Bataaxal bu gudde nii. C'est la version wolof du célèbre classique de l'écrivaine, Mariama Ba, traduit en 25 langues. Sous la direction de Boubacar Boris Diop, Arame Fall et Mame Younouss Dieng ont réécrit en wolof Une si longue lettre afin de "participer au développement de la langue wolof et susciter des vocations". Un souhait qui se heurte à de nombreux défis tels que la maîtrise de la lecture de la langue wolof et sa compréhension.
Traduire c'est trahir ? Non ! répondra certainement Arame Fall ou Mame Younouss Dieng, qui ont traduit Une si longue lettre de Mariama Ba dans la langue de Kocc. Ces deux femmes de Lettres, sous la supervision de Boubacar Boris Diop, se sont tout simplement misent dans la peau de l'écrivaine pour faire ressortir le caractère culturel et féminin d'une œuvre qui parle de la société africaine en général, en particulier celle sénégalaise. "Quand on traduit en wolof, on en vient à pouvoir en élargir la portée", dit Boubacar Boris Diop.
Dans ce roman paru en 1979, l'écrivaine sénégalaise, Mariama Bâ, écrit à la première personne la lettre que Ramatoulaye, qui vient de perdre son mari Modou Fall, envoie à son amie d'enfance Aïssatou. Dans l'intimité de cette confession, la narratrice nous plonge dans une atmosphère douce-amère, au cœur de ce sentiment étrange situé entre la nostalgie poignante de l'amour heureux et la fatalité de l'impossibilité de la faire renaître. Le roman fustige aussi la polygamie et les impasses de cette société clivée. Et c'est certainement en cela que son récit est d'une profondeur si émouvante, chaque sujet est abordé dans toute sa complexité, et toujours sous l'angle de l'émotion de la narratrice. D'une rare densité, Une si longue lettre nous dépeint également une société en pleine mutation, prise entre tradition et modernité, notamment à travers la question de la place des femmes.
Lire en wolof, un apprentissage difficile pour la jeunesse
Pour faire revivre les langues africaines, certaines personnes réclament haut et fort l'enseignement du wolof dans les écoles, d'autres se veulent moins catégoriques, et usent de la littérature pour rendre réelle leur conviction. En quoi faisant ? "Forcer le destin et relever le défi", a dit Boubacar Boris Diop, initiateur du projet.
Toutefois, est-il aisé de relever un défi portant sur la traduction du roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre en version Wolof, si on sait que la majorité de la population sénégalaise peine à lire un wolof pur et dur "ak sunu wenn xeetu gancax kott" ? Dans ce roman traduit, dès le premier paragraphe, on note facilement la particularité d'une langue qui dicte ses propres règles grammaticales et verbales, sans oublier ses propres intonations : "yagg a déeyook yow" (Ndlr, Je t'ai toujours fait des confidences).
Lire Bataaxal bu gudde nii, c'est un apprentissage difficile pour les lecteurs qui n'ont jamais eu à prendre un cours d'alphabétisation en wolof. Maîtriser la version française facilite certes la lecture, mais pour la compréhension, la syntaxe et les liaisons, il n'en est pas moins aisé comme quand on lit : "goro ba doon serxet ak a jooy" (Ndlr, sa belle-mère pleurait). En clair, Arame Fall et Younouss Dieng, avec la supervision de l'initiateur de Ceytu Collection, ont réalisé un coup d'essai qui n'est pas à la portée de tous les lecteurs.
Bataaxal bu gudde nii, à la conquête du monde
Pour lire Bataaxal bu gudde ni, traduit en 164 pages comme dans l'original, il faut en plus d'être instruit, être alphabétisé en wolof pour pouvoir comprendre réellement cette version du roman de Mariama Bâ. Pourquoi d'ailleurs la traduction de ce classique en wolof ? Traduire Une si longue lettre en wolof renvoie à la question de savoir à qui est destiné cet ouvrage ?
En effet, ce roman dans lequel l'auteur valse entre la polygamie et la place de la femme dans la société sénégalaise, l'amour et la trahison, la modernité et la tradition, se veut une référence auprès de la jeunesse car c'est un livre qui fait partie du programme scolaire de la classe de troisième secondaire. Mais Bataaxal bu gudde nii sème le doute à ce niveau si l'on considère que la majorité de la population sénégalaise est composée de jeunes identifiés souvent comme des personnes "déracinées, tombées dans le piège de la modernité ou de la mondialisation". Ces jeunes, une fois devant les rayons des bibliothèques et librairies, porteront leur choix sur la version originelle d'Une si longue lettre, celle écrite en français, au détriment de la version wolof. Et pour cause, c'est la version wolof qui leur sera plus utile dans le cadre de leur apprentissage.
