VIDEOA DAKAR, LA GUERRE DES TAXIS ATTEINT LES TRIBUNAUX
Les taxis traditionnels, qui affirment avoir perdu la moitié de leurs revenus, ont traîné les plateformes VTC devant la justice dans une affaire qui pourrait redessiner la mobilité urbaine dans la capitale

Après des mois de tension, le conflit opposant les chauffeurs de taxi traditionnels aux plateformes de VTC (Véhicules de Transport avec Chauffeur) a connu un tournant décisif avec la tenue d'une audience très attendue.
Les taxis sénégalais, mobilisés derrière le Regroupement des taxis urbains du Sénégal dirigé par Malic Diop, ont porté plainte contre les géants du secteur - Yango, Heetch et Yassir - pour concurrence déloyale. Ces chauffeurs, reconnaissables à leurs brassards rouges symbolisant leur protestation, affirment avoir perdu plus de la moitié de leurs revenus depuis l'arrivée des plateformes en 2021.
"Contrairement aux VTC, nous passons deux visites techniques annuelles, payons une assurance de transport public quatre fois plus chère et des droits de stationnement", explique Malic Diop, taximan depuis plus de 20 ans. "C'est une concurrence déloyale favorisée par ces multinationales", dénonce-t-il.
Le développement "fulgurant" de ces plateformes s'explique notamment par leur popularité auprès des usagers. Fatou Fall, habitante du quartier de Wakam, témoigne : "Je les utilise une à deux fois par jour. Les prix sont fixes, sans marchandage, et la nuit c'est sécurisé car on peut partager son trajet avec sa famille."
L'audience, reportée à six reprises, s'est finalement tenue lundi en présence de dizaines de taximen. Le verdict est attendu pour le 23 juillet. À la sortie du tribunal, l'ambiance était "électrique" selon les participants, qui promettent de poursuivre leurs actions syndicales.
Face à cette situation tendue, le ministère des Transports a récemment annoncé travailler à l'élaboration de nouveaux décrets pour encadrer et régulariser le secteur des VTC. Cette initiative pourrait marquer un tournant dans ce conflit qui, selon les syndicats, "gangrène le secteur du transport au Sénégal".