Un protocole d'accords a été signé entre les autorités et les populations du village de Khessoukhate, le 9 mai à Saly. Où en êtes-vous avec sa mise en œuvre ?
Dans ce protocole, il y avait trois points essentiels que sont : faire en sorte, après 15 ans de malentendus, que les populations acceptent de sortir de l'emprise de l'aéroport. Le deuxième point était au niveau des compensations, dans la part révisée qui est passée de 445 mille à 750 mille par ha et par an, par une révision faite par le GOT (groupe opérationnel de Thiès) et le troisième point est que les populations qui, depuis le départ, n'ont jamais accepté les impenses, reviennent sur leur décision, après la prise de langue. Il y avait aussi le fait que beaucoup de familles avaient refusé catégoriquement de rejoindre le site de recasement. Là maintenant, il a des populations qui acceptent de sortir des terres de l'aéroport, en allant s'installer ailleurs. Nous avions également demandé que les 304 ha de terres agricoles qui se trouvent dans la forêt de Thiès soient défrichés et une enveloppe de 25 millions est dégagée et aussi une somme de 250 mille francs par ménage pour leur déménagement.
Justement, le deadline pour le déménagement des 6 concessions était le 31 mai, mais aucune somme n'a été débloquée. Qu'est-ce qui explique ce retard ?
En effet, ces 6 concessions étaient dans le giratoire et dans l'emprise du mur. C'est vrai qu'ils n'ont pas reçu l'argent, avant le 31 mai. Maintenant, la somme a été débloquée (l'entretien a eu le 12 juin) et les populations ont commencé à recevoir leur argent. Ce retard s'explique par le fait que nous attendions le recensement. Il y a un problème au niveau du recensement, après celui fait en 2010, parce que beaucoup de gens disent qu'ils n'ont pas été recensés. Donc pour ces derniers, il faut faire une réclamation au niveau du sous-préfet. Pour gérer cela, nous avons fait un autre recensement, pour savoir exactement ce qu'il en est.
Y a-t-il une corrélation entre le deadline du déménagement et le retard du paiement des impenses ?
Après le recensement qui a pris du temps, nous avons finalement repoussé la date du déménagement complet. Maintenant, le paiement est en cours, et mieux, parmi les réfractaires, beaucoup de gens ont regagné le nouveau site. A la date où je vous parle, 10 nouveaux ménages ont déménagé et les populations récupèrent leurs impenses.
Ces maisons qui sont vantées sont jugées exigües, avec des chambres de 3 à 3,5 mètres pour des familles très grandes.
(Il coupe) C'est exagéré. Et même s'il y en a, c'est peu. Nous avons des maisons de 400 m2 composées de 3 chambres et un salon, en plus d'une cuisine, des toilettes et un petit magasin, sans tenir compte des possibilités d'extension, contrairement à Dakar où nous avons beaucoup de maisons à 150 m2. Et il n'y a aucune comparaison entre les bâtiments construits sur ce village et celui du site.
Vous dites qu'il n'y a pas de comparaison, mais le site est rocailleux et les arbres ne peuvent pas y pousser. Donc, il ne peut pas y avoir d'espace vert.
Ah si ! Partout au niveau de l'aéroport, il peut y avoir des arbres, mais l'avantage de ce site est qu'il ne peut y avoir d'inondation. Je rappelle que ce site a été choisi après consensus entre l'administration, les populations et les autorités de l'AIBD.
Quelle frange de la population dites-vous ?
Je parle de ceux qui étaient d'accord, parce que n'oubliez pas que sur les 342 ménages du village, 192 avaient déjà regagné le site et les maisons ont été construites selon leur souhait.
Concernant l'espace vert, les arbres qui étaient reboisés sont morts…
Nous avons amené les arbres. Ce sont les agents des Eaux et forêts qui étaient chargés de les planter et d'en faire le suivi. Malheureusement, c'est à ce niveau qu'il y a eu un problème. C'est pourquoi beaucoup d'arbres sont morts. Mais, dans quelque temps, vous allez voir que cela va changer. C'est une véritable ville, que vous avez là, avec de l'eau et l'électricité.
Justement, l'eau pose un sérieux problème d'accès à Khessouhate, car depuis le Daka de 2015, les citernes qui ravitaillaient le village ont été délocalisées. N'est-ce pas là, une pression pour pousser les populations à quitter la localité ?
Depuis que je suis arrivé à la tête de l'AIBD, c'est nous qui ravitaillons en eau ce village. A un certain moment, il y avait une rupture, mais j'ai demandé de continuer à ravitailler et nous avons passé un contrat avec l'hydraulique de Thiès pour faire ce travail. Et de ce point de vue, il n'y a pas de souci, nous allons continuer à les accompagner.
Comment comptez-vous gérer le problème des xamb et des cimetières, après la profanation de ceux de Mbadade ?
Nous avons prévu 500 000 F CFA pour chaque xamb, afin de permettre à la population de faire le rituel si nécessaire pour déplacer leurs affaires mystiques. Pour les cimetières, hormis ceux de Mbadade qui se trouvaient sur les aires de stationnement, les autres cimetières ne vont pas être touchés. D'ailleurs, la voie a été déviée pour ne pas les empiéter.
Après 800 ans d'existence, avec une culture aussi riche. Quel est le sort réservé au Souhipadia, l'arbre mythique et mystique qui abrite le génie protecteur du village ?
Si c'est nécessaire, un rituel va être aussi fait, avant de faire quoi que soit. Et nous allons voir avec les populations, ce que nous allons en faire. Nous avons déjà eu l'expérience ailleurs, lorsqu'il fallait déplacer un baobab. Nous sommes tous des Sérères, nous savons que c'est une ethnie qui est très attachée à sa culture. Le sentiment d'appartenance du Sérère à son terroir et à sa culture est fort. Malheureusement, il faut prendre une décision.
Les 13 années de conflits autour des terres de l'aéroport international Blaise Diagne (AIBD) ont finalement abouti à un accord signé, le 9 mai dernier, entre les populations riveraines et les autorités. Seulement, l'installation de cette infrastructure a laissé des stigmates qui risquent d'être pérennes. Les populations restantes sur les sites vivent dans la psychose et le désespoir d'un déménagement forcé et des promesses jamais tenues des autorités étatiques.
Le village de khessoukhate a été créé, il y a 800 ans. Il est aujourd'hui subdivisé en trois quartiers : Katialicke, Mbadate et khessoukhate. Il est peuplé de sérères. Ce village de la commune rurale de Keur Moussa a toujours vécu dans l'anonymat jusqu'au jour où l'ancien président de la République Me Abdoulaye Wade a annoncé la délocalisation de l'aéroport international Léopold Sédar Senghor à Diass et non à Keur Massar (dans la région de Dakar) comme prévu par son prédécesseur Abdou Diouf. Ce fut une grande joie dans le village, vite transformée en grosse désillusion.
AIBD, l'histoire d'une prédiction
Enfin, l'heure de la réalisation de la prédication des ancêtres était venue. Le vieux Diombel Dione, 83 ans, révèle : "Nos parents nous racontaient que leur ancêtres avaient fait un songe dans lequel des oiseaux faisaient descendre des gens dans cette forêt. Mais dans ces rêves, jamais il n'a été question de déplacement". En effet, contrairement à la vision de leurs ancêtres, l'aéroport international Blaise Diagne, qui s'étend sur une superficie de 4500 ha, engloutit le village qui est composé de 24 concessions et plus de 342 ménages.
Ainsi, l'espoir d'abriter une infrastructure aussi grandiose que l'aéroport a très vite fondu comme du beurre au soleil. Car, selon les habitants, la démarche des autorités a été de diviser pour mieux régner. Au début, on leur a fait croire que l'infrastructure se limiterait à 2 km du village de Mbadate. Donc, les populations pouvaient conserver leurs terres. "Or, rien de tout ce qu'on nous a raconté n'était vrai. Les autorités ont caché leur plan jusqu'au jour où elles sont revenues à la charge pour dire que l'aéroport devait engloutir le quartier de Mbadate", explique Assane Diouf du collectif "Ne touche pas à mon village".
Le monde venait de s'écrouler sous leurs pieds. "La démarche des autorités fut machiavélique. Elles ont délimité l'AIBD en trois phases. La première a fixé les limites à l'entrée de Mbadate ; la deuxième, derrière le pavillon présidentiel et la troisième au niveau de l'autoroute à péage", confie le vieux Saliou Ciss. Une barrière fut érigée. Des gendarmes postés devant. Les consignes étaient qu'aucun paysan n'avait plus le droit de se rendre dans ses champs en franchissant la grille qui se trouve derrière le pavillon présidentiel du futur aéroport. Les paysans qui s'y aventuraient étaient humiliés. Ils étaient transportés à l'entrée de l'aéroport. Pour retourner chez eux, il leur fallait parcourir des kilomètres à pieds.
Les autorités cherchant des interlocuteurs, une association fut créée sous l'appellation d'Association pour les personnes déplacées de khessoukhate (APDK). "Tous les problèmes que nous avons aujourd'hui, ce sont les autorités qui nous les ont causés. Elles nous ont divisé, en utilisant de l'argent, en poussant certains jeunes à créer une association avec laquelle elles tenaient des rencontres et faisaient des sorties médiatiques. Un imam est allé jusqu'à dire dans la télévision qu'il habitait dans une hutte", se désole Ibrahima Diouf, le chef de village. L'imam en question habitait dans un bâtiment en dur. "On nous a traîné dans la boue devant l'opinion publique, en nous présentant comme des réfractaires, des personnes qui détestaient le projet, pour légitimer notre déguerpissement. Pourtant nous avions toujours été pacifiques. Nous voulions le dialogue, mais personne ne nous a écoutés".
