Modou Diagne Fada, député et président du groupe parlementaire des "Libéraux et Démocrates" à l'Assemblée nationale sénégalaise, est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud Fm. Écoutez !
DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DÉNONCENT "UN COUP D’ÉTAT EN COURS"
Ouagadougou, 12 juil 2015 (AFP) - Des organisations de la société civile burkinabè ont dénoncé dimanche "un coup d'Etat en cours" contre les autorités intérimaires et réclamé la dissolution de la garde présidentielle, engagée dans un bras-de-fer avec le Premier ministre Isaac Zida.
A trois mois de l'élection présidentielle du 11 octobre, le Burkina est plongé dans une grave crise autour du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Ce corps d'élite, qui fut le bras armé de l'ex-président Blaise Compaoré --chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne-- exige le limogeage du lieutenant-colonel Isaac Zida, pourtant l'un des siens.
"Depuis le 28 juin 2015, une tentative de coup d'Etat est en cours de perpétration dans notre pays", ont affirmé une trentaine d'organisations de la société civile dans un communiqué.
Un tel projet "vise la liquidation de la transition, des acquis et promesses de l'insurrection" anti-Compaoré et "la restauration de l'ancien système mafieux, militaro-politique qui a sévi pendant 27 ans", ont-elles assuré.
Ces organisations ont exigé "la dissolution pure et simple" du RSP, y voyant une "nécessité impérieuse et non négociable". Le gouvernement a affirmé qu'un complot contre M. Zida fomenté par des membres de la garde présidentielle avait été déjoué le 28 juin.
Mais des officiers du régiment controversé ont accusé le Premier ministre d'avoir monté "un faux complot" pour tenter de "se maintenir au pouvoir". Après avoir tenté de jouer les médiateurs durant plusieurs jours, le président Michel Kafando, dans un appel teinté d'impuissance, a exhorté vendredi ses compatriotes à éviter que le pays ne sombre dans le "chaos".
La première crise autour du RSP (1.300 hommes) remonte à février: la garde présidentielle exigeait déjà la démission de M. Zida, qui avait réclamé la dissolution "pure et simple" du régiment, avant de se raviser.
Le RSP est accusé d'être impliqué dans des assassinats comme celui du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 1990. Mis en place après la chute de Blaise Compaoré, le régime de "transition" dirigé par le président Kafando et son Premier ministre devra rendre les rênes du pays au nouvel exécutif issu de la présidentielle d'octobre.
NIGER: BOKO HARAM ATTAQUE LA PRISON DE DIFFA, UN GARDIEN TUE
Niamey, 12 juil 2015 (AFP) - Le groupe islamiste nigérian Boko Haram a attaqué, dans la nuit de samedi à dimanche, la prison nigérienne de Diffa, proche de la frontière avec le Nigeria, tuant un gardien mais ne parvenant à libérer aucun détenu, ont déclaré deux sources humanitaire et municipale.
Trois des assaillants ont péri dans cette attaque menée dans cette capitale provinciale du sud-est du Niger, ont-elles précisé. "Des éléments de Boko Haram ont attaqué dimanche entre 01H00 et 02H00 locales (00H00 et 01H00 GMT) la prison de Diffa, ils ont tué un capitaine de la garde pénitentiaire et trois d'entre eux ont été abattus", a affirmé à l'AFP une source humanitaire.
"Deux autres gardiens" de la prison ont été blessés lors de l'attaque d'assaillants "venus à pied", a souligné cette source. "La prison a été attaquée tôt ce dimanche, un capitaine de la garde pénitentiaire a été tué ainsi que trois membres de Boko Haram", a confirmé à l'AFP un responsable de la municipalité de Diffa.
Les assaillants, dont "le nombre n'est pas déterminé" portaient "des treillis de l'armée nigérienne" et "certains ont réussi à fuir", a-t-il indiqué. "Nous venons d'enterrer les corps des trois assaillants dans une fosse commune", a déclaré ce responsable.
Selon la source humanitaire, les insurgés étaient "armés de grenades et de fusils d'assauts" et "étaient habillés en treillis militaire", ce qui leur "a permis d'atteindre la prison" où ils devaient probablement tenter "de libérer certains de leurs camarades détenus".
"Les intenses échanges de tirs entre les éléments de Boko Haram et les forces de défense et de sécurité nigériennes se sont poursuivis jusqu'à 03H00 du matin (02H00 GMT)", a indiqué la radio privée Anfani.
