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4 mai 2025
Société
CES NOUVELLES PÉPITES DE LA LITTÉRATURE SÉNÉGALAISE
Ces jeunes qui ont pour noms Elgas, Falia, Mohamed Mbougar Sarr, travaillent admirablement aujourd’hui à débarrasser le champ littéraire de ses scories bien réelles
Les férus et puristes de la lecture ont toujours trop de mal à se défaire de la nostalgie des ouvrages des précurseurs. Cela, pour être bien assez subjugués par la délicatesse littéraire et le fond intellectuel de ces auteurs. À telle enseigne qu’ils ignorent certaines pépites de la nouvelle vague, surtout avec l’idée préconçue que cette génération est médiocre. Ces jeunes qui ont pour noms Elgas, Falia, Mohamed Mbougar Sarr, travaillent admirablement aujourd’hui à raturer cette croyance et contribuer à débarrasser le champ littéraire de ces scories bien réelles.
Une certaine critique populaire n’a que trop bien brocardé la jeune génération d’écrivains. Ces derniers sont accusés de révéler une inculture ennuyeuse et une niaise soif de notoriété, plutôt que cette maîtrise littéraire qui doit en faire des auteurs distingués et respectés. Il devient tentant de créditer ce sentiment à la lecture de certains ouvrages. Des lectures qui vous laissent au même lieu et dans le même temps. Des écrits qui ne bousculent pas vos états d’âme et ne provoquent encore moins de profondes interrogations, si ce n’est celle de savoir pourquoi avoir choisi de lire ces livres-là. Or, le livre, c’est d’abord la découverte et l’évasion.
Toutefois, le champ littéraire comporte quelques belles jeunes graines qui nourrissent l’appétence des puristes. Certains de ce groupe produisent des œuvres faisant les joies des lecteurs et critiquent littéraires qui ne tarissent pas leurs productions d’éloges. Ces récepteurs s’enthousiasment particulièrement du génie rédactionnel qui sert un texte passionnant et passionné. Ce qui dépare le ton soporifique et les dialogues stériles de certains ouvrages, souvent du fait d’un manque de vocabulaire. La créativité de ces «exceptions» leur permet ainsi de servir une intrigue alléchante, avec des sous-actions et des sous-quêtes pertinentes. Ces dernières agrémentent le récit, captivent le lecteur et le délectent, résolument.
Leur œuvre fait aussi remarquer un sens aiguisé de l’observation qui construit leur argument et suscite la curiosité du lecteur. En outre, ils ont l’audace comme principale caractéristique commune. Cela, en plus d’une bonne culture au travers d’une considérable expérience de lectures. Dans le lot de ces exceptions, les noms de Mouhamed Mbougar Sarr, Souleymane Gassama alias Elgas et Ndeye Fatou Fall Dieng alias Falia reviennent bien souvent. Au-delà de la sympathie du public lecteur, ces jeunes bénéficient aussi de la reconnaissance du milieu littéraire avec des prix aussi divers que prestigieux.
Elgas, l’intrépide et raffiné «Mâle noir»
Natif de Saint-Louis et ayant grandi à Ziguinchor, Elgas a du toupet à revendre. Dans ses écrits, il ose des sujets souvent considérés tabous.
Intrépide. Dans ses productions littéraires, Elgas s’y épanche avec une audace et une brutalité qui présentent la réalité dans toute sa franche splendeur. Dans son premier ouvrage, «Un Dieu et des mœurs : Carnets d’un voyage au Sénégal», Elgas offre une radioscopie crue de la société. Une société emprisonnée dans ses croyances à la tradition et la religion dont le peuple se voile pour fuir ses responsabilités et se lâcher paradoxalement à des opprobres. Après une longue absence du pays, Elgas revient de France et retrouve un Sénégal empoigné par le fatalisme, le fanatisme, l’homophobie, le déni, le cynisme moral, le phénomène des talibés errants, entre autres maux. Avec une relation fort descriptive et à l’aide du regard distant, il creuse des abcès et fait observer de subtiles curiosités sociales.
Comme c’est le cas des femmes «meurtries» et l’exploitation sexuelle du personnel domestique féminin. Dans son nouveau livre, «Mâle noir», à paraître ce 21 juin, Elgas partage encore ses réflexions sur les sujets de société qui le traversent et le dépassent, tels le racisme, le mouvement décolonial, l’immigration. Encore «cynique, mélancolique, tendre ou euphorique» (ainsi dit dans le quatrième de couverture), Elgas nous invite dans sa vie d’immigré en France, en quête de l’amour des autres et de soi. Pour Elgas, l’écriture est un moyen de raconter et de se raconter. Mais pas n’importe comment. Une approche qu’il explique. «L’écriture est une sensibilité personnelle. On ne peut avoir un gouvernement général et commun à tous. Il est bon que les styles et les perceptions varient pour rendre l’écosystème plus riche», nous répond-il quand nous l’interrogeons sur sa singularité.
Journaliste, docteur en sociologie, diplômé en communication et en sciences politiques, Elgas dit puiser à différents registres «où il faut toujours plonger dans les textes, les faits, les émotions pour espérer sublimer par le jeu avec la langue sans perdre la vérité comme horizon et l’authenticité comme boussole».
Justement, Elgas indique que son expérience personnelle et son rapport à l’écriture procèdent d’un attachement aux textes qui, nous dit-il, «demande d’abord et avant tout beaucoup de lecture». C’est selon lui le «prérequis absolu, de consommer énormément de livres, se forger, souffrir très tôt de savoir qu’on vient après des monstres sacrés qu’on égalera jamais». Ça, et puis «s’enhardir et tracer son chemin dans ce respect qui n’est pas défaite mais acte de fraternité littéraire», conçoit-il humblement. C’est un moyen, selon lui, d’entretenir une lucidité sur les fondements, les rudiments et les exigences de l’écriture qui est «un douloureux acte de gestation». Voilà les secrets du génie littéraire.
Ndeye Fatou Fall Dieng alias Falia Une âme bien née, et génie bien forgé
Avec une plume enchanteresse trempée dans une encre créative, Ndèye Fatou Fall Dieng alias Falia inspire respect dans le milieu littéraire.
Pour Ndèye Fatou Fall Dieng alias Falia, la lecture est le secret. Sa seconde œuvre, «Ci-gisent nos dieux» (2020, Editions L’Harmattan Sénégal), est d’une grande succulence. Le roman a été d’ailleurs retenu dans la présélection du Prix Les Afriques de la Cène littéraire. On y découvre surtout la grande culture de Falia (sa nouvelle signature d’auteure) et sa plume enchanteresse.
«Je crains de n’y être pas pour grand chose. J’ai eu la chance d’être née dans un centre culturel et ai très tôt eu un grand nombre de livres à ma disposition. Mon père m’a transmis son goût immodéré des livres et ma mère m’a donné les moyens d’y accéder. À partir de là, c’était facile», avoue, modeste et reconnaissante, la native de Louga. Toutefois, a-t-elle grandi dans plusieurs villes du Sénégal et, ce faisant, n’a de sentiment d’appartenance pour aucune contrée. Un avantage, car cela lui a permis d’être «curieuse et avide des autres». Ensuite, signifie-t-elle avoir lu tôt et longtemps et n’a écrit que très tard. La jeune juriste d’entreprise, titulaire d’une maîtrise en Droit privé à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, assure que même après avoir fini «Ces moments-là», son premier roman qui lui a valu le prix Aminata Sow Fall de la Créativité, elle restait dans le doute.
