C’est un pays qui a été longtemps présenté comme un modèle démocratique. Le Bénin est en effet le premier pays en Afrique à avoir organisé les Conférences nationales en 1990. Un évènement qui a conduit au renouveau démocratique.
Avant le retour de la démocratie en 1990, le Bénin a été longtemps l’un des enfants malades de l’Afrique. Dès le début des années 1960, le Dahomey d’alors enregistre de nombreux coups d’Etat.
Le monstre à trois têtes
Preuve des dissensions entre les politiques, un Conseil présidentiel de trois membres est installé en mai 70, à chacun des membres de diriger cet organe pendant deux ans. C’est ce qu’on a appelé le « monstre à trois têtes ».
Le général Mathieu Kérékou y met fin en octobre 1972 et marque le début de deux décennies d’une période révolutionnaire caractérisée par le parti unique. Mais en 1977, le pays fait face à un coup d’Etat conduit par les mercenaires du colonel français Gilbert Bourgeau, alias Bob Denard.
Au sortir de cette période, l’arrivée du pluralisme politique et l’ouverture médiatique est saluée à la suite de l’adoption d’une nouvelle Constitution en décembre 1990. Nicéphore Soglo, ministre de transition pendant un an devient alors président en 1991, lors de la première élection sous le renouveau démocratique.
La culture vaudou
Le Bénin est aussi connu mondialement pour son culte vaudou. Les villes de Ouidah, Abomey, Porto-Novo et d’autres encore célèbrent chaque 10 janvier une fête nationale, la fête des religions endogènes, déclarée jour férié et chômé.
Pour autant, le dialogue interreligieux fonctionne bien car christianisme, islam et vaudou cohabitent en parfaite harmonie. Certains Béninois sont tantôt à la mosquée ou à l’église le matin et dans les couvents vaudous à la nuit tombée.
La diversité cultuelle du Bénin s’ajoute à une diversité culturelle et multiethnique. Une culture que vend si bien à l’extérieur la diva de la musique béninoise, Angélique Kidjo avec ses quatre Grammy awards.
Mais c’est loin du Quartier latin de l’Afrique qu’Angélique Kidjo rayonne. Au point que certains la verraient en politique dans cette ancienne colonie française de onze millions d’habitants, située entre le géant nigérian avec ses deux cents millions d’habitants, le Togo, le Burkina Faso et le Niger.
Le port et le coton
Le Bénin sert d’ailleurs de façade maritime pour ses deux derniers pays de l’hinterland. Le port de Cotonou est le poumon de son économie. Le pays peut aussi compter sur les recettes issues du coton avec des records de production ces dernières années sous la présidence de Patrice Talon, qui a fait d’ailleurs fortune dans l’or blanc.
Patrice Talon est accusé par les opposants de remettre en cause l’histoire de la Conférence nationale caractérisée par la recherche du consensus. N’hésitant pas à qualifier la démocratie béninoise de "pagailleuse", ou de « démocratie nescafé » comme l’a dit avant lui son prédécesseur Boni Yayi, Patrice Talon aime affirmer que les populations l’ont élu pour avoir de l’eau et de l’électricité.
Il faut dire que les notes des institutions internationales parlent aussi pour celui que les Béninois comparent à Paul Kagamé depuis sa première visite au Rwanda. Le Bénin est devenu pour la première fois un pays à revenu intermédiaire, au même rang que le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Mais dans le Bénin démocratique, il y a depuis peu un vrai débat : oui à la démocratie ou bien oui au développement ? Certains Béninois estiment que les deux peuvent aller ensemble. Les soutiens du pouvoir pensent qu’il faut d’abord se développer.
par Assane Ndieguene
MULTIPLE PHOTOS
FOCUS SUR LA FIBRE OPTIQUE
Malgré les multiples efforts du gouvernement sénégalais et ses partenaires, le déploiement de la fibre optique sur le territoire national reste encore un défi de taille
À l’instar des autres pays d’Afrique, le Sénégal entend se servir des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) comme levier pour l’essor des secteurs porteurs de son économie comme l’agriculture, l’éducation, l'agro business, l’habitat social, les industries minières, le tourisme, la santé et le transport. Les TIC constituent en fait deux technologies qui ont été regroupées à partir du moment où les technologies de l’information ont commencé à être appliquées dans des applications de télécommunications. Les technologies de l’information sont reliées aux sciences utilisées respectivement pour concevoir, stocker, transporter et divulguer l’information tandis que les technologies de la communication sont-elles reliées aux sciences qui permettent de faciliter les communications sous toutes ses formes.
Historiquement, l’homme devait marcher, utiliser un cheval ou un bateau des jours voire des mois pour pouvoir délivrer un message quel que soit son degré de priorité. Au fil des âges, les hommes se sont rivalisés d’imagination et d’ingéniosité pour améliorer les moyens et le temps d'expédition d’une information. Ainsi, un système de signaux visuels à l’aide de bûchers enflammés selon un code préétabli fut utilisé pour annoncer la chute de Troy en seulement quelques heures dans un rayon de quelques centaines de kilomètres. La première grande avancée dans le domaine des TIC a été obtenue avec les tours de communication (télégraphe optique) par sémaphore de Chappe vers 1793. Ces tours permettaient de transmettre par exemple un message entre Paris et Lille dès 1794 en 6h de temps au lieu de 3 jours. Le système de Chappe présentait de lourds inconvénients car son efficacité dépendait de la météo comme la neige, le brouillard ou la nuit.
