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5 mai 2025
Société
451 AFFAIRES DE VIOL ET DE PÉDOPHILIE ENRÔLÉES EN 15 MOIS
En tout, 451 affaires liées au viol et à la pédophilie ont été enrôlées par 12 Tribunaux de grande instance (TGI) sur les 15 que compte le Sénégal, entre 10 janvier 2020, date d’entrée en vigueur de la loi, et le 31 mars 2021
Depuis l’effectivité de la nouvelle loi portant criminalisation du viol et de la pédophilie, avec des sanctions plus dissuasives et pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité, la peur semble avoir changé de camp. En tout, 451 affaires liées au viol et à la pédophilie ont été enrôlées par 12 Tribunaux de grande instance (TGI) sur les 15 que compte le Sénégal, entre 10 janvier 2020, date d’entrée en vigueur de la loi, et le 31 mars 2021.
451! Le chiffre effarent est lâché par une autorité du ministère de la Justice. En un peu plus d’un an, soit environ 15 mois, 451 affaires liées au viol et à la pédophilie ont été dénombrées dans 12 Tribunaux de grande instance sur les 15 que compte le Sénégal. Ce décompte couvre la période entre le 10 janvier 2020 date d’entrée en vigueur de la loi et le 31 mars 2021.
La révélation est faite par Aïssé Gassama Tall, Secrétaire général du ministère de la Justice qui a présidé, hier lundi, la journée de sensibilisation dédiée aux organisations patronales et aux centrales syndicales sur la loi portant criminalisation du viol et la pédophilie, rapporte Emedia.
Seulement, déplore Aïssé Gassama Tall, malgré l’importance de ces faits portés devant les juridictions compétentes, les atteintes sexuelles continuent de faire des victimes ; même si globalement légère baisse est constatée concernant le nombre de cas et un recul notable des viols suivis de meurtre. «Au regard des données effarantes, le moment n’est pas venu de dormir sur nos lauriers. Nous devons rester mobiliser. Le contenu de cette loi mérite d’être porté à la connaissance de l’ensemble de la population. Il nous faut faire preuve d’ouverture et garder à l’esprit qu’il ne saurait y avoir de loi effective et efficace, fusse-telle dissuasive, sans son appropriation par les populations», souligne-t-elle Aïssé Gassama Tall. N’empêche, fait remarquer le Secrétaire général du ministère de la Justice, «la peur a changé de camp. Les sanctions sont devenues plus dissuasives et peuvent aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.
Mieux, le juge est davantage encadré dans sa prise de décision lorsqu’il entend faire usage de circonstances atténuantes en ce qu’il est toujours tenu de prononcer de fortes peines. Ce qui ne laisse aucune chance aux auteurs de viols et de pédophilies», explique-t-elle. Non sans reconnaître que «la criminalisation du viol et de la pédophilie dont la pertinence n’est plus à discuter est loin d’être une panacée». Aussi Aïssé Gassama Tall rappellera-t-elle que la loi criminalisant le viol a pris en compte d’autres infractions à caractère sexuel notamment le harcèlement sexuel dont le milieu du travail demeure le lieu de prédilection. Les peines encourues par les coupables de cette infraction sont sensiblement renforcées.
L’article 309 bis du Code pénal punit maintenant le harcèlement d’une peine de 2 à 5 ans, contre une peine qui était de 3 mois à 3 ans précédemment, et l’amende est portée de 1 million de francs CFA à 3 millions, contre 50 mille à 500 mille francs CFA précédemment. Et lorsque la victime est âgée de moins de 15 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé. Mais force est de noter que «les agressions sexuelles ne sauraient être efficacement combattu si les auteurs ne sont pas dénoncés», soutient-elle.
COVID-19: AUCUN DÉCÈS,15 CAS POSITIFS
Sur 842 tests réalisés, le Sénégal a enregistré 15 nouveaux cas de coronavirus. Les cas positifs sont répartis comme suit : 05 cas contacts, aucun importé et 10 issus de la transmission communautaire…
Le ministère de la Santé et de l’action sociale a fait le point sur la situation journalière de l’évolution de la Covid-19 au Sénégal, ce mardi 11 mai 2021.
Sur 842 tests réalisés, le Sénégal a enregistré 15 nouveaux cas de coronavirus. Les cas positifs sont répartis comme suit : 05 cas contacts, aucun importé et 10 issus de la transmission communautaire…
Patients guéris
18 patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
Cas graves
13 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Décès
Aucun décès n’a été enregistré ce lundi 10 mai 2021. L’état de santé des autres patients reste stable.
