Dakar, 12 mai (APS) – Les divergences entre l’opposition et la majorité sur la date des élections territoriales sont un des sujets en exergue dans la livraison des quotidiens de mercredi.
Selon Wlafdjri, ‘’l’opposition reste inflexible’’ sur la date des élections locales.
‘’Le président Macky Sall est loin de calmer le jeu en arrêtant la date des élections au 23 janvier 2022. Pour l’opposition, cela ne change pas le fait qu’il a décidé, de manière unilatérale, de fixer la date pour dérouler son plan, pour aboutir au couplage des élections législatives et présidentielle’’, rapporte le journal.
Le président de la République Macky Sall a fixé la date du scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022.
Dans un communiqué publié, lundi, le ministre de l’Intérieur informe que, conformément aux dispositions de l’article 1er de la loi n° 2021-24 du 12 avril 2021 portant report des élections territoriales, le président de la République, Macky Sall ‘’a, par décret n° 2021 – 562 du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 202’’.
Le Quotidien qui parle de ‘’date amère’’ écrit : ‘’Le PDS, parti de Abdoulaye Wade, voit des +manœuvres politiciennes+ de Macky Sall entre la décision de fixer la date des élections locales et le découpage administratif’’. Mais, dans le journal, Moundiaye Cissé de l’ONG 3D prévient que ‘’cette décision ne saurait être un prétexte pour reporter les élections législatives’’.
Le quotidien Enquête déplore ‘’les combats d’arrière-garde’’ de l’opposition sénégalaise à propos de l’audit du fichier électoral, la date des élections, etc.
‘’Entre mauvaise foi et lutte pour des brouilles, l’opposition oublie souvent que les élections se gagneront sur le terrain avec une bonne organisation pour le contrôle du scrutin en amont comme en aval. Avec la majorité, c’est une entente quasi-impossible sur les questions les plus essentielles’’, écrit le journal.
Cette ‘’éternelle mésentente’’ est également constatée par Source A
Selon Sud Quotidien, ‘’l’opposition dénonce le manque de considération dans la prise de décision du gouvernement, l’absence de consensus au sein du dialogue politique comme le forcing du pouvoir en place’’.
L’As annonce que ‘’le Front de résistance nationale devrait se réunir incessamment pour donner sa position officielle sur la date du scrutin. Mais, tout porte à croire qu’elle ne va pas boycotter le processus’’.
Dans la publication, son coordonnateur au sein du dialogue politique estime que l’opposition ‘’devrait aller à ce scrutin au risque de déserter le terrain au profit du régime en place’’.
Dans Vox Populi, Saliou Sarr soutient : ‘’Une élection locale, ça ne boycotte pas. Après avoir constaté, il faut se retrousser les manches et aller travailler, faire de telle sorte que l’opposition puisse gagner le maximum de collectivités territoriale’’.
Le Soleil se fait écho du démenti de l’Armée sur des échanges de tirs en Casamance. ‘’Aucun accrochage entre nous et des individus armés n’a été relevé au niveau du Front Sud’’, a déclaré le colonel Souleymane Kandé, commandant de la Zone militaire N°5.
L’armée sénégalaise n’a eu aucun accrochage avec des individus armés dans le ‘’front sud’’ de la Casamance (sud), a soutenu mardi le colonel Souleymane Kandé, le commandant de la zone militaire 5, qui dément une information publiée par plusieurs médias.
"Lundi en début d’après-midi, des militaires du poste du village de Camaracounda ont reçu une alerte sur la présence d’éléments armés dans la zone. Les militaires se sont rendus dans la zone indiquée pour faire des tirs de reconnaissance, mais il n’y avait rien du tout", a-t-il expliqué.
La Tribune met en exergue la célébration de la fête de Korité dans un contexte de crise. ‘’Entre habillement des enfants et repas de Korité, la crise affecte les pères de familles qui sont déjà esseulés par la dépense quotidienne. Il n’y a pas d’argent et tout est cher, trop cher’’, écrit le journal qui affiche à sa Une : ‘’Les ingrédients d’une Korité-crise’’.
par Cheikh Tidiane Gadio
CHEIKH ANTA DIOP MÉRITAIT PLUS ET MIEUX
Dans l’édition du Devoir de mars 1986, le sociologue, journaliste et plus tard ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, rendait hommage à Cheikh Anta Diop qui venait de nous quitter
Le Devoir |
Cheikh Tidiane Gadio |
Publication 11/05/2021
Dans l’édition du Devoir de mars 1986, le sociologue et journaliste Cheikh Tidiane Gadio rendait hommage à Cheikh Anta Diop qui venait de nous quitter.
Nous reproduisons cette capacité divinatoire de celui qui a été le ministre des Affaires étrangères de Me Wade et combattant pour la paix en Afrique.
Loin de la querelle d’héritiers présumés, le Dr Cheikh Tidiane Gadio apprécié de partout aujourd’hui a produit il y a près de quarante ans un très bel article d’un journaliste engagé comme il en existait à l’époque. Nous avons redécouvert avec un plaisir inégalé le vocabulaire, la syntaxe et les tournures de ce texte d’hommage à un très grand homme.
C’est un cadeau mémoriel inestimable du Devoir qui rend hommage aujourd’hui à cette capacité de vision sur le futur d’en enfant du siècle.
Cheikh est parti. L’heure est surtout au recueillement car, comme le dit une métaphore négro-africaine, « ses os n’ont pas encore refroidi sous terre ». Aussi, seule la dignité est de mise. Mais il reste que l’amertume des Sénégalais (des Africains) est visiblement une amertume coléreuse.
L’Occident impérialiste, angoissé et destructeur nous avait dénié jusqu’à la simple appartenance au genre humain en nous différenciant à peine du singe. Ce constat rend encore plus amer le gâchis énorme qui a résulté de l’isolement et de la banalisation de l’immense « technicien du savoir pratique » que fut Cheikh Anta Diop.
De simples ouvriers m’ont confié 24 heures après sa mort : « On n’a pas voulu utiliser ses connaissances de son vivant, maintenant on va le magnifier en son absence. Ah les Africains !». Cheikh Anta, ami des simples gens, a dû les approuver sans réserve là où désormais il se trouve.
Vigilants se doivent d’être tous les progressistes africains. Après le torrent unanimiste de larmes qui a charrié douleur, révolte et peut-être regrets sincères, il faut maintenant froidement et sereinement méditer et s’approprier les leçons de courage et de constance de Cheikh Anta Diop afin que de tels gâchis ne soient plus possibles dans une Afrique encore reine des souffrances et des humiliations.
Première leçon de courage. Relever la tête et faire face aux grands défis, c’est fatalement dans notre Afrique écartelée et pressurée- opter résolument pour un destin tragique. Cabral, Lumumba, NKrumah, Fanon, Cheikh Anta et même David Diop et Mandela sont de cette race prestigieuse d’intellectuels organiques dont la sincérité, l’engagement et la passion pour les masses n’ont d’égal que les brimades, vexations (et parfois assassinats) qui ont jalonné leur vie de combat. « On n’est rien sur terre si on n’est pas l’esclave d’une cause : celle de la justice, celle de la liberté et celle des peuples » disait Fanon, disaient-ils tous. Ce même Fanon a pu aussi dire « (…) En tant qu’intellectuel (…), je m’engage à affronter le risque de l’anéantissement pour que deux ou trois vérités jettent sur le monde leur essentiel de clarté ». Merveilleuse épitaphe pour la pierre tombale de l’enfant de Thieytou. Car Cheikh aussi a affronté le risque de l’anéantissement et ses deux ou trois vérités hantent et hanteront pour toujours l’histoire falsifiée de l’humanité.