Vers la modernisation
Le développement de l’électricité ouvrit la porte au développement du télégraphe de Morse en 1837 qui permettait de transmettre de l’information peu importe la condition climatique. Des signaux sous forme de suite de traits et de points (code Morse) sont envoyés au récepteur via des lignes de cuivre. Pour faciliter la communication entre l’Europe et l’Amérique, un premier câble sous-marin de près de 4200 km est installé entre l'Irlande et Terre-Neuve vers 1858. Le premier message de 100 mots échangé entre la reine Victoria et le président américain Buchanan à l’aide du code Morse durera 67 mn environ, ce qui était un exploit à l’époque. En 1876, Alexander Graham Bell et Elisha Gray inventèrent indépendamment le téléphone qui permettait de faire des communications presque instantanées comparées aux méthodes de communications utilisées jusque-là. Ensuite, l’apparition des techniques de communications sans fil virent le jour avec la démonstration de l'existence des ondes électromagnétiques par Heinrich Hertz en 1888 et la mise en place du télégraphe sans fil plus tard (1896) par Guglielmo Marconi. Le code Morse est toujours utilisé et un premier message est envoyé en 1899 entre l'Angleterre et la France sans donc passer par des câbles de cuivre installés sous la Mer mais par l’air libre. C’est l’ère de la radio avec l’inventeur Reginald Fessenden qui fut le premier à transmettre sa voix sur un rayon de 80 km par ondes hertziennes en 1900. Des recherches pour la transmission d’images se concrétisent avec la télévision mécanique de Baird (1925) qui se développa grâce à l’invention du tube cathodique par Karl Braun.
Une nouvelle ère,
En plein guerre mondiale (1943), le premier ordinateur à usage militaire voit le jour. Il s'agit de l’ENIAC qui pesait 30 tonnes et occupait 150 m². Plus tard, l’apparition des transistors, des circuits intégrés et des microprocesseurs ouvrirent la voie à la miniaturisation. En 1966, ARPANET, ancien d'internet, fut lancé avec comme objectif la possibilité de transférer des paquets de données qui jetteront les bases d’un réseau de communication mondialisé. Avec l’apparition d’internet, la possibilité de transférer en quelques clics des données de l’information d’un point A à un point B quel que soit l’endroit ou presque où on se trouve dans le monde est devenue une réalité. En pleine guerre froide, la course aux satellites entre les USA et l’URSS est lancée afin de mieux maîtriser leur moyen de transmission. À la fin des années 70, la téléphonie mobile prend son envol avec le déploiement de la première génération (1G) qui utilisait une technologie analogique. Les inventions, développements et productions dans le domaine des TIC ont vu les champs d’application et le nombre d’utilisateurs d’internet dans le monde augmenter d’année en année comme nous le montre la figure 1 en illustration de texte [1].
Entre 1995 et 2021, le nombre d’utilisateurs d’internet est passé de 16 millions (0.4 % de la population mondiale) à presque 7900 millions (64.7 % de la population mondiale) en 2021, soit presque 500 fois plus d'utilisateurs en 16 ans. Imaginez par exemple 3 milliards d'individus se connecter en même temps sur internet! Cette forte augmentation d'utilisation d’internet fait face à plusieurs enjeux cruciaux. Parmi eux, il y en a un qui a été toujours problématique d’ailleurs, à savoir l’augmentation de la vitesse de transfert des données sur de courtes comme sur de longues distances. Cette vitesse, mesurée en bps (bit par seconde), a fait l’objet de course effrénée durant ces dernières décennies. Pour rappel, 1Kbps renvoi à mille bps, 1 Mbps renvoi à 1 million de bps, 1 Gbps renvoi à 1 milliards de bps et 1 Tbps renvoi à 1 billion de bps et plus le nombre est grand plus la vitesse de transfert de données est élevée.
Avec la naissance d’internet, les moyens de transmission de données traditionnels ne permettaient plus de répondre à la demande. D’abord, la technologie de connexion commutée [2] utilisant les lignes téléphoniques traditionnelles a été développée pour acheminer les paquets de données permettant l’utilisation d’internet. Cette technologie, réservée à des fins militaires dans les années 50, permettait de faire des transferts de données sur une vitesse maximale de 300 bps. Une fois améliorée, la technologie de connexion commutée a permis d’atteindre une vitesse maximale de 56 Kbps en 1998. Deux autres technologies d’acheminement de données via internet ont vu le jour ensuite. Il s'agit de la technologie HFC (Hybride Fibre Coaxiale) à travers le câble coaxial anciennement utilisé pour les antennes de télévision et de la technologie DSL (ligne d’abonné numérique en cuivre) qui utilise la ligne téléphonique et dont les variantes sont connues aujourd'hui comme l’ADSL et le VSDL. La technologie ADSL couramment utilisée permet d’atteindre une vitesse maximale de transfert de données de 15 Mbps alors que la technologie HFC-câble coaxiale permet d'atteindre une vitesse maximale de 800 Mbps. La technologie la plus récente utilisée pour transférer des données numériques est la fibre optique qui présente beaucoup plus d’avantages que les moyens de transport d’information cités précédemment. Son premier avantage est qu’elle offre la possibilité d’atteindre des vitesses maximales de transfert de données jamais égalées jusque-là car l’information est transportée via la lumière. Pour des raisons d'infrastructures et de coûts, sa vitesse maximale est autour de 10 Gbps pour les services offerts au grand public. Des chercheurs de l’University London College ont montré qu’il était possible d’atteindre une vitesse de 178 Tbps avec la fibre optique en utilisant des systèmes peu coûteux. Ceci permettrait par exemple de télécharger toute la librairie de Netflix en moins d’une seconde [3], une révolution pour le futur. La figure 2 permet d’établir un comparatif rapide de la comparaison des vitesses maximales de transfert de données en utilisant différents types de technologies.