Cas recensés
A ce jour, 40 729 cas ont été déclarés positifs, dont 39 428 guéris, 1 120 décédés et 180 patients sous traitement.
Vaccination…
Depuis le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19 sur l’étendue du territoire, 428 147 personnes ont été vaccinées.
OUSMANE TOUNKARA ÉDIFIÉ SUR SON SORT CE MARDI
L’activiste Ousmane Tounkara face à son destin. Il fera face au juge de l’immigration, ce mardi, 11 mai. Il risque d’être extradé des États-Unis vers le Sénégal pour situation irrégulière
L’activiste Ousmane Tounkara face à son destin. Il fera face au juge de l’immigration, ce mardi, 11 mai. Il risque d’être extradé des États-Unis vers le Sénégal pour situation irrégulière.
Pour rappel, le Sénégalais, célèbre pour ses diatribes sur les réseaux sociaux, a été arrêté le 15 mars dernier, par la police américaine, après une plainte de l’État du Sénégal pour terrorisme et menace de mort, dans le cadre de l’affaire Ousmane Sonko.
15 jours après son arrestation, le juge américain de l’ICE (Immigration and customs enforcement), chargé de l’immigration et des douanes, avait décidé d’expulser l’activiste sénégalais, mais la défense avait fait appel avant son expulsion, selon des informations obtenues par Emedia. Le Sénégalais revoit le juge le 11 mai pour une notification définitive.
Aux dernières nouvelles, l’État du Sénégal ne s’est finalement pas constitué partie civile.
Ousmane Tounkara avait été dans le viseur de l’Etat du Sénégal après ses appels sur les réseaux sociaux, à brûler les maisons d’autorités, lors des dernières manifestations. Il avait déjà été arrêté en 2015 pour des faits de vol de voiture de luxe.
Avant lui, Assane Diouf, dans des conditions similaires, avait été rapatrié au Sénégal où il a enchainé les déboires avec la justice.
DU MATÉRIEL ET DES VÉHICULES POUR LES SERVICES CHARGÉS DE LA GOUVERNANCE DE L’ÉTAT CIVIL
Oumar Guèye, a réceptionné lundi des voitures, du matériel informatique et du mobilier de bureau d’une valeur de 245.203.105 francs CFA destinés aux services publics chargés de la gouvernance de l’état civil
Dakar, 10 mai (APS) – Le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Oumar Guèye, a réceptionné lundi des voitures, du matériel informatique et du mobilier de bureau d’une valeur de 245.203.105 francs CFA destinés aux services publics chargés de la gouvernance de l’état civil.
Le matériel, qui provient de l’Union européenne (UE), va servir à renforcer les capacités des principaux acteurs de la gouvernance de l’état civil au Sénégal et dans les services consulaires du pays à l’étranger.
‘’L’état civil occupe une place extrêmement importante dans la mise en œuvre des politiques publiques. Aujourd’hui, nous pouvons dire sans nous tromper que nous sommes dans une phase active de mise en œuvre, car les conditions préalables au démarrage de ce programme [de modernisation, de digitalisation et de numérisation de l’état civil] sont réunies’’, a indiqué Oumar Guèye.
Le porte-parole du gouvernement, qui s’exprimait lors de la cérémonie de réception du matériel, a dit que le Sénégal a acquis ces équipements grâce à l’aide de ses partenaires.
Les 552 communes du pays sont toutes dotées d’un centre d’état civil, a-t-il rappelé, ajoutant : ‘’Nous sommes dans une phase de modernisation, de digitalisation et de numérisation de cet état civil.’’
‘’Nous ne cessons jamais de rappeler que notre objectif final est d’avoir une identité biométrique unique. Cela doit concourir à la sécurisation de notre état civil, à la rapidité d’obtention des pièces d’état civil et des autres documents (passeport, carte d’identité)’’, a souligné Oumar Guèye.
Le porte-parole du gouvernement a assuré aux partenaires de son ministère que tous les services bénéficiaires du matériel en feront bon usage.
‘’Je voudrais dire toute ma joie pour ce projet si important pour la coopération entre l’UE et le Sénégal’’, a déclaré Irène Mingasson, ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal.
Elle estime que le Sénégal et l’UE ont franchi ‘’une étape de plus’’ dans leur ‘’coopération fructueuse’’.
