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2 mai 2025
Société
«LA FRANCE N’A PAS UNE PRESENCE HONTEUSE AU SENEGAL»
En dépit des attaques dont elle ne cesse de faire l’objet de la part de certains milieux activistes, la France n’entend pas céder d’un pouce sur ses relations avec des pays comme le Sénégal.
En dépit des attaques dont elle ne cesse de faire l’objet du fait de certains milieux activistes, la France n’entend pas céder d’un pouce sur ses relations avec des pays comme le Sénégal. Au contraire, Frank Riester assure que la France sera davantage présente au Sénégal.
Le ministre délégué de la France, chargé du Commerce extérieur et de l’attractivité, Frank Riester, ne pouvait être insensible à l’état des relations multiformes entre la France et le Sénégal. Il considère que ces relations sont au beau fixe, tant sur le plan institutionnel que sur le plan économique et commercial. La France demeure le premier partenaire commercial du Sénégal et le Président Emmanuel Macron travaille à renforcer et développer cette position, assure-t-il. Les investissements français au Sénégal seront augmentés et la France va poursuivre cette dynamique de partenariat. Au cours d’un déjeûner hier, juste avant son départ de Dakar, Frank Riester s’est félicité des réalisations de la France, notamment du Train express régional (Ter) et la dernière génération d’hôpitaux que le Président Macky Sall a inaugurés le week-end dernier. Tous ces ouvrages ont été réalisés, en totalité ou en partie, sur des investissements français et par des entreprises françaises. Mais le plus important pour Frank Riester reste que les ouvrages livrés sont de grande qualité, car «ce qui a été réalisé au Sénégal est conforme à ce qui se fait de meilleur à travers le monde». Aussi, se félicite-t-il, « la France exhorte à faire les choses dans le respect des standards et des bonnes pratiques». C’est dire que la France refuse d’être émue par les attaques contre des enseignes commerciales de marque française comme lors des émeutes populaires des 6, 7 et 8 mars 2021. La perception que la présence française serait menacée dans un pays comme le Sénégal lui paraît fausse. Plus que jamais, la France et le Sénégal vont cheminer ensemble et son pays ne «laissera la place à qui que ce soit». En effet, la France et les entreprises françaises ne nourrissent aucun complexe pour leur présence au Sénégal. «Notre présence ne saurait être honteuse», insiste le ministre. Frank Riester se réjouit que depuis 2017, le Président Macron multiplie les initiatives pour impulser le partenariat entre la France et les pays africains. Pour en convaincre, il invoque son expérience d’ancien ministre de la Culture (2018-2020), qui lui a permis de travailler avec le Président Macron sur le difficile dossier de la restitution des biens culturels pris à l’Afrique.
La production de vaccins Covid-19 au Sénégal prend forme
Frank Riester a confié que la France va accorder au Sénégal un important don de vaccins anti Covid-19 dont un premier lot de 184 mille doses sera réceptionné le 3 juin 2021. De manière globale, la France prévoit de soutenir l’initiative Covax, avec une contribution de 30 millions de doses de vaccin Covid-19 au profit de l’Afrique. Mieux, au cours de ses discussions avec les autorités sénégalaises, M. Riester estime avoir fait avancer le projet de production industrielle de vaccins au Sénégal, comme l’avait du reste souhaité le Président Macky Sall. «Nous entendons positionner le Sénégal en Afrique dans ce domaine, en nous appuyant par exemple sur l’Institut Pasteur de Dakar», explique-t-il. La France s’évertue également à appuyer les jeunes entrepreneurs sénégalais qui investissent des secteurs porteurs de valeur ajoutée comme dans le domaine des activités numériques. M. Riester a ainsi rendu une visite «très prometteuse» à la Délégation pour l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj), à l’occasion de laquelle il a eu des entretiens avec de jeunes porteurs de projets.
«Régler la question de la dette au cas par cas»
Frank Riester dit avoir discuté avec Amadou Hott, ministre sénégalais de l’Economie et du plan, des conditions de relance de l’économie sénégalaise post Covid-19. Le soutien de la France ne fera pas défaut. Aussi, la question du traitement de la dette a occupé leurs discussions. Dans la foulée du Sommet, organisé le mois dernier à Paris par le Président Emmanuel Macron, au chevet des économies des pays africains durement malmenées par la pandémie du Covid-19, la France entend poursuivre son plaidoyer pour l’allègement de la dette africaine. Le Président Macron a été le premier chef d’Etat d’un pays développé à appuyer l’initiative du Président Macky Sall, appelant à l’annulation de la dette des pays pauvres. Il reste que la France considère, par la voix de Frank Riester, qu’il faudrait que «cette question soit réglée au cas par cas et que tous les partenaires jouent le jeu».
La France n’entend pas renoncer à sa doctrine de la formation des élites
La France voudrait être intransigeante face aux velléités expansionnistes et de déstabilisation en Afrique, entreprises par un pays comme la Russie. «Nous avons à discuter davantage avec la Russie, aussi bien pour son rôle en Europe que sur ses actions en Afrique. La France reste préoccupée par des opérations qui peuvent déstabiliser des pays, et surtout compromettre la sécurité mondiale.» La France s’aligne sur les positions exprimées par la Cedeao au sujet de la situation de crise politique et institutionnelle au Mali. A la question de savoir si la France ne pourrait pas regretter d’avoir en quelque sorte abandonné le terrain africain à d’autres puissances, quand on en juge par le fait que toute l’élite militaire membre de la junte malienne a été formée en Russie, Frank Riester admet que «la France doit davantage marquer de sa présence dans le domaine de la formation des élites». L’ambassadeur de France, Philippe Lalliot, de renchérir, indiquant que la France n’a pas baissé la garde du tout : «Dans le domaine de la formation militaire avec le Sénégal, nous avons un partenariat qu’il faudrait sans doute renforcer. Mais aussi dans d’autres domaines de formation technique et professionnelle ainsi que de la formation universitaire, la France est en train de développer des initiatives dans le cadre de Campus France notamment.» De nombreuses initiatives sont aussi engagées dans la formation sportive, avec des centres de formation installés au Sénégal par des clubs de football français.
THIES SAURA-T-ELLE DECRYPTER LE MESSAGE DU PRESIDENT MACKY SALL A KAFFRINE ?
