Dakar, 21 déc (APS) – Seydi Moussa Mbaye dit Moussa Touré, 50 ans environ, porte fièrement son statut d’"ancien" de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) qu’il a servi comme monteur de stands dans les années 1980, avant de se reconvertir en technicien audiovisuel pour ce rendez-vous commercial annuel dont la 24e edition a officiellement pris fin dimanche.
Au Centre international du Commerce extérieur du Sénégal (CICES) qui abrite la FIDAK, depuis sa création en 1974, Moussa Touré "est un peu le tonton, c’est le plus ancien de la Foire", glisse avec respect un membre du personnel du CICES.
D’ethnie griot et se déclarant "fier" de cette origine, ce "Dakarois de la Gueule-Tapée" aura 50 ans en octobre 2016. "J’ai commencé à travailler au CICES en 1986, à 20 ans. Je suis le plus ancien parmi le personnel du CICES", dit-il au moment de se présenter.
Depuis près de trente ans, Moussa Touré s’occupe de la sonorisation pour les publicités et pour les annonces lors des différents événements organisés par le CICES.
"Au départ, j’étais un monteur de stands, mais j’étais très attiré par le métier de technicien audiovisuel et le CICES m’a offert une formation dans ce sens", confie-t-il, un brin reconnaissant.
Il raconte, dans une gestuelle mesurée et émotive à la fois, son "amour" et son "dévouement" pour la FIDAK, pour le CICES et pour son métier.
"C’est ma vie la Foire ! Les installations que vous voyez-là, ce sont mes bébés. Ce sont des branchements techniques très délicats et très anciens. Ce genre de branchements, on ne les voit plus au Sénégal", dit-il.
"Il ne suffit pas d’être un ingénieur ou d’avoir un certain niveau d’études pour gérer ça. Il faut avoir un vécu et de l’expérience pour pouvoir bien les manipuler", explique-t-il, ajoutant : "J’ai été formé pour cela. J’aime ça, j’aime la Foire et c’est ma vie".
Dans son petit box aménagé en studio sur les hauteurs du bâtiment de la direction générale du CICES, Moussa Touré "respire la Foire". Il sait tout d’elle, "les bons et les mauvais moments, les hauts et les bas".
"Notre cabine (une équipe de quelques personnes l’accompagne) est un peu la tour ici. Lorsqu’un objet se perd, par exemple, des gens nous l’apportent et nous lançons une annonce pour que le propriétaire de l’objet recouvre son bien", explique-t-il.
Par un soir de la 21e FIDAK en 2012, "vers 21 heures", un nourrisson abandonné, "un bébé de deux semaines" lui avait été apporté, se rappelle-t-il.
"J’étais dans tous mes états. Je me suis demandé + comment une maman peut abandonner un bébé de cet âge ?+. Cette année-là, j’ai tellement été marqué que je m’en souviens régulièrement", raconte-t-il.
Il baisse la tête, le temps de retenir ses larmes, et poursuit : "Le bébé pleurait, c’était un garçon. Je suis allé chercher des biberons et tout le matériel qui va avec pour qu’il se calme. Je l’ai gardé chez moi pendant deux jours avec l’aide de la Gendarmerie".
"La maman du bébé avait demandé à une vendeuse de cacahuètes de lui tenir son bébé pour qu’elle aille rapidement acheter des tickets d’entrée à la Foire et s’était enfuie. Au bout de trois jours, on a pu la retrouver grâce aux caméras de surveillance", renseigne-t-il.
Ses larmes, il ne parviendra pas à les retenir au matin du 13 décembre dernier, juste après l’incendie du pavillon vert qui concentrait "80% des marchandises" selon le CICES.
"Quand on a ouvert la porte (du pavillon vert) et que j’ai vu ce qui s’était produit : j’ai craqué, je ne pouvais plus retenir mes larmes. J’ai brûlé en moi avec l’incendie du pavillon vert", raconte-t-il en écrasant une larme.
"Le pavillon vert était beau, avec les pays, avec les nations. C’était incroyable ce moment, j’ai vraiment craqué à fond. Mes collègues ont essayé de me consoler, mais ça fait mal".
"Aujourd’hui, poursuit Moussa Touré, je pense aux exposants étrangers, d’autres sont découragés, la Foire c’est aussi leur vie, je connais personnellement des exposants qui y viennent depuis 20 ans et qui ont perdu leurs affaires : C’est choquant !".
Cela étant, il "préfère aussi retenir de bons moments" de son expérience à la Foire internationale de Dakar.
"Jamais une telle participation n’avait été marquée comme celle que le Cameroun a montrée cette année. Ils nous ont même apporté une innovation en organisant un dîner en plein air sur l’esplanade du CICES. Ils ont diversifié leurs produits", relève-t-il.
Selon Moussa Touré, la FIDAK doit permettre aux Africains de "privilégier" les échanges entre eux.
"Il faut que les Africains sachent qu’on ne peut se développer qu’entre nous. Il faut multiplier les échanges entre pays africains, il faut que les africains s’entraident", lance-t-il.
S’il n’est pas à son poste de technicien audiovisuel, c’est que Moussa Touré a rejoint les boulodromes et sa passion, la pétanque, qui l’"accompagne dans (son) boulot".
"Je suis joueur international de pétanque, j’ai participé à six championnats du monde et à sept championnats d’Afrique", précise-t-il, non sans fierté.
Le sociétaire de la boule amicale de Soumbédioune, sur la corniche ouest dakaroise, est notamment revenu des Jeux africains de Brazzaville en septembre dernier, avec deux médailles en or, lui qui se considère comme un "golden boy".
LES COULISSES DE L'ENQUÊTE DE CE MARDI 22 DÉCEMBRE
La justice française reste collée aux basques de l'ex-patron de la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), le Sénégalais Lamine Diack. Alors que ses confessions étalées sur la place publique par le journal Le Monde secouent fortement la classe politique à Dakar, Lamine Diack a une nouvelle fois été mis en examen ce lundi pour corruption, toujours dans le scandale sur des cas de dopage étouffés moyennant finances. Contrairement à la première instruction où Lamine Diack est soupçonné d'avoir fermé les yeux sur des cas de dopage, notamment d'athlètes russes, en échange d'argent, la seconde mise en examen dont il est question va plus loin. Les juges croient être en possession d'éléments suffisamment incriminants pour estimer que Lamine n'a pas seulement fermé les yeux dans les opérations de corruption qui l'éclaboussent. Car selon une source proche de l'enquête citée par les médias français, les juges estiment que Lamine Diack a remis en espèces, en plusieurs fois, la somme de 140 000 euros à Gabriel Dollé, le médecin qui était en charge de la lutte antidopage à l'IAAF jusqu'à fin 2014.