A qui est donc destinée la version wolof ? Est-ce le Sénégalais lambda ? On sait que beaucoup d'entre eux ne maîtrisent pas la phonétique wolof mais aussi ils lisent de moins en moins ? La réponse à ces interrogations est pourtant simple et précise si l'on en croit Boubacar Boris Diop.
"Le premier réflexe des gens, quand ils prennent connaissance de l'existence de cette collection littéraire, est de se demander pourquoi proposer des ouvrages en wolof. Aussi, ils sont loin de penser que toutes les langues se valent. Mais au final, le pourquoi devient très vite un pourquoi pas. Et cela est une très grande victoire", affirme l'écrivain dans un entretien accordé au site Le point Afrique.
Certes la lecture en wolof crée des "frissons" mais elle est de dur labeur. Une traduction n'est jamais parfaite, Bataaxal bu gudde nii permet néanmoins aux lecteurs sénégalais de se mettre dans le bain lorsqu'ils réussissent à lire le wolof. A ce stade, ce sera une lecture à la fois humoriste et instructive. Le seul hic, est de comprendre l'intérêt de traduire le roman en wolof sauf ci n'est de ne plus voir "un jeune auteur se poser la question de réussir à écrire en wolof ou pas", dit M. Diop.
Selon Boubacar Boris Diop "c'est un effort d'internationalisation du wolof qui va crânement à la conquête du monde". Le roman Bataaxal bu gudde nii va-t-il conquérir le monde comme le classique Une si longue lettre ? Peut-être. Mais faudrait-il qu'il séduise d'abord les "wolofones".
Boubacar Boris Diop pour "un ré-enracinement des classiques", Aimé Césaire et Jean Marie G. Le Clezio déjà traduits en wolof
Le nom Ceytu qui renvoi au village natal de Cheikh Anta Diop, (un combattant pour la promotion des langues africaines), a été choisi comme label de cette nouvelle collection qui compte à son actif trois livres, dont Une si longue lettre de Mariama Ba, baay Sama, dommu afrig (L’africain) de Jean Marie Gustave Clezio et Nawetu deret (Une saison au Congo) de Aimé Césaire.
La Collection Ceytu est une initiative de l’écrivain sénégalais, Boubacar Boris Diop, en collaboration avec les maisons d’édition Zulma, installée à Paris, et Mémoire basée à Montréal. Une saison au Congo, est la sanglante tragédie de Aimé Césaire. Le poète de la Négritude y relate les derniers jours de l’ancien Premier ministre Patrice Lumumba, lâchement assassiné. Elle est traduite par Boris Diop lui-même sous le titre Nawetu Deret.
Sur les rayons de la Collection Ceytu, figure également l’écrivain Jean Marie Gustave Le Clezio, prix Nobel de littérature en 2003. Son roman L’Africain, traduit en wolof par Daouda Ndiaye sous le titre Baay sama, doomu Afrig, est un récit autobiographique du Francomauricien Le Clézio, dans lequel il parle de son enfance, de la figure de son père, médecin à Onitsha, tombé amoureux du continent africain. L’Objectif pour le romancier Boubacar B. Diop est de "de réaliser un ré-enracinement de ces pièces dans une autre culture, une autre société".
DES EFFORTS RESTENT À FAIRE
Chiffres d'affaires des entreprises en Afrique francophone
42% des entreprises prévoient une hausse sur leur chiffre d'affaires sur les 6 prochains mois, selon une étude réalisée en juillet 2015 dans 18 pays d'Afrique francophone où l'impact de la Francophonie dans les affaires est mitigé.
L'Observatoire économique de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Dakar (Cciad) a livré hier, au cour d'un atelier, les résultats de l'enquête de la Cciad réalisée en juillet 2015 dans 18 pays d'Afrique francophone sur l'environnement des affaires. Ces études on ciblé 3 544 entreprises et 22 chambres consulaires.
Cette enquête a cherché à connaître l'opinion des chefs d'entreprise d'Afrique francophone sur leur situation économique. Cela, pour mettre à la disposition des décideurs et des opérateurs économiques et commerciaux des informations économiques pertinentes pour éviter les dégâts causés par des décisions inappropriées en plus de la manipulation de l'information économique car, souligne Babacar Ndiaye, un des conseillers du ministre du Commerce, "l'information économique est un outil stratégique décisif dans un contexte de compétition intense, en ce sens qu'elle permet une bonne appréciation de l'environnement concurrentiel et de protéger ses acquis".