Selon un communiqué, le matériel reçu de l’Union européenne permettra de mettre en place un système d’information de l’état civil ‘’efficient’’ et un fichier national d’identité biométrique sécurisé.
‘’Ce programme va garantir aux Sénégalais un accès facile à un service d’état civil de qualité. Il est mis en œuvre conjointement par Civipol (l’opérateur de coopération technique du ministère de l’Intérieur français à l’international), et Enabel (l’Agence belge de développement), sous la supervision de la direction de l’état civil’’ du Sénégal, ajoute la même source.
Elle précise que les équipements ont été mis à la disposition du Sénégal dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui au renforcement du système d’information de l’état civil et de la consolidation du fichier national de l’identité biométrique.
CE QUI EST REPROCHÉ À PAPE NDIAYE
Comme annoncé il y a peu, notre confrère de Walf, Pape Ndiaye, a été placé en garde à vue. Le Groupe Walfadjri a expliqué ce qui lui est reproché
Pape Ndiaye est accusé «d’escroquerie au préjudice d’une dame qui aurait déposé plainte contre lui», renseigne walf-groupe.com qui informe que sa direction a pris toutes les dispositions pour assurer la défense du journaliste.
Me Cheikh Niass, qui s’est rendu au commissariat central depuis 17 heures, a commis un pool d’avocats pour défendre Pape NDIAYE. Il a déclaré qu’il n’accepterait pas qu’on fasse payer à ce dernier ses prises de position, lit-on sur walf-groupe.com.
Le journaliste et chroniqueur judiciaire Pape Ndiaye est actuellement entre les mains de la police. Interpellé ce lundi, le confrère qui a passé tout l’après-midi dans les locaux du commissariat central, a finalement été placé en garde-à-vue.
Il a été accusé d’escroquerie par une dame, qui lui reproche de lui avoir soutiré la somme de 500.000 francs Cfa en échange d’une promesse d’intervention chez le juge. Ce, pour la libération d’un de ses proches emprisonné pour recel.
Malheureusement, face à une promesse non tenue et une impossibilité de rentrer dans ses fonds, la dame a finalement porté plainte.
Mais, selon Walf, le journaliste de WalfTv n’a pas été uniquement interrogé sur cette affaire mais aussi sur ses relations avec le PASTEF. Tout comme il a été interpellé sur ses sorties sur le défunt doyen des juges. Une audition de plus de 7 tours d’horloge qui a fini par un placement en garde-à-vue notifié au mis en cause après minuit.
LAMINE DIACK À DAKAR ET...SOURIANT !
L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) a foulé le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne à 20h48mn à bord d’un vol Air France
Lamine Diack enfin à Dakar ! L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) a foulé le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne à 20h48mn à bord d’un vol Air France. Il est apparu souriant et a été accueilli au Salon d’honneur de l’aéroport avant de s’engouffrer dans son véhicule pour rentrer chez lui.
Après 5 années passées en résidence surveillée à Paris, Lamine Diack n’a pas souhaité un accueil populaire. Ni s’adresser à la presse. Son voeu : retrouver les siens et se reposer. C’est à sa fille aînée, Mame Fatou Diack, qui s’est adressée, aux journalistes venus faire le pied de grue. Elle a tenu à remercier l’Etat du Sénégal qui a pris toutes les dispositions idoines pour le retour de son père. Annoncé dimanche à Dakar, Lamine Diack était retenu pour des formalités administratives.
Lamine Diack, 87 ans, en résidence surveillée depuis novembre 2015 en France, a été condamné par la justice française à quatre ans de prison, dont deux ferme, le 20 septembre dernier, pour son “implication dans un réseau de corruption destiné à cacher des cas de dopage en Russie”.
L’ancien président de l’IAAF (1999-2015) avait bénéficié le 30 décembre dernier d’une levée de la mesure d’interdiction de quitter le territoire français dont il faisait l’objet, contre le paiement d’une caution de 500000 euros, soit un peu plus de 327 millions de francs CFA. Le Jaraaf de Dakar, son club, dont il fut le président pendant de nombreuses années, avait décidé de payer cette caution lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue à Dakar le 18 avril dernier.
A son retour, Lamine Diack prévoit d’aller se recueillir sur la tombe de ses parents et saluer son grand-frère Alioune Diack, un ancien entraîneur de football centenaire depuis l’année dernière, informent des proches de l’ancien président de l’Iaaf (1999-2015). Lamine Diack, confient des sources, prendra le temps de parler avec la presse “au moment opportun”.