CORRUPTION PRÉSUMÉE (SUITE)
Même si l'ancien président de l'IAAF nie en bloc avoir remis ces fonds au médecin, sa nouvelle mise en examen lui a été signifiée lundi matin au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris qui maintient la pression sur sa personne. Mais ce n'est pas la première fois que Lamine Diack et le médecin Gabriel Dollé sont dans le même pétrin. Les deux hommes partagent l'infortune d'avoir déjà été mis en examen début novembre pour corruption passive et blanchiment aggravé en même temps qu'Habib Cissé, le conseiller juridique de Lamine Diack. Aux dernières nouvelles, le sort de Pape Massata Diack, fils de Lamine Diack et ancien conseiller marketing de la fédération ne tient plus qu'à un fil dans ce dossier, où lui aussi est lourdement soupçonné d'être un acteur clé des pratiques corruptives à l'origine du scandale. Pour rappel, c'est le 9 novembre dernier que l'Agence mondiale antidopage (AMA) avait, dans un rapport, accusé la Russie de Vladimir Poutine d'avoir mis sur pied un système de dopage organisé dans l'athlétisme. La Russie a dans la foulée été suspendue par l'IAAF et pourrait donc être bannie des épreuves d'athlétisme des Jeux olympiques de Rio, dans huit mois.
D-MEDIA
Plus de peur que de mal. Après plus de 8 heures passées hier dans les locaux de la DIC, les journalistes du groupe de presse D-Media ont pu rentrer tranquillement chez eux. Convoqués hier à 11 heures, Mamadou Mansour Diop, Ndèye Astou Guèye et Pape Bess Diba sont sortis libres des locaux de la division des investigations criminelles à 19h30 mn. Cette convocation est liée à l'affaire Lamine Diack qui continue de défrayer la chronique. Après donc Massamba Mbaye, directeur général de D-Média libéré après son audition de samedi dernier, les trois journalistes du même groupe ont été entendus durant plusieurs heures dans les locaux de la Dic. Ils sont sortis libres de ces auditions. Mais Mansour Diop et ses collègues restent à la disposition du Parquet pour d'éventuelles convocations
IDRISSA SECK
Cette année-ci, Idrissa Seck a été reçu par le porte-parole de la famille Tidiane, Serigne Abdou Aziz Sy. Tout le contraire de l'année dernière lorsque le président du Conseil départemental de Thiès n'a été reçu que par Serigne Maodo Sy. L'opinion avait justifié "cette disgrâce" par l'adhésion supposée de Idrissa Seck à la confrérie mouride alors qu'il a été considéré jusque-là comme "talibé Cheikh". Mais cette réception s'est faite au bout de longues heures d'attente. Alors que le rendez-vous était fixé à 16 heures, si l'on en croit certains rewmistes, l'ancien Premier-ministre a poireauté jusqu'à 19 heures. Car, il n'a été reçu qu'après la prière du crépuscule. L'attente a été tellement longue que certains avaient commencé à se décourager. Autant dire qu'on est loin du temps où Rewmi faisait bousculer le protocole pour être reçu sans devoir attendre des heures et des heures. D'ailleurs, Idrissa Seck s'est retrouvé dans la salle avec Aïda Mbodj venue également faire son "ziar". "Nous nous sommes croisés ici", a vite fait de préciser la parlementaire libérale.
IDY/DIACK
A sa sortie de sa visite au porte-parole de la famille tidiane, Idrissa Seck s'est encore prononcé sur l'affaire Lamine Diack. Le président de Rewmi demande l'annulation des poursuites contre les journalistes et les opposants, notamment Oumar Sarr. "J'ai déjà livré ma lecture sur cette question. Je pense que le seul élément nouveau est que j'ai été informé que le journal "Le Monde", qui a été à la source de l'information, a présenté même des excuses qui, en apparence, ont été acceptées par le président de la République", a soutenu le président du Conseil départemental de Thiès. Poursuivant, il a ajouté : "Je crois que c'est une bonne occasion pour profiter de ce mouvement, pour appliquer la recommandation que je lui ai faite d'apaiser le climat en annulant notamment les arrestations et poursuites contre les journalistes et des opposants."
AÏDA NDIONGUE
Le procès d'Aïda Ndiongue s'ouvre à nouveau aujourd'hui devant la Cour d'appel de Dakar. Mais d'après nos sources, le procès va être renvoyé puisqu'il s'agit d'une première comparution. L'ex-sénatrice libérale devra être jugée encore par rapport au présumé détournement sur des produits destinés au Plan Jaxaay. Il lui est reproché d'avoir gagné des marchés (bacs à ordures, tentes et motopompes) sans les exécuter intégralement. Poursuivie pour escroquerie portant sur des deniers publics portant sur 20 milliards, faux et usage de faux et exercice illégal de commerce par un fonctionnaire, Aïda Ndiongue avait été relaxée. Idem pour Abdou Aziz Diop, Amadou Ndiaye et Madou Sall poursuivis pour détournement de deniers publics et complicité. Mais le parquet a interjeté appel.
ALPHA CONDÉ
Une semaine après sa première prestation de serment, Alpha Condé, réélu pour un deuxième mandat de cinq ans, a dû renouveler l'exercice lors d'une brève cérémonie. Et cette fois-ci, le chef d'État guinéen reconduit en octobre n'a pas oublié de jurer "de respecter et de faire respecter la loi". Lors de sa première prestation de serment devant la Cour constitutionnelle, Alpha Condé, 77 ans, n'avait pas lu le passage en question. Des magistrats guinéens avaient alors exigé qu'il la reprenne, en lisant toute la formule. "C'est une cérémonie d'installation du président Condé, mais un passage ayant été omis le 14 décembre, on a tenu à ce que cela soit repris", a expliqué à la presse le ministre guinéen de la justice, Cheick Sacko. Au moins treize chefs d'État africains étaient présents à la prestation de serment du 14 décembre, ainsi que des responsables de l'opposition. Cette fois-ci, la seconde a eu lieu en présence du chef de l'État gambien, Yahya Jammeh.