Selon les résultats de l'étude, 44% des chefs d'entreprise ont un chiffre d'affaires stable par rapport aux années précédentes, même si des écarts caractéristiques sont notés. Si l'Afrique du Nord est optimiste et satisfaite des 6 derniers mois et prévoit un chiffre d'affaires en hausse pour les 6 prochains mois, les entreprises d'Afrique centrale, de l'Ouest et de l'Océan Indien ont vu leur chiffre d'affaires baisser. Cependant, 42% des entreprises prévoient une hausse de leur chiffre d'affaires total sur les 6 prochains mois, toutes zones confondues.
Concernant la Francophonie économique, des efforts restent à faire par rapport à l'apport attendu de cette communauté aux entreprises de l'Afrique l'Ouest. En Afrique Centrale, les chefs d'entreprise ont déclaré que la Francophonie n'avait aucun impact sur leurs activités. Au même moment, des résultats satisfaisants sont notés en Afrique du Nord où les chefs d'entreprise interrogés pensent que la Francophonie apporte beaucoup à leurs activités.
Dans le cadre de la 17e édition de la Fiara, un programme régional chaîne de valeur lait et énergie solaire, dénommé Progres-lait, financé à hauteur de 4,5 milliards de francs Cfa par l'Union européenne (Ue) en partenariat avec les gouvernements sénégalais et mauritanien, a été lancé.
Les acteurs de la chaîne de valeur lait au Sénégal et en Mauritanie devraient bientôt avoir accès aux services énergétiques durables. En effet, l'Union européenne (Ue), en collaboration avec les gouvernements sénégalais et mauritanien, a décidé d'injecter un montant de 4,5 milliards de francs Cfa dans un programme régional chaîne de valeur lait et énergie solaire, dénommé Progres-lait dont Enda énergie a procédé hier, à son lancement, dans le cadre la 17e édition de la Foire internationale de l'agriculture et des ressources animales (Fiara).
Ce programme consiste, selon le ministre de l'Elevage et des productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye, à mettre à la disposition des éleveurs, dans les villages, des mini-plateformes solaires pour la conservation du lait, la mouture, la soudure et l'éclairage dans 4 bassins de production de lait au Sénégal et en Mauritanie. Cela est, pendant une durée de 4 années (2014 à 2018), mis en œuvre dans le cadre de l'initiative Sécurité énergétique pour la sécurité alimentaire (Sesal). Pour Madame le ministre, la chaîne de valeur lait renferme un potentiel important de création de richesses et d'emplois pour les femmes et les jeunes, à même de sortir les populations à la base du spectre de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire.
Compte tenu du manque d'accès à l'énergie pour la conservation du lait et du manque d'approvisionnement qui accablent les femmes dans les villages et les laiteries industrielles, Progres-lait vise, à en croire le directeur de cabinet du ministre de l'Energie et du développement des énergies renouvelables, Mor Ndiaye Mbaye, à réaliser 100 mini-plateformes solaires (Pv) de 400 Wc et 20 grandes plateformes de 7,4 Kwc avec un mini-réseau, pour une puissance totale installée de 188 Kwc. Ce qui, selon lui, constituera un véritable levier de développement social et économique pour les villages ciblés qui sont les trois antennes régionales, SaintLouis, Kolda et Néma. Ce, dit-il, pour plus de 2 000 petits producteurs afin d'approvisionner la laiterie dans les villages populaires. Les mini-plateformes permettent également aux populations de charger leurs téléphones portables.
M. Ndiaye ajoute que ce programme ambitionne de réaliser 20 plateformes solaires pour la conservation du lait et pour l'approvisionnement des grandes entreprises de transformation. Et de raccorder également plus de mille ménages, soit environ 10 mille personnes à travers des mini-réseaux et 20 infrastructures communautaires. Enfin, renseigne-t-il, Progres-lait va mettre en place un mécanisme de financement approprié pour garantir la pérennité du programme, professionnaliser les petits producteurs et les organisations communautaires de base.
"IL Y A PLUS DE RADIOLOGUES À PARIS QU'EN AFRIQUE"
Pr El Hadji Niang, président de la Société africaine de radiologie d'Afrique noire francophone
En suivant les Journées de radiologie d'Afrique noire francophone, ouvertes hier à Dakar, on mesure le retard de l'Afrique dans le domaine de la santé. En effet, il a été révélé que la ville de Paris compte plus de radiologues que tout le continent noir.
"Il y a plus de radiologues dans la ville de Paris qu'en Afrique." Cette révélation du Pr El Hadji Niang, président de la Société africaine de radiologie d'Afrique noire francophone, montre les efforts à faire pour avoir de vrais spécialistes dans nos établissements de santé. Il a fait cette déclaration hier à l'ouverture des 12ème Journées de radiologie d'Afrique noire francophone. Naturellement, le Sénégal n'échappe pas à ce constat en termes de production de spécialistes en application médicale et scientifique des rayons X.