Pour «Ci-gisent nos dieux», l’assurance et le cran en font grandement le souffle. Mais aussi cette maîtrise littéraire et ce front éclairé de l’artiste qui se fait écho de nos affections et illumine la piste. Falia remet en question la sacralité du foyer maraboutique, le conservatisme exagéré et impertinent d’us non seulement caducs mais inhumains, ainsi qu’elle célèbre l’amour dans un récit tout aussi poétique que délirant.
Falia avertit également quant à la porosité de nos frontières et de nos mœurs face aux menaces extrémistes et renie l’idée d’inviolabilité de notre «terre sainte». «Le champ littéraire est un espace de liberté, il peut arriver qu’on censure un artiste pour plusieurs raisons, mais ce que je ne peux concevoir, c’est qu’un artiste décide de s’autocensurer. C’est pour moi, presque une trahison», plaide l’artiste et juriste, qui pense qu’il «ne devrait y avoir de limite que la légalité».
Pour elle, il ne peut y avoir de tabous dans l’art déjà, car «le tabou ne l’est que dans un espace temporel et/ou spatial bien déterminé, et l’art transcende ces limites». La preuve, Soljenitsyne a écrit son «Archipel du Goulag» dans la clandestinité, et aujourd’hui l’ouvrage est enseigné dans les écoles russes. Ensuite, poursuit-elle, certaines pratiques considérées taboues existent malgré cela. «Or tout ce qui existe est susceptible de se retrouver dans le champ artistique car, dans l’art, il n’y a de vulgaire ou de choquant que ce qui est mal conçu ou mal exécuté», selon la jeune femme. Et elle, Falia, a le constant souci de bien concevoir ses œuvres et de laisser son lecteur, capable, percevoir cette «curiosité saine». Elle affirme être encore en quête de sa «voix particulière» et son «signe distinctif», quoique d’illustres critiques lui en témoignent de bien marquants.
Mohamed Mbougar Sarr, le prodigieux artiste
Auteur de quatre chefs-d’œuvre littéraires, Mohamed Mbougar Sarr dessine une trajectoire en lettres capitales.
Elgas dit qu’il est le «meilleur de sa génération». Falia estime que c’est un honneur d’être citée à côté de son nom. Ce nom, Mohamed Mbougar Sarr, est certes significatif. Tant son porteur a bien prouvé, sans conteste, une grande maestria littéraire qu’on soupçonnait peu à notre ère. Âgé de 31 ans, le jeune originaire de Diourbel, ancien enfant de troupe du Prytanée militaire de Saint-Louis, a déjà signé quatre chefs-d’œuvre littéraires. Une nouvelle, «La Cale» (2014), qui a gagné l’illustre prix Stéphane-Hessel. Son premier roman, «Terre ceinte», publiée l’année suivante et qui confirmait le talent majuscule du jeune homme à 25 ans. L’œuvre lui vaut le prix Ahmadou Kourouma, le Grand prix du roman métis et le Prix du roman métis des lycéens la même année.
En 2017, il publie «Silence du chœur» qui est distingué du Prix littéraire de la Porte dorée, du prestigieux Prix Littérature monde 2018 et du Prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis. Le même livre l’amène, fait historique, en finale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie. En 2018, il sort son dernier roman, «De purs hommes». Le parcours de son œuvre parle assez pour le brio de celui qui a subi ses études supérieures à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess).
Abdoulaye Racine Senghor, coordinateur du Comité de lecture Sénégal du Prix des Cinq Continents de la Francophonie, s’enthousiasme du génie de Mbougar Sarr. «Bien que jeune, il fait preuve d’une maturité étonnante. Maturité dans les sujets très sérieux qu’il aborde, la finesse de son approche des sujets souvent délicats et surtout son écriture qui révèle, par ailleurs, un très riche intertexte scientifico-philosophico-littéraire à vous saisir pour de bon», témoigne le critique littéraire. Celui-ci pense que le jeune auteur va aller plus loin au vu des esquisses qu’il distille de temps en temps dans les réseaux sociaux et du rythme de ses publications.
par Oumou Wane
OUSMANE SONKO, POPULAIRE OU POPULISTE ?
Nous ne sommes ni stupides, ni ignorants, alors non, ne nous faites pas croire que dans le Fouta où Macky Sall a opéré une tournée économique, d'honnêtes citoyens sont agressés par des hommes de main du pouvoir
J’ai confiance dans le bon sens populaire du peuple sénégalais. Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. Et à part quelques esprits endoctrinés et survoltés, nous ne nous laisserons pas entraîner par des leaders démagogues. Nous avons payé assez cher notre liberté pour nous la faire confisquer par le "populisme", qui se caractérise par des idées politiques simplistes revendiquant les intérêts du "peuple" par opposition à ceux de "l'élite".
Nous ne sommes ni stupides, ni ignorants, alors non, ne nous faites pas croire que dans le Fouta où le président de la République Macky Sall a opéré une tournée économique, d'honnêtes citoyens du pays sont agressés par des milices armées ou des hommes de main du pouvoir.
Vous pourrez appeler la jeunesse et tout le peuple sénégalais à s'organiser pour dénoncer l'échec de la politique du régime, aucun "Sénégal Tampi" ni autre slogan anti système, ne remplacera une route, une université ou un hôpital.
« Rien ne va dans ce pays » ! N’est-ce pas ainsi que l’on peut mettre en péril l’avenir de notre société, à un moment crucial où nous devons au contraire nous unir pour préserver notre climat social ? La méfiance à l’égard des institutions de l’État profite aux leaders populistes, mais le dénigrement de nos institutions contribue en même temps au désengagement des citoyens de la vie démocratique. Malheureusement, ces mouvements soi-disant « pour le peuple », ne se contentent pas de nous diviser et de promouvoir la montée de la haine, ils nous méprisent et nous tuent.
Le moment est venu pour tous les républicains de défendre haut et fort les valeurs démocratiques, la dignité humaine et l’inclusion, et de dénoncer le dénigrement de l’autre et les attaques orientées contre le système légitime et républicain.
Si l’on doit déplorer la mort accidentelle d’un jeune homme, sympathisant de Benno Bokk Yakaar, décédé à Ranérou, au Fouta, au moment où le président Macky Sall faisait sa tournée, est-il acceptable de lire sur les sites d’information des commentaires absurdes et méchants ? Rendons simplement hommage à un militant peut-être emporté pas sa fougue et ses convictions.
À quel siècle vivons-nous ? Heureusement quelques organes de presse sérieux et les quotidiens sénégalais reviennent objectivement sur la tournée économique du président Macky Sall dans le nord du pays. Le quotidien national Le Soleil titre : « Podor tout en gratitude » et explique que 292 milliards seront encore investis pour le désenclavement du département.