Dévoués aux masses de notre continent, ces intellectuels ont toujours été. Inconnus d’elles, ils ont aussi souvent ou parfois été style élitaire de leur part, ou bien obstruction et écran de fumée entre eux et les masses ! En tout cas, le mythe a bien souvent supplanté la réalité scientifique et féconde de leur œuvre.
Enfant, j’avais entendu et propagé avec la certitude innocente de l’adolescence qu’il existait au Sénégal un homme qui demandait peu de moyens pour éclairer le Sénégal tout entier à partir de Tambacounda avec… une seule lampe. D’autres mythes témoignent encore de l’éblouissement provoqué par le génie de Cheikh Anta.
CONSENSUS
L’impérissable Mao Tsé Toung et Jean Paul Sartre, l’autre symbole attachant, ont bénéficié de plus de clémence que les autres. L’usure implacable du temps leur a quand même laissé le temps de goûter aux fruits si doux de l’arbre universel généré par leur œuvre novatrice. Les autres géants de ce siècle de tragédie, de confusion et de lumière tout à la fois, ont, pour l’essentiel, été incompris, mal aimés, isolés, n’ayant comme compagnon fidèle que le froid mordant de la solitude.
Heureusement qu’en Afrique-deuxième leçon-la mort des grands hommes réunit sur l’essentiel. La symbolique qui entoure les grandes pertes provoque chez nous un moment consensuel exceptionnel. J’ai été ému de voir d’authentiques adversaires politico-idéologiques de Cheikh visiblement bouleversés, assister, les yeux rougis et les dents serrées, à l’oraison funèbre prononcée de façon somptueuse et majestueuse par des amis ou par des officiels à la demeure du défunt. Le moment n’était pas à la démesure et aux rancœurs car Cheikh réalisait, là encore, une œuvre pharaonique (c’est-à-dire grandiose) ultime réunir – en dépit de l’adversité normale – les Africains sur l’essentiel sans contrepartie de reniement ou de renonciation.
Le discours admirable de Iba Der Thiam dont le cœur a parlé plus que le mandat de la raison d’Etat n’a pu néanmoins combler l’absence remarquée de Abdou Diouf lui-même. C’est là un grand rendez-vous avec le peuple, attentif en de telles circonstances, qu’a manqué un homme dont l’arrivée au pouvoir a pu favoriser des ambiguïtés dans la facette homme politique de Cheikh Anta. C’est là me semble-t-il une fissure dans le consensus autour de Cheikh Anta symptomatique du contenu que l’homme du consensus national met dans le consensus qu’il préconise au demeurant.
L’autre fissure, mais celle-là à peine surprenante, vu le manque de finesse réputé du « ministre-rédacteur en chef suprême », est la lenteur de réaction impardonnable de l’ORTS. Et c’est la troisième leçon. Il n’est pas difficile de deviner le faux dilemme qui d’ailleurs n’en est un que pour le journalisme aux ordres. L’équation à résoudre aurait fait sourire le professeur Cheikh Anta. Bien voilà un deuil national frappe notre pays le jour où dans l’entendement de certains «la nation entière attend frémissante Abdou Diouf de retour d’un périple triomphal ».
Alors la solution à l’équation, elle est tristement invariable quoi qu’il advienne dans la vie de la nation, d’abord et toujours le président.
Il est déplorable que notre ORTS soit englué dans un culte de la personnalité tyrannique qui horrifie le simple bon sens. Le Vendredi 7 février 1986, Cheikh Anta, tragiquement, malgré lui, avec son immense charisme, a occupé sans conteste les devants de l’Actualité nationale.
INDELICATESSE ET INDECENCE
Pour des Sénégalais-et c’est mon cas- qui ont appris la mort de Cheikh Anta vers 20h25, il est légitime de se précipiter sur le petit écran. 20H30 : le journal. Trois titres : Retour de Abdou Diouf, Philippines, Haiti ; Point de Cheikh Anta
Le journaliste de service, avec un look visiblement atterré, diffuse stoïquement les 15 à 20 minutes sur l’arrivée du président. Pis : un autre journaliste inspiré par une indécence renversante, trouve le moyen de faire éclater de rire le président à propos de la « douce dame de fer ». Terrible révélation pour les Sénégalais : la TV est un médium redoutable qui, par un effet boomerang, peut se retourner contre ses utilisateurs. Car je me garderai de rapporter ici les propos et réaction des gens religieusement plantés devant leur téléviseur espérant des images de Cheikh Anta plus qu’autre chose…
En fait d’images de Cheikh Anta, à la 20ème minute du J.T, on aura droit à une pâle image fixe pendant deux petites minutes. C’est peu. C’est insuffisant. C’est injuste. C’est Cheikh A…
Pendant ce temps, au Gabon, à « Africa no 1 », des heures d’émission étaient consacrées à Cheikh Anta avec l’instantanéité qui sied aux exigences d’une station qui se respecte.
Pendant ce temps, au Congo, un deuil national était décrété pour magnifier l’illustre africain Cheikh Anta Diop. Pendant ce temps, des Sénégalais furieux s’interrogeaient : Cheikh Anta aura-t-il un deuil national comme de Gaulle l’a eu au pays de la négritude et de l’enracinement ? Certes, l’ORTS s’est largement rattrapé par la suite. Côté radio surtout. Pour les images de Cheikh Anta, on attend…. Et on attendra longtemps car l’irréparable a été consommé. Le monde entier va découvrir qu’au Sénégal, terre de démocratie, de pluralisme et d’ouverture, des « géants du savoir » de la trempe de Cheikh depuis douze ans qu’existe la T.V., n’ont pas les honneurs du passage à l’antenne.
Alors veut-on rectifier ? Oui ? Alors faisons vite. Car sur d’autres registres, des Sénégalais tels les Mamadou Dia, Majmouth, Abdoulaye Ly, Abdoulaye Wade, Abdoulaye Bara Diop, Amady Ali Dieng et autres témoins et acteurs majeurs de la vie politique et intellectuelle nationale n’ont plus la fougue de leurs trente années, même si c’est un souhait des dizaines d’années peuvent les séparer du rendez-vous fatal…
Rien que l’atmosphère survoltée et teintée de colère, lors de l’hommage rendu à Cheikh Anta par l’Université, peut prouver aux autorités que sans être forcément bellicistes, les masses ont une mémoire vigilante face aux grandes injustices. Amar Samb de l’Université a été bouleversant de spontanéité (désordonnée certes), mais admirable d’émotions vraies et de révélations poignantes. Cheikh Anta, opposant politique au régime sénégalais, fut cependant une force intarissable et inlassable de propositions généreuses et salvatrices. Cheikh, contre ceux qui arguent de la faiblesse de nos infrastructures, avec son petit laboratoire de l’IFAN, a fait sinon mieux du moins autant que les laboratoires suréquipés d’Occident. Cheikh non-poreux aux honneurs factices n’a pas jubilé lors de son accession au grade de chevalier de l’Ordre National du Lion. C’est ici que son image pure et sublime se superpose à celle de Sartre refusant, à la stupeur générale, le Nobel et autres distinctions, pour leur préférer l’amitié touchante, fidèle, et admirable des simples gens. Amar Samb a bousculé et dérangé. Le Sénégal entier… n’eut été la censure des média d’Etat- aurait dû lire, voir et entendre son précieux témoignage sur le côté être de chair, de sang, de sentiments, de principes de Cheikh Anta.
