SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
Société
LE BURKINA FASO DUREMENT FRAPPÉ PAR LE JIHADISME
Au moins 114 civils ont été tués en quelques heures dans la nuit de vendredi à samedi, lors de deux attaques dans le Nord du Burkina Faso, dont l'une a fait une centaine de morts, la plus meurtrière dans ce pays depuis 2015
Au moins 114 civils ont été tués en quelques heures dans la nuit de vendredi à samedi, lors de deux attaques dans le Nord du Burkina Faso, dont l'une a fait une centaine de morts, la plus meurtrière dans ce pays depuis le début des violences jihadistes en 2015.
Ces attaques ont été commises dans la zone dite "des trois frontières" entre Burkina, Mali et Niger, régulièrement ciblée par des assauts meurtriers de jihadistes présumés liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique contre des civils et des militaires.
"Dans la nuit de vendredi à samedi, des individus armés ont mené une incursion meurtrière à Solhan, dans la province du Yagha.Le bilan, toujours provisoire, est d'une centaine de personnes tuées, des hommes et femmes", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.
L'attaque et le bilan "provisoire" ont très vite été confirmés par le gouvernement qui précise dans un communiqué que les victimes sont des "civils sans distinction d'âge, tués par les terroristes" et que "plusieurs habitations et le marché (de Solhan) ont été incendiés".
"Face à cette tragédie des forces obscures, un deuil national de 72 heures, à compter de ce jour 5 juin à 00H00 au lundi 7 juin à 23H59, est décrété", ajoute le gouvernement qui affirme que "les forces de défense et de sécurité sont à pied d'œuvre pour neutraliser ces terroristes et ramener la quiétude au sein des populations".
Dans un message de condoléances aux familles des victimes, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a dénoncé "cette attaque barbare" et "ignoble"."Nous devons rester unis et soudés contre ces forces obscurantistes", a-t-l-il ajouté.
Selon une source locale, "l'attaque, qui été signalée aux environs de 002H00 (locales et GMT), a d'abord visé le poste des Volontaires pour la défense de la Patrie", les VDP, des supplétifs civils de l'armée, et "les assaillants ont ensuite visité les concessions (maisons) et procédé à des exécutions".
Solhan est une petite localité située à une quinzaine de kilomètres de Sebba, chef-lieu de la province du Yagha qui a enregistré de nombreuses attaques attribuées à jihadistes ces dernières années.
Le 14 mai, le ministre de la Défense Chériff Sy, et des membres de la hiérarchie militaire s'étaient rendus à Sebba, assurant que la situation était revenue à la normale, après de nombreuses opérations militaires.
- 14 morts dans un autre village -
Cette attaque massive en a suivi de près une autre, menée tard vendredi soir, sur un village de la même région, Tadaryat, au cours de laquelle au moins 14 personnes, dont un supplétif civil, ont été tuées.
Ces attaques surviennent une semaine après deux autres attaques dans la même zone, au cours desquelles quatre personnes, dont deux membres des VDP, avaient péri.
Créés en décembre 2019, les VDP interviennent aux côtés des forces armées pour des missions de surveillance, d'information et de protection, après une formation militaire de 14 jours.
Ils font également office de pisteurs et combattent souvent avec l'armée, au prix de lourdes pertes, avec plus de 200 morts dans leurs rangs depuis 2020, selon un décompte de l'AFP.
Les 17 et 18 mai, quinze villageois et un soldat avaient déjà été tués lors de deux assauts contre un village et une patrouille dans le Nord-Est du pays, selon le gouverneur de la région burkinabè du Sahel.
Depuis le 5 mai, face à la recrudescence des attaques jihadistes, les forces armées ont lancé une opération d'envergure dans les régions du Nord et du Sahel.
Malgré l'annonce de nombreuses opérations de ce type, les forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences jihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1.400 morts et déplacé plus d'un million de personnes, fuyant les zones de violences.
UNE ENQUÊTE MORT-NÉE
Exhumation du corps de Baye Katim Touré chez Serigne Moustapha Sy
Par Ndèye Fatou NIANG Correspondante |
Publication 05/06/2021
Après analyse de la dépouille de Baye Katim Touré, les autorités médicales de l’hôpital Aristide Le Dantec ont conclu à une mort naturelle de ce dernier alors qu’une enquête, ouverte sur la propriété contestée du terrain servant de lieu d’inhumation du défunt et jouxtant le domicile du guide des Moustarchidines, révèle que ce titre foncier appartient à Serigne Moustapha Sy.
Après autopsie, les autorités médicales de l’hôpital Aristide Le Dantec ont indiqué que le décès de Baye Katim Touré, un fervent disciple, fidèle compagnon de Serigne Babacar Sy, de Serigne Cheikh Tidiane Sy et de Serigne Moustapha Sy, est en effet survenu de manière naturelle. Sur ce, elles ont versé le certificat de genre de mort à l’enquête. Laquelle a déjà révélé que le terrain en question est un Tf appartenant au guide des Moustarchidines.
Ainsi, les autorités ont délivré un nouveau permis d’inhumation du défunt Touré aux responsables du Dmwm. Il faut dire qu’entre Serigne Moustapha Sy et les autorités religieuses de Tivaouane, la guerre est déclarée. Pourquoi ce soudain regain de désamour ? La dernière sortie du guide des Moustarchidines, lors de l’édition 2020 du Gamou de Tivaouane, en serait- il à l’origine ? En tout cas ce jeudi 3 juin, à l’heure de la «nuit de vendredi», la maison de Serigne Moustapha Sy, sise à Tivaouane, a fait l’objet d’une descente musclée de la gendarmerie et de la police, accompagnés par la Brigade des sapeurs-pompiers de Tivaouane. C’était sur instruction du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Thiès pour l’exhumation du corps de Baye Katim Touré.
En effet, le défunt est décédé dans la nuit du 12 au 13 mai 2021, à la veille de la Korité, à la clinique Serigne Babacar Sy à Dakar. Il a ensuite été enterré dans le terrain qui jouxte la maison de Serigne Moustapha Sy. Seulement selon Sidy Ameth Sy Dabakh, le terrain en question appartient à son frère Serigne Maodo Sy Dabakh.
Ainsi, de fil en aiguille, le procureur de la République de Thiès a été saisi. Ce dernier a donné l’ordre à la section Thiès de la Brigade de recherches de déterrer le corps pour inhumation sans autorisation sur un terrain litigieux. Mais en exécutant l’ordre, les Forces de l’ordre ont fait face à la radicalisation des éléments en charge de la sécurité de la maison du guide des Moustarchidines.
Rongés par la colère, ils se sont farouchement opposé aux opérations qu’ils qualifient de profanation. Ils ont été gazés par la police sans état d’âme, qui a ensuite embarqué 13 d’entre eux pour résistance. Le corps, lui, a été déterré et acheminé à Dakar pour autopsie. Un fait inédit qui irrite les disciples moustarchidines qui estiment que les autorités judiciaires ont agi «sous précipitation et sous contrainte».
En effet, renseignent-ils, «ces dernières se sont rendues compte, après les faits, qu’elles ont fait une erreur parce que le terrain en question appartient à Serigne Moustapha Sy. Elles sont à la recherche de raison en faisant une autopsie». Ils expliquent : «Les Moustarchidines n’ont pas empiété sur le terrain de Maodo. Le terrain en question appartient à Serigne Moustapha Sy depuis 1982 et nous avons tous les papiers pour le démontrer. Et quand Serigne Ahmet Sy Dabakh est allé là-bas pour dénoncer l’inhumation de Baye Katim Touré, Serigne Moustapha Sy a envoyé des émissaires pour lui montrer que les lieux lui appartenaient. Mais il a refusé de les recevoir.»
