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2 mai 2025
Société
LES FAITS D’UNE PRATIQUE
Le faible taux de déclaration des naissances, mariages et décès s’explique par divers facteurs socioculturels et administratifs, selon les résultats d’une étude sur les déterminants socioculturels de la non déclaration des faits d’état civil.
Le faible taux de déclaration des naissances, mariages et décès s’explique par divers facteurs socioculturels et administratifs, selon les résultats d’une étude sur les déterminants socioculturels de la non déclaration des faits d’état civil. Le phénomène est plus prégnant dans la région de Kaffrine, alors que les femmes et les ruraux accordent moins d’importance aux enregistrements d’état civil.
«L’état des personnes n’est établi et ne peut être prouvé que par les actes de l’état civil.» Cette réalité ne s’applique pas chez nous. Malgré les efforts consentis par l’Etat, l’enregistrement des faits d’état civil demeure une préoccupation majeure au regard des données du dernier Recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage (Rgphae) de 2013, réalisé par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Il faut savoir que 72,7% des mariages ne sont pas déclarés contre 65,2% des décès, alors que 16,6% de la population totale ne possèdent aucun acte d’état civil. «Cette situation est plus préoccupante en milieu rural avec 26,9% sans acte d’état civil, pour les analphabètes 18,4% et les personnes n’ayant aucun niveau d’instruction 23,9%», s’indigne Assane Ndiaye, fonctionnaire au ministère de l’Economie, du plan et de la coopération. M. Ndiaye s’exprimait hier à l’atelier de partage de l’étude sur les déterminants socio-culturels du faible enregistrement des faits d’état civil au Sénégal.
D’après Cheikh Moussa Camara, conseiller et expert en développement, ce faible niveau d’enregistrement des faits d’état civil demeure lié à des facteurs sociaux, culturels et institutionnels qui étaient jusque-là peu connus. Il s’agit de l’ignorance de l’utilité de l’état civil, des procédures de déclaration et des textes réglementaires, la faible implication des auxiliaires d’état civil, et la faible collaboration entre les acteurs de la santé et des services de l’état civil.
Les parents sans papiers d’état civil, la non effectivité de la gratuité de la déclaration des naissances faite dans les délais sont aussi des éléments favorisant les non déclarations des faits d’état civil. Sans oublier l’inaccessibilité géographique des centres d’état civil, l’idée selon laquelle seul le père peut déclarer l’enfant. Par ailleurs, la déclaration des mariages est souvent entravée entre autres par la primauté donnée au mariage religieux, la perception selon laquelle le certificat de mariage n’est utile que pour les salariés du secteur public et privé, la perception par certains hommes du certificat de mariage comme une puissante arme pour les femmes qu’elles peuvent utiliser en cas de divorce pour obtenir des avantages financiers tels que la pension alimentaire que le mari doit verser. Il y a également le problème de la polygamie. «Certains hommes ne veulent pas déclarer le mariage à la mairie pour éviter d’avoir à choisir l’option de la monogamie», souligne le présentateur de l’étude. Les facteurs entravant la déclaration des décès sont quant à eux liés à l’analphabétisme et à la négligence, la perception selon laquelle le certificat de décès n’est utile que pour les salariés du secteur public et privé, la confusion entre certificat de décès et celui d’inhumation, les croyances et autres facteurs socio-culturels, entre autres.
LE CAS DE KAFFRINE
Les qualités et perceptions des centres d’état civil jouent un rôle dans la déclaration ou non des faits d’état civil, notamment les lenteurs dans l’obtention des documents, l’absence de suppléant en cas d’absence de l’officier d’état civil, les conditions d’accueil et de travail, le clientélisme politique et le manque de motivation du personnel. Selon les résultats de l’étude, les procédures de déclaration des naissances sont plus connues que celles concernant les décès et mariages.
Aussi, les personnes scolarisées et celles vivant en milieu urbain ont une plus grande maîtrise de la question d’état civil. «Les femmes et les ruraux ont une moindre connaissance des faits d’état civil et de leur procédure d’obtention comparés aux hommes et aux urbains», souligne M. Camara. A l’en croire, les avantages liés à la déclaration des mariages et des décès sont surtout perçus du point de vue des bénéfices financiers que les salariés peuvent acquérir au plan individuel tels que la prise en charge des allocations familiales, les réductions d’impôts et le paiement des pensions.
Les risques du non enregistrement sont plus élevés à Kaffrine concernant les naissances, selon le présentateur des résultats de l’étude qui n’est pas entré dans les détails. Elle vient en tête concernant les mariages suivie des régions de Sédhiou, Louga, Tambacounda, Kolda et Kédougou. Kaffrine figure encore en première place pour ce qui est de la faible déclaration des décès, devançant Kaolack, Kédougou...