BLAISE COMPAORÉ
La justice burkinabè a émis un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Blaise Compaoré, réfugié en Côte d'Ivoire depuis sa chute, en octobre 2014, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Thomas Sankara. Mais le principal intéressé ne sera probablement pas surpris. Régulièrement cité pour son rôle trouble dans l'assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, Blaise Compaoré est désormais officiellement visé par un mandat d'arrêt international émis par la justice de son pays. D'après l'AFP, qui cite une source proche du dossier judiciaire, le président déchu est inculpé "d'assassinat, d'attentat et de recel de cadavre". Selon une source judiciaire interrogée par Jeune Afrique, ce mandat d'arrêt a été émis il y a une dizaine de jours donc après l'inculpation du général Gilbert Diendéré, l'ancien chef d'état-major particulier de Compaoré, dans ce dossier. Elle intervient alors que le régime de transition s'apprête à transmettre le pouvoir au nouveau président élu, Roch Marc Christian Kaboré, le 29 décembre prochain.
ERRATUM
Dans notre édition d'hier, nous relations les propos tenus par Pape Diop sur l'affaire Lamine Diack. Mais contrairement à nos écrits, le leader de Bokk gis gis n'a jamais été candidat à la Présidentielle de 2012 même si quelque temps après, ses relations avec Wade n'étaient pas des meilleures, au point qu'il quittât le Pds pour aller aux élections législatives sous sa propre bannière. Toutes nos excuses à l'intéressé et à nos lecteurs.
"NOUS ALLONS EN PARLER", PAR SALIOU GUÈYE
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LEÇONS D’UN SCANDALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Momar Diongue, le dirpub de Vision Mag, sur l'affaire Lamine Diack
SALIOU GUÈYE ET FODÉ MANGA DE SENEPLUS |
Publication 21/12/2015
(SenePlus.Com, Dakar) - Momar Diongue, directeur de publication de Vision Mag, réagit aux propos de Lamine Diack, patron déchu de l’IAAF, relatifs à des pratiques corruptives au sein de l’organisation qu’il dirigeait. Il s’est aussi prononcé sur le référendum qui agite le landerneau politiques.
LA MORT DE SANKARA RESTE MYSTÉRIEUSE, L'ÉTAU SE RESSERRE AUTOUR DE COMPAORÉ
Thomas Sankara et douze de ses compagnons ont été tués le 15 octobre 1987 lors d'un coup d'Etat qui porta l'ex-chef de l'Etat Blaise Compaoré au pouvoir. Les corps ont été exhumés fin mai afin de lever le voile sur les circonstances de sa mort.
Une enquête a été ouverte fin mars 2015, après la chute de M. Compaoré en octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir. Le sujet était tabou pendant l'ère Compaoré, ancien frère d'arme de Sankara parfois soupçonné d?avoir commandité son assassinat.
Les résultats d'une autopsie livrés mi-octobre 2015 indiquent que la dépouille présumée du président Sankara était "criblée de balles". Des tests ADN devaient permettre d'identifier formellement les restes.
"On peut simplement dire qu'au regard de ces résultats, l'état des restes ne permettaient pas au laboratoire de certifier l'existence d'ADN" sur les corps exhumés fin mai, a déclaré lundi l'avocat de la famille Sankara, Me Bénéwendé Stanislas Sankara.
"Les premier et deuxième niveaux (des test ADN) certifient des résultats qui confortent ceux de l'autopsie mais au troisième niveau, l'expertise scientifique conclut qu'il n'y a pas d'ADN détectable conformément à l'état actuel de la science", a-t-il expliqué à la presse après avoir pris connaissance avec ses clients des analyses.
Celles-ci ont été réalisées par "le laboratoire de police de Marseille (sud de la France), un laboratoire de référence en la matière" qui "a travaillé conformément aux normes internationales", a dit Me Sankara.
Les analyses ADN étaient une requête de la famille, a précisé Me Sankara, ajoutant que ses clients avaient quinze jours pour décider de demander une contre-expertise ou des analyses complémentaires.
- Beaucoup d'inculpations -
Malgré tout, "la procédure suit son cours, il y a déjà beaucoup d'inculpations dans le dossier", a-t-il souligné.
Au moins une demi-douzaine de personnes majoritairement des anciens soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, ont été inculpées pour "assassinat", "attentat" et "recel de cadavres" dans cette affaire.
Le directeur de la santé militaire à l?époque des faits, Fidèle Guébré, a été inculpé pour faux en écriture publique pour avoir signé un certificat de décès stipulant que le président Sankara était décédé de mort naturelle.
Après le général Gilbert Diendéré, chef du RSP, bras droit de M. Compaoré et auteur du putsch manqué de septembre 2015, la justice militaire vise maintenant directement le président déchu.
"Il y a un mandat d'arrêt international contre Blaise Compaoré", exilé en Côte d'Ivoire voisine depuis sa chute, a indiqué à l'AFP une source judiciaire sous couvert d'anonymat.
D'autres sources proches du dossier interrogées par l'AFP a confirmé l'existence de ce mandat d'arrêt, émis le 4 décembre et transmis aux autorités ivoiriennes. M Compaoré est également inculpé d'"assassinat", d'"attentat" et de "recel de cadavre", selon ces sources.
Les autorités ivoiriennes n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour une réaction.
Ce mandat d'arrêt devrait compliquer les relations entre le Burkina et la Côte d'Ivoire. Au début des années 2000, l'ancien homme fort burkinabè avait été le principal soutient des rebelles pro-Ouattara qui avaient tenté de renverser le président de l'époque Laurent Gbagbo, s'emparant de la moitié nord du pays.
Le dirigeant politique de cette rébellion, Guillaume Soro, est aujourd'hui président de l'Assemblée nationale ivoirienne. Il a récemment été soupçonné d'avoir cherché à soutenir le putsch manqué de septembre au Burkina, suite à la publication sur internet d'enregistrements présentés comme des conversations avec un ancien ministre très proche de l'ex-président burkinabè.