JE SUIS PRÊTE
La mairesse de Dakar, Soham Wardini, veut être candidate à sa propre succession
La mairesse de Dakar, Soham Wardini, veut être candidate à sa propre succession. Elle a brisé le silence lors de la séance de clôture du séminaire de renforcement de capacités des femmes conseillères en leadership et en prise de parole en public, tenu les deux derniers jours, à Saly.
"Je suis prête à être la candidate de la coalition Taxawu pour la conquête de la Mairie de Dakar", a déclaré celle qui a succédé à Khalifa Sall à la tête de la municipalité de la Ville de Dakar. Pour elle, au-delà de ses ambitions, le challenge est de faire élire une femme. "Peu importe la personne qui va diriger la diriger, cette liste, nous souhaitons qu’elle soit dirigée par une femme. Peu importe la personne qui sera choisie, l’essentiel, c’est de gagner Dakar. Nous sommes dans le processus et la date des élections est connue."
Les femmes élues de la Ville de Dakar sont en ordre de bataille, disent-elles, pour corriger leur sous-représentativité dans les instances de décisions. Le constat est là, déplorent-elles, au niveau des collectivités territoriales, sur 558 communes, seules quinze femmes sont élues maires et deux sont présidentes de Conseil départemental sur 45.
"Nous lançons un appel pour une participation des femmes et des jeunes aux prochaines élections territoriales, afin de favoriser leur intégration dans les sphères de décisions des collectivités", ont-elles lancé. "Elles (les femmes) gèrent mieux que les hommes. Donc, confiez les mairies aux femmes et vous verrez", a appuyé Soham Wardini, dans son plaidoyer.
A Dakar, Barthélémy Dias, autre proche de Khalifa Sall, a également affiché ses ambitions.
LES CHIFFRES CLÉS DE LA LFR 2021
Le projet de Loi de finances rectificative (LFR 2021) revoit le taux de croissance à la baisse, alloue de ressources supplémentaires aux secteurs de l’Emploi, de la Santé et de l’Energie et institue une taxe sur les bouillons alimentaires
Dakar, 5 juin (APS) – Le projet de Loi de finances rectificative (LFR 2021) revoit le taux de croissance à la baisse, alloue de ressources supplémentaires aux secteurs de l’Emploi, de la Santé et de l’Energie et institue une taxe sur les bouillons alimentaires.
Le projet de Loi de finances rectificative (LFR 2021) adopté jeudi en Conseil des ministres est arrêté à 3 170,4 milliards de FCFA en recettes et 3 987,5 milliards de FCFA en dépenses.
’’Ce qui dégage en valeur absolue un déficit budgétaire de 817 milliards FCFA, en hausse de 73 milliards de FCFA, soit 5,4% du PIB (il se situait à 5% dans la LFI)’’, selon le document consulté par l’APS.
La même source souligne que ’’ce déficit sera financé à hauteur de 556 milliards de FCFA par des tirages sur les prêts-projets, les emprunts programmes pour 105 milliards de FCFA et les autres emprunts nets pour 156 milliards de FCFA’’.
La prévision de croissance pour 2021 passe de 5,2% à 3,7%.
Le document rappelle que ce projet de LFR 2021 ’’a été préparé sur la base des directives de du président de la République portant sur la réorientation des allocations budgétaires au titre de 2021 +pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel+’’.
Un montant de 150 000 000 000 francs Cfa est prévu pour le programme ‘’Xëyu Ndaw ngi’’ (Emplois des jeunes).
Ce programme combine quatre leviers dont la création directe d’emplois publics pour ’’renforcer des services publics qui en étaient déficitaires et développer de nouvelles créations de services publics’’.
D’où la mise en place d’un guichet unique dénommé ‘’Pôle Emploi et Entreprenariat pour les jeunes et les Femmes’’ dans chacun des 45 départements pour ’’servir de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets’’.
Il y a aussi l’aide à la création d’emplois privés et à l’insertion socioprofessionnelle (par le truchement de la Convention nationale Etat – Employeurs pour la promotion de l’emploi des jeunes), le renforcement des capacités à travers l’apprentissage et la formation et la promotion de l’auto-emploi à travers l’octroi de crédits et l’accompagnement des bénéficiaires, explique le document.
La LFR consacre également un accroissement du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale d’un montant de 40 milliards de FCFA, sur financement de la Banque mondiale (intégrant un élément don de 50%).
Cette nouvelle allocation permettre de mettre en œuvre ’’une stratégie universelle de vaccination’’ contre la Covid-19.
Selon le document, ’’la LFR consacre un financement complémentaire au secteur de l’énergie, suite à la remontée des cours mondiaux du pétrole (compensation tarifaire et pertes commerciales), pour un montant de 64 milliards FCFA qui vient s’ajouter aux 46 milliards FCFA déjà prévus dans la LFI 2021, soit au total 110 milliards FCFA’’.
La LFR table également sur des ‘’recettes exceptionnelles’’ de l’ordre 60 milliards de FCFA, attendues du programme de cessions foncières dans la zone de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor.
Concernant la fiscalité intérieure, le projet de loi prévoit ’’de nouvelles mesures de politique et d’administration fiscales’’ qui se seront mises en œuvre pour ’’atteindre les prévisions de recettes, avec un rendement total escompté de 60 milliards de FCFA’’.
Il s’agira ainsi de ’’clarifier le champ d’application de la loi instituant le prélèvement pour défaut de conformité fiscale (10 milliards de FCFA attendus) ; d’instituer une taxe sur les bouillons alimentaires (25 milliards de FCFA attendus) ; de revoir à la hausse la taxation des jeux de hasard (1,5 milliard de FCFA de recettes supplémentaires)’’.
Il est également prévu ’’d’augmenter les efforts d’élargissement de l’assiette, notamment, l’identification des contribuables qui échappaient jusqu’ici au système d’imposition (6,5 milliards de FCFA escomptés )’’ et de ’’renforcer la conformité des contribuables en matière d’impôts et taxes retenus à la source (16 milliards de FCFA attendus)’’.
Dakar, 5 juin (APS) – Les quotidiens reçus samedi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) abordent divers sujets se rapportant à la politique, à l’économie, à l’environnement et à la culture.
En politique, Le Quotidien annonce que Soham Wardini ‘’lève le voile’’ sur sa candidature à la mairie de Dakar. ‘’Le maire de Dakar brise le silence. Soham Wardini n’a pas déclaré sa candidature, mais souhaite que la liste de Taxawu Dakar soit dirigée par une femme. Elle dit être +prête+ si elle est choisie’’, écrit le journal.
Concernant les prochaines élections locales, Walfadjri note que ‘’le président Macky Sall fait face aux pressions des partis alliés’’.
’’Les élections locales sont fixées le 23 janvier 2022. Avec sa coalition Bennoo bokk yaakaar, le président Macky Sall devra faire des arbitrages qui vont nécessairement faire des mécontents. Les attentes sont déjà là puisque ces partis alliés réclament leur +véritable+ place au sein de la coalition présidentielle’’, souligne la publication.
L’Observateur dresse le portrait du ministre des Collectivités territoriales, du développement et de l’aménagement du territoire, Oumar Guèye, ‘’nouvel homme fort du régime’’.