En plus de son avantage inégalable sur la vitesse de transfert des données, voici quelques autres avantages reliés à la fibre optique. Elle permet de faire des transferts de données stables et sécurisés avec peu de pertes sur les longues distances. Son installation est plus facile car elle prend moins de place en général et elle est moins légère que les câbles classiques donnant aussi la possibilité de faire passer plusieurs canaux de communication sur un même câble. Elle offre la possibilité de faire des téléchargements plus rapides permettant donc de gagner du temps dans nos activités personnelles et professionnelles. Elle offre une vitesse de transfert de données symétrique, ce qui veut dire que la vitesse d’émission des données est aussi élevée que la vitesse de réception des données. La fibre optique possède également une longue durée de vie pouvant aller jusqu’à 1 siècle. Elle offre également la possibilité d’obtenir la très haute définition sur votre téléviseur comme la qualité 4K qui a 4 fois plus de résolution que la HD (Haute Définition). Cependant, tout n’est pas rose dans la fibre optique car elle est plus fragile mécaniquement et plus coûteuse à installer que l’ADSL et le câble coaxial.
Quelle idée révolutionnaire d’utiliser la lumière pour transmettre des données! L’idée fut explorée par Alexander Graham Bell vers 1880 [4] avec le photophone et le principe fut établi au cours de la première moitié du 20ième siècle. Ensuite, dans les années 1950, l’endoscope ou le fibroscope fut créé pour une utilisation médicale par Larry Curtiss. Ce système permet d’acheminer des rayons lumineux et de recueillir des images via un réseau de fibres optiques souples permettant d’examiner et de soigner les patients en se passant de la chirurgie. Dans le domaine des télécommunications, il a fallu attendre l’invention du LASER en 1960 par Theodore Maiman pour entreprendre de transmettre des données fiables, stables et avec peu de pertes sur une longue distance. Les travaux de Charles Kuen Kao et de Georges Hockman dans les années 1960 permirent d’entrevoir l’utilisation de la fibre optique dans le domaine des télécommunications même si la transmission de la lumière était limitée seulement à quelques mètres avec leur technologie [5]. En 1970, les scientifiques de la compagnie Corning, Robert Maurer, Peter Schultz et Donald Keck développèrent la première fibre optique pouvant être utilisée dans les télécommunications. Cette fibre composée de silice extrêmement pure en son cœur permettait d’atteindre une atténuation de 20 dB/km au début. Elle était capable de transporter 65 000 fois plus d’information que le câble de cuivre. Révolutionnaire n’est-ce pas! Au fil du temps, les propriétés ainsi que les procédés de fabrication de la fibre optique se sont largement améliorés et ont fini par être un support indispensable au développement d’internet et donc des TIC.
Pour les personnes qui se demandent comment ces fibres optiques de la taille d’un cheveu sont fabriquées, en voici le procédé de base. À partir de la silice (SiO₂) que l’on retrouve dans de nombreux minéraux comme le quartz, la calcédoine et l’opale, des éléments préformés cylindriques sont fabriqués. Ces préformes sont constituées de deux couches : une couche en silice pure possédant un grand indice de réfraction qui sera le cœur de la fibre et une autre couche en silice moins pure possédant cette fois-ci un petit indice de réfraction. Cette dernière couche, appelée gaine optique qui enveloppe le cœur de la fibre, permet d'obtenir une réflexion totale et donc de garder toute la lumière au sein de la fibre de verre une fois qu'elle est étirée. Grâce à ce principe, une fois que la lumière entre dans le cœur de la fibre optique avec un angle adéquat, elle subit de multiples réflexions à l’interface cœur de la fibre/gaine optique sans perdre de signal. Ainsi de réflexions en réflexions, cette lumière se propage dans la fibre sous forme de zig zag plus visible dans les fibres monomodes jusqu’à l’autre extrémité de la fibre pour délibérer ainsi l’information. Des éléments dopants comme le germanium, le phosphore, le bore ou le fluor peuvent être utilisés pour soit augmenter l’indice de réfraction dans le cœur de la fibre ou décroître l’indice de réfraction dans la gaine optique. Une fois la fabrication des préformes terminée, elles sont placées en haut d’une tour de fibrage et leur extrémité est placée dans un four porté à une température proche de 2000 °C. Sous l’effet de cette chaleur, chaque préforme se transforme en une fibre optique de plusieurs centaines de km à une vitesse de l’ordre du kilomètre par minute. Par exemple, une préforme de 1 m de longueur et 10 cm de diamètre permet d’obtenir 150 km de fibre optique en moins de 3h [6]. Après avoir été étirée, la fibre optique possède un diamètre total standard de 125 µm, 1 µm représentant 1 millionième de mètre. Ce diamètre peut être ajusté par rapport à l’application visée. D’une manière générale, une fois la fibre optique fabriquée, on la recouvre d’une couche appelée revêtement de protection ou gaine primaire de diamètre 250 µm afin de mieux la protéger. Dépendamment des applications, d’autres couches de revêtement ou gaines extérieures de 900 µm et plus peuvent être ajoutées pour renforcer davantage sa protection. La figure 3 nous donne un aperçu de la configuration d’une fibre optique générique avec son cœur, sa gaine optique et sa gaine primaire.