L’autre homme de courage de cette séance mémorable fut le doyen Aloise R. Ndiaye de la Faculté des Lettres qui n’a pas résisté à l’envie d’être l’interprète de la clameur populaire (des enseignants et des étudiants). Clameur qui a déjà, de fait, baptisé l’Université de Dakar, université Cheikh Anta Diop. Le gouvernement a-t-il senti naître se développer et exploser ce sentiment fort répandu en proposant dans une précipitation suspecte d’associer le nom de Cheikh Anta à l’IFAN ? C’est peu. C’est insuffisant. Cheikh mérite plus… D’ailleurs où est le problème ? L’Université de Dakar est vierge de tout baptême ; alors vivement que les autorités se conforment au commun vouloir des Sénégalais.
Du reste, quand on est bien intentionné, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Aussi, nos propositions sont les suivantes :
Que le gouvernement décrète le «7 février journée culturelle et scientifique Cheikh Anta Diop fêtée sur toute l’étendue du territoire national, le deuil national manqué sera vite oublié !
Que l’Université de Dakar porte le nom de l’illustre professeur, l’Ecole nouvelle n’en sera que plus rédemptrice et mieux lancée… !
Que l’œuvre de Cheikh Anta soit méthodiquement, patiemment expliquée aux larges masses qui ignorent parfois jusqu’à l’existence de l’Egypte antique, afin que ces masses (seules créatrices de l’histoire universelle) en fassent avec l’apport d’autres idéologies progressistes une force matérielle capable de briser les reins à l’Apartheid (désir ardent de Cheikh Anta), vaincre famine, sécheresse, humiliation impérialiste (préoccupation constante de Cheikh)-mettre fin à l’oppression pluri-séculaire de la toujours souffrante race nègre dont le pénible sanglot retentit toujours des Caraïbes aux Amériques, de l’Afrique à l’Europe (souci majeur de Cheikh) édifier les Etats Unis démocratiques et progressistes d’Afrique (volonté permanente de Cheikh).
Nous attendons. Nous agissons. Nous espérons. Quant à toi Cheikh Anta Diop, excuse cette pelletée de terre tardive, mais sache qu’elle n’a pas le poids de ce que la jeunesse africaine te doit.
par Mody Niang
LES INCOHÉRENCES DU PRÉSIDENT-POLITICEN
En théorie, il oppose une fin de non-recevoir à toute idée de porter l’âge de la retraite à 65 ans, de baisser la fiscalité sur les salaires, etc. En pratique, il fait tout le contraire, toujours en faveur des hommes et des femmes de son clan
Comme de coutume, la cérémonie de la fête du travail a été célébrée ce 1er mai 2021. Á l’occasion, le président-politicien s’est adressé aux travailleurs et a répondu à des questions. Ainsi, à une question d’un responsable syndical sur la nécessité de revoir à la baisse les tarifs de l’autoroute à péages, il a apporté une réponse qui a fait naturellement débat. C’est celle-ci : « Á côté, il y a la route de Rufisque. Si vous ne voulez pas payer, il y a des alternatives. On veille toujours à ce qu’il y ait une route pour ceux qui ne peuvent pas payer le péage. Mais si on veut rouler en toute sécurité sans des trous, il y a un prix à payer. » Je ne m’attarde pas sur cette réponse qui a suscité l’indignation et a été largement dénoncée. Le président-politicien nous a d’ailleurs habitués à de telles réponses de mépris. Des exemples foisonnent dans tous ses discours.
Le président-politicien a répondu à d’autres questions, notamment à celle d’un autre responsable syndical qui lui demandait d’aligner l’âge de la retraite à 65 ans. Sa réponse a été catégorique, du moins en apparence. C’est celle-ci : « Sur l’alignement de l’âge de la retraite à 65 ans, je ne suis pas favorable. Pour une simple et bonne raison que 77 % de la population a moins de 35 ans. On ne peut pas continuer à permettre aux séniors de prolonger leur âge à la retraite et à retarder ainsi l’arrivée des jeunes sur le marché du travail. » Et il conclut fermement sa réponse en ces termes : « L’âge de la retraite au Sénégal est de 60 ans et il le reste. Il n’est ni de 65 ni de 55 ans. »
Je suis entièrement d’accord avec lui ici, ce qui n’arrive pas souvent. Á soixante (60) ans, on n’a vraiment plus rien à prouver. On doit surtout faire la place aux jeunes. On le doit d’autant plus qu’au-delà de cet âge, le rendement est généralement négligeable chez nous. Je suis d’accord avec lui mais le problème, c’est que ce discours ne correspond pas du tout à ses actes. Combien l’administration compte-t-elle, en effet, de directeurs généraux, de directeurs, de présidents de conseil d’administration, de conseil d’orientation ou de surveillance, qui ont dépassé largement les soixante ans ?Et les hauts magistrats qui ont dépassé les 65 ans ? Avait-on vraiment besoin de leur ajouter trois ans ? Nous comptons tellement de magistrats qui ont bien moins de 65 ans et qui pouvaient les remplacer ! Un jeune journaliste dépité avec qui j’ai discuté à distance de ces questions-là m’a envoyé ce message : « Ajouter à la longue liste des incohérences existant entre son discours et ses actes, sa sortie du 1er mai. Quand il justifie avec des termes à la fois fermes et chahuteurs pourquoi il est contre l’augmentation de l’âge de la retraite, existent des DG qui sont à la retraite depuis trois ans voire quatre ans, comme le nôtre qui a fait de notre structure une entité privée au détriment des Sénégalais. » Je l’ai cité exactement, Yallaxam na ko (Je prends Dieu à Témoin). Notre administration compte nombre d’autres directeurs généraux qui se comportent comme celui-là.
Á la même question sur l’âge de la retraite il répond, concernant les universitaires : « Pour les universitaires, on pourrait améliorer les codes pour permettre à certains agents de travailler comme vacataires après la retraite, car on ne peut pas garder les avantages de la Fonction publique et vouloir les perpétuer à vie. » Je serais encore d’accord avec lui si certains compatriotes ne gardaient pas à vie leurs avantages de la Fonction publique. Ce n’est malheureusement pas le cas. Les généraux de l’Armée et de la Gendarmerie nationales garderaient à vie leurs avantages. Parmi ces avantages, figurerait en bonne place une indemnité de logement de 500.000 francs. On me rétorquera qu’ « ils sont versés dans la deuxième section ». Á quoi servent-ils à la Nation dans cette deuxième section ? Et puis, qu’ont-ils de plus que les Pr Abdoulaye Bathily, Boubacar Diop, Maguèye Kassé, Boubacar Barry et consorts ?
Á une question sur la baisse de la fiscalité sur les salaires des secteurs les plus touchés par la pandémie, il répondra que l’État a fait des efforts importants d’exonérations d’impôts en faveur de certains secteurs. Il ajoutera : « Des exonérations ont été faites parce que c’est le contexte (…) Quant à la baisse de la fiscalité sur les salaires au moment où on nous demande d’augmenter presque les salaires, toutes les charges, l’État n’a que l’impôt pour pouvoir faire tout cela et nous ne sommes pas nombreux au Sénégal à payer les impôts. » Il ajoutera que « l’État ne peut pas passer tout son temps à augmenter les salaires, à revoir la grille salariale, le système de rémunération pour près de 154 mille Sénégalais travailleurs dans l’administration alors que d’autres priorités et impératifs sont là. »
Si ce discours n’était que théorique, je m’y reconnaîtrais parfaitement. Les agents de l’État ne sont que 154 mille, soit moins de 1 % de la population (16 à 17 millions), et leurs salaires et indemnités dépasseraient les 40 % des recettes budgétaires. Ce dont les autorités se sont toujours plaintes, sans oser prendre les mesures qu’il faut pour y faire face. Ainsi, à l’occasion du ‘’Mémorandum sur les réformes économiques pour 2015’’, le Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan d’alors, M. Amadou Ba, exprimait déjà son inquiétude en ces termes :
« En 2014, nous sommes 100 450 fonctionnaires, soit moins de 1% de la population. Les dépenses de salaires et autres indemnités que nous payons à l’ensemble des agents de l’Etat font 717 milliards pour 2014, soit 43,3% des recettes budgétaires de la même année (1548 milliards). Je pense que cela n’est pas soutenable ». (L’AS du mardi 2 septembre 2014, page 6). Nous ne pouvions donc pas continuer, selon lui, de prendre près de la moitié des recettes de l’État pour les donner à moins de 1% de la population et vouloir l’émergence et une société solidaire.