’’Il fait partie des hommes forts du gouvernement. Ministre des Collectivités territoriales, du développement et de l’aménagement du territoire, porte-parole du gouvernement, Oumar Guèye est aussi la main qui a découpé les nouveaux territoires administratifs de la région de Dakar’’, écrit L’Obs.
Sud Quotidien met en exergue ‘’la hausse généralisée du prix de la viande, de l’huile, du riz…’’ et affiche à sa Une : ‘’Goorgorlu sous pression’’.
’’Tension sur le marché des denrées de première nécessité : la hausse des prix de la viande, de l’huile, du riz est en passe de précariser le Sénégalais lambda dont la bourse est déjà sérieusement fragilisée par la Covid-19 et ses dommages collatéraux’’, relève Sud.
’’Face à cette hausse (….), le gouvernement semble avouer son impuissance, suscitant désarroi chez le +goorgorlu+ et incompréhension au niveau des associations consuméristes. Quant aux regroupements de commerçants, ils préfèrent parler de tension passagère et d’un retour à la normale bientôt’’, ajoute le journal.
En cette journée de l’Environnement, L’As est préoccupée par la disparition de forêts et la destruction des dunes de sable dans la région de Ziguinchor et affiche à sa Une : ‘’L’environnement en péril’’.
’’Le pillage des ressources forestières du département de Bignona, la destruction des dunes de sable dans la commune de Diémbéring et les changements climatiques ont fortement agressé ces dernières décennies l’environnement de la région de Ziguinchor’’, écrit L’As.
Selon le journal, ’’à part le Bubajum Ayi (Royaume d’Oussouye) qui fait figure d’exception, toute la région est sous la menace d’un péril environnemental’’.
Dans sa livraison du jour, Le Soleil met en exergue le conte, ’’cet art oratoire devenu inaudible’’.
’’Véhicule de culture, de valeurs sociales, le conte oral est de plus en plus bousculé par les nouvelles habitudes de la vie. Entre urbanisation galopante, influence de la télévision, des nouvelles technologies…ce genre littéraire peine à trouver un cadre d’expression’’, note le journal.
DE REELLES MENACES SUR L’ENVIRONNEMENT
L’environnement du département de Bignona est, sans doute, le plus agressé avec une déforestation à outrance qui a atteint des proportions plus qu’alarmantes.
Le pillage des ressources forestières du département de Bignona, la destruction des dunes de sable dans la commune de Diembéring etles changements climatiques ont fortement agressé ces dernières décennies l’environnement de la région de Ziguinchor. A part le Bubajum Ayi (royaume d’Oussouye) qui fait figure d’exception, toute la région est sous la menace d’un péril environnemental.
L’environnement du département de Bignona est, sans doute, le plus agressé avec une déforestation à outrance qui a atteint des proportions plus qu’alarmantes. Ce fléau entretenu par un trafic international et illicite du bois bien organisé a participé à décimer toutes les forêts situées le long de la bande frontalière entre le Sénégal et la Gambie. Les arrondissements de Sindian et Kataba 1 sont les plus touchés par le phénomène.
Lors d’une visite organisée dans la forêt de Sindian en janvier 2020 à l’intention du forum des journalistes africains, le maire de la commune avait manifesté son désarroi et affiché de grosses inquiétudes. «Votre déplacement est très important pour nous, car il nous permet de montrer à la face du monde le danger qui nous guette. L’ampleur des dégâts est incommensurable et aujourd’hui, nous craignons même de voir disparaître le peu deTecks qui nous reste», avait soutenu Yancouba Sagna.
Le maire de Sindian avait même détaillé le mode opératoire des auteurs de ce crime organisé. «C’est une mafia quifait ce trafic international de bois vers la Chine via la Gambie. Les brigands opèrent en pleine nuit, avec un imposant arsenal composé de scieries mobiles, de véhicules et parfois même d’armes», avait-il révélé avant d’avouer l’impuissance de la collectivité territoriale et des populations de la zone à freiner les détracteurs des forêts. «Les populations n’ont pas les moyens de les contrecarrer. Elles ne constatent souvent les dégâts qu’au petit matin après la razzia opérée la nuit par les trafiquants. Notre collectivité n’a pas non plus les moyens de faire face», avait indiqué le maire de Sindian.
Le président du Forum des Journalistes Africains, qui avait alors constaté avec stupéfaction l’ampleur des dégâts, n’avait pas manqué d’exprimer son amertume. «Aucun impact n’est noté sur le terrain, en dépit des moyens de dissuasion et de répression mobilisés par l’État pour lutter contre le phénomène. La nature est agressée, le désastre s’installe et les délinquants agissent sans être inquiétés. C’est écœurant», s’était insurgé Massiga Diouf, président de l’AJF et spécialiste de l’environnement. Ce trafic illicite de bois est orchestré par de gros bonnets établis en Gambie, avec la complicité de certains Sénégalais dont des éléments supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Les délinquants forestiers profitent de l’insécurité qui prévaut dans les arrondissements de Sindian et Kataba1 pour commettre leurs forfaits. Ils n’hésitent pas à tirer sur tout individu qui tenterait de leur barrer la route. En attestent les échanges de tirs ayant opposé, le 27 mai dernier, des agents des Eaux et Forêts partis récupérer du bois saisi dans la forêt de Koudioubé et des éléments armés. Cet accrochage avait coûté la vie à un pisteur qui aidaitla brigade des Eaux et Forêts de Bignona.
A Bignona, beaucoup avaient nourri l’espoir de voir cette pratique cesser avec le départ de Yaya Jammeh de la tête de la Gambie. Mais hélas ! Ils ont vite déchanté, puisque le fléau perdure encore avec l’actuel Président, Adama Barrow, malgré ses assurances au Président sénégalais Macky Sall. En 2020, beaucoup de produits forestiers, de dérivés de produits forestiers et de matériel de coupe et de transport ont été saisis par les agents des Eaux et Forêts de la région de Ziguinchor. Le département de Bignona a enregistré plus de ¾ des saisies. Dans cette zone, les hommes du lieutenant colonel Dione ont mis la main sur 357 billons de vène, 51 billons de caïlcédrat contre 3 à Ziguinchor et 2 à Oussouye. Outre le bois de vène, les agents des Eaux et Forêts ont saisi 56 billons de linké, 104 plateaux de caïlcédrat, 290 planches de fromager, 196 planches de vène, 1723 lattes de rôniers, 125 stères (bois de chauffe), 1846 sacs de charbon de bois etc. En plus du bois et autres produits forestiers, les agents des Eaux et Forêts ont mis la main sur une voiture, une charrette, untracteur, trois motos, une tronçonneuse etc. Des chiffres révélés par l’inspecteur régional des Eaux et Forêts de Ziguinchor, le lieutenantcolonel Babacar Dione.
A DIEMBERING, LES AUTORITES VALIDENT L’AGRESSION DE L’ENVIRONNEMENT
A Diembéring, les populations assistent, impuissantes, à une mafia autour du sable des dunes. Cette exploitation est l’œuvre d’une entreprise franco-sénégalaise dénommée DJ, avec la complicité des élus locaux et des services déconcentrés de l’État. Le 4 décembre 2020, Mangoné Diagne, chef de la division régionale de l’Environnement et des Etablissements classés et Ousmane Baldé, chef du service régional des Mines, se sont déplacés à Diembéring pour voler au secours de l’entreprise DJ, en autorisant l’ouverture d’une carrière sur la plus grande dune de sable du village. Et ce, malgré l’opposition de la plupart des cadres de Diembéring. «Ces dunes de sable ont mis des siècles à se former. Elles n’ont jamais été prélevées pour la commercialisation. Alors comment un couple franco sénégalais peut-il se permettre d’extraire des quantités industrielles pour les vendre sans se soucier de la menace maritime qui guette notre village», avait dénoncé Augustin Diatta, opérateur touristique, natif de Diembéring.