M. Soro dénonce ces enregistrements comme des faux, se disant victime d'une "campagne de dénigrement et de calomnie".
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MANDAT D'ARRÊT INTERNATIONAL CONTRE L'EX-PRÉSIDENT COMPAORÉ
AFP - La justice militaire du Burkina Faso a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ex-président Blaise Compaoré pour son implication présumée dans la mort de l'ancien chef d'Etat Thomas Sankara, tué en 1987 lors du coup d'Etat qui porta au pouvoir M. Compaoré, a annoncé lundi à l'AFP une source judiciaire.
"Il y a un mandat d'arrêt international contre Blaise Compaoré", chassé du pouvoir en 2014 et qui vit en exil en Côte d'Ivoire, a indiqué cette source sous couvert d'anonymat.
Une autre source proche du dossier judiciaire interrogée par l'AFP a confirmé l'existence de ce mandat d'arrêt, ajoutant que le président déchu était également inculpé d'"assassinat", d'"attentat" et de "recel de cadavre".
Le capitaine Thomas Sankara, arrivé au pouvoir lors d'un putsch en 1983, a été tué le 15 octobre 1987 avec 12 autres responsables lors d'un coup d'Etat qui porta au pouvoir Blaise Compaoré.
Les corps ont été exhumés fin mai afin de lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort du "père de la révolution" burkinabè.
Les résultats de l'autopsie livrés mi-octobre 2015 indiquent que la dépouille du président Sankara était "criblée de balles".
L’enquête sur la mort de Sankara a été ouverte fin mars 2015, après la chute de M. Compaoré en octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir. Le sujet de sa mort était tabou pendant l’ère Compaoré, ancien frère d’arme de Sankara parfois soupçonné d’avoir commandité son assassinat.
Au moins une demi-douzaine de personnes majoritairement des anciens soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, ont été inculpées pour "assassinat", "attentat" et "recel de cadavres".
Le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de Compaoré et auteur du putsch manqué de septembre 2015, figure parmi les inculpés.
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
LA FACE GÂCHÉE DU MONDE
Avec les bourdes qui inondent régulièrement ses parutions, n’est-il pas temps que le journal fondé par Beuve-Méry, fleuron de la presse française, retrouve la rigueur et le sérieux qui ont fait sa réputation ?
Saliou Guèye, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 21/12/2015
Quand le président Nicolas Sarkozy est venu à Dakar le 26 juillet 2007 à l’université qui porte le nom du géant du savoir, Cheikh Anta Diop, pour produire un discours qui n’était rien qu’un fatras d’insultes aux peuples noirs, 22 intellectuels africains, sous la houlette de M. Makhily Gassama, ancien ministre, ont produit un ouvrage, L’Afrique répond à Sarkozy, dans lequel ils dénoncent les outrances discursives de l’alors Président français. Le journal Le Monde, sous la plume de son journaliste Philippe Bernard, a non seulement soutenu le discours de Sarkozy, mais a traité l’ouvrage des intellectuels africains «d’un étalage atterrant d'absurdités, d'approximations, de conformisme intellectuel et d’outrance grandiloquente». À travers un texte rachitique (fond et forme) de 36 lignes, Philippe Bernard a troqué son costume de journaliste contre celui d’un chien de garde de sa Majesté Sarkozy pour tenter de discréditer l’ouvrage de 480.
Dans sa livraison du 27 mai 2013, soit à 10 mois de la conférence de paix sur la Syrie, dite «Genève 2», le journal d’Hubert Beuve-Méry rapportait que l’Armée syrienne de Bachar Al Assad faisait usage d’armes chimiques pour combattre les rebelles de l’ASL (l’Armée syrienne libre). Mais ce qui est marrant dans le reportage de l’envoyé spécial du Monde, Jean-Philippe Rémy, c’est que nulle part, il ne faisait état d’un seul mort après plusieurs bombardements avec ces armes létales.
«Pas d'odeur, pas de fumée, pas même un sifflement indiquant l'éjection d’un gaz toxique. Puis sont apparus les symptômes. Les hommes toussent violemment. Les yeux brûlent, les pupilles se rétractent à l'extrême, la vision s'obscurcit. Bientôt, surviennent les difficultés respiratoires, parfois aiguës, les vomissements, les évanouissements» dit le reporter du journal de «référence». C’est donc dire que les armes chimiques considérées comme des armes de destruction massive sont devenues inoffensives. Même le journaliste reporter affirme «avoir souffert, quatre jours durant, de troubles visuels et respiratoires». Mais en aucun moment, il n’a subi un petit examen sanguin qui aurait détecté la présence de produits toxique dans son sang.
Jamais l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les États-Unis, Israël et la Turquie ne sont parvenus à démontrer, preuves à l’appui, en dépit de leurs accusations tenaces, que l’armée de Bachar utilise des armes chimiques contre l’ASL. L’intention de discréditer le président syrien, comme s’y emploient toujours le président François Hollande et le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors de «Genève 2» qui pointait à l’horizon était manifeste.
Sur son site internet, un article diffamatoire publié le 13 mars 2015 relate que le couple présidentiel camerounais a embarqué séparément de l’aéroport de Yaoundé pour se rendre en Europe pour des raisons de santé. Il ajoute que «le président camerounais, Paul Biya, séjourne dans un centre hospitalier en Suisse pour des soucis cardiaques et un cancer de la prostate» tandis que «son épouse Chantal se serait rendue à l’hôpital américain de Neuilly, pour des contrôles de suivi après une opération du col de l’utérus».
Après une levée de boucliers des autorités camerounaises démentant l’information, les affirmations du Monde sont devenues des interrogations et l’article fit l’objet de trois modifications en l’espace de 48 heures. La première version était intitulée «Cameroun : le couple présidentiel s’exile pour raisons médicales». Celui-ci est devenu le même jour : «Cameroun : le couple présidentiel hors du pays et en mauvaise santé», pour finir le lendemain en «Cameroun : le couple présidentiel est à Genève et s’occupe de sa santé».
Dans l’affaire de la sexe-tape de Mathieu Valbuena qui secoue le football français, le médiateur du journal Le Monde, Franck Nouchi, estime que son journal s’est emballé en publiant précipitamment le 2 décembre dernier, sans travail de contextualisation, le verbatim quasi-intégral du procès-verbal d’audition du footballeur Karim Benzema, mis en cause dans ladite affaire, aux seules fins de griller la télévision TF1, qui devait diffuser le soir-même son propre «scoop» c’est-à-dire une interview exclusive de Benzema, tournée la veille à Madrid. Le directeur de la rédaction du Monde, Luc Bronner, a fini par reconnaitre dans cette affaire «un manque de mise en scène» et «un manque de coordination».