«ASSURER LA PAIX AU MALI, C’EST GARANTIR LA PAIX AU SENEGAL»
La grande muette prend la parole. En marge de la Journée mondiale des casques bleus, le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais au Mali, a fait face à la presse pour partager le quotidien de ses troupes.
La grande muette prend la parole. En marge de la Journée mondiale des casques bleus, le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais au Mali, a fait face à la presse pour partager le quotidien de ses troupes. De la menace terroriste en passant par l’acception des Maliens de la présence onusienne, le patron des Jambars au Mali se livre.
«Assurer la paix au Mali, c’est garantir la paix au Sénégal.» Le capitaine Baba Diop en est convaincu. Mais cette mission n’est pas de tout repos. Les 850 Jambars présents sur le théâtre des opérations dans le centre du Mali doivent composer au quotidien avec le regard réprobateur des nationalistes qui sont contre la présence onusienne. Ce n’est pas le seul obstacle qu’ils doivent éviter. D’après le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais établi à Mopti et Gao, les Jambars «doivent faire face aux milices d’auto-défense, à des engins explosifs et des attaques de convoi».
Le principal défi reste l’acceptation des populations qui voient d’un mauvais œil la présence des Armées étrangères. Pour y parvenir, l’adjudant Angélique Sylva, à la tête de la cellule sociale, s’évertue, par des dons de médicaments, des consultations et des distributions de vivre, à corriger cette situation. Hier, lors d’une conférence de presse en ligne, les casques bleus sénégalais étaient face aux journalistes de leur pays pour expliquer dans les détails leur quotidien au front.
Revenant sur leurs conditions de travail, le colonel Sarr affirme : «Nous avons eu 4 mois de préparation. Nous avons été à Thiès, à Falémé et à Dodji qui ont la particularité de présenter les mêmes conditions climatiques que le centre du Mali.» Interpellé sur la menace terroriste aux portes du Sénégal, il a expliqué que les manœuvres faites au Mali auront un impact au Sénégal. Mais au cas où la menace franchirait la frontière, il rassure : «Des unités spéciales s’entraînent à juguler la menace. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre les manœuvres de Falémé 2020.»
Par Yoro DIA
MALI, EN ATTENDANT LES RUSSES
Le Mali, qui a déjà commis une erreur en sous-traitant durablement sa sécurité, est en train d’en commettre une autre de plus en attendant les Russes. L’urgence pour le pays, ce ne sont pas les combines politico-militaires et les révolutions de palais
«Comme chef d’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût chef et qu’il y eût un Etat.» Ainsi parlait de Gaulle de Albert Brun, président de la République française de 1932 à 1940. On est tenté de dire la même chose du colonel Assimi Goïta, le nouveau président de la transition au Mali. Peut-être qu’il sera chef ? Nous le saurons bientôt, mais est-ce qu’il aura un Etat ? La réponse est «Non».
Le «coup d’Etat dans le coup d’Etat» parachève le long processus de l’effondrement de l’Etat au Mali. En s’enfermant dans une «transitologie» permanente, le Mali ne fait que décaler l’essentiel : reconstruire un Etat, reconstruire une Armée pour défendre son territoire. Le parapluie dont le pays bénéficie depuis presque dix ans aurait dû servir à mobiliser la Nation autour de cet objectif, dont dépend la survie du pays, mais malheureusement l’Armée malienne semble être au même niveau qu’en 2012, quand la France arrêtait les hordes jihadistes dans leur descente vers Bamako.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta, par inconscience politique et historique, a fait perdre au Mali les 7 années les plus importantes de son histoire. Et comme je le dis souvent ici : le temps est le meilleur allié des jihadistes. Le Mali va très mal parce qu’il est autant évident que les Français partiront, que les Russes ne viendront pas.
Le fait aujourd’hui que tout l’espoir du Mali se fonde non pas sur ses armées, mais sur une hypothétique intervention des Russes, après celle des Français, montre le degré de désespoir dans ce pays, mais aussi et surtout que plus personne ne compte sur l’Armée du Mali. Quand je discute avec des amis maliens, ils donnent l’exemple de la Syrie où le régime Assad a été sauvé par les Russes. En Syrie, l’intervention russe était principalement aérienne, pour appuyer l’Armée de Assad qui combattait au sol. En Syrie, l’Armée de Assad, composée presque exclusivement des Alaouites (le clan minoritaire au pouvoir), se battait pour la survie non seulement du régime, mais surtout de la minorité alaouite.
En Syrie, Bachar et son Armée ont très tôt appréhendé les conséquences désastreuses d’une chute du régime ; d’où cette énergie du désespoir qui a été à l’origine de la survie. Au Mali, c’est presque le contraire, avec le grand écart qu’il y a entre la gravité de la menace sur la survie du pays et l’insouciance qu’il y a à Bamako, où le retour du vieux routier politicien Choguel Maïga marque aussi le retour de la politique politicienne. Autant le premier coup d’Etat pouvait être considéré comme un sursaut face au naufrage du Mali, autant le coup d’Etat dans le coup d’Etat ferme la parenthèse de ce qui devait être le dernier sursaut et le retour de la politique politicienne.