"Au Sénégal, il n'y a pas plus de 50 radiologues. Un radiologue ne suffit pas pour un hôpital. En dehors de Dakar, il n'y a que Thiès qui bénéficie de radiologues en permanence. Dans les autres villes, il n'y a pas de radiologues", déplore M. Niang.
Axée sous le thème "Impact des technologies innovantes dans l'émergence de l'imagerie en Afrique", la rencontre a pour objectif de trouver les voies et moyens que le continent doit adopter pour produire un nombre de radiologues répondant à la demande des populations ; d'où le recours à la télé-médecine qui regroupe les pratiques médicales permises ou facilitées par les télécommunications. C'est un exercice de la médecine par le biais des télécommunications et des technologies qui permettent la prestation de soins de santé à distance et l'échange de l'information médicale.
Lors des échanges, si certains ont affiché leur scepticisme quant à la réalisation d'une telle ambition en Afrique, d'autres ont étalé leur optimisme. Dans ce dernier cas de figure, des médecins algériens informent que le programme sur la télé-médecine est inscrit dans la politique nationale de santé. En Afrique de Sud, la télé-radiologie est devenue une réalité, car plus de 450 hôpitaux donnent des soins à distance à des patients grâce aux Tic.
Au Sénégal, les autorités déroulent un Plan de formation en imagerie médicale qui forme les étudiants en fin de cursus dans le but de réduire le déficit en radiologues. Il s'y ajoute la mise en place d'un Système de télé-radiologie, qui permet d'interpréter les examens radiographiques, et de scanographie à distance.
"L'équipement en scanner des hôpitaux régionaux et la numérisation des appareils de radiographie sont déjà faits. Pour rendre efficients les radiographies numériques et les scanners, il y a une formation de spécialiste en imagerie avec l'octroi de bourses", souligne Ibrahima Wone, secrétaire général du ministère de la Santé et de l'action sociale rappelant que cette politique est destinée "à supprimer les inégalités" dans le domaine de l'accès à la santé. Par conséquent, ces initiatives commencent à produire ses effets car, renseigne Pr El Hadji Niang, "il y a quelque temps, il n'y avait pas de scanner à Ourossogui, à Kolda ou à Matam".
Absence de cadre juridique adéquat
Cependant, cette ambition de produire un grand nombre de radiologues bute contre la législation. Reconnaissant qu'il n'y a pas de "vide juridique", Dr Pape Assane Touré, magistrat, regrette une absence d'organisation juridique capable de régir la télé-médecine. Il a relevé un problème de protection des données personnelles du patient, mais aussi du médecin.
"Dans le domaine juridique, il y a des problèmes parce qu'il faut un encadrement. Vous savez qu'aujourd'hui il y a les affres de la cybercriminalité. D'aucuns peuvent entrer dans le système et capter des données qui appartiennent à des patients. Ce qui est extrêmement grave. Aujourd'hui, un médecin ne pourra pas envoyer des images comme ça sur le net. Il faut tout sécuriser", préconise Pr Niang.
Cherté de la radiologie au Sénégal, l'État appelé à faire des efforts
Au Sénégal, les personnes à faibles revenus éprouvent beaucoup de difficultés à accéder aux soins de radiologie. Une réalité confirmée par Pr El Hadji Niang, radiologue.
"C'est toujours cher de faire de la radiologie pour les populations parce qu'il y a un scanner de 5 milliards et 5 autres milliards pour équiper toutes les régions. Il y a la couverture médicale de l'État avec toutes les actions sociales. Les gens qui ne travaillent pas et n'ont pas de garantie et d'assurance peuvent avoir beaucoup de difficultés sur ce plan", se désole Pr Niang.
Il ajoute : "L'État doit encore faire des efforts. Je pense qu'à l'instar de la dialyse, il ne faut pas rendre les soins gratuits, mais rendre accessibles les actes médicaux et en particulier l'imagerie médicale."
UN AIR DE PRINTEMPS
GAMBIE - L'opposition et un groupe de jeunes manifestent dans la rue à Sérékunda contre le régime de Jammeh - Des blessés et une dizaine de personnes arrêtées suite à l'intervention musclée de la police
Alors que Yahya Jammeh se trouve à Istanbul, des jeunes sont sortis dans la rue pour réclamer des réformes électorales en Gambie où la Présidentielle est fixée au 1er décembre prochain. Mais ils ont été arrêtés au bout de quelques minutes par la police qui a réprimé la marche. Cela annonce des lendemains troubles dans ce pays.