LA DATE DES LOCALES ENFIN CONNUE
le chef de l’Etat a, par décret n°2021-562 du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général des mandats des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022
La date de la tenue des élections locales est désormais connue. En effet, à travers un communiqué de presse rendu publique lundi soir le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a informé que conformément aux dispositions de l’article 1er de la loi n°2021-24 du 12 avril 2021 portant report des élections territoriales, le chef de l’Etat Macky Sall a, par décret n°2021-562 du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général des mandats des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022.
Pour rappel, les nombreux reports des élections territoriales ont été récusés par les membres de l’opposition qui indiquent que celles-ci auraient pu se tenir fin 2021.
par Bosse Ndoye
DU SENTIMENT ANTIFRANÇAIS
Bien que nos petits pays ne soient pas encore assez forts pour déloger l’armée française des terres africaines, il y existe une volonté réelle et grandissante des populations qui exigent des nouvelles relations gagnant-gagnant
Dans Ô pays, mon beau peuple, livre d’Ousmane Sembene, lorsque Oumar Faye, son personnage principal, commença à travailler fort pour aider ses compatriotes, paysans indigènes, à se dépêtrer de l’étreinte des colons véreux qui les exploitaient à travers un système de crédit usuraire et par l’achat de leurs récoltes à des prix dérisoires, il fut accusé d’antifrançais ayant des idées subversives par ces derniers. Aussi ourdirent-ils des complots ayant fort probablement conduit à son assassinat odieux, dans des conditions nébuleuses.
Depuis la publication de l’œuvre en 1957 -, c’est-à-dire pendant la période coloniale – jusqu’à nos jours, très peu de choses semblent avoir changé du côté de la France dans sa manière d’appréhender certaines réalités dans nombre pays, qu’elle avait anciennement colonisés sur le continent. C’est pourquoi ce n’est guère étonnant de la voir ressasser encore et toujours - avec orgueil et mépris -, la même antienne d’antifrançais à l’envi à ceux et celles qui y luttent pour leur souveraineté vis-à-vis d’elle et cherchent à se défaire de son emprise nocive.
Ainsi, pendant la campagne électorale pour les présidentielles de 2019 au Sénégal, lorsque le candidat Ousmane Sonko prône une rupture avec le système néocolonial en général et français en particulier - qu’entretient et nourrit Macky Sall sous la présidence duquel les intérêts français n’ont jamais aussi été florissants et soutenus dans le pays -, il a été qualifié par certains médias français de démagogue antifrançais ; lorsque Guy Marius Sagna et les membres du mouvement Frapp dénoncent les méfaits du franc Cfa dans les économies des pays qui l’ont comme monnaie, la présence encombrante d’entreprises de l’ancienne métropole dans plusieurs secteurs névralgiques du pays et la part du lion qui leur a été offerte lors de la signature de certains gros contrats, on leur serine ad nauseam la même rengaine d’antifrançais et les taxe de populistes ; lorsque Salif Keita, à l’instar de plusieurs de ses compatriotes, a dénoncé publiquement le rôle de complice que joue l’ancien pays colonisateur dans la rébellion au Mali, il a été taxé d’antifrançais. À l’en croire - dans sa préface de la Lettre au peuple malien de Cheick Oumar Sissoko - l’Élysée est même allé jusqu’à envoyer une lettre à la Chaîne de l’espoir, une fondation financée par la France qui travaillait en partenariat avec la Fondation Salif Keita pour demander la cessation de leur collaboration, et des dispositions avaient même été prises pour annuler tous les concerts du chanteur malien en France[1]. Sa compatriote, Aminata Traoré n’a pas été mieux lotie. À cause de sa position critique sur l’opération Serval, elle s’était vu refuser l’extension de son visa Schengen lui interdisant son passage en France à la suite de manœuvres de Paris[2].
Cette propension des autorités françaises à traiter d’antifrançais à tout-va tout militant, artiste, écrivain africain dénonçant l’attitude néocoloniale de Paris dans son pays n’est guère différente du Burkina Faso au Tchad en passant par le Niger et le Cameroun et tutti quanti. Elle dénote juste l’aveuglement, l’orgueil, le mépris qui les animent et surtout le refus obstiné de reconnaître les aspirations de souveraineté et d’indépendance des peuples africains, surtout de la jeune génération qui ne veut rien d’autre que de voir les vieilles pages du livre anachronique de la Françafrique déchirées. L’attitude de l’ancienne métropole traduit aussi son refus d’admettre les réalités politiques, sociales, économiques, géopolitiques changeantes sur le continent et dans le monde depuis la proclamation des indépendances formelles de plusieurs pays dans les années 60.