L’urgence nationale pour le Mali, ce ne sont pas les combines politico-militaires et les révolutions de Palais ou de camp militaire, mais c’est de préparer son Armée face aux jihadistes qui vont reprendre leur marche vers Bamako dès que la parenthèse de la force expéditionnaire sera fermée, à moins que psychologiquement on ait déjà accepté la défaite et le règne des islamistes de Kayes à Kidal, car il est sûr que ces derniers, qui ont pris un ascendant sur l’Armée malienne, ne vont plus se contenter de la partition, mais voudront prendre tout le pays.
Et n’eut été le coup d’arrêt de l’opération Serval, ils l’auraient déjà fait. Le Mali, qui a déjà commis une erreur en soustraitant durablement sa sécurité, est en train d’en commettre une autre de plus en attendant les Russes qui seront comme le fameux «En attendant Godot» de Samuel Beckett, car les russes ne viendront pas. Ceux qui misent sur cette naïveté stratégique le paieront cash politiquement.
SUICIDE DE ABDOU FAYE, UN DES COMPLICES DE BOY DJINNÉ
Abdou Faye, un des complices de Baye Modou Fall « Boy Djinné », arrêté en même temps que le fugitif à Missirah (Tambacounda), s’est suicidé hier nuit au sein du commissariat central de Dakar
Abdou Faye, un des complices de Baye Modou Fall « Boy Djinné », arrêté en même temps que le fugitif à Missirah (Tambacounda), s’est suicidé hier nuit au sein du commissariat central de Dakar.
Entendus et confrontés à Boy Djinné, les trois complices Dame Sy, Cheikh Ndiaye et Abdou Faye, pourraient faire face au procureur aujourd’hui puisque ayant bénéficié d’un retour de parquet. Ce sera donc sans Abdou Faye qui a préféré se donner la mort dans des circonstances dont nous ignorons les détails pour le moment.
LA RESPONSABILITÉ DE LA POLICE EST ENGAGÉE
Abdou Faye, une des personnes arrêtées avec "Boy Djinné" a perdu la vie au commissariat central. Il se serait suicidé. Mais, Seydi Gassama espère qu’une enquête sera ouverte
Abdou Faye, une des personnes arrêtées avec "Boy Djinné" a perdu la vie au commissariat central. Il se serait suicidé. Pour l’instant, nos tentatives pour prendre la version de la hiérarchie policière et des avocats de Boy Djinné sont restées vaines. Mais, Seydi Gassama, défenseur des droits humains, estime que la responsabilité policière est engagée.
«La responsabilité de la police est engagée et il faut enquêter pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles cette personne a pu se suicider», a déclaré le patron d’Amnesty Sénégal.
«Quelqu’un qui est gardé à vue est censé être à la vue de la police qui doit non seulement le surveiller dans cette chambre de sûreté mais elle doit aussi s’assurer qu’il n’y entre avec aucun élément qui puisse lui faire du mal, y compris de se suicider par pendaison», indique-t-il.
Pour le "droit de l’hommiste", une telle situation «est quand même assez curieuse et regrettable». Il espère qu’une enquête sera ouverte pour déterminer les conditions dans lesquelles cette personne a dû se suicider dans cette cellule de sûreté du commissariat central.
Dakar, 9 juin (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) abordent, entre autre sujets, l’éonomie et la politique.
Enquête ouvre ses colonnes au représentant-résident du FMI à Dakar. Dans cet entretien, Mesmin Koulet-Vickot, également représentant-résident du FMI pour la Beceao revient, ’’pour sa première sortie médiatique, après 7 mois à Dakar, sur les détails du dernier financement accordé au Sénégal, les récentes actualités économiques notamment le débat sur l’annulation de la dette, le niveau d’endettement du Sénégal et le débat sur l’opération de rétrocession des réserves de change de la Bceao’’.
Selon Mesmin Koulet-Vickot, ’’le Sénégal a la capacité de continuer à rembourser sa dette. Le risque de surendettement est modéré, avec des marges limitées à court terme pour absorber le choc’’.
En économie toujours, Walfadjri s’inquiéte ’’des taxes à tout va’’.
’’Au lieu de faire des économies en réduisant son train de vie à grande vitesse, l’Etat impose des taxes à tout va aux entreprises. Ce qui fragilise le secteur productif, qui crie sa détresse, augmente les prix de certains produits et menace l’emploi qu’on cherche à tout prix à relancer. Mais le plus grave réside dans la faible compétitivité du made-in-Sénégal par rapport aux autres pays de la sous-région et les stratagèmes frauduleux dont vont user certains pour exister’’, écrit Walf.