Au moins, ils ont osé. Confinés dans un huis clos permanent depuis 22 ans, les jeunes Gambiens ont vaincu la peur en se rassemblant à Serekunda, ville très peuplée et située à quelques kilomètres de Banjul, pour exiger des réformes électorales. Mais la manifestation a été violemment réprimée par la police et des forces paramilitaires envoyées par le régime qui ne tolère pas que la population exprime son ras-le-bol par rapport à la gestion du pays. C'est presqu'inédit du fait que les manifestations sont extrêmement rares en Gambie. En avril de l'an 2000, un rassemblement d'élèves avait été réprimé dans le sang.
Aujourd'hui, il est difficile d'établir un bilan : En attendant, plusieurs sites gambiens annoncent l'arrestation d'une dizaine de personnes et plusieurs blessés qui ont été évacués dans les hôpitaux. Certains annoncent même l'imminence de l‘instauration d'un couvre-feu pour tenter d'étouffer ces contestations naissantes. La situation serait tendue à Banjul. Elle risque encore de devenir plus cruelle avec le retour de Yahya Jammeh au pays qui ne manquera pas de taper sa main de fer sur les manifestants en lançant en même temps la chasse aux sorcières. Cela lui servira de boussole pour légitimer d'éventuelles purges dans la classe politique et les médias.
La Présidentielle gambienne, qui est fixée au 1er décembre prochain, cristallise la passion. Le Président gambien, Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, qui a été investi candidat par son parti pour briguer un cinquième mandat à l'élection présidentielle prévue en décembre, est opposé à toute limitation de mandat. Il y a une semaine, il avait nommé Alieu Momar Njie, un de ses proches, à la tête de la Commission électorale pour superviser le déroulement du scrutin qui est déjà contesté par une partie de la classe politique gambienne.
Présentement à Istanbul où il assiste au 13ème Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (Oci), il risque de ressortir son antique patine pour solder ses comptes. A coup sûr, il assimilera cette manifestation à une tentative de coup d'Etat en le comparant à celui qu'il a échappé le 30 décembre 2015, alors qu'il était à Dubaï. Il sait que sans sa furie répressive contre une population désarmée et ses philippiques assimilant tous ses opposants à des ennemis de la Nation, il ne resterait pas encore à la tête de ce pays au bord de la rupture économique à cause du blocus de la frontière imposée par les transporteurs sénégalais. Malgré la répression, son destin ne dépend que de son Peuple qui flirte avec la démocratie.
Des manifestations pour de "véritables réformes politiques" en Gambie ! Quel culot l'opposition a eu hier ! Mais c'est peut-être le prix à payer pour enlever le bâillon de Jammeh de la bouche de ceux qu'ils considèrent comme des moutons de panurge. Cet autre membre du "syndicat" des éternels chefs d'Etat africains mérite à lui seul une conférence, comme celle de l'Oci à laquelle il participe depuis hier à Istanbul. Lui qui voit des ennemis partout, va (encore !) accuser son voisin, surtout que le blocus de la Transgambienne l'a étouffé. En attendant, les manifestants, eux, peuvent craindre le supplice du Mile 2.
«NOUS N'AVONS PAS ENCORE SENTI DES MENACES SERIEUSES A NOTRE NIVEAU»
ALFRED GOMIS, COORDONNATEUR WANEP SENEGAL SUR LA PSYCHOSE DES ATTENTANTS
Certes, le Sénégal n'est pas à l'abri d'une attaque terroriste. Mais, actuellement, il n'y a aucune menace sérieuse. Du moins, si l’on en croit à Wanep Sénégal, un réseau ouest africain d'organisations de la société civile pour l'édification de la paix.
Présidant, hier, une rencontre de Wanep Sénégal, hier, au siège de Osiwa, Alfred Gomis, Coordonnateur national Wanep Sénégal a tenu à rassurer tout le monde. «Par rapport à la menace terroriste, nous n'avons pas encore senti des menaces sérieuses à notre niveau. C'est plutôt des accidents routiers et domestiques des incendies», a lancé Alfred Gomis. Non sans préciser qu’à «l'heure actuelle, aucun pays au monde ne peut se considérer à l'abri de ces menaces. Nous sommes dans une région ouest africaine qui a connu trop de pertes en vies humaines liées à des attaques terroristes. Le Sénégal est vulnérable comme tous les pays. Mais, je suis convaincu que les autorités ont pris les mesures nécessaires pour qu'il ne soit pas davantage fragilisé», a indiqué M. Gomis.
Ainsi, pour éviter toute surprise, M. Gomis d’informer que Wanep Sénégal a installé une cellule "alerte précoce" qui vise à intervenir avant même qu'un conflit ne se déclare. Installés en 2014 avec 28 points focaux répartis dans les 14 régions, en raison de 2 points focaux par région, ces dits points focaux sont chargés de collecter et de balancer aux autorités les informations sur la sécurité humaine en général.