Contrairement à la France, Ousmane Sembène, à travers un de ses personnages parmi les colons, avait très tôt senti le vent tourner : « Un seul homme (Oumar Faye) nous tient en échec. Imaginez que demain qu’ils soient des milliers ! Depuis des années, je navigue de colonie en colonie, partout j’ai rencontré, à peu de choses près, le même désir chez les jeunes Africains…nous avons trop l’habitude du vieux noir que nous activités laissaient indifférent. Ces vieux sont en voie de disparition, c’est cela que vous devez comprendre (…) Si vous ne voulez pas voir ce qui se passe autour de vous, si vous êtes trop fiers pour vous retourner, vous n’en avez plus pour longtemps, les difficultés se dresseront l’une après l’autre sur vos chemins…Savez-vous comment les jeunes nous appellent ? Ils nous appellent les « ogres » (…) Nous ne mènerons plus la baguette ! Ce bon vieux temps est mort. Votre orgueil vous empêche de voir la réalité, mais je parie que vous le sentez. Vous aurez beau essayer de vous donner la comédie, vous savez très bien que le temps est venu de changer de méthode[3]. »
Avant l’auteur des Bouts de bois de Dieu, Mongo Béti, dans le Pauvre christ de Bomba – publié en 1955 - à travers le personnage du RPS Drumont, s’adressant à l’administrateur Vidal, avait averti d’un changement un jour dans les relations d’exploitation qu’entretient sur le continent le couple composé d’oligarques capitalistes et de politiciens français : « (…) Ne vous mentez pas à vous-même ou, si vous ne l’avez pas encore compris, réfléchissez bien. Vous êtes ici pour protéger une certaine catégorie de gens très précise, un point c’est tout.Et vous les protégerez jusqu’à ce que les autres soient plus forts et les expulsent, et vous avec[4]… »
Bien que nos petits pays ne soient pas encore assez forts pour déloger l’armée française des terres africaines, pour empêcher que son soutien logistique ne parvienne à certains groupes rebelles pour qu’ils déstabilisent un pouvoir démocratiquement élu qui refuse de jouer le jeu de la France, pour que certains dirigeants attendent moins l’adoubement de Paris que l’élection de leur peuple, il y existe une volonté réelle et grandissante des populations qui, contrairement à nombre de leurs dirigeants traitres et complices, partisans du statu quo, exigent des nouvelles relations gagnant-gagnant basées sur l’égalité et le respect de la souveraineté des différents pays. Mais il faut être réaliste la fondation de ces nouvelles relations passera forcément par une meilleure organisation et par des projets bien ficelés. Afin d’être mieux entendus dans le monde, nos pays doivent parler d’une seule voix. Pour avoir plus de poids sur la balance de relations internationales – qui ne sont en réalité qu’un rapport de force - ils doivent regrouper toutes les forces.
Tout comme un maitre, dont l'exploitation du serviteur est vitale, ne donnera jamais à celui-ci les clés de sa libération, c’est très rare, pour ne pas inexistant, qu’un pays renonce volontairement aux avantages qu’il peut tirer d’un autre pays plus faible. Donc, il appartient à ce dernier de se battre pour se libérer lui-même, par ses propres efforts et initiatives. C’est pourquoi l’utilité et la pertinence du prochain sommet françafricain de Montpellier entre Macron et certains intellectuels africains peuvent être remises en question. D’autant qu’il est très peu probable que quelque chose de concret concernant la mise à mort définitive de la Françafrique en ressorte. Moult promesses de rupture ont été déjà faites par plusieurs prédécesseurs de l’actuel président français. On connaît la suite. Donc cette rencontre ne sera qu’une énième ruse des dirigeants français qui, lorsqu’ils se sentent acculés dans leurs zones de confort sur le continent africain – comme c’est actuellement le cas dans certains pays -, lorsqu’ils sentent la réalité sur le terrain commence à leur échapper et leurs intérêts à être menacés, ils échafaudent toutes sortes de plans, non pour lâcher prise et reculer, mais pour y prolonger encore leur présence, et partant garder leurs avantages intacts. Cheikh Anta avait très tôt décelé la supercherie du colonisateur, qui n’est différente de celle du néocolonisateur que dans la forme mais les objectifs d’exploitation restent les mêmes : « Chaque fois que les colonialistes nous invitent à une collaboration pour un progrès commun de nos deux peuples ils ont cette arrière-pensée d'arriver, avec le temps, à nous supplanter. Voilà pourquoi, tout ce qu'ils nous offrent n'est qu'un vaste mirage qui peut égarer un peuple entier, grâce à la complicité de quelques-uns[5].»