Concernant la politique, Le Témoin s’intéresse à la coalition Taxawu Dakar de l’ex-maire Khalifa Sall. ’’Taxawu Dakar minée par les ambitions’’, selon le journal qui écrit : ’’Affaibli du fait de son inéligibilité, Khalifa Sall se voit déborder de partout par des loups aux dents longues qui veulent diriger la mairie de Dakar’’.
A propos de candidatures, Source A estime que Mary Teuw Niane est ‘’inarrêtable’’. ‘’Moi, je suis candidat à Saint-Louis. Et ma candidature est irréversible comme certains disent irrévocable’’, soutient l’intéressé dans le journal.
Sud Quotidien met en exergue la question des accidents et note que le Sénégal est ‘’en mode rebelote’’. ‘’Les morts causés par les accidents de la route se multiplient. Chaque année, ce sont des centaines de personnes qui perdent la vie sans qu’une solution ne soit trouvée. Et pourtant, depuis des années maintenant, les autorités annoncent différentes mesures dont l’effectivité reste encore un défi’’, souligne Sud.
Tribune aborde les retrouvailles Macky Sall-Aminata Touré au lendemain de leur rencontre et titre : ’’Relation Macky-Mimi : ni oui ni non !’’.
’’Mimi Touré qui a vécu une fracassante disgrâce avec son limogeage et son remplacement à la tête du Conseil économique, social et environnemental reprend langue avec Macky Sall qui l’a reçue. Entre ces deux personnalités qui se séparent et se retrouvent depuis la seconde alternance en 2012, la relation semble se fonder sur le concept +ni avec toi, ni sans toi’’, analyse le journal.
L’As rapporte qu’après Aminata Touré, ’’d’autres frustrés seront reçus au Palais’’. ’’Macky Sall amorce la reconstitution de son appareil’’, affiche à la Une le journal.
Le Soleil enquête sur ’’le plus vieux métier du monde’’ et titre : ’’Prositution : le cycle infernal’’.
’’Le monde de la prostitution dessine des trajectoires bien singuilères. Celles qui s’y trouvent, les professionnelles du sexe (…), en plus de braver les périls, attirent le regard chargé de réprobation d’une société attachée à sa morale’’, écrit le quotidien.
LES TRAVAILLEURS EXIGENT DE L’ETAT LE REMBOURSEMENT D’UNE DETTE DE PLUS DE 57 MILLIARDS
La Poste est en train d’agoniser. Cette terrible nouvelle est du secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs des Postes et Télécommunications (Sntpt).
Les travailleurs du groupe La Poste sont très remontés contre les autorités étatiques qu’ils accusent d’être responsables de la tension financière que connaît leur boîte. Selon eux, l’Etat doit à la Poste plus de 57 milliards FCFA au titre des paiements de Bourses de Sécurité Familiale et de rémunération du service Public. Ils exigent le remboursement total de cette dette dans de meilleurs délais afin de redresser la Poste et de relancer ses activités.
La Poste est en train d’agoniser. Cette terrible nouvelle est du secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs des Postes et Télécommunications (Sntpt). Ibrahima Sarr a fait sa sortie hier lors de l’Assemblée générale organisée par les travailleurs de la boite, pour attirer l’attention de l’opinion publique sur la tension de trésorerie à laquelle ils sont confrontés. A l’en croire, l’entreprise traverse l’une des phases les plus incertaines de son histoire, compromettant ainsi l’avenir de 4.300 agents. Cette situation découle, selon lui, d’une dette de l’Etat du Sénégal estimée à plus de 57 milliards FCFA.
«Rien qu’à titre de paiement des bourses familiales, l’Etat nous doit plus de 20 milliards FCFA sur la rémunération du service public», informe le syndicaliste qui exige le remboursement, dans l’immédiat de tous ces fonds afin de redresser les activités de la boite. Outre l’Etat, le leader du Sntpt et ses camarades flétrissent la gestion du Directeur général. Ils accusent Abdoulaye Bibi Baldé d’avoir augmenté considérablement les charges de l’entreprise par des actes budgétivores inopportuns, dans ce contexte de tension financière aiguë et de baisse drastique du chiffre d’affaires. «Il a adopté un nouvel organigramme avec 42 postes de rang de directeur et 7 postes d’assistants du DG et au rang de chef de département avec avantages indus en nature et en numéraire.
En dehors du nombre important de conseillers techniques, il a installé un cabinet «ministériel» pour caser une clientèle politique, excluant les postiers», assène Ibrahima Sarr qui déplore par ailleurs la signature de contrats de prestataires de services, par le Directeur au profit de ses partisans politiques avec des salaires indécents. «Le premier adjoint au maire de Kolda perçoit 590.000 FCFA/mois et bénéficie d’une dotation de carburant de 322 litres/mois pour un coût estimé à 250.000 Fcfa, soit un montant total de 840 000 FCFA/mois sans aucun rendement pour la Poste. Un conseiller technique au ministère du Commerce est cumulativement nommé responsable de la Communication et des Relations publiques de la Poste avec rang de Directeur, avec un budget global de plus de 600 millions. En plus, il soumissionne et gagne des marchés», révèle le secrétaire général du Sntpt.
