La polémique née de la dernière interview accordée à l'Observateur, par le Président d'honneur du Parti de l'indépendance et du travail (Pit) révèle-t-elle un déficit de communication entre les acteurs politiques de la majorité présidentielle ? Pour le ministre d'État Amath Dansokho, rien dans ses propos ne mérite une telle levée de boucliers. Il revient sur ses propos pour préciser le contexte de leur émission. Surpris par ces attaques ? Amath Dansokho l'avoue tout en jetant des cailloux dans le jardin de ceux qui ne voudraient point le voir dans le gouvernement. L'occasion faisant le larron, il revient sur les circonstances de son limogeage en 2001 du gouvernement, évoque l'avenir de Benno Bokk Yaakaar et explique pourquoi il invite aujourd'hui à la prudence par rapport aux dangers qui guettent, non pas précisément le régime de Macky Sall, mais le pays…
Vous êtes depuis quelques jours sous le feu de critiques frontales de vos alliés de l'Alliance pour la République (Apr). Comment avez-vous accueilli celles-ci ?
Je dois dire que je suis étonné que les gens me créditent de certaines opinions. Les gens qui me connaissent bien savent que je ne suis pas du genre à fuir ses devoirs ou à ne pas assumer ses responsabilités. Mes positions sont connues et je n'ai pas besoin de les réciter comme dans un cours. J'ai toujours soutenu que la victoire du Président Macky Sall a été une victoire pour le Sénégal. Je me suis toujours battu, malgré mon état de santé, pour dire que sa victoire doit être défendue. J'ai toujours dit que c'est un homme sérieux au travail, organisé, maître de ses dossiers et d'une capacité de travail exceptionnelle. Je l'ai dit et répété. Dimanche dernier, à Thiès, je suis revenu sur ces questions avant même toute cette histoire. J'ai par exemple dit que ce qui est en cours dans l'agriculture au Sénégal, est bon pour les populations. C'est une conviction chez moi. Pour la première fois, des financements conséquents ont été mobilisés pour la production de riz et d'autres activités agricoles. Et je suis convaincu que le plan du Sénégal sur l'autosuffisance alimentaire est une question stratégique qui est bien traitée parce qu'il faut savoir que l'importation de riz va devenir de plus en plus chère. La Chine et son milliard et demi d'hommes est devenue importatrice de riz provenant des mêmes zones où nous nous approvisionnons. Même l'Inde est dans la voie de l'importation de riz. Comment pourrions-nous nous nourrir dans l'avenir si nous ne produisons pas assez de riz ? Donc le programme sur l'autosuffisance est original et positif pour les populations. Et je suis convaincu qu'en allégeant les conditions de vie des paysans, on allège du coup les charges qui pèsent sur les salaires urbains parce que la solidarité aidant, sur chaque salaire sont accrochées sept personnes. Ce serait donc une avancée sociale majeure si on parvient à enlever cela. Je ne parle même de la couverture médicale universelle et des bourses sociales.
Vos alliés de l'Apr ont pensé que vous êtes allés trop loin en déclarant que "le pays est en danger" alors que vous êtes ministre d'État…
Là, ce n'est pas de mon fait. Vous savez, si vous sortez une phrase de son contexte, cela peut donner souvent des résultats effarants. J'ai parlé du contexte international tendu où des guerres éclatent partout, où on ne sait pas où tout cela va conduire. Vous savez, toutes les crises économiques majeures se sont traduites par des guerres. Jusqu'à présent, entre grandes puissances, ils ont pu régler les problèmes, mais les guerres éclatent partout dans le monde. Ce monde-ci, dans lequel nous vivons, n'a jamais connu autant de morts depuis la Seconde Guerre mondiale. J'ai donc dit qu'il faut faire attention ; que le monde est fragile, que nous vivons dans ce monde-là et qu'en tant que tel, nous en subissons les soubresauts. Ce qui se passe dans la sous-région ne doit réjouir personne. Nous sommes en danger parce qu'il y a des forces à l'intérieur du Sénégal qui travaillent pour déporter des voies de développement civilisées vers les chemins sinueux de la violence.
Vous attendiez-vous à de telles attaques ?
Je ne m'y attendais pas du tout. Dès le lendemain des élections, on nous a pilonnés d'attaques disant que Benno était inutile. Est-ce que c'est sorti de ma bouche ? Ce n'est pas venu de ma bouche, c'est venu d'eux. Et le Président lui-même a demandé d'arrêter ce discours.
Qu'est-ce qui explique, selon vous, ce discours ?
Mais alors, je ne le comprends pas. Peut-être qu'il y a des gens qui pensent que je suis de trop dans le gouvernement. Mais cela, ce n'est pas une surprise parce que je le savais dès le début. Je connais les tenants de ce courant au sein du gouvernement. Mais j'ai dit du bien de l'Apr. J'ai dit dans mon interview qu'on a censurée qu'il y a un travail en cours, des mutations que les gens ne voient pas mais qui sont en cours. Des mutations politiques que le landerneau politique de Dakar est incapable de voir parce que c'est la politique de l'Autruche. J'ai dit qu'avec cette réforme administrative à laquelle nous assistons, il y a des jeunes cadres qui sont promus. C'est là que j'ai précisé qu'il faut faire attention. Il y a sans doute des avancées pour la relève politique que les hommes politiques ne suivent pas.
J'ai dit qu'à l'Apr, ils ont de jeunes cadres qui ne sont pas encore expérimentés, mais que ça ira très vite puisqu'ils ont des capacités intellectuelles. J'ai d'ailleurs relevé dans la même veine qu'Abdoulaye Wade ne savait pas faire un décret lorsqu'il arrivait au pouvoir. Il ne savait même pas comment désigner un Président de conseil d'administration. Et c'est Oumar Khassimou Dia qui lui a dit un jour : "C'est vrai que c'est vous qui prenez le décret, mais il faut d'abord passer par un conseil d'administration." J'ai dit que les jeunes qui sont là vont apprendre très vite. Quel mal y a-t-il à dire cela ? Par contre, je dis qu'ils m'amusent quand je les vois passer leur temps à se chamailler dans des querelles de postes, en disant d'ailleurs que nous ne servons à rien. Et ensuite, on vient me dire que Dansokho veut faire exploser le Benno. Par quel mécanisme le ferais-je ?
Pour vous, il n'y a donc pas de quoi fouetter un chat ?