Walf Quotidien évoque « une tournée tout (en) couleurs » pour le président Macky Sall. Pour Vox Populi, « Podor réaffirme son attachement à Macky Sall » pendant que le mouvement de contestation « Fouta Tampi » a été noyé par les «marées humaines ».
Entre inaugurations d’hôpitaux, de routes, visites de chantiers et lancements de travaux, le président de la République dans un programme marathon, serait-il entré, en plus de célébrer la beauté du pays et de se rendre sur la terre de ses aïeuls, dans une campagne électorale avant l’heure ? L’opposition et certains observateurs de la scène politique ont vite fait de classer ces visites du chef de l’Etat dans la catégorie des tournées politiques. D’ailleurs, le président de la République va où il veut, quand il veut et comme il veut. C’est le chef de la nation.
Alors campagne déguisée du chef de l'État, et même "double campagne" pour des échéances futures, pourquoi pas ? Il est de bonne guerre que le président mobilise ses troupes à des fins d’accomplissement de son projet politique, et ce en dépit des professionnels du chaos, qui n’ont aucun intérêt à ce que le pays aille mieux pour tirer leur épingle du jeu. Mais, car il y a toujours un mais, tout ce charabia des activistes n’est pas adressé au chef de l’Etat, qui est assis et crédible. La guerre des activistes est juste de tuer l’opposition républicaine. Qui est loin d’être dupe.
A suivre…
LE COLLECTIF LEBU «TAANKA» RECLAME SA PART DU TF 4407
Le collectif pour la protection des intérêts de Ngor, Yoff et Ouakam « Taanka » dit niet à la proposition de Macky Sall qui voudrait leur octroyer, via un décret, 1000 parcelles à chacun des villages lébu à Diass.
Le collectif Lébu pour la protection des intérêts de Ngor, ouakam et YoFF «Taanka » rejette la proposition de l’Etat qui voudrait donner à chacun des trois villages lébu 1000 parcelles au pôle urbain de Daga Kholpa à Diass. Et réclame une partie de l’assiette foncière TF 4407 de l’ex-aéroport international sis à Yoff. Pour se faire entendre, ils annoncent une manifestation dans la semaine pour réclamer les terres de leurs ancêtres.
Le collectif pour la protection des intérêts de Ngor, Yoff et Ouakam « Taanka » dit niet à la proposition de Macky Sall qui voudrait leur octroyer, via un décret, 1000 parcelles à chacun des villages lébu à Diass.
En conférence de presse, hier, les représentants des trois villages disent être victimes d’un deal entre le pouvoir et quelques dignitaires de leur communauté pour les « déporter » à Diass. « Des dignitaires lébu de Ngor, Ouakam, Yoff se sont retrouvés à Yoff pour comploter sur le dos de la population. La réunion du jeudi 10 juin 2021 qui s’est tenue chez Cheikh Mansour Diouf et qui aurait porté sur l’affectation par décret présidentiel aux trois villages traditionnels Ngor, Ouakam, Yoff de 1000 parcelles à chacun d’eux sur le site du pôle urbain de Daga Khole ne nous engage aucunement », martèle le collectif dans sa déclaration commune.
Pour matérialiser leur désaccord avec les dignitaires, les membres du collectif, soutenus par une forte mobilisation des villages traditionnels, annoncent une descente sur le terrain pour manifester afin que les autorités étatiques leur donnent des parcelles dans l’assiette foncière de l’ancien aéroport international de Yoff.
Auparavant, le collectif Lébu a indiqué que l’Etat avait annoncé qu’il ferait de cette assiette foncière un parc d’attraction forestier. Seulement, depuis près d’un an, « les populations assistent à des opérations de terrassement et de démolition sans que les soi disant projets ne voient le jour ». Une situation qui les a poussés à réclamer une partie de l’espace de l’aéroport délocalisé à Diass.
Après avoir épuisé les démarches et autres médiations visant à les impliquer dans le partage des terres de l’ancien aéroport, les représentants de « Taanka » disent être fin prêts à descendre sur le terrain et faire entendre leur voix. Car, les représentants du collectif estiment que leurs villages sont en droit d’avoir une part de ce titre TF 4407 que « leurs parents avaient gracieusement mis à disposition pour utilité publique». Pour ce faire, les défenseurs des intérêts de Ngor, Ouakam et Yoff disent être prêts à tout pour se faire entendre et prendre part au partage de l’ancien aéroport. « Le collectif est debout comme un seul homme et descendra sur le terrain pour défendre son bien au prix de sa vie ».
NGOR, OUAKAM ET YOFF BRANDISSENT LE VOTE-SANCTION CONTRE L’APR
Le collectif des trois villages lébous, Ngor, Ouakam et Yoff, a lancé «un mouvement de refus et de résistance contre la spoliation de ses terres».
Très remonté contre «la spoliation de ses terres», le collectif des trois villages, Ngor, Ouakam et Yoff, n’écarte pas un vote sanction contre un éventuel candidat Apr à la mairie de Dakar, si toutefois l’Etat ne lui restitue pas l’assiette foncière de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Yoff.
Le collectif des trois villages lébous, Ngor, Ouakam et Yoff, a lancé «un mouvement de refus et de résistance contre la spoliation de ses terres». Ayant choisi hier pour le faire, ce jour revêt «un symbolisme» chez les Lébous. «En ce jour mémorable coïncidant avec la célébration de «Tuuru Maame Ndiaré», du nom du génie protecteur du village de Yoff, qui se fait en mémoire de la bataille de Djambor en 1748, ce jour-là, la communauté Tank (Ngor, Yoff et Ouakam), aurait perdu toute existence car attaquée par le Damel Cayoor.
N’eût-été l’intervention mystique de Mame Ndiaré, ces villages traditionnelles auraient perdu toute leur culture et civilisation», déclare le porte-parole du collectif, Amadou Camara Diène.
Très remonté contre «la spoliation de ses terres», le collectif des trois, villages Ngor Ouakam et Yoff, n’exclut pas un vote-sanction contre l’éventuel candidat pour la mairie de Dakar, si toutefois l’Etat ne lui restitue pas l’assiette foncière de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Yoff. «On ne va pas choisir un maire Apr. Nous ne sommes pas prêts à élire un maire Apr», a déclaré Aliou Bèye, un des Ndey Ji Rew de Yoff, présent hier lors du point de presse du collectif des trois villages, Ngor, Ouakam et Yoff, dont les membres soutiennent que le Président Macky Sall est «leur seul interlocuteur».
Dénonçant un «bradage qui ne dit pas son nom sur le site de l’aéroport international», les membres dudit collectif soulignent que «force est de reconnaître que cette assiette foncière fait l’objet de tant de convoitises de la part d’affairistes véreux, qui n’ont comme unique préoccupation que de renflouer leurs comptes en banque». «Pendant ce temps», souligne Amadou Camara Diène, le porte-parole, «les populations de Yoff, Ngor et Ouakam ont besoin de cette assiette foncière parce que vivant dans la promiscuité à cause de l’essor démographique». «Devant autant de mépris, les populations de Tanka, Ngor-Ouakam-Yoff, regroupées en collectif, ont senti la nécessité de fédérer leurs forces pour faire face à l’injustice et à l’oppression», indique M. Camara.