A côté de la mauvaise gestion du directeur général de la Poste, le syndicaliste cite également l’octroi des marchés dans différents domaines au beau-frère du DG sous le couvert de Guèye Kandi Service, dont la somme des montants attribués se chiffre à 96.320.000 FCFA entre octobre 2019 et octobre 2020, ainsi que l’octroi de subventions variant entre 1 million et 5 millions à des associations généralement basées dans sa zone politique, et la démolition/reconstruction inopportune des carreaux du hall de la direction générale pour 22 millions FCFA. Il y a aussi la construction de nouveaux bureaux à la direction générale pour un montant global de plus de 100 millions.
«Pourtant, tous ces fonds auraient certainement pu servir à redresser et à relancer l’activité de la Poste. Malheureusement, l’Etat n’assume pas le rôle et la responsabilité qui sont les siens vis-à-vis de la Poste. Non seulement, l’Etat a laissé la situation de l’entreprise s’altérer par une accumulation de résultats largement négatifs, une gabegie instituée en règle de gestion, mais aussi une absence totale de contrôle», s’insurge Ibrahima Sarr. Pour mettre un terme à cette situation, les membres du Sntpt vont mener une campagne de sensibilisation auprès de tous les travailleurs, décréter une journée rouge. A la suite de cela, ils vont lancer une opération «tous les postiers etleurs familles dans la rue», dans toutes les régions du pays.
«LE PERMIS A POINTS EST UN ELEMENT DE LUTTE INDISPENSABLE CONTRE L'INSECURITE ROUTIERE»
Mactar Faye, Docteur en Géographie sociale et Directeur exécutif de l’Association des Assureurs du Sénégal, vote l’effectivité du permis à points
Malgré les nombreuses décisions du gouvernement, dont les 10 mesures annoncées en 2017 pour lutter contre les accidents, les routes du Sénégal restent très meurtrières. L’on enregistre plus de 500 morts par an dans des accidents de la route et des milliers de blessés dont certains se retrouvent avec des handicaps à vie. Face à ce fléau, Mactar Faye, Docteur en Géographie sociale et Directeur exécutif de l’Association des Assureurs du Sénégal, vote l’effectivité du permis à points qui «est un élément de lutte indispensable contre l'insécurité routière» ; en ce sens qu’il a une vocation pédagogique et préventive, incitant le conducteur à une conduite responsable. Mieux, partant du constat que la plupart des détenteurs de permis de conduire au Sénégal ne sont pas formées dans une autoécole, ce titulaire d’un Diplôme d’Université en sécurité routière et prévention des risques et d’un Master 2 Pro en psychologie de la sécurité routière propose que tout candidat à ce titre de transport puisse passer par une autoécole agréée par le Ministère des Transports et qu’il soit évalué sur le plan théorique et pratique, sans qu’il n’y ait de contact direct avec les examinateurs. Entretien !
En 2017, l’Etat a annoncé 10 mesures à mettre en œuvre pour lutter contre les accidents. Depuis lors, les interdits visés sont toujours constatés. Qu’est ce qui justifie cela ?
Certaines de ces mesures sont en train d’être appliquées. Je pense qu’il faudra y aller étape par étape et à chaque fois les évaluer pour voir leur efficacité. A mon avis, vouloir les appliquer toutes en même temps risque de ne pas donner les résultats recherchés.
Existe-t-il une volonté politique à faire appliquer ces mesures-là ?
La volonté politique de l’Etat dans la gestion de la sécurité routière est cruciale pour enclencher des changements. Son rôle, dans ce système, est prépondérant car lui seul a la responsabilité et les moyens de lancer une politique nationale de sécurité routière. Ce qui explique l’inscription de la lutte contre les accidents parmi les priorités du Gouvernement.
Le chef de l’Etat avait annoncé la tenue d’un Conseil présidentiel sur les accidents de la route. Il n’a toujours pas eu lieu. Qu’est-ce que cela vous inspire?
L’insécurité routière est devenue une préoccupation majeure dans notre pays. Nul ne peut rester indifférent devant ce fléau qui tue, qui blesse qui bouleverse les citoyens à un niveau que beaucoup ignorent. Le Président de la République fait partie des premiers acteurs à définir la sécurité routière comme étant l’axe fondamental d’une politique dynamique des transports. Il a toujours déploré la recrudescence inadmissible des accidents de la route. Peut-être que son agenda ne lui permet pas, pour le moment, d’organiser le Conseil Présidentiel sur les accidents ; mais notez que les différents ministères concernés par la lutte contre l’insécurité routière sont en train de tout mettre en œuvre pour réduire la sinistralité sur nos routes.