Vous pensez donc que Moustapha Niasse est un robot que je peux manipuler à ma guise. Est-ce que je peux influer moi sur les positions d'Ousmane Tanor Dieng pour le mener dans des aventures ?… C'est puéril. Ce que j'ai dit sur le Ps, il faut d'ailleurs que je le précise. Lors du premier gouvernement de l'alternance, je parle sous le contrôle de Landing, Abdoulaye Bathily etc., Moustapha Niasse et Decroix. Nous étions assis sur la même table pour construire le gouvernement au Palais. Lorsqu'on a fini, je leur ai dit, à leur grande surprise : "Il faut qu'on travaille sérieusement, le Parti socialiste n'est pas mort. Il ne mourra pas. Il est assommé en ce moment. Il ne mourra pas parce qu'il a des racines profondes dans ce pays, mais aussi parce que c'est le fils aîné de l'internationale socialiste en Afrique. Et puis, il faut savoir qu'en Afrique, les gens comparent toujours aujourd'hui et hier. Rarement aujourd'hui à ce qui est possible demain. Un adage wolof dit : "Si tu ne sais pas où tu vas, tu retournes d'où tu viens." Moi, j'essaie de réfléchir sur la matière politique et je tire toujours des leçons de l'expérience.
Mais lorsque vous tenez de tels propos après une rencontre avec Me Ousmane Ngom, alors que Me Wade lui-même se rendait au domicile de ce dernier au point que certains ont parlé d'un télescopage évité de justesse…
(Il coupe). J'étais au festival de SaintLouis. Ousmane Ngom m'avait invité à Saly, à déjeuner avec lui. Mon projet était de quitter avec lui, de passer par Popenguine parce que j'y vais chaque année, et me rendre enfin à Saly. Ousmane Ngom m'a attendu là-bas mais je ne suis pas venu parce que j'étais fatigué. Et je lui ai promis le dimanche suivant d'aller le voir. Je suis allé au meeting de Thiès dont je viens de parler où j'ai défendu justement le travail du Président. Ousmane me dit, "Amath, si tu étais passé dix minutes avant, tu aurais trouvé Me Wade. Qu'estce que je peux faire contre ça ? Et puis quoi ? Moi je ne suis pas en guerre de religion. Même ma carte du Pit ne ressort pas de la religion. Je discute avec tout le monde. J'ai une approche profane, laïque de la politique. Tout le monde vient ici. Et à chaque fois que j'ai discuté avec des gens, j'en ai rendu compte au Président. La dernière fois, c'était au lendemain de ma rencontre manquée avec Me Abdoulaye Wade. Il sait que je rencontre tout le monde. Abdoulaye Wade habite à côté, je n'écarte pas qu'un jour, il débarque chez moi. Comment pourrais-je le lui interdire ? Nous sommes à la recherche de solutions. C'est tout ! Et nous ne sommes pas à la recherche de pouvoir (…).
Le fond du problème n'est-il pas lié à votre personnalité ? Vous ne mâchez pas vos mots, c'est connu, au point d'ailleurs que certains ont pensé au syndrome 2001…
2001, j'ai été limogé du gouvernement, c'était tout à fait normal. J'ai délibérément refusé les lubies qu'Abdoulaye Wade servait à chaque fois en conseil des ministres. J'ai aussi refusé la répression qu'il envisageait contre la CNTS. J'ai dit que je ne participerais pas à un gouvernement qui réprime les organisations des travailleurs. Lorsqu'il m'a interpellé, je lui ai répondu que sur toutes les questions sur lesquelles on n'est pas d'accord, mon parti le dira haut et fort.
2015 ne risque donc pas de faire revivre le même syndrome de 2001 ?
Mais je vous dis qu'il n'y a aucun problème. Je ne veux pas les blesser mais ce sont eux qui se sont gourés. Il n'y a aucune virgule dans mon interview qui est en faute. C'est une critique qui ne me concerne pas. C'est comme une goutte d'eau sur une dalle de marbre. Ils ont inventé un Amath Dansokho de leur souhait. Je ne polémique pas. C'est le Président qui m'a nommé. Je suis membre de son cabinet, je ne suis pas membre du gouvernement. Il m'a fait l'honneur, en tant que membre de son cabinet, d'être la deuxième personnalité du gouvernement, après le Premier ministre. Je l'en remercie et quand je dois lui dire des choses, je délivre le message. Tout ce qu'ils ont fait, c'est illégal ; ils n'avaient pas à révéler ce qu'on dit au Conseil des ministres. Je voulais même demander que le Président m'autorise, puisque ce qu'ils ont fait est illégal. Ils n'avaient pas à évoquer les débats en conseil des ministres parce que c'est secret. Le Président le rappelle chaque jour. Mais on peut vérifier ce que je dis au Conseil. Le PSE, je suis d'accord sur toutes les lignes du PSE. Maintenant, il y a des sujets sur lesquels j'ai des opinions quand même. Je ne veux pas être le clone.
Quel est selon vous le destin de Benno Bokk Yaakaar ?
Par rapport aux raisons qui l'ont fondé, je pense qu'il n y a pas problème avec Benno Bokk Yaakaar.
Pour le moment ?
Ce que je dis, c'est que nous devons aller ensemble. Le pays est fragile. Tous les gens qui comprennent bien le savent. Encore une fois, cela ne veut pas dire que le mandat de Macky Sall est fragile. Personne ne le renversera. Celui qui le fera verra des troupes ici parce que le Sénégal n'est pas un pays ordinaire. Et il sera obligé de rendre le pouvoir. Comment donc je peux soutenir pour qu'il faut agréger les forces pour faire face aux périls et en même temps, vouloir faire exploser Benno ? Ce n'est pas cohérent. Le Benno est nécessaire. Surtout qu'on a une opposition qui a des ressources financières colossales. (Il insiste)… colossales. Une partie de l'origine de ces fonds est connue, pour l'autre partie, je ne sais pas. Je n'écarte aucune des filières de production de cette richesse. On le vérifiera très bientôt.
LAMINE SANÉ ET SALIF SANÉ, COEQUIPIERS, FRERES ET AMIS
JULIEN MBESSE SENE, IBOU BARRY ET CHEIKH MBACKE SECK, A SALY |
Publication 09/06/2015
Dans l’histoire récente de l’équipe du Sénégal, ils sont les deux seuls frères à s’être retrouvés dans la Tanière. Lamine Sané et son cadet Salif ne sont pas seulement des frangins, ils sont également les meilleurs potes.
Vous êtes en sélection avec un frère. Comment cela se passe entre vous ?
Lamine : Cela se passe très bien. Salif est un frère et en même temps un ami. C’est tout ce qu’une personne peut vouloir. on a une très bonne relation.
C’est quelqu’un qui s’investit beaucoup pour l’équipe. Il a envie de bien faire et de prouver. Son heure viendra. Pour l’instant, il a encore pas mal à apprendre. Il a très peu d’expérience au niveau international. j’ai confiance en lui. C’est quelqu’un qui se fond dans la tanière. Il essaie d’avoir sa chance pour pouvoir prouver aux Sénégalais qu’il peut jouer.