Une économie à terre
Conséquence, c'est le marasme économique dans le village de khessoukhate, où les populations ont jusqu'après la korité pour quitter définitivement le village. Une première vague a déjà quitté le village. Ceux qui restent se débattent dans des difficultés sans fin. Par exemple, dans le quartier de Kaparok, les femmes parcourent presque un kilomètre pour aller puiser de l'eau dans le village le plus proche, à Soune. "Personne d'entre nous ne peut puiser plus de 4 bassines d'eau par jour. Depuis le Daka, les citernes d'eau que les responsables de l'AIBD avaient mises à notre disposition ont été récupérées", se lamente la dame Ami Faye. Certaines femmes sont obligées de se rendre dans les chantiers pour demander de l'eau restante utilisée pour la construction des routes. Avec le forage installé près de l'autoroute, la nappe d'eau est devenue plus profonde et les puits pouvant atteindre 40 mètres de profondeur ont tari.
Malgré ces difficultés présentes, le village a connu une belle embellie économique, ces dernières années. En témoigne les constructions en dur. "Tout ce que nous avons construit, c'est grâce à nos revenus tirés de la terre. Aujourd'hui, du fait que la population a été spoliée de ses champs. La culture du mil, de l'arachide, du maïs est devenue morte et a cédé la place à la culture maraîchère. Pendant la saison des pluies, nous cultivons de l'aubergine et du piment dans les petits espaces qui nous restent", dit Ibrahima Diouf. L'agriculture et l'élevage se conjuguent désormais au passé. Le vieux Saliou Ciss, qui dispose aujourd'hui d'un troupeau de plus de 80 têtes de vaches, va être obligé de vendre, parce qu'il n'a plus d'espace pour les faire paître.
Promiscuité
Mais les populations de khessoukhate ne sont pas au bout de leur peine. Dans les nouvelles habitations appelées "site ba" que les autorités ont mis à leur disposition, derrière le village de Soune, une grande désillusion les attend. Ces maisons construites par l'Etat du Sénégal sont composées chacune de 3 chambres de 3,5 m de longueur, d'un salon, d'une cuisine et de toilettes et d'une petite cour. Un véritable casse-tête pour des pères de famille ayant souvent 4 épouses. D'ailleurs, dans ces demeures, le salon est transformé en chambre. Ne disposant pas d'escaliers pour se rendre à la terrasse, les jeunes utilisent des échelles pour y monter et dormir à la belle étoile. Les couloirs également sont transformés en dortoir. A cette promiscuité s'ajoute une extrême pauvreté. "Les gens parlaient de prolétariat en Europe, au 18ème siècle. C'est le mot approprié pour nous aujourd'hui", dit Lamine Ciss, un jeune très engagé dans le combat pour leur dédommagement. Pourtant dans l'accord signé à Saly, les autorités de l'AIBD avaient promis plus de 300 nouveaux logements à remettre aux ayants-droit, au plus tard le 31 mai, en plus d'une enveloppe de 250 mille francs pour les frais de déplacements. Mais jusque-là, ces engagements ne sont restés que des promesses.
A tous ces problèmes s'ajoute une cohabitation dans un climat délétère, au niveau de ce nouveau site. Il y a d'une part les membres ou sympathisants d'APDK et d'autre part, le reste de la population. Les seconds les considèrent comme des lâches et des traîtres qui ont vendu leur âme pour de l'argent. Mais ceux-ci n'en ont cure, car, ils les voient comme des arriérés refusant le développement et cultivant la misère. Ainsi beaucoup de familles sont disloquées. Lors des cérémonies, les gens se regardent en chiens de faïence. "Jamais nous ne regagnerons le site. Ils n'ont qu'à nous donner les frais de déplacement et notre argent, nous allons nous débrouiller. Lorsque les autorités construisaient ces logements, ils ne nous ont pas demandé notre avis, donc c'est pour eux", martèle Lamine Ciss.
LES POINTS DU CONCLAVE
Les dessous d'un accord
"Les grandes guerres se terminent autour d'une table". Le 9 mai dernier, après 13 années de conflits, les populations riveraines de l'aéroport international Blaise Diagne et les autorités ont conclu un accord. Grâce à l'Assemblée nationale et la société civile, facilitateurs dans les négociations, le collectif des habitants de khessoukhate et les autorités de l'AIBD ont signé un accord portant sur 8 points. Au sortir de la rencontre, le gouverneur de Thiès Amadou Sy pouvait laisser entendre sa satisfaction. "Nous sommes très heureux avec la générosité par laquelle nous sommes parvenus à un accord", se réjouissait-il. Ces 8 points concernent : les impenses des pertes des récoltes ; les 300 ha d'exploitation agricole ; le recensement des ayants droit des villas ; giratoire de Khessoukhate ; terres restantes des RAP ; mesures d'accompagnement ; servitudes aéroportuaires et le déplacement des concessions de Katialicke se situant dans les emprises de l'AIBD.
Au sortir du conclave, les parties ont convenu que l'impense de la production agricole par hectare passe de 443 000 F CFA à 750 000 F CFA par année, pour une durée de 10 ans. Un nouveau recensement dirigé par le chef de village et le comité des populations riveraines l'AIBD est fait. Les clefs des villas vont être remises aux ayants-droit, qu'ils veuillent habiter dans le site ou non. Ceux qui ont eu des villas illégalement vont être expulsés. 250 000 F CFA vont être remis aux familles restantes pour les frais de dégagement. 50 ha vont être défrichés dans la forêt classée de Thiès pour un coût estimé à 25 millions. Il est pris en charge par l'AIBD pour permettre aux populations de continuer leur agriculture. Les cimetières qui se trouvent dans l'AIBD vont être clôturés. Les terres restantes estimées à plus de 380 ha vont exclusivement être laissées aux populations qui vont faire le partage.
UNE CULTURE ENTERRÉE DANS L'AIBD
Le monde des dieux s'effondre
C'est une histoire vieille de 800 ans qui va bientôt être enterrée dans les terres de l'AIBD. Une histoire faite de croyances ancestrales et mystiques, malgré le fait que la religion musulmane soit dominante. Le génie protecteur du village se trouve entre Kaporak et les 5 concessions de Khessoukhate. Tout autour du sohipadia (l'arbre abritant le génie du village) se trouvent plusieurs baobabs et des tombes modernes et ancestrales. Les deux arbres morts autour du sohipadia ne servent jamais de bois de chauffe. Personne ne touche à ce bois, sinon il est puni par les djinns. Lorsqu'un péril menace le village, quelques vieux communiquent avec le génie qui leur donne des instructions et des recommandations. Avec l'implantation de l'aéroport, les habitants de Mbadate sont partis avec leur pierre mystique. Mais le génie refuse de se déplacer. Ainsi, pour faire certains bains mystiques, les populations attendent la tombée de la nuit pour retourner au village.
Dans la localité, 10 cimetières vont être engloutis : 2 à Mbadate, 6 à khessoukhate et 2 à Katialicke. Toujours à Mbadate, la profanation de certaines tombes a été un sacrilège qui a failli entraîner une révolte. Des bulldozers avaient déterré des ossements. A la suite, de cet incident, un protocole d'accord avait été signé à Saly. Les autorités de l'AIBD avaient promis de clôturer les cimetières restants. "Ils se sont attaqués à nos symboles, en faisant tomber l'arbre mythique de Mbadate, puis ils ont déterré nos morts", se désole Ibrahima Diouf. De ce fait, des représailles mystiques sont à craindre. Le comité des sages discute avec le sohipadia. Ils promettent une réaction. "D'ici 7 ans, le Sénégal verra si nous avons une croyance ancestrale ou non", menacent-ils.
‘’COMMENT LE PROJET D’EXTERNALISATION DANS DES ENTREPRISES EST EN TRAIN DE TUER L’EMPLOI’’
INTERVIEW SENEPLUS - Membre du syndicat des employés de la Sonatel, Cheikh Ibrahima Ndiaye critique le projet d'externalisation des travailleurs de Tigo
Après avoir boudé le projet et fait reculer leur direction, les travailleurs de la Sonatel entendent donner un coup de main à leurs pairs de Tigo pour repousser le projet d’externalisation suspendu au-dessus de leurs têtes. Dans cet entretien exclusif avec www.SenePlus.Com, Cheikh Ibrahima Ndiaye, qui est membre du syndicat des employés du numéro 1 des télécommunications au Sénégal, explique le sens de cette solidarité.
Des travailleurs de Tigo, soutenus par des employés de la Sonatel, sont montés au créneau pour dire non à leur externalisation. En quoi consiste cette externalisation ?
L’externalisation est une méthode utilisée aujourd’hui par les multinationales qui nous accompagnent dans notre activité, mais qui a pour but de nous prendre notre activité pour la transférer aux équipementiers.
C’est exactement comme dans la relation de travail qui existe entre le pharmacien et le docteur : imaginez qu’on demande au pharmacien de faire le travail du docteur, c’est-à-dire consulter le malade, prescrire des ordonnances et vendre des médicaments. Le pharmacien accepte parce qu’il sait qu’il sera l’unique client du patient. C’est lui qui sera son unique fournisseur.