L’association Urok Juwatt, qui regroupe les fils et filles de Diembéring, Bouyouye, Nikine et Etamboudial, par le biais de son président Abdoulaye Ndiaye, avait même porté plainte contre la société qui exploite la carrière. Mais la procédure judiciaire peine toujours à se mettre en branle. Avant cette dune de sable, c’est d’abord le littoral qui a été la cible de cette exploitation industrielle. Mais l’entreprise franco-sénégalaise DJ a été contrainte d’arrêter les prélèvements par une partie de la population qui était foncièrement opposée à l’extraction de sable, en barrant la route aux camions. Cet acte avait poussé les exploitants à se retirer de cette zone vulnérable. Le village de Diembéring est l’un des plus menacés, en Casamance, par l’avancée de la mer. C’est dans cette zone qu’il y a la plus importante vitesse de décapage de la côte. Celle-ci est de l’ordre de 20 mètres par an, alors que la moyenne nationale est de l’ordre de 3mètrespar an, selonplusieurs spécialistes.
OUSSOUYE, L’EXEMPLE A SUIVRE
S’il y a une zone géographique qui garde encore, intactes ou presque, ses ressources forestières, c’est bien le Bubajum Ayi (conglomérat de 17 villages sous l’autorité du roi d’Oussouye). A Oussouye, les forêts luxuriantes, qui font le charme de l’un des départements les plus écologiques du Sénégal, sont jalousement conservées par les populations. «Le réflexe de protection de la nature développé par les populations nous facilite le travail. Ce comportement vis-à-vis de l’environnement, bien ancré à Oussouye, est sans doute à chercher dans les croyances ancestrales», avait indiqué le chef de la brigade des Eaux et Forêts d’Oussouye, lors d’une journée de reboisement organisée dans le département.
Cette hypothèse est confortée par un membre de la cour royale d’Oussouye. «La vie du Diola dépend essentiellement de la nature. On se nourrit à partir de la nature. C’est la nature qui nous soigne et c’est elle qui nous donne un cadre de vie propice à notre épanouissement. Alors pourquoi scier l’arbre sur lequel on est assis», raconte Philippe Diédhiou dit Filidié, un des porte-paroles du royaume d’Oussouye. «A Oussouye, la forêt est sacrée puisqu’elle abrite la plupart de nos fétiches. Il est formellement interdit d’abattre des arbres sans respecter certains rituels. La préservation de l’environnement est un devoir chez nous. Nos parents nous ont appris que les arbres nous procurent la vie. Donc s’ils disparaissent, nous ne pourrons pas survivre», poursuit-il. Philippe Diédhiou estime que les exigences issues des croyances ancestrales ont permis de préserver l’environnement dans le royaume. «Je pense que toutes les communautés du Sénégal doivent œuvrer dans ce sens, même si c’est avec des paradigmes différents», conclut M. Diédhiou.
GORGORLU SOUS PRESSION
La hausse des prix de la viande, de l’huile et du riz est en passe de précariser davantage le Sénégalais lambda dont la bourse est déjà sérieusement fragilisée par la Covid-19 et ses dommages collatéraux
ABDOULAYE A. SAKHO, NDEYE AMINATA CISSE, JEAN PIERRE MALOU |
Publication 05/06/2021
Tension sur le marché des denrées de première nécessité : la hausse des prix de la viande, de l’huile et du riz est en passe de précariser davantage le Sénégalais lambda dont la bourse est déjà sérieusement fragilisée par la Covid-19 et ses dommages collatéraux. Alors que pour l’huile, la bouteille de 20 litres passe de 14.500 F à 20.500 f, celle de 5 litres évoluant de 18. 500 F à 22.500 F, le riz voit son sac de 50 Kg grimper jusqu’à 18.500 F contre 16.500 F Cfa. La situation est plus ardue encore au niveau de la viande où le kilogramme de bœuf est passé de 2500 F à tout simplement 3600 F. Face à cette hausse des prix de ces denrées qui se trouvent au centre de l’alimentation de base au Sénégal, le gouvernement semble avouer son impuissance, suscitant désarroi chez «gorgorlu» et incompréhension au niveau des associations consuméristes. Quant aux regroupements de commerçants, ils préfèrent parler, eux, de tension passagère allant bientôt revenir à la normale.
Les citoyens étalent leur souffrance
Les denrées alimentaires comme l’huile, le riz et la viande connaissent une hausse depuis un certain temps. Comment cette situation est vécue par les vendeurs et consommateurs ? Réponse avec quelques-uns rencontrés dans quelques lieux.
Maimouna Ndiaye est une cliente chez Birame, vendeur de viande au marché Castors. La femme habillée en tenue traditionnelle échange avec son boucher qui refuse de lui rajouter quelques morceaux sur une séquence très plaisante. Interpellée sur la hausse de certains produits notamment la viande, elle déclare : «Tout le monde subit cette hausse. C’est vraiment une situation très difficile. Nous ne pouvons que nous plier à cette hausse vu que ce n’est pas du ressort des vendeurs. Nous ne pouvons chaque jour préparer du riz au poisson. Il faut varier et quand tu essaies de le faire en préparant avec de la viande, ça devient compliqué parce que c’est cher. Nous n’aimerions que cette situation change. Idem pour le riz et l’huile. Ce sont des denrées très prisées par les Sénégalais. C’est notre quotidien, donc il faut que l’Etat s’attelle pour la baisse de ces produits». Non loin, dans une ambiance très rythmée, se trouve Abdou Mbaye, boucher et en même temps délégué des bouchers du marché. D’après lui, l’importation des bœufs est la source de la hausse des prix de la viande. «Les importateurs, ce sont eux qui augmentent les prix. Le problème est que la majeure partie des bœufs proviennent du Mali, du Niger. Donc du coup, le transport est cher et si ça vient ici au Sénégal, les commerçants élèvent les prix de telle sorte que nous, les clients, avons du mal à acheter. Nous avons même pitié des clients qui viennent ici, mais nous n’avons pas le choix. Nous achetons 2500 F Cfa et nous revendons à 2.800 f ou à 3000 F Cfa», explique M. Mbaye. Et de conclure : «nous voulons que le gouvernement intervienne sur le commerce de la viande. Il faut que les autorités concernées se saisissent de la question pour voir surtout avec les importateurs comment faire baisser les prix». Les prix de la viande ne sont pas les seuls à connaitre une hausse. Ceux du riz et de l’huile ne sont pas en reste. A l’heure du déjeuner, nous croisons Marie Ndour dans son restaurant sis au marché Grand Yoff appelé «marché bou bess». «Dès fois, il m’arrive d’aller au marché avec une valeur de 30. 000 F, je fais mon marché. Mais en allant dans mon restaurant, je découvre que ce que j’ai dépensé ne couvre pas tout le menu. Je suis obligé de trouver de l’argent et de retourner au marché pour compléter le reste. Tellement les prix sont élevés. L’huile, le riz, tout est cher. Et la viande, elle, fait le comble». Pour l’huile, la bouteille de 20 l passe de 14.500 F à 20.500 f, la bouteille de 5 l, elle, passe de 18. 500 f à 22.500 F. Pour le riz par exemple, le sac de 50 Kg grimpe jusqu’à 18.500 F contre 16.500 F Cfa, confie un boutiquier.