Soulignant qu’il «n’est pas engagé par le décret présidentiel affectant aux trois villages, 1000 parcelles à chacun d’eux sur le site du pôle urbain de Daga Kholpa», le collectif de prévenir ceux qui «voudraient effacer les Lébous de la terre de leur ancêtre», que leur entreprise n’aboutira. «Les populations de Ouakam, Ngor et Yoff leur disent «préparez vous à souffrir, nous ferons face». «Nous ne laisserons personne faire la bamboula sur notre dos, de notre vivant», soulignent les membres dudit collectif. «Le collectif pour la défense des intérêts de Ngor, Yoff et Ouakam est debout comme un seul homme», selon M. Camara qui souligne que «ce collectif descendra sur le terrain pour défendre son bien, au prix de sa vie»
Par Madiambal DIAGNE
NOUS AVONS PERDU UNE BATAILLE, MAIS PAS LA GUERRE…
Je poursuivrai inlassablement le combat de la préservation de mes droits par toutes les voies de droit. Si, en dernier ressort, je sortais condamné, j’accepterais stoïquement la peine et je n’attendrais pas d’être appelé pour l’exécuter
Le Tribunal correctionnel de Dakar a rendu, le 17 juin 2021, son verdict dans l’affaire m’opposant au magistrat Souleymane Téliko. Le Tribunal, présidé par le juge Ndary Diop, m’a condamné pour diffamation à une peine d’emprisonnement de trois mois ferme, au paiement de la somme de 600 mille francs d’amende et à 5 millions de francs de dommages et intérêts.
Les faits et mes preuves
Au cours de l’émission «Grand Jury» de la Radio futurs médias (Rfm) du 28 mars 2021, j’avais indiqué que le magistrat Téliko, président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), avait été épinglé pour avoir perçu indûment des frais de mission au Tchad, dans le cadre de l’instruction de l’affaire Hissein Habré. Cette allégation l’avait courroucé et il avait esté en justice contre ma personne. Pour ma défense, j’ai versé comme preuve un rapport narratif et financier établi par l’administrateur des Chambres africaines extraordinaires, institution judiciaire créée par l’Union africaine en vue de juger l’ancien Président du Tchad. Le rapport, élaboré en juin 2015 par le magistrat Ciré Aly Ba, actuel Premier président de la Cour d’appel de Dakar, a établi indubitablement que le juge Téliko a reçu la somme de 8 millions 925 mille francs Cfa pour des «perdiem» sur 51 jours de mission au Tchad.
Les sommes perçues étaient indues d’autant que lors de leurs différentes missions au Tchad, les magistrats des Chambres africaines extraordinaires avaient été pris en charge par l’Etat tchadien. Il s’avéra que le gouvernement du Tchad avait dénoncé que les magistrats avaient touché des perdiem, bien qu’ils aient été pris en charge durant toutes leurs missions par l’Etat du Tchad qui avait par ailleurs participé, avec l’Union africaine, l’Union européenne ainsi que le Sénégal à abonder le budget nécessaire pour l’organisation du procès. Ainsi, avait-il été exigé des magistrats de rembourser la moitié des perdiem reçus. On a pu donc lire sur les différentes rubriques du fameux rapport que Souleymane Téliko devait rembourser la somme de 4 millions 462 mille 500 francs Cfa, à raison de 500 mille francs par mois. Une retenue à la source avait été opérée sur ses indemnités versées par les Chambres africaines extraordinaires pour la période allant d’octobre 2014 à février 2015. Mais Souleymane Téliko restait devoir la somme de 1 million 712 mille 500 francs Cfa.
Mieux, une correspondance, adressée à Me Sidiki Kaba, ministre de la Justice du Sénégal, en date du 29 avril 2015, et produite en annexe du même rapport et toujours signée par Ciré Aly Ba, a précisé les modalités du «Remboursement de perdiem à la suite d’une double prise en charge». La lettre souligne en effet que le comité de pilotage en charge du suivi du financement des Chambres africaines extraordinaires a retenu, à l’issue de sa réunion du 11 mars 2015, de tenir le gouvernement du Sénégal informé de la situation engendrée par la fin de mandat de personnels d’instruction qui n’avaient pas encore fini de rembourser les sommes dues. Ciré Aly Ba écrit que «cette situation est consécutive à une double prise en charge des trois premières commissions rogatoires par le budget des Chambres et par l’Etat tchadien, en ce qui concerne l’hébergement. Un remboursement de l’ordre de 50% avait été ordonné en répétition de l’indu (action de in rem verso)».
Ma conviction devant les juges
Les avocats, Me Baboucar Cissé et Me Abdou Dialy Kane, qui assuraient ma défense, ont eu à soulever des vices de forme graves, entachant la régularité de la procédure. Le Tribunal les avait joints au fond. J’ai alors interpellé le président du Tribunal, lui soulignant que j’aurais pu demander la récusation de tous les magistrats membres de l’Ums pour juger cette affaire, car leur neutralité pourrait être sujette à caution, d’autant que la partie demanderesse dirige leur organisation corporatiste. Je ne l’ai pas fait, car cela rendrait certainement impossible la tenue d’un tel procès et que je restais confiant pour plusieurs raisons. Une de ces raisons tenait au fait que j’ai rapporté la preuve absolue de mes affirmations. N’est-ce pas qu’on demande toujours au journaliste d’apporter la preuve de ses écrits ? Aussi, j’ai indiqué garder foi en la justice de mon pays, institution que j’ai toujours défendue et à laquelle je continue de vouer un grand respect. J’ai également ajouté que je ne doute pas que les juges qui connaîtront de cette affaire ne tiendront pas compte de la qualité des parties en cause et auront à juger l’affaire avec sérénité et conformément à leur serment de magistrat et que j’aurai droit à un procès juste et équitable. Je continue de croire que les citoyens de la République sont égaux en droits.
La bagarre devant le prétoire
J’ai indiqué que j’assumais pleinement mes propos, qui m’ont valu d’être cité devant le Tribunal. Pour sa part, Souleymane Téliko s’est offusqué des éléments de preuve rapportés et a trouvé inacceptable que, «dans le cadre d’un complot contre (s)a personne, le ministre de la Justice Me Malick Sall ait remis à un journaliste des documents confidentiels». Il a soutenu que «c’est trahir la justice que de donner des documents pareils à un journaliste pour tenter de salir la réputation d’un magistrat». Je lui ai rétorqué que je n’aurais pas à révéler mes sources, tout en lui soulignant sa légèreté à accuser sans preuve un ministre de la Justice de la sorte, et qu’il devrait mesurer sa responsabilité pour de telles affirmations. Souleymane Téliko a expliqué à la barre que si ses collègues et lui avaient reçu des perdiem et qu’ils étaient amenés à devoir en rembourser une partie, c’est que le gouvernement du Tchad, mécontent du rejet de sa constitution de partie civile dans le procès Hissein Habré, a fait de la dénonciation. Qu’en tout état de cause, il a expliqué que les magistrats avaient été contraints d’être rassemblés par les autorités gouvernementales du Tchad, dans un même hôtel, à savoir l’hôtel Kempinsky de N’Djamena, pour des raisons de sécurité, car les hôtels réservés «n’offraient pas de garanties sécuritaires suffisantes».