Le président de la République Macky Sall, depuis Kaffrine, a profité de sa tournée « économique » pour faire une digression politique. Un message fort et clair délivré à la coalition Benno Bokk Yakaar
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 02/06/2021
Le président de la République Macky Sall, depuis Kaffrine, a profité de sa tournée « économique » pour faire une digression politique. Un message fort et clair délivré à la coalition Benno Bokk Yakaar, à travers lequel il fait comprendre qu’« aux prochaines élections locales, je ne veux voir aucun militant présenter une liste dissidente à celle de Benno Bokk Yakaar. Je ne veux qu’une seule liste de la coalition présidentielle ». Mais à Thiès, ville rebelle par essence, les responsables de la majorité présidentielle sauront-ils décrypter le message du chef de l’Etat ?
« Pour que le Président se préserve de la déception, à Thiès, il faudrait qu’il impose son autorité pour défendre sa propre liste parce que ses lieutenants dans la ville auront de la peine à décrypter son message ». Le propos émane d’un membre du parti présidentiel qui évoque « les chocs d’ambitions dans les trois communes Est, Ouest et Nord, entre les leaders notamment les ministres, députés, directeurs généraux et Pca de sociétés, dans compter les hauts conseillers des collectivités territoriales ». Parmi ces loups aux dents longues qui rêvent de diriger des mairies ou le conseil départemental, notre interlocuteur cite, entre autres, « Pape Ciré Dia, les ministres Dr Pape Amadou Ndiaye, Yankhoba Diattara, Ndèye Tické Ndiaye Diop (Ndlr, nommée ambassadrice depuis son limogeage du gouvernement), le député Abdou Mbow. ».
Sans compter les trois maires sortants qui sont tous du parti Rewmi qui vient de s’allier avec le parti présidentiel, les Pca Seynabou Ndiéguène, Abdou Fall, le Dg de l’Anamo Maodo Malick Mbaye parmi tant d’autres leaders. Les responsables locaux des partis alliés (Ps, Afp) ne sont pas en reste. Selon ce haut cadre de l’APR à Grand-Thiès, A. D., « personne n’acceptera de s’immoler sur l’autel de l’alliance avec Rewmi. » Et d’expliquer : « tout dépend de l’acceptation de la nouvelle orientation du président Macky Sall. Si les gens acceptent de se ranger et mettre en place une seule liste de BBY, le camp présidentiel a mille chances de passer ».
Toutefois, estime toujours ce haut cadre de l’Alliance Pour la République (APR), « ces leaders, vont-ils accepter de laisser les maires rewmistes de Idrissa Seck rempiler ? Est-ce que ces derniers joueront franc jeu au cas où quelqu’un d’autre dans le Bby serait choisi ? » Poursuivant, notre interlocuteur soutient que « le bon sens aurait voulu que le maire le mieux élu au suffrage universel direct dans les trois communes Est, Ouest et Nord soit le maire de Ville ».
LA COALITION « MBOUROU AK SOOW » A L’EPREUVE DE LA PLETHORE DE CANDIDATURES
« Qui choisir comme têtes de liste ? Les ‘’têtes de listes importées’’ prendront-elles le dessus sur les choix souverains des populations ? » Autant de questionnements légitimes qui occupent le débat à Thiès. Edouard Latouffe, responsable politique, membre de la mouvance présidentielle, conseiller du maire Talla Sylla, lui, se veut d’une « clarté absolue ». Loin de lui, dit-il, « l’idée de remettre en cause ou de ramer à contre-courant des retrouvailles tant saluées par toute la classe politique dans son entièreté ».
L’acteur politique invite solennellement le président Idrissa Seck à « s’abstenir d’entrer dans le jeu politique conflictuel thiessois, car ses responsabilités actuelles ne lui permettent que d’être dans une posture fédératrice, d’arbitre distant et neutre de la bataille pour le contrôle des communes de Thiès ». Selon lui, « les retrouvailles Macky/Idy ont le mérite de calmer le jeu politique thiessois. Elles ont mis un terme définitif à la présidentialisation à Thiès des échéances locales comme ce fut le cas en 2009 et 2014 ».
Selon Edouard Latouffe, « aujourd’hui, Thiès a une chance inouïe de choisir ses maires. Sans qu’ils soient forcément sous tutelle politique ou bénéficient de procuration. Il n’est point besoin de préciser que Thiès revêt un enjeu historique et stratégique. Toute erreur de choix sur les têtes de liste, tout recours à des moyens hitlériens et machiavéliques de dissuasion de «candidatures parallèles», serait une entorse grave à la démocratie ». D’après Edouard Latouffe, « les échéances locales ne sont pas exclusivement l’affaire des partis politiques ou coalitions de partis. Elles sont l’affaire des citoyens tout court. Ce même si l’arbitrage du président Macky Sall est souhaitable dans la clarification du débat du leadership. » A Thiès, beaucoup de responsables de la coalition présidentielle et les nouveaux alliés rewmistes du président Macky Sall se regardent en chiens de faïence.
Et nombre d’apéristes de cracher sur l’alliance « Mbourou ak Soow», décriant le « rapprochement » acté entre le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) Idrissa Seck et le Chef de l’Etat. « Aux prochaines élections locales, je ne veux voir aucun militant présenter une liste dissidente à celle de Benno Bokk Yakaar. Je ne veux qu’une seule liste de la coalition présidentielle ». Ce message clair du chef de la majorité présidentielle de Benno Bokk Yaakar (BBY) va-t-il passer comme lettre à la poste ? Selon Idrissa Guèye, un observateur de la scène politique locale, « aujourd’hui, compte tenu de la nouvelle donne à Thiès, où déjà, en 2014, il y avait une pléthore de listes dans chacune des trois communes Est, Ouest et Nord, les chocs d’ambitions risquent de tout chambouler ».
Et de revenir sur la récente déclaration du maire rewmiste de Thiès-Nord, Lamine Diallo, indiquant que ‘’la mayonnaise du ‘’Mbourou ak Soow’’ n’a pas encore pris forme au niveau de la base qui n’est pas prête », ainsi que sur la « position » du maire Talla Sylla qui a déclaré son « intention de candidature », les ambitions du ministre de l’Economie numérique Yankhoba Diattara qui « se cherche une légitimité politique pour conserver son portefeuille ministériel après les élections locales qui pourraient déboucher sur un vaste remaniement ministériel qui risque d’emporter tous ceux-là qui ne sortiront pas victorieux dans leur cité ». Une chose est sûre : à Thies, beaucoup de leaders ont déclaré leur candidature pour les prochaines élections locales. Et ce militant à la base dans la zone Nord, Pape Dramé, de se demander : « est-ce que ces gens-là, compte tenu de leurs ambitions, vont-ils tous rentrer dans les rangs pour se conformer au message du président Macky Sall ? Est-ce que, n’étant pas têtes de liste, certains leaders ne vont pas donner des consignes de vote sanction ? » Parce que, rappelle-t-il, « si on interroge le passé des uns et des autres, on sait que, parmi eux il y a des coutumiers des faits, des gens spécialistes des coups d’Etat » électoraux.
