COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES DU 04 NOVEMBRE 2015
Le Conseil des Ministres s’est réuni le mercredi 04 novembre 2015 au Palais de la République, sous la présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Macky SALL.
A l’entame de sa communication, le Président de la République présente ses meilleurs vœux de nouvel an à la Oumah islamique, à la communauté musulmane du Sénégal, et exprime par la même occasion la solidarité de la Nation à la communauté chrétienne qui vient de célébrer la fête de la Toussaint.
La coexistence exemplaire des communautés religieuses du Sénégal et la qualité du dialogue islamo-chrétien demeurent, pour lui, un atout social inestimable, socle de la stabilité et de la cohésion nationale.
Abordant la question de la rénovation du dialogue entre l’Etat et les Collectivités locales, le Chef de l’Etat rappelle qu’il a initié, dès 2012, l’Acte III de la décentralisation pour accélérer la réforme de l’Etat et moderniser l’action publique territoriale.
Sous ce rapport, le Président de la République indique l’impératif d’impulser et d’accompagner le processus de rénovation du dialogue entre l’Etat et les Collectivités locales et entre les Collectivités locales elles-mêmes, en vue de bâtir des consensus territoriaux dynamiques et des partenariats crédibles, pour le bien-être des populations.
Ce dialogue rénové permettra également d’assurer l’évaluation et le suivi permanents des impacts et problématiques de la nouvelle réforme de la décentralisation, notamment aux plans juridique, administratif et économique.
Dans cette dynamique, le Chef de l’Etat décide de créer, auprès de lui, une entité stratégique consultative chargée de faciliter le dialogue entre l’Etat et les Collectivités locales et d’en assurer le suivi.
Poursuivant sa communication sur la nécessité de mettre en cohérence les infrastructures et équipements publics au niveau du pôle urbain de Diamniadio, le Président de la République insiste sur l’impératif de mieux maîtriser l’agenda de réalisation de tous les ouvrages publics prévus dans la zone, à travers leur financement adéquat dans le Programme triennal d’Investissements publics (PTIP) 2016-2018.
A ce titre, le Chef de l’Etat demande au Premier Ministre de veiller à l’intensification des travaux d’aménagement du Pôle urbain de Diamniadio, à l’exécution des projets publics prévus sur le site et au respect des engagements pris par les promoteurs-développeurs concernant notamment la construction de logements.
Le Président de la République a clos sa communication sur son agenda diplomatique, le suivi de la coopération internationale et des partenariats. A ce titre, Il a informé le Conseil de sa participation au Forum économique de la Francophonie qui s’est tenu le 27 octobre 2015, à Paris, au 3ème Sommet Inde-Afrique qui a eu lieu à New Dehli le 29 octobre 2015.
Il a également pris part, le mardi 03 novembre 2015, à la cérémonie officielle d’investiture de Son Excellence Monsieur Alassane OUATARA, Président de la République de Côte d’Ivoire.
Le Premier Ministre dans sa communication a rendu compte des activités qu’il a menées dans le cadre de la coordination de l’activité gouvernementale.
Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a fait le point sur la conjoncture économique nationale et internationale. Il a également présenté le Programme triennal d’Investissements publics (PTIP), 2016-2018.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rendu compte du suivi de la campagne agricole et du déroulement de celle relative à la commercialisation.
Le Ministre de la Promotion de la bonne Gouvernance et du NEPAD a rendu compte de la mission qu’il a effectuée au Japon.
Concluant le débat général, le Président de la République félicite le Gouvernement pour les différentes réformes entreprises, qui ont fait gagner à notre pays trois places dans le dernier classement Doing Business, ce maintenant, ainsi, pour la deuxième fois consécutive dans le groupe des dix meilleurs réformateurs au monde.
Le Chef de l’Etat demande enfin au Gouvernement de finaliser dans les meilleurs délais la procédure de séparation à l’amiable engagée avec l’actionnaire majoritaire de la SUNEOR et de diligenter, après évaluation, un schéma efficace de privatisation de cette société, qui prend en compte les intérêts des travailleurs, des industriels et de l’Etat.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a adopté le projet de loi portant approbation du Programme triennal d’Investissements publics 2016-2018.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
ATTENTION ! DÉRIVES…
L’Etat doit coupler fermeté et souplesse pour traiter ces cas présumés de terrorisme sans heurter les convictions des partisans des imams mis en cause et ni violer leur dignité
Saliou Guèye, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 04/11/2015
Le besoin de sécurité est une préoccupation fondamentale de l’homme. Et la première fonction de l’Etat est d’assurer la sécurité extérieure c’est-à-dire contre les agressions de la part de groupes ou d’Etats souverains. A cela s’ajoute la sécurité intérieure afférente à la protection physique des individus et de leurs biens. Les instruments de l’Etat pour assurer ces fonctions sont l’armée et la police et la justice.
Il est évident que l’Etat, détenteur de la violence légitime et contrôlant la force publique c’est-à-dire l’armée et la police, dispose d’un privilège exclusif pour exercer légalement cette violence. Il arrive que la tentation soit grande pour que cette violence déborde de son champ normatif pour verser dans l’arbitraire. Et dès l’instant qu’une telle situation de violation du droit d’un ou des citoyens se produit, on risque d’assister à une situation de refus, de résistance voire de révolte.
Aujourd’hui beaucoup de pays sont confrontés à un problème de terrorisme. Et si on en est arrivé à ce point-là, c’est parce que les Etats concernés ont fait le lit du terrorisme à cause des maladresses commises pour combattre ce fléau des temps modernes.