Selon cette radio, les trois assaillants abattus "portaient sur eux des ceintures d'explosifs". "Nous avons été réveillés par des tirs d'armés du côté de la prison et nous avons aussitôt pensé à une attaque de Boko Haram", a indiqué un habitant de Diffa joint au téléphone par l'AFP.
Boko Haram avaient déjà mené, sans succès, un raid contre la prison de Diffa le 9 février. Le groupe islamiste avait mené sa toute première attaque le 6 février contre la région de Diffa, proche du sud-est du Nigeria, d'où le groupe islamiste armé est originaire.
LES FÊTES MUSULMANES PEUVENT ÊTRE CÉLÉBRÉES À L’UNISSON, GRÂCE À L’ASTRONOMIE
Dakar, 12 juil (APS) - L’astronomie peut aider la communauté musulmane du Sénégal à s’entendre sur les dates de célébration de ses fêtes, le début ou la fin du jeûne, si les chefs musulmans font preuve d’unité et collaborent avec les astronautes, a indiqué samedi le président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (ASPA), Maram Kaïré.
L’astronomie peut aider la communauté musulmane du Sénégal à s’entendre sur l’apparition du croissant lunaire, à célébrer les fêtes et à jeûner à la même date, si les chefs musulmans font preuve d’unité et collaborent avec les astronautes, a indiqué samedi Maram Kaïré, le président de l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (ASPA).
"L’astronomie peut limiter les erreurs [de calendrier]. Sur la base de ses prévisions, on peut faire de l’observation lunaire", a dit M. Kaïré en marge d’une conférence du
Forum des savoirs et des valeurs sur l’observation
de la lune, à Dakar.
"Nous essayons, au sein de notre association, de donner des outils permettant aux chefs religieux de prendre des décisions (…) Notre rôle, c’est d’apporter les outils mathématiques nécessaires aux autorités religieuses, pour réduire les erreurs" de calendrier, a-t-il expliqué.
Depuis plusieurs décennies, la communauté musulmane sénégalaise entame le mois du jeûne et le termine en rangs dispersés, à plusieurs dates, en raison de divergences de vue sur l’apparition du croissant lunaire.
Cette année, la Communauté musulmane de Dakar (CMD), la famille "omarienne" et plusieurs familles religieuses ont entamé le ramadan le 17 juin, sur la base d’une information faisant état de l’apparition du croissant lunaire, la veille, au soir, dans plusieurs contrées du Sénégal et des pays de la sous-région.
La majorité des musulmans sénégalais a entamé le jeûne le 18 du même mois, en suivant les conseils de la Commission nationale de concertation et d’observation sur le croissant lunaire (CONACOC).
Les astronautes ne peuvent pas, par les données qu’ils fournissent aux chefs religieux, arriver à harmonier le calendrier des fêtes musulmanes (Aïd-el fitr, Aïd-el-kébir, etc.), selon Maram Kaïré.
Les chefs musulmans doivent s’entendre, a-t-il souligné.
"Il faut s’attendre, jeudi prochain, à ce que la lune ne soit pas visible à l’œil nu (… ). Jeudi, on ne pourrait pas apercevoir la lune à l’œil nu, dans nos contrées", a-t-il signalé.
"Vendredi 17 juillet, la lune va rester pendant 64 minutes dans le ciel. Si les gens veulent une observation visuelle claire, vendredi, ils doivent se mettre dans un endroit dégagé", a-t-il ajouté.
La communauté musulmane sénégalaise va célébrer la fête de l’Aïd-el-fitr ou Korité – qui marque la fin du ramadan - lorsque le croissant lunaire fera son apparition, probablement vendredi ou samedi.
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
ÉMOUVANT SPECTACLE
BILLY ET EMILY ENGLAND PERPÉTUENT LA TRADITION FAMILIALE
Billy et sa sœur Emily ont offert un spactacle inédit aux amoureux de l'émission Britain's Got Talent. Leur prestation a laissé membres du jury sans voix. Descendants d’une lignée de pratiquants du cirque, ils sont, plus exactement, les septièmes interprètes de cirque de leur génération . Leur spectacle, d'une originalité mais aussi d'un risque rarissime a été déconseillé aux spectateurs et au téléspectateurs qui nourrissaient l'envie d'en faire de même.