Le président Ndary Diop a semblé être si satisfait de cette explication qu’il n’a pu s’empêcher de dire, à haute et intelligible voix, qu’il venait de mieux comprendre cette affaire après les explications de Souleymane Téliko. Dans les traverses du Tribunal, quelques «impertinents» ont pu grommeler. A ce moment, la messe semblait déjà dite pour moi. Néanmoins, je tentais mon va-tout en disant, de manière spectaculaire, que cet aveu de Souleymane Téliko devrait me disculper, car je n’ai pas dit autre chose : les faits allégués de la double prise en charge et du remboursement, ainsi que les preuves formelles n’étant point contestés. On m’interrogea sur la signification du mot «épingler». Le dictionnaire du Français livra séance tenante une dizaine de synonymes. Je persiflais : «Choisissez-en le synonyme que vous voulez !» J’ignorais les injonctions du président du Tribunal, en apostrophant vertement mon vis-à-vis, lui soulignant que si, pour une première mission, ils avaient pu être mis devant le fait accompli, pour les nombreuses autres missions postérieures, ils auraient pu éviter d’accepter les perdiem, d’autant qu’ils savaient qu’ils seraient logés par l’Etat du Tchad à chaque fois. Ou bien qu’ils auraient pu d’eux-mêmes se mettre à restituer les sommes reçues au départ avant d’y être contraints par des retenues sur salaire après une dénonciation. Je m’étonnais qu’il ait fallu attendre des protestations et que la Justice sénégalaise soit accablée, suite à une révélation du journal L’Enquête, sous la plume du journaliste Momar Dieng, dans un article en date du 13 octobre 2014, pour daigner rembourser par moratoires.
Les 13 avocats qui s’étaient constitués pour le magistrat Téliko se ruèrent sur moi, l’injure, l’invective à la bouche. Ils ne voudront plus me laisser parler. J’étais systématiquement interrompu. Les avocats m’encerclèrent devant la barre et certains d’entre eux criaient à tue-tête. Je criais autant qu’eux. Un bien ridicule spectacle ! Mes conseils me mirent en garde de faire gaffe, car manifestement, l’objectif était de me provoquer pour m’amener à commettre un impair et donc être fatalement poursuivi pour troubles à l’audience ou outrage, ou on ne sait quel autre délit encore. Souleymane Téliko se déchaîna et m’accusa d’avoir une mauvaise réputation, pour avoir été poursuivi, du temps où j’étais greffier, de viol et d’escroquerie. L’accusation ne pouvait être ignorée. Je demandais au Tribunal que la déclaration soit dûment consignée dans le plumitif d’audience, car j’entends lui donner une suite judiciaire. Les avocats de la partie civile ont soutenu que les preuves brandies ne sauraient être suffisantes, car j’avais évoqué à l’émission «Grand Jury» un «rapport de l’Union européenne» et que seul un rapport estampillé Union européenne serait la bonne preuve. L’argument a pu faire sourire de nombreuses personnes présentes dans la salle. Moi-même dans un rire, je les ai nargués en disant : «Si j’ai parlé d’Union européenne, c’est peut-être un lapsus linguae, à une émission radio, mais que le fond demeure incontestable et le document est bel et bien un document officiel émanant d’une institution de l’Union africaine.» Peut-être qu’il ne fallait pas parler de «lapsus» ou de langue qui aurait fourché, car c’est ce que beaucoup de personnes ont voulu retenir de ce procès et cela a été présenté, dans certains médias, comme «une reculade de Madiambal».
Les âpres négociations avec Souleymane Téliko avant le verdict
Je dois avouer que j’étais sorti de l’audience, soulagé et assez confiant. N’empêche, j’ai immédiatement saisi le ministre de la Justice pour lui demander, au regard de la loi organique portant Statut des magistrats, de me donner l’autorisation de poursuivre Souleymane Téliko devant la Chambre criminelle de la Cour suprême. J’attends encore sa réponse. De même, j’ai saisi le bâtonnier de l’Ordre des avocats d’une plainte disciplinaire contre Me Bamba Cissé, un des avocats de Souleymane Téliko, qui m’avait copieusement insulté à la barre. J’ai indiqué au Bâtonnier que l’attitude de nombreux avocats à l’endroit de justiciables à qui ils manquent de respect, qu’ils injurient, vilipendent, dénigrent et jettent publiquement en pâture ne saurait être conforme aux bonnes règles professionnelles et déontologiques. Ironie du sort, un des avocats qui me brocardaient devant la barre me trouva au parking du Tribunal, à la fin de l’audience, pour me témoigner de sa sympathie et de son estime.
Mon fils Serigne Saliou Diagne, administrateur du journal Le Quotidien, qui était à mes côtés, a failli vomir d’horreur devant une telle duplicité. Je lui prodiguai, m’inspirant de Richard Kipling : «C’est une leçon de vie. Tu seras un homme mon fils, quand tu arriveras à comprendre le jeu de rôles des personnes sans accepter de te renier.»
A la fin du procès, de nombreuses personnes du monde judiciaire ainsi que des journalistes m’ont approché afin de chercher à faire la médiation pour calmer l’ardeur des deux parties. Je partage avec Souleymane Téliko des amis communs. Je reçus chez moi deux d’entre eux, le vendredi 11 juin 2021 (un ancien magistrat et un Professeur de Sciences juridiques), qui se sont dit très peinés par cette situation. Ils avaient préalablement recueilli l’accord de principe de Souleymane Téliko de trouver une formule pour empêcher le rendu d’un verdict quelconque par le Tribunal. Un rabat du délibéré pourrait en effet être demandé pour formaliser le désistement de la partie civile.
Pour ma part, je devais accepter, dans un accord écrit, de «retirer toute caractérisation qui aurait pu conduire Souleymane Téliko à saisir la justice et qu’il retirait, de son côté, les accusations qu’il avait portées contre ma personne». J’avais accepté le principe d’un règlement amiable, mais je tenais à ce que l’accord précise que les accusations faites par Souleymane Téliko étaient totalement fausses et dénuées de tout fondement. Plusieurs moutures ont pu être échangées pour, disaient les médiateurs, éviter d’humilier qui que ce soit. J’insistais sur la nécessité de clarifier la question des accusations de viol et d’escroquerie d’autant plus que, par un heureux hasard, l’un des médiateurs se trouvait être le chef du personnel au ministère de la Justice du temps où je prenais mes fonctions de greffier et jusqu’à ma démission volontaire de la Fonction publique sénégalaise. Je trouvais que cette personne était un témoin privilégié des conditions dans lesquelles j’avais eu à exercer les fonctions judiciaires et qu’en conséquence, elle peut attester de la fausseté des affirmations de Souleymane Téliko. Notre ami m’affirma qu’il a bien eu à le faire savoir à Souleymane Téliko. Mais le mardi 15 juin 2021, dans la soirée, après que mon avocat Me Baboucar Cissé venait d’envoyer la version que je considérais comme la dernière, la rumeur a circulé que le Tribunal avait fini de délibérer, que le verdict qui sera rendu le jeudi 17 juin 2021 condamnait Madiambal Diagne à une peine de 3 mois de prison et à payer la somme de 10 millions de francs à Souleymane Téliko. J’ai eu à insister auprès de journalistes d’au moins trois organes de presse, qui étaient informés, de ne pas publier l’information. J’expliquais que ce serait une grave violation du secret des délibérations et que cela jetterait le discrédit sur l’institution judiciaire. Je dois dire que certains de mes proches n’étaient pas de cet avis, considérant qu’à la guerre comme à la guerre. De toute façon, à partir de cet instant, Souleymane Téliko et ses conseils n’ont plus donné de suite à la médiation. Le mercredi matin, j’eus une discussion avec Me Baboucar Cissé, lui demandant de ne surtout pas relancer l’autre partie.