« TOUTE LISTE TAILLEE SUR MESURE DEPUIS DAKAR SERA ENERGIQUEMENT REJETEE »
Considérant que « les tout prochains jours seront très édifiants, décisifs », Babacar Diop, membre de Benno à Thiès-Ouest, lui, refuse radicalement de « laisser le destin de ma ville entre les mains de gens venus d’ailleurs, qui allument le feu et qui viennent jouer aux sapeurs pompiers ». Avec sa bande de copains, ils soutiennent que « Thiès n’est ni à vendre, ni acheter. Une mise sous tutelle politique de notre ville est inacceptable. Une proximité avec le président Macky Sall ne donne droit à aucune autorité, n’importe laquelle, la prérogative de choisir à la place des Thiessois. Que l’on cesse donc de nous prendre pour des demeurés, pour des canards sauvages ». Si Babacar Diop dit cela, c’est parce qu’« aujourd’hui, une minorité semble vouloir décider pour la majorité des Thiessois ».
Selon lui, « le ‘’Mbourou ak Soow’’ risque de ne pas réussir avec certaines démarches tendancieuses, claniques et partisanes ». Et l’habitant de Thiès-Ouest de conclure en estimant que « les alliances politiques, pour être électoralement efficaces et résister à certains soubresauts, doivent être scellées dans la vérité et dans la transparence. Thiès se battra de toutes ses forces afin que ses valeureux fils ne soient pas exclus des centres de décisions. Toute liste taillée sur mesure, ’’importée depuis Dakar «, sera énergiquement rejetée ». Le président Macky Sall est donc averti…
«NOS INSTITUTIONS ONT ENCORE FAILLI LORS DE CES EMEUTES»
Selon me Assane Dioma Ndiaye, il y a eu la faillite des institutions lors des émeutes qui se sont soldées par une dizaine de morts.
Le président de la Ligue sénégalaise des Droits Humains (Lsdh) se veut formel par rapport aux malheureux évènements de mars dernier. Selon me Assane Dioma Ndiaye, il y a eu la faillite des institutions lors des émeutes qui se sont soldées par une dizaine de morts.
«Aujourd’hui, il y a le rapport produit par le M2D (Mouvement de Défense de la Démocratie. Mais, il y a quelques jours, l’Etat avait annoncé la mise en place d’une commission administrative afin d’élucider ce qui s’est passé dans le dossier Ousmane Sonko-Adji Sarr. A mon avis, tout cela reflète la faillite de notre démocratie et notre Etat de droit. Et c’est toujours le cas quand les institutions publiques ne jouent pas leur rôle, surtout celles chargées de la régulation de la vie sociale», affirme Me Assane Dioma Ndiaye.
Il estime qu’une démocratie doit être régie par des pratiques stéréotypées et les citoyens appelés à avoir des référents communs. «Quand il y a atteinte à la vie humaine ou même de dégradation d’institutions publiques ou privées, et lorsque les citoyens sont dans une angoisse existentielle avec ces 13 morts, le peuple a besoin de savoir pourquoi ça et pourquoi nous en sommes arrivés à ce niveau. Et qui sont les responsables ?».
Malheureusement, il considère que beaucoup de questions restent en suspens. «N’aurait-on pas dû gérer cette crise différemment de façon à éviter autant de pertes en vies humaines ? Pourquoi a-t-on instrumentalisé la justice de sorte qu’il a eu un désamour et la défiance des citoyens contre la justice ? Il va y avoir des équations non résolues. Or, en démocratie, il faut un large débat sur le légitime et l’illégitime. Mais il faut surtout purger les contradictions. Malheureusement, on note que nos institutions ont encore failli avec les émeutes de mars dernier. Qu’il s’agisse du pouvoir exécutif, du pouvoir judiciaire et de l’Assemblée nationale», clame-t-il.
Pour lui, il est compréhensible que l’Etat veuille se réfugier derrière une commission administrative avec des solutions qui devraient déboucher en sa faveur en indexant le camp d’Ousmane Sonko ou l’opposition. Pendant ce temps, le M2D accuse l’Etat d’être le principal coupable dans une perspective d’élimination de pouvoir politique. «Nous sommes dans une sorte d'imbroglio qui ne permet pas l’éclosion de la vérité et d’exorciser le profond traumatisme dont le peuple sénégalais a souffert pendant cette crise meurtrière. Nous sommes dans une sorte de désarroi. Et les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets sans que nous ne soyons capables de générer des solutions salvatrices. Le génie créateur sénégalais n’est plus à mesure de répondre à un certain nombre d’exigences qu’appellent la pérennité de notre peuple et le devenir des générations futures», clame le président de la Lsdh, Me Assane Dioma Ndiaye.
Sen‘Eau, LES TRAVAILLEURS DEROULENT LEUR PLAN D’ACTION
Les travailleurs de la société en charge de la gestion, de l’exploitation et de la distribution de l’eau potable en zone urbaine et périurbaine du Sénégal posent leur premier acte dans leur combat contre les dirigeants de Sen‘Eau.
Les travailleurs de la société en charge de la gestion, de l’exploitation et de la distribution de l’eau potable en zone urbaine et périurbaine du Sénégal posent leur premier acte dans leur combat contre les dirigeants de Sen‘Eau. ils ont en effet déposé hier sur la table du directeur général du Travail et de la sécurité sociale, Karim Cissé, une notification de conflit collectif pour attirer son attention sur leur situation.
Les travailleurs de Sen’Eau n’ont pas dit leur dernier mot dans leur combat contre les dirigeants de la boite. Pour mettre en œuvre leur plan d’actions issu du Conseil des délégués de l’Intersyndicale, ils ont déposé une notification de conflit collectif auprès de la Direction du Travail. «Conformément aux dispositions des articles L271 et suivants du Code du Travail, nous venons par la présente vous notifier le différend qui nous oppose à la direction de la Sen’Eau», soulignent les syndicalistes dans une lettre adressée au Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale.
Dans leur correspondance, les responsables syndicaux rappellent à Karim Cissé que leur différend avec les autorités de Sen’Eau découle des désaccords sur les négociations de 2021 sur différents points qui concernent l’avancement annuel de l’année 2021 et sa clé de répartition ainsi que l’instauration d’une prime de Korité et de Pâques, de même que la validation de la prime de Tabaski et Noël. Il y a également la remise en cause par la direction de certains accords ou acquis.