Notre ministre ne s’arrête pas en si bon chemin et pointe du doigt le très lourd régime indemnitaire. Sans mettre de gants, il déclare : «Ce qu’il y a, c’est qu’il faut revoir le régime indemnitaire. Ce n’est pas la masse salariale en soi qui pose problème, ce sont les indemnités. La masse salariale tourne autour de 492 milliards pour cette année (2014) ; ça veut dire qu’il y a des indemnités d’égal montant à peu près aux salaires. C’est sur les 300 milliards d’indemnités qu’il faut voir, discuter avec l’ensemble des acteurs sociaux, avoir une politique de réallocation de ces ressources.»
Le ministre Ba était conforté par sa collègue Mme Viviane Bampassy, alors ministre de la Fonction publique, du Renouveau du Service public et de la rationalisation des effectifs[[1]]url:#_ftn1 . Elle déclare : « Le Chef de l’État sait qu’il y a un problème et aujourd’hui, nous travaillons à trouver des solutions avec nos collègues des Finances pour avoir à terme, un nouveau système de rémunération des agents de l’État qui sera juste et équitable. » Dans cette perspective, nous apprend-elle, une étude a été commanditée et a déposé ses conclusions. Celles-ci révèlent « un système désarticulé et à plusieurs vitesses avec des disparités en termes de traitement salarial ». Elle poursuit : « La question des rémunérations est une question récurrente, et le ‘’Forum sur l’Administration’’ a été un débat ouvert entre le Président et les Directeurs nationaux sur plusieurs questions, notamment sur cette question cruciale. » Elle va plus loin et lance cette bombe : « Des agents de l’État qui sont d’une même catégorie ont des disparités énormes en termes de traitement salarial et il faut tout remettre à plat. » Elle révèle que son ministère ne gérant pas les salaires a proposé d’« en revoir la grille qui date de 1961, de revoir tout le package d’indemnités données aux agents de façon désordonnée ». Elle enfonce le clou en soulignant que « des indemnités ont été données à des corps et pas à d’autres ».
Curieusement, Mme Bampassy sera confortée par le président-politicien qui, dans une conversation avec des fonctionnaires à la fin du ‘'Forum national sur l’Administration’’ de Diamniadio, déclarait sans ambages : « L’État va harmoniser le système de rémunération de ses employés, dans le souci de corriger les inégalités entre plusieurs secteurs d’activité, en matière de traitement salarial. » « Une décision sera prise pour tout remettre à plat. Á un moment donné, il faudra tout harmoniser pour avoir une administration qui marche à la même vitesse », lançait-il. Il poursuivit son ndëpp (c’en était un) en ces termes : « Une administration ne peut pas avoir des corps super-privilégiés et d’autres complètement sacrifiés. »
».
Et le président-politicien, comme s’il ne savait rien de tout cela, de se lancer dans une tentative de justifier la situation qu’il donnait l’impression de déplorer. Voici l’argument facile, qui ne le dédouane pas du tout : « L’inégalité de traitement des salaires dans l’administration est une situation malheureuse dont nous avons hérité. Certaines catégories ont des avantages que d’autres n’ont pas, tout en ayant les mêmes profils et les mêmes ressources. » Il révèle enfin « l’audit commandité par le Gouvernement dans le but d’équilibrer le système de rémunération des employés du secteur public ».
J’ai insisté sur cette question des salaires et des indemnités pour illustrer les incohérences du président-politicien qui est un véritable comédien. Les conclusions de l’étude qu’il a commanditée sont sur sa table depuis 2016. Au lieu de travailler à l’équilibre de la rémunération des salaires et de l’octroi des indemnités, il en creuse profondément les inégalités. Je renvoie le lecteur au décret n°2014-769 du 12 juin 2014 fixant les conditions d’attribution et d’occupation des logements administratifs, au n° 2021-05 du 06 janvier 2021 allouant une indemnité forfaitaire globale à certains personnels de l’État et de ses démembrements et à celui, clandestin, qui alloue une indemnité de quatre millions aux anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Pour ne m’attarder que sur le premier, il attribue des indemnités nettes d’impôt allant jusqu’à un million (1.000.000) de francs et passant par 400.000, 500.000, 700.000, etc. Ces indemnités substantielles ont été attribuées sans état d’âme à des compatriotes déjà privilégiés et fort nantis. Ce sont en général des ministres et autres ministres conseillers, des magistrats, des officiers supérieurs et généraux, des directeurs de cabinet, des secrétaires généraux de ministère et d’autres hauts fonctionnaires.
Avant l’accession au pouvoir du vieux président-politicien et de son digne successeur, l’indemnité de logement était attribuée à des corps spécifiques minutieusement identifiés. Aujourd’hui, tous les agents de l’État y prétendent et ils n’ont pas tort. Au rythme où elle est étendue aux différents corps de l’État, cette indemnité bouffera, à la longue, l’essentiel des recettes budgétaires.
Pour revenir aux réponses du président-politicien aux questions qui lui étaient posées à l’occasion de la fête du 1er mai dernier, il rejetait la demande de baisse de la fiscalité sur les salaires. Je suis d’accord avec lui, mais j’irais plus loin, ce qu’il ne fera sûrement pas. Je serais pour, en priorité, l’élargissement notable de l’assiette fiscale. Tous les Sénégalais doivent payer l’impôt, en fonction de leurs moyens. En particulier, les hauts fonctionnaires comme les inspecteurs (des impôts et domaines, du Trésor, des douanes, etc.), les magistrats, les officiers supérieurs et généraux, les politiciens de toutes catégories et certains chefs religieux qui se sont partagé nos réserves foncières et sont propriétaires de plusieurs villas cossues et d’immeubles R + 3-4-5 et parfois plus, doivent être astreints à un conséquent impôt foncier. Il devra en être de même des entreprises bénéficiant facilement de coupables exonérations d’impôts. Si toutes ces mesures étaient prises, une baisse notable de la fiscalité des salaires pourrait alors bien être envisagée.
Le président-politicien de ce 1er mai 2021 est donc le même que nous pratiquons depuis le 2 avril 2012. Entre ce qu’il dit et ce qu’il fait, il y a toujours un fossé profond. En théorie, il oppose une fin de non-recevoir à toute idée de porter l’âge de la retraite à soixante-cinq (65) ans, de baisser la fiscalité sur les salaires, de revoir en hausse la grille salariale, etc. En pratique, il fait tout le contraire, toujours en faveur des hommes et des femmes de son clan, ainsi que de hauts responsables de l’État qui, s’ils ne sont pas membres du clan, sont susceptibles de l’aider à se maintenir au pouvoir. Parmi eux, on cite souvent, à tort ou à raison, les hauts magistrats, les officiers supérieurs et généraux, les inspecteurs généraux de police, les membres du Conseil constitutionnel, etc. En février 2024, cet homme sera à la tête de notre pays pendant douze ans, douze longues années. Il devra alors rendre dignement le tablier et organiser une élection libre et démocratique. En sera-t-il vraiment capable ? L’histoire jugera.
[[1]] Cet important ministère a aujourd’hui, à sa tête, une autre dame qui n’y connaît pas grand-chose.