Comme ces indigènes qui étaient au courant du projet d’assassinat d’Oumar Faye mais avaient préféré ne rien lui dire pour qu’il se ne préparât à faire face à toutes attaques, il y aura toujours des traîtres sur le continent qui aideront certaines puissances étrangères à dominer leurs pays, comme l’avait prédit Frantz Fanon. Mais le plus important est de comprendre que la France, pour ses intérêts, n’a aucune envie que change la forme actuelle des relations de domination qu’elle entretient avec ses anciennes colonies en Afrique noire subsaharienne change. Donc, tout changement et toute initiative doivent venir des Africains eux-mêmes, non de l’Hexagone.
[1] Lettre ouverte au peuple malien, Cheick Oumar Sissoko, p.5p.6
[5] Nations nègres et culture, Cheikh Anta Diop. P. 18
ESCLAVAGE, LA QUESTION DES RÉPARATIONS TOUJOURS D'ACTUALITÉ
Saviez-vous qu'en 1848 au moment de l'abolition, ce ne sont pas les esclaves qui ont été dédommagés mais les propriétaires, et ce, afin de compenser les pertes économiques engendrées par la fin de l'esclavage ?
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 10/05/2021
Les conditions dans lesquelles s’est faite l’abolition de l’esclavage font persister un sentiment de non-respect que d’aucuns voudraient éteindre.
Faut-il accorder des réparations pour l'esclavage ? Alors que ce lundi 10 mai, la France marque le vingtième anniversaire de la promulgation de la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité, la réparation « politique et mémorielle » a gagné du terrain, prenant le pas sur le volet financier qui reste, lui, difficile à appréhender encore aujourd'hui. Pour comprendre, il faut bien souvent remonter le cours de l'histoire, et le cas de la France est loin d'être isolé.
Saviez-vous qu'en 1848 au moment de l'abolition, ce ne sont pas les esclaves qui ont été dédommagés mais les propriétaires, et ce, afin de compenser les pertes économiques engendrées par la fin de l'esclavage. Pas moins de 250 000 personnes ont été libérées dans les colonies d'Amérique, de Saint-Louis du Sénégal, de Madagascar et de La Réunion. Au XIXe siècle, le fait de posséder des esclaves dans le cadre légal de cette époque obligeait l'État à vous indemniser au cas où ces derniers seraient émancipés. Malgré les débats houleux qui ont agité cette période, il était difficile de remettre en cause ce système par lequel beaucoup réinvestissaient par l'achat de biens dans l'économie du pays. Comment demander des comptes à ceux-là ? Dès le départ, donc, il ne s'est pas agi d'une abolition juste.
La question de la réparation relancée
Une des questions relancées ces dernières années par plusieurs associations est celle des réparations, et notamment de l'indemnisation des descendants d'esclaves. Parmi les revendications : au-delà de l'aspect financier ou monétaire, des pistes de solutions ont été avancées comme la mise en place d'une meilleure politique de codéveloppement avec les pays africains victimes de la traite, d'autres sur la nécessité de débloquer des bourses et bien d'autres.
De l'autre côté de l'Atlantique, le débat a été plus vif, aux États-Unis, où la question des réparations a été débattue au Congrès dès 1865. Lors de la guerre de Sécession, les États confédérés avaient promis à chaque esclave noir libéré « 40 acres et une mule ». Soit 16 hectares de terre à cultiver et une mule pour traîner une charrue. Une promesse restée lettre morte. Et loin d'avoir obtenu une liberté totale des Noirs américains, l'abolition de l'esclavage a été immédiatement suivie par la mise en place des lois Jim Crow et ses dérives racistes jusqu'au milieu des années 1960.