Terrorisme algérien des années 90
En Afrique, le parfait exemple des dérives étatiques qui ont conduit à un cycle de violence infernal est sans doute celui de l’Algérie des années 1990. Lors des élections locales du 12 juin 1990, premières élections libres en Algérie, le Front islamique du Salut (FIS) avait remporté 953 communes sur 1539 et 32 wilayas sur 48 soit 54,3% des suffrages exprimés.
Le 26 décembre 1991 a eu lieu le premier tour des élections législatives. Le parti islamique d’Abassi Madani et d’Ali Belhadj (mis en prison après la grève totale commanditée par le FIS en 1991) dirigé par Abdelkader Hachani frôle la majorité absolue avec 3 260 000 de voix soit 47,54% des suffrages exprimés et décroche 188 des 430 sièges de l’Assemblée nationale contre 25 pour le Front des forces socialistes (FFS), 15 pour l’ex-parti unique, le Front de libération nationale (FLN), et 3 pour les candidats indépendants.
Avec plus de 140 ballotages favorables, le FIS est même pratiquement assuré de remporter la majorité absolue à l’issue du second tour prévu à la mi-janvier. Prenant acte de la situation qui prévaut, et qui risque de tourner à son désavantage, l’armée dirigée par le général Khaled Nezzar, sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamiste, décide le 11 janvier 1992 de pousser à la démission le chef de l’État, le président Chadli Bendjedid, et d’interrompre le processus électoral. Le scrutin est annulé. Une partie de la classe politique, regroupant des membres du régime et certains partis d’opposition, soutient la décision des militaires tandis que le FIS et certains autres opposants voient en elle un coup d’Etat. Le FIS est déclaré hors-la-loi en mars 1992.
Les municipalités qu’il gère sont dissoutes, les mosquées qu’il contrôle dépolitisées et de très nombreux dirigeants et militants emprisonnés. Une nuit cauchemardesque tombe sur l’Algérie. Les violences commencent presqu’aussitôt. Le pays s’enfonce dans une crise profonde, prélude d’une longue décennie de violence, la plus meurtrière de son histoire post-indépendance.
L’Armée islamique du Salut (AIS), la branche armée du FIS, entre en action en juillet 1992 en s’attaquant à l’armée et à des objectifs publics. Le Groupe islamique armé (GIA), la plus radicale et la plus violente des organisations algériennes se réclamant de l’islamisme intégriste, se lance dans une violence inouïe en déclarant une guerre totale au gouvernement, aux intellectuels et aux agents de l’Etat. C’est ce qu’on appelle la décennie noire qui durera de 1992 à 2002 avec plus de 100 000 personnes tuées, des milliers de disparus, un million de personnes déplacées, des dizaines de milliers d’exilés et plus de vingt milliards de dollars de dégâts.
De Mohammed Yusuf à Boko Haram
Et depuis 2009, le Nigeria avec Boko Haram a emboité le pas de l’AIS et GIA avec une série d’attentats à laquelle le pouvoir central reste impuissant. Il faut préciser que la secte Boko Haram fondée par Mohammed Yusuf n’avait pas initialement des objectifs terroristes et insurrectionnels déclarés contre le pouvoir nigérian.
Il importe de souligner que l’exécution de Mohammed Yusuf, père fondateur de ladite secte, par les forces de sécurité, en a fait un martyr. Et la répression aveugle de ses fidèles et sympathisants qui s’en est suivie a été une grave erreur stratégique parce qu’elle aura contribué à radicaliser le mouvement Boko Haram. L’élimination physique de Mohammed Yusuf a par ailleurs légitimé les éléments les plus radicaux de ladite secte, favorables au basculement dans la violence terroriste. Et le 26 août 2011, un attentat-suicide contre les bureaux des Nations Unies à Abuja a notamment révélé au grand jour la dimension internationale prise par une organisation. Depuis lors, le pouvoir central nigérian, aidé par les puissances étrangères africaines et occidentales, ne parvient pas à juguler les assauts terroristes de Boko Haram, dirigé par un disciple de Mohammed Yusuf en l’occurrence Abubakar Shekau. Pire Boko Haram est devenue une menace sérieuse contre la paix, la sécurité et la stabilité des régions d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Ainsi après plusieurs centaines de victimes et biens publics détruits, le gouvernement fédéral nigérian admet aujourd’hui que la brutalité de la répression contre les sectaires de Boko Haram s’est avérée contreproductive.
L’émergence du terrorisme nouveau
Récemment l’ex-Premier ministre Tony Blair a présenté ses plates excuses en reconnaissant que les renseignements qui l’ont conduit avec Georges Bush à investir l’Irak le 20 mars 2003 n’étaient pas avérés. Ce fut une immense partie de poker menteur. Et c’est cette situation qui a fait le lit de l’organisation terroriste de Daesh qui a étendu ses tentacules jusqu’en Libye, pays détruit par la seule volonté de Nicolas Sarkozy.
Si la Libye, l’Irak et le Nigeria sont devenus les terreaux fertiles du terrorisme, c’est à cause de l’arbitraire de certains chefs d’Etat qui ont cru que, pour servir leurs intérêts propres ou pour assouvir leur haine vindicative, il fallait illégalement user de leur puissance militaire pour écraser leurs ennemis. Le résultat est que, aujourd’hui, le monde est plongé dans une spirale de violence sans fin dont les cibles privilégiées sont leurs promoteurs. Rien qu’en 2014, 31 000 personnes ont trouvé la mort dans des attaques terroristes.