«La difficulté de l'alerte précoce, c'est la réponse des autorités»
Toutefois, le modérateur de la conférence Seydou Nourou Tall, par ailleurs professeur à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), n’a pas manqué de dénoncer le retard accusé par les autorités étatiques face aux alertes lancées auparavant par Wanep Sénégal. «D'habitude, nos gouvernants attendent qu'il y ait un malheureux événement pour réagir. Ce qui est une stratégie de réponse tardive. Alors que tout conflit, avant de se déclarer, annonce des signaux. Intervenir tôt, c'est arriver à circonscrire le conflit. En Afrique, on a beaucoup de menaces qui peuvent être sanitaires, environnementales, mais aussi terroristes. Aujourd'hui, il y a beaucoup de conflits, de trafic de toutes sortes. Donc, si on ne les circonscrit pas tôt, il y aura menace à la paix et à la sécurité», a expliqué le Pr Tall.
«La menace terroriste interpelle chaque Etat qui doit avoir sa stratégie. Le but de l'alerte précoce, c'est d'avoir une stratégie anticipée", a ajouté le Pr Tall.
Et le coordonnateur de Wanep Sénégal, toujours sur ces retards accusés par les autorités étatiques face aux alertes de son organisation, de renchérir : «La difficulté de l'alerte précoce, c'est la réponse des autorités. Nous alertons mais la décision appartient aux autorités de décider. Cela prend toute une procédure».
1 800 PERSONNES DONT 1 500 A DEPISTER DANS LES SITES D’ORPAILLAGES D’ICI JUIN 2016
RIPOSTE CONTRE LE VIH/SIDA A TAMBACOUNDA
Adama KONE (Correspondant) |
Publication 15/04/2016
La forte concentration humaine dans les sites d’orpaillages rend difficile le contrôle du Vih Sida dans la Sénégal oriental. Mais, d’ici le mois de juin 2016, l’’Alliance nationale contre le Sida (Ancs) compte dépister 1 800 personnes dont 1 500 dans les sites d’orpaillages.
Tambacounda - L’Alliance nationale contre le Sida (Ancs) a tenu, hier, un panel sur le respect des droits humains en matière de lutte contre le Vih/Sida dans la région de Tambacounda. Cette rencontre a mobilisé les autoritrés religieuses, les personnels de santé, les associations de femmes et juristes.
Représentant régional de l’Ancs à Tambacounda, Barra Lamine Fall a saisi l’occasion pour faire une présentation exhaustive de son programme de dépistage dans le Sénégal oriental. «L’Ancs espère, de mars à juin 2016, dépister 1 800 personnes dont 1 500 dans les sites d’orpaillages, 250 professionnelles de sexe à Kidira et 50 homosexuels dans le district de Tambacounda. Et des cercles de solidarité ont été installés dans les sept districts de la région pour continuer la sensibilisation», a informé M. Fall.
«Le taux de prévalence dans la région est de 1,4%. Un taux supérieur à la moyenne nationale qui est de 0,7%. Et ce chiffre peut évoluer, car le dépistage suit son cours. La forte concentration humaine dans les sites d’orpaillages rend le contrôle difficile. Car la plupart des prostituées évoluent dans la clandestinité», a relevé le représentant.
Toutefois, l’Ancs a tenu à préciser que l’analyse de la riposte au virus, en lien avec le respect des droits des personnes porteuses du virus en termes d’accès aux services de prévention, de soutien et de traitement, a montré la subsistance des cas de violations des droits humains. Réduisant ainsi l’accès aux services à des personnes ou groupes de populations vulnérables.
En outre, le document souligne que ces populations à risques telles que les professionnelles du sexe, les usagers de drogues par injections et les homosexuel sont souvent objet de stigmatisation et d’abandon. «Or il est démontré que la protection des droits humains et le respect de l’égalité des genres sont des éléments contribuant à la réduction de la vulnérabilité à l’infection au virus du Sida mais aussi des facteurs déterminants d’une réponse effective à la maladie», a relevé L’Ancs.
«Il convient dès lors d’impliquer toutes les franges de la population, car cette thématique n’est pas seulement des médecins ni des juristes ou des Ong pour apporter la riposte qui correspond à la menace, a indiqué Bara Lamine Fall, pour qui, il est nécessaire de se focaliser sur les personnes cibles que sont les professionnelles du sexe, les homosexuels et les usagers de drogues par injection et inhalation. «Des groupes de populations à ne pas perdre de vue pour éviter une propagation de la maladie», a-t-il averti.
Tout ou presque est cher en ce moment sur le marché sénégalais. Sauf sans doute la tomate. Elle fait, en effet, exception à la règle. Bien présente sur les étals, comme au marché Gueule-Tapée des Parcelles assainies, elle s’échange surtout à bon prix. Ainsi, le kilogramme est-il vendu entre 250 et 300 francs Cfa, au plus.