Salif : tout le monde sait qu’avec lamine on est très lié. on est toujours ensemble. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Certes c’est mon frère mais on peut dire que c’est mon meilleur pote. on s’entend très bien. on est souvent ensemble. on rigole ensemble. Dès qu’il faut être sérieux on travaille beaucoup.
Quelles sont les qualités de votre frère ?
Salif : (Rires) lamine a énormément de qualités. tout le monde le sait. Il est rapide. Il a un bon jeu de tête. Il a une bonne relance. C’est quelqu’un de posé. Il parle beaucoup avec ses coéquipiers. C’est un plus pour motiver les gens et leur donner confiance. Sur le terrain, on a besoin de joueurs comme lamine pour redonner confiance aux autres.
Lamine : on va dire que, athlétiquement, Salif a un gros impact. techniquement, c’est vrai qu’il est à l’aise aussi. Il doit gagner en maturité pour avoir sa place dans l’équipe.
Malgré une brillante prestation contre la côte d’ivoire à casablanca (1-1), Salif a été relégué sur le banc…
Lamine : Il ne faut jamais négliger les choix du coach. Quand le coach met une équipe sur le terrain, il considère que c’est la meilleure. S’il est relégué sur le banc, il ne doit pas prendre cela comme un échec. Au contraire, il doit redoubler d’efforts pour gagner sa place dans l’équipe. C’est quelqu’un qui est très patient et bosseur. Il a le temps pour avoir sa place dans l’équipe.
Salif : Chacun a son opinion. le sélectionneur a son opinion et le peuple sénégalais aussi a son opinion. Après c’est le coach qui fait l’équipe. Donc moi je serai toujours d’accord avec ce choix. je n’irai jamais à l’encontre des décisions du coach. Quand le coach a besoin de moi je suis présent. S’il décide qu’un joueur est meilleur au poste je continue à travailler. j’attends mon tour et je sais qu’il viendra.
Ne rêvez-vous pas d’être tous les deux sur le terrain ?
Lamine : Pourquoi pas. mais j’ai déjà joué avec lui contre la Côte d’Ivoire (1-1). maintenant, on ne souhaite que du bien à son frère. je souhaite qu’il ait sa place en équipe nationale. on ne néglige pas les choix du coach. j’espère que le coach fera les meilleurs choix possibles. même si mon frère joue et que moi je ne joue pas, j’espère que le Sénégal aura la meilleure équipe possible pour pouvoir affronter ses adversaires.
Salif : Franchement, quand on joue je ne me dis pas que c’est mon frère. je me dis que c’est un coéquipier. Quand il me donne des consignes, je suis prêt à les respecter comme si c’était n’importe quel autre joueur qui me donne des consignes. Frère ou pas frère, il n’y a pas de problème.
Comment faudra-t-il s’y prendre pour bien démarrer les éliminatoires contre le Burundi?
Lamine : Il faut de la concentration, de l’envie, de l’amour pour le maillot. C’est ce qu’on a eu parfois sur certains matchs. là, il faudra être régulier et le montrer à chaque match.
Salif : on sait que tous les matchs en Afrique sont difficiles. Nous sommes prêts pour cela. le coach nous a préparés à ce genre de match. on ne va surtout pas les sous estimer. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes. en plus de cela on joue à domicile. Ce sera bien de gagner pour nos supporteurs. on va faire le maximum pour gagner ce match. Ce sera une rencontre difficile face à un adversaire qui a des atouts comme nous. Notre force, c’est qu’on joue à domicile devant notre public, notre peuple. Ce sera à nous de nous faire respecter sur le terrain.
75% DES FEMMES SENEGALAISES EVOLUENT DANS LE SECTEUR INFORMEL
C’est le rapport 2015-2016 de Onu femmes qui le révèle, 75% des femmes sénégalaises évoluent dans le secteur informel. Le document renseigne aussi que 75% des femmes sont dans le marché du travail, contre 86% des hommes.
Pour renforcer l’indépendance économique des femmes, l’Organisation des Nations unies (Onu) a procédé, hier, à la cérémonie de lancement du rapport Onu Femmes 2015-2016. «Le progrès des femmes dans le monde. Transformer les économies, réaliser les droits». Tel est le thème du rapport de cette année. Et il ressort de ce rapport que 75% des femmes sénégalaises évoluent dans le secteur informel.
«Ce rapport relève que nos économies ne sont pas encore assez encore performantes pour pouvoir prendre en charge les femmes. Car, il y a la discrimination sur le marché du travail et les femmes n’ont pas toujours accès aux ressources et aux opportunités», a renseigné Papa Seck, statisticien à Onu femmes, selon qui, «au Sénégal, 75% des femmes sont dans le marché du travail, comparé à 86% des hommes. Il y a aussi le travail de domestique non rémunéré qui bloque l’accès aux femmes au marché du travail».
Par ailleurs, «le rapport a pu identifier 10 recommandations pour exhorter nos Etats à réhabiliter les droits de femme, essayer d’égaliser les revenus entre les hommes et les femmes». Par exemple, en Afrique de l’Ouest, les femmes touchent 30% de moins que les hommes, même si le travail est à valeur égale. Car il y a la discrimination au niveau de l’emploi. «Les hommes sont beaucoup plus susceptibles d’être patrons d’entreprise que les femmes», a souligné le document.
Prenant part à la rencontre, le ministre de la Famille, de la famille et de l’Enfance, a confié que «l’aspect fondamental des droits est un aspect qui est de taille. Je prends l’exemple de la violence faite aux femmes, nous avons constaté que dans l’état des lieux, il a été fait la revue de l’autonomisation de la femme et ce blocage est principalement lié au non-respect des droits. Mais je ne prends pas l’exemple du Sénégal qui est en avance et qui a enregistré beaucoup d’activités».
En effet, d’après Mariama Sarr, «le Sénégal est en avance par rapport aux autres pays non seulement en Afrique, mais dans le monde. Nous avons 43% de femmes au niveau du Parlement comme taux de représentativité et nous avons 47% au niveau des collectivités locales. Ce qui n’est pas une petite affaire. Avec les conventions qui ont été ratifiées et beaucoup d’autres acquis comme la réforme foncière, on sent le travail qui est fait. Les femmes ne parlent plus d’accès à la terre, mais de contrôle de la terre».
Le ministre explique que «le Sénégal est en train de revoir les mécanismes pour prendre en charge ces femmes-là. Parce que, quand on parle de l’économie, il faudra revoir cette question de droit touchant l’économie. Et on est en avance par rapport à cela avec l’institutionnalisation du genre, de l’équité. Le rapport mondial va continuer avec la mise en œuvre qui ne concerne pas seulement l’Afrique, mais le Sahel et d’autres pays. C’est la première fois que la revue du rapport se tient en Afrique, au Sénégal».