En quoi ce système menace-t-il l’emploi ?
À partir de ce moment on donne au pharmacien une occasion de licencier le personnel venu du cabinet du docteur parce qu’il va se dire que son plateau ne peut pas contenir tout ce personnel. Ainsi ces derniers vont perdre leurs emplois pour un service moins couteux proposé par le pharmacien. Mais qu’arrivera-t-il au malade ?
Il va mourir de mauvais soins. Il va mourir de surdose de médicaments qu’on lui a vendu pour remplir la caisse du pharmacien. Il va mourir de pauvreté en achetant des médicaments dont il n’avait pas besoin.
Dans cette forme de procédure, seul le pharmacien et celui qui a transféré les compétences du docteur au pharmacien y trouvent leurs comptes. Ils vont s’enrichir sur le dos du patient. Voilà ce que les multinationales comptent faire aux travailleurs avec cette externalisation.
Au niveau de la Sonatel on nous dit que l’emploi n’est pas menacé. Mais nous constatons des conséquences sur le secteur privé national. La Sonatel utilise beaucoup d’entreprises locales qui exercent dans le secteur du froid, de l’énergie, etc. Ces entreprises ont la Sonatel comme principale ressource. Maintenant si la Sonatel externalise l’activité que ces entreprises font au niveau de son plateau, ces dernières seront cuites.
Elles n’auront plus de marché ou elles seront sous traitées par le repreneur de ce marché. C’est-à-dire là où ces entreprises avaient 1000 francs Cfa pour une action sans coûts sérieux avec la Sonatel, le repreneur accepte de prendre la même action à moins de 1000 francs Cfa.
Après il va proposer de payer 500 francs Cfa à ces entreprises qui gagnaient 1000 francs Cfa pour le même travail parce que, d’une part, ces entreprises auront déjà perdu le marché à cause de lui et, de l’autre, parce qu’il a accepté d’honorer l’action à 900 francs Cfa, voire moins.
A partir de ce moment ces entreprises vont être confronté à faire un choix. Soit elles refusent la proposition du repreneur et disparaissent. Soit elles acceptent et vont être obliger de réduire leurs personnels pour faire face.
Donnez-nous un exemple concret ?
L’entreprise sénégalaise qui s’occupe du froid de la Sonatel confectionne les climatiseurs, les lui vend et les installe. Si la Sonatel externalise ce marché du froid, le nouveau venu va importer les climatiseurs de chez lui. Il n’aura plus besoin des climatiseurs de la société sénégalaise qu’il va utiliser juste pour l’entretien et le rechargement des gaz.
Ainsi cette société sénégalaise va perdre une grande marge de travail et va être obligée de licencier. L’impact indirect sur le tissu économique national est énorme et grave.
Avez-vous évalué l’impact de ce projet d’externalisation sur l’emploi ?
Depuis qu’on parle d’externalisation on n’embauche plus à durée indéterminée. On utilise des intérimaires. On utilise des jeunes diplômés parfois même plus lotis que les premiers embauchés. Mais sachant qu’ils n’ont pas le choix, on leur fait signer des «contrats kleenex» c’est-à-dire on les utilise et après on les jette à la poubelle.
Ces jeunes occupent tout le front-office de nos sociétés de télécommunication, à la banque aussi cette pratique existe. C’est une façon de tuer l’emploi, prônée par les multinationales. Elles l’imposent à nos managers en leur interdisant de recruter, et les poussent à précariser l’emploi.
Pourtant on parle de responsabilité sociétale d’entreprise. Si tu ne peux plus donner l’aumône à un aveugle, ne lui prend pas ce qu’il a déjà gagné. Une entreprise comme la Sonatel, qu’on dit être la plus riche de la sous-région, n’a pas plus de 2000 employés ! Voyez-vous le contraste que cela fait ?
Voulez-vous dire que la Sonatel ne recrute pas assez ?
La Sonatel utilise beaucoup de jeunes sénégalais mais n’ose pas les recruter parce que France télécom ne veut pas de contrats à durée indéterminée. Ces jeunes avec des contrats à durée déterminée de 2 ans vont, à la fin de leurs contrats, se retrouver dans la rue à la recherche d’un autre travail.
Pis, ces jeunes ne peuvent pas prendre un engagement social. Ils ne peuvent pas se marier. Ils ne peuvent pas contracter un prêt bancaire pour construire une maison. Ces contrats ne donnent aucune possibilité à nos enfants de commencer à construire un avenir.
Pour en revenir au projet d’externalisation. Combien d’employés sont concernés à la Sonatel et à Tigo ?
À la Sonatel plus de 200 employés étaient cités, mais ce projet d’externalisation est rangé aux oubliettes parce que le syndicat a refusé catégoriquement. Mieux le syndicat s’est rendu compte que le combat ne se limite pas seulement à la préservation de l’emploi mais à empêcher que l’outil économique nous échappe.
En réalité pour comprendre le projet d’externalisation nous avons fait un mémorandum qui a permis de prendre conscience que c’est l’outil économique même qui est en train de passer à d’autres mains. Ainsi quand nous avons compris tous les enjeux qui se cachent autour de cette externalisation, nous nous sommes engagés à aller au-delà de la défense de l’emploi, nous défendons maintenant l’économie nationale.
Au niveau de Tigo 91 employés sont concernés. Mais heureusement ils ont à leurs cotés, dans le cadre du syndicat national des télécommunications du Sénégal, des camarades qui ont déjà vécu la même chose. Quand on a appris la situation à Tigo, nous leur avons conseillé de ne pas céder a l’intimidation. Nous avons réussi à dire non à la Sonatel et eux pourront réussir la même chose à Tigo.
Rappelé à Dieu samedi dernier, le rappeur Cheikh Sidaty Fall alias Pacotille était un militant du parti démocratique très engagé.
"J'aime Abdoulaye Wade depuis que je suis petit", avait l'habitude de dire le rappeur Cheikh Sidaty alias Pacotille. Mais ce n'est pas seulement pour cela qu'il avait décidé de le soutenir. La politique de l'homme l'avait émerveillé et convaincu, ajoutait-il. Un homme qu'il a rencontré pour la première fois en 2004 lors d'une de ses prestations.
"Me Wade a aimé ce que je faisais", disait l'artiste. Cependant, ce n'est que 2 ans après qu'Abdoulaye Wade le reçoit. Nous sommes en 2006. Et aux élections de 2007, le rappeur de Yeumbeul a officialisé son ralliement au parti démocratique sénégalais. Il mène campagne aux côtés d'Abdoulaye Wade et de Macky Sall, à l'époque directeur de campagne de l'ancien Président libéral.
Pacotille n'était pas le seul rappeur à s'engager officiellement en politique à cette époque. Bill Diakhou soutenait aussi Moustapha Niasse. Cependant, c'est le rappeur au tic-tic qui a reçu le plus de critiques venant de ses pairs. Certains l'avaient même surnommé "Paco Fric" pensant que la conviction politique de l'artiste n'était en réalité guidée que par la recherche de gains.
Ce que l'auteur de "faits divers" a toujours réfuté. Et ces dénégations n'ont pu juguler son engagement encore moins sa démarche politique. Après la campagne électorale de 2007, il participe à la caravane des vacances citoyennes agricoles de 2008 avec l'ancien ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes, Mamadou Lamine Keïta. Il fait le tour du Sénégal en tant qu'ambassadeur de la jeunesse, pour disait-il, porter le message du président de la République, en appelant les jeunes à travailler la terre.
Ce fut également une occasion pour lui de faire la promotion de son album "Yay mbeur" sorti en 2007. Car partout où la caravane passait, le rappeur de Yeumbeul prestait. Il avait d'ailleurs composé une chanson parlant de la grande offensive agricole pour la nourriture et l'abondance (Goana) et une chanson faisant l'apologie de Wade. Ce qui a accentué la vague de critiques à son encontre. Et loin d'être ébranlé, Pacotille disait à qui voulait l'entendre que "la politique est (sa) passion et le rap (sa) profession".
En 2012, alors que la plupart des rappeurs les plus représentatifs au Sénégal menaient une lutte ardue pour le départ d'Abdoulaye Wade du pouvoir, Pacotille lui, réitère tout son soutien. Avec Idrissa Diop et d'autres artistes, ils apportaient sur le plan musical la réplique aux rappeurs de Y en a marre. Au lendemain de la défaite des libéraux, beaucoup pensaient que le combat était fini pour le rappeur jongleur. Oh que non ! Il ne faisait alors que commencer.
En 2013, alors que Wade s'est "exilé" à Versailles après sa défaite à la présidentielle, Pacotille part le voir. Il passe même avec le pape du Sopi la fête de tabaski de cette année-là. Ce qui montre sa fidélité à Abdoulaye Wade. Dans une vidéo disponible sur le net, il y soutenait que le père fondateur du Pds l'aimait autant que lui-même l'adorait.
Ce qui explique peut-être son intégration au sein du comité directeur du Pds après les élections de 2012. "Je ne me rappelle pas la date exacte de son intégration dans le comité directeur mais je sais qu'il est venu après 2012. Il en était un membre simple. Il venait aux réunions mais ne parlait presque pas. Il ne parlait pas beaucoup", se rappelle Modou Diagne Fada joint par EnQuête. Cela ne faisait pas moins de lui quelqu'un d'engagé pour les causes libérales, comme le souligne Bachir Diawara.