"Nous savons que cela nécessite un entrainement quotidien de 9h à minuit - Parce que malheureusement, nous avons conscience des terribles conséquences des cascades mal exécutées" a dit Billy England cité par le site anglais www.mirror.co.uk
Et sa sœur Emilly d’ajouter : "Nous n'aimons pas parler de ce qui pourrait arriver si nous jugeons mal un mouvement par un millimètre. Mais, comme les générations ont fait avant nous, nous comprenons que nous devons pratiquer jusqu'au bout sans laisser tomber. Nos vies en dépendent".
(Attention aux âmes sensibles, sepectacle frissonnant)
Agé de 17 ans, Bonetcis, de son vrai nom Junior est un jeune étudiant de Essex (Royaume-Uni). Dans l’émission Britain's Got Talent, Bonetic a exécuté une danse de routine sur la base de la contorsion, des performances du cirque et des pratiques du yoga. Un spectacle frissonnant que même les membres du jury ont du mal a regardé avec constance sans tourner ou fermer le visage, ou encore montrer des signes d'émotion.
Contorsionniste de routine, Bonetics a commencé à pratiquer la danse à des fins thérapeutiques, une sorte d’art thérapie pour changer son comportement qui était très peu sociable.
"Par le passé, j’ai eu quelques soucis comportementaux. J’ai longtemps dansé et maintenant ça m’a aidé à grandir. Cette prestation est la plus grande que je vais faire. Je suis venu de loin et dois prouver et montrer à ma famille qui je suis…", explique-t-il aux juges avant la prestation.
"Quand j'étais à l'école, j'avais l'habitude de me battre avec le travail. Je pensais que si j'obtenais une mauvaise note, je ne pouvais pas faire mieux pour m'améliorer. J'ai pensé que la mauvaise conduite était la seule option. J'ai été exclu à plusieurs reprises," Britain's Got Talent, édition 2015, des viédos sélectionnées par www.seneplus.com pour vous.
Voici la danse que ce jeune chorégraphe de Gibraltar a présentée à l’édition 2015 des talents britanniques. Une danse dont une silhouette réplique tous les mouvements du danseur. Avec cette performance, le jeune adolescent, Jonathan Lutwyche, âgé de 15 ans a fait un parcours majestueux dans cette émission de divertissement en gravitant les échellons jusqu’à la demi-finale de l’émission.
Regardez la vidéo !
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
LE SABRE ET MOI
JESSE-JANE MCPARLAND, 9 ANS FINALISTE DE BRITAIN'S GOT TALENT
A 9 ans, la petite Jesse-Jane McParland manie avec aisance les arts martiaux. C’est l’une des révélations de l’éditions 2015 de l’émission des talents britanniques, ‘’Britain’s Got Talent. Elle a épaté le jury et le public à tel point qu'un membre du jury esclaffa: ''elle est spéciale''. Sa performance lui a valu de se hisser parmi les finalistes les plus prestigieux de l'émission, avant que son bel élan ne soit mis en branle par un adversaire dans la course au jackpot.
www.seneplus.com a sélectionné trois différentes prestations de Jesse-Jane pour vous.
Spectacle, regardez !
PAR THIERNO BOCOUM
"LE PR ISMAÏLA MADIOR FALL S'ÉLOIGNE DE L’ORTHODOXIE UNIVERSITAIRE"
Le professeur Ismaïla Madior Fall s’éloigne de plus en plus de l’orthodoxie que lui exige sa posture d’intellectuel et de professeur d’université pour verser dans le raisonnement facile et l’argumentaire partisan et politicien. S’il a réussi à emballer les identités remarquables de la majorité présidentielle tenaillées par une paresse intellectuelle inconcevable qui les guide à répéter sans ré- fléchir, ce n’est pas le cas pour ceux qui fourniront le minimum d’efforts de réflexion et de recherche.
A travers les ondes de la radio Sud-Fm le 23 juin 2015, le professeur Ismaïla Madior Fall venant à la rescousse des signataires de la proposition de loi scélérate avait voulu justifier le nombre requis de 1/10eme pour la constitution d’un groupe parlementaire en ces termes «pour constituer un groupe parlementaire au Sénégal, le nombre a toujours varié.
Mais la règle, c’est qu’on a considéré pendant longtemps que, pour constituer un groupe parlementaire, il faut 1/10ème.»Revenant sur la genèse de sa réduction de ce nombre à 10, il déclare qu’ «en 2007, l’opposition avait boycotté les élections législatives.
