathion. Les blouses blanches m’ont sommée d’arrêter de prendre ces gélules de collagène, car il y a un taux de sucre élevé. J’ai arrêté par la suite mais à quel prix ? J’ai perdu ma peau naturelle, j’ai eu un diabète précoce et chronique, est-ce que la beauté vaut la santé?»
Ndèye Yacine Fall, habitante de Diamagueune : «J’ai perdu ma maman à cause des injections»
«Je suis une jeune demoiselle avec deux enfants de pères différents. J’ai une mauvaise expérience avec la dépigmentation. Parce que le xessal m’a arraché la personne que j’aime le plus au monde : celle qui m’a donné naissance. Cela fait trois ans qu’elle n’est plus de ce monde. Ma maman était une belle dame au teint clair. Mais ces mauvais amis ont commencé à l’appeler “Toubab quartier’’. De fil en aiguille, elle commence avec des pommades. Elle avait toutes les gammes. Sa peau s’éclaircit comme pas possible. Elle commence à prendre goût. Je me souviens qu’un jour, je faisais du thé et une de ses amies lui a dit connaître une dame qui fait des injections naturelles sans effets secondaires. C’est par la suite qu’elle a commencé ses traitements. Subitement, elle avait pris du poids. Elle avait des problèmes de respiration. Pour un moindre déplacement, elle se fatiguait vite. Un jour, j’ai accompagné ma maman faire un test de diabète. Le résultat était une bombe pour toute la famille. Le médecin nous a informés qu’elle était atteinte d’un diabète sévère. Je pense que le choc émotionnel, psychologique a déclenché la descente aux enfers. Elle voulait tout entendre sauf le diabète. Elle a commencé à maigrir. Sa peau est la première à la lâcher. Ma maman avait commencé à perdre goût à la vie. Entre les caprices de la maladie et les médicaments à prendre sans oublier le régime alimentaire à suivre, c’était trop pour elle», raconte la fille qui ne cesse d’écraser des larmes. Elle poursuit : «Dans le quartier les rumeurs commençaient à circuler comme quoi ma maman est atteinte du VIH. Moi je savais que c’était le diabète, mais nous ne pouvons pas expliquer aux gens ni à ses amis proches. Et un jour de vendredi vers 10 heures du matin, ma maman a tiré sa révérence. Voilà comment le xessal m’a arraché ma maman».
DANS L’INTIMITÉ DES ACCROS À L’INTRAVEINEUSE
Une grande partie des femmes au Sénégal sont touchées par cette réalité, bien qu'elles ne soient pas ignorantes des conséquences sanitaires de ces injections, qui semblent devenir un problème récurrent.
Bés bi- Le jour |
Maxime DIASSY et Adama Aidara KANTÉ |
Publication 27/04/2024
Dans les boutiques de beauté et dans l’intimité des chambres, le phénomène des injections intraveineuses a fini de prendre ses quartiers. Une bonne partie de la gent féminine au Sénégal est concernée pourtant, elle n’ignore pas les conséquences sanitaires de ces injections qui deviennent un chapelet interminable : cancer de la peau, vergetures, cicatrices et blessures, mort… Que de diabétiques, d’hypertendus à cause du glutathion. C’est à la limite un dépeçage. Mais c’est juste une piqûre de rappel. Sans compter le coût financier. L’essentiel, c’est d’être dans sa peau. Bés bi et Emedia.sn ont mené l’enquête…
Les images sont devenues virales sur la toile. Une jeune demoiselle, fourrée dans une djellaba noire assortie de perles couvrant le long de sa tenue, est assise sur une chaise. Un voile rouge sang couvre une bonne partie de son corps, de la tête, il tombe sur les épaules. La dame au teint émaillé de taches noires tend légèrement la main qui porte les stigmates de l’hyperpigmentation. Dans la foulée, une autre, qui porte des gants blancs médicaux jetables, est en train de retirer la seringue. Elle recolle la peau de la patiente avec un bandage. Cette dernière vient de prendre sa première dose d’injection de produits dépigmentants. Toute satisfaite de la perfusion. «Machallah ! C’est la première séance d’injection de ma cliente. Elle était venue avec beaucoup d’imperfections. Les crèmes avaient gâté sa peau. Donc, c’est sa série d’injections. Elle a quelque chose de rare. Ce qui me plait chez cette cliente, c’est qu’avec une boîte d’injections, elle a des résultats satisfaisants. Patientez jusqu’à la fin de la vidéo, vous allez voir», suggère-t-elle. Juste à côté, apparaît une autre femme debout sur sa chemise, en train de manipuler la tubulure full set pour pomper le liquide jaunâtre. La scène fait froid dans le dos.