Éviter l’erreur du Nigeria
Le Sénégal dans sa stratégie d’anticipation et de lutte contre le terrorisme utilise ses services compétents pour démanteler tous les réseaux ou présumés réseaux dormants du terrorisme depuis plus d’une décennie. C’est ainsi que depuis 2003, l’imam Mamour Fall, expulsé d’Italie pour avoir fait l’apologie du terrorisme, est répertorié par les services secrets étrangers et surveillé par les services secrets sénégalais. Mais depuis un certain temps, la lutte contre le terrorisme s’est intensifiée avec l’arrestation le 5 octobre dernier de l’imam Ibrahima Sèye de Kolda surveillé depuis quelques temps à cause de ses sermons radicaux et virulents contre le président de la République et ses homologues américain et français. Il est soupçonné d’entretenir des relations avec des organisations mondiales terroristes.
A cela s’ajoute la mise aux arrêts de l’imam Alioune Badara Ndao de Kaolack pour des liens supposés avec l’organisation terroriste Boko Haram. Le dernier imam arrêté habite Rufisque.
Il est normal que l’Etat dont la mission régalienne première est d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens interpelle tout citoyen soupçonné d’avoir des collusions avec un mouvement terroriste et au besoin le placer sous mandat de dépôt en attendant que les enquêtes judiciaires le confirment ou l’infirment. Il s’agit certes d’une stratégie louable aux yeux de plusieurs citoyens qui recommandent beaucoup plus de vigilance de la part de l’Etat, si l’objectif visé est de déjouer toute atteinte à la sécurité du pays.
Reste que des inquiétudes subsistent quant à la bonne application des consignes données pour appréhender ces imams. En effet, la descente menée chez l’imam Sèye laisse planer des doutes sur la régularité de la procédure utilisée par les forces de l’ordre lors de son arrestation. La manière brutale et humiliante avec laquelle le président de la Ligue régionale des imams et prédicateurs de Kaolack a été arrêté nuitamment n’a pas manqué de heurter ses proches et de révolter ses fidèles coreligionnaires. Des voix se sont élevées pour moufter et condamner les atteintes à la dignité de l’imam de Kaolack. Certains de ses fidèles versent même dans la menace. Ce qu’il faut prendre très au sérieux. De telles pratiques, loin de faire l’unanimité, contribuent beaucoup plus à créer la psychose et à alimenter un sentiment de révolte.
Les erreurs commises avec l’exécution du fondateur de Boko Haram, Mohammed Yusuf, doivent être évitées par nos services de sécurité. Pour les adeptes du djihadisme, le terrorisme est devenue la seule arme des faibles et des humiliés contre les puissants qui usent de l’arbitraire pour les opprimer. L’Etat doit coupler fermeté et souplesse pour traiter ces cas présumés de terrorisme sans heurter les convictions des partisans des imams mis en cause et ni violer leur dignité. Il faut éviter en voulant servir une bonne cause qui est celle d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens de servir (in)consciemment les desseins d’une idéologie mortifère.
Dakar, 4 nov (APS) - Six pays du Sahel vont bénéficier du Projet régional d’autonomisation des femmes et le dividende démographique (SWEDD), financé avec 205 millions de dollars US – environ 102,5 milliards de francs CFA - par la Banque mondiale, pour une durée de quatre ans, a-t-on appris mercredi de source onusienne.
Le SWEDD, lancé lundi dernier à Niamey (Niger), en présence du Premier ministre nigérien Brigi Rafini, concerne le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, selon un communiqué du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
Ce projet est une "réponse conjointe des Nations unies et du groupe de la Banque mondiale" à un appel lancé par les chefs d’Etat des pays concernés.
"La mise en œuvre de ce projet contribuera à l’amélioration des conditions de vies des femmes, des enfants, des jeunes et des adolescents" vivant dans les pays concernés, a expliqué le directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué Ngom.
Il a salué, dans le communiqué, "l’engagement fort" des chefs d’Etat des pays concernés par cette initiative.
Dakar, 4 nov (APS) - Le président par intérim de la FIFA, Issa Hayatou, par ailleurs président de la Confédération africaine de football (CAF), a indiqué avoir voulu céder sa place à son vice-président, le temps de son intérim à la tête du football mondial, mais a dû revenir sur cette décision à cause d’un refus du comité exécutif de l’instance africaine qui a refusé de l’avaliser.
"J’ai voulu céder la place à mon premier vice-président, mais le comité exécutif a refusé en disant que le délai était très court", a déclaré Hayatou dans un entretien paru dans le quotidien gouvernemental camerounais Cameroon Tribune.
Hayatou a fait cette précision à l’occasion d’une cérémonie d’hommage qui lui a été rendue lundi dernier.
Le président de la CAF, en tant que vice-président senior de la FIFA, assure l’intérim de Joseph Blatter à la tête de l’instance dirigeante du football mondial, après la suspension de 90 jours décidée par sa commission d’éthique à l’encontre du Suisse.
Entre autres raisons, il est reproché à Blatter un versement illégal de deux millions de francs suisses au bénéfice de Michel Platini, le président de l’UEFA.
Hayatou assure avoir voulu quitter la présidence de la CAF le temps de cet intérim, mais il a indiqué que cette injonction de son comité exécutif l’avait amené à revenir sur cette décision.
"Je vais me plier en quatre pour pouvoir assumer mes deux fonctions", a-t-il dit dans le même entretien.
Dakar, 4 nov (APS) - L’ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le Sénégalais Lamine Diack, a été mis en examen à Paris dans un dossier de corruption lié à la lutte antidopage, rapportent plusieurs médias français.
Lamine Diack a été mis en examen lundi à Paris, a indiqué mercredi une source judiciaire qui confirmait une information de la chaine d’info continue ’iTÉLÉ.
Son conseiller juridique, l’avocat Habib Cissé, a également été mis en examen par deux juges financiers parisiens.