En outre, Pacotille était très engagé dans la lutte pour la libération de Wade fils. Dans sa chanson "Le féticheur mange le bâtisseur", il dénonçait le complot politique contre Karim Wade. Dans cette chanson, l'on découvre artistiquement un autre Pacotille qui chante dans la langue de Molière. Cela démontre qu'il a compris les enjeux de la bataille qui transcende nos frontières.
Il porte ainsi les combats de Wade, ce qui fait qu'il n'hésite pas à plaider l'innocence de l'ancien Président tchadien Hissein Habré qu'il voyait comme un "martyr". Ainsi, Pacotille défendait la cause des "justes" comme le dit son ami Bachir Diawara. "Pacotille était toujours aux côtés de Karim Wade. Même si ce n'était pas Karim Wade, il se serait engagé quand même car c'était un défenseur des causes justes", a-t-il précisé.
Cela était même son "credo", toujours selon M. Diawara. Ainsi, le rappeur menait un combat "pour la restauration de la justice". Par ricochet, c'est Karim Wade qui perd une de ses sentinelles avec le décès de Pacotille. "Karim était abattu. Il a une estime et une admiration pour Pacotille. Il l'a toujours apprécié", assure Bachir Diawara.
La proposition de Serigne Bassirou Guèye, procureur de la République, demandant la suppression de la loi Latif Guèye, n’agrée toujours pas des acteurs de la lutte contre le trafic des stupéfiants. Au même moment, Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), plaide une évaluation dudit texte législatif.
En prononçant son discours à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la première session 2015 de la Chambre criminelle de Dakar, le procureur de la République a remis sur la table le débat sur la suppression de la loi Abdou Latif Guèye qui criminalise le trafic de drogue.
Serigne Bassirou Guèye devant les acteurs judiciaires étayait son argumentaire en soutenant que la loi 2007-31 du 30 novembre 2007 du nom du défunt Abdou Latif Guèye devant permettre de lutter contre le trafic de drogue, se révèle être plus une contrainte qu’un avantage.
D’où la conviction du procureur Guèye que «le trafic de drogue doit disparaître des rôles des Chambres criminelles. Il doit être considéré comme un délit et justiciable devant le Tribunal départemental». Ce crime représentait «75% du rôle» de la Chambre criminelle de Dakar avec 30 cas sur 40 à juger.
«Si on ne renforce pas la loi Latif Guèye, qu’on ne l’affaiblit pas»
Mais l’avis du chef du Parquet de Dakar est loin d’emporter l’adhésion de nombre d’intervenants dans le milieu des droits de l’Homme et autres. Joint au téléphone par Le Quotidien, Mame Mactar est le premier d’entre eux à lever le doigt pour exprimer son désaccord. Une position qu’il réitère plutôt.
Le premier vice-président de l’Onj islamique Jamra constate : «Les acteurs de la lutte contre la drogue, Etat comme société civile, reconnaissent que cette loi (Latif Guèye) a un effet dissuasif».
«Avec cette loi, les narcotrafiquants sont conscients qu’ils risquent 10 ans de prison et trois fois plus que l’amende (prévue) sur la drogue saisie. Elle constitue une épée de Damoclès sur la tête des trafiquants de drogue.»
Et Mame Mactar de rappeler la position de Jamra sur ce débat relatif à la suppression de la loi Latif Guèye : «Jamra a toujours eu à dire que cette loi, si on ne la renforce pas, qu’on ne l’affaiblit pas.»
Le responsable de l’Ong Jamra déplore le fait que des auxiliaires de justice aient ciblé le trafic de drogue en vue de l’extirper de la liste des crimes jugés alors par la Cour d’assises devenue Chambre criminelle aujourd’hui. «Je trouve injuste de considérer que la répression du trafic de drogue alourdit les rôles des Chambres criminelles», regrette Mame Mactar Guèye. Au contraire, rectifie-t-il, cela «est une responsabilité partagée par tous les crimes».
Seydi Gassama : «On doit réprimer sévèrement tout trafiquant de drogue»
Cette position du numéro 2 de l’Ong Jamra rejoint celle du directeur exécutif d’Amnesty international qui martèle : «Nous sommes contre la suppression de la loi Latif Guèye.» Gassama argumente encore en faisant remarquer : «Le trafic de drogue est une préoccupation mondiale. Il déstabilise les Etats et provoque des conflits.»
Ce qui le pousse à prôner : «On doit réprimer sévèrement tout trafiquant de drogue. Beaucoup d’Etats en Afrique sont devenus des narco Etats contrôlés par le narcotrafic.» Autre argument brandi par le directeur exécutif de Ai-Sénégal : «Si vous demandez aux gens qui commettent des crimes de sang, vous vous rendrez compte que dans la majeure partie des cas, ce sont des gens qui sont sous l’emprise de l’alcool et de la drogue.»
Même s’il reconnaît que les Chambres criminelles constituent une solution au surpeuplement des lieux de privation de liberté, Seydi Gassama n’en préconise pas moins «de construire de nouvelles prisons adaptées aux normes internationales».
Me Assane Dioma Ndiaye : «Il faut une évaluation de la loi Latif Guèye»
Se plaçant sous la posture du juriste, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) est d’avis que «l’évaluation de la loi Latif Guèye s’impose. Il faut voir le côté le plus positif pour notre société». La criminalisation, selon lui, entraîne de fait une automatisation de l’information. Ce qui signifie que les dossiers relatifs au trafic de drogue doivent aller en information alors que ce sont des dossiers de flagrance.
Me Assane Dioma Ndiaye explique qu’«on s’est rendu compte que l’information n’apportait pas une plusvalue en termes de découvertes. Cela n’apporte aucune nouveauté par rapport aux faits». L’avocat à la Cour préconise même qu’«un compromis soit trouvé». «A défaut de ne pas supprimer la loi Latif Guèye, la solution pourrait être trouvée avec les Chambres criminelles.
Un juge peut boucler son enquête en trois mois. Et la Chambre criminelle siègera tous les trois mois pour vider les affaires», suggère-t-il. Ce qui pose le débat sur la permanence de ces juridictions.
Rappelant l’esprit qui prévalait au moment de l’adoption de la loi, le président de la Lsdh renseigne que le député d’alors, feu Abdou Latif Guèye, «voulait engager une lutte farouche contre les trafiquants de drogue. Il pensait qu’en aggravant les peines, cela pourrait dissuader (les trafiquants)».
‘’DANS CET HÔPITAL, LES CHARGES DÉPASSENT DE PLUS DE 30% LES RECETTES’’
AMADOU LAMINE NDOYE, ACP DU CENTRE HOSPITALIER HEINRICH LÜBKE DE DIOURBEL
Il cristallise la colère des travailleurs du Centre hospitalier Heinrich Lübke de Diourbel. Acp de l’hôpital, Amadou Lamine Ndoye, qui n’a pas voulu être photographié pour des raisons de sécurité, reste serein. Malgré les accusations du personnel qui remet en cause sa méthode de gestion. Chiffres à l’appui, il démonte les arguments de ses contempteurs.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au niveau du centre hospitalier Heinrich Lübke de Diourbel ?
C’est un problème de trésorerie. Les charges dépassent de plus de 30% les recettes. J’ai tout le temps dit que les charges dépassent de 30% les recettes. C’est-à-dire qu’on n’arrive pas à gérer les dépenses de l’hôpital, car la trésorerie au cours du mois doit au moins nous permettre de payer la masse salariale, les dettes à court terme, c’est-à-dire les dettes dues aux fournisseurs, les dettes fiscales et sociales, mais aussi de financer les besoins en fonds de roulement, c’est-à-dire l’argent nécessaire au fonctionnement de l’hôpital.
Les charges de l’hôpital sont très élevées parce qu’on ne peut pas avoir des charges de plus de 85 millions et des recettes de 40 à 45 millions. Même le commissaire aux comptes nous a dit : «M. Ndoye, comment tu fais pour payer les salaires, car la masse salariale est largement supérieure à ta valeur ajoutée.» Donc, ce sont des problèmes de trésorerie que je rencontre.
A combien s’élève la masse salariale ?
La masse salariale s’élève à 32 voire 33 millions de nos francs par mois.
Et les recettes ?
Les recettes propres varient entre 24 et 25 millions. C’est exceptionnellement qu’elles atteignent 30 millions de nos francs. Donc, les ressources propres ne peuvent même pas payer les salaires. Depuis que je suis là, il y a un seul mois où les ressources propres m’ont permis de payer les salaires.
Pourquoi une partie des travailleurs demande votre départ ?
Au niveau de l’hôpital, il y a trois syndicats : le Sames, le Syntras et le Sutsas. C’est le Sutsas qui réclame mon départ et je ne sais pas pourquoi. On me dit qu’il faut que l’Acp paie la cotisation sociale. La cotisation sociale, j’ai trouvé ici des arriérés de 2002 et de 2003.
J’ai hérité d’un passif de plus de 300 millions de dettes y compris les dettes des fournisseurs, les dettes fiscales et sociales de l’hôpital... J’ai le procès-verbal de passation de services. A l’heure actuelle, j’ai soldé les créances dues à l’Ipres par des acomptes de 3 millions, de 5 millions. Le dernier montant s’élève à 6 millions 998 mille 029 francs et cela a été soldé le 22/06/2015.
J’ai les pièces justificatives. Il faut demander.
N’est-il pas paradoxal de solder des créances alors que vous avez des problèmes de trésorerie ?