Les gros porteurs sont fortement impliqués dans les accidents. Ne pensez vous pas qu’il est important de restreindre leur circulation à des heures?
A ce niveau, il existe déjà un arrêté du Gouverneur de Dakar qui interdit leur circulation à certaines heures. Il faudrait qu’on s’accorde là-dessus pour une meilleure organisation des déplacements dans la capitale qui ne représente que 0,3% de la superficie nationale et concentre l’essentiel des activités économiques
Vous aviez au temps souligné l’importance d’éliminer les voyages nocturnes. Ce souhait tient-il?
Les statistiques ont montré que le nombre de conducteurs des transports publics de voyageurs, (TPV) impliqués dans des accidents graves, est particulièrement élevé. Pour la plupart du temps, ces accidents se produisent la nuit et sont dus à la vitesse, du fait de la fluidité du trafic, et à deux autres facteurs physiologiques que sont la fatigue et la somnolence au volant. La nuit, les risques d’accidents sont multipliés par 4 parce que nos perceptions visuelles sont atténuées de même que notre champ de vision. On note dans les mécanismes d’accidents une prédominance des collisions et de renversements de cars dus aux facteurs précités. Interdire la circulation des TPV la nuit permettrait aux chauffeurs professionnels de se reposer et de reprendre le travail le lendemain en adoptant une conduite sûre et apaisée.
La numérisation des permis de conduire et autres documents de transport est-elle suffisante comme mesure?
La numérisation des titres de transports est plus que jamais nécessaire, surtout dans le cadre des réformes entreprises par le Ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, pour donner un nouveau visage au secteur des Transports. La numérisation permet non seulement d’éliminer les nombreux cas de fraude que nous avions connus dans le passé ; mais elle constitue aujourd’hui l’antichambre du permis à points
Justement, le permis à points qui est encore fustigé par les syndicats de transports ne doit-il pas être appliqué?
Le permis à points est un système qui associe des points à chaque infraction au Code de la route et qui prévoit le retrait du permis à partir d’un certain nombre de points. Il a une vocation pédagogique et préventive dans la mesure où il incite le conducteur à avoir une conduite responsable afin de préserver son capital de points initial. La perte de points du permis de conduire est une forme d’alerte ayant pour but de prendre conscience de la nécessité de changer de comportement. Certaines infractions d’une gravité extrême sont sanctionnées par un retrait temporaire ou permanent du permis, parfois cumulé avec un retrait de points. L’objectif donc est de responsabiliser les conducteurs, avant que les infractions qu’ils commettent ne deviennent trop graves. Le permis à points est un élément de lutte indispensable contre l’insécurité routière. Ce système, très répandu en Europe, est un des points forts de la sécurité routière et de nombreux pays l’ont adopté pour réduire les accidents de la route. Le défi pour le Sénégal est, aujourd’hui, de reproduire ce modèle en l’adaptant aux réalités socio-économiques du pays.
L’indiscipline est vue comme la première cause des accidents. Ne devrait-on pas revoir le mode de formation des conducteurs?
On ne le dira jamais assez, mais la formation joue un rôle éminemment important pour faire reculer l’insécurité routière. Les nombreuses études de référence dans le monde sont unanimes pour reconnaitre à la formation son rôle dans le développement et la conservation des compétences. Dans le domaine de la conduite automobile, la formation vise l’acquisition ou l’amélioration des compétences qui sont, entre autres, la connaissance des règles de circulation, mais aussi le développement des habiletés et des qualités personnelles du conducteur. La formation est synonyme d’acquisition de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. Elle met en avant l’importance de la prise de conscience des risques et la nécessité de comprendre les règles. Elle permet de développer des modes de raisonnement.
Qu’est-ce que vous pensez de la manière d’obtenir le permis de conduire?
Nous savons déjà que la plupart des détenteurs de permis de conduire au Sénégal ne sont pas passés par une autoécole pour y suivre une formation en conduite automobile et au Code la route. Ils conduisent avec des lacunes qui se traduisent par des comportements dangereux et agressifs sur la route, occasionnant de nombreux accidents corporels. La formation est un levier pour un changement de comportement. Et je propose que tout candidat au permis de conduire puisse passer par une autoécole agréée par le Ministère des Transports et que ce candidat lui-même soit évalué sur le plan théorique et pratique, sans qu’il n’y ait de contact direct avec les examinateurs. Cela fait partie des réformes en cours au niveau de la Direction des Transports Routiers que je félicite pour cette belle initiative.
LE SENEGAL, EN MODE REBELOTE
3000 morts ! C’est le nombre de victimes connues des accidents de la circulation au Sénégal, entre 2017 et 2020.