VIVIANE CHIDID EVITE LE FIASCO GRACE A SA CARAVANE VENUE DE DAKAR
SOIREE ANNIVERSAIRE EN GAMBIE
Adama Aïdara KANTE (Envoyée spéciale) |
Publication 09/06/2015
Viviane Chidid avait voulu innover pour la soirée anniversaire de ses 14 ans de musique en choisissant la Gambie comme terre d’accueil. Mais à l’arrivée, ce fut un échec. Car, à Banjul, samedi soir, il y avait peu de monde pour faire la fête avec elle.
BANJUL, Gambie – Fiasco total on n’allait pas dire si le mot n’est pas un peu trop fort. La reine du «Jolof Band» Viviane Chidid a, en effet, failli vivre, samedi dernier, en Gambie, une véritable humiliation, elle qui voulait marquer ses 14 ans sur la scène musicale dans le pays de Yaya Jammeh. Annoncée en grande pompe, cette soirée dont son staff n’a ménagé aucun effort pour la réussite, avec de gros moyens déployés, notamment en convoyant des fans de Dakar à Banjul, a failli être un désastre.
C’est d’ailleurs le convoi de trois bus venu de Dakar qui a sauvé quelque peu l’artiste qui a ainsi pu amasser une petite foule à l’hôtel Sénégambia qui a accueilli la manifestation. Certes, les Gambiens ont répondu à l’appel, mais ce n’était pas le grand rush. Alors que tout était prêt au niveau du jardin de l’hôtel où était prévue la soirée pour accueillir un grand nombre de fans dans les trois grandes tribunes qui y étaient aménagées. Des espaces qui ont peiné à afficher le plein.
Prévue à partir de 21 heures, la soirée n’avait pas début jusqu’à 1 heure du matin, du fait de l’absence du public.Il y avait des poches vides. Pourtant, dans le passé, Viviane jouait à guichets fermés à Banjul. Mais cette «désaffection» du public a été mise sur le compte d’une «mauvaise campagne de promotion et de communication» par les inconditionnels de la reine du «Jolof Band». Un fait avéré, puisque dans les rues de Banjul, il était impossible de voir la moindre affiche annonçant cette soirée anniversaire de Viviane. «Surtout que, signalent-ils, il n'y a pas longtemps qu’ elle était là, donc les gens n’ont pas jugé nécessaire de venir en masse».
Malgré un maigre public, Vivi a assuré le spectacle
L’auteur de «Thiolongue» a joué devant un maigre public pour cette soirée anniversaire marquant ses 14 ans de carrière, en présence de quelques autorités gambiennes. Les fans présents ont, en effet, été bien servis et ont pu se bien défouler, scandant le nom de leur idole histoire de lui remonter le moral. La gent féminine - comme si elle s’était passée le mot - était en tenues courtes.
Un froid que les spectateurs ont pu dominer dès que le Dj a annoncé l’entrée de la reine du jour, vers 2 heures 30. Les quelques fans ont, en effet, alors vite fait de s’agglutiner devant le podium pour «déguster» les mélodies et se réchauffer. Viviane a, en tout cas, étalé toute sa grâce, elle qui était habillée d’une robe longue grise, très sexy, incrustée de cristal et de paillettes, avec une fente jusqu’à la cuisse, avec un dos nu, jusqu’au rein.
La chanteuse a ainsi enchaîné avec «Sakharssi», puis «Waxtan» pour se lancer dans un concert de 4 longues heures dans une belle ambiance, bien accompagnée par le public qui a chanté en chœur avec elle. Dans une autre tenue en soie de couleur rouge, moulant sa forme ( visiblement elle a perdu du poids), Viviane est revenue sur scène pour entonner une chanson d’amour. En 2e partie, bien cintrée dans une robe trois quart blanche, accompagnée par Daba Sèye qui a enflammé la soirée avec sa voix, elle a interprété le titre de l’artiste «Ku mou nekhoul».
Coupure d’électricité
Vers les coups de 3 heures 45, alors que le spectacle battait son plein, l’hôtel est plongé dans le noir par une coupure l’électricité, au grand désarroi des fans. La soirée se termine ainsi en queue de poisson, dans le noir. Hélas pour la reine du Jolof Band qui n’a pu boucler en beauté son spectacle.
«Ici, c’est un hôtel, comme le son était trop fort, alors qu’il est déjà très tard dans nuit, le gérant a coupé le courant. J’ai demandé à la régie de diminuer, mais en vain», nous a confié un membre du staff de Vivi, pour expliquer cette fin chaotique. A noter que Salam Diallo, Kouthia et Bambaly Seck étaient aussi de la partie, tout comme le groupe «Jaant-bi band» de Gambie.
LE MYSTERE D’UN TITRE
«SABARU JINNE», PREMIER ROMAN–ESSAI DE PAPE SAMBA KANE
Bien des Africains lettrés, sans renier la pensée cartésienne, continuent aujourd’hui encore à croire ou à s’exprimer comme s’ils croyaient que des personnes se transforment en animaux la nuit, que les dieux ou les esprits participent aux affaires humaines, que les sorciers tuent à distance et qu’on peut voir l’avenir dans les coquillages, le sable, les cauris. Bref que le surnaturel se manifeste à l’homme moderne sous différentes formes. Il est difficile de le croire. Mais, dans la société traditionnelle africaine, il existe des phénomènes étranges qui, aux yeux du simple observateur, relèvent du surnaturel.
Ces phénomènes, certains écrivains ont commencé à en faire allusion dans leurs ouvrages. C’est le cas du journaliste-écivain Pape Samba Kane. Ce dernier qui vient de publier un roman-essai a décidé de l’appeler «Sabaru Jinne» (Les tam-tams du diable). Quel lien y a-t-il entre le titre et le contenu de cet ouvrage ? Est-ce vraiment un «Sabaru Jinne» que Pape Samba Kane va nous décrire dans son roman-essai ? Les jinnes existent-ils ? Organisent-ils des séances de tam-tam ? Tant de questions qui fourmillent dans l’esprit de celui qui se contentera seulement de la tritrologie et de la page de couverture.
N’oublions pas que nous sommes aussi en présence d’une œuvre réaliste, puisque l’on se trouve dans un pays bien réel, le Sénégal, dans un quartier très connu, la Médina et à une époque bien précise. On reconnaît, aussi, l’existence de croyances populaires et de pratiques magiques dans la réalité quotidienne des Africains. Ce qui a pour effet de rendre acceptable la présence d’êtres du monde invisible dans des romans africains dits réalistes.