Ce qui a fait que les partis n’étaient suffisamment pas nombreux pour constituer un groupe parlementaire. Il fallait donc permettre à cette opposition d’avoir un groupe parlementaire. Autrement dit, c’est une règle qu’on avait instauré parce qu’il y avait eu un boycott des élections législatives et parce que l’opposition était numériquement très faible.»
Cette déclaration reprise par le journal sud quotidien du 24 juin 2015 sonnait comme du déjà entendu puisque beaucoup de signataires de la proposition de loi avait déjà entonné la même chanson. Mais venant d’un professeur d’université cela nous avait semblé bizarre puisque très loin de la vérité.
Nous avons à cet effet fait un démenti dans les colonnes du même journal en présumant que le professeur Ismaïla Madior Fall s’était trompé. Nous avions déclaré que ce n’est pas en 2007 qu’il a été convenu de retenir le nombre de 10 députés pour former un groupe parlementaire, mais plutôt en 2002. J’avais cité la loi 2002 du 15 mai 2002 en son article 20 qui dispose : «les députés peuvent s’organiser en groupes, par affinités politiques : aucun groupe ne peut comprendre moins de dix membres, non compris les députés apparentés, dans les conditions prévues à l’alinéa 2 de l’article 23.»
Il s’est rectifié dans son interview paru ce mercredi 08 juillet 2015 dans le journal l’observateur à la page 5. Maintenant l’argument ce n’est plus de parler de boycott de l’opposition puisque l’année 2002 ne coïncidera pas à l’événement. Il change de fusil d’épaule et nous sort une parade :» c’est vrai qu’à l’époque il était démocratiquement impensable qu’il y eût un seul et unique groupe parlementaire à l’assemblée.» Il décide donc d’adapter une autre version à la nouvelle date.
Dans l’interview accordé au journal l’Observateur, il est malheureux et désolant de constater que le professeur ne renonce pas à vouloir justifier l’injustifiable par des procédés indignes d’un intellectuel. Il essaie d’influencer la justice à travers un argumentaire qui n’est pas conforme à la vérité et qui est dénué de tout fondement juridique. Il déclare dans l’interview que :»
Le nombre constant, structurel (pour ainsi dire) dans l’histoire parlementaire du Sénégal a toujours été le dixième du nombre de député (8/80, 10/100, 12/120, 14/140, et aujourd’hui 15/150 avec la parenthèse 2002-2015 où il a été de 10/150).»
Cet argumentaire est erroné puisque la loi 63/63 du 17 juillet 1963, portant règlement intérieur de l’assemblée nationale et publié dans le journal officiel du 31 août 1963 dispose en son article 20 qu’un groupe ne peut être constitué que s’il réunit au moins 20 membres alors que l’assemblée nationale comptait 80 membres à l’époque.
Il s’y ajoute que la loi portant règlement intérieur publié dans le journal officiel de la république du Sénégal du 29 avril 1978 dispose qu’un groupe «ne peut être reconnu comme administrativement constitué que s’il réunit au moins 15 membre» alors que l’assemblée nationale en cette période ne comptait que 100 membres.
Ces différentes dispositions révèlent que la démocratie sénégalais a évolué dans le sens de réduire le nombre de députés pour constituer un groupe parlementaire et ainsi faciliter une pluralité parlementaire.
C’est cette logique qui a guidé le législateur de 2002 mais notre constitutionnaliste préfère le qualifier de «parenthèse conjoncturelle». Comment peut-on qualifier de parenthèse conjoncturelle une loi qui s’est appliquée à l’assemblée nationale pendant deux législatures et demie sans être touchée? (2002-2007/2007- 2012/2012-2015). Il s’est plutôt agi d’un acquis démocratique qui a été sauvegardé durant tout ce temps et qu’on cherche à remettre en question avec la complicité du professeur Ismaïla Madior Fall.
Une attitude qui relègue notre pays loin derrière des pays comme la côte d’Ivoire, par exemple, où il suffit simplement d’avoir 8 députés pour constituer son groupe parlementaire sur les 255 que compte l’assemblée nationale et 15 députés sur les 577 que compte l’assemblée nationale française.