Effectivement, la messe était bien dite. Le lendemain, le jeudi 17 juin 2021, le verdict a été rendu. Pour ma part, je poursuivrai inlassablement le combat de la préservation de mes droits devant les institutions judiciaires par toutes les voies de droit. Si, en dernier ressort, je sortais condamné, j’accepterais stoïquement la peine et je n’attendrais pas d’être appelé pour l’exécuter. Que nul n’en ignore ! Il me plaira de saluer le courage de mes conseils Me Baboucar Cissé et Me Abdou Dialy Kane qui avaient tout à perdre en assurant ma défense et n’avaient peut-être à gagner que la satisfaction d’avoir défendu la veuve et l’orphelin pour faire honneur à leur serment d’avocat. Pour l’heure, mes avocats ont interjeté appel le… 18 juin 2021. Comme De Gaulle en 1940, nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.
Par Abdoulaye THIAM
DÉRIVES COMMUNAUTAIRES ET RECONNAISSANCE DES COLLABO
Les recommandations du chef supérieur des Lébous à l’issue de leur journée de communion du 12 juin dernier constituent une dérive communautaire que tous les Sénégalais devraient condamner afin qu’elle ne fasse pas tache d’huile
Le 5 août 2017, Sud Quotidien avait alerté sur les dérives qui menacent «notre commun vouloir de vie commune». Nous avons également indiqué que trois irrédentismes sont à éviter pour ne pas brûler notre cher Sénégal. Il s’agit de l’irrédentisme régional, l’irrédentisme religieux et enfin, l’irrédentisme ethnique. Nous avons d’ailleurs frôlé le chaos avec le premier notamment avec la crise casamançaise déclenchée en 1982 dont les plaies sont encore béantes nonobstant la paix des braves prônée par le Chef de l’Etat et quelques membres du mouvement irrédentiste.
Nous avons publié un autre édito, le 7 juin 2021, allant toujours dans le sens d’alerter sur les discours de haine et autres traitements de certains sujets dans les médias. Sans prétention aucune, nous allons continuer à jouer ce rôle de vigie, de veille, d’avant-gardiste, pour ne pas dire de sentinelle, dévolu aux médias. Voilà pourquoi, nous déplorons une maladresse contenue dans les recommandations du chef supérieur des Lébous à l’issue de leur journée de communion tenue à la Mosquée de la Divinité, en présence des représentants des 121 villages du terroir Lébou, le 12 juin dernier. Dans un communiqué parvenu aux médias, «il est recommandé aux électeurs des différentes localités de la région de Dakar de soutenir les listes conduites par les candidats lébous».
Pis, lit-on sur des sites "pour les élections locales du 23 janvier 2022, les Lébous n’accepteront plus qu’on leur impose des candidats. Ils défendront dans chacun de leurs villages et ’’pencc’’, leurs candidats. Et aujourd’hui, pour la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye est notre candidat. Pour la mairie de la ville de Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr est notre candidat." Il s’agit là d’une dérive communautaire d’une rare violence que tous les Sénégalais devraient condamner avec la dernière énergie afin qu’elle ne fasse pas tache d’huile. De tels discours n’ont aucune place dans une République encore moins dans une démocratie. C’est d’ailleurs ce qu’a compris, Abdou Khadre Gaye, membre du comité scientifique qui a bien fait de «recadrer» ces dérives ethniques et égocentriques qui risquent même d’être contreproductives pour Abdoulaye Diouf Sarr et Alioune Ndoye qui ont été portés légitimement à la tête de la mairie de Dakar-Plateau par des Sénégalais et non par une seule communauté. Dakar est un véritable creuset, un melting-pot et elle le restera jusqu’à l’extinction du soleil. Tout comme le Sénégal restera un pays, un et indivisible. Chapeau bas alors à M. Gaye d’avoir rappelé le caractère «arcen-ciel de la population» dakaroise, dont nous devrions être tous fiers.
LE SILENCE COUPABLE DES ACTIVISTES, DE LA SOCIETE CIVILE ET DES POLITIQUES
Autant, il nous plait de relever l’alerte de M. Gaye, sur la dangerosité des propos, autant nous nous étonnons de l’omerta, du silence coupable des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques, toute obédience confondue. Pour moins que ça, il sont montés au créneau pour occuper les plateaux de télévisions, les ondes des radios et remplir les colonnes des journaux et autres sites friands de «buzz» et du sensationnel. C’était le cas des gravissimes propos tenus par le député et non moins président du Conseil départemental de Ranérou, Aliou Dembourou Sow, dans un cadre privé, avant d’être partagés dans les réseaux sociaux. Nous les avions condamnés (voir Sud Quotidien 13 octobre 2020). Tout comme nous avions condamné les propos tenus par Ahmed Khalifa Niass qui avait soutenu que la «Génération du Concret est dirigée par un caste de toucouleurs sans troupes, ni troupeaux». Imaginons un seul instant si les Sereres venaient à déclarer que ne peut être maire dans le Sine qu’un des leurs.
Si les peuls du Fouladou en faisaient de même à Kolda. Les Socé du Pakao pour Sédhiou, etc. Heureusement que la plupart des Sénégalais ont compris que l’identité ne se compartimente pas. Nous sommes tous à la fois, lébou, sérère, wolof, peul, diola, mandigngue etc. Sinon, ce serait là, une des meilleures façons de remettre en cause le caractère indivisible de notre Nation encore en construction. Notre étonnement devant le silence des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques est d’autant plus grand que certains, parmi les auteurs de ces propos seraient des récidivistes. Ils se sont récemment encore distingués jusqu’à la désignation ainsi que de la succession de l’imam de la Grande Mosquée de Dakar.
Si on en arrive jusqu’à ethniciser l’imamat, c’est que le Sénégal a atteint l’Everest du danger. Ne nous étonnons donc pas de la remise en cause du leadership maraboutique de plus en plus chahuté. Pourtant Thierno Souleymane Baal, leur avait prévenu dans ses recommandations. «Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ; combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ; veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ; l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ; choisissez toujours un homme savant et travailleur ; il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ; fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude», avait dit le Chef de la Révolution dite Torodo de 1776. Quant à Saint Augustin (né le 13 novembre 354, mort le 28 août 430), canonisé en 1298 par le pape Boniface VIII, il disait : «se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique». Mais Dieu reconnaitra les siens !