Implanté au marché Gueule-Tapée des Parcelles Assainies, ce jeune vendeur de tomate du nom d’Ousmane Diouf alias Las, dit qu'il détient seulement la tomate locale, tout en avouant la baisse du prix du kilogramme de cette denrée très prisée par les dames pour leur cuisine. «J’ai uniquement la tomate locale sur mon étal. J’évite de vendre la tomate importée, car elle est à un coût excessivement vertigineux, comparé à celle qui est cultivée au Sénégal», dit-il.
Poursuivant, il souligne : «La tomate locale, je peux dire qu’elle a connu véritablement une baisse, ces dernières semaines. En effet, le kilo est vendu au maximum à 300 francs Cfa, au lieu de 400 ou 500 francs Cfa auparavant. Pour les tas de 100 francs Cfa, les clients peuvent avoir 6 grosses tomates. Ce qui veut tout simplement dire que ce produit est très disponible, tant en qualité qu’en quantité sur le marché».
«La loi de la disponibilité fait le prix sur le marché»
Pour sa part, ce jeune détaillant qui tient aussi son étal dans ce marché, réputé être un site de dispatching des légumes pour d’autres marchés de Dakar, insiste sur le fait que «l’approvisionnement du marché en tomate est bien assuré. Vous l’avez remarqué vous-même, la tomate inonde parfois le marché avec un prix moins coûteux. Mais, parfois, on est face à une pénurie de tomate, avec un prix onéreux. Cela est dû au fait qu’il y a une période de la saison où sa culture est propice, comme c’est le cas en ce moment. C’est la loi de la disponibilité qui fait le prix sur le marché».
Vendeuse en détail de légumes, dont la tomate, Mariama Badiane confirme cette nouvelle tendance baissière du prix de la tomate. L’air soulagé, elle martèle : «Je ne détiens pas de tomate importée sur mon étal, car son coût est cher. Car en acheter, c’est être sûr de revendre cher. Parce qu’il est impossible d’arriver à récupérer le prix d’achat compte tenu du coût assez bas de la tomate locale. La clientèle préfère, en effet, le produit le plus accessible, compte tenu de la conjoncture économique difficile et surtout parce que la tomate locale est vraiment de très bonne qualité en ce moment».
«Moi, je me facilite la tâche, raison pour laquelle j’ai misé sur la tomate locale dont le prix varie entre 250 et 300 francs Cfa au plus le kilo. Et je peux même dire que les clients me surprennent en ce moment. Car eux qui ont l’habitude de se lamenter quant à la cherté des prix, actuellement, ils ne manquent pas de reconnaître que la tomate est très accessible. Et c’est parce qu’on est en période de fraîcheur sans doute», explique-t-elle.
Un prix qui aurait dû être encore plus bas
Elle ne manque pas aussi d’évoquer la saison sèche pour justifier la présence en quantité de la tomate. Cependant, elle se désole, malgré l'approvisionnement du marché, de ne peut s’en sortir comme elle l’aurait souhaité. «Ça se vend bien la tomate, mais ce n’est pas assez rentable. Vraiment, le bénéficie qu’on engrange est faible pour ne pas dire insignifiant. Je ne comprends pas trop comment ça fonctionne à ce niveau là», souligne-t-elle.
Mais aussi bas soit ce prix de la tomate locale, il aurait pu être encore plus abordable, si l’on se fie à Salim Barry. Ce vendeur en gros affirme en effet que le kilogramme de tomate devait être à 150 francs Cfa. «Le prix de la tomate locale avait été fixé à 150 francs Cfa auparavant. Parce que la quantité est là et c’est ce qui aurait dû être le prix. Mais il trouve que les commerçants grossistes l’ont majoré de 50 francs Cfa, ce que les détaillants ont répercuté sur le prix de vente en le majorant de 50 francs Cfa. D’où le prix de 250 francs du marché que je trouve personnellement onéreux. Parce que ça aurait du être plus bas que ça», révèle Barry.
Concernant la tomate importée, il confie : «En cette période de fraîcheur, la tomate importée devient chère. Moi, j’ai pris la décision d’attendre la fin de cette saison pour m’approvisionner en produit importé. En attendant, je suis devenu grossiste en tomate locale. Parce que c’est plus facile et plus simple à écouler et surtout, quoi qu’il en soit, je m’en sors très bien. Mais il est vrai aussi que parfois, mes clients me demandent de la tomate importée».