Il s’agit entre autres, selon les travailleurs, du non-respect du protocole d’accord sur le nombre de polices par releveur, de la priorité accordée au chef d’équipe le plus ancien pour la cession du véhicule qu’il gérait au moment de sa réforme. Outre ces revendications, les agents dénoncent les retards dans le renouvellement ou la dotation d’équipements de travail comme des mobylettes, des caisses à outils et des véhicules, ainsi que le blocage par les autorités de Sen’Eau des cotisations des travailleurs depuis janvier, destinées à la FCP-SDE, et qui entraine un manque à gagner qu’elle doit rembourser.
Dans le même sillage, ils déplorent le refus d’ouverture des négociations par la direction sur les points du mémorandum et issus de la réforme dont, disent-ils, la grande partie est réglée par le ministre de tutelle.
Les syndicalistes appellent tous les délégués de personnel à aller vers la poursuite de la mobilisation des travailleurs qui ont rejeté totalement cette mascarade de bas étage du DRHT qui veut les ramener à plusieurs années en arrière. Pour rappel, le Syndicat Autonome des Travailleurs des Eaux du Sénégal prévoit également de déclencher un mouvement de grève illimitée dans les prochains jours.
GREENPEACE ACCUSE DES ENTREPRISES EUROPEENNES DE CONTRIBUER À L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE
D’après un nouveau rapport de Greenpeace et Changing markets, de grandes entreprises européennes sont à l’origine des conséquences dévastatrices du commerce de la farine et de l’huile de poisson, cause de l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest
D’après un nouveau rapport de Greenpeace et Changing markets, de grandes entreprises européennes sont à l’origine des conséquences dévastatrices du commerce de la farine et de l’huile de poisson, cause de l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.
«En saison froide au Sénégal, il est très difficile, voire impossible de trouver des sardinelles aux points de débarquement habituels. Les conséquences sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales sont catastrophiques, ainsi que sur l’équilibre de la chaîne alimentaire en mer», a déclaré Dr Alassane Samba, ancien directeur du Centre de recherche océanographique de Dakar-Thiaroye au Sénégal.
Les recherches de Greenpeace et Changing Markets confirment, en effet, une expansion rapide de la FHP au cours des dernières années, notamment en Mauritanie, où 70% des exportations d’huile de poisson étaient destinées à l’Union Européenne en 2019. Ce qui explique le fait que les gouvernements de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie ne parviennent pas, à ce jour, à gérer correctement leurs ressources communes de petits poissons pélagiques, ni à prendre les mesures appropriées pour garantir le droit à l’alimentation et aux moyens de subsistance des communautés impactées, notamment dans le secteur de la pêche artisanale, qui continuent de protester contre les usines de farine et d’huile de poisson, relève le rapport.
Le document intitulé : «Nourrir un monstre» démontre comment les industries européennes de l’aquaculture et de l’alimentation animale volent la nourriture des communautés. Il révèle également comment plus d’un demi-million de tonnes de petits poissons pélagiques sont extraits chaque année le long des côtes d’Afrique de l’Ouest et transformés en aliments pour l’aquaculture et l’agriculture, en compléments alimentaires, en cosmétiques et en produits alimentaires pour animaux de compagnie hors du continent africain. Ce deal prive du coup des millions de populations d’Afrique de l’Ouest de la source de protéines la plus fondamentale. Il constitue «une pratique honteuse et un mépris flagrant des lois locales et internationales».
Responsable de campagne à Greenpeace Afrique, Dr Ibrahima Cissé estime à ce propos : «Le poisson propre à la consommation humaine ne devrait pas et ne doit plus jamais être volé aux communautés d’Afrique de l’Ouest pour répondre aux besoins d’autres pays. Nos gouvernements doivent agir rapidement pour mettre un terme à cette situation». Une position que partage la responsable des campagnes de Changing Markets qui ajoute ainsi une couche : « Les exportations de farine et d’huile de poisson vers l’Europe détournent les moyens de subsistance des communautés côtières, en privant les populations d’une importante source de nourriture et d’un moyen de revenus. Les entreprises et les détaillants européens d’aliments aquacoles ne peuvent plus ignorer ce problème majeur de droits de l’Homme et d’environnement».
Selon Alice Delemare Tangpuori, il est temps de repenser les chaînes d’approvisionnement et de supprimer rapidement l’utilisation de poissons sauvages dans la nourriture des poissons d’élevage et d’autres animaux, afin de préserver ces populations de poissons sauvages pour les générations futures.
Harouna Ismail Lebaye, président de la Fédération Libre de Pêche Artisanale (Flpa)/section de Nouadhibou (Mauritanie), s’alarme et interpelle l’Union Européenne. «Vos investissements nous privent de nos ressources halieutiques, vos investissements nous affament, vos investissements menacent notre stabilité, vos usines nous rendent malades (…).Il est temps de mettre un terme à tout cela», lance-t-il aux entreprises et autres gouvernements impliqués dans l’approvisionnement en farine et en huile de poisson.
Compte tenu de tous ces problèmes, Greenpeace Afrique et Changing Markets recommandent dans ce nouveau rapport, les entreprises, les décideurs et les gouvernements de cesser de prélever du poisson propre à la consommation humaine en Afrique de l’Ouest pour alimenter la demande de farine et d’huile de poisson dans l’Union européenne et en Norvège, au grand dam des communautés Ouest-africaines.
«L’HOMO-SENEGALENSIS DOIT AVOIR UNE PERSONNALITE ENRACINEE, QUI N’EST PAS UN RENEGAT»
Dans cet entretien accordé à la Rédaction, le sociologue et enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, Ousmane Ba revient sur la question de l’homosexualité
La tenue d’une manifestation contre l’homosexualité, la semaine dernière, et l’épreuve en anglais du Bac blanc à Rufisque, ont fait resurgir le débat sur la présence du phénomène au Sénégal. Dans cet entretien accordé à la Rédaction, le sociologue et enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, Ousmane Ba revient sur la question de l’homosexualité, appelant à «sauvegarder notre éducation». Mieux, insiste-t-il, «l’homosenegalensis doit avoir une personnalité enracinée qui n’est pas un renégat».
Récemment des organisations nationales ont tenu une marche pour réclamer la criminalisation de l’homosexualité. Quelle lecture vous en faites ?
Les organisations de la société civile, du point de vue communautaire ou au niveau national, sont dans leur droit. La question de l’homosexualité qui est un fait social, doit être analysée en fonction de nos propres réalités sociales, économiques et culturelles. Avec la médiatisation de l’homosexualité, la nature de notre société, ces leaders communautaires sont dans leur rôle de pouvoir défendre les intérêts de la société sénégalaise en termes de défense, protection et de sauvegarde. Maintenant, quand on analyse, il faut savoir que nous sommes dans une société un peu écartelée, c’est-à-dire une société qui essaie de négocier son évolution entre la modernité et la traditionnel. Le Sénégalais est un migrant, il voyage, il bouge beaucoup.