’’Lamine Diack et son conseiller juridique sont soupçonnés d’avoir touché de l’argent de la part de la Fédération russe afin de cacher des cas de dopages’’, souligne t-on.
La même source a précisé qu’un médecin, en charge de la lutte antidopage à la fédération internationale, a été placé en garde à vue
L'ÉTAT N'A PAS LES MOYENS DE SCOLARISER TOUS LES ENFANTS
Malick Soumaré, directeur de l'enseignement privé au ministère de l'Éducation
Depuis quelques années, l'école sénégalaise est caractérisée par des échecs massifs. Pour expliquer le phénomène, l'on indexe souvent l'instabilité dans les établissements publics. Mais le privé qui attire de plus en plus les parents et leurs enfants ne fait pas mieux. Dans cet entretien accordé à EnQuête, le chef de la division de l'enseignement privé au ministère de l'éducation nationale donne sa version des faits et soutient l'importance de ces structures qui soutiennent l'État dans sa mission de garantir une éducation à tous les fils du pays.
En tant que responsable de la division de l'enseignement privé, quel regard portez-vous sur ce sous-secteur de l'éducation nationale ?
L'enseignement privé se porte bien. Il continue à accompagner l'État dans la mission qui lui a été confiée. Cela se confirme par l'accroissement des effectifs. Les parents continuent à faire confiance à l'enseignement privé. Les écoles continuent à faire des résultats, bons comme mauvais. Donc il se porte comme il doit se porter.
Qu'est-ce qui a poussé l'État à libéraliser le secteur de l'enseignement ?
C'est dû à des contraintes d'opportunité. L'État n'a pas les moyens de scolariser tous les enfants. C'est une obligation régalienne. Il lui revient de scolariser tous les filles et fils du pays. Mais ne pouvant pas assurer cette mission qui est un droit, il a donné l'opportunité aux privés de l'accompagner dans cette tâche. Ce n'est pas pour privatiser, mais c'est parce que les ressources de notre pays ne permettent pas de faire face à la demande de l'enseignement et ce droit à l'éducation. Voilà pourquoi le privé est mis à contribution.
Dans la banlieue l'on constate une floraison d'écoles privées. Quelles sont les conditions à remplir pour ouvrir un établissement scolaire ?
Les conditions pour l'ouverture d'une école privée sont régies par la loi 94-82 du 23 décembre 1994. Il y a eu des décrets d'application et des modifications. Les dernières modifications, c'est la loi n° 2005-03 du 11 janvier 2005 modifiant et complétant les articles 6 et 7 de la loi n° 94-82 du 23 décembre 1994 pour permettre à un promoteur sénégalais ou non-sénégalais qui respecte les conditions et remplit les clauses liées à la sécurité d'ouverture d'une école. Parmi les préalables, il y a la pédagogie, il faut que le propriétaire soit entouré de minimum de personnes compétentes. Il faut des locaux adaptés et le respect du programme. Toutes ces conditions sont réglementées par le décret qui organise l'ouverture préalable d'une école.
Les acteurs sur le terrain, notamment les enseignants, reconnaissent l'existence d'écoles qu'on peut qualifier de clandestines dans la banlieue, c'est-à-dire des écoles non autorisées. Est-ce que vous êtes au courant de cela ?
Une école non autorisée n'est pas forcément une école clandestine. Une école peut, dans un processus de normalisation, commencer ses cours. En déposant le dossier il se peut qu'il prenne du temps. Parce qu'il y a des lenteurs administratives et des goulots d'étranglement. Alors les écoles fonctionnent sur ce qu'on appelle le principe de déclaration préalable. Dès que le dossier est déposé à l'inspection, l'école a un quitus pour fonctionner. Maintenant entre le dépôt et la livraison du quitus jusqu'à l'autorisation officielle, ça peut prendre du temps. Un an deux ans et si toutes les conditions sont réunies, ça peut se faire en trois ou six mois. Mais il peut y avoir des écarts, des manquements des allers-retours ; ce qui fait que l'école peut fonctionner, accueillir des élèves. Bien qu'elle ne soit pas officiellement reconnue, elle n'est pas quand même dans illégalité.
En se basant sur les statistiques de 2011 et 2013, l'on constate que dans tous les classements, les écoles privées viennent en dernière position derrière le pivé catholique et le public. Comment expliquez-vous cela ?
Il y a peut-être plusieurs facteurs. Mais ce sont des questions qui mériteraient une réflexion technique, scientifique, parce que ce sont des données statistiques. On peut dire que toutes choses étant égales, par ailleurs, les écoles privées laïques, catholiques comme publiques peuvent se tenir sur un très petit écart. Je prends comme exemple la dernière analyse que l'office du bac a faite des résultats de 2013. On a la maison d'éducation Mariama Bâ, le Prytanée Militaire. Mais on a automatiquement l'Institution notre Dame qui est une école privée catholique et Mikado qui est une école privée laïque. Viennent ensuite l'école Birago Diop et Serigne Modou Bousso Dieng qui sont des écoles privées laïques. Comparaison pour comparaison, on peut dire que les établissements privés comme publics peuvent se tenir presqu'au bout du fil.
Dans certaines écoles aussi, ce sont des étudiants qui ne sont pas formés à l'enseignement qui dispensent les cours. Est-ce que cela est reconnu par le ministère ?