Une baisse qui fait le bonheur des clients
Venue faire ses emplettes, Mme Maguette Diagne confie: «Ce n’est pas souvent qu’on voit la tomate baissée aussi bas sur le marché. C’est donc une opportunité pour nous les clients et il faut en profiter. Vous me voyez avec mon sac, je suis venue au marché aujourd’hui uniquement pour acheter de la tomate en gros. Je vais en prendre une importante quantité que je vais conserver dans mon frigo. Sinon, si je serai obligé d’acheter au détail quotidiennement. Et ce n’est pas commode du tout, car ça devient plus cher que l’achat au prix en gros».
«Et puis, faire un stock, c’est se prémunir des fluctuations de ce genre de denrées sur le marché. Parce que c’est un produit de saison qui, du jour au lendemain, peut se renchérir et redevenir cher. Mais là, vraiment on est gâté et on y trouve notre compte», dit-elle, en précisant que le marché Gueule-Tapée est son point de ravitaillement.
Mère de famille, Adji Gaye renseigne qu’elle raffole de la tomate fraîche et qu’elle est plutôt bien servie en ce moment. «Pour préparer un bon ‘Ceebu jën bu weex’ (riz au poisson à la sauce blanche), il me faut de la tomate bien fraîche. Et c’est pourquoi si ce produit devient cher, je suis contrainte de me tourner vers les bouillons. Or, à ce que je sache, ces bouillons ce n’est pas bon pour la santé. Raison de plus pour que j’opte pour les produits frais et naturels», informe la dame.
«D’ailleurs, j’ai acheté à l’instant 5 kilos de tomate pour les mettre en réserve. Mais j’avoue qu’avec cette baisse, nous autres femmes et mères de famille, on ne peut que se réjouir. Surtout moi, parce que j’adore la tomate fraîche. C’est un élément essentiel dans ma cuisine», confesse encore Mme Gaye.
LE PS APPELLE MACKY A SORTIR LE BATON CONTRE LES ENSEIGNANTS GREVISTES
La crise dans le secteur de l’éducation était, hier, au menu du Secrétariat exécutif national (Sen) du Parti socialiste (Ps). Ousmane Tanor Dieng et ses camarades ont appelé le Président Macky Sall et son gouvernement à faire preuve de fermeté à l'endroit des enseignants grévistes afin de trouver une solution définitive.
Le Parti socialiste (Ps) vole au secours d'un de ses responsables, Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Education nationale. Hier, le Secrétariat exécutif national (Sen) du parti dirigé par Ousmane Tanor Dieng a appelé à une solidarité de tous pour faire face aux syndicats d'enseignants qui ont fini de se radicaliser. «Pour la gestion de cette crise scolaire, les socialistes en appellent à une grande solidarité. Une solidarité gouvernementale, solidarité dans le cadre de la Coalition 'Benno bokk yakaar', solidarité dans le cadre de tous les responsables politiques de la mouvance présidentielle, de la société civile et même des Sénégalais lambda. Parce que c’est une crise qui concerne tous les Sénégalais», a déclaré Me Moussa Bocar Thiam, porte-parole adjoint du Parti socialiste, au sortir de la réunion susmentionnée.
Selon le parti de feu Léopold Sédar Senghor, «une seule personne ne peut pas la régler, d’autant plus que la question, elle est profonde et complexe avec une soixantaine de syndicats». «On a d’ailleurs un problème de représentativité qui se pose», a souligné l'adjoint d'Abdoulaye Wilane.
«On ne peut pas comprendre que les gens aillent en grève et perçoivent leurs salaires à la fin du mois»
Me Moussa Bocar Thiam de dénoncer ce qu'il considère comme «une mauvaise foi des syndicats d’enseignants». «On constate aussi une mauvaise foi dans les dialogues. On fait comme si le gouvernement n’a posé aucun acte pour régler cette crise, alors qu’à chaque fois, le gouvernement fait des avancées. C’est un moyen de communication nouveau qu’utilisent les syndicats pour dire que le gouvernement a signé des accords qu’il ne respecte pas», a également fustigé le porte-parole adjoint des socialistes. Face à cette situation, Ousmane Tanor Dieng et ses camarades d'appeler le chef de l’Etat, Macky Sall, à sortir le bâton pour faire revenir les enseignants grévistes à de meilleurs sentiments. «Depuis plus de 20 ans, l’école sénégalaise est perturbée. Il est grand temps qu’on siffle la fin de la récréation, et pour ça le Parti socialiste appelle le président de la République à prendre ses responsabilités. C’est vrai qu’il faut dialoguer, c’est vrai qu’il faut discuter, parce que le Sénégal, c’est un pays de discussions, mais aussi la fermeté est nécessaire. D’ailleurs, on ne peut pas comprendre que les gens aillent en grève et perçoivent leurs salaires à la fin du mois, et il n’y a aucune sanction. C’est illégal», a fulminé Me Moussa Bocar Thiam.