Quand l’auteur travestit l’avertissement
Pape Samba Kane, pour mieux ancrer son lecteur dans son univers romanesque, reconnaît dans ce que les écrivains appellent «Avertissement» et que lui, il appelle «Travertissement», que son texte est inspiré de la réalité et que toute ressemblance avec des faits, des personnes ou des lieux est «une réelle et pure fantaisie». Voilà ce qu’il écrit : « Ce texte est une fiction qui se nourrit copieusement de la réalité, avec des sources historiques avérées et repères autobiographiques si manifestes, qu’il paraîtra tenir du réel. Ne vous y fiez pas ! Toute similitude entr’aperçue ou dûment notée dans ou entre les lignes suivantes, toute ressemblance avec des faits, toute relation avec des personnes connues, vivantes ou non, toute référence proche ou lointaine aux mêmes faits et personnages, ou à des lieux et objets existants ne sont aucunement, comme on dit toujours, benoitement, en de pareilles occasions, ‘le fruit du hasard’. Au contraire ! Toute correspondance établie dans ce texte que ce soit de connu est une réelle et pure fantaisie».
Il ne faut pas oublier que l’imagination d’un individu dépend de la société à laquelle il appartient. Ainsi, dans sa trame romanesque, en vue de bouleverser les schémas trop longtemps établis, le journaliste-romancier-essayiste n’a pas manqué de brouiller la distinction traditionnelle entre la fantaisie et la réalité et d’entrer dans un monde dans lequel coexistent, à termes égaux, le monde empirique de la raison et de la logique, et le monde surnaturel, de la non-raison.
Outre le réalisme et la fantaisie dans «Sabaru Jinne», se trouvent altérés dans le récit la présence de personnages idéalisés, des descriptions poétiques d’aubes et de courts passages où les génies se mêlent aux humains et se conduisent comme des humains, parfois même sèment le désordre dans le monde des humains. Pape Samba Kane s’éloigne, par-là, du modèle occidental. Or, il ne choque pas, ne surprend pas le lecteur africain, car celui-ci accepte l’intrusion de l’idéalisation, du poétique et du surnaturel dans les romans réalistes. Dans ses récits, réalité et imaginaire sont fortement imbriqués et exprimés dans une écriture originale.
DES RESPONSABLES DE PARTIS ALLIES S’ERIGENT EN BOUCLIERS DE DANSOKHO
ATTAQUES DES «APERISTES» CONTRE LE PRESIDENT D’HONNEUR DU PIT
Le tir groupé de membres du parti présidentiel contre Amath Dansokho, suite à sa sortie musclée sur la situation du pays, n’a pas laissé insensibles certains responsables de partis alliés qui s’érigent en boucliers autour du ministre d’Etat auprès du président de la République.
L’Alliance pour la République (Apr) est réfractaire à toute critique, même de la part de ses alliés au sein de «Benno bokk yakaar» (Bby). Le dernier exemple en date est le tir groupé de membres dudit parti contre Amath Dansokho, coupable d’avoir osé dire que «le pays est en danger».
A ce rythme, l’implosion programmée de la mouvance présidentielle risque d’intervenir plus tôt que prévue.
Hier, des responsables de partis alliés, gênés par ces attaques contre le ministre d’Etat auprès du président de la République, sont montés en première ligne pour prendre la défense de celui qui est considéré comme une icône de la scène politique.
Maguette Thiam du Pit : «L’alerte qu’il a donnée ne peut être que positive pour Macky»
Leader du Pit, formation à laquelle milite l’ancien maire de Kédougou, Pr Maguette Thiam dédramatise les propos de son camarade de parti. «Le Président Macky Sall a, lui-même, lors du Conseil présidentiel sur les investissements, insisté sur la responsabilité des ministres, c'est-à-dire de son gouvernement. Et lorsqu’il a souligné, avec force, qu’en ce qui concerne les coupures d’eau et d’électricité, c’est des choses intolérables, cela veut dire qu’il prend la mesure de l’enjeu qu’il y a dans un tel contexte», indique-t-il.
Et de renchérir : «Je pense que l’alerte qu’il a donnée ne peut être que positive pour le Président Macky, pour notre coalition. Cela veut dire que c’est des gens qui sont sincères entre eux, qu’ils ne se caressent pas le dos. Ce qui est connu du camarade Dansokho, c’est qu’il ne caresse pas du dos de la cuillère. Donc, ce qu’il a dit, c’est au fond ajouter à ce que le Président Macky Sall. Il y a des efforts à faire».
Moussa Sarr de la Ld : «Les responsables de l’Apr doivent savoir raison garder»
Le porte-parole de la Ld ne cautionne pas également les piques contre le président d’honneur du Pit. «Je regrette les attaques des responsables de l’Apr que j’ai entendues, parce que, quel que soit ce qu’on peut reprocher à Amath Dansokho, nous devons avoir à l’esprit que c’est une icône dans la vie politique sénégalaise. Et les responsables de l’Apr doivent savoir raison garder. Nous devons tous rester calmes et sereins, parce qu’à chaque fois qu’il y a des divergences, on entend des attaques, des caractérisations, je crois que ce n’est pas juste», a déclaré Moussa Sarr.
Selon lui, «le ministre Oumar Youm ne doit pas perdre de vue qu’il est également le porte-parole du gouvernement».
«Il y a des déclarations, des caractérisations qu’il doit se garder de faire par rapport aux autres leaders de la coalition. Je crois que le ministre Oumar Youm et les autres responsables de l’Apr doivent avoir une certaine hauteur d’esprit qui leur permette d’éviter des caractérisations, parce que ce n’est pas courtois. Il est urgent que le président de la République trouve un espace qui lui permet de discuter et de dialoguer avec des responsables de la coalition», ajoute-t-il.
Wilane du Ps : «Il veut nous rappeler l’espoir que les 65% de nos compatriotes ont placé en nous»
Abdoulaye Wilane qui animait, hier, une conférence de presse à Mbacké, a affirmé : « Le Ps invite les membres de la mouvance présidentielle, surtout ceux de l’Apr à lire avec hauteur et générosité les propos du doyen Amath Dansokho qui veut simplement nous rappeler l’immense espoir que les 65% de nos compatriotes ont placé en nous, au lendemain de la chute d’un régime dont l’ampleur du désastre qu’il nous a légué est incommensurable. Loin de diaboliser la coalition, encore moins le Président Macky Sall qu’il admire et soutient, il nous rappelle que nous devons encore redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés après notre accession au pouvoir».