VIDEO
MONTRÉAL, LA VILLE DES ÉTUDIANTS AFRICAINS
Contrairement aux premiers noirs qui y arrivaient avec le statut d’esclave, ils se sont faits un petit coin de soleil dans ce monde où il faut entre moins 15 et moins 30 degrés pendant plusieurs mois dans l’année
Ils ont bravé la distance et le froid pour s’installer à Montréal. Ils ont créé là-bas leur bout d’Afrique. Et contrairement aux 1er noirs qui y arrivaient avec le statut d’esclave, ils se sont faits un petit coin de soleil dans ce monde où il faut entre -15 et -30 degrés pendant plusieurs mois dans l’année. Qui sont ils ?
LAMINE DIACK, DE L'OMNISPORTS À L'OMNIPRÉSENCE
Après les avoir conquis un par un, l’ancien président de l’IAAF a perdu ses différents postes. Pour sa carrière, l'homme avait tout sacrifié y compris sa jeunesse
Après cinq ans de résidence surveillée en France, Lamine Diack, 87 ans, a signé son retour lundi soir au Sénégal. Footballeur, athlète, entraîneur, dirigeant sportif, homme politique, les casquettes de Lamine Diack ont été nombreuses ses 60 dernières années avec comme fil commun : une ascension fulgurante. En démissionnant du CIO, son dernier mandat international, il met fin à un parcours qui a failli s’interrompre brutalement en 1980. Alors maire de Dakar, il avait dû démissionner après des accusations de mauvaises gestions.
« Courtois mais avec un franc parler que l’athlète français Michel Jazy résume à « celui qui dittout ce qu’il pense au point de choquer » ». C’est ainsi que Mamadou Koumé, journaliste et enseignant formateur au Cesti, la principale Ecole de journaliste en Afrique de l’ouest, dessine les contours de Lamine Diack, qu’il dit connaître « depuis 1979 ».
Influence familiale
Né en 1933 dans le très populaire quartier de Rebeuss où la maison familiale des Diack est mitoyenne de la célèbre prison qui porte le nom du quartier de Dakar, Lamine Diack a toujours été un passionné de sport. « C’était un touche à tout », renseigne Mbaye Jacques Diop, un proche de celui qu’il appelle toujours « le président Diack ». Le jeune Lamine pratique du football, de l’athlétisme, du volley ball et du basket. Dans une famille où la réussite scolaire est érigée en valeur cardinale, le jeune Lamine Diack inquiète. Quand l’un de ses frères conditionne l’obtention de bonnes notes à la poursuite de sa pratique du sport, « il décroche une moyenne de 14 », sourit Mbaye Jacques Diop. Alliant sport et études après le bac, Lamine Diack est champion de France de saut en longueur en 1958 avant un diplôme à l’école nationale des impôts de Paris en plus d’une licence en droit public. Une fois de retour au Sénégal, le jeune diplômé devient inspecteur des impôts et domaines dans l’administration. Ce n’est pas pour autant qu’il tourne le dos à sa passion pour le sport avec le soutien désormais de sa famille. En mettant en exergue la présence trop encombrante de sa famille à ses côtés à la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) à travers ses deux fils (Pape Massata et Khalil), l’actualité récente montre une constance chez Lamine Diack : « il a toujours été très famille », pour Mbaye Jacques Diop au point de développer une forme de mimétisme. Quand l’un de ses frères est devenu le premier président de la Fédération sénégalaise de Football en 1960, l’autre s’activait pour la mise en place de la nouvelle fédération sénégalaise d’athlétisme. « Je pense que cela a joué dans sa trajectoire », poursuit ce proche de la famille Diack.
Diack, le réformateur
Pour se faire, Lamine Diack a d’abord embrassé une carrière d’entraineur de football au foyer France-Sénégal en 1963, l’ancien grand club sénégalais devenu par la suite le Diaraf de Dakar. De 1964 à 1968, il est nommé Directeur technique national du football sénégalais. C’est ainsi qu’en 1968, il fait partie du trio avec Joe Diop et Mawade Wade qui a dirigé l’équipe du Sénégal à la Coupe d’Afrique des Nations en Ethiopie. « Le Sénégal fut éliminé de justesse après une victoire, un nul et une défaite mais la compétition fut marquée par la mise en place, révolutionnaire à l’époque, de la défense en ligne », se souvient Mamadou Koumé. Lamine Diack, un réformateur ? L’histoire du football sénégalais le retient comme tel à travers « la réforme Diack ». « En 1969, comme ministre des Sports du président Senghor, il fait adopter la loi instituant le regroupement de petits clubs pour en faire de fortes équipes capables de rivaliser sur le plan continental », explique Mamadou Koumé. Toujours à cheval entre les deux disciplines, Lamine Diack va revenir à l’Athlétisme comme président de la fédération sénégalaise et cofondateur de la Confédération africaine d’athlétisme en 1973 à Lagos.
Scandale à la mairie de Dakar
Avec le sport comme rampe de lancement, Lamine Diack poursuit son ascension politique en étant élu maire de Dakar de 1978 à 1980 malgré l’opposition de certains cadres de la direction du Parti Socialiste du président Senghor. « Il était devenu potentiellement présidentiable en concurrence avec Abdou Diouf avec sa forte popularité en tant que responsable de la première coordination de Dakar. Certaines pontes du régime socialiste craignaient son ascension et avait créé une coordination dissidente financée par les familles libano syriennes installées à Dakar comme les Bourgi », renseigne un membre influent du PS de l’époque sous le sceau de l’anonymat. Coïncidence ou pas, après deux ans à la mairie de Dakar, Lamine Diack est débarqué après des accusations de mauvaise gestion financière. « J’étais jeune journaliste, une source m’avait indiqué que Lamine Diack allait être relevé de son poste de maire parce qu’il y avait eu un problème de gestion. ». En clair, il était accusé de détournement de deniers publics. « C’est une accusation qui ne tenait pas, plaide Mbaye Jacque Diop. C’était purement politique. » Quand Lamine Diack est élu maire en 1978, il fallait une autorisation du préfet pour exécuter le budget. « En tant que président du conseil municipal et maire, Lamine Diack était sous l’autorité du préfet. Toutes les décisions devaient être approuvées par le préfet avant exécution », précise anonymement le responsable socialiste.
Recours de l’opposition sénégalaise
Toujours est-il que l’affaire n’a pas arrêté l’ascension politique de Lamine Diack. Il a été réélu député et a fini même par « devenir le vice-président de l’Assemblée nationale sénégalaise jusqu’en 1993 », rappelle Mamadou Koumé. Parallèlement à cette omniprésence dans les postes de décision au Sénégal, Lamine Diack construisait une carrière internationale. Après la présidence de la confédération africaine d’Athlétisme à partir de 1973, il intègre le Comité olympique national en 1974, avant de le présider de 1985 à 2002. En 1987, il devient vice-président de l’IAAF et en 1991 il en est le premier vice-président, fonction qui le propulse à la présidence de l’instance internationale à la mort de Primo Nebiolo, en 1999. La stature internationale que lui a conféré ce poste en avait fait un sérieux recours pour l’opposition sénégalaise en 2011. En effet, son nom a circulé comme probable candidat à la présidentielle sénégalaise de 2012 quand l’opposition sénégalaise avait du mal à s’unir contre l’ambition donnée à l’ancien président Abdoulaye Wade de faire de son fils Karim son successeur à la tête du pays. « Le Sénégal n’est pas le Togo (en référence aux successions dynastiques dans ce pays, ndlr)», avait-il stigmatisé le projet présumé des Wade. « Je lui avais conseillé de ne pas y aller », confie Mbaye Jacque Diop. Lamine Diack avait finalement rétropédalé en déclinant l’offre d’une partie de l’opposition et de la société civile sénégalaise pour se concentrer sur l’IAAF.