Et, en partant, il intériorise un certain nombre de comportements. Et, en revenant, il a tendance à copier, s’il n’est pas bien formé, ses mêmes attitudes et comportements. A partir de ce moment, s’il y’a des sentinelles qui jouent le rôle d’alerte, c’est dans le bon rôle et c’est dans ce sens qu’intervient le discours en essayant de demander la «criminalisation» de l’homosexualité parce qu’il y’a des lobbies très forts qui se cachent derrière la question de l’homosexualité. Souvent la propagation de ces lobbies touche presque tous les secteurs d’activité. On l’a vu dans le domaine du mannequinat, le showbiz et les films. Il y’a certains secteurs qui sont en résistance tels que l’éducation. Mais, comme ce sont des gens qui sont puissants, on doit sauvegarder notre éducation autrement dit l’homo-senegalensis doit avoir une personnalité qui est enracinée, qui n’est pas un renégat. C’est à partir de ce moment que la «criminalisation» va essayer quelque part de garantir une bonne tranquillité sociale. Je voudrais que l’on comprenne que le fait en question est là. C’est comme aujourd’hui, on a criminalisé le viol mais, les gens continuent de le faire. Si on criminalise l’homosexualité, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’homosexuels mais, peut-être, ils vont se cacher.
Qu’est-ce qu’il nous faut donc ?
Au-delà de la criminalisation, il faut mettre l’accent sur l’éducation à la base. Quand il y a un fait, il faut d’abord observer les racines. Eduquer veut dire voir s’il n’est pas temps que notre société fasse son mea-culpa, c’est-à-dire faire son introspection, voir comment on forme nos modèles, comment on doit former nos élites, politiques et ce, à tous les niveaux. Maintenant, la tendance est que l’ascension sociale foule du pied certains canaux légaux parce qu’on a privilégié l’aspect mercantilisation de l’argent ; la richesse, au détriment du spirituel. A partir de moment, ça pose problème. On demande qu’on criminalise l’homosexualité ; mais il faudra qu’on fasse une introspection globale pour voir quel est le modèle. C’est à partir de ce moment qu’on peut connaître le niveau de responsabilité : ou c’est l’homo-sénégalensis qui est malade ou c’est son institut social qui ne fonctionne pas ?
Selon vous l’ampleur actuelle du phénomène mérite-t-il toute cette attention qu’on lui accorde ?
Il faut dire qu’il y a la prolifération des médias. L’homosexualité a toujours existé dans le monde. Maintenant, sa propagation, sa vulgarisation, se justifient par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Dans les années 80/90, il y avait les médias classiques qui véhiculaient ce type d’information, mais après avoir fait une censure. On devait passer par le purgatoire de la rédaction, voir ce qu’il faut choisir ou enlever ; mais aujourd’hui, on a les médias isolés comme Tik Tok, WhatsApp, Twitter. La réalité est là ce n’est pas nous qui contrôlons facebook ou autres, même si on peut couper le signal. Mais, ça doit commencer par des individus qui doivent non seulement intérioriser un certain nombre de valeurs, une façon de faire qui nous permet de former, de forger et de construire l’homosenégenlis qui est capable de négocier, distinguer, pouvoir choisir, devant une situation, le bien et de mettre de côté le mal.
Récemment, des organisations qui défendent cette cause en occident ont demandé l’interdiction de séjour, dans des pays comme la France, de Sénégalais dont des guides religieux. Cette requête ne peut-elle pas déteindre sur la relation entre le Sénégal et les pays concernés ?
Tous les pays ont leur souveraineté. Si, par exemple, la France décide de le faire, on a le droit de réciprocité. Ce ne sont pas les guides religieux de répondre d’autant plus dans ces pays-là, on a un gouvernement, un Etat. Les guides religieux n’ont même pas besoin d’aller dans ces pays-là. Faire cette requête, c’est fausser le débat. Maintenant la question est de voir si nos autorités ont la capacité de retourner cette réciprocité-là.
Est-ce que le l’homosexualité a des chances de se propager au Sénégal ?
Il ne faut pas oublier qu’au Sénégal, on est à 99% religieux, musulmans et Chrétiens confondus. Dans ce nombre, il est sûr que les 90% sont des pratiquants. Donc, ce phénomène ne peut pas prendre le dessus sur la conscience collective sénégalaise. Ce que nous avons comme symbole, les cas isolés, elle ne peut pas prendre le dessus sur la société, surtout qu’elle est encrée sur des racines très solides en termes de normes sociales et valeurs. Dans toutes les nations du monde, il y a des déviants qu’il faudrait gérer avec tact.
POURQUOI L’ARMEE CIBLE LES BASES D’UN CESAR ATOUTE BADIATE, «FAVORABLE A LA PAIX»
L’Armée sénégalaise pilonne les bases rebelles de Bouniak et Kassolole, contrôlées par César Badiate, situées dans l’arrondissement de Niassya (région de Ziguinchor)
L’on en sait un peu plus sur les raisons d’une offensive militaire contre les positions de César Atoute Badiate. Entre la volonté du chef rebelle César Atoute Badiate de cheminer vers la paix et les agissements de ces «éléments incontrôlables» ; la sentence est tombée depuis dimanche dernier. L’Armée sénégalaise pilonne les bases rebelles de Bouniak et Kassolole, contrôlées par César Badiate, situées dans l’arrondissement de Niassya (région de Ziguinchor) pour mettre fin aux agissements d’éléments armés et incontrôlables qui y impriment leur loi et sécuriser la zone pour le retour des populations déplacées.
L ’Armée qui bombarde les grandes bases rebelles de Bouniak et Kassolole, contrôlées par César Badiate, veut nettoyer complètement la zone et neutraliser toutes velléités de banditisme perpétrées par des éléments armés dans la zone. Favoriser le retour des populations déplacées, rouvrir les pistes de production qui se heurtent souvent au «véto» du commandement de Kassolole, tels sont les principales raisons d’un «acharnement militaire» sur les positions du chef rebelle, à travers cette nouvelle opération de ratissage dans la zone. En enclenchant les opérations de ratissage dans l’arrondissement de Niassya (département/région de Ziguinchor), l’Armée Sénégalaise envoie un message clair aux bandes armées. Tous ceux qui prônent pour la paix doivent déposer les armes et quitter la brousse, c’est le langage militaire que semble lancer l’Armée aux éléments armés. Car, comment comprendre que certains chefs rebelles qui se disent favorables à la paix soient la cible de bombardement de l’Armée ? Une question qui trouve toute sa pertinence dans les agissements de certains éléments armés incontrôlés qui sèment la terreur et qui font la loi dans cette zone qui abrite des bases rebelles. Des sanctuaires rebelles pilonnés, depuis dimanche 30 mai 2021, par l’armada militaire.