Nous avons les mêmes difficultés dans le public. Aujourd'hui, le public peine à trouver les enseignants qu'il faut. Dans les établissements publics à Dakar où toutes les possibilités sont réunies, on manque de professeurs de mathématiques. L'offre d'éducation et les besoins étant concentrés dans la capitale, il se trouve que pour faire face à cette demande croissante, on fait appel souvent à différentes catégories de personnes. C'est une tradition. Les étudiants ont toujours été mis à contribution, ils y trouvent leurs compte parce que ça permet d'avoir des ressources (financières). Les privés aussi trouvent leur compte chez les étudiants qui ont un certain niveau : bac plus 2 ou 3. C'est aussi parce qu'il n'y a pas de personnel d'enseignent propre à l'enseignement privé surtout dans le moyen-secondaire. En dehors du privé catholique qui a ses structures de formation pour le préscolaire et l'élémentaire, il n'y a pas de structure de formation des enseignants du privé pour le moyen secondaire. Donc c'est une difficulté qui est là sur laquelle il faudrait trouver des solutions.
Dans certains établissements scolaires privés, l'on peut venir et faire directement la classe de terminale par exemple, pourvu qu'on paye. Même si l'élève ne remplit pas toutes les conditions, il est quand même accepté. Pourquoi l'État ne peut pas exiger les mêmes conditions de passage que dans le public ?
Ces conditions sont réglementées ; car en principe, on ne peut pas accéder à un établissement si on ne justifie pas sa scolarité antérieure, ses moyennes et ses résultats. Mais il se trouve que quelque part, il y a certaines souplesses. Une certaine indulgence qui permet à des privés d'accueillir des élèves qui, pour des raisons sociales, n'ont pas réuni toutes les conditions académiques qui leur permettraient d'être performants. Et souvent, ils leur donnent une seconde chance. Ces écoles-là, on peut les appeler des écoles de la seconde chance. Il y en a qui permettent à des enfants exclus du public ou d'autres de revenir dans le circuit. Par exemple, sur dix, il est possible que 5 retournent dans le système. Si ce n'était pas ça, c'est perdu pour eux et le pays.
Il y a aussi des gens qui gonflent parfois les notes pour que les parents disent que les résultats sont bons et continuent de payer. Par exemple quelqu'un qui n'arrivait pas à avoir une moyenne dans le public peut se retrouver dans le privé avec 12 ou plus. Est-ce que ce n'est pas de l'arnaque ?
Bon, c'est des commentaires que les gens font. On en parle, mais je n'ai pas vu une étude sérieuse sur la question. On dit que c'est des pratiques qui se font, mais je sais que les écoles sérieuses qui se respectent refusent d'entrer dans ce piège.
Que répondez-vous à ceux qui disent que l'État laisse faire parce qu'il n'a pas les moyens d'orienter les élèves qui obtiennent leur BFEM et entrée en 6ème ?
L'État a déjà ouvert la voie en offrant au privé l'opportunité de l'accompagner dans sa mission régalienne d'éduquer et de former. Donc quelque part, l'État ouvre des pistes. L'obligation scolaire qu'il a signée, qui est dans la loi de 9122 qui a été votée en 2004, fait que de plus en plus on doit aider les enfants à faire leur scolarité et aller le plus loin possible. Plus une population est instruite, plus elle est compétitive dans le domaine économique, culturel et social. Je crois qu'offrir aux enfants sénégalais la possibilité d'étudier le plus longtemps possible et décrocher leurs diplômes et s'insérer, c'est un rôle que le Sénégal doit jouer. Et dans ce demain, le privé l'aide bien en essayant de recycler au maximum les enfants laissés en rade.
L'un des problèmes est que le privé n'a pas des enseignants permanents. Que faites-vous pour que ce sous-secteur ait un personnel qui lui est propre ?
Vous savez aujourd'hui, l'État est très préoccupé par cette question. Il y a de grands efforts qui sont fournis pour mettre suffisamment d'enseignants dans les écoles. L'État a un plan depuis le Programme décennal de l'éducation et de la formation (PDEF) et qui est suivi dans le cadre du programme d'amélioration de la qualité de l'équité et de la transparence (Paquet) pour que tous les enfants sénégalais soient à l'école. C'est une ambition très noble mais l'État n'a pas encore toutes les ressources malgré l'apport des partenaires extérieurs pour enrôler tous les enfants et leur donner un enseignement de qualité. Il y a des pas importants accomplis ces années-ci. Mais il n'est pas encore dans les possibilités de l'État de recruter autant d'enseignants et de professeurs qualifiés pour tous les élèves qui en demandent. Ce qui fait qu'on est obligé souvent d'accepter que des enseignants officient dans le privé sans la qualification. Jusqu'à présent, les conditions pour enseigner dans le privé, c'est juste avoir un diplôme pédagogique le Bac, la Licence, la maitrise etc. on n'exige pas la qualification professionnelle mais de plus en plus un effort est fait pour que la formation pédagogique et celle académique soient couplées pour enseigner dans le privé. C'est des textes qui sont actuellement en cours de révision.
QUINZE MAIRES SÉNÉGALAIS S’ENGAGENT CONTRE LE SIDA
Dakar, 3 nov (APS) - Les maires de 15 communes sénégalaises ont pris mardi l’engagement de travailler à l’éradication du VIH/Sida des villes concernées, en s’appuyant sur les progrès des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Ils ont pris cet engagement aux termes d’un protocole d’accord signé à Dakar, entre l’Association des maires du Sénégal (AMS) et Microsoft, la firme américaine spécialisée dans les services informatiques.
Cet accord vise à permettre aux communes sénégalaises concernées de profiter des innovations dans ce domaine, en vue de les amener à opérer "plus efficacement et de servir l’ensemble des citoyens en combinant les dernières avancées en matière de logiciels, d’appareils et de services intégrés".