Pourtant la veille, le même journal a retiré un article qui a été publié sur son site à 11h18. Et la direction finit par pondre une note d’excuse en ces termes : «Un entretien avec la ministre de la Culture Fleur Pellerin a été publié par erreur, mardi 1er décembre, sur LeMonde.fr. Il a été retiré. Nous présentons des excuses à nos lecteurs.»
Si nous avons évoqué cette compilation de bourdes médiatiques du journal de Beuve-Méry, c’est pour mieux évoquer le manque de professionnalisme avec lequel ils ont traité l’affaire de Lamine Diack relative aux accusations de financement de la campagne de Macky Sall. Dans l’article que les journalistes enquêteurs du monde, Stéphane Mandard et Yann Bouchez, ont publié sur le site de leur journal le vendredi 18 décembre 2015, il y est dit qu’«en échange de 1,5 million d’euros pour la campagne de Macky Sall, Lamine Diack est soupçonné d’avoir couvert des pratiques dopantes et retardé les suspensions d’athlètes russes». Le même soir, interrogé par Alassane Samba Diop, directeur de la RFM, le mis en cause déclare qu’«il n’a financé la campagne de personne a plus forte raison celle du président Macky Sall».
Stéphane Mandard, interrogé par Cheikh Seydou Sylla, le correspondant de la RFM à Paris, a confirmé que le président de la République n’est mêlé en rien au financement de la campagne qu’évoque Lamine Diack dans ses réponses au juge Renaud van Ruymbeke. Et pour battre sa coulpe sur ces accusations immonde contre le président de la République, Le Monde se confond honteusement en excuse en ces termes : «Une première version de ce résumé évoquait un lien avec la campagne de Macky Sall de 2012. Or les déclarations de Lamine Diack n’impliquent pas directement la campagne du président sénégalais, mais des réseaux d’opposition à son adversaire de l’époque, Abdoulaye Wade. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs pour cette confusion. La version complète, elle, ne mentionne pas de lien avec la campagne de Macky Sall.»
La presse sénégalaise embarquée
Si cette information a fait le buzz et occupe les médias nationaux, voire internationaux, depuis le 18 décembre dernier, c’est à cause du nom de l’actuel président de la République qui y est cité. Il ne faut pas oublier que le même article fait état des déclarations de Lamine Diack concernant le financement de l’opposition sénégalaise contre Wade et son fils Karim en 2009 et en 2012. Ce qui veut dire que, le Ps, l’Afp, Rewmi, le Pit, la Ld pour n’en citer que ceux-là sont éclaboussés par le patron déchu de l’IAAF. Mais devant le patron de l’Apr, les leaders de ces partis sont de simples ectoplasmes qui ne constituent pas une arme politique de taille.
Ce qu’il faut regretter, voire condamner, c’est la façon désinvolte sans recul dont la presse sénégalaise s’est comportée après la publication de cet article regorgeant d’informations spécieuses. La raison d’une telle attitude qui n’est pas celui d’un journaliste est sans doute liée à la qualité rédactionnelle du journal de Beuve-Mery historiquement prisé par les intellectuels de tous poils. Des confrères, avec des indignations sélectives, ont repris aveuglément in extenso l’article du Monde sans un souci de précaution, sans une lecture profonde et intelligible en s’adonnant, à l’instar des politiciens, à des commentaires qui sonnent parfois comme un verdict de tribunal sans recours. Des débats radios et des plateaux télé ont été organisés à la hâte et les débats truffés de «si…, si…» ont tourné autour de suppositions, supputations et d’hypothèses.
Certains ont évoqué le «sérieux» du journal Le Monde pour donner un brevet d’objectivité et de vérité à l’information de Stéphane Mandard. Aujourd’hui les rétractations de ce dernier et les dénégations de Lamine Diack montrent que plusieurs journalistes sénégalais ont fait preuve de désinvolture dans le traitement de l’information en question.
De plus en plus cette presse tropicale souffre incurablement de quatre pathologies : la subjectivité, la suffisance, la sujétion, et la superficialité. Toutefois il y a des confrères qui ne sont pas tombés dans la légèreté immonde du Monde. Ceux de la RFM ont fait preuve de professionnalisme en interrogeant à brûle-pourpoint la source des accusations contre le candidat de l’Apr à la présidentielle de 2012. Pourtant nous reprochons toujours à nos autorités surtout aux différents présidents sénégalais de faire toujours la part belle à la presse de Marianne quand il s’agit d’exclusivité. Mais rien dans nos attitudes et dans nos reprises brutes d’articles de la presse française ne nous différencient de ce que font nos autorités vis-à-vis de cette dernière. Nous devenons passivement le réceptacle sans discernement des toutes les pourritures de la presse occidentale. La conséquence : l’indigestion médiatique.
Avec cette kyrielle de bourdes qui inondent régulièrement ses parutions, n’est-il pas temps que le journal Le Monde, qui est le fleuron de la presse française, retrouve la rigueur et le sérieux qui ont, jusqu’à récemment, fait sa réputation ?
Lors de la conférence organisée ce samedi, au siège de la Ligue démocratique (Ld) sur le thème : «Le parlement au Sénégal : forces et faiblesses ; défis et perspectives», la sociologue Fatou Sow Sarr n’a pas été tendre avec les partis de gauche. «La gauche a changé», estime la sociologue qui révèle que la valeur argent prime désormais sur les idéologies. A l’en croire, tout le monde veut manger à la table du président de la république.
C’est dans un élan de restaurer le débat d’idées au centre de l’action politique et de la formation des militants que la Ligue démocratique (Ld) a initié des conférences publiques, une fois par quinzaine. «Le parlement au Sénégal: forces et faiblesses; défis et perspectives», a été le thème autour duquel, deux panélistes, en l’occurrence le député Oumar Sarr et la sociologue Fatou Sow Sarr ont planché, ce samedi, au siège dudit parti. Dans son exposé, le député non inscrit, par ailleurs patron du groupe de refondation du parti Rewmi, a fait le diagnostic de l’image négative que le peuple se fait de l’Assemblée nationale. Et cet affaiblissement est dû « à l’inféodation du législatif sur l’exécutif ». Mais également sur les profils des députés et les documents de travail qui sont servis par le gouvernement. «Il est difficile d’avoir un député expert sur toutes les questions qui sont posées. Il y a un manque d’assistance technique sur ce plan», indique le conférencier.