Pour comparaison, la taille d’un cheveu est comprise entre 50 et 100 µm. Le cœur de la fibre possède un diamètre ajustable d’environ 9.5 µm pour les fibres monomodes (meilleur débit et faible atténuation) qui sont plus efficaces sur les longues distances et donc pour les grandes installations car elle ne laisse passer qu'une seule mode de lumière. Le diamètre du cœur est cependant plus grand (50 ou 62.5 µm) pour les fibres multimodes qui sont plus efficaces sur les courtes distances et donc sur des installations locales à cause de sa capacité à laisser passer plusieurs modes de lumière et donc différents types de données sur une même fibre.
Le développement économique du Sénégal et de l'Afrique passera par la maîtrise des technologies de l’information et de la communication. À cause de ses capacités exceptionnelles de vitesse de transmission de données, la fibre optique est aujourd'hui le principal support utilisé dans le domaine des TIC. D'où l'intérêt pour notre société de s'en accaparer pour bâtir une économie forte qui permettra d’endiguer la pauvreté. Malgré les multiples efforts du gouvernement sénégalais et ses partenaires, son déploiement sur le territoire national reste encore un défi de taille.
Où en est le Sénégal par rapport à la fibre optique aujourd’hui ? Ceci pourrait être l’objet d’un prochain article sur les sciences et technologies au Sénégal.
Dr Assane Ndieguene est Ingénieur-chercheur R&D en photonique, packaging et MEMS
Il existe au Sénégal une fâcheuse habitude qui consiste à imputer la responsabilité de beaucoup de choses qui nous arrivent – bonnes ou mauvaises – à quelque force occulte
« Inventez une charlatanerie, n’importe laquelle, vous trouverez toujours des hommes qui diront que ça marche, tant notre besoin d’illusion est intense. » Boris Cyrulnik
Il existe au Sénégal une fâcheuse habitude qui consiste à imputer la responsabilité de beaucoup de choses qui nous arrivent – bonnes ou mauvaises – à quelque force occulte. Aussi y assiste-t-on à une propension inquiétante à l’irresponsabilité chez nombre de gens.
Quand l’équipe nationale de football joue un match et le perd, les causes de la défaite sont à chercher dans des groupes dissidents – parfois d’anciens dirigeants mécontents – qui ont agi à l’ombre pour lui barrer la route menant au succès. Quand un lutteur est terrassé…ce sont ses rivaux des écuries adverses qui se sont mystiquement ligués contre lui pour qu’il perde son combat. Quand un trésorier détourne l’argent de la caisse dont il avait la charge, il dit avoir agi sous l’emprise de forces mystérieuses. Quand les affaires marchent très bien pour quelqu’un, les mauvaises langues lui disent : sama waay ji paa bi la yor temps yi baax na de ! Xaana doonu boole ak moom ? En revanche, si tout va au ralenti ou ne marche pas du tout, ce sont généralement ces mêmes personnes qui lui disent: war nga jog sa bopp ; dafa melni dañu la joob. Dés lors, on a l’impression que les gens ne sont plus responsables de leurs actes; qu’ils sont devenus des pantins à la merci de forces invisibles et puissantes qui les manipulent et les poussent à agir à leur guise. Ce n’est, par conséquent, guère étonnant d’assister à la montée en flèche du nombre de vendeurs de poudre de perlimpinpin dans le pays. Le charlatanisme y est devenu une sorte de nouveau sport national très prisé. Jadis très discrets et vivant souvent dans des zones reculées, les marchands d’illusions essaiment aujourd’hui vers les grandes villes, notamment vers la capitale du pays. Leurs activités deviennent de plus en plus florissantes grâce aux médias – qui en font la promotion- où ils sont fréquemment invités et au nombre de leurs clients qui ne cesse de grimper.
En tant que musulman, ce serait toutefois contredire le saint coran que d’essayer de nier les méfaits causés par les fétiches, la magie….Pour en avoir le cœur net, il suffit juste de s’arrêter entre autres au Verset 102 de la Sourate 2. Dans celui-ci – parlant des féticheurs et des personnes de leur engeance – le Bon Dieu nous fait savoir qu’ils sont capables de semer la désunion entre un mari et son épouse. Ce qui est très significatif! Car ces deux personnes sont la base d’une famille, et partant d’une nation. Mais, ajoute-t-il – certainement pour rassurer les croyants – qu’ils ne peuvent nuire à personne qu’avec sa permission. Le prophète de l’Islam (PSL) a aussi abondé dans le même sens dans sa Sunna en enseignant beaucoup d’invocations pour se prémunir ces faiseurs de mal.