Ils s’engagent à faire en sorte que d’ici 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH dans leurs circonscriptions connaissent leur statut sérologique, 90% parmi eux devant suivre le traitement
ARV.
A terme, 90% n’auront plus de charge détectable et ne seront plus contagieux et 90% des femmes recevront des ARV pour éliminer la transmission du SIDA de la mère à l’enfant.
"Un tel pari est à notre portée, si nous nous donnons les moyens de le gagner. À travers votre engagement à tous, vous contribuerez de manière significative à accélérer l’atteinte des résultats nationaux visant l’élimination de l’épidémie du SIDA d’ici à 2030", a déclaré le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne.
M. Dionne, qui a présidé la cérémonie de signature de ce protocole, a salué cette initiative et relevé "le rôle catalytique que jouent tous les partenaires et acteurs de la lutte contre le Sida dans cette initiative innovante qui allie le partenariat public-privé avec une forte implication des élus locaux".
"Nous avons pu noter que le renforcement du capital humain, l’une des préoccupations majeures du Plan Sénégal émergent (PSE), occupe une place essentielle dans cet important programme, à travers une offre de service ciblée en matière de sécurité, d’accès accru à la santé et à une éducation de qualité", a-t-il dit.
Selon le chef du gouvernement sénégalais, les villes et les établissements humains deviendront "ouverts à tous, sûrs, résilients et durables’’, sur la base d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés par cette problématique.
"Notre pays, le Sénégal, continue d’enregistrer des performances appréciables dans ce domaine et cet acquis doit être préservé à tout prix", a-t-il ajouté.
LE DÉROULEMENT PACIFIQUE DES SCRUTINS DANS TROIS PAYS SALUÉ
Dakar, 4 nov (APS) – La directrice du centre de la CEDEAO pour le développement du genre (CCDG), Aminata Dibba, s’est félicitée du ’’déroulement pacifique’’ des récentes élections présidentielles en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Nigéria.
’’J’aimerais (...) féliciter les gouvernements et les peuples de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Nigéria pour la façon pacifique dont leurs élections (présidentielles) se sont déroulées au cours de cette année’’, a t-elle déclaré mardi lors d’une journée portes-ouvertes ouvertes régionale sur les femmes, la paix et la sécurité en Afrique de l’ouest.
La rencontre, organisée par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et les missions de maintien de la paix des Nations Unies dans la sous-région, a regroupé plusieurs experts ainsi que des représentants d’organisations de la société civile ouest Africaine.
Le centre de la CEDEAO pour le développement du genre (CCDG), a-t-elle ajouté, souhaite ’’fortement’’ que cette atmosphère pacifique ’’soit maintenue dans ces pays et que les élections prévues au Burkina Faso ce mois de novembre se déroulent paisiblement’’.
Mme Dibba a en outre assuré que la résolution, la prévention et la gestion des conflits ainsi que l’édification de la paix ’’sont cœur’’ du processus d’intégration la CEDEAO.
L’ASSEMBLÉE NATIONALE ET LE TERRORISME AU MENU DES QUOTIDIENS
Dakar, 4 nov (APS) – Les troubles notés à l’Assemblée nationale dans le cadre du contrôle du groupe parlementaire de l’opposition et la question terroriste préoccupent les quotidiens reçus mercredi à l’APS.
’’Trouble à l’Assemblée nationale, Niasse brandit la chicotte’’, annonce L’As qui ajoute : ‘’Moustapha Niasse a sorti le sabre. Le président de l’Assemblée nationale a décidé d’expulser toute personne prise en train de troubler l’ordre lors des travaux des commissions techniques (…)’’.
’’(Niasse) a brandi l’article 53 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui lui donne pleins pouvoirs de sortir manu militari un fauteur de trouble, fût-ce un député (…)’’, poursuit L’As.
Sud Quotidien annonce que l’opposition ‘’réajuste’’ sa riposte dans le cadre de son combat pour le contrôle du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates. Ces opposants comptent saisir les ambassadeurs et les chefs religieux.
Dans sa livraison du jour, Walfadjri revient sur ce qu’il appelle ‘’(un) coup de filet dans les milieux islamistes’’, en référence aux arrestations d’imams soupçonnés de faire l’apologie du terrorisme.
’’Sale temps pour les imams et prédicateurs’’, titre le journal, qui écrit : ‘’Les imams occupent la première marche du podium des personnes emprisonnées pour des infractions liées au terrorisme. Pourtant, ils ne sont ni des terroristes et n’ont jamais commis un attentat et tenté d’en commettre’’.
’’Au total, une trentaine de personnes sont emprisonnées. Et l’arrestation de l’imam Ndao de Kaolack n’est pas sans rappeler les cas précédents’’, selon le journal.
Walf rappelle que selon la loi 2009-16 du 2 mars 2009 relative à la lutte contre le financement du terrorisme, ‘’les personnes physiques coupables d’une infraction similaire sont punies d’une peine d’emprisonnement de 10 ans au moins’’.
Sur le même sujet, Enquête souligne qu’après 96 heures de garde à vue, ‘’l’imam Alioune Badara Ndao et ses 6 acolytes arrêtés pour connexion présumée avec le terrorisme devraient être déférés au parquet aujourd’hui’’.
’’L’imam Ndao a été perdu par ses sermons jugés radicaux et considérés comme une apologie du terrorisme (…)’’, rappelle le journal.
Pour sa part, Le Quotidien note que face à la menace du terrorisme jihadiste, ’’l’Etat du Sénégal semble avoir décidé de tenir l’œil sur les mosquées, et sur certains prêches des imams’’.