Babacar Diop de la Jds : «Il y a quelques mois, ces mêmes gens l’appelaient Mandéla»
Un autre socialiste a réagi en la personne de Babacar Diop, leader de la Jeunesse pour la démocratie et le socialisme (Jds). «Les gens de l’Apr sont des retardataires, c’est vraiment des gens qui n’ont pas compris que la démocratie a évolué, que politiquement, le Sénégal a évolué. Eux, ils pensent que, dès lors qu’ils vous confient un ministère ou une direction, vous devez vous taire, vous devez fermer les yeux sur la bonne marche du pays. Franchement, à ce niveau, ils n’ont absolument rien compris», assène-t-il.
Avant d’indiquer : «Nous soutenons Dansokho. Ce n’est qu’avec l’arme de la critique que nous arriverons à faire avancer les choses. Vous êtes membre d’un gouvernement, même si le pays est mal gouverné, vous n’avez pas le droit de le dire, au nom d’une fausse solidarité gouvernementale. C’est insensé».
M. Diop de pointer «l’incohérence» des «Apéristes». «Dansokho ne mérite pas ça, parce que ces mêmes gens-là qui tirent, aujourd’hui, sur lui, hier, ils l’appelaient Mandéla à la place de l’Obélisque. Soyons sérieux ! Dans quel pays sommes-nous ?».
Faisant la leçon à Me Youm, il martèle : «Quand on est porte-parole d’un gouvernement, on doit être mesuré».
LE PARTI SOCIALISTE SIFFLE LA FIN DE LA RECREATION
ATTAQUES DE CERTAINS DE SES MEMBRES CONTRE LE GOUVERNEMENT
El Modou GUEYE (Correspondant) |
Publication 09/06/2015
Les attaques répétées de responsables et jeunes socialistes contre le gouvernement n’agréent pas les «verts». En conférence de presse, hier, à Mbacké, Abdoulaye Wilane a recadré Babacar Diop de la Jeunesse pour la démocratie et le socialisme (Jds). Le maire de Kaffrine a également donné l’avis du Parti socialiste (Ps) sur certaines questions d’actualité.
MBACKE - C’est en compagnie du Secrétaire général de l’Union départementale Ps de Mbacké et du responsable des jeunesses socialistes de la localité, que le porte-parole des socialistes a sifflé la fin de la récréation au sein de la formation dirigée par Ousmane Tanor Dieng.
Faisant allusion aux récentes sorties de Babacar Diop de la Jeunesse pour la démocratie et le socialisme (Jds), décriant la gestion du régime de Macky Sall, Abdoulaye Wilane est allé droit au but. «Il peut arriver que, dans une organisation ou dans un parti, ou même une coalition, qu’une personne donne son point de vue, mais elle ne peut être qu’une position individuelle. Une opinion qui n’engage que celui qui l’émet», a-t-il soutenu. Avant de poursuivre : «Un camarade professeur d’université et cadre du parti est à la tête d’un mouvement qui s’appelle Jds. Il a émis un point de vue, à la limite, excessif, qui ne procède d’aucune concertation n’engageant le Bureau politique du Ps, encore moins le Comité central. A la dernière réunion du Comité central, aucun avis allant dans le sens de ce qu’il a dit n’a été développé. Et il continue toujours d’envahir les médias pour dire des propos qui prêtent à confusion. Le Parti socialiste s’en éloigne de la manière la plus responsable. Ces propos sont contraires à la ligne du parti. Et quel que soit le respect que nous avons pour lui, ces agissements, et tout ce qu’il dit, n’engagent que sa propre personne». A l'en croire, «le Ps ne saurait cautionner de tels propos».
Le Ps assume et partage le bilan de Macky Sall
Sur sa lancée, M. Wilane de souligner : «Au Ps, en dehors d’Ousmane Tanor Dieng qui est notre Secrétaire général, la responsable nationale des femmes qui est Aminata Mbengue Ndiaye, Mame Bounama Sall Jr qui dirige les jeunesses socialistes, Diallo qui est la responsable des jeunesses féminines, et moi-même, en tant porte-parole, personne n’est habilité à donner un avis qui engage notre formation politique». D’ailleurs, le maire de Kaffrine a profité de l’occasion pour réaffirmer l’ancrage du Ps dans «Benno bokk yakaar» et son soutien au Président Macky Sall et à son gouvernement.
«En réalité, nous ne sommes pas comme les autres, on ne tient pas un double langage. Nous avons un régime qui fait des efforts considérables pour satisfaire les préoccupations des Sénégalais. C’est le lieu, pour nous, de renouveler notre soutien sans faille au gouvernement de la République que dirige le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dione», a dit le porte-parole des «verts».
Non sans demander à ses camarades qui siègent au gouvernement de «ne ménager aucun effort pour s’acquitter correctement de leur mission, au grand bénéfice du peuple sénégalais, pour mériter la confiance que le chef de l’Etat a portée sur eux».
«Le Ps exhorte tous les partis de 'Bby' à communiquer de manière objective sur toutes les questions délicates, pour éviter toute compromission dans la dynamique d’unité qui fait notre force. C’est le lieu de préciser que le Ps, de manière officielle, assume et partage, en toute responsabilité, le bilan du Président Macky Sall, avec qui nous gouvernons ensemble», a renchéri M. Wilane.
Conclusions du Groupe de travail des Nations-unies
L’avis du Groupe de travail des Nations-unies est incomplet et partial, selon le porte-parole du Ps, qui pense que beaucoup de propos prêtés à cette structure ne sont pas fondés.
«Nous avons appris que l’avis de ce Groupe de travail a été publié et porté à l’attention du peuple, sans l’avis du gouvernement du Sénégal. Alors que cet avis est disponible. Nous avons appris également que le gouvernement du Sénégal a fait un recours, et que le Groupe de travail des Nations-Unies doit statuer, à nouveau, sur cette question. Nous en prenons acte».
Abdoulaye Wilane de préciser : «Je voudrais rappeler que l’avis du Groupe de travail ne demande la libération de qui que ce soit. Il ne saurait se le permettre. C’est des déductions d’avocats-défenseurs qui avaient déserté le Palais de justice et qui reviennent pour faire du porter-presse. Mais, leur jeu est cousu de fil blanc. Dans cet avis, le Groupe de travail confirme que le renversement de la charge de la preuve est admis en droit international. Les avocats-défenseurs du mis en cause ne le disent pas. Ensuite, le Groupe de travail ne remet pas en cause la légitimité de la Crei. Ce qui est remis en cause, c’est la durée de la détention provisoire, et les avocats et les défenseurs de droits de l’homme l’ont dit».
C'est décidé. Plus de plan sur la comète : Abdoulaye Wade reçoit aujourd'hui Modou Diagne Fada et ses camarades réformistes. Conséquence, le comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) prévu ce soir est reporté à jeudi.