EN FINIR AVEC TOUTES LES VELLEITES DE BANDITISME ET NETTOYER LA ZONE D’ELEMENTS ARMES
Neutraliser toutes velléités de banditisme et nettoyer la zone d’éléments armés, c’est le pari que se fixe la grande muette qui, selon certaines indiscrétions militaires, veut en finir avec ces individus armés qui ont fait de cette partie sud du pays leur zone de prédilection. Les bases de Bouniak, Kassolole, bombardées, ces opérations de ratissage permettent de remettre le schéma déjà dessiné dans l’autre partie du Balantacounda (département de Goudomp, région de Sédhiou) où des bases rebelles de Sikoune, Boussoloume, Badiome ont démantelées. Les ex-pensionnaires de ces bases chassés, de forts soupçons de les retrouver de l’autre côté étaient persistants. D’où cette nouvelle phase des opérations de ratissage. Ajouter à cela la volonté des populations de retrouver leurs terres abandonnées depuis des années. Le processus de retour des populations, dans cet arrondissement de Niassya, qui se heurte souvent au refus des bandes armées qui ont fini de faire de ces villages abandonnés depuis et presque «rayés» delà carte leurs sanctuaires. Appliquer à cela la construction de pistes de production qui s’est souvent heurté au «véto» du commandement de César Atoute Badiate qui brandit l’argument non convaincant de la protection de ses bases. Car, avec la construction de pistes, ces bases sont exposées à d’éventuels assauts de l’Armée sénégalaise.
METTRE FIN A UN DOUBLE JEU : LA VOLONTE DE PAIX DU CHEF REBELLE QUI DIVERGE DES AGISSEMENTS DE SES ELEMENTS
Face à cette situation «désobligeante» l’Armée veut sécuriser totalement ces zones et démanteler définitivement ces bases. Ces opérations de sécurisation se poursuivent et les militaires déployés sur les lieux avancent à grands pas. Si des poches de résistance avaient ralenti cette progression, au tout début des opérations, dimanche, une source nous révèle que la progression vers les grandes bases se fait sans grandes difficultés, même si des tirs sporadiques venant des bandes armées sont souvent notés. Toutefois, les positions satellites de ces bases sont conquises par les commandos et autres fantassins déployés sur le champ de bataille. Difficile, pour l’heure, d’établir un bilan de cette opération militaire enclenchée depuis dimanche dernier. Les populations du village de Bassère ont été même déplacées par l’Armée pour mieux avancer. Ces populations de ce village, l’un des 25 villages de la commune de Niassya, pourraient retrouver d’ailleurs leurs contrées dans les prochains jours.
UNE NOUVELLE TOURNURE POUR LE PROCESSUS DE PAIX
Les positions du chef rebelle César Atoute Badiate, cibles de l’Armée, le processus de paix prend une nouvelle tournure. Entre les décisions du chef rebelle et les agissements des éléments armés sur le terrain, la réalité est toute autre. Des exactions, des raquettes, des enlèvements sont souvent perpétrés par des éléments incontrôlables qui impriment leur loi. Il ya quelques années dans cette même zone de l’arrondissement de Niassya, douze (12) démineurs avaient été enlevés par des éléments armés favorables au chef rebelle César Atoute Badiate. Des négociations avec le commandement de Kassolole avaient finalement permis leur libération. Alors doit-on laisser ces genres de situation perdurer ? S’interrogent certains ici qui s’expliquent difficilement un tel état de fait aux allures de double jeu. La réalité politique de l’évolution du processus de paix est différente de la réalité militaire sur le terrain. Partagées entre psychose née du crépitement des armes et le désir de paix, les populations attendent de voir l’évolution des choses. Mais, une évidence cependant, l’aspiration principale des populations réside dans la sécurisation et la pacification de leurs villages pour permettre à ces même populations meurtries par des années de conflit de vivre sereinement dans une région où ces opérations de sécurisation, vont à coup sûr, secouer le processus de paix en Casamance .
par Oumou Wane
VIVRE ENSEMBLE EN SECURITÉ
Ce week-end encore, il a plu sur nos têtes des contrevérités ridicules, des allégations sans l’ombre d’une preuve solide, dénonçant l'achat d'un Yacht par notre chef de l’État pour son confort personnel
Lorsque je rentre à Dakar, dans ma ville de cœur, moi la native de Kaolack, j’aime y flâner, y respirer les odeurs de la rue, d’air marin, de beignets, de fruits. Parfois ils sont un peu collants ces marchants ambulants, mais c’est la coutume ici et ils sont si gentils. J’aime la musique de cette ville, sa jeunesse sportive et trépidante, son énergie.
Hier je me disais que ce pays avait de la gueule quand même, avec un ancien président patriarche qui fête ses 95 ans dans la liesse populaire et un chef d’État en exercice qui parcourt le pays dans une tournée économique triomphante et très médiatique…
Et puis boum, patatras, c’est l’horreur, l’accident et l’incompréhension. Dans l’étape de Kédougou de la tournée économique du chef de l’Etat, un accident de la route mortel a emporté trois membres de l’équipe de reportage de Leral.net et deux autres ont été blessés dans une collision entre leur véhicule et un camion.
Immédiatement alerté, le président de la République, Macky Sall, visiblement très ému et choqué, s’est dépêché sur les lieux, a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes de l’accident, à la rédaction de Leral.net, anéantie par ce drame et à l’ensemble de la presse sénégalaise. Il ordonna sur le champ que les deux blessés soient évacués à Tambacounda puis à Dakar dans la nuit par avion.
Tous s’inclinent devant la mémoire des disparus de l’accident et les condoléances les plus émues à leurs familles respectives ainsi qu’à toute la corporation affluent de toutes parts.
Tous ou presque ! Tous sauf quelques-uns dont je ne citerai même pas les noms, quelques-uns qui s’y entendent bien pour gâcher le vivre-ensemble et se défendent à merveille en matière de fake news et de mensonges ultimes. Les mêmes, toujours les mêmes qui ne respectent rien, pas même le travail de reporters professionnels dans le sillon d’un chef d’État, toujours ceux-là, dont le but n’est autre que de discréditer le bilan de notre président aux yeux de l'opinion, avec les «succès» que l’on sait.