’’La conséquence, selon le journal, c’est que depuis un certain temps, aussi bien la banlieue de Dakar que certaines villes de l’intérieur du pays, ont connu des rafles de religieux musulmans présentés comme très radicaux pour ne pas dire extrémistes dans leur présentation et leur manière de vivre leur foi’’.
’’Cependant gare au retour de bâton. Si la prévention sécuritaire ne se fait pas bien, on risquerait de voir des gens plus radicaux entrer en clandestinité et mener leurs activités de manière plus violente. La répression ne doit pas non plus négliger la concertation avec les éléments modérés de la corporation’’, selon Le Quotidien.
L'ENSEIGNEMENT PRIVÉ, UN BUSINESS SUR LA QUALITÉ
Floraison d'écoles privées dans la banlieue dakaroise
L'instabilité du système éducatif depuis quelques années poussent beaucoup de parents à choisir les écoles privées pour donner un enseignement de qualité à leurs enfants. Mais ces établissements, sollicités du fait de la paix sociale qui y règne, ne sont pas plus performants que ceux du public. Leurs résultats aux examens du Bac et du BFEM contrastent avec leurs promesses. Ils sont classés chaque année à la troisième et dernière place derrière le privé confessionnel et le public. Les différents acteurs qui se prononcent sur le sujet reconnaissent l'existence de la problématique. Quant à l'État, il préfère faire le mort.
Elles sont très nombreuses les écoles privés dans la banlieue dakaroise et dans les grands centres urbains du Sénégal. Elles portent souvent des noms qui renvoient à l'excellence et au succès. Ainsi on peut lire sur les devantures des bâtiments qui les abritent "Excellence, Espérance, Le Miel, Essor, Natangué, Performance, etc.".
Mais ces noms qui donnent envie d'y aller cachent derrière des réalités méconnues de beaucoup de Sénégalais. Souvent les propriétaires font des publicités mensongères faisant croire aux parents que ce sont les meilleurs établissements pour une bonne éducation de leurs enfants.
La libéralisation du secteur a conduit à une ouverture tous azimuts d'écoles privées. Les acteurs du système éducatif eux-mêmes reconnaissent les problèmes qui entourent certains de ces établissements scolaires. Enseignants et inspecteurs sont d'accord pour dire qu'il y a des "écoles privées bidon" dans le privé.
Le règlement en la matière est pourtant clair : "pour ouvrir une école, il faut avoir une autorisation des pouvoirs publics", affirme Monsieur Cissé inspecteur de l'éducation à l'Iden de Keur Massar. Contrairement à cette disposition qui veut que les écoles privées soient réglementées et organisées, une véritable anarchie s'est installée dans le domaine. "Il y a des gens qui ne sont intéressés que par le profit dans le milieu", informe, M. Lô enseignant au CEM Keur Massar 1 et directeur d'un grand groupe scolaire privé dans cette localité.
Trouvé dans son bureau, il explique qu'il y a des écoles sans autorisation surtout dans la banlieue dakaroise. Un établissement qui n'a pas été autorisé ne peut pas présenter des candidats aux examens et concours. Mais pour contourner cette mesure, les responsables font parrainer leurs candidats par les écoles reconnues.
"Tu payes, tu passes"
L'éducation est de plus en plus privatisée. On peut même dire qu'il y a une course à la création de groupe scolaire dans les grandes villes sénégalaises. Dans leur grande majorité, ce sont des villas ou des immeubles à usage d'habitation qui servent d'écoles. Généralement, elles ne remplissent pas toutes les conditions de sécurité et de commodité, avec des chambres à coucher transformées en salle de classe. Pourquoi tant de ferveur envers cette nouvelle activité ? "C'est un business très rentable", tranche l'enseignant Lô.
De ses explications, il ressort qu'en fonction des écoles, les tarifs varient entre 10 000 et 20 000 francs CFA mensuels pour le moyen-secondaire.
Les cours sont dispensés pour la plupart par des enseignants formés sur le tas et des étudiants sans formation. Les professeurs du public qui font leur "xar màtt" (activités annexes) dans le privé sont payés plus chers et souvent même ils sont actionnaires du groupe. Pour ceux qui sont formés sur le tas et les étudiants ou même cartouchards dans les universités, "c'est une exploitation pure et dure". Ils gagnent entre 1000 et 2000 francs CFA par heure en fonction des matières. Et aux dires de M. Lô, ils n'ont pas la formation nécessaire, ni la motivation. Le recrutement se fait sur dépôt de candidature et une sélection qui est parfois non transparente.
"Notre personnel est composé essentiellement de nos anciens élèves", informe un professeur membre d'un GIE propriétaire d'une école. Cela renseigne donc sur les critères qui guident le choix des enseignants et du personnel administratif.
Partant de ce tableau qui est tout sauf rassurant, on peut se demander alors pourquoi les parents envoient leurs enfants dans ces établissements ? Les raisons sont nombreuses. Les grèves répétitives des enseignants dans le public, les effectifs pléthoriques et les exclusions. Dans le public, pour passer d'une classe à une autre, il faut avoir une moyenne générale supérieure ou égale à 10/20. Dans certaines écoles privées, la moyenne exigée se trouve dans le porte-monnaie des parents : "Tu payes, tu passes."
Dans la banlieue, pratiquement tous les établissements scolaires publics sont entourés par des privés. Souvent, ce sont les enseignants recrutés par l'État qui s'organisent en groupement d'intérêt économique (GIE) pour les créer. Par exemple le CEM Keur Massar 1 est ceinturé sur un rayon de 500 mètres par 5 écoles privées d'enseignement moyen et secondaire.
Ainsi, quand un élève est exclu du CEM, faute d'une moyenne de 10/20 obligatoire pour passer en classe supérieure, il est souvent reversé dans ces écoles de récupération, avec les mêmes professeurs.