Toutefois, admet-il, «les facteurs d’ordre comportemental individuel sont tellement spectaculaires que l’opinion ne retient que la faute individuelle d’un député qu’on met sur le dos de l’ensemble des 150 députés. Parfois c’est l’incompétence ou l’inculture d’un seul député», faitil remarquer, avant de se désoler du comportement du peuple qui, dit-il, «est très exigeant et peu tolérant vis-à-vis des parlementaires ».
FATOU SOW SARR : « LA GAUCHE EST CORROMPUE PAR LE POUVOIR »
Pour la sociologue Fatou Sow Sarr, le mal est plus profond et prend ses racines au niveau des partis politiques, surtout de la gauche. A l’en croire, les partis de gauche ne sont plus ce qu’ils étaient. Devant cette absence de conviction des dirigeants des partis, la sociologue invite à revoir le choix des leaders et le fonctionnement des partis. «La gauche a changé. C’est la valeur argent qui prime désormais sur tout », se désole la sociologue qui invite les femmes à plus d’ambition pour diriger les partis politiques.
Poursuivant, la sociologue ne fait pas dans la dentelle et affirme que la gauche est corrompue par le pouvoir. Selon la panéliste, tout le monde veut manger à la table du Président, avoir des véhicules, des biens etc. Ainsi, « dès lors que les valeurs qui fondent les partis sont sacrifiées à l’autel du matérialisme politique, la sociologue estime qu’on ne devrait plus parler de partis de droite ou de gauche. Mieux vaut créer de nouveaux courants», suggère-t-elle.
L’IMAGE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE EST NEGATIVE
Très ouvert à la critique, notamment en ce qui concerne la représentation des femmes dans les partis politiques et aux instances de décisions, le secrétaire général de la Ligue démocratique, Mamadou Ndoye, estime qu’il y’a des efforts à faire. C’est ainsi qu’il invite les hommes à une remise en cause afin d’identifier les obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour les lever. Revenant sur le thème de la conférence, Mamadou Ndoye révèle que le problème du parlement réside dans son image et dans la perception que la population se fait de l’Assemblée Nationale. «L’image du parlement est négative», martèle M. Ndoye qui justifie ce constat par la prédominance de l’Exécutif sur le Législatif qui donne, à l’en croire, «cette impression d’inféodation et donc d’un parlement qui ne joue pas son rôle de contrôle de l’Exécutif, qui ne joue pas son rôle de voix du peuple face à l’Exécutif». Cependant, pour corriger ces faiblesses qui renvoient cette image négative du parlement, le secrétaire de la ligue démocratique prône des réflexions prospectives en vue des prochaines réformes institutionnelles. «Comment rééquilibrer les pouvoirs entre les différentes institutions? Comment donner plus d’autonomie à l’Assemblée Nationale? Comment renforcer les capacités techniques à l’Assemblée nationale? Autant de questions que les réformes doivent prendre en compte pour et vont avoir un impact sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale », souligne le patron des Jalarbistes.
MEDIAS EN PANNE DE DEBATS D’IDEES
Le secrétaire général de la Ligue démocratique s’est réjoui de la qualité des débats. A l’en croire, cette conférence vient à son heure, car les Sénégalais, dit-il, avaient soif de débat d’idées. «Nous sommes en panne de débats d’idées », souligne le patron de la Ld qui n’exclut pas de rencontrer les directeurs de médias pour discuter de ces problèmes. «Dans ce pays, nous ne pouvons plus continuer dans cette histoire où le plus idiot est toujours le meilleur», dénonce-t-il.
Par Amadou BA
BRUIT ET FUREUR MEDIATIQUE !
Le Sénégal n’est pas à l’abri des réseaux obscurs qui confisquent la stabilité des Etats africains pour leurs seuls intérêts et profits avec la complicité d’une élite politique
Le Sénégal politique a vibré le week-end dernier au rythme du scandale de corruption qui a fini d’éclabousser le clan de l’un des plus illustres Sénégalais : Lamine Diack. Sans doute poussé à bout par Renaud Van Ruymbéké, le juge anti-corruption le plus redouté de France, l’ancien président de l’Iaaf est passé à table. Des aveux retentissants dont les échos ont résonné au delà du palais de la République surtout que le quotidien français «Le Monde» a commis l’imprudence d’indexer directement Macky Sall alors que les propos de Lamine Diack visaient l’opposition au régime de Wade en général.
Comme à son habitude, l’entourage du Président Macky Sall, toujours prêt à foncer droit au mur en klaxonnant s’en est donné à coeur joie en démentant systèmatiquement ce qui n’était qu’une allusion savamment distillée (à dessein peut-être) par nos confrères français. En 48 heures, trois journalistes ont reçu une convocation à déférer devant la Dic, de même que le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (Pds) Oumar Sarr, placé en garde à vue depuis samedi, en attendant d’être présenté devant le procureur probablement ce lundi
C’est connu : depuis 2012, les critiques contre le Président de la République excitent la boulimie de son entourage avec un formidable appétit de démentir, de prendre sa défense en promettant d’envoyer ses adversaires dans une mine de sel, les pieds nus, avec des plaies ouvertes. Le week-end dernier encore, les partisans du Président ont bombardé les Sénégalais de réactions épidermiques, de propos et d’actes parfois incongrus là où il fallait simplement expliquer, pour permettre aux Sénégalais de se forger leur opinion à partir d’élèments factuels et précis.
Le problème, c’est que trop souvent l’émotion l’emporte sur la lucidité et plus souvent les faits et gestes posés relèvent plus de réaction épidermique que d’application de plan mûrement réfléchi. Le problème, c’est que de plus en plus, la passion prend le dessus sur la clarté du discours du pouvoir. Le président a été plébiscité par les Sénégalais en 2012, d’abord pour la sagesse, le calme et la sérénité qui se dégageaient dans ses prises de position. Les Sénégalais appréciaient surtout le personnage policé au style consensuel, pas du tout conflictuel.