MOMATH CISSE, VICE PRESIDENT DE L’ASCOSEN : «Nous demandons à l’Etat d’être présent aux côtés des consommateurs»
« Le riz n’a pas augmenté. Par rapport à la période de référence, on est toujours dans la fourchette. Le riz ordinaire appelé riz indien est encadré. Jusqu’à présent il est dans la fourchette. L’autre riz n’étant encadré a un peu évolué. Les produits qui ont augmenté sont plutôt la viande et l’huile. Le kilogramme de la viande de bœuf est passé de 2500 à 3600. L’Etat est en train de regarder en expliquant que cela est dû aux problèmes au Mali. Même le président des éleveurs a demandé qu’on organise des concertations. On ne peut pas comprendre que chaque fois le prix augmente et l’Etat ne réagit toujours pas. Le rôle de l’Etat, c’est de protéger le consommateur. Il y a beaucoup de taxes indues, des taxes qu’on fait supporter à l’animal comme le transport. Il y a beaucoup de taxes qu’on met sur l’animal sans valeur ajoutée. Les gens se cachent derrière les problèmes au Mali et la hausse des prix de l’aliment de bétail pour justifier cette flambée, mais ça ne tient pas. On est en train d’alerter sur la hausse de ces prix tout en disant qu’effectivement, le principe c’est la liberté des prix, mais il y a des moments où l’Etat doit être auprès des populations. Nous, défenseurs des consommateurs, demandons que l’Etat soit présent aux côtés des consommateurs. Parce que les conséquences de la Covid-19 seront tellement lourdes à supporter. Si l’Etat laisse faire, le pauvre citoyen ne survivra pas. D’abord, les emplois sont précaires et beaucoup de travailleurs ont perdu leurs emplois. Nous allons vers la Tabaski et l’inflation est contagieuse. Si on n’y fait rien, personne ne pourra acheter son mouton ».
HAUSSE CONSTATEE DES PRIX DU RIZ, DE L’HUILE ET DE LA VIANDE : L’Unacois Yessal parle de tension liée à la Covid-19
La tension notée sur le riz, l’huile et la viande est liée aux effets de la crise sanitaire. Une situation qui « va bientôt revenir à la normale », fait savoir le directeur exécutif de l’Unacois Yessal, Alla Dieng, non sans appeler les siens à fléchir sur les prix.
L a hausse des prix sur certains denrées comme le riz, l’huile et la viande fait saliver plus d’un. Réagissant à cette hausse, le directeur exécutif de l’Unacois Yessal Alla Dieng s’est voulu rassurant : « Certes, il y a tension dans le marché sur certains produits, en rapport aux effets négatifs de la crise sanitaire, mais cette situation ne saurait perdurer parce que c’est la loi de l’offre et de la demande qui régule le marché ». Il précise que les commerçants ne peuvent « ni vendre à perte ni moins encore spéculer sur les prix si le marché est bien approvisionné. « La réalité du marché commande. Avec la Covid-19, les conteneurs viennent au comptegoutte, s’ils ne sont pas indisponibles et pendant ce temps, la demande croit. Donc, plus le produit est introuvable, plus il devient cher. Et lorsque le marché est bien approvisionné, le produit se vend à perte. Le marché fonctionne ainsi». M. Dieng d’indiquer par suite que « le marché est ouvert et chacun y va selon sa bourse. Et de ce point de vue, personne n’est contraint à acheter tel ou tel autre produit. Chacun est libre d’acheter selon sa bourse », non sans préciser que « sur certains produits de consommation, l’Etat n’y peut absolument rien et c’est le cas de la viande, du poisson ». Conscient toutefois que la situation actuelle est difficile, il lancera un appel en direction des membres de son organisation : « Je demande, aux commerçants de l’Unacois Yessal de réduire leurs marges de bénéfices pour tenir compte du pouvoir d’achat des consommateurs très éprouvés par la crise sanitaire ».
HAUSSE DES PRIX : Quand l’Etat reconnait ses limites !
Aveu d’impuissance. Voilà le constat fait suite à la posture de l’Etat du Sénégal face à la hausse notée actuellement sur les prix de l’huile et de la viande. Selon le ministre du Commerce Aminata Assome Diatta qui était en visite à la Fiara, « Il y a de cela quelques semaines, il y a eu une hausse de l’aliment de bétail. Et naturellement, cette hausse se répercute sur le prix de la viande ». S’agissant de l’huile, elle a précisé que c’est celle en fût et en dosette qui fait l’objet d’encadrement, et pas l’huile en bidon par exemple. « Quand on parle de denrée de première nécessité, on pense au riz non parfumé ordinaire, on pense à l’huile en fût, à l’huile en dosette, à l’eau, l’électricité », énumère-t-elle. Pour les autres produits, par contre, le ministre fera savoir qu’ils ne font pas l’objet d’un encadrement, qu’ils ne sont pas véritablement nécessaires à la survie. Autrement dit, dans un pays comme le Sénégal où le commerce est libre, chaque vendeur fixe ses prix. « Quand le commerçant vend cette huile en détail, on ne peut lui appliquer la moindre sanction », a-t-elle ainsi soutenu devant la presse.
DEGRADATION CONTINUE DES ECOSYSTEMES
Quand l’homme travaille à sa propre perte
Fatou NDIAYE, Samba Niébé BA, Moussa DRAME, El Hadji Abdoulaye FALL et Yves TENDENG |
Publication 05/06/2021
La dégradation des écosystèmes est un «fléau» mondial, malgré les initiatives et programmes développés à l’échelle internationale, régionale, sous régionale, nationale et locale pour sauver ce qui peut l’être. Or, ces écosystèmes sont d’une importance capitale dans les équilibres de manière générale et dans la santé et la vie humaine, particulièrement. En atteste le thème de la Journée mondiale de l'environnement de cette année qui est : «La Restauration des écosystèmes», appelant à «prévenir, stopper et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier». En cette journée célébrée ce samedi 5 mai 2021, Sud Quotidien fait focus sur ces problèmes environnementaux qui assaillent différentes localités notamment Sédhiou, Kaolack, Mbour et Saint-Louis. Au même moment, face à l’ampleur de la dégradation des écosystèmes dans notre pays, l’Alliance des écologistes du Sénégal (ADES/Suxaliku Gu sax daak) plaide pour un changement de comportements envers la nature. Invitant ainsi tous à «comprendre que la dégradation des écosystèmes est la contrepartie des processus directement liés à nos modes de production et de consommation actuels».