"On essaye de récupérer nos élèves renvoyés du public pour les aider. On fait "le ndimbal djaboot" (œuvre sociale, en wolof : NDLR), explique M. Lô. Selon ce dernier, cette proposition alternative aide les jeunes en perdition car ils n'ont pas les moyens pour faire autre chose. "Parfois nous avons des élèves qui sont exclus du public, ils viennent ici et ils réussissent. Donc il y a du positif", soutient-il.
Comment un élève qui n'arrive pas à avoir une moyenne annuelle de 10/20 dans le public peut se retrouver avec 12/20 voire plus dans une école privée ? La réponse est simple pour M. Kébé professeur de mathématiques et directeur d'une grande école privé à Keur Massar :
"Il y a des gens qui ne sont pas sérieux. Ils gonflent les notes des élèves pour satisfaire leurs parents et les maintenir dans leur établissement. Certains professeurs aussi font plusieurs évaluations et choisissent les deux meilleures notes." A l'en croire donc, il y a un laisser-aller dans le secteur. Il pense aussi qu'il devait y avoir une harmonisation entre les écoles privées elles-mêmes.
Car, "on ne peut pas comprendre qu'un élève redouble par exemple une classe de première chez nous ici, et que nos voisins d'à-côté l'accepte en classe de terminale".
Résultat : "tous ces apprenants, une fois aux examens échouent massivement et cela crée une surprise chez bon nombre de parents. Ces derniers ne comprennent pas comment un élève qui avait de bonnes notes en classe soit éliminé d'office au BFEM ou au Bac", relève un élève en classe de terminale.
Et d'après M. Kébé, l'explication est dans le mode d'évaluation. "Quelqu'un qui passe avec des notes de complaisance ne pourra pas réussir aux examens officiels", dit-il.
Un de ses collègues qui a requis l'anonymat informe lui qu'il y a des écoles qui font parfois zéro admis au Bac. "Le niveau BFEM est moins grave, mais le Bac, c'est pire. Tu vois des établissements qui ont des dizaines de candidats. Mais à l'arrivée, ils ont des pourcentages en dessous de 10%. En fin de compte, cela impacte négativement sur les résultats finaux des examens au niveau national", explique-t-il.
Quand le public dame le pion au privé
Malgré les grèves et les sureffectifs dans les écoles publiques, celles-ci restent meilleures que celles dites privées laïques.
En parcourant les statistiques du baccalauréat de ces dernières années, l'on se rend compte que les privés tant convoités, à cause des turbulences dans l'enseignement public, ne sont pas à la hauteur des espérances. Les statistiques du bac 2011 disponibles sur le site de l'office du Bac sont parlantes. Dans tous les niveaux de classement, les écoles privées laïques viennent en troisième et dernier position, derrière le privé confessionnel et le public. Par exemple dans la rubrique intitulée " résultat par zone" le taux de réussite total est de 31,8% pour le privé laïc, 50,9% pour le public et 80,5% pour le privé confessionnel. Les résultats par sous-secteur d'enseignement de 2013 obtenus auprès de la division de l'enseignement privé confirment ceux de 2011. Ainsi on a eu en 2013 un taux de réussite de 77,8% pour le privé confessionnel, 48,6% pour le public et 32,4% pour le privé laïc.
Contrairement au niveau moyen-secondaire, les écoles élémentaires privées dament le pion à celles publiques. En se basant sur les résultats du Certificat de fin d'études élémentaires (CFEE) de l'inspection départementale de l'Education nationale (Iden) de Keur Massar pour l'année scolaire 2014/2015, on constate facilement la différence.
La première école de l'Iden a fait un taux de réussite de 100% au moment où la première école privée occupe la 11e place du classement général avec un taux de 77,33%. Il faut noter aussi que les trois dernières sont composées d'une école privée et deux publiques avec respectivement 12,90%, 11,94% et 9,55%.
Ces résultats se justifient par le fait qu'au niveau élémentaire, la sélection est "naturelle". Ici tous les enfants ont tous le niveau zéro. Ce qui fait qu'il y a des élèves brillants et des moyens. A ce niveau, l'encadrement strict et l'absence de grève dans les écoles privées produisent facilement des effets positifs. "Nous constatons que nos élèves que nous avons formés depuis la maternelle ou l'élémentaire réussissent plus que ceux qui sont venus après leur réussite à l'examen de l'entrée en 6ème ", renseigne M. Lô.
Stratégie de survie
Il faut préciser que pour ne rien perdre du marché "très lucratif de l'enseignement privé", certains businessmans créent des écoles qui incluent tous les niveaux. De la maternelle à la terminale, ils raflent tout. Ce qui fait que l'élève peut faire tout son cursus scolaire dans un seul établissement. Ainsi, la règle de la concurrence s'est fortement installée dans ce secteur aussi vital pour tout pays qui se respecte. Recherche de profit et éducation de qualité peuvent-elles aller ensemble ?
M. Mbaye professeur d'anglais et actionnaire dans un groupe scolaire réfute l'idée d'une recherche effrénée de profit qui guiderait l'action des propriétaires. "Nous créons ces structures parce que c'est une stratégie de survie. Parfois on gagne 300 000 francs CFA de dividende annuelle. Donc on ne peut pas dire que ça, c'est extraordinaire", se défend-il.
Selon lui, ils font plus dans le social et absorbent des milliers d'élèves que l'État ne peut pas prendre en charge. Aujourd'hui, malgré le nombre très élevé d'apprenants qui choisissent le privé, le public a des sureffectifs avec des classes qui dépassent 100 élèves parfois.