Dans son interview accordée au Journal l’Observateur, le Professeur Ismaïla Madior Fall est allé jusqu’à entrer dans des considérations philosophiques pour traiter une question de droit et ainsi déclarer irrecevable le recours des 19 députés. Il déclare que «le règlement intérieur de l’assemblée même si certains articles de la constitution continuent à faire référence à lui comme Loi organique et même s’il porte encore la mention Loi organique, est juridiquement devenu un acte non législatif, une simple résolution pouvant être coutumièrement assimilée pour les commodités de la procédure législative à une loi, mais que les députés n’ont pas rigoureusement le droit d’attaquer en inconstitutionnalité
«Cette déclaration est inquiétante pour un juriste qui parle de simple résolution assimilée à une loi. C’est à se demander le régime juridique qui s’appliquera à une telle invention. En réalité il s’agit bien d’une loi votée par l’assemblée nationale soumise au contrôle à posteriori du conseil constitutionnel et promulguée par le Président de la république. En tout état de cause, la loi organique sur le conseil constitutionnel (99-71) dispose clairement en son article 1er:
«...Le conseil constitutionnel se prononce sur la constitutionnalité des règlements intérieurs des assemblées». Cette disposition est très claire et n’est sujette à aucune interprétation. En l’espèce il s’agit bel et bien d’un recours qui porte sur une loi modifiant le règlement intérieur de l’assemblée nationale et introduit par 19 députés donc plus du dixième des députés de l’assemblée nationale tel que requis par la constitution en son article 74.
En réalité le zèle affiché par le professeur Ismaïla Madior Fall dans cette affaire de proposition de loi cache mal son désarroi. Il a piteusement contribué à produire une pilule difficile à avaler puisque consacrant un recul démocratique inacceptable et une logique éhontée de confiscation des libertés dans un pays comme le Sénégal.
RAPPORTS EN SÉRIE, IGE, COUR DES COMPTES, QUELS EFFETS ?
À quoi sert-il de perdre du temps à réaliser les rapports des organes de contrôle de l’administration publique si les incriminés ne sont jamais attraits devant la justice ?
Ouestafnews – Des rapports de contrôle ou d’audit, en série. A chaque fois solennellement remis au président du Sénégal (« premier magistrat » du pays, dit-on). A chaque fois, la presse qui en fait ses choux gras. Chez les citoyens, ceux qui en ont encore la capacité et l’énergie, s’indignent à mort dans les salons et lieux publics. Puis… Rien ! Silence ! On oublie le tout, et l’année prochaine on recommence.
Pendant ce temps les fraudeurs et prédateurs bien identifiés et nommément cités se pavanent dans les lieux huppés. Snobent le petit peuple. Friment avec l’argent mal acquis. Roulent en 4X4 sur le dos du contribuable. Accumulent les milliards et construisent des immeubles dont ils ne savent plus que faire. Et va la bamboula. Le tout sous les yeux d’une autorité étatique qui ne l’est plus que de nom.
Le « cru » 2015 ne fait guère exception. Encouragés par l’impunité de leurs prédécesseurs dans la liste des prédateurs du trésor public, les hauts fonctionnaires sénégalais ne se gênent plus à se remplir les poches. Etre cité dans un rapport d’audit est même devenu, semble-t-il, synonyme de gain de popularité pour certains, dans un pays où les incessantes coupures d’électricité alternent quotidiennement avec d’interminables coupures d’eau.
Des sommes faramineuses.
Ces rapports, le « premier magistrat du pays » en a encore reçu un, le 20 juin 2015. De l’Inspection générale d’Etat (IGE). Les quelques révélations relayées par la presse et les sommes faramineuses en jeu sont renversantes, dans un pays où les étudiants sont tous les deux mois dans les rues en train de réclamer des arrières de bourses, d’un montant dérisoire.
« Ce rapport fera l’objet d’un examen attentif de ma part pour en déduire toutes les mesures idoines », a promis le président Macky Sall, en recevant le rapport. Mais n’avait-il pas déjà depuis son premier discours promis de ne protéger « personne » et de sévir contre tous les fautifs ?
« C’est pour moi une exigence de premier ordre [parce que] je ne souhaite pas que les anomalies, même commises de bonne foi, se répètent », ajoute le président Sall. Ce dernier a été élu en 2012 avec la promesse d’apporter la « rupture » et une « gouvernance sobre et vertueuse ». Trois ans après, on en est encore très loin, et presque rien ne distingue son pouvoir de celui de son prédécesseur (et mentor pendant de longues années), Abdoulaye Wade.