Plus récemment, le mouvement Black Lives Matter a réveillé le débat. La législation, dont une première version avait été rédigée il y a près de trente ans, est redevenue centrale depuis la mort de plusieurs Afro-Américains lors d'interventions policières. Il a poussé les États-Unis à se pencher davantage sur leur passé esclavagiste et sur les multiples discriminations subies par la minorité noire, laquelle constitue près de 13 % de la population. La question des compensations avait été évoquée par plusieurs candidats à la primaire démocrate de 2020 dans le débat plus large sur les inégalités raciales et les différences de revenus.
Un projet de loi adopté aux États-Unis
Et aujourd'hui, de nombreux observateurs se réjouissent de voir une commission du Congrès américain adopter la semaine dernière, plus précisément jeudi 6 mai un projet de loi portant le principe d'une compensation financière pour réparer les méfaits de l'esclavage aux États-Unis. Un premier vote historique dans un pays encore marqué par les discriminations raciales. Concrètement, ce projet de loi prévoit la création d'une commission d'experts qui serait chargée de faire des propositions sur l'indemnisation par le gouvernement des descendants des quelque 4 millions d'Africains amenés de force aux États-Unis entre 1619 et 1865, date de l'abolition de l'esclavage.
L’AFFAIRE OMAR BLONDIN DIOP DOIT SORTIR DU DÉNI OÙ ELLE SOMMEILLE DEPUIS TROP LONGTEMPS
Le Sénégal n’échappe pas à l’exigence de mémoire qui travaille les sociétés du monde entier, comme en témoigne cette affaire, blessure à la conscience collective sénégalaise jamais cicatrisée
Le 2 mars à Dakar, à la veille de l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko et des manifestations qui embrasèrent le Sénégal, le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) a tenu une conférence de presse pour appeler à la mobilisation contre le «projet de liquidation des militants » de l’opposition. Derrière la table où se sont exprimés les orateurs trônait le portrait d’Omar Blondin Diop, jeune révolutionnaire des « années 1968 » mort en détention le 11 mai 1973 sur l’île de Gorée.
Quarante-huit ans après sa disparition dans des conditions suspectes, le souvenir de ce jeune philosophe, embarqué dans la fièvre de Mai 68 à Paris (Godard le fit tourner dans La Chinoise) avant de se lancer dans l’action révolutionnaire, revient hanter le champ militant sénégalais.
C’est qu’il est devenu un symbole, un « martyr du néocolonialisme » et de pratiques répressives de l’Etat sénégalais souvent occultées à l’extérieur par les clichés entourant l’héritage de Léopold Sédar Senghor (le Sénégal « modéré », « îlot démocratique » dans une Afrique livrée aux dictatures). Senghor et Blondin Diop : la formation littéraire classique en partage, mais deux visions antagonistes du Sénégal.
Le Sénégal n’échappe pas à l’exigence de mémoire qui travaille les sociétés du monde entier, comme en témoigne cette affaire, blessure à la conscience collective sénégalaise jamais cicatrisée. Des voix s’élèvent pour demander la réouverture du dossier judiciaire. Car de lourds soupçons pèsent sur la thèse officielle du suicide. La disparition d’Omar Blondin Diop s’inscrit en effet dans la longue histoire d’éliminations répétées, et au demeurant impunies, de figures africaines anti-impérialistes. Les Camerounais Ruben Um Nyobè (1958) et Félix-Roland Moumié (1960), le Congolais Patrice Lumumba (1961), le Togolais Sylvanus Olympio (1963), le Marocain Mehdi Ben Barka (1965), le Bissau-Guinéen Amilcar Cabral (1973), le Sud-Africain Steve Biko (1977)… La liste est longue.
Une époque incandescente
Le destin de Blondin Diop est à l’image d’une époque incandescente. A Nanterre, en 1968, il est membre fondateur du Mouvement du 22-mars au côté de Daniel Cohn-Bendit. Sa participation au Mai parisien lui vaudra d’être expulsé vers le Sénégal en 1969. Son retour en France l’année suivante ne sera que de courte durée.
Dès l’annonce de l’arrestation de camarades dakarois – dont ses deux frères – condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement pour avoir tenté d’attaquer le cortège du président français, Georges Pompidou, en visite au Sénégal, il décide de s’initier à la lutte armée pour préparer leur libération.
Débute alors un périple intercontinental qui le mène en Syrie, en Algérie et au Mali, où il est arrêté. Extradé à Dakar, il est condamné à trois ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » en mars 1972. Après quatorze mois d’isolement à Gorée, il est déclaré mort le 11 mai 1973.