LE SENEGAL, UN PAYS DE PARADOXES
En France, les collaborateurs et leurs descendants rasent les murs. D’ailleurs, il a fallu attendre 2015, pour qu’un document recensant le nom de 100 000 personnes qui ont collaboré avec l'occupant nazi soit déclassifié. Selon le site francetvinfo.fr que nous avons visité, «plus de 95 000 d'entre eux ont été jugés et condamnés à des peines de prison plus ou moins lourdes. 791 ont été exécutés». Au Sénégal, certains historiens soutiennent que des Chefs de canton ont eu un rôle similaire en tant que relais du colonisateur au niveau de l’administration territoriale. De 1855 et 1960, ils ont servi les gouverneurs français dans le Fouta Toro, le Djolof, le Walo, le Cayor, le Baol, le CapVert, le Sine, le Saloum, le Bara, le NianiOuli, le Galam, le Bondou, le Damantan, le Bademba, le Bélédougou, le Fouladou, le Guimara, le Pata, le Kamoko etc. D’aucuns auraient commis des atrocités qui dépasseraient l’entendement notamment face à certains de leurs concitoyens qui n’avaient pas ou refusé de payer l’impôt devant être remis au maître blanc. Ces derniers étaient souvent enfarinés et/ou humiliés publiquement devant femmes et enfants dans le but d’intimider d’éventuels récalcitrants. Mais le Sénégal étant un pays des paradoxes, récemment, on a poussé l’outrecuidance jusqu’à honorer les relais du l’ancien oppresseur.
Toutefois, cela ne devrait étonner personne. Le Président de la République avait dans le cadre de la rationalisation des dépenses de l’Etat, enterré le projet de Me Wade, relatif à l’indemnisation des chefs de village. Paradoxalement, pendant que tous les pays luttent contre la récession à cause de la covid-19 et que le Sénégal organise une résilience pour sauver son économie, il opère un virage de 360 degrés pour valider la «révolution» wadienne. Ce qui risque d’être un précédent dangereux dans certains villages où les chefs sont de plus en plus contestés et, manifestement ne jouent plus leur rôle d’antan. Pis, l’indemnité aussi modique soit elle (50.000 F CFA), va davantage aiguiser des appétits devant déboucher sur de mortal kombat dans la succession en cas de vacances de pouvoir. Alors que ce titre de chef de village était devenu tout simplement honorifique.
L’HÔTEL LA PIERRE DE LISSE BRAQUÉ
C’est aux environs de 03 heures du matin, lorsqu’une dizaine de personnes armées de machettes et autres, débarquent sur les lieux, par la mer
L’hôtel ’’La pierre de Lisse’’, situé à Popenguine, a été victime d’un braquage ce week-end.
C’est aux environs de 03 heures du matin, lorsqu’une dizaine de personnes armées de machettes et autres, débarquent sur les lieux, par la mer. Ils maitrisent d’abord le personnel de sécurité présent sur la plage, avant d’accéder au réceptif. Les membres du personnel et les vigiles également tenus en respect, les malfaiteurs visitent les chambres et s’en prennent aux clients. Les plus récalcitrants auraient été violemment tabassés.
Argent, bijoux, téléphones, effets personnels, les braqueurs emportent tout avant de s’évaporer dans la nature, à bord d’un des véhicules des clients. La gendarmerie, qui mène l’enquête, a retrouvé le véhicule volé abandonné à quelques kilomètres de là, à Saly, d’après le récit de L’Obs.
Outre les blessés et les dégâts matériels, de fortes sommes d’argent non encore évaluées auraient été emportées.
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L'URGENCE DE L'INDÉPENDANCE DES MÉDIAS
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre éditorialiste, Alymana Bathily, nous replonge dans ses propositions formulées à l'attention des candidats à la présidentielle de 2019 pour une presse forte et indépendante. Un plaidoyer qui reste d'actualité
Alymana Bathily revient dans ''Les notes des écrits'', rubrique consacrée aux auteurs des différents contenus publiés en marge du projet ''Enjeux 2019-2024'', sur les tares de la presse sénégalaise. Influence des pouvoirs politiques, manque de moyens, sont autant d'obstacles à un secteur médiatique viable, selon l'éditorialiste de SenePlus.
Son diagnostic dressé dans l'article "Sauver les médias, c'est impératif", évoque les médias de service public notamment, trop longtemps vampiriés par les différents régimes politiques successifs.
''Enjeux 2019-2024'' est un livre publié par SenePlus en collaboration avec Osiwa dans le sillage de la présidentielle de 2019.
UNE FÉMINISATION QUI TARDE
Quand une femme publie un livre, est-elle auteure ou autrice ? Ecrivain, écrivaine, femme de lettres ? Ou simplement romancière, essayiste ? La question révèle les difficultés de l'indispensable féminisation de la littérature française
Femmes de lettres, 101 auteures essentielles", proclame le magazine Lire à la une d'un hors-série paru vendredi.
Mais dans ce même numéro, le journaliste qui s'est entretenu avec Elfriede Jelinek prend le contre-pied: "Oui, je suis une autrice comique", dit l'Autrichienne, prix Nobel de littérature 2004.
Extrêmement rare avant 1990, préconisé d'abord au Canada, "auteure" a été adopté en 1999 par le "Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions" du CNRS. Puis reconnu par l'Académie française 20 ans plus tard.
Il subit aujourd'hui la concurrence de plus en plus forte d'"autrice" (comme actrice, rédactrice, etc.), qui revient à notre époque après un long sommeil.
"Nous sommes encore dans une période de transition. L'Académie l'observe", déclarait en 2019 l'académicienne Dominique Bona, interrogée par Libération. L'institution, dans un rapport sur la féminisation signé de quatre membres, trouvait même du mérite à "auteur" pour une femme, en le rapprochant du cas de "médecin".
- "Elle dit écrivaine!" -
La question n'est pas nouvelle. Jules Renard, dans son journal le 6 mars 1905, note (avant des piques misogynes dont il est coutumier): "Les femmes cherchent un féminin à auteur".
Dans ce même numéro de Lire, qui rend hommage à Virginia Woolf, Madeleine de Scudéry ou Toni Morrison, on lit que "37% des écrivains sont des écrivaines". Un mot qui fait bondir certaines femmes.
Christine Angot, par exemple, tient à celui d'écrivain. "Moi je suis écrivain, je suis pas écrivaine. Pourquoi? (...) Parce que quand je dis que je suis écrivain, voyez, dans la tête des gens, il y a quoi? Il y a quelqu'un en train d'écrire. Et quand je dis que je suis écrivaine, on dit: tiens, elle dit écrivaine!", lançait-elle à la télévision en 2017, agacée que l'universitaire et femme politique Sandrine Rousseau écrive "auteure".
Si elle s'est accélérée à notre siècle, l'évolution a été extrêmement lente au XXe. Françoise Sagan, Marguerite Yourcenar ou Simone de Beauvoir n'ont probablement jamais eu l'occasion d'entendre qu'elles étaient autrice ou écrivaine, des termes dénoncés de leur vivant comme des barbarismes.