Mais dans notre pays, la religion est parfois pratiquée à la carte. Ce qui explique qu’il ne soit rare de voir certaines personnes aller à la mosquée et se rendre à l’instant d’après chez les vaticinateurs de toutes sortes. Si d’aventure tu leur rappelles que la religion le leur interdit, ils te serinent souvent les mêmes arguments : booy, fii boo bëréwul, gaa yi bëré dal sa kaw, l’Afrique a ses réalités et mystères…comme pour se tranquilliser l’esprit. Si les marchands d’illusions avaient le pouvoir qu’ils prétendent détenir ou qu’on leur prête, une équipe africaine de football aurait gagné la coupe du monde depuis longtemps, et notre équipe nationale n’éprouverait pas tant de difficultés ne serait-ce que pour gagner une grande compétition continentale – pour juste donner ces exemples parmi tant d’autres. De plus, il eût été plus sensé de voir les clients de ces prétendus faiseurs de miracles utiliser leurs pratiques occultes à des « fins utiles » pour eux ou pour la société. Mais dans la majorité des cas, ils s’en servent pour détruire une vie, briser une union, stopper l’ascension d’une étoile montante, séparer une famille, semer un climat de suspicion ou la zizanie dans leur milieu professionnel ou familial. Bref, que pour faire du mal à autrui.
Le fait de s’adonner souvent à telles pratiques pousse non seulement ceux qui en font usage à ne jamais faire leur autocritique ou à remettre en question leur part de responsabilité dans les malheurs qui leur arrivent, mais il éclipse leur pouvoir d’agir et les pousse dans une perpétuelle fuite en avant. Par conséquent, ils ne croient plus ni aux vertus de l’effort ni à leurs capacités en tant qu’être humain doué de raison et doté d’autres pouvoirs extraordinaires. Ils préfèrent alors avoir un bon « marabout » plutôt que d’avoir les bonnes compétences requises pour entreprendre quelque activité, et ils pointent souvent du doigt les autres comme étant la source de leurs malheurs.
Le moment est enfin venu de se réveiller et de nous départir de ces tares qui nous confinent dans un confort illusoire. N’oublions pas que nous sommes à l’ère de l’Internet et des Tics. Il est incroyable de voir ce que font faire certains charlatans à leurs clients: déterrer un mort pour s’emparer d’un de ses membres, se baigner nu au milieu d’une rue, sacrifier des vies humaines… Si ces clients prenaient un petit moment pour réfléchir, ils verraient qu’ils (les charlatans) se jouent d’eux dans la très grande majorité des cas, pour ne pas dire toujours. Car ils ont plus besoin d’argent, de réussite et de bons boulots… Pour tout dire : de nombre de choses qu’ils leur promettent. Il serait utile de méditer ces derniers de Frantz Fanon, qui ferment Peau noire, masques blancs : « Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge. »
Puisse Dieu nous protéger des méfaits pouvant provenir découler d’actes de personnes malintentionnées. Puisse-t-Il surtout nous préserver notre bon sens! Ce qui fait de nous des humains.
LA DATTE, DÉLICE SACRÉ, FRUIT ALLIÉ
Dans les cuisines, les esprits sont déjà absorbés par le ramadan qui débute mi-avril dans les pays musulmans du monde entier. Partageons en amont le fruit emblématique du ramadan, allié du jeûne, emblématique et synonyme de partage : la datte
Dans les cuisines, les esprits sont déjà absorbés par le ramadan qui débute mi-avril dans les pays musulmans du monde entier. De l’Indonésie au Golfe, à l’Inde, au Yémen au Sénégal, à l’Afrique de l’Ouest plus largement, ces semaines de jeûne et de prière, rythmées par les ruptures, se préparent. Partageons en amont le fruit emblématique du ramadan, allié du jeûne, emblématique et synonyme de partage : la datte, trésor fondant, sucré, généreux, associé au Ftour, au désert aussi. Symbole des civilisations du monde arabe.
Avec Harouna sow, cuisinier mauritanien, chef de «La résidence», le restaurant du Refugee Food Festival. Sur instagram.
Wasis Diop ne nous avait pas offert de chansons inédites depuis 13 ans. Mais De la Glace dans la Gazelle est un trésor qui méritait largement notre patience
Auteur-compositeur et interprète rare et méticuleux, Wasis Diop partage son temps de création entre musiques pour le cinéma et chansons ourlées. En 2014, Séquences, collectait une partie de son travail pour le 7ème art, mais depuis Judu Bek en 2008, ses précieuses confidences vocales ne se conjuguaient plus au présent. De la Glace dans la Gazelle vient rompre ce long silence.
Wasis Diop vit à Paris, il y a son abri, ses amis, ses amours, son studio et son vélo sur lequel il sillonne la ville pour observer la vie. Il y a vu passer des esprits aux pouvoirs presqu’aussi magiques que les sorciers ou les griots du Sénégal de ses ancêtres. De belles âmes qui l’ont aidé à consolider son chemin.
Il y a eu le multi-instrumentiste Loy Erhlich (Hadouk), venu fortifier son association avec son compatriote Umbañ Ukset au sein de West African Cosmos, d’où sort un unique album halluciné et psychédélique en 1974. Cette aventure vivra son apogée, mais aussi son dernier épisode à la Villette, lors d’un concert historique qui marque également les débuts du groupe Téléphone et de Bernard Lavilliers. En 1978, Zabu, ex-chanteur de Magma engage Wasis comme guitariste et l’emmène en Jamaïque. À Kingston, ils travaillent dans le studio enfumé de Lee Scratch Perry et assistent, le 22 avril à l’historique «One Love Peace Concert», à la fin duquel Bob Marley pousse les rivaux Michael Manley et Edward Seaga à se donner une poignée de main, qui devait mettre un terme à la guerre civile qui faisait rage entre les supporters des deux hommes politiques.