Mais tu es obligé pour gérer le climat social de l’hôpital. Si la trésorerie me permettait de fonctionner normalement, on n’allait même pas devoir de l’argent à l’Ipres, parce que ce sont des retenus qui ne sont pas faites sur les salaires. Ce sont des retenues qui doivent être payées en même temps que les salaires. Ce sont des retenus que l’on fait aux travailleurs.
Combien vous devez à la Caisse de sécurité sociale ?
Actuellement, l’hôpital ne doit rien à la caisse. Je persiste et signe. On ne doit actuellement rien à la caisse. On doit au moins aux Impôts et domaines. Là je suis d’accord. On leur doit un montant de 110 millions
Comment se fait-il que le centre hospitalier doive une telle somme aux impôts ?
Ce sont toujours des arriérés qui n’ont pas été épongés. Je t’ai dit que j’ai hérité d’un passif qui dépasse 300 millions. Ce sont des dettes.
Est-ce-que vous n’avez pas un problème de communication avec le Sutsas ?
Je ne dirai pas oui parce que peut-être ils savent ce qui se passe à l’hôpital, parce que les recettes ne peuvent pas payer les salaires depuis que je suis là (depuis 2013). Et ils ne sont jamais restés un mois sans percevoir leurs salaires et la motivation interne.
On te dit que les recettes ne peuvent pas payer les salaires. Tu fais tout pour payer les salaires et après le 10, on te dit tu viens Acp, on fait une réunion paritaire c’est-à-dire 25% des ressources propres qui ne peuvent même pas payer les salaires vont servir à payer la motivation interne du personnel.
Depuis 2013, ils n’ont pas demandé votre départ. Pourquoi le font-ils maintenant ? Il y a des raisons (il coupe)...
Moi, c’est ce qui m’étonne. Moi, je le dis et je persiste. J’ai fait un excellent travail ici à Diourbel.
Quels sont vos rapports avec la direction ? Paraît-il que vous soyez à couteaux tirés ?
Des fois, entre la direction et l’Acp, ce sont des points de vue différents. Je ne veux pas trop m’appesantir sur cela, mais entre la direction et moi, ça ne va pas comme cela devrait l’être.
Souvent les Acp sont perçus comme des empêcheurs de tourner en rond. Est-ce votre cas ?
Je le dis, nous ne sommes pas un système de blocage. Nous venons là pour gérer les ressources de l’hôpital. Une gestion transparente, une bonne gouvernance. C’est çà notre travail. Il y a une procédure administrative. La dépense publique a deux phases : une phase administrative et une phase comptable. Donc, il y a une procédure à suivre. Si la procédure est normale et réglementaire, je pense que l’Acp n’a pas de problèmes pour décaisser.
Mais la dernière fois (mercredi passé), vous avez refusé de payer des films. Et avec les pannes de scanner de Touba et Kaolack, vous avez raté une occasion d’engranger beaucoup d’argent et de renflouer les caisses.
C’est le mot refuser qui me dérange. Refuser ? Un Acp ne refuse jamais (il se répète) de payer une dépense. Des fois, la dépense peut ne pas être réglementaire. Est-ce qu’il a toutes les pièces justificatives concernant la dépense. Des fois, il a des problèmes de trésorerie. Je te dis qu’il y a des charges que l’Acp doit justifier à la fin du mois et qui sont obligatoires.
Si tu me parles de films, de consommables de labo, de médicaments, de bloc, de carburant, mais ce sont des charges obligatoires. Mais si les recettes ne couvrent pas les dépenses, c’est un problème qui se pose parce qu’il faut payer les salaires, les fournisseurs médicaux, la restauration, c’est un marché qu’on a attribué à un fournisseur et qui avoisine les 100 millions.
Mais vous êtes membre de cette commission des marchés ?
Je ne suis plus membre. J’étais membre de cette commission. J’ai demandé à ce qu’on me sorte de la commission.
Pourquoi ?
J’ai mes raisons personnelles. Je ne suis plus membre de la commission de réception du matériel. D’ailleurs, je ne suis membre d’aucune commission parce que je veux être... (Il ne termine pas la phrase).
Vous gardez les deniers publics et vous refusez de siéger au niveau des commissions...
Mais on ne peut pas être juge et partie à la fois. On ne peut pas être membre de la commission et après payer les gens.
Sur le carburant que vous refusez de remettre et qui est à l’origine du mouvement d’humeur du Sutsas allant jusqu’à demander votre départ, quel est le problème ?
C’est le mot refuser qui me dérange. Pour le carburant, j’ai reçu une facture de Ibrahima Manga. La facture 049-2015 du 05/06/2015 d’un montant de 2 millions 495 mille francs qui correspond à 3 500 litres de gasoil pour le fonctionnement du mois de juin 2015. J’ai fait un acompte parce que la trésorerie ne nous permet pas de payer la totalité de la facture.
J’ai fait à la même date un acompte de 2 500 litres qui correspond à 1 million 725 mille francs par ordre de virement du 05/06/2015 au profit de Monsieur Ibrahima Manga, gérant Total gare routière de Diourbel. A la date du 08/06/2015, j’ai émis un ordre de virement au nom de ce même fournisseur d’un montant de 345 mille francs qui correspond à 500 litres, toujours par ordre de virement.
Le jeudi passé, à ma grande surprise, (le matin à 9 heures) le comptable-matières m’a interpellé pour me dire que le groupe ne fonctionne pas parce qu’il n’y a pas de carburant. Mais est-ce qu’il n’y a pas une mauvaise gestion ?
Parce que s’il y avait un bon stock d’alerte, il n’allait pas y avoir de problèmes. Pourquoi le comptable matières a laissé cette situation jusqu’à ce que le groupe n’ait plus de carburant et tombe en panne pour me le dire.
C’est après que j’ai vu des personnes se réclamant du Sutsas venir devant mon bureau et crier, réclamer mon départ et dire des choses que je ne peux répéter ici. Le même jour, j’ai remis au comptable-matières, Youssou Diop que je nomme, un chèque n° 976 55 30 de la Cncas de 103 mille 500 équivalent à 150 litres.
A la date du 7 juillet, je viens de solder les 3 500 litres de carburant par chèque n° 976 55 36 d’un montant de 586 mille 500 équivalent à 850 litres de carburant au nom du fournisseur Ibrahima Manga.
Ils vous reprochent aussi d’avoir fait les mêmes pratiques à Ziguinchor. Et c’est ce qui explique votre départ. Que répondez-vous ? Quel était le problème à Ziguinchor ?
On ne te dira jamais que l’Acp a fauté. A Ziguinchor, les recettes ne permettaient pas de couvrir les dépenses. A Ziguinchor, j’ai reçu même les félicitations du payeur trésorier régional. C’est un problème de trésorerie que je rencontre, mais il n’y a pas une mauvaise gestion de ma part. A Diourbel, on ne va rien aussi me reprocher. Je ferai une passation de service nickel.
N’êtes-vous pas tenté de demander votre départ ?
Ça, c’est courir, c’est abandonner. Je ne suis pas fautif.
Et comment vivez-vous toute cette pression ?
Ça ne me dit rien. Je suis calme et très serein. Je ne suis nullement dérangé. Je tranquillise ma famille et je leur demande de manger bien et de dormir bien parce que je n’ai rien fait de mal.
En quoi consiste le travail d’un Acp d’un hôpital ?
L’Acp gère les deniers publics de l’Etat, recouvre les recettes et paie les dépenses.
Qui peut être Acp ?
Tout agent de l’Etat.
L’hôpital est difficile ?
L’hôpital est très difficile à gérer. Il y a les partenaires sociaux, les charges de l’hôpital, surtout la masse salariale. On paie des motivations de 8 à 9 millions et des salaires d’environ 30 millions.
Est-ce-que les programmes (Sésame, Cmu etc.) ne vous fatiguent pas ?
Ils nous fatiguent parce que le recouvrement est lent et ce n’est pas bien fait.
Le recouvrement, c’est au niveau de l’Ipres ou de l’Etat ?
C’est aussi bien au niveau de l’Etat que de l’Ipres.
Est-ce-que l’Etat vous paie ?
Il nous paie, mais pas suffisamment. Je viens de recevoir un chèque Sésame d’un montant de 873 mille alors que l’Etat nous doit beaucoup de millions. Pour la Cmu, le recouvrement n’est pas aussi nickel comme on le pense. L’Etat nous doit beaucoup d’argent.
En dehors de l’Etat, qui vous doit de l’argent ?
La mairie, le Conseil régional etc.
Comment faites-vous dès lors que le Conseil régional n’existe plus ?
C’est ce qui actuellement grève le budget de l’hôpital parce qu’on a beaucoup de créances et qui datent de longtemps.
PAR GAELLE YOMI DE SENEPLUS
''NOUS COMPTONS DEVENIR LA 3E FORCE POLITIQUE''
Haïdar El Ali, président des écologistes du Sénégal ancien ministre de la Pêche
Dans cette interview exclusive avecwww.SenePlus.Com, Ali El Haïdar, le secrétaire général de la Fédération démocratique des écologistes du Sénégal (FDES), prédit la montée en puissance des Verts pour devenir la troisième force politique du Sénégal. Et ce, en dépit des moyens limités du parti.
Ancien ministre de la Pêche, Haïdar se prononce également sur le nouveau code la pêche ainsi que sur les diverses menaces environnementales qui pèsent sur le pays du fait du changement climatique et, surtout, de l’action de l’homme devenu «éco-prédateur».