Les morts causées par les accidents de la route continuent d’être nombreux. Chaque année, ce sont des centaines de personnes qui perdent la vie sans qu’une solution ne soit trouvée. Et pourtant, depuis des années maintenant, les autorités annoncent différentes mesures dont l’effectivité reste encore un défi
3000 morts ! C’est le nombre de victimes connues des accidents de la circulation au Sénégal, entre 2017 et 2020. La Direction des transports terrestres en a fait la révélation, le 19 mai dernier. Selon les chiffres de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, au total, 12.379 victimes d’accidents de la route, dont 257 morts, sont enregistrées depuis le début de l’année 2021. Les routes continuent de tuer ; en attestent les accidents de ces dernières semaines. Or, plusieurs mesures ont été antérieurement annoncées pour freiner l’hécatombe sur les routes. En novembre 2019, lors d’un Conseil des ministres, le chef de l’Etat, Macky Sall, avait annoncé la tenue d’un Conseil présidentiel sur les accidents, en août de la même année. Mieux, l’année 2020 avait été déclarée «Année de la sécurité routière» pour clôturer la «Décennie d’actions pour la sécurité routière (2011-2020)» décrétée par l’Organisation des Nations unies (Onu).
D’autres initiatives avaient été prises pour réduire les accidents. L’Etat avait aussi annoncé dix (10) mesures phares à mettre en œuvre pour venir à bout de ces accidents. En effet, à l’issue du Conseil interministériel du 09 février 2017, des mesures ont été arrêtées par le Gouvernement pour lutter contre l’insécurité routière et réduire significativement le nombre des accidents de la route. Il s’agissait de l’immobilisation et la mise en fourrière de tout véhicule en circulation dont le propriétaire ne l’a pas présenté à la visite (technique), sans motif valable, à l’expiration du délai de visite technique. Toute voiture dont l’état de vétusté est tel que sa circulation compromettrait gravement la sécurité des personnes ou des biens devrait être mise en fourrière.
Dans les mesures annoncées, il a été aussi dit que les réparations à effectuer sur le véhicule devraient être constatées par l’expert chargé des visites de la zone géographique où l’infraction a été commise. Une mise en demeure d’effectuer les réparations dans un délai d’un mois, sous peine de retrait définitif dudit véhicule de la circulation, serait envoyée au propriétaire. Les opérations de mutation de Dakar vers les régions pour les véhicules de transport public interurbain de voyageurs et de marchandises devraient être suspendues, à titre provisoire, sur tout le territoire national. Toujours conformément à ces mesures, la transformation de véhicule destiné au transport de marchandises en véhicule de transports de passagers était aussi interdite. Mieux la transformation des véhicules d’origine destinées à augmenter les places assises pour les passagers ou à créer des porte-bagages supplémentaires sont interdites.
QUID DE LA TOLÉRANCE ZÉRO ?
L’Etat avait aussi décidé d’appliquer une «tolérance zéro» contre les surcharges de personnes et de bagages pour l’ensemble des véhicules. L’âge des conducteurs de véhicules de transport urbain de passagers, taxis urbains est fixé à 25 ans au minimum. L’âge minimum requis pour l’obtention du permis de conduire pour les conducteurs de véhicules de transport public interurbain de passagers et de marchandises est fixé à 30 ans. De même, tous les véhicules motorisés à deux roues devaient se faire immatriculer gratuitement auprès des services compétents du ministère chargé des Transports terrestres pendant 06 mois, à partir du jeudi 16 mars 2017. Passé ce délai, aucun véhicule motorisé deux roues ne sera admis à circuler. Tout conducteur de véhicule à deux roues qui circule sur la voie publique, avec ou sans passager, sans porter un casque homologué verra son véhicule immédiatement immobilisé, sans préjudices de l’amende forfaitaire prévue à son encontre par les dispositions réglementaires du Code de la route. Les dispositions du Code de la route relatives à l’usage du téléphone au volant, au port de la ceinture de sécurité, à l’excès de vitesse, au respect de la signalisation horizontale et verticale seront rigoureusement appliquées. Des années après donc l’annonce de ces mesures, leur effectivité pose problème. L’indiscipline sur les routes est notoire. Et force est de constater que chaque fois, à la suite d’accidents tragiques, c’est un discours va-t-en-guerre qui est toujours tenu par les autorités étatiques, sans qu’une solution définitive ne soit trouvée.
APPLICATION DU PERMIS À POINTS L’Etat n’y arrive pas !