Depuis l’arrivée du Président Macky Sall, il s’agissait de la 3ème fois que le fameux document « secret et soumis à l’appréciation exclusive » du président de la république, lu était transmis. Trois ans, et le même rituel. Le texte reste dans les tiroirs. Sans suite. Pourtant, avec ce rapport c’est un condensé de tous les dysfonctionnements, abus, actes de gabegie, dans la gestion des finances publiques qui est remis aux mains du chef de l’Etat.
Changer de mains ?
L’inaction est tel que pour la société civile, il faut rompre avec la tradition et faire du procureur de la République le destinataire final du rapport de l’IGE. Une vieille doléance jusque là insatisfaite.
Pour l’avocat Mame Adama Guèye, ancien responsable du Forum civil (qui lutte pour la transparence et contre la corruption), ce n’est qu’en franchissant ce rubicond que Macky Sall pourra convaincre les Sénégalais à faire de son mandant celui de la « rupture » et de « la gouvernance vertueuse ».
En attendant ce jour qu’espèrent des millions de Sénégalais désabusés par l’inconscience et la cupidité des hauts cadres de l’administration, les interrogations ne manquent pas.
A quoi sert-il de perdre du temps à réaliser ces rapports si les incriminés ne sont jamais attraits devant la justice ? Craint-on véritablement les avertissements, pas loin du chantage, de certains incriminés qui n’hésitent pas à dire qu’une fois au tribunal, ils sont prêts à faire des déballages ?
Promesses, rapports et institutions à la pelle
Interpellé sur la question lors d’un face à face avec les députés, le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne a encore promis que des «poursuites» seront engagées.
Au total, «87 rapports et sous-rapports ont été remis et publiés. Ils sont en train de faire l’objet d’une exploitation sous forme de directives gouvernementales. Nous sommes en train d’envoyer des lettre donnant instructions au département de la Justice d’engager des poursuites», a-t-il promis.
Pour les populations de plus en plus impatientes, la rupture, promise par le Président peine à se traduire dans les actes.
Cas emblématique de l’impuissance ou du manque volonté des autorités à prendre cette question délicate à bras le corps et d’en finir une fois pour toutes : l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Encore une structure mise en place par l'Etat pour en finir avec un mal qui continue de prendre le dessus.
Institué fin 2012, ce service avait au départ suscité de l’espoir au sein des populations. Défini comme une « unité administrative indépendante » dotée d’un pouvoir d’auto-saisine, l’Ofnac s’est jusque là plus illustré par son incapacité à mener à bien cette mission.
Pourtant habilité à engager des poursuites sur simples plaintes de citoyens, l’institution peine encore à trouver ses marques.
Par ailleurs, une autre de ses prérogatives lui enjoint de recueillir les « déclarations de patrimoine » des autorités comme les ministres, le président de l’Assemblée nationale, les comptables publics. Hélas, l’Ofnac n’arrive pas à faire respecter la loi et rallonge chaque jour un peu plus les délais, pour ceux qui traînent encore les pieds.
Après moult tâtonnements, l’Office a fini par faire plier les ministres. Mais ceux-ci ne représentent qu’une infime partie de la liste de 600 personnes concernées par l’obligation de déclarer leur patrimoine. Pourtant depuis le 24 juin 2015, le délai imparti à ceux qui sont soumis à cette loi est passée.
Laxisme et partialité
Pour certains, bien avant les autres démembrements de l’Etat, c’est l’Ofnac qui devait se saisir de tous les noms cités dans les rapports et porter chaque cas en justice. Birahim Seck, membre du Forum civil, est de ceux qui pensent comme cela. Selon lui, il est du ressort de l’Ofnac de saisir « immédiatement la justice ».
Dans une tribune publiée par les médias, et s’appuyant sur les dispositions de la loi portant création de l’Ofnac, M. Seck souligne que « …la voie présidentielle n’est pas la seule qui mène au Procureur de la République ».
Pour l’heure, seuls quelques opposants hostiles au régime de Macky Sall ont été envoyés devant les tribunaux. Ce qui offre une belle aubaine à ses adversaires et leurs avocats, qui profitent de cette faille. Ils affirment que leurs clients sont « victimes » de règlement de comptes politiques. C’est le cas par exemple des partisans de Karim Wade, fils de l’ancien président, condamné pour « enrichissement illicite ».
Demandez à nombre de Sénégalais et ils vous répondront, « oui Karim Wade s’est enrichi avec l’argent public et méritait d’être traduit en justice, mais il est très loin d'être le seul ». Or, les autres, tous les autres, bien connus de tous, se la coulent douce.