Bilan mitigé pour l’Afrique
Sous sa présidence, la fédération internationale d’athlétisme « a lutté contre le dopage avec des résultats probants », note Mbaye Jacques Diop. Ce dernier prend en exemple « les médailles retirées à Marion Johns, les suspensions de l’américain Tyson Gay et du Jamaïcain Asafa Powell » dans la discipline reine qu’est le 100m. « Les accusations de corruption pour cacher le dopage de certains athlètes me semblent être du menu fretin », pour Mamadou Koumé qui n’épargne cependant pas son entourage dans les dérives indexées. Reconnaissant le rapport publié par l’Agence mondiale antidopage comme « accablant », Mbaye Jacques Diop jure pourtant qu’il croirait « à l’honnêteté et à l’étique du président Diack jusqu’à l’extinction du soleil » (sic). Dans ce concert de louages, une voix dissonante résonne comme une fausse note pour évoquer la « gravité » des accusations. « Au Sénégal, on le présentait comme Dieu. Le réveil est dur car les révélations des derniers jours montrent qu’il a des failles », juge anonymement un journaliste sportif sénégalais. Décrit comme « un défenseur acharné de l’Afrique », Lamine Diack n’a pourtant pas réussi durant les 15 ans de sa présidence à l’IAAF, à organiser les Mondiaux d’athlétisme dans son continent d’origine contrairement à l’Asie qui en a accueilli trois (Osaka, Japon en 2007 ; Daegu, Corée du Sud en 2011 et Pékin, Chine en 2015).
Résumant le Maroc et l’Afrique du Sud comme principales candidatures crédibles en Afrique pour accueillir de pareilles compétitions, Mamadou Koumé rappelle que le pays de Mandela a « organisé la coupe du monde de l’athlétisme ». Ce n’est pas l’une des seules réalisations de Lamine Diack qui dès 1973 s’est toujours « prononcé contre l’intégration du régime de l’apartheid de l’Afrique du sud dans les instances internationales d’athlétisme ».
Condamnation
Après sa mise en examen par la justice française suivie de sa suspension provisoire, le 10 novembre, par le Comité International olympique, Lamine Diack a démissionné ce mercredi de son poste de membre honoraire du CIO. Après les avoir conquis un par un, l’ancien président de l’IAAF a perdu ses différents postes. Pour sa carrière, Lamine Diack avait tout sacrifié y compris sa jeunesse qu’il considérait ne pas avoir si jeunesse était synonyme de virées nocturnes et de fêtes.
Il a été condamné en septembre 2020 par la justice française à quatre ans de prison dont deux ferme pour son implication dans un réseau de corruption destiné à cacher des cas de dopage en Russie, en plus d’une amende de 500 000 euros, soit 327 millions FCfa.
Mais son retour au bercail était imminent depuis que l’Asc Jaraaf, club médinois qu’il a eu à diriger, a payé une caution de 327 000 000 FCFA afin que la mesure d’interdiction de quitter le territoire français à son encontre soit levée. Son arrivée au Sénégal annoncée depuis plusieurs jours a fait l’objet de plusieurs reports, pour cause de formalités et de procédures administratives.
Lamine Diack n’a pas donné suite à nos sollicitations dans le cadre de ce portrait.
PODOR, L'UNE DES VILLES LES PLUS PROPRES DU SÉNÉGAL
La cité cosmopolite du nord est l'une des cités réputées les plus propres du pays. Grâce à la politique environnementale locale et l’engagement de ses habitants
A l’entrée comme à l’intérieur de la ville de Podor, pas une seule trace de dépotoir sauvage d’ordures ménagères. "Tu vois ! Comme c’est bien propre là ! Ce sont les éléments de l’UCG qui nettoient " explique Amadou Wone, président de la Commission Planification, Aménagement du Territoire et Cadre de vie de la commune de Podor.
L’UCG, c’est l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides du Sénégal, qui a une représentation à Podor.
L'engagement des habitants
Chaque matin, les habitants nettoient les maisons, les marchés et désensablent les rues. Ces déchets solides, une fois déposés dans des poubelles publiques mises en place par la mairie sont ensuite évacués vers une décharge finale par des charettiers qui font le tour des six quartiers que compte Podor.
"On a toujours participé à la propreté de la ville. Si aujourd'hui, Podor est considéré comme l’une des plus belles villes du Sénégal, c’est parce qu’il a une jeunesse consciente. Nous nous organisons en association. Nous allons de quartier en quartier pour vérifier si les jeunes sont sortis. S’ils ne sortent pas, nous allons vers eux pour leur expliquer que ce que nous faisons, c’est pour tout le monde " précise Samba Tall, le président du Conseil communal de la jeunesse de Podor parle de l'engagement des jeunes dans l’assainissement de la ville.
Tout n’est pas rose
Selon le président de la Commission planification, aménagement du territoire et cadre de vie de la commune de Podor, Amadou Wone "le point faible de cet exploit, c’est la rupture qu’il y a eu entre l’expérimentation que nous avions commencée et la poursuite des activités. C’est dû surtout à des problèmes techniques ".
En effet, la décharge maîtrisée en construction dans la commune de Podor et destinée aux activités de tri et de valorisation des déchets solides n’est toujours pas achevée. Les travaux sont arrêtés, faute de moyens, ont confirmé les autorités communales.
BABA SY, UN GÉNIE DES JEUX DE L’ESPRIT
Si les Sénégalais se souviennent très bien des épopées des Lions du basket ou du foot, ils ne retracent que très peu les parties folles de jeu de dames remportées par cet homme contre les plus grands champions de son époque
Lorsque l’on évoque les exploits des Sénégalais dans le monde, on oublie souvent de retracer ceux de Baba Sy, Grand Maître International, Champion du monde de jeux de dames à qui la Russie a tenté de refuser ce titre en annulant la partie qui devait l’opposer au champion russe Iser Kuperman. Si nos compatriotes se souviennent très bien des épopées des Lions du basket ou du foot, ils ne retracent que très peu les parties folles de jeu de dames remportées par Baba Sy contre les plus grands champions de son époque, en majorité Russes, Hollandais, Belges…
Baba Sy, né en 1935 dans un village reculé de notre pays, était l’un des champions de jeux de l’esprit les plus brillants de l’Histoire. Et, pourtant, paradoxalement, ce génie n’a jamais été à l’école française. Certes, il a fréquenté l’école coranique et ses maîtres ont reconnu qu’il avait une mémoire fabuleuse qui lui permettait de retenir des chiffres compliqués ou de créer des combinaisons improbables. Mais c’est seulement vers ses quinze ans qu’il a commencé à apprendre et à lire en français. Et c’est en 1959, à l’âge de 23 ans, que son talent a été découvert par un Français, un certain Émile Biscons, fonctionnaire colonial affecté à Dakar et qui pratiquait le jeu de dames en dilettante.
A l’époque, la ville de Dakar comptait beaucoup de «grand’places » et c’est là, alors qu’il faisait une promenade en regardant jouer les amateurs, que le Français découvre un jeune homme qui enchaînait victoire sur victoire contre des joueurs qui étaient pourtant talentueux. Biscons veut le tester et le fait inscrire au championnat de France de jeux de dames. En 1959 le Sénégal n’était pas encore indépendant et, dès sa première participation à cette compétition qui se déroulait en métropole, Baba Sy gagne tout, élimine tous ses adversaires et devient… champion de France ! C’était la première fois que les Européens rencontraient un damiste originaire d’Afrique et qui leur donnait la piquette à chaque fois. Il faut dire que Baba Sy a connu les jeux de dames alors qu’il n’avait encore que huit ans. Il suivait les parties que jouaient ses oncles et les amis de son père et rangeait les pions lorsque ces derniers avaient fini de jouer.