Dans une autre vidéo, la même dame est en train de faire une injection intraveineuse. Plongée dans son élément. La propriétaire de la boutique de beauté passe son temps à faire des injections intraveineuses. D’autres images dévoilent une jeune fille au teint un peu clair assise sur son jean bleu. Le garrot placé, elle tend verticalement le bras, un gros élastique serré pour mieux voir la veine. Tandis qu’une autre, munie de ses gants, pique la seringue dans sa veine. En retirant l’objet. Le sang gicle. Puis la plaie disparait sous un bandage soigneusement placé. Sur un pied sous perfusion est accrochée une poche contenant du liquide jaunâtre.
Par peur de se tailler la peau, elle ne fait plus linge
Un matin aux Almadies 2 de Keur Massar, les rues et ruelles du quartier sont dégagées. Les voies sauvages de la latérite rougeâtre et poussiéreuse campent le décor. Des pots de fleurs sont exposés devant les habitats. A quelques pas de la station, une jeune dame est sur le point d’ouvrir la porte de son salon à Bés bi et Emedia.sn. Juste à l’entrée, une fille est royalement calfeutrée. Les pieds posés sur une table à verre, Tako Sow savoure sa tasse de jus. Sur sa culotte cargo, la télécommande entre les mains, elle fait défiler l’écran. Derrière ce confort se cache une dame traumatisée. «Cela fait deux mois que je soigne ma plaie au niveau du poignet. A la base, c’est une petite plaie que j’ai eue du mal à soigner. Malgré les pansements, elle se taille une surface dans ma chair. Avant, je faisais le linge mais avec cette injection, je n’en fais plus», s’apitoie-t-elle, le visage crispé.
Tako Sow porte les stigmates de sa dernière blessure qui a du mal à se cicatriser. Elle a une ouverture au niveau du poignet gauche. En faisant le linge, elle s’est ouverte la peau et depuis lors, la plaie ne se cicatrise pas. Après diagnostic, le résultat médical sonne comme un couperet. «Je souffre de diabète, c’est ce qui ressort de mon bulletin médical. Le médecin m’a suggérée de faire attention quand je fais le linge car certaines ouvertures peuvent me coûter cher. Je regrette, si c’était à refaire je ne ferai pas d’injection», regrette la jeune demoiselle, une perruque à l’afro sur la tête.
Atteint psychologiquement, Tako a même peur de laver ses sous- vêtements. «J’ai dû embaucher une jeune fille juste pour laver mes petites culottes. Je sais que c’est très intime. Mais que faire ? Je ne veux pas prendre le risque de me blesser à nouveau. Chaque semaine, je décaisse 3000 francs, soit 12000 par mois», regrette-t-elle, les yeux derrière une paire de lunettes.
Adama Touré est une secrétaire dans une société de la place. La jeune mariée est très consciente des dangers de la dépigmentation. Titulaire d’un master en bureautique, Adama, assise sur une chaise, les jambes croisées, s’épanche sur ses goûts. «Mon mari aime la peau métissée, par conséquent, je dois répondre aux exigences de mon homme d’autant plus que c’est lui qui assure la facture», assume-t-elle en pianotant sur le clavier de sa machine. La secrétaire de teint clair n’a pas fait trois mois de traitement pour avoir un teint métissé. «Certes mon mari a une faiblesse pour la peau claire. Mais pour être honnête, je me suis toujours dépigmentée la peau. Mais c’est en France que j’ai fait l’injection avec des spécialistes», raconte-t-elle. Avant de passer à sa philosophie de l’existence. «La vie est une question de choix. Et le plus important, c’est de l’assumer. Mes produits sont haut de gamme. Les effets secondaires sont minimes», justifie-t-elle.