JOURNÉE MONDIALE DE L’ENVIRONNEMENT : Les écologistes plaident pour un change- ment de comportement envers la nature
«Dans nos pratiques de tous les jours, nous appauvrissons le patrimoine naturel. Quand nous voyons la détresse des populations, les problèmes environnementaux, les catastrophes et les crises imputables au climat, la dégradation des écosystèmes, on sent nettement qu’il y a beaucoup de choses qui vont dans la mauvaise direction. Il urge, des lors, de comprendre que la dégradation des écosystèmes est la contrepartie des processus directement liés à nos modes de production et de consommation actuels», juge l’Alliance des écologistes du Sénégal, (ADES/Suxaliku Gu sax daak) dans un communiqué parvenu à la rédaction hier, vendredi 4 juin. Selon les écologistes, devant le défi, «il nous faut imaginer une autre façon de vivre, nous recentrer sur l’essentiel, inventer une rencontre féconde avec nous-mêmes, faire la paix et essayer de vivre en harmonie avec la nature et nous orienter vers des modes de production et de consommation durables». Le communiqué de l’Alliance des écologistes intervient dans le cadre de la célébration ce jour, samedi 5 juin, de la Journée mondiale de l’environnement. Cette journée instituée depuis 1974 par les Nations Unies (ONU) est une occasion pour la promotion de la sensibilisation et de l'action en faveur de l'environnement dans le monde. Le thème de la Journée mondiale de l'environnement de cette année est «La restauration des écosystèmes : prévenir, stopper et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier».
MBOUR - DEGRADATION DE LA NATURE ET DE L’ENVIRONNEMENT : La survie des écosystèmes en question
La célébration de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin de chaque année, est comme par enchantement un événement, un moment d’introspection et constat sur les agressions à l’endroit du cadre de vie et des habitats naturels en tout genre. Bref les écosystèmes sont de plus en plus affectés et dégradés. Leur restauration participe d’une revitalisation de l’environnement naturel et humain, d’une part, et de la régénération des espèces animales et végétales, de l’autre. La dégradation de la nature et de l’environnement compromet la survie des écosystèmes.
Le département de Mbour ou la région naturelle de la Petite côte paye un lourd tribut de la dégradation de ses écosystèmes, en voyant les estuaires de ses lagunes ensablées, obstruées, ses bras de mer envahis par des habitations et autres installations inhospitalières au cadre naturel, son littoral empiété, ses étangs et cours d’eau déviés ou remblayés.
Le survol de cet espace naturel nous édifie sur le niveau des agressions faites contre la nature et l’environnement d’une manière générale, la dégradation des écosystèmes côtiers marins et terrestres. Le mal est profond. Dès lors, la restauration des écosystèmes s’impose. Le lancement de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes constitue un espoir pour juguler des maux illustratifs. En attendant, un survol de la Petite côte suscite moult interrogations : les géo parcs de Popenguine sis dans la réserve du même nom vont-ils survivre aux actions anthropiques ? Et pour combien de temps ? Rien ne permet ne permet de répondre de manière systématique à ces questions.
Toutefois, l’espoir est permis, à travers une seule volonté, pour une longue durée, celle mue par des hommes et des femmes versés dans la préservation de la nature. Des espèces végétales et animales y résistent, avec les efforts entrepris par les habitants riverains organisés en association, sous la supervision et l’accompagnement des services comme les Eaux et Forêts. Des tentatives vivaces permettent d’y garder l’espoir de sauvegarder la biodiversité. A quelques encablures, la Somone se voit au centre d’une agressivité sans limite. La mangrove devient de plus en plus stressée avec des actions d’empiètement sur la lagune. Ce sanctuaire d’oiseau voit son cadre affecté par l’homme. Des villas avec des fenêtres en verre piègent l’avifaune. Des oiseaux butent sur les installations. Les eaux de pluie qui ont longtemps alimenté le niveau d’eau de la Somone sont désormais retenues dans un lac artificiel, empêchant une bonne alimentation du lit de la lagune. Les conséquences, selon les spécialistes et experts de la protection de la nature, sont déjà tangibles sur les écosystèmes, le niveau de menace élevé. A cela s’ajoute la transformation des lieux, par endroit, en dépotoirs. Des déchets et ordures de toutes sortes, source de pollution et de dégradation de l’environnement, y font lésion. Autre site naturel, même mal.
Le Mballing, la lagune de la commune de Mbour se meurt avec la perte de la biodiversité. La mangrove perd du terrain. Des lotissements sur les lieux ont fini de détruire l’habitat avifaune. Pélicans et cormorans ont fait le deuil de leur milieu naturel. Des autorités municipales s’érigent en gendarmes de l’environnement pour sauver ce qui peut l’être. Tout au long du littoral de la Petite côte, des détritus, des carcasses de bêtes, des dépouilles d’animaux à moitié dévorées par les chiens, des ordures ménagères, des reliefs de plats et l’ensemble des restes des ateliers et sites de transformation sont «confiés» à la grande dévoreuse, la mer, qui les restitue et les dépose à la berge/plage, parce que n’en voulant pas, contribuant ainsi à une dégradation prononcée de l’environnement.
SEDHIOU - CELEBRATION DE LA JOURNEE MONDIALE DE L’ENVIRONNEMENT : Le massacre des massifs forestiers en cours, le désert souffle à la porte
Ce jour, samedi 5 juin, est célébrée la Journée mondiale de l’environnement de par le monde. Les années se suivent et se ressemblent sans toutefois réduire l’élan de destruction de l’environnement. Dans les régions du sud du Sénégal, les coupes abusives et illicites de bois sont les facteurs les plus en vue en matière de menace sur l’environnement. L’insécurité ambiante et quasi permanente née du conflit armé en Casamance, le seuil de pauvreté et l’inconscience de certaines catégories de populations et l’influence de certaines puissances étrangères constituent les facteurs aggravants de la gangrène. Le chemin d’un lendemain incertain engagé !
L e Sahara était vert. Aujourd’hui, c’est le désert total. Nombreux sont des spécialistes qui prédisent ce même scénario catastrophe en Casamance, tant le rythme d’exploitation du couvert végétal est alarmant. Dr Labaly Touré, géographe-géomaticien et enseignant chercheur a expliqué que «le traitement des images satellitaires montre une diminution des surfaces végétales en moyenne Casamance. L’exploitation abusive ou la surexploitation abusive des ressources forestières en Casamance n’est plus un secret. La situation est alarmante et une attention particulière doit être portée à cette problématique car la Casamance ne peut point se développer sans sa biodiversité qui connait une agression multi formes».
Revenant sur le péril sur l’environnement à l’origine des changements climatiques, Dr Labaly Touré a indiqué que dans la région de Sédhiou, qui correspondant à la moyenne Casamance, «le domaine forestier qui représente 12% de la superficie totale, est constitué de savanes arborées sur les plateaux, de forêts claires sèches au Sud. La région de Sédhiou compte 12 forêts classées qui s’étendent sur une superficie de 85.543 ha. Le domaine forestier de la moyenne Casamance est principalement dans la partie Sud et centre de la région».
L’AVPE, LE DERNIER REMPART DES FORETS EN PERIL SUR LA BANDE FRONTALIERE !
Cette ampleur du pillage du bois vert de la Casamance (Sud Sénégal) inquiète les membres de l’Association des volontaires pour la protection de l’environnement (AVPE). Son président, Imam Mamadou Seydou Diallo, confirme. «Oui ! En effet, à la frontière avec la Gambie notamment dans le Kabada, Diarang, les coupes de bois sont extrêmement inquiétantes. Il est vrai que l’association gambienne Anti Forest fire fait des efforts ; mais le mal persiste toujours. Nous continuons à dénoncer et cherchons des partenaires pour un accompagnement économique des populations», dit-il. Leur engagement est sans faille ; mais la complexité et la dimension multinationale du phénomène contrebalancent, par moment, leur peu d’espoir sur l’avenir aléatoire du couvert végétal. «Je commence à perdre vraiment espoir. Je pense qu’il faut mettre la pression sur les acheteurs car si eux aussi ne voient personne pour vendre, ils vont sans doute cesser».