En 1983, Wasis croise la route de l’Anglais Robin Millar qui, avant de devenir l’heureux producteur du premier album de Sade, réalise son premier single. En 1991, il co-écrit avec la chanteuse d’origine tunisienne Amina, C’est le dernier qui a parlé qui a raison, qui se distingue à l’Eurovision. L’année suivante, sa musique pour le film Hyènes de son frère Djibril Diop Mambéty est un succès qui l’impose comme compositeur pour le cinéma.
Plus tard, Wasis, fasciné par le Japon apprend que le saxophoniste et producteur Yasuaki Shimizu (Saxophonettes, Ryuchi Sakamoto, Helen Merrill), fait un casting de musiciens à Paris, inspiré, Wasis improvise un chant qui devient un tube au pays du Soleil Levant. Surpris d’avoir trouvé sa voix, il se convainc d’écrire son premier album de chansons, No Sant que produit Shimizu en 1994. Il découvre le Japon, pays qui lui réservait une belle histoire d’amour, renforcée par la naissance de deux de ses enfants. 4 ans plus tard, Toxu est notamment l’occasion de rendre hommage à l’un des groupes qui ont le mieux réussi le mariage de l’Afrique et du rock : Talking Heads. Son leader David Byrne est séduit par sa version de Once in a Lifetime et l’invite à se produire en direct de son émission de radio très populaire. Après diffusion, les ventes de Toxu se multiplient par dix sur le territoire américain.
Macky Sall a annoncé la suppression du statut spécial des villages de reclassement social. Ces villages – au nombre de neuf dans le pays – ont été créés sous la colonisation pour écarter les lépreux de la société et sont régis par une loi datant de 1976
Au Sénégal, le président Macky Sall a annoncé la suppression du statut spécial des villages de reclassement social. Ces villages – au nombre de neuf dans le pays – ont été créés sous la colonisation pour écarter les lépreux de la société et sont régis par une loi datant de 1976. Mais les habitants souhaitent voir disparaître ce statut discriminatoire, alors qu’ils sont obligés de vivre en marge de la société. Pourtant, la lèpre n’est plus un problème de santé publique depuis 1995. Reportage dans l’un de ces villages.
Au milieu de ses enfants et petits-enfants en bonne santé, Cheikh Fall, ancien lépreux de 81 ans, raconte comment il a été chassé par sa famille. Les doigts amputés, il est arrivé en 1962 dans ce village de reclassement social. « On a beaucoup soufferts, il y avait une stigmatisation même par nos proches parents. Parce qu'avant, il n'y avait pas de médicament pour soigner la lèpre. Maintenant, beaucoup de Sénégalais savent que la lèpre se guérit. C'est pourquoi il y a moins de stigmatisation. »
Pendant 10 jours, une équipe du programme national pour l’élimination de la lèpre est passée dans chaque maison de ce village de 3 000 habitants. Aucun cas de la maladie infectieuse n’a été détecté. Après avoir pris le poids de chaque membre de la famille, la dermatologue Dr Fatou Diop les ausculte un à un puis leur donne un traitement préventif. « La détection de la lèpre passe par l'examen de la peau à la recherche d'une tache dont la couleur est moins foncée que la peau. On fera ensuite des tests cutanés s'il y a une tache », explique-t-elle.
Les ambitions économiques du nouveau président américain font jaser jusque dans son propre camp. L'actualité autour du procès de Derek Chauvin, accusé du meurtre de George Floyd. Débat avec Claude Porsella, René Lake, Dennis Beaver et Herman Cohen
Le plan d’infrastructure de Joe Biden : trop cher pour la droite, pas assez pour la gauche. La pierre d’achoppement : l’impôt sur les.
Le procès de Derek Chauvin accusé de la mort de George Floyd : avantage l’accusation, mais la défense n’a pas encore abattu sa dernière carte.
Georgie : après l’adoption de sa loi sur les élections, le retour de baton : le boycott économique qui va coûter des dizaines de millions de dollars à l’État.
Cinéma : minorités et marginaux à l’honneur pour les Oscars.
Point USA, une émission hebdomadaire qui s’adresse plus particulièrement à un public francophone, avec pour objectif de discuter en français de l’actualité américaine en compagnie de René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur juridique à Bakersfield, en Californie et Herman Cohen, ancien secrétaire d’État adjoint américain. La présentation est assurée par Claude Porsella et la réalisation et le montage par Serge Ndjemba.
Point USA" est une émission de French Buzz TV, basée à San Francisco en Californie.
À PROPOS DES OSCARS 2021
Le regard des Oscars hors de la tradition conservatrice du main Stream. Regard vers les minorités et même dans le cas de Nomadland, vers les groupes marginaux. Cette édition des Oscars est celle d’une Amérique qui change. Voici les trois grandes catégories des principaux films nominés cette année aux Oscars :
1.. Suite au large mouvement Black Lives Matter, on reste dans le thème avec cinq films africains-américains, tous les cinq très politiques et liés à la lutte pour les droits civiques :
Judas and the Black Messiah de Shaka King avec 6 nominations dont celle du meilleur film. (Daniel Kaluuya joue le rôle de Fred Hampton. C’est le premier film dans l’histoire à être nominé avec tous les producteurs noirs (Shaka King, Charles King and Ryan Coogler.
The Trial of the Chicago 7 (Bobby Seale, leader Black Panther avec 6 nominations don’t celui de meilleur film. Réalisateur Aaron Sorkin).
United States vs. BillieHoliday de Lee Daniels avec la chanteuse Andra Day qui a déjà gagné le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce rôle.
