COMPRENDRE LE BAPTÊME CHRÉTIEN
Le rite fondamental qui marque l'entrée dans la vie chrétienne, pratiqué par toutes les Églises, a vu sa signification et ses modalités évoluer au fil des siècles

(SenePlus) - À l'occasion du week-end pascal, Le Monde des religions revient sur la signification et l'histoire du baptême, sacrement essentiel du christianisme célébré particulièrement en cette période de l'année.
En ce week-end de Pâques 2025, l'Église catholique de France prévoit de baptiser 10 300 adultes, un chiffre en hausse de 45% selon Le Monde. Ce rite fondamental qui marque l'entrée dans la vie chrétienne, pratiqué par toutes les Églises, a vu sa signification et ses modalités évoluer au fil des siècles, comme l'explique le journaliste Cyprien Mycinski.
Le baptême est aussi ancien que le christianisme lui-même. D'après le quotidien français, ce rite est mentionné à de nombreuses reprises dans les Actes des Apôtres qui racontent la naissance des premières communautés chrétiennes. Il trouve sa légitimité dans une injonction attribuée à Jésus dans l'Évangile de Matthieu : "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28, 19).
Jésus lui-même reçut le baptême des mains de Jean le Baptiste dans le Jourdain, un épisode relaté par les quatre évangélistes, soulignant ainsi son importance pour les premiers croyants. Selon Cyprien Mycinski, des pratiques rituelles de purification par l'eau existaient déjà dans le judaïsme antique, notamment avec le mikvé, un "bain de purification", et certains groupes comme les esséniens pratiquaient également l'immersion dans l'eau.
Le baptême, qui a fait l'objet d'une immense réflexion théologique comme le rappelle Le Monde, marque avant tout l'intégration dans l'Église : c'est par lui qu'un individu devient chrétien. Cette cérémonie signifie également que le baptisé est lavé du péché, une conception qui a longtemps fondé l'idée que ce rite était nécessaire pour être sauvé. Pour les catholiques et les orthodoxes, il constitue le premier des sept sacrements, ces rites par lesquels Dieu agit en vue du salut.
Le terme "baptême" vient du grec "baptizein" qui signifie "immerger", rappelant le geste de Jean le Baptiste plongeant Jésus dans le Jourdain, explique l'article. L'eau est donc l'élément central de ce rite. Selon Chez les catholiques et dans les Églises luthériennes et réformées, le baptême se pratique généralement par effusion, c'est-à-dire qu'un filet d'eau est versé sur la tête du baptisé par un ministre du culte. Les orthodoxes et les évangéliques préfèrent quant à eux le baptême par immersion, où le baptisé est entièrement plongé dans l'eau.
La désignation d'un parrain et d'une marraine fait également partie de la tradition dans la plupart des confessions chrétiennes, bien que cette pratique soit plus rare chez les évangéliques, précise Cyprien Mycinski. Ces personnes incarnent la parenté spirituelle du baptisé et s'engagent à le soutenir dans sa vie chrétienne.
À en croire Le Monde des religions, lors d'un baptême, il est courant que les parrain et marraine offrent à leur filleul une médaille religieuse ou une croix, souvent bénie pendant la cérémonie. Une tradition occidentale veut aussi que les invités reçoivent des dragées, ces amandes enrobées de sucre dont l'origine symbolique reste mystérieuse mais qui évoquerait la germination et donc la vie nouvelle dans laquelle entre le baptisé.
Si le baptême peut être reçu à tout âge, la majorité des chrétiens dans le monde sont baptisés durant la petite enfance. Cependant, comme l'explique l'historien Vincent Gourdon, cité par Le Monde et auteur d'une "Histoire du baptême" (Passés composés, 2024), "l'âge du baptême a beaucoup varié au fil du temps". Dans l'Antiquité, selon cet historien, il était fréquent de recevoir volontairement le baptême à la fin de sa vie afin que celui-ci "lave" tous les péchés commis.
C'est au cours du Moyen Âge que s'est imposé le baptême des jeunes enfants, célébré de plus en plus tôt. D'après l'article, dans la France catholique du XVIIIe siècle, il était obligatoire de baptiser un nourrisson dans les vingt-quatre heures suivant sa naissance, par crainte qu'un enfant mort sans baptême ne rejoigne les limbes, un lieu intermédiaire de l'au-delà, sans souffrance mais sans salut.
L'Église catholique a progressivement abandonné cette conception au cours du XXe siècle, jusqu'à faire disparaître la thèse des limbes de son Catéchisme en 1992, comme le souligne Cyprien Mycinski.
Le catéchuménat désigne la formation suivie par les adultes souhaitant recevoir le baptême. Cette pratique était très importante dans les premiers siècles du christianisme mais tomba en désuétude à mesure que le baptême des jeunes enfants se généralisait, sans jamais disparaître complètement.
Aujourd'hui, dans des pays comme la France, l'Église catholique a relancé le catéchuménat dans tous ses diocèses pour accompagner ceux qui découvrent tardivement la foi chrétienne. Cette initiation s'étale généralement sur deux années et s'achève par la réception des trois sacrements d'initiation : le baptême, l'eucharistie et la confirmation. La célébration des baptêmes d'adultes à Pâques n'est pas anodine, précise l'auteur : à l'image de la résurrection du Christ, le baptême symbolise le début d'une vie nouvelle.
Les baptêmes catholiques sont en nette baisse dans de nombreux pays occidentaux depuis les années 1960. En France, selon les chiffres le journal, alors que plus de 90% des enfants nés après la Seconde Guerre mondiale recevaient le baptême catholique, ce pourcentage est passé à 75% en 1975, 50% en 2000, pour s'établir aujourd'hui à moins de 30%. D'après les Annuaires statistiques de l'Église catholique mentionnés dans l'article, le nombre de baptêmes célébrés en France est passé de 400 327 en 2000 à 198 091 en 2022.
Cependant, si les baptêmes d'enfants diminuent, ceux d'adultes et d'adolescents augmentent, rapporte Cyprien Mycinski. De 2 958 adultes baptisés en 2012, leur nombre est passé à 7 135 en 2024, dont les trois quarts avaient moins de 40 ans. Une évolution similaire s'observe chez les adolescents, avec 5 025 baptêmes célébrés en 2024 contre 1 899 en 2018.
L'Église catholique voit dans cette tendance le signe d'une soif de spiritualité chez les jeunes générations. Toutefois, selon l'historien Vincent Gourdon cité par Le Monde, cette augmentation des baptêmes tardifs, loin de compenser la baisse des baptêmes d'enfants, s'explique surtout par le fait que "le stock de non-baptisés a considérablement augmenté au cours des dernières décennies" en France.