Il est d’ailleurs paradoxal de constater qu’au moment où l’entourage du Président squattait les plateaux de télévision, Khalifa Sall faisait le choix de se taire, lui qui est directement et précisémment concerné par un extrait des auditions dans la partie qui traite des élections municipales de 2009 à Dakar. Si le maire de Dakar a un orgueil à tirer de sa vie politique, ce sera à la fois cette faculté qu’il a de décrypter, d’interpréter et de prescrire l’opinion publique à partir de postures recherchées. Il a ce sens subtil de communiquer directement avec les Sénégalais, en évitant de se mouiller. Aucun mot de compassion pour Lamine Diack. Aucun démenti comme s’y est employé avec énergie le camp de Macky Sall alors que Lamine Diack est connu pour être un de ses proches et un de ses plus grands parrrains à l’international qu’il considère d’ailleurs comme un père.
Au-delà des leçons autour du bruit médiatique, il est aujourd’hui frappant de relever que le Sénégal n’est pas à l’abri des réseaux obscurs qui confisquent la stabilité des Etats africains pour leurs seuls intérêts et profits avec la complicité d’une élite politique. L’argent-roi, celui des amis, des copains et des coquins, est au coeur de l’action politique. D’où l’impératif de mettre en place un système de financement des partis politiques et une législation claire sur le plafonnement des dépenses de campagne.
HEUREUSEMENT QUE LE MONDE AUSSI SE TROMPE !
Que dire enfin du personnage Lamine Diack que l’on a déifié au Sénégal au point de vouloir en faire un président de transition en 2012. Un homme respecté pour tout le service qu’il a rendu au sport mondial. En moi résonne déjà sous forme de réminiscence, ces vers extraits du monologue de Don Diègue dans le Cid de Corneille : « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras qu’avec respect tout l’Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Oeuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d’où tombe mon honneur.
Lamine Diack que toute l’Afrique admirait tombe de son piédestal au crépuscule de sa vie. Heureusement du reste que ces révélations ont été faites par un journal français. Qu’adviendrait-il si un confrère sénégalais avait eu l’outrecuidance de publier de telles inepties ? Vérité ailleurs, mensonge ici ! Les cris d’indignation, les lapidations médiatiques auraient sans doute fusé de partout et une note d’excuse à l’endroit des lecteurs et non à l’endroit des personnes citées à tort n’auraient jamais suffi à assouvir la colère de nos dirigeants. Heureusement que Le Monde aussi se trompe et trompe tout le monde en même temps. On lui pardonne aujourd’hui ce qu’on ne tolère jamais à la presse sénégalaise. Ça s’appelle simplement le complexe du colonisé.
754 MILLIARDS DE CHIFFRE D’AFFAIRES ENREGISTRES, SOIT 6,25% DE CROISSANCE ANNUELLE
ETAT DES LIEUX DU SECTEUR DES TELECOMMUNICATIONS EN 2014
SALY - Le secteur des télécommunications se portent bien au Sénégal. En effet, selon l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), le secteur a enregistré un chiffre d’affaires de 754 milliards de francs Cfa en 2014. Soit une croissance moyenne annuelle de 6,25%. La part de la téléphonie mobile représente 51,41 de ce chiffre d’affaires.
Dans sa présentation, samedi dernier, lors d’un séminaire de formation et de partage avec les journalistes sur les secteurs régulés par l’Artp, Seyni Faty, directeur de l’économie et des marchés à l’Artp, a révélé que le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile a crû de 2,77% sur les 5 ans. Même s’il a connu une baisse de 21,47% en 2014, par rapport à 2013 où le secteur a enregistré le pic le plus important du chiffre d’affaires.
Le volume des trafics estimé à 17 milliards de minutes en 2014
Il a souligné que le parc des lignes de téléphones mobiles suit une tendance à la hausse avec une croissance annuelle moyenne de 11,50% sur les 5 ans. Soit un taux de pénétration qui suit la tendance du parc avec 106,45% constaté en 2014.
Aussi, Seyni Faty de montrer que le volume du trafic a augmenté de 21,75% au cours des 5 dernières années et est estimé en 2014 à 17 milliards de minutes. Le trafic a augmenté en 2014 par rapport aux années précédentes avec un taux de croissance de 33%, contre, respectivement, 31% en 2013 et 28% en 2012, a expliqué l’ingénieur qui a informé, par ailleurs, que l’évolution du parc Internet a atteint 6.858.423 lignes en 2014, soit une pénétration de 50,77%.
Plus de 32 millions de colis échangés sur tout le territoire en 4 ans
Toutefois, si le secteur postal a perdu sa puissance dans le domaine des transferts d’argent, il n’en demeure pas moins qu’il a comblé le gap dans le secteur des colis où il est en pleine croissance. D’après Adama Diouf, le chargé des marchés postaux à l’Artp, dans sa présentation, 32.854.695 objets ont été échangés sur le territoire sénégalais au cours des 4 dernières années. Soit une hausse de 8,13% en 2013. Notamment 24.000 colis en 2011, 35.000 colis en 2012, 50.000 en 2013 et 60.000 en 2014.
Il a confié, en outre, que les opérateurs ont investi 1,8 milliard de francs Cfa rien qu’en 2014. Ce qui représente une augmentation de 74,82% par rapport à 2013. Dans la même foulée, il relève que les revenus en 2014 des opérateurs autorisés sont estimés à 16 milliards de francs Cfa.
PAR THIERNO LO
CE QUE J’EN SAIS ET MON POINT DE VUE SUR LA SITUATION DU PAYS
L’affaire du président Lamine Diack me sort de ma retraite, car fatigué du manque de hauteur de certains de mes compatriotes qui occupent les médias pour des invectives, de la délation, et du traitement de sujets sans aucun intérêt pour les populations. Je saisis l’occasion pour témoigner car l’histoire en a besoin. J’ai rencontré deux fois de suite le président Diack par le canal d’un ami commun, il y a de cela un an.
Nous nous sommes voué beaucoup de respect et d’estime et avons parlé des problèmes de notre pays. C’est pourquoi je confirme ce qu’il a dit à Alassane Samba Diop et ce qu’il m a dit : J’ai été reçu en audience par le Président Wade pour le problème de notre stade, je lui ai manifesté mon opposition, et devant son refus de satisfaire ma demande, je l’ai regardé dans les yeux pour lui dire qu’il va m’avoir devant lui et que je vais le combattre».