Et, un beau jour, alors qu’il était en train de ranger les pions, un de ses «oncles» lui propose de jouer une partie. Il lui répond qu’il ne savait pas jouer même s’il a regardé quelques parties. Son interlocuteur lui propose alors de lui apprendre. Surprise, dès la première partie, le jeune Baba Sy, huit ans, bat cet oncle ! Ils jouent plusieurs fois et le jeune garçon sort toujours victorieux. Aussi le monsieur croit que Baba Sy lui ment car il était certainement un champion caché qui ne voulait pas se dévoiler.
Pourtant, c’était vrai, Baba Sy venait de jouer sa première partie de jeu de dames. Après donc avoir participé au championnat français et battu tous ses adversaires, il est invité dans des tournois internationaux où il fait exploser son talent. Et il devient vice-champion du monde dès 1960 en terminant juste derrière le Soviétique Viatcheslav Chtchogoliev qui remportait à cette occasion son premier titre.
« Le Coup de Rafaël »…
Le titre de champion du monde de dames se joue alors (entre le milieu des années 1950 et le milieu des années 1970) sur le rythme de tournois auxquels prennent part de nombreux joueurs et le vainqueur du tournoi devient (ou reste) champion du monde. Le tournoi est intercalé de deux championnats du monde sous forme de match entre deux joueurs, le champion en titre et son challenger. Le championnat du monde 1960 était donc une compétition sous forme de tournoi. En 1961, lors d’un match, Viatcheslav Chtchogoliev perd son titre face à son compatriote Iser Kuperman. Après ce match, Baba Sy remporte le Challenge mondial à Liège et doit alors, comme challenger, affronter le champion du monde Iser Kuperman lors d’un match que doit organiser la fédération soviétique en 1963. Ce match sera annulé. Puis en 1964, il ne termine que troisième (derrière Chtchogoliev, vainqueur, et Kuperman) du championnat du monde suivant. Mais il avait des problèmes de santé car il était souvent sujet à des hausses de tension qui le contraignaient quelques fois à abandonner une partie. Cependant son génie était si reconnu, surtout en parties simultanées, qu’il était encore toujours invité pour des galas de jeux de dames auxquels participaient même certains de ses rivaux aux championnats du monde. Lors d’une partie simultanée, Baba Sy a battu 150 adversaires alignés sur des tables qu’il parcourait quasiment seconde après seconde ! Une performance au cours de laquelle il réalise l’un des coups les plus fabuleux en jeu de dames, le « Coup de Rafaël ». Ce fameux coup a même fait l’objet d’un livre produit par un ancien grand maître, spécialiste des jeux de dames qui était particulièrement impressionné par le jeu très inspiré de Baba Sy. Baba Sy est mort accidentellement le 20 août 1978 vers Mbour alors qu’il se rendait à Kaolack, sa ville d’adoption. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’au Sénégal, il rencontrait ses adversaires les plus redoutables en jeu de dames comme le vieux Eumeuth Sow, exchef d’arrondissement, qu’il n’a pas réussi à battre toute une journée durant. Et c’est aussi à Kaolack qu’il a livré une partie difficile avec un certain Ndiaye Diouf qui n’était autre que le père de… l’ancien président de la République Abdou Diouf. Lorsqu’il jouait en public, Baba Sy attirait une foule immense et, à chacun de ses coups de maître, la foule l’acclamait comme les amateurs du football sautent de joie quand leur équipe marque un but. Comment peut-on oublier un tel champion parce qu’il n’est ni footballeur ni basketteur ? Les jeux de l’esprit, c’est aussi du sport ! Un sport cérébral, qui plus est, n’en déplaise aux adeptes des gros biceps.
Par Hamidou ANNE
CE QUE LA GAUCHE DOIT À PABLO IGLESIAS
Par l’exemple de Podemos, il est possible de mettre en tension nos espaces politiques nationaux, de puiser dans sa trajectoire une inspiration semblable à l’influence du bolivarisme sud-américain, et permettre à une nouvelle gauche africaine d’émerger
Un scrutin a priori sans intérêt pour le reste du monde se déroulait en Espagne le 4 mai dernier. Il s’agissait des élections régionales de Madrid, sanctionnées par la victoire d’une femme de droite conservatrice, surnommée la «Trump espagnole». Mais la défaite et le retrait de la vie politique de Pablo Iglesias, leader de Podemos et vice-président du gouvernement, donnent à ce scrutin une résonance internationale. Iglesias est aussi important pour la science politique moderne que Barack Obama ou Emmanuel Macron. A mon avis, il est l’auteur de l’une des plus grandes révolutions politiques de la dernière décennie.
Selon le quotidien El Mundo, Iglesias est «le plus grand agitateur de la vie politique espagnole depuis la transition démocratique, le visage de cette nouvelle politique née de la crise de 2008 et du mouvement des Indignés en 2011». Né en 1978, Dr en sciences politiques et ancien militant des jeunesses communistes, Iglesias a cofondé le parti Podemos en 2014, comme prolongement du mouvement des Indignés qui a secoué l’Espagne en 2011. Ce moment se situant dans le sillage de ce que les sociologues Geoffrey Pleyers et Marlies Glasius ont appelé «les mouvements des places» dans le monde, citant tour à tour les manifestants de Tahrir, de Maïïdan, de la Puerta del Sol ou encore d’Occupy Wall Street.
Iglesias a couvert, en tant que chercheur et journaliste, les revendications des manifestants du 15-M (nom donné à l’insurrection citoyenne espagnole). Il en a tiré une conclusion : l’indignation n’est que le premier pas de l’engagement.Il fallait, par une force politique innovante, mettre en tension le système politique espagnol et européen et proposer un nouvel horizon. Lecteur de Gramsci, il a compris que le moment économico-corporatif des Indignés de Madrid était un socle pour bâtir une contre-hégémonie populiste à vocation citoyenne, progressiste, écologiste et féministe. Podemos, fondé en 2014, a tout de suite obtenu des résultats électoraux éloquents avec plus de 1 million 200 mille voix et cinq élus aux Européennes. Lors des Législatives espagnoles de 2015 et 2016, le parti a obtenu respectivement 5 millions 212 mille 711 voix et 69 élus, et 5 millions 087 mille 538 et 71 sièges au Congrès.
Aux Municipales de 2015, Podemos remporte de nombreuses villes dont les emblématiques Barcelone et Madrid. Comme tout mouvement politique qui se mue en parti de gouvernement, Podemos perd de son insouciante fraîcheur, affronte des divergences de ligne, joue avec les alliances et se heurte à l’usure du pouvoir qui lui enlève une forme de pureté idéologique. Il s’y ajoute le départ de Iñigo Errejon, ancien numéro 2, idéologue du parti, concepteur de sa stratégie populiste et artisan de sa transversalité. Pablo Iglesias quitte la politique sur une défaite, avec seulement 7,2% des suffrages recueillis, mais il aura transformé la vie politique internationale d’une manière radicale. En se saisissant du socle intellectuel issu des travaux de Gramsci, Mouffe, Laclau ou Stuart Hall, qui structurent un positionnement populiste de gauche, pour l’expérimenter dans un espace politique jusque-là fermé, Iglesias a offert une grille de lecture nouvelle et un outil aux millions de militants qui partout rêvent de renverser l’ordre inégal actuel.