UN ACTE CIVIQUE DES VOLONTAIRES DU KABADA/DATOR A CONSOLIDER
Décidés et engagés à sauver les dernières réserves de forêts encore debout, les membres de l’Association des volontaires pour la protection de l’environnement et les femmes des différents groupements maraichers ont construit un poste forestier à Diallocounda ; mais les moyens d’équipement ne suivent pas, selon Imam Mamadou Seydou Diallo, le président de l’AVPE. «Il est tout aussi vrai que les autorités notamment le Directeur des Eaux et Forêts, l’Inspecteur régional et départemental font des efforts remarquables. Nous avons construit, sur fonds propres, un poste forestier à Diallocounda et ils y ont affecté un personnel. Mais, il faut les renforcer en effectif et en moyens logistiques». A Diallocounda, comme ailleurs sur toute la bande frontalière avec la Gambie, l’avenir des forêts reste suspendu à la volonté des trafiquants prêts à défier l’autorité avec, hélas, la complicité des populations autochtones. Quant aux agents des Eaux et Forêts, ils se réjouissent des efforts en cours que déploie le colonel Baïdy Bâ, Directeur national des Eaux et Forêts du Sénégal. En atteste son engagement manifeste, diton, à réhabiliter les services forestiers détruits en mars dernier, lors des émeutes au Sénégal ayant vraiment atteint tout le dispositif de ce service de protection de l’environnement.
KAOLACK - REBOISEMENT ET LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT : Un exercice à double vitesse dans les régions centre
La lutte contre la dégradation des terres et la volonté multi faciale de la communauté de développer divers programmes de reboisement dans les sites de résidence et les forêts présentent tout un paradoxe. Si pour la plupart, dan les régions du Centre, Kaolack, Fatick, et Kaffrine, un paquet d'initiatives a été pris dans le sens de poser partout des forêts à haute densité, l'ampleur de la coupe du bois et l'exploitation abusive des espèces végétales continuent encore d'être des facteurs irritants. Ce qui, d'un constat quasi général, donne un aspect timide aux 'nombreux programmes de restauration du patrimoine floral caché sur les périmètres de ces différentes régions. Dans un espace où des milliers et des milliers d'hectares de terres restent confrontés au phénomène de la salinisation, la problématique du reboisement reste entière. Et les nombreux programmes, projets et autres initiatives engagées dans le cadre du reboisement finissent par se solder par de faibles pourcentages de réussite ou disparaître tout bonnement. C'est visiblement une appréciation qui se confirme d'année en année. Car, malgré le reboisement de milliers d'espèces concédé, chaque année, à l’occasion de la journée dédiée à l'environnement (le 5 juin), le besoin en suivi des arbres plantés finit par céder et la plupart de ces espèces périssent, avant l'âge de la maturité. Soit dévorées par les animaux en divagation ou pourries à cause d'un manque d'eau et de fertilisants. Aujourd'hui, les seules rescapées de ces plantations annuelles de masse sont les espèces peuplant les zones humides contrôlées, certains espaces protégés ou les domaines privés.
LES AIRES MARINES PROTÉGÉES DU DELTA DU SALOUM, UN EXEMPLE DE PROTECTION POUR L'ENVIRONNEMENT
Malgré que dans certaines zones de la région de Fatick, comme Foundiougne où le phénomène de la coupe du bois se poursuit de plus en plus sous le regard passif des services en charge de la protection de la nature, dans le Delta du Saloum, les consciences semblent plus éveillées, en termes de protection de l’écosystème (environnement) et d'adaptation aux changements climatiques. Dans ce «paradis terrestre» où le gouvernement du Sénégal et ses partenaires ont aménage des aires marines protégées (Amp) d'une superficie de 3000 ha, quelques années auparavant, tous les moyens sont présentement utilisés pour soutenir ce projet. Même si, à présent, les ressources humaines investies pour la mise à défens de ces périmètres marins restent encore insuffisantes, les instructions données sont acceptées et respectées par tous, ou presque. Mieux, les plus jeunes écoliers, les personnes les moins instruites de Toubacouta et toutes les autres collectivités dépendant de ces aires marines sont conscients des interdits et des comportements à adopter pour contribuer à la prospérité d'un tel chantier. Ainsi, après quelques années de disette, le développement des écosystèmes dans ces Amp se fait sentir de plus en plus. Plusieurs espèces d'oiseaux, de reptiles et coléoptères y ont élus domicile et en font naturellement un lieu de reproduction. Des espèces de poissons qu'on avait perdu de vue depuis plusieurs décennies commencent déjà à réapparaître et leurs multiplication, nous renseignent les gardiens du parc, se fait en un rythme exponentiel.
SAINT-LOUIS - PRÉOCCUPÉ PAR L'ÉROSION CÔTIÈRE, LA BRÈCHE ET LA DÉGRADATION DE L'ÉCOSYSTÈME : L'environnementaliste Moussa Gueye appelle à l’union des forces pour résoudre ces problèmes
Elle est loin d'être exhaustive, la liste des problèmes liés à l'environnement au niveau de la région de Saint-Louis. Des problèmes que tente de lister le Chef de la Division régionale de l'Environnement et des Établissements classés et qui ont pour nom l'érosion côtière, la dégradation de l'écosystème, la problématique de la brèche, la mauvaise qualité des eaux liée à la salinisation du sol, les déchets plastiques, les pesticides, le typha, entre autres. "Le problème de l'érosion côtière à Saint-Louis a été amplifié par l'ouverture, en octobre 2003, de la brèche et aussi par les changements climatiques.
En réalité, il y a énormément de problèmes d'environnement que l'on peut énumérer a Saint-Louis. Mais il y a des réflexions et stratégies qui sont mises en place afin d'y faire face. Il faut encadrer l'environnement et adopter davantage de politiques de conservation et de criminalisation pour mieux le préserver", a fait savoir Moussa Gueye, Chef de la Division régionale de l'Environnement et des Établissements classés de Saint-Louis. Selon lui, la préservation de l'environnement doit passer aussi par la prise de mesures d'éducation et parfois aussi des mesures répressives, à travers la mise en place de dispositifs permettant de "traquer" les "délinquants" ou les récidivistes. "On ne peut passer tout son temps à communiquer ou à éduquer les gens. À un moment donné, il faut savoir réprimer pour faire respecter la loi lorsqu'il y a des réticences. De mon point de vue, il faut allier énormément de choses sinon, si on ne fait rien, l'environnement sera de plus en plus agressé et dégradé", a-t-il alerté. Le thème choisi cette année porte sur la Restauration des écosystèmes. "Partout dans le monde, on a vu qu'il y a une dégradation des écosystèmes.
Et ces écosystèmes là ont un rôle extrêmement important dans les équilibres de manière générale et dans la santé et la vie humaine de manière particulière", a-t-il indiqué, tout en soulignant la nécessité, aujourd'hui, de conscientiser, d'éduquer et de sensibiliser les populations sur l'importance de préserver l'environnement. C'est ainsi qu'il appelle à l'implication de tous les acteurs pour y arriver. "Le reboisement ne doit pas être seulement et exclusivement l'affaire des services forestiers, mais plutôt l'affaire de tous notamment les mairies, les collectivités territoriales, la société civile, les associations de toutes sortes, entre autres. Tout le monde doit mettre la main à la pâte pour gérer les questions d'environnement" a-t-il conclu.