Ce week-end encore, il a plu sur nos têtes des contrevérités ridicules, des allégations sans l’ombre d’une preuve solide, dénonçant l'achat d'un Yacht par notre chef de l’État pour son confort personnel. En réalité et de façon avérée, il s’agit d’un patrouilleur géré par la Marine nationale, qui en possède d’autres.
Diffamation, fausses histoires tapies de stéréotypes, insultes… les conséquences sur la vie démocratique de cet effrayant raz-de-marée de haine sont très graves et méritent de façon urgente que l’on s’y attarde.
Après tout, qu’est-ce que ces acteurs malveillants ont contre la forte mobilisation des populations massées tout le long du parcours du président ? Qu’ont-ils contre Macky Sall en tournée économique pour l’inauguration d’hôpitaux et d’autres réalisations au service des populations ? N’avons-nous pas besoin d’infrastructures modernes pour notre bien-être et notre sécurité justement ?
Rassurez-vous chers compatriotes, il ne s’agit là que d’une infime partie de la société. Laissons aux insulteurs les réseaux sociaux et à nous le terrain de l’information.
Ce drame de la circulation, survenu dans l’exercice le plus entier de la démocratie nous rappelle à quel point la stabilité de notre pays et sa sécurité sont des enjeux cruciaux pour notre avenir et nos libertés.
S’il est une chose qui ne fait pas défaut à notre jeune démocratie, c’est bien le sens critique et tout le monde s’en réjouit, mais ne lésinons pas sur les moyens quand il est question de la sécurité de nos concitoyens et à plus forte raison de notre président. Aussi sur l’affaire du renouvellement de la flotte mise à la disposition du président de la République, avec l’achat de l’airbus A320 neo, soyons bien sûrs qu’il s’agissait là d’une nécessité.
Arrêtons l’hypocrisie et les critiques en escadrille… La réalité est bien plus prosaïque. Tous les pays modernes dignes de ce nom possèdent un ou plusieurs avions spéciaux pour le transport de leur chef d’État, le plus connu d’entre eux est Air Force One utilisé par le président des États-Unis et géré par l'US Air Force. Rappelons que le nouvel Airbus A320 neo, dont prendra possession le Sénégal cet été remplacera l’A319présidentiel âgé de plus vingt ans. Tous les spécialistes s’y entendent pour dire que maintenir éternellement en service un vieil appareil ne répond à aucune logique économique, et il vaut mieux acheter un nouvel avion plutôt que d’en maintenir un ancien éternellement.
Alors soyons sûrs que ce n’est ni le goût du luxe ni la propension à la dépense qui ont obligé Macky Sall à autoriser l’acquisition d’un avion neuf de commandement. Nous connaissons même sa discrétion légendaire et sa réticence à dépenser les deniers publics. Non seulement, Macky Sall et son staff ont pris d’énormes risques avec la survenue régulière de problèmes techniques et mécaniques à bord de l’avion de commandement, mais d’autre part, ne s’agit-il pas là de l’image de la souveraineté du Sénégal ?
Car la question est bien celle-ci : souhaitons-nous définitivement concourir en amateur entre frustrations et divisions dans le petit bain des polémiques ou voulons-nous enfin jouer en toute sécurité sur le tarmac des « grands » ?
À mes confrères de Leral.net, morts en mission, pour que triomphe l’information et que vive la démocratie.
par Yakham Codou Ndendé MBAYE
LA VÉRITÉ SUR LA VEDETTE DE TRAVERSÉE DAKAR-GORÉE
On aura tout entendu, ces derniers jours, à propos d’un navire de plaisance que le Macky Sall aurait acheté avec les deniers publics, à la suite de l’acquisition d’un nouvel avion de commandement. Cela procède d'une diffusion de fausse nouvelle
On aura tout entendu, ces derniers jours, à propos d’un navire de plaisance que le président de la République aurait acheté avec les deniers publics, à la suite de l’acquisition d’un nouvel avion de commandement. Rien que pour se faire plaisir. Naturellement, cela procède de la bonne et simple diffusion de fausse nouvelle. Le Soleil vous livre la bonne information à ce sujet.
À l’instar de l’escadrille aérienne présidentielle, la Présidence de la République dispose depuis fort longtemps de navire pour le transport de ses hôtes de marque vers Gorée. C’est dans ce cadre que vers la fin des années 70, la vedette présidentielle «La Signare» est commandée par le Président Léopold Sédar Senghor. Mais, ce dernier n’en usera pas : elle est livrée le 16 septembre 1982, au début du magistère de son successeur, le Président Abdou Diouf. Pendant plus d’une trentaine d’années, tout en répondant au contexte sécuritaire de l’époque, «La Signare» assure les transferts maritimes, principalement vers Gorée.
L’INCIDENT AVEC BARACK OBAMA QUI A TOUT DÉCLENCHÉ
Toutefois, en 2005, la vétusté du navire est manifeste et occasionne un grand carénage afin qu’elle soit présentable et réponde aux normes de sécurité maritimes ainsi qu’aux exigences des services de sécurité des hôtes de marque du Sénégal appelés à embarquer à bord. Mais, en 2013, survient un incident majeur qui gêne au plus haut point la Marine nationale et révulse le Président de la République : le 27 juin, lors de sa traversée pour visiter l’île de Gorée, le Président américain, Barack Obama, embarque à bord de «La Signare» qui… tombe en panne. L’incident fait l’objet de remarques des services de sécurité américains qui recommandent fortement à nombre de Présidents étrangers de ne pas emprunter la vedette s’ils veulent se rendre à Gorée. «La Signare» est trop lent, vétuste et insuffisamment protégé, relèvent-ils.
Il s’y ajoute que dans un contexte marqué par des menaces sécuritaires de plus en plus diffuses comme le terrorisme, il est apparu que «La Signare» n’était plus au niveau d’exigence requis pour transporter les autorités et leur service de sécurité, conformément aux nouvelles normes de sûreté maritime. Eneffet, outre sa très faible vitesse, sa capacité d’emport limitée ne permet pas souvent d’embarquer l’ensemble des membres des délégations présidentielles (personnel de sécurité, service de protocole, et autres personnels accompagnants). À plusieurs reprises, les chaloupes assurant la desserte maritime Dakar – Gorée ont été mobilisées pour transporter une partie des délégations, au détriment des habitants de l’île.
ACHETÉ LE 07 JUILLET 2017 À 5 849 339 060 FCfa
En 2016, «La Signare» subit un autre grand carénage, mais, rien n’y fait : la vedette a toujours mauvaise presse au niveau international. Alors, prenant en compte cette situation qui risquait d’impacter négativement l’image du Sénégal et son obligation de transporter ses hôtes de marque en toute sécurité, une vedette de 33 mètres est commandée au chantier naval «Ocea Sa», en 2017, pour remplacer «La Signare».