A la méthode de la gauche classique centrée sur l’opposition à la droite, il a apporté une critique de la caste corrompue et immorale qu’il oppose au peuple. Il a aussi critiqué le bipartisme dont les alternances n’offrent pas de changement de politique. Avec Podemos, Iglesias a voulu construire un Peuple comme catégorie politique entre le «nous» des gens et le «eux» de l’oligarchie. L’homme a aussi révolutionné la pratique politique par un style iconoclaste, en substituant au costume-cravate le jean, le pull ou la chemise à carreaux, que vient couronner une déroutante queue de cheval. Pablo Iglesias a contribué à bâtir un peuple par l’usage de références de la pop-culture et des réseaux sociaux. Auteur prolifique, il a co-écrit et coordonné un excellent livre intitulé Les leçons politiques de Game of Thrones (Post Editions, 2015) et n’a cessé de partager ses lectures, ses coups de cœur en musique et au cinéma faisant ainsi preuve d’une impressionnante érudition et d’une culture générale hors du commun. Avec Podemos, il a redonné à des millions de militants et de penseurs progressistes dans le monde un espoir pour construire un peuple et rendre les utopies possibles par la pensée et l’action radicales.
Par l’exemple de Podemos, il est possible de mettre en tension nos espaces politiques nationaux, de puiser dans sa trajectoire une inspiration semblable à l’influence du bolivarisme sud-américain sur le jeune parti espagnol, et permettre à une nouvelle gauche africaine d’émerger. L’héritage politique de Pablo Iglesias est vaste, mais il me semble crucial de garder un aspect déterminant : c’est dans les institutions qu’il faut concrétiser la contestation politique.
RACKETS SUR L'AXE ZIGUNCHOR-BISSAU, UN DÉPUTÉ BISSAU-GUINEEN CRIE AU SCANDALE
Le député bissau-guinéen de la diaspora, Leopoldo Da Silva, n’a pas mis de gants pour dénoncer les frais que font payer les polices des frontières du Sénégal et de la Guinée Bissau aux usagers de l’axe Ziguinchor-Bissau
Le député bissau-guinéen de la diaspora, Leopoldo Da Silva, n’a pas mis de gants pour dénoncer les frais que font payer les polices des frontières du Sénégal et de la Guinée Bissau aux usagers de l’axe Ziguinchor-Bissau. Selon le parlementaire qui était à Ziguinchor, dans le cadre d’une tournée internationale, ces pratiques violent les textes qui régissent la libre circulation des biens et des personnes, consacrée par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Au niveau des frontières, entre le Sénégal et la Guinée Bissau, les passagers sont contraints de verser aux polices des migrations des deux pays la somme de 1000 FCFA chacun. Ce procédé érigé en règle depuis des années n’est pas du goût de l’honorable Leopoldo Da Silva, député bissau guinéen de la diaspora. « C’est une entrave à la libre circulation des biens et des personnes. Il n'y a aucune loi, ni au Sénégal ni en Guinée, qui stipule que les passagers doivent payer pour accéder de part et d’autre de nos frontières réciproques », s’offusque le parlementaire bissau-guinéen qui était le week-end dernier à Ziguinchor pour s’enquérir de la situation de ses compatriotes établis dans la région sud.
Le parlementaire bissau-guinéen indique que c’est une violation flagrante des textes et de la loi de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). «J’invite les forces de l’ordre et de défense des deux pays à une cessation immédiate de ces pratiques. La libre circulation des biens et des personnes est consacrée par la CEDEAO », recommande Leopoldo Sagna. « Je demande à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à intervenir pour mettre fin à ces pratiques. D’ailleurs j’ai échangé sur la question avec des députés bissau-guinéens qui siègent au Parlement de la CEDEAO. Je leur ai demandé de porter le plaidoyer pour aider les usagers de l’axe Ziguinchor-Bissau au sein de cette instance », ajoute M. Da Silva. Ce dernier se réjouit tout de même des avancées dans les relations entre le Sénégal et la Guinée Bissau. «Avant, les sénégalais qui vivaient en Guinée Bissau étaient obligés d’avoir des cartes de séjour pour y résider. Mais maintenant, tout cela est derrière nous puisque le parlement bissau guinéen a fait sauter cette loi. Et nos compatriotes qui sont ici au Sénégal n’ont pas besoin de titre de séjour», clame-t-il.
Le parlementaire poursuit en saluant l’esprit de solidarité de l’État sénégalais envers la Guinée Bissau. « Nous ne cesserons jamais de remercier le Sénégal qui a formé une bonne partie des cadres bissau-guinéens. Ces derniers sont aujourd’hui en train de servir dignement notre pays. Sur le plan sanitaire, tout le monde sait que Bissau ne dispose pas encore de structures sanitaires de haute qualité. Tous les malades qui ne peuvent pas être pris en charge dans notre pays sont référés à Ziguinchor. Ceci est la preuve d’une parfaite collaboration entre le Sénégal et la Guinée Bissau qui, en réalité, ne forment qu’un seul peuple séparé en deux par des frontières », dixit Leopoldo Da Sylva.
Évoquant les difficultés que vivent les pêcheurs sénégalais dans les eaux bissau-guinéennes, l’élu de la diaspora bissau-guinéenne invite au respect des accords. « Le Sénégal et la Guinée Bissau ont signé un protocole d’accord sur la pêche et un nombre précis de licences a été donné au Sénégal. S’il y a des pêcheurs qui viennent dans nos eaux sans autorisation préalable, ils sont dans l’illégalité. Donc je leur demande de se conformer aux accords signés par nos deux pays pour préserver la cohésion de nos deux nations », conclut le député bissau-guinéen de la diaspora qui est en tournée internationale dont Ziguinchor est la première étape.
LE FORUM DU JUSTICIABLE DEMANDE LA CRIMINALISATION DU TRAFIC DE FAUX MEDICAMENTS
Jugeant que le phénomène prend des proportions inquiétantes
La dernière saisie de plusieurs tonnes de médicaments d’une valeur estimée à plus d’un milliard de francs CFA par la brigade commerciale des Douanes de Keur Ayip a fait sortir les membres du Forum du Justiciable de leur réserve. Dans un communiqué hier à « L’AS », Babacar Bâ et ses camarades invitent l’Etat à criminaliser le trafic de faux médicaments.
Les proportions inquiétantes que commence à prendre le trafic de médicaments au Sénégal préoccupent au plus haut point le Forum du Justiciable. Pour y mettre un terme, Babacar Bâ et ses camarades invitent les autorités étatiques à criminaliser le trafic de faux médicaments, de produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés. Ils demandent à l’Etat de ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la contrefaçon des produits médicaux et les infractions similaires menaçant la santé publique (MEDICRIME). « En vertu de cette convention, la fabrication intentionnelle, la fourniture, l’offre de fourniture et le trafic de médicaments falsifiés sont considérés comme des infractions pénales. Ce traité novateur appelle à la collaboration multilatérale entre les nations, les disciplines et les secteurs et pose les fondements d’une coopération avec les instances internationales comme INTERPOL, EUROPOL, ONUDC, OMD et OMS et entre elles, afin de mettre un terme à cette menace internationale pour la santé publique », précisent-ils dans un communiqué parvenu hier à « L’AS ».
Le Forum du Justiciable a cru bon de saisir les autorités après la récente saisie de plusieurs tonnes de médicaments par la brigade commerciale des Douanes de Keur Ayip, à Kaolack. « La dernière saisie de plusieurs tonnes de médicaments d’une valeur d’un 1 564 118 740 CFA par la brigade commerciale des Douanes de Keur Ayip montre à suffisance que le trafic de médicaments prend des proportions inquiétantes dans notre pays. Ce phénomène constitue un danger pour la santé publique et une atteinte au droit à la vie », déclarent Babacar Bâ et ses camarades D’après eux, si les médicaments contrefaits et de mauvaise qualité inondent les marchés, cela peut causer des dommages irréparables aux consommateurs. « D’ailleurs, les dernières statistiques les plus optimistes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) révèlent que les faux médicaments font 100 000 victimes par an en Afrique », rappellent-ils.