- Plafond de verre -
"L'insécurité linguistique en France est très forte, avec cette peur de ne pas parler comme il faut. Et les Français pensent que la langue doit être régentée d'en haut, alors qu'en réalité elle évolue depuis le bas", explique à l'AFP Véronique Perry, linguiste de l'université de Toulouse Paul-Sabatier.
Elle préfère à titre personnel auteure, mais insiste pour "que chacun, chacune soit libre de se désigner selon sa préférence. Ecrivain ou écrivaine: on n'a pas à reprendre les gens quand ils parlent d'eux-mêmes!"
Eliane Viennot, historienne de la langue française, défend autrice avec ferveur. "C'est le mot qui est en train de gagner, et je parie que dans cinq ans très peu de gens écriront encore auteure", affirme-t-elle à l'AFP.
Ce retour en grâce suit des siècles de répression des féminins par l'Académie française. "Il y a des domaines marqués comme masculins: l'écriture, la parole publique, la philosophie... L'idée qui a été vendue aux femmes, et à laquelle elles ont dû se plier, c'était que là, comme en politique, il valait mieux penser au masculin", dit celle qui signe "professeuse émérite". "Longtemps on leur a refusé le nom qu'il faut. Et même si elles écrivaient autant que les hommes, c'était face à la désapprobation publique".
Le plafond de verre, dans un secteur de l'édition très féminin (74% des emplois en 2016, selon le dernier rapport social de branche), existe toujours. Depuis 2000, les hommes ont raflé 18 prix Goncourt et 14 prix Nobel de littérature sur 21.
par Malick Sy
MARIÈME FAYE SALL, PREMIÈRE DAME DE L’OPPOSITION AU TROISIÈME MANDAT
Moustapha Diakhaté, Mame Mbaye Niang et Adama Faye sont les missi dominici anti-troisième mandat au service de Marième Faye Sall. C'est un énorme dos-d’âne sur la route des thuriféraires du président qui roulent pour une candidature de Macky
C’est qu’elle est comme ça Marième Faye Sall. Femme au sommet, mais plus madame tout le monde que Première dame. Du moins jusqu'ici. Et les Sénégalais, dans leur immense majorité, le lui rendent bien. Tant les opinions sont laudatives dès qu’il est question de l’épouse du président. Une beauté et un charme bien sénégalais qui n’ont d’égales que les surenchères hagiographiques qu’elle génère rien qu’à l’évocation de son nom. De quoi rendre envieux son président de mari, empêtré depuis quelques mois, dans un persistant et large mouvement de défiance populaire.
Mais, qu'elle n’est pas que ça non plus la Première dame du Sénégal. Bâtisseuse en taille basse de la carrière politique de son époux avec une simplicité, une élégance et une empathie faites de communication, elle a été le cerveau opérationnel de la machine qui a forgé l’ascension de Macky Sall à la plus haute fonction de l’État. Ce qui fait encore dire que sans elle, lui ne serait peut-être pas président de la République. Discrète, imprévisible, mais très impliquée, la voilà propulsée au cœur du pouvoir après la victoire de son mari en 2012. Marième irradie le Palais. Le Sénégal est sous le charme.
Le collège des « anti troisième mandat » de madame
Empreinte intellectuelle minimale, mais influence politique maximale. L'épouse du président suscite toutes sortes de conjectures quant à son influence sur la marche du pays et sur son président de mari. Chacune de ses rarissimes déclarations est guettée et disséquée, sa moindrissime confidence, analysée et commentée.
Il fallait donc bien s’attendre aux torrents de commentaires suite à la déclaration surprise de Moustapha Diakhaté, proche parmi les proches de Marième Faye Sall, annonçant que « la Première dame n’est pas dans une logique de troisième mandat. » Même si l'auteur de ces propos s’est mis depuis en mode rétropédalage, son brusque revirement n’aura pas suffit à tarir le flot de supputations quant à une possible fracture du couple présidentiel sur la question du troisième mandat.
Les analystes n’avaient pas fini d’épiloguer sur cette spectaculaire annonce que Mame Mbaye Niang, autre membre étoile du tout premier cercle de la Première dame y allait lui aussi de sa vulgate anti-troisième mandat avertissant « qu’il ne soutiendra pas le président dans sa quête d’un autre mandat. » Venant du chef de cabinet du chef de l’État, cela fait quand même un peu désordre. Mais il fallait quand même oser.
Seulement voilà, la quasi-concomitance de ces deux annonces, faites dans deux émissions phares d’un même groupe de presse laissent peu de place à la simple coïncidence. Comme en miroir à la surprise provoquée par les déclarations de ces deux piliers de la galaxie autour de la Première dame, il y eut la tribune au ton pamphlétaire dans laquelle Adama Faye, frère de Marième Faye Sall, étrille le chef de l’État. Un réquisitoire impitoyable contre son beau frère qu’il soupçonne entre les lignes de vouloir briguer un troisième mandat. Un discours d’une rare violence où chaque mot siffle comme une balle. Peu habituel lorsque l’on s’adresse à l’époux de sa sœur dont Adama Faye dénonce « l'excès de pouvoir et le comportement de dictateur ou de monarque qui inquiètent plus d’un. » N’en jetez plus. Le déversoir est plein.
Désordre à tous les étages et suspense étouffant à tous les niveaux
Difficile de croire que ces hommes à tout faire du clan de la Première dame ne parlent pas sur commande. Tout laisse à penser que Moustapha Diakhaté, Mame Mbaye Niang et Adama Faye sont les missi dominici anti-troisième mandat au service de Marième Faye Sall dont il se susurre de plus en plus qu’elle veut mettre son mari en quarantaine de la présidentielle de 2024. Nul doute que les fantassins marron-beige du président ne tarderont pas à ajuster les snipers de la Première dame dans cette guerre des tranchées tout au sommet de l’intimité du Palais.
Une chose est sûre, toute cette saga des « anti-troisième mandat » dont les partisans de la Première dame orchestrent la médiatisation est un énorme dos-d’âne placé sur la route des thuriféraires du président qui roulent plein phare et klaxon bloqué pour une candidature de Macky Sall.
Le Sénégal semble se diriger inexorablement vers un vaste arc de crise qui risque de provoquer un désordre à tous les étages du pays. La question du mandat est en train de crisper le climat politique et d'empester l’ensemble de la sphère publique. Mais jusque là, aucun signe tangible n’est venu du Palais pour en dissiper définitivement l’odeur persistante. C’est un suspense étouffant et anxiogène qui est en train de gagner le pays au fur et à mesure que l’on s’approche de la prochaine échéance présidentielle. Le Sénégal est assis sur un volcan dont les cendres de la dernière éruption explosive de mars dernier n’ont pas encore fini de se dissiper.
En se mettant hors « logique d’un troisième mandat » présenté comme celui du chaos par l’opposition sénégalaise, la Première dame tenterait-elle d’éteindre la mèche qui pourrait déclencher une déflagration dont il est difficile de prédire l’échelle et l’ampleur ? « L’affaire Ousmane Sonko » et les émeutes meurtrières qui s’en sont suivies ont failli emporter le pouvoir de son mari. Le régime de Macky Sall s’était dangereusement approché du précipice. L’obsession d’un mandat additionnel risque-t-elle de le faire tomber dedans ?