Avec ce nouveau report, le pape du sopi réaffirme qu'il tient coûte que coûte à rencontrer Diagne Fada, Mamadou Lamine Keïta, Bassirou Kébé, Abdoulaye Sow, Abdou Khafor Touré et Cie, avant tout nouveau rassemblement du Pds. Il faut dire que l'ancien édile de Darou Mouhty a réussi le tour de force de rassembler autour de sa personne une frange très importante du parti. On parle de 50 responsables libéraux. Tous réclament un congrès de renouvellement des instances du parti.
Entre autres exigences, Modou Diagne Fada et ses camarades de parti jugent également nécessaire de revoir la configuration du comité directeur, telle que prévue par l'article 21 des statuts du Pds, de faire revenir le secrétariat national conformément aux dispositions de l'article 22. Ils recommandent également la mise en place d'une commission de révision du programme fondamental du Pds qui va redéfinir son offre politique et proposer une nouvelle vision de développement plus adaptée, la prise en compte de la parité dans la dévolution des responsabilités à l'intérieur du parti et la redéfinition des modalités claires et démocratiques de choix des candidats libéraux aux différentes élections nationales.
Autant d'exigences qui vont à l'encontre de la volonté de l'ex-président de mobiliser les forces du parti autour de la bataille pour la libération de Karim Wade, attendu pour être son successeur à la tête du parti. Autant dire que la partie s'annonce serrée entre Abdoulaye Wade et les réformistes, déterminés à faire bouger les lignes au sein du parti. Wade saura-t-il mater la rébellion ou va-t-il accepter le changement exigé ?
Il a été observé, rien que durant la semaine dernière, de nombreux faits qui renseignent sur l’état de vacuité et la méconnaissance que de nombreuses autorités publiques ont de l’Etat et de ses règles de fonctionnement.
Il s’avère ici nécessaire de relever des situations ou des comportements qui portent atteinte à l’image de la gouvernance publique et l’accumulation de tels faits finirait par rendre sceptique le citoyen sur la capacité des gouvernants à incarner l’Etat. L’intérêt de l’exercice est naturellement de souhaiter que les choses changent.
Un grave incident diplomatique s’était produit à Dakar, à l’occasion de la conférence ministérielle sur l’Etat de droit et la lutte contre la corruption. Cette rencontre internationale était présidée par le Président Macky Sall et avait vu la participation de plusieurs dizaines de délégations étrangères.
Certaines de ces délégations ou leurs représentations diplomatiques permanentes à Dakar, ont été choquées dans le déroulement de la cérémonie. En effet, un groupe d’artistes «slameurs» a été invité à donner un spectacle à l’ouverture de cette rencontre.
Les «slameurs» ont tourné en dérision des chefs d’Etats africains dans une parodie de match de football pour stigmatiser leurs penchants pour des actes de corruption et de mal gouvernance.
Des noms de chefs d’Etats avaient été cités et rudement brocardés et cela a embarrassé bien de monde présent dans la salle. Le Président Macky Sall lui-même a été tourné en dérision. Il a certes essayé de faire bonne figure en riant comme une bonne partie du public, mais le fait est grave du point de vue diplomatique.
On se demande bien si les organisateurs avaient pris le soin de s’imprégner préalablement du contenu du spectacle, notamment les propos qu’allaient débiter les «slameurs» devant une telle assistance.
Le mal était déjà fait, surtout qu’il semblerait que le protocole présidentiel n’avait pas été informé de ce spectacle à l’occasion de ses séances de repérages pour agencer l’ordonnancement de la cérémonie que devait présider le chef de l’Etat.
L’impair diplomatique a suscité le courroux de certains pays, et force est de dire que le Sénégal n’avait pas besoin d’une telle provocation. La liberté d’expression est une chose mais les convenances diplomatiques en sont une autre.
On n’a trouvé personne pour s’excuser auprès des diplomates froissés et aucune responsabilité n’est située. Des sanctions ? N’en parlons pas...
On avait à peine fini de s’émouvoir de cette histoire qu’on apprend qu‘un organe consultatif de l’Onu a estimé que la détention de Karim Wade au Sénégal ne répondrait pas aux règles d’équité et de justice. Elle est arbitraire, estime le groupe de travail des Nations unies. Le lieu n’est point de discuter de cet avis du Groupe de travail sur les droits humains, qui est un organe indépendant.
Mais on ne peut manquer de s’étonner de l‘attitude de l’Etat du Sénégal. Personne ne peut comprendre que les autorités sénégalaises n’aient pas pu trouver du temps, durant tout le délai de deux mois qui leur était imparti, pour déposer leur mémoire de réponse au plaidoyer des avocats de Karim Wade.
A quoi devaient bien être occupés les nombreux conseillers et autres hauts fonctionnaires du ministère de la Justice, les fonctionnaires de l’Agence judiciaire de l’Etat ou même les avocats commis par l’Etat du Sénégal dans cette affaire, pour ne pas trouver du temps pour préparer une réponse dans les délais impartis ?
Il se dit au ministère de la Justice que le mémoire de défense aurait été transmis, la veille de l’expiration du délai, aux autorités diplomatiques du Sénégal auprès du système des Nations unies et que les carences devaient leur être imputées. Qu’à cela ne tienne, une enquête administrative devrait être ouverte et les responsabilités clairement situées.
Des bulldozers ont été lancés contre un mur édifié dans l’enceinte même de l’aéroport de Dakar. L’histoire voudrait que des spéculateurs fonciers aient eu le culot de faire reculer le mur de clôture de l’aéroport pour se tailler des parcelles à mettre sur le marché. Il avait fallu que des journaux mettent sur la place publique cette histoire, pour que les autorités daignent réagir en démolissant le mur. Il est dit qu’une enquête est ouverte.
On attend de voir... Seulement, qui peut croire que des intrus aient pu accéder à l’enceinte de l’aéroport en y déposant des matériaux de construction et des ouvriers, qui ont certainement réalisé l’ouvrage durant plusieurs jours, et ceci au nez et à la barbe des préposés à la sécurité du site et des autres responsables de l’aéroport ?
Le cas échéant, on doit s’étrangler pour la sécurité de ce lieu hautement sensible que constitue un aéroport international. Dans la foulée, une opération de démolition de maisons irrégulièrement construites sur l’emprise de la zone aéroportuaire a été engagée.
Tous ceux qui avaient payé des terrains sur ce site et y avaient édifié des maisons à coups de dizaines de millions de francs savaient parfaitement qu’il n’y avait pas de titres légaux de propriété. La pression foncière à Dakar étant telle que d’aucuns ont cru à des promesses de régularisation.