PLUS DE 203 MILLIONS FCFA DISTRIBUÉS ENTRE 2019 ET 2020
La SODAV explique que ces "répartitions revêtent un caractère exceptionnel en ce sens qu’elles permettent à la SODAV d’être en avance sur les échéances de paiements des droits
La Société sénégalaise du droit d’auteur et droits voisins (SODAV) ex BSDA, démarre les opérations de répartitions portant sur les droits lyriques et numériques, les droits littéraires et dramatiques. Le lundi 7 juin 2021 à partir de 09 heures, ce sera pour les droits lyriques (Musique) et numériques et les droits littéraires et dramatiques ce sera le mardi 15 juin 2021 à partir de 09 heures.
Ces échéances de répartitions portent sur un montant global de deux-cent-trois- millions cent soixante-six mille deux-cent quarante-neuf francs (203 166 249 F CFA) et concernent le paiement des catégories de droits couvrant les périodes indiquées. La SODAV explique que ces "répartitions revêtent un caractère exceptionnel en ce sens qu’elles permettent à la SODAV d’être en avance sur les échéances de paiements des droits. Celles-ci sont normalement fixées à dix-huit (18) mois au plus tôt entre la période de perception ou de recouvrement du droit et sa redistribution aux ayants-droit".
Les droits lyriques s’élèvent à 121 252 613 F CFA compris entre l’année 2019 (avec 49 567 665 F CFA) et l’année 2020 (avec 71 684 984 F CFA). Les droits numériques lyriques et religieux sont d’un montant de 66 888 086 F CFA dont : les droits numériques Lyriques font 39 433 870 F CFA. Dans le semestre 1 de l’année 2020, c’est 21 658 453 F CFA. Le second semestre de la même année, c’est 17 775 417 F CFA.
Les droits Numériques Religieux sont dans le second semestre de l’année 2020, 27 454 216 F CFA. Un montant de 15 025 550 F CFA est versé pour les droits littéraires et dramatiques de l’année 2020.
La société sénégalaise du droit d’auteur souligne les conditions dans lesquelles elle a entamé le travail à la SODAV. "Ayant trouvé plusieurs années d’arriérés de répartitions quand elle prenait la succession du BSDA, la SODAV a su en moins de cinq années, relever encore le défi de la performance en se projetant à un niveau encore plus honorable".
LA DÉCISION FRANÇAISE AFFECTE DUREMENT LE MALI
Les soldats maliens, notoirement mal formés et mal équipés, dépendent largement des partenaires du Mali pour tenir des camps isolés dans un vaste pays
La décision française de suspendre les opérations conjointes avec l'armée malienne impacte sévèrement les déjà faibles capacités d'un partenaire crucial dans la lutte antijihadiste, avec l'objectif d'obtenir des engagements solides de leurs dirigeants, disent les analystes.
Dans les brousses du Nord et du centre du Mali, les soldats français de l'opération Barkhane, qui a pris en 2014 la relève de Serval déployée l'année précédente, opéraient jusqu'alors dans une large mesure main dans la main avec les soldats maliens.
C'était le cas en particulier lors d'opérations de plusieurs semaines engageant des milliers d'hommes, de Barkhane, de l'armée malienne ou de l'armée nationale selon le théâtre, et de la force régionale du G5 Sahel, contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda ou à l'organisation Etat islamique.
Ces opérations ne se traduisaient pas forcément par de lourdes pertes dans les rangs jihadistes.Mais elles permettaient de "mettre un coup de pied dans la fourmilière et de désorganiser l'ennemi qui doit bouger et prête alors le flanc" à des actions ciblées, explique une source militaire malienne.
La coopération allait bien au-delà, avec le soutien aérien à une armée malienne cruellement dépourvue, l'échange de renseignement et l'entraînement et le conseil, avec l'objectif constamment rappelé par Paris de faire monter en puissance l'armée malienne pour qu'elle puisse assumer seule la sécurité du pays.
Depuis jeudi soir, de grande lignes de cette coopération sont remises en cause, pour la première fois de manière aussi nette en huit années de collaboration.
- large dépendance -
Dix jours après un deuxième putsch en neuf mois, qui a fait du colonel Assimi Goïta le chef de cet Etat crucial pour la stabilité au Sahel, Paris a annoncé jeudi soir suspendre les opérations conjointes avec les forces maliennes.
Concrètement, les soldats de Barkhane "ne sortent plus de leurs bases" dans le Nord du Mali, dit un diplomate français à Bamako.
Les activités de la Task Force Takuba, composée d'unités de forces spéciales européennes et censée aider l'armée malienne à s'aguerrir, sont suspendues, a indiqué à l'AFP l'état-major français.Idem pour la coopération avec les éléments maliens de la force du G5 Sahel, et les actions de formation des soldats maliens, au tir ou à la lutte contre les mines artisanales.
Les soldats maliens, notoirement mal formés et mal équipés, dépendent largement des partenaires du Mali pour tenir des camps isolés dans un vaste pays.Des centaines d'entre eux ont été tués dans les offensives éclairs des jihadistes.
Au quotidien, le soutien français se traduit, dans les domaines logistique, par l'escorte aux relèves ou l'approvisionnement en eau, et militaire, par l'appui lors d'attaques et l'évacuation des blessés.
Sans la France, les opérations maliennes seront vraisemblablement "extrêmement réduites: protection de base, patrouilles en périphérie immédiate des camps, convoi logistique", dit Raphaël Bernard, ancien officier de Barkhane, "ils savent que c'est compliqué de manœuvrer contre les GAT (groupes armés terroristes) loin de leurs bases sans Barkhane ou Takuba".
- groupes insurrectionnels renforcés?-
En décembre, les soldats du camp isolé de Boulkessi avaient sollicité l'appui terrestre et aérien de Barkhane afin d'être relevés.
Dorénavant, ce soutien ne sera plus automatique et le soutien français dans des circonstances particulières sera examiné au cas par cas, dit un responsable français sous le couvert de l'anonymat.
Les mesures sont "temporaires" dans l'attente de "garanties" de la part des colonels maliens qu'ils rendront le pouvoir aux civils après des élections prévues en février 2022, a dit le ministère français des Armées.
Le chercheur malien Boubacar Ba envisage que, dans le camp des jihadistes, l'espace ouvert "donne des ailes aux groupes insurrectionnels qui se sentiraient renforcés par les différentes crises répétitives à Bamako et un éventuel abandon temporaire ou définitif de l'appui des forces Barkhane et Takuba".
L'hypothèse d'un retrait définitif de la France paraît pour l'heure "improbable", estime un ancien haut fonctionnaire retraité malien pour qui "l'annonce française est un message clair et direct" à l'adresse des militaires maliens pour obtenir des garanties.
Celles-ci, avance un chercheur sous couvert d'anonymat, pourraient porter autant sur la nomination d'un Premier ministre civil, qui semble acquise, que sur les décisions politiques bamakoises.
Les Français chercheraient à faire "pression pour que soit mis un terme à tout processus de négociation avec les jihadistes" et pour que la nomination pressentie de Choguel Kokalla Maïga au poste de Premier ministre "ne signifie pas le retour de (l'imam) Dicko", dit-il.
Mahmoud Dicko, imam au coeur de la lutte contre l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, n'a jamais caché sa volonté d'engager un dialogue avec les jihadistes pour le retour de la stabilité au Mali. MM.Maïga et Dicko sont réputés proches.
"L'annonce française pourrait permettre de clarifier les choses", d'un côté comme de l'autre sur "les réelles volontés de chacun", dit le haut fonctionnaire retraité.