Il a ajouté : «Tu sais Thierno, tous les candidats à l’élection présidentielle sont venus me voir pour me proposer d’être candidat à l’élection, et la seule condition que j’ai posée était que je sois le candidat unique de l’opposition. J’ai eu à dissuader certains en leur disant : «Vous n’avez aucune chance et vous avez intérêt à garder votre caution de 65 millions. Je me suis investi auprès des jeunes, de la société civile, et des mouvements associatifs pour faire tomber le Président Wade et j’y ai mis beaucoup d’énergie».
Dernière révélation : «Il faut que le Président Macky respecte les conclusions des Assises et ce que je ne lui pardonnerais pas en ce qui me concerne, c’est le cumul de la présidence du parti avec celui de président de la République et je suis capable d’appeler Pape Alé Niang pour l’attaquer à travers son émission.»
Pas une seule fois il ne m’a dit avoir financé d’autres que les jeunes. Donc ne lui prêtons pas d’autres propos, jusqu’à preuve du contraire. Ceci étant, cette malheureuse occasion me permet d aborder des questions plus essentielles que ces problèmes de corruption, car cette dernière, bien qu’elle soit un cancer qui peut dévorer le tissu social, n’est pas un produit de l’Afrique, elle nous provient de ces pays qui ont colonisé ce continent, et qui continuent à nous réguler par toutes sortes de maux.
Devant les enjeux de la mondialisation, notre pays balbutie, et malgré le cinquantenaire d’indépendance de notre cher Sénégal, le point d’interrogation comme celui que l’Afrique pose au monde dans sa forme géographique, reste entier et sans réponse.
C’est pourquoi je rappelle encore et encore, que la bataille pour le pouvoir ne se justifie pas toujours, elle obéit à un calendrier électoral républicain et doit être considérée à la lumière des intérêts supérieurs de la Nation,
Le Sénégal a besoin de tous ses fils et s’opposer est une des valeurs constantes de la démocratie, mais changer, comme je l’ai dit dans d’autres endroits, systématiquement de régime juste pour récupérer le pouvoir, n’est pas un avantage pour notre pays, et privilégier des ambitions personnelles à l intérêt commun est loin d’être un devoir.
J'ai du mal à chaque fois que je lis ou écoute mes amis du Pds déverser leur colère sur le Président Macky Sall, avec qui ils ont partagé des moments d’approfondissement de notre démocratie de protection des libertés, du pluralisme dans tous les domaines. Je leur demande de faire des efforts sur eux-mêmes pour répondre de façon positive à son appel du 12 décembre dernier, afin que nous puissions tous ensemble prendre notre destin en main.
C’est dans la rencontre et le respect que germent toutes les bonnes solutions. Le chantage, la pression et la violence verbale ne font que creuser des plaies et figer des positions.
Essayer d’affaiblir le régime du Président Maky Sall pour l’empêcher d’avoir un second mandat, c‘est comme je l’ai dit lors de mes sorties dans la presse, préférer un «Surplace du pays» pendant 10 ans, puisque l’actuel régime n’aurait pas le temps de réaliser toutes ses ambitions pour le pays, ni d’ailleurs le successeur qui passerait son mandat à démanteler tous les jalons qui auront été posés et aura la même contrainte de temps.
Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter mon ami Babacar Gaye sur la Crei. C’est une annonce de revanche et c’est la chose la mieux partagée au sein de l’opposition.
«Le Nord ne veut pas le développement du Sud. Nous n’avons pas le sentiment qu’on fait tout ce qu’il faut pour développer l’Afrique. Je ne dis pas qu’il n y a pas d’aide, parce que de toute façon, quand on transfère de l’argent de la France vers l’Afrique, l’argent vient bien de quelque part. Ce n est pas nier mais quant à aller croire que le développement de l’Afrique c’est la priorité pour les Européens, ce n est pas vrai.», disait le Président Wade.
Il faut avoir conscience que les grandes puissances n’ont rien à cirer de l’absence de démocratie ni d’abus des droits de l’Homme ni d’excès de corruption, ce qui les intéresse, ce sont les intérêts stratégiques politiques et économiques et il n y a aucune exception à ce constat.
Le Président Macky Sall l’a compris, il suffit de relire ses dernières interventions dans les différentes rencontres internationales et sa clairvoyance, qui est de mettre en place le Plan Sénégal émergent, qui transcende son mandat, et qui reflète une posture d’homme d’Etat à différencier de l’homme politique qui ne pense qu’à son mandat.
Il a compris que, comme dit dans la lettre ouverte que je lui avais adressée en 2014, la souveraineté alimentaire par l’autosuffisance était une question de dignité et de souveraineté nationale. Il a compris que s’approprier son indépendance économique commence par la maîtrise de l’autosuffisance, le contrôle d’une industrie alimentaire de proximité et précipiter l’industrialisation.
Le projet de chemin de fer, les universités, le Pudc avec ses pistes de production, le pôle de Diamniadio qui va voir une ville moderne répondant aux standards internationaux, l’important progrès dans la formation des acteurs et les plans sociaux pour les couches les plus défavorisées suffisent pour regrouper toutes nos énergies et intelligences autour de lui.
Nous devons mettre en veilleuse nos différentes ambitions pour l’aider à relever ce défi qui nous est commun. Il est le serviteur de la République ; aidons-le pour que notre pays fasse un grand bond en avant. Il est temps et nous sommes tous interpellés. Ça bouge dans la sous-région, les investisseurs sont partout, les régimes autoritaires disparaissent et la concurrence va être rude.
L’ampleur des défis auxquels est confronté notre pays ne doit laisser le choix à aucun patriote. Nous devons travailler très dur pour rattraper toutes ces années perdues pour sortir notre Peuple de l’ignorance, des maladies, du chômage, et de lui ouvrir les voies pour accéder au bien-être, car il en a le droit et pour cela, débarrassons-nous de notre égoïsme citadin et de premiers servis, de nos ambitions de vouloir tous être des présidents de la République, posture qui, au-delà de la volonté du Peuple, relève de la volonté divine que personne ne peut entraver.