Ali Haidar, le nouveau code de la pêche a été adopté avec des modifications notables, notamment en ce qui concerne les sanctions contre la pêche illégale. Les bateaux étrangers payeront désormais entre 500 millions et 1 milliard de francs Cfa d’amende. Comment appréciez-vous cette mesure en tant qu’ancien ministre de la Pêche ?
Pour certaine partie de la loi, j’apprécie hautement parce que lorsque j’étais ministre de la Pêche j’avais porté ce projet. Je suis assez content que ce projet ait pu enfin aboutir à l’image de loi du ministère de l’Environnement qui interdit l’utilisation des sacs plastiques. Ce sont des actes majeurs. Le point le plus important à mon sens, c’est la notion de «taille marchande». Au Sénégal, avant, on pouvait pêcher des mérous qui font 20 cm, des petits poissons qui n’ont pas atteint leur maturation sexuelle et qui ne se sont pas reproduits, la sardinelle (Yaboye), qui représente la sécurité alimentaire parce que presque 70% du débarquement de nos pêches, sont composés de la sardinelle : avant on pouvait les pêcher à 12 cm, nous avions proposé 18 cm avec l’avis des scientifiques car il faut que le poisson ait pu se reproduire au moins une fois avant d’être pêché.
Sur la sanction dont vous parlez, avant sur l’ancien code, on pouvait sanctionner un bateau qui pouvait capter 3000 tonnes de poissons avec une valeur marchande de près de 3 milliards de francs. On pouvait le sanctionner à hauteur de 400 millions maximum s’il était récidiviste et 200 millions si c’était sa première infraction. C’était quasiment une autorisation à aller pêcher illégalement. Nous avons ramené cette amande à 1 milliard et avec une possibilité de saisir le navire parce que dans l’ancienne loi, on ne pouvait pas saisir le navire, ni emprisonner le capitaine, alors que dans les pays de la sous-région, c’est effectivement ça qui se fait. Nous nous sommes donc adaptés. Avant, il était interdit d’utiliser le monofilament en nylon, mais on pouvait le détenir, le vendre, l’importer. Dans la nouvelle loi, c’est interdit de l’utiliser mais aussi de le commercialiser. Ce sont des améliorations très importantes pour la durabilité de l’exploitation et pour notre économie nationale. Je rappelle que la pêche c’est près de 200 milliards de francs Cfa comme recette soit près de 12% de notre PIB. C’est un secteur économique très important. C’est 600 000 emplois.
Ces mesures sont-elles suffisantes pour combattre efficacement la pêche illégale ?
Je pense honnêtement que cela ne suffit pas. Il faut une volonté politique très forte, une administration déterminée et c’est ça qui fait souvent défaut. J’ai l’impression que beaucoup de nos compatriotes n’aiment pas le pays. Je le dis avec toute la sincérité du monde parce que quand on aime son pays, on veut le porter avec des valeurs : comme ne pas être corruptible, avoir une vision politique sur le long terme. C’est très important. Il faut une volonté politique très importante pour éradiquer ces fléaux, mais la surveillance seulement ne suffit pas. La somme de tous les engagements est la solution. Vous voyez cette année, il ne pleut pas. Les paysans sont dans le désarroi. Pourtant tous les jours, c’est 50 camions de bois et de charbon qui circulent frauduleusement, tirés de notre forêt. Si on ne fait rien la ressource va disparaître. C’est pour cette raison que je dis que la surveillance seulement ne suffit pas, les lois seulement ne suffisent pas. Encore faut-il un engagement très fort de la population et cela passe par l’éducation.
Avez-vous noté une rupture dans la politique environnementale nationale depuis l’avènement de Macky Sall en 2012 ?
Je vois que le président de la République, Macky Sall, est très déterminé parce que dans ses discours, il est très engagé pour l’environnement, mais le secteur ministériel ne suit pas. Je peux donner des chiffres. Lorsque je suis arrivé au ministère de l’Environnement les statistiques indiquaient 50 camions de bois de 30 tonnes qui passaient par le poste de contrôle de Kaffrine en moyenne. Je l’ai ramené à 15. Ce qui est la norme, ce que nos scientifiques indiquent qu’on peut prélever de la forêt. Mais quand j’ai été remplacé, on est passé à 60 camions parfois.
Il y a donc eu un recul dans le domaine de la protection de la forêt depuis votre départ du gouvernement ?
Je crois que c’est au niveau de l’administration des Eaux et Forêt, il y a des fonctionnaires véreux. Je pense qu’il n’y a pas de volonté, je ne dirais pas politique, mais en tout cas, le trafic qui se passe à ce niveau est grave. Toutefois, récemment j’ai vu que le ministère des Forces armées et le ministre de l’Environnement s’étaient alliés pour résoudre ce fléau. Je suis convaincu que c’est la volonté du chef de l’Etat. Parce qu’il sait bien que la ressource est en train de disparaître. Il y va de notre survie parce que quand vous voyez 60 millions de déplacés, beaucoup d’entre eux n’ont plus accès à la ressource qui est pillée soit par les multinationales ou les trafiquants véreux. Comme ils n’ont pas accès à la ressource ils vont chercher le soleil en Europe. Les questions majeures- puisqu’elles font vivre- que sont l’environnement, l’élevage, l’agriculture, l’exploitation de nos ressources, la pêche doivent être réellement prises en compte. En matière de pollution, le bradage de la corniche de Dakar est un souci et le lit du fleuve à Saint-Louis laisse à désirer… Au niveau de la santé publique, la pollution des véhicules, de certaines usines qui ne prennent même pas en compte ces questions, est très importante. Il suffit de voir à Dakar les pots d’échappement des camions, des «Ndiaga Ndiaye», des «cars rapides» qui ont 60 ans, combien ils polluent l’environnement ! Il y a un sérieux problème de santé publique et ensuite la pollution visuelle. J’ose espérer qu’avec l’application de la loi sur le sac plastique, ça va disparaitre de notre paysage. Sur le littoral vous avez raison parce que nos plages sont polluées. Il suffit d’aller à Joal, à Mbour, Saint-Louis ou à Dakar et vous verrez que c’est vraiment un spectacle très agressif. Maintenant, ça me ramène au volet éducation car j’ai toujours dit que les capitales et les villages ne sont pas sales. Ce sont les gens qui y résident, qui sont désorganisés et pas éduqués, qui sont sales. Très souvent dans la circulation, vous voyez quelqu’un boire sa canette et la jeter dehors.
Comment se porte le FDES, votre formation politique. Peut-on dire que vous êtes toujours membres de Benno bokk yakaar (BBY) ?
Je pense qu’à toute élection, il y a des accords au niveau des partis. Un accord BBY ou celui dans lequel j’étais avant, Benno Ak Tanor, n’existe que pour une échéance politique. Quand cette échéance est passée, il faut d’autres accords. Notre formation politique travaille à la base à se massifier. Nous comptons devenir à courte échéance, peut être lors des prochaines législatives ou les prochaines présidentielles, la troisième force politique du Sénégal. L’écologie est en train de s’émanciper, il y a énormément de sympathisants. Et quand je vois l’Apr, qui est le parti au pouvoir, ou le Parti socialiste, qui est un ancien parti organisé et structuré, je me dis que ce sont les deux forces politiques qui sont devant nous. Au niveau politique, je pense que nous avons un bel avenir devant nous. Les adhésions sont très importantes. Maintenant vous savez très bien qu’un parti a besoin de moyens. C’est ce nerf de la guerre qui nous fait défaut.
Où comptez-vous trouver les financements nécessaires ?
Le monde entier prend conscience du dérèglement climatique. Les écologistes de par le monde, tirent la sonnette d’alarme. Il va avoir beaucoup de pays qui vont être rayés de la carte du fait de la montée des océans. La planète est dans une tourmente climatique telle que les déplacements vont être de plus en plus nombreux, les dérèglements pluviométriques seront de plus en plus graves. Il ne faut pas croire que parce qu’on a la volonté, on va changer les choses. Ça va se faire dans le temps. Après Copenhague, Kyoto, Paris, les grands de ce monde vont encore se retrouver pour théoriser autour de l’inaction car ils ne font rien. Lorsqu’une multinationale veut s’installer, elle vient avec des mallettes, elle corrompt qui elle veut. Puis elle a toutes les autorisations du monde et quand vous voulez restaurer l’environnement, vous êtes obligés de quémander et de tendre la main alors que c’est un devoir et un droit. C’est notre présent qui est menacé et non notre avenir. L’homme aujourd’hui prend conscience qu’il est éco-acteur du changement climatique alors qu’en réalité il est éco-prédateur. Lorsqu’il prendra conscience de cela, il sera devenu éco-survivant. Au lieu d’attendre, la solution c’est nous. Concentrons-nous sur la solution.
Des agents de l’hôpital Aristide Le Dantec en mode restaurateurs. Le chef de Service des soins infirmiers ainsi que le chef de Service maintenance tiennent des restaurants dans l’enceinte de l’hôpital. La direction qui a constaté cette activité extra professionnelle promet de prendre des mesures pour arrêter ces activités.
Des agents de l’hôpital Aristide Le Dantec s’adonnent à des activités extra professionnelles dans l’enceinte de la structure. Le chef de Service des soins infirmiers (Ssi), Seyni Mbaye, et le chef de Service maintenance, Moussa Diagne, se sont offerts eux-mêmes une partie du juteux marché de la restauration du personnel. Cet écart a été possible suite à la fermeture du restaurant du personnel de ladite structure.