One Night in Miami de Régina King avec 3 nominations dont celui du meilleur second rôle pour Leslie Odom Jr. Une nuit historique : Malcom X, Cassus Clay (Mohamed Ali), Jim Brown and Sam Cooke discutent de la responsabilité individuelle face au mouvement de lutte pour les droits civiques des Noirs.
Ma Rainey’s Black Bottom réalisé par George Wolfe. C’est une interprétation de la splendide pièce du même nom écrite par August Wilson. Les prestations de Viola Davis et du défunt Chadwick Boseman sont tout simplement époustouflantes.
2. Alors que le débat sur le racisme anti-asiatique fait rage aux US, deux films touchent le monde Américain-Asiatique :
Minari de Lee Isaac Chung avec 6 nominations dont celle du meilleur film. Avec Steven Yeun nominé pour l’Oscar du meilleur acteur.
Nomadland de Chloé Zhao avec 6 nominations dont celle de meilleure actrice avec l’époustouflante Frances McDormand
3. Deux films sur des douleurs sociales bien présentes dans toutes les sociétés humaines :
The Father de Florian Zeller (6 nominations) avec Anthony Hopkins nominé pour l’Oscar du meilleur acteur. Un film sur le troisième âge, le dernier virage social de la fin de vie.
Promising Young Woman de la jeune réalisatrice Emmerald Fennell. Un scénario de qualité exceptionnelle. Un film sur la tragédie d’une vie brisée par le viol en milieu universitaire. 5 nominations dont celle du meilleur film,
Cette édition des Oscars est bien celle d’une Amérique qui change et qui devient plus inclusive malgré la troublante ère Trump que certains pensent avoir été une simple une parenthèse historique.
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LES TYRANS AFRICAINS PERPÉTUENT LE FAIT COLONIAL
Le journaliste Vincent Hugeux s’attaque dans son dernier ouvrage, "Tyrans d'Afrique", aux despotes de l'histoire africaine récente, en évoquant l'étonnante longévité de la colonisation facilitée par l'œuvre des autocrates du continent
"Pourquoi diable, 60 ans après les indépendances, l’Afrique vit-elle aujourd’hui une période de régression démocratique ?", s’interroge le journaliste Vincent Hugeux. Une réflexion détaillée dans son dernier ouvrage, "Tyrans d'Afrique" (éd. Perrin), où il s’attaque aux despotes de l'histoire africaine récente.
Il ne s’agit nullement pour lui de resservir les mérites présumés de la #colonisation, mais bien au contraire de démasquer son étonnante longévité, facilitée par l'œuvre de ces autocrates africains, lesquels avaient précisément juré de tourner la page coloniale.
ALIOUNE TINE FAVORABLE A LA SORTIE DE PRISON DE HABRE
Selon Alioune Tine qui s’est battu pour qu’il soit jugé, son âge (78 ans), son état de santé et sa vulnérabilité au Covid-19 ne sont pas compatibles avec la prison
Le président d’Africa Jom Center ne s’oppose pas à la demande de permission de sortie de prion de Habré, introduite par ses avocats pour des raisons de santé. Selon Alioune Tine qui s’est battu pour qu’il soit jugé, son âge (78 ans), son état de santé et sa vulnérabilité au Covid-19 ne sont pas compatibles avec la prison.
Les avocats de Hissein Habré ont déposé sur la table du juge d’application des peines une requête pour une autorisation de sortie d’une durée de 6 mois, pour raisons de santé. Alioune Tine, qui a été un militant actif pour qu’il soit jugé, ne s’oppose pas à cette éventualité. «Je suis favorable à la demande de permission pour la sortie de Hissein Habré», déclare Alioune Tine, joint hier par téléphone.
Le défenseur des droits de l’Homme, qui reconnaît même être en première ligne pour la traduction de l’ancien Président du Tchad devant les juridictions internationales en vue de répondre des crimes commis dans son pays entre 1982 et 1990, aurait-il retourné sa veste ? «Non», dit-il en précisant sa pensée. «Je suis favorable pour les raisons que voici. J’ai été sensibilisé par Thierno Madani Tall en ce sens. Mais il faut dire que pour la première raison, je suis favorable. Hissein Habré a aujourd’hui 78 ans. Il est malade et vulnérable. Et cause de cette vulnérabilité, pour une maladie comme le coronavirus, il doit être protégé. Je pense qu’on peut lui accorder la permission de sortie. Pour moi, lui accorder une permission ne veut pas dire le libérer. Ce n’est pas une question d’impunité, c’est pour protéger la vie de Hissein Habré», dit-il. Avant de préciser : «Je n’ai jamais changé de position quant à l’autorisation. Je pense que quand on est vulnérable, on doit être protégé, surtout contre une maladie comme le Covid-19. D’ailleurs il y a une décision des Nations unies qui demande de protéger des personnes vulnérables. Son état de santé n’est pas compatible avec le séjour carcéral», ajoute le président du think tank Africa jom center. D’après lui, «Hissein Habré n’est pas encore vacciné contre le Covid-19». Alioune Tine renchérit : «Que Habré soit condamné ne veut pas dire qu’il n’a aucun droit. Aujourd’hui, il y a dans beaucoup de prisons des prisonniers à qui on accorde une liberté en leur mettant un bracelet au pied.»