Suicide ? La version des autorités n’a jamais réellement convaincu. La main courante de la prison (registre détaillant les entrées et sorties du bâtiment) révèle ainsi qu’il aurait perdu connaissance plusieurs jours auparavant. S’agissait-il du résultat des coups reçus, dont son frère cadet, Mohamed, détenu dans la cellule voisine, est le témoin auriculaire ?
Le rapport de contre-autopsie menée par son père médecin, le docteur Ibrahima Blondin Diop, fait en tout cas état de coups infligés au niveau de la nuque. Après une tentative de réanimation restée vaine, l’infirmier résident de l’île de Gorée ordonna l’évacuation immédiate du détenu au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec, à Dakar. Le gardien chef de la prison refusa, par peur des soupçons que soulèverait l’acheminement du corps vers la chaloupe.
Le père de Blondin Diop porta plainte pour homicide involontaire. L’enquête démarra plutôt bien mais finit mal. Face aux nombreux éléments accablants, le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Dakar, Moustapha Touré, chargé de l’affaire, procéda à l’inculpation de deux des trois gardes pénitentiaires de la prison.
Interrogé par l’hebdomadaire sénégalais La Gazette en 2009, le juge Touré déclarait : «Les circonstances laissaient voir des indices crédibles et concordants tendant à prouver que le suicide, officiellement évoqué pour justifier la mort d’Oumar Blondin Diop, était en réalité un maquillage. J’ai alors décidé, dans le secret de mon cabinet d’instruction, d’inculper. »
Mais avant que le juge Touré n’eût le temps de procéder à l’arrestation du dernier garde suspect, il fut dessaisi et remplacé par le juge Elias Dosseh. Ce dernier mit fin aux poursuites judiciaires un an et demi plus tard en délivrant une « ordonnance d’incompétence ».
Dans le même temps, le gouvernement sénégalais, sous l’égide du président Senghor, orchestra une importante campagne médiatique – publiant notamment le Livre blanc sur le suicide d’Oumar Blondin Diop – visant à présenter Blondin Diop comme un « drogué sevré déprimé » et sa mort comme un «suicide par pendaison». Sur ordre du tout-puissant ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean Collin, son inhumation, expéditive, fut réalisée en la seule présence de son frère cadet, Ousmane, et de son père, par ailleurs condamné – le seul dans cette affaire – à verser un franc symbolique pour « propagation de fausses nouvelles ».
L’impunité n’est pas une fatalité
Quarante-huit ans après les faits, et alors que son message connaît une nouvelle actualité – anti-impérialisme, panafricanisme, antiracisme –, il est plus que temps de rouvrir le dossier d’Omar Blondin Diop. Certains développements judiciaires en Afrique montrent que l’impunité n’est pas une fatalité.
Le 13 avril, la chambre de contrôle de l’instruction du Burkina Faso a prononcé la mise en accusation de quatorze personnes liées à l’assassinat en 1987 du président Thomas Sankara – dont son successeur, Blaise Compaoré. Et en Afrique du Sud, la réouverture en 2017 du dossier d’Ahmed Timol, jeune militant anti-apartheid mort en prison en 1971, a permis d’établir que la victime ne s’était pas suicidée, comme le présentait la version officielle, mais avait été torturée à mort. Son geôlier a été inculpé et attend sa sentence.
Pourquoi pas le Sénégal ? En 2013, à l’occasion du 40e anniversaire de la mort de Blondin Diop, sa famille a demandé la réouverture du dossier judiciaire. Malgré une promesse en ce sens par l’ancienne ministre de la justice Aminata Touré en 2013, la requête est restée lettre morte.
Son successeur, Sidiki Kaba, aujourd’hui ministre des Forces armées, s’est insurgé le 8 avril contre «l’impression [que] depuis Blondin Diop, jamais les crimes d’Etat n’ont été éclaircis », admettant par la même occasion que le militant révolutionnaire en fut lui-même victime. Des témoins clés de l’affaire, dont l’ex-garde Ibrahima Dièye et le juge Moustapha Touré, sont toujours en vie. Ils doivent être entendus.
La vérité est imprescriptible. L’heure est venue de sortir l’affaire Omar Blondin Diop du déni où elle sommeille depuis trop longtemps.
Florian Bobin est chercheur en histoire, travaille sur les luttes politiques post-indépendance au Sénégal, notamment sur la trajectoire militante d’Omar Blondin Diop (1946-1973).