La direction de Le Dantec a construit une centrale d’oxygène sur le site qui abritait le restaurant chez Kaw, près du Service de dermatologie. Depuis lors, c’est le chef de Service des soins infirmiers qui assure la restauration d’une partie du personnel. Il a ouvert ce restaurant chez lui «sans aviser la direction de Le Dantec», précise l’adjoint du directeur de l’établissement sanitaire.
Pis, relève Adama Faye, la direction n’a pas autorisé l’ouverture de ce restaurant qui a fini d’avoir un an. Maintenant, depuis un mois, constate la direction, il y a un autre restaurant qui sert le petit-déjeuner au personnel toujours dans l’enceinte de l’hôpital.
Interpellé, le chef de Service des soins infirmiers a reconnu qu’il ne dispose pas d’autorisation écrite signée par la direction pour cette activité. Mais il indique que la direction ne s’y est pas opposée puisque cela fait un an qu’il travaille au vu et au su de tout le monde. Moussa Diagne non plus ne détient d’autorisation. «Je n’ai pas pensé en avoir besoin. Parce que je ne savais pas qu’il fallait en chercher. C’est juste un collègue qui m’a suggéré d’ouvrir ce petit coin déjeuner», confesse-t-il.
Sur les activités extra professionnelles de certains agents, l’adjoint au directeur de l’hôpital, par ailleurs chef du Service administratif et financier de l’hôpital Aristide Le Dantec, souligne que la direction n’est mêlée ni de près ni de loin à cette affaire. «Nous avons constaté que ces personnes ont ouvert des restaurants pour le personnel suite à la fermeture du restaurant du personnel de l’établissement sanitaire», témoigne Adama Faye.
De plus, ajoute le directeur adjoint, la direction ne cautionne pas de telles pratiques. Mais le paradoxe c’est que jusque-là, «ces restaurateurs» ne sont ni saisis ni interpelés par la direction de l’hôpital quant à leur activité extra professionnelle.
Pour Adama Faye, l’attitude de la direction est compréhensible, car tempère-t-il, cette situation est transitoire. «La direction est en train de mettre sur pied un restaurant du personnel et le directeur attend le moment opportun pour interpeller ces personnes qui tiennent ces restaurants», révèle-t-il.
Des agents de l’hôpital Aristide Le Dantec en mode restaurateurs. Le chef de Service des soins infirmiers ainsi que le chef de Service maintenance tiennent des restaurants dans l’enceinte de l’hôpital. La direction qui a constaté cette activité extra professionnelle promet de prendre des mesures pour arrêter ces activités.
Des agents de l’hôpital Aristide Le Dantec s’adonnent à des activités extra professionnelles dans l’enceinte de la structure. Le chef de Service des soins infirmiers (Ssi), Seyni Mbaye, et le chef de Service maintenance, Moussa Diagne, se sont offerts eux-mêmes une partie du juteux marché de la restauration du personnel.
Cet écart a été possible suite à la fermeture du restaurant du personnel de ladite structure. La direction de Le Dantec a construit une centrale d’oxygène sur le site qui abritait le restaurant chez Kaw, près du Service de dermatologie.
Depuis lors, c’est le chef de Service des soins infirmiers qui assure la restauration d’une partie du personnel. Il a ouvert ce restaurant chez lui «sans aviser la direction de Le Dantec», précise l’adjoint du directeur de l’établissement sanitaire. Pis, relève Adama Faye, la direction n’a pas autorisé l’ouverture de ce restaurant qui a fini d’avoir un an.
Maintenant, depuis un mois, constate la direction, il y a un autre restaurant qui sert le petit-déjeuner au personnel toujours dans l’enceinte de l’hôpital.
Interpellé, le chef de Service des soins infirmiers a reconnu qu’il ne dispose pas d’autorisation écrite signée par la direction pour cette activité. Mais il indique que la direction ne s’y est pas opposée puisque cela fait un an qu’il travaille au vu et au su de tout le monde.
Moussa Diagne non plus ne détient d’autorisation. «Je n’ai pas pensé en avoir besoin. Parce que je ne savais pas qu’il fallait en chercher. C’est juste un collègue qui m’a suggéré d’ouvrir ce petit coin déjeuner», confesse-t-il.
Sur les activités extra professionnelles de certains agents, l’adjoint au directeur de l’hôpital, par ailleurs chef du Service administratif et financier de l’hôpital
Aristide Le Dantec, souligne que la direction n’est mêlée ni de près ni de loin à cette affaire. «Nous avons constaté que ces personnes ont ouvert des restaurants pour le personnel suite à la fermeture du restaurant du personnel de l’établissement sanitaire», témoigne Adama Faye.
De plus, ajoute le directeur adjoint, la direction ne cautionne pas de telles pratiques. Mais le paradoxe c’est que jusque-là, «ces restaurateurs» ne sont ni saisis ni interpelés par la direction de l’hôpital quant à leur activité extra professionnelle.
Pour Adama Faye, l’attitude de la direction est compréhensible, car tempère-t-il, cette situation est transitoire. «La direction est en train de mettre sur pied un restaurant du personnel et le directeur attend le moment opportun pour interpeller ces personnes qui tiennent ces restaurants», révèle-t-il.
Ama Baldé a humé l’air de la liberté après une semaine d’incarcération. Après avoir été chaleureusement accueilli, hier vers 19h, par les siens, le fils de Falaye Baldé est revenu avec nous sur son emprisonnement et son combat du 26 juillet 2015 contre Gouye Gui. Entretien
Quels enseignements tirezvous de cette affaire ?
Je suis un talibé de Serigne Touba. Je ne suis donc pas dépaysé. J’y ai trouvé des personnes qui sont plus célèbres que moi. J’ai également trouvé à Rebeuss tout genre de personnes. donc je rends grâce à dieu. Il y a même des hommes de dieu.
Comment avez-vous vécu avec vos supporters prisonniers ?
J’ai réalisé que la vie ne s’arrête pas ici. là-bas aussi, c’est un autre monde. J’y ai beaucoup de supporters. des admirateurs. Si je lave un habit, par exemple, mon bonnet, c’est des prisonniers qui le surveillent. J’y étais bien traité. C’était comme si j’étais chez moi, entouré par mes habituels amis. des gens ont veillé sur moi jusqu’à ce que je sorte de prison.
Il se dit que vous aviez frappé le policier. Qu’en est-il réellement ?
Du moment que la justice a rendu une décision, je crois qu’il n’y a pas lieu de revenir sur les faits. Je demande pardon à mes nombreux supporters, sympathisants, parents, etc. J’ai découvert de nouveaux amis dans cette épreuve. des gens que je n’ai jamais considérés auparavant comme étant des personnes qui me portent dans leur coeur. Je remercie tout le monde.
Regrettez-vous votre acte ?
Je ne regrette rien. Parce que j’ai agi à l’appel de mon sang. J’ai sauvé un frère de sang. Mais c’est une situation qui m’a permis désormais de connaître mes droits. Je sais désormais où mettre les pieds. Je ne vais plus agir sur un coup de tête. Je saurai me contrôler à l’avenir. C’est la leçon que j’en tire.
Êtes-vous prêt à lutter le 26 juillet ?
Quand j’ai été cueilli par la police, je me suis adressé à mon frère Jules Baldé en ces termes : «Même si on me libère la veille de mon combat, je ne vais pas demander le report. » C’est pour vous dire
que je suis prêt à affronter Gouye Gui le 26 juillet 2015. Je suis fin prêt. Je suis convaincu que je vais gagner mon combat. Inch’Allah.
D’aucuns estiment que toute votre préparation mystique sera remise en cause. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas de mystique, je suis couvert par les prières de mes parents. C’est cela mon atout. Mon père a beaucoup prié pour moi avant de décéder. Je suis bien couvert par ses prières.
L’on a appris que vous vous entraîniez en prison. Le confirmez-vous ?
En effet. J’ai trouvé des champions en prison. Il s’agit de Bathie Séras, Mame diogomaye, Bathie Séras de Grand Yoff, Mamour Kâ. C’est avec ces gans que je me suis entraîné en boxe en Rebeuss. Je prie dieu afin que toutes ces personnes sortent de cette triste situation. Karim Wade m’a acheté des gants pour faire la boxe. Je salue aussi Thiaat de la chambre 13. J’ai partagé la chambre avec des croyants. Ils m’ont bien accueilli. Ils m’ont réservé un bon matelas. Ils m’ont aussi donné un ventilo. Je n’y avais pas senti la canicule. J’ai été vraiment bien entretenu par ces geôliers. Je les remercie de passage. Je remercie également les gardes pénitentiaires.
Comment avez-vous passé votre première nuit en prison ?
J’ai bien dormi. Je considérais que cette situation était une épreuve prévue dans mon destin. Je n’avais aucun souci là-bas.
Avez-vous échangé avec Karim Wade ?
Non, on n’a pas échangé longuement. On s’était croisé dans la cour de la prison et on s’est salué. C’est après qu’il a acheté des gants qu’il m’a remis par l’entremise des gardes pénitentiaires. Je le remercie pour son geste.
Avez-vous exprimé un mot d’au-revoir aux prisonniers en quittant là-bas ?