Par ailleurs, il faut convaincre les associations des victimes de Habré de l’urgence humanitaire qui justifierait la sortie de prison même provisoire de l’ancien Président. Alors qu’elles courent après les indemnités accordées par les Chambres africaines. «Une décision a été prise par les Chambres africaines extraordinaires qui ont jugé cette affaire et accordé des indemnités aux victimes. Cette décision doit être appliquée», martèle-t-il en interpellant Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, Macky Sall et Idriss Deby, Président du Tchad afin que les dommages et intérêts soient payés aux victimes. Le président d’Africa jom center révèle avoir discuté avec Abdourahmane Guèye, victime du régime de Habré. «Et il est en train de vieillir. Il faut indemniser les victimes de leur vivant. Il ne faut pas attendre qu’elles ne soient plus là pour les indemniser», suggère-t-il aux autorités.
Hissein Habré a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, notamment pour des faits de violences sexuelles et viol, par les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises. La Chambre d’appel a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017, et octroyé 82 milliards de francs Cfa à 7 396 victimes identifiées. Elle a mandaté un Fonds fiduciaire de l’Union africaine pour lever de l’argent en recherchant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions volontaires. Bien que l’Union africaine (Ua) ait adopté le Statut du Fonds fiduciaire en 2017 et alloué 5 millions de dollars au Fonds, celui-ci n’est toujours pas opérationnel et agace les bénéficiaires, las de patienter.
L’ESPAGNE PRETE A ACCUEILLIR UNE MAIN-D’ŒUVRE SAISONNIERE
Le Sénégal et le royaume d’Espagne ont signé hier un mémorandum d’entente sur la gestion des flux migratoires. La convention porte sur la migration circulaire.
Les questions migratoires étaient au cœur de la visite de Pedro Sanchez, qui a quitté Dakar hier après un séjour de moins de 48 h. Comme en 2005 après l’éclatement du phénomène «Barça-Barsakh», le Sénégal et l’Espagne ont signé un mémorandum sur la gestion des flux migratoires avec l’organisation des départs des travailleurs saisonniers qui vont rentrer aussitôt. C’est une façon de lutter contre l’émigration irrégulière qui n’a jamais tari, comme le montrent les dernières vagues de clandestins qui se sont abattues sur les côtes espagnoles il y a quelques mois.
C’est une nouvelle qui va peut-être diminuer les départs à bord de pirogues vers l’Espagne, avec une offre légale sur la table. Le Sénégal et le royaume d’Espagne ont signé hier un mémorandum d’entente sur la gestion des flux migratoires. La convention porte sur la migration circulaire. A cet effet, le chef de l’Etat a indiqué avoir mis en place une taskforce qui va s’occuper de la sélection des jeunes candidats à l’émigration encadrée. Le gouvernement va également organiser le départ saisonnier des intéressés. «L’Espagne a besoin de main-d’œuvre. Celle-ci peut être organisée. J’ai déjà mis en place une taskforce pour sélectionner, sur la base des cahiers de charge, les candidats pour aller pour une période. Après la saison, ils reviennent. Nous allons voir comment à leur retour leur donner des perspectives afin qu’ils aient du travail à temps plein», a expliqué le chef de l’Etat qui ne veut plus voir la jeunesse africaine mourir en mer. Macky Sall s’exprimait hier à la conférence de presse conjointe avec le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, en visite à Dakar.
Il faut noter que l’Espagne concentre une forte communauté sénégalaise régulière et bien intégrée, selon Pedro Sanchez. Macky Sall parle de résidents sénégalais en Espagne qui travaillent dans des conditions décentes. «Notre action est de consolider cela et d’organiser des départs futurs dans le cadre des conventions qui viennent d’être signées, appelées migration circulaire», a dit le président de la République.
Par ailleurs, le Sénégal et l’Espagne connaissent une forte coopération bilatérale. Celle-ci est basée sur l’agriculture avec les fermes Natangué, l’environnement avec le projet de gestion des déchets solides, la défense et la sécurité ainsi que la lutte contre la migration irrégulière. S’y ajoutent les infrastructures hôtelières dont le projet espagnol à pointe Sarène. Il s’agit, selon le chef de l’Etat, de coopération gagnant-gagnant. En outre, l’ouverture d’une Chambre de commerce espagnole et de l’Institut Cervantès à Dakar va certainement contribuer à renforcer davantage cette coopération, car ces deux outils permettront d’intensifier les échanges commerciaux et culturels entre les deux pays.
Au-delà de la coopération officielle, Dakar souhaite développer un partenariat d’investissement avec Madrid en impliquant davantage les deux secteurs privés des deux pays «parce que c’est cela qui créera plus de croissance et de prospérité partagées», espère Macky Sall. Il faut ajouter que l’entretien entre Sall et Sanchez a également porté sur la situation au Sahel où les deux pays sont engagés dans la lutte contre le terrorisme. «Nous sommes conscients que la paix et la stabilité de nos continents sont étroitement liés. Tout ce qui touche l’un affecte nécessairement l’autre», enchaîne le président de la République.
A l’aube de l’exploitation du pétrole et gaz, même s’il n’y a pas de partenariat spécifique entre les deux pays dans le domaine des hydrocarbures, des perspectives s’ouvrent. Selon le chef du gouvernement espagnol, les produits sénégalais dans ce domaine peuvent alimenter l’Espagne qui souhaite délocaliser des entreprises au Sénégal. Alors que l’Etat du Sénégal a promis de faciliter l’installation des entreprises espagnoles.