Le 07 juillet 2017, le contrat T1784/17 pour l’acquisition de la vedette «Sea Premium 100» est signé entre le Secrétaire général de la Présidence de la République du Sénégal et le constructeur, «Ocea Sa». Il est approuvé sept jours plus tard par le ministère de l’Économie, des Finances et du Plan. La livraison, prévue pour fin 2018, est retardée pour des raisons de force majeure.
Quid du coût du navire entièrement payé sur fonds propres de l’Etat du Sénégal ? Le montant du marché est de cinq milliards huit cent quarante-neuf millions trois cent trente-neuf mille soixante (5 849 339 060) FCfa, toutes taxes comprises. Ce montant est dans le segment des prix des navires militaires de la même taille. À titre d’exemple, le patrouilleur «Taouay» de la Marine sénégalaise a coûté quatre milliards huit cent cinquante millions (4 850 000 000) de FCfa.
GÉRÉE PAR LA MARINE, ELLE PEUT AUSSI PARTICIPER À LA RECHERCHE ET AU SAUVETAGE EN MER
La vedette «Sea Premium 100» baptisée «Fatick», qui n’est donc pas un yacht pour promenades présidentielles, est destinée, comme «La Signare», à transporter les autorités sénégalaises, ainsi que les hôtes de marque, de Dakar à l’île de Gorée, dans les conditions standard modernes de sécurité. Dans le passé, «La Signare» a transporté d’éminentes personnalités comme les Présidents Nelson Mandela, Bill Clinton, George Bush, Barack Obama, et le Pape Jean Paul II, aujourd’hui et demain, «Fatick» fera de même.
Avec «Le Fatick» dont la gestion est confiée à la Marine nationale, non seulement le Sénégal corrige les vulnérabilités de «La Signare» et embellit son image de marque en termes de standard de sécurité au niveau international, mais, il dispose d’un navire qui peut accueillir cinquante à soixante passagers dans les meilleures conditions de confort et de sécurité pour effectuer des connections entre Dakar et Gorée, ainsi qu’entre Dakar et Mbour. Outre sa fonction de transport, « Le Fatick» peut également, au besoin, participer à des missions de service public comme la recherche et le sauvetage en mer.
par Nioxor Tine
ULTIMES SOUBRESAUTS D’UN ZOMBIE POLITIQUE
Macky Sall vient de lancer une campagne électorale prématurée, aussi cocasse qu’irrationnelle, prétextant une tournée économique, incluant l’inauguration avec une décennie de retard des hôpitaux de Kaffrine et Kédougou
À mesure qu’approche la date fatidique de la présidentielle de 2024, qui verra le passage de témoin entre le président Macky Sall et son successeur, on constate, pour le déplorer, une perpétuation de pratiques politiciennes combattues depuis des décennies par les démocrates sincères de notre pays.
Après avoir chamboulé le calendrier électoral avec la complicité de quelques ténors de l’opposition, le chef de l’État vient de lancer une campagne électorale prématurée, aussi cocasse qu’irrationnelle, prétextant une tournée économique, incluant l’inauguration avec une décennie de retard des hôpitaux de Kaffrine et Kédougou (érigées en régions par la loi 2008-14 du 18 mars 2008).
En effet, dans cette chasse aux voix, on ne se contente plus d’utiliser les moyens de l’État, à des fins partisanes. C’est l’appareil d’État tout entier, avec de braves fonctionnaires soumis aux devoirs de réserve et de loyauté républicaine, qui est pris en otage par les courtisans du Prince et se substitue à un parti présidentiel défaillant.
De fait, l’opinion s’attendait, à l’orée de ce second mandat usurpé, à ce que le président de l’APR appelé à se décharger, bientôt, de ses fonctions étatiques, s’attelle à structurer son parti encore immature, pour le mettre en meilleure position d’affronter les différentes consultations électorales prévues dans les trois prochaines années.
Au lieu de cela et alors que le syndrome du deuxième mandat est en train de produire ses effets, marqué par une perte graduelle de son influence politique, le président semble vouloir persister dans ses travers coutumiers d’instrumentalisation des institutions. Cela lui sera d’autant plus difficile, qu’il a fini de faire le vide autour de lui, d’abord en supprimant le poste de Premier ministre, puis en limogeant, pour délit supposé d’ambition présidentielle, des personnalités jusque-là considérées comme des leaders de premier plan de l’APR.
Le meilleur exemple en a été donné par les émeutes de février – mars dernier qui vont bien au-delà du fait divers auquel on cherche à le réduire. En plus de traduire une défiance populaire contre cette fâcheuse habitude d’initier des cabales judiciaires contre des adversaires politiques, elles ont fini de signer l’arrêt de mort des rêves chimériques de troisième mandat.
Il faudra bien que les membres du staff dirigeant de l’APR cessent de considérer comme une adhésion à leurs choix politiques erratiques, la présence à leurs rassemblements d’immenses foules bigarrées mobilisées par des opérateurs politiques ayant leurs propres agendas, surtout à l’approche des locales de l’année prochaine.
Il suffit, pour s’en convaincre, de voir les rivalités féroces qui apparaissent au sein d’une coalition présidentielle plus hétéroclite que jamais. L’expérience a prouvé, qu’il était très difficile de concilier les positions des différents candidats à la direction des collectivités territoriales, car leurs conflits, que le président aura, cette année, encore plus de mal à arbitrer, loin de reposer sur des divergences programmatiques, sont plutôt liés parfois à des égos surdimensionnés, mais surtout à de froids calculs politiciens.
En réalité, la plupart des hommes politiques de notre pays se sont convaincus, que dans la conquête d’un fief local, préalable à leur futur plan de carrière, ils devront compter plus sur eux-mêmes que sur des mentors au crépuscule de leurs carrières.
Pour sortir de cet imbroglio inextricable, la classe politique doit s’accorder sur des mesures de rationalisation, de modernisation et de fonctionnement démocratique des partis politiques, qui apprendront à choisir leurs candidats à l’issue d’élections primaires.
En outre, la récente loi sur l’élection du maire au suffrage universel combinée au mode de scrutin inique actuel devrait être revue et corrigée. Elle risque de favoriser l’apparition de potentats locaux et reproduire, au niveau local, les tares de l’hyper-présidentialisme central.
Pour promouvoir la diversité, l’esprit de concertation entre divers groupes et secteurs de la population au sein des territoires, l’adoption de projets fédérateurs et de programmes communs, on devrait plutôt s’orienter vers un mode de scrutin proportionnel intégral ou tout au moins majoritaire à deux tours.