Depuis plusieurs années, la volonté des pouvoirs publics est d’instaurer une politique de permis à points ; ce qui n’a jamais eu lieu. Le permis à point devrait permettre que tout conducteur qui commettra un accident de la circulation ou une infraction au Code de la route de se voit retirer entre 3 et 5 points (selon la gravite de l’infraction) sur son permis qui en comporterait 15. Mieux, il était dit qu’en instaurant les permis à points, si un automobiliste arrive à un solde de points inférieur à 5, son permis lui sera retiré et il devra repasser l’examen pour obtenir un nouveau permis. Le barème des points sera fixé par les responsables chargés de l’exécution de la disposition. Plusieurs années se sont écoulées, l’Etat n’a été en mesure d’appliquer cette mesure qui s’est heurtée, à plusieurs occasions, au refus des syndicats de transporteurs. Et pourtant, diverses échéances ont été données pour son entrée en vigueur. En juin 2017, l’ancien ministre des Transports terrestres, Mansour Elimane Kane, en présidant la signature de la Convention de concession des permis biométriques, avait fixé la date de la mise en œuvre à 6 mois, à partir de sa sortie. Il n’en fût pas le cas. Plus tard, son successeur à la tête ce ministère, Abdoulaye Daouda Diallo a lui aussi donné une date du démarrage de l’application de ce permis à points. «Nous allons mettre en place, à compter de juillet de cette année, le permis à points. Je le rappelle, c'est des permis qui sont destinés à tous les usagers de la route. Les permis à points ne seront pas exclusivement destinés aux transporteurs mais, à tous ceux qui seront détenteurs de permis de conduite», avait-il dit lors de la cérémonie de lancement de la Semaine nationale de la prévention routière. C’était en 2018. A signaler que le système des permis à points est appliqué dans plusieurs pays notamment en Europe, avec des effets positifs dans la lutte contre les accidents de la circulation.
LES COMBATS DE FATIME RAYMONDE HABRÉ
La deuxième épouse d’Hissène Habré, condamné à la perpétuité pour des faits commis alors qu’il était à la tête du Tchad entre 1982 et 1990, a depuis longtemps fait sien le combat de son époux
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 08/06/2021
Fatime Raymonde Habré est le premier soutien de son mari, condamné à la prison à perpétuité au Sénégal pour crimes contre l’humanité. Portrait d’une femme influente et volontiers offensive, qui continue de se battre pour son époux.
Ça a été le cas dès leur arrivée au Sénégal lorsque, chassé par les hommes d’Idriss Déby, Hissène Habré se réfugie à Dakar. Et ça l’est encore davantage depuis qu’il a été incarcéré (en juin 2013) puis condamné (en mai 2016) pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « tortures » et « viols ». Aujourd’hui, c’est elle qui porte, devant les médias et auprès de ses avocats, la parole de son mari.
Ce 25 avril, devant les caméras du média sénégalais Dakar matin, elle revient longuement sur les conséquences, pour le Tchad et la sous-région, du décès d’Idriss Déby Itno, sans cacher sa joie de voir enfin mort celui qui provoqua la chute de son mari et qui fut sans doute, avec le Libyen Mouammar Kadhafi, son pire ennemi. Très en verve, Fatime Raymonde Habré poursuit en accusant le défunt – et une bonne partie de la classe politique sénégalaise – d’être des « pions » et des « valets » de la France, qui auraient ensemble comploté contre son époux.
Théorie du complot
« Comme d’habitude, elle a la bouche qui crache du feu », résume El Hadj Diouf. Lui-même réputé pour avoir le verbe haut, l’avocat sénégalais connaît bien Fatime Raymonde Habré pour l’avoir côtoyée pendant plusieurs années, alors qu’il défendait son époux. « Elle se dit sans doute que la meilleure des défenses, c’est l’attaque, poursuit l’avocat qui a aujourd’hui pris ses distances avec le couple. C’est sa stratégie : diaboliser les autorités et dire qu’elles sont inféodées à la France. Cette théorie du complot, selon laquelle le monde entier conspire contre son mari, c’est elle tout craché. Elle vit dans une sorte de psychose permanente. »
À l’aise devant les médias, prompte à lancer des piques à ses ennemis dès qu’elle en a l’occasion, cette juriste de formation est décrite comme intelligente et cultivée, et pas uniquement par ses proches. « Elle est aussi très informée et bien introduite, notamment auprès des rebelles tchadiens », assure le défenseur des droits humains, Reed Brody. Le « chasseur de dictateurs » américain est l’un de ceux qui ont porté le combat pour que Hissène Habré soit jugé et Fatime Raymonde Habré, qui l’a d’ailleurs surnommé « Reed Bloody » (Reed le Sanglant), lui voue une haine tenace.
Fatime Raymonde Habré et son époux n’ont jamais reconnu la légitimité du tribunal qui jugea et condamna l’ancien président. Tout au long de son procès, Hissène Habré s’est d’ailleurs muré dans le silence. Et si sa première épouse se rendait fréquemment aux audiences, Fatime Raymonde Habré n’y allait pour ainsi dire jamais. Du procès de son mari, qu’elle qualifia « d’inique », elle ne reconnut pas non plus le verdict. Et lorsqu’elle critiqua la justice sénégalaise, le garde des Sceaux d’alors, Sidiki Kaba, rétorqua qu’elle était tout simplement « une bonne épouse qui défend bien son mari ».