Avant de quitter la prison, j’ai demandé aux gardes pénitentiaires de m’aider à voir tous les prisonniers. Ils ne me l’ont pas refusé. Tous les prisonniers étaient sortis dans la cour. Je les ai remerciés de leur soutien. Ensuite, j’ai dansé avant de les quitter.
Comment vous vous y entraîniez ?
Il n’y a pas de matériels de musculation. Je me levais à 6h ou 7h du matin pour faire du physique. Je faisais des exercices que mon coach Jules Baldé me faisait faire. Après, je dormais jusqu’à 17h pour aller faire des contacts et de la boxe. Je mettais fin à mes séances à 22h avant d’aller au lit.
Avez-vous reçu des visites de lutteurs le premier jour de votre incarcération ?
Je n’ai pas d’ennemis parmi les lutteurs. Mes grand-frères Balla Gaye 2, Eumeu Sène et Baboye m’ont rendu visite. Boy Niang aussi était là-bas. J’ai vu Issa Pouye, Khadim Ndiaye, less,...Je ne peux pas citer tout le monde. Ils étaient très nombreux à me soutenir. Je remercie Tyson. Il m’a pris un avocat pour me défendre.
Qu’avez-vous dit au policier au tribunal ?
Je lui ai serré la main et lui ai présenté mes plates excuses. C’est ce qu’il fallait faire. Il les a acceptées. Je profite de l’occasion pour présenter mes excuses à tout le corps policier. J’ai agi pour sauver un frère de sang mais j’ai commis une erreur. Je ne suis pas violent. Je suis un athlète qui appelle toujours au fair-play et à la discipline.
Et si c’était à refaire ?
Peut-être que je ne vais plus porter un doigt sur un homme de tenue. Je vais désormais savoir me contrôler. Je vais toujours défendre un frère mais sans utiliser la force.
Gouye Gui et son camp ont accusé Falaye 2 d’avoir voulu leur vendre une de vos culottes. Quelle appréciation en faites-vous ?
Je vous ai dit que je n’ai pas d’ennemis. Falaye 2 est un frère. Je sais que s’il y a une victoire à prendre entre lui et moi, il va préférer renoncer pour me la céder. C’est pour vous dire combien cet homme m’adore et m’aime. Falaye 2 ne me veut jamais du mal. Il ne me veut que du bien. Je ne voulais même pas évoquer cette question. Je l’ai fait parce que vous m’avez posé la question. Falaye 2 est mon Falaye. Gouye Gui n’a qu’à savoir qu’il ne peut pas semer le doute dans ma tête avec cette affaire- là. Il n’a qu’à trouver d’autres astuces. Falaye 2 n’est pas du genre à vendre une personne. Il n’est pas obnubilé par l’argent. Si c’était le cas, il allait préférer rester aux Etats-Unis, y bosser et gagner sa vie. Que Gouye Gui tourne cette page ! Je ne me focalise pas sur ça.
Le CNG vous attend pour une autre audition après votre combat. Qu’en ditesvous ?
Je ne me fais aucun souci. Je n’avais provoqué aucune bagarre. J’y avais des témoins. Malick Thiandoum en est un. Je n’accuse personne mais je suis tranquille.
Qui des deux camps avait amené des machettes ?
Je ne peux accuser personne. dieu est le Seul témoin. Je connais mes accompagnateurs. En quittant la maison, j’avais demandé à tout le monde de ne pas se bagarrer et de ne pas répondre aux provocations. Ils ont suivi mes conseils. Aucun de mes accompagnateurs n’avait une seule arme blanche. On a emprisonné à Rebeuss un accompagnateur de Gouye Gui.
Ah bon pour quelles raisons ?
Pour détention d’arme blanche. les caméras l’ont filmé avec une machette. C’est ce qui fait qu’il a été pris, jugé et emprisonné. C’est moi qui lui servais à manger en prison et lui donnais à boire. Il est emprisonné pour deux mois. Tous les jours, je lui remontais le moral. Il m’a fait des confidences. J’attends le moment venu pour le dire. Ils ont été payés pour venir se bagarrer avec des machettes. Il est à la chambre 12 de Rebeuss.
Qu’êtes-vous prêt à faire pour que vos amis lutteurs tels que Mame Diogomaye, Bathie Séras sortent de prison ?
Je vais tout faire pour qu’ils sortent de prison. Je vais bientôt organiser quelque chose pour les prisonniers de Rebeuss et du Camp Pénal.
Allez-vous reprendre vos entraînements ?
Je vais continuer mes entraînements. J’avais promis les trois victoires à mes supporters. Je suis toujours dans cette logique. Je suis toujours convaincu que je vais battre Gouye Gui. Celui-ci n’a que cette promotion dans ce combat. Il n’a aucune chance face à moi. Je vais le battre inch’Allah. Je fonde cela sur ma croyance en dieu et les prières de mes parents. Gouye Gui m’a déçu.
Pourquoi ?
Après le décès de mon père, il faisait partie des premiers à me conseiller. Ce geste a fait que je lui vouais beaucoup d’estime et d’admiration. Mais aujourd’hui, je me suis rendu compte que je me suis trompé de personne. Gouye Gui est un hypocrite. Il pose beaucoup d’actes en sourdine. J’ai compris que c’est un type qui a peur de son prochain mais qui n’a pas peur de dieu. Moi, je respecte mes prochains. C’est dans l’enceinte que je montre un autre visage.
Contre Zoss, Tapha Tine et Gouye Gui, il y a eu des problèmes. Ne donnezvous pas raison à ceux qui soutiennent que c’est vous qui provoquez ?
Je ne suis jamais à l’origine de ces histoires. Je n’y suis jamais impliqué au premier chef.
Double Less a dit qu’il vous conseillerait de faire reporter le combat. Quel est votre avis ?
Double less est un père. Je suis toujours tenu de suivre ses conseils. Mais je ne suis pas dans cette logique-là. Je mets dieu devant tout. Je sais que c’est dieu Qui donne. Je ne crains rien.
Clap de fin pour l’incarcération du lutteur Ama Baldé. Le tribunal des flagrants délits a retenu une peine d’amende avec sursis à l’encontre de Seulou Bou Ndaw. Une clémence de la cour qui permet au Pikinois de quitter sa cellule de Rebeuss pour rentrer à Pikine.
Arrêté en plein face-à-face organisé par la TNT, lundi 29 juin dernier à la Place du Souvenir, puis jugé ce mardi 7 juilletaprès une audience reportée vendredi dernier, Ama Baldé a bénéficié de la clémence du tribunal des flagrants délits écopant d’une amende de cinquante mille francs avec sursis. Cette audience a démarré vers 10 heures à la salle 5 du Palais de Justice. Contrairement à la dernière audience où l’avocat de la partie civile avait invoqué une raison médicale pour pousser la cour à renvoyer le procès, cette fois, Me Baro, avocat de la victime et policier Barka Ngom, n’a pas eu recours à un autre fait de nature à justifier le renvoi. Cependant, de prime abord, il a récusé la constitution de Me El Hadji diouf en tant que conseiller du lutteur sur la base de l’article 116 qui interdit à tout avocat, ancien ministre ou député ayant exercé cette fonction en moins de trois ans, d’être en procès contre l’État du Sénégal. Un réquisitoire qui pouvait aboutir à un autre renvoi. Cependant, Me El Hadji diouf, ne voulant pas que cette bataille de procédure ne contraigne la cour à différer cette audience, a laissé à ses confrères le soin de défendre le lutteur. devant la barre, Ama Baldé a nié avoir asséné un coup au policier Barka Ngom.
À la demande du président du tribunal, le Pikinois a relaté les faits. Barka Ngom est également revenu sur les circonstances de sa blessure. Il a maintenu son accusation. l’avocat de la partie civile a bien tenté d’établir la culpabilité d’Ama Baldé, mais c’était sans compter avec les avocats de la défense qui ont démonté tous les arguments de l’agent des forces de l’ordre. le policier témoin, Babacar Ciss, a fait une brève comparution. Il a suivi les déclarations de son collègue tout en affirmant que le coup d’Ama Baldé n’était pas intentionnel. Avant même le début des plaidoiries des avocats, Ama Baldé a fait amende honorable devant la cour. Il a présenté ses excuses à la victime. le policier lui a serré la main en signe de pardon.
Un instant solennel qui a marqué le tribunal. le conseiller de la partie civile a débuté sa plaidoirie. Me Barro a soutenu qu’en l’espèce, les faits sont réels. Il demande le franc symbolique et une condamnation.
Ensuite, les dix avocats du lutteur se sont succédé à la barre. Me Abdourahmane Sow dit lenine, Me Touré, Me Bintou Coly, Me Ndéné Ndiaye, Me Fall, pour ne citer que ceux-là, ont demandé la clémence du tribunal car une condamnation du lutteur pourrait nuire à sa carrière dans l’arène. Ama Baldé reconnaît l’erreur qu’il a commise. Me Bamba Cissé de souligner qu’«Ama Baldé n’a jamais eu un problème avec la justice. C’est un garçon sérieux et un chef de famille. S’il est là, c’est le destin. Il demande pardon d’avoir offensé les institutions de la République, que ce soit la Police et les autres forces de l’ordre».
Auparavant, le représentant du ministère public, après exposition des faits reprochés à Ama Baldé, a requis une peine d’emprisonnement assorti du sursis. le président du tribunal, après consultation avec ses assesseurs, a condamné le lutteur de Pikine à une peine d’amende de cinquante mille avec sursis.