On pourrait certainement considérer que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, mais là où le bât blesse, est qu’à côté, il existe de nombreuses maisons dans la même situation d’irrégularité foncière et qui ne subissent pas la furie des démolisseurs.
En outre, où étaient les différents services publics pendant que ces nombreuses maisons se construisaient dans une totale illégalité ? Il s’y ajoute que le directeur de l’Agence des Aéroports du Sénégal, Pape Maël Diop et son ministre de tutelle Abdoulaye Diouf Sarr, se sont donnés en spectacle à cette occasion, avec des querelles indignes de leurs charges respectives.
Le Premier ministre et le chef de l’Etat peuvent-ils faire comme s’ils n’avaient pas été informés de ces bisbilles ?
L’image de l’Etat en prendrait encore une fois un sacré coup. Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur, disait que «la meilleure boussole est le sens de l’Etat».
«UNE PETITE BULLE DE DOUCEUR, LE TEMPS D’UNE CHANSON»
C’est l’histoire d’une femme qui avoue qu’elle s’est longtemps cherchée. Au début, raconte Sarah Ayoub, elle chante surtout en français, mais ses émotions ne parlent pas vraiment la même langue. Et voilà qu’un jour, elle redécouvre la chanson qui a bercé son enfance : « Ahwak », de l’Egyptien Abdelhalim Hafez. C’est d’ailleurs sur cet air-là que la berçait son père, un joueur de luth parti trop tôt. Plutôt nostalgique, Sarah Ayoub s’amuse à reprendre les chansons du répertoire égyptien des années 50 : «Ya Touyour » par exemple, écrite à l’époque pour Oum Kalthoum. C’est pourtant Asmahan, chanteuse et espionne syrienne, qui finira par en hériter. Sarah Ayoub est d’ailleurs en pleine répétition pour une comédie musicale prévue pour 2016. Sur scène, elle sera « Asmahan, La Sublime ». En avril dernier, le public sénégalais découvrait cette artiste entre deux mondes ; et il y a quelques jours elle était encore là. En fin de semaine dernière, la chanteuse orientale rendait d’ailleurs visite à la rédaction de Sud Quotidien.
Sud Quotidien : Comment vous êtes-vous retrouvée à faire de la musique ? C’est un peu une histoire de famille, c’est cela ?
Sarah Ayoub : C’est tout à fait cela. Je m’appelle Sarah Ayoub, je suis chanteuse de variété orientale, je suis marocaine, et je suis surtout ravie d’être ici avec vous. Mon histoire commence donc très jeune, un peu comme la plupart des artistes…Mais c’est vrai que j’ai la particularité d’être née au milieu d’une famille de musiciens. Mon père était joueur de luth, c’était sa passion, et j’ai eu ce privilège d’être bercée par sa musique. A d’autres enfants, il fallait raconter des histoires pour les endormir, moi j’avais plutôt droit à un concert privé, c’était tout simplement magnifique. Mon père a donc su voir en moi une capacité…
Du talent ?
Alors peut-être pas du talent, mais je pense qu’il avait sans doute détecté ma curiosité et mon envie d’aller plus loin dans cette recherche, et c’est vrai qu’il m’a encouragée. Que ce soit dans le théâtre ou dans la danse, il m’a vraiment laissée faire tout ce dont j’avais envie, goûter à tout comme on goûte à des mets, et c’est de cette façon que j’ai pu m’essayer à plein de choses, toujours grâce à ses encouragements.
Vous êtes une artiste complète sinon plurielle : vous jouez de la comédie, vous chantez, vous dansez, un peu comme Stromae on va dire (elle éclate de rire)…C’est important aujourd’hui pour un artiste d’avoir toutes ces facettes-là ?
Je pense que pour un artiste, l’essentiel c’est de pouvoir évoluer. Il arrive par exemple que l’on dise d’un artiste qu’il n’est pas complet, tant qu’il ne joue pas d’un instrument, je ne pense pas que ce soit vrai. Je suis convaincue que l’on se sent d’abord artiste dans son cœur, on a envie de délivrer un message, de faire partager quelque chose, et c’est le travail de toute une vie. On commence par être auteur, ou on va juste jouer d’un instrument…Et c’est au fur et à mesure que l’on va rajouter des cordes à son arc, c’est ce que j’aime à penser. Le monde artistique est tellement vaste, que l’on ne s’arrête jamais d’apprendre. On trouve d’ailleurs des artistes qui ne se mettent à jouer d’un instrument que sur le tard. Je pense qu’il faut savoir se montrer indulgent et pouvoir se dire qu’un artiste, ça évolue. Certains d’entre eux sont d’ailleurs complètement autodidactes.
Alors, vous vous amusez à reprendre des chansons du répertoire égyptien des années 50. Pourquoi, et comment se fait votre choix ? Est-ce que c’est en fonction de la musique, de l’histoire qu’elle raconte, ou en fonction du personnage qu’il y a derrière ?
C’est vrai que je me suis trouvée sur le tard. J’ai mis beaucoup de temps à trouver ma vraie voie. Au départ, je chantais surtout en français, mais je sentais que ce n’était pas moi, je ne me sentais pas moi-même ; j’avais toujours l’impression qu’il me manquait quelque chose. Comme on dit, on n’exprime jamais aussi bien les émotions que l’on ressent que dans sa langue maternelle. Et le jour où j’ai découvert Abdelhalim Hafez et sa chanson « Ahwak » qui veut dire « je t’aime », ça été une révélation, une sorte d’évidence. C’est une magnifique chanson d’amour. Abdelhalil Khafass est considéré comme le Sinatra du Moyen-Orient, on l’appelait le « rossignol brun ». Il était chanteur, comédien, et il a bercé toutes nos mamans, nos grands-parents étaient tous fans de lui, c’est l’un des artistes de la Belle Epoque. Et c’est en poursuivant mes recherches que j’ai découvert des chefs-d’œuvre du Moyen-Orient, et j’ai eu envie de voir comment je pouvais bien dépoussiérer tout cela, et le présenter à cette nouvelle génération qui ignore tout de cette richesse. Il faut dire aussi que c’était la chanson préférée de mon père et c’est cet air-là qu’il me jouait quand j’étais enfant. Je ne l’ai pas vraiment connu, mais ma mère m’a raconté son histoire. J’ai compris que c’était ça que je voulais faire ; j’avais envie de chanter en arabe, de faire honneur à cette langue, honneur à mes sources…
C’est aussi un clin d’œil à votre père ?
C’est aussi un clin d’œil, c’est un hommage à mon père, une façon de lui dire : « Regarde tout le parcours que j’ai fait, il n’est jamais trop tard. » Aujourd’hui on a tendance à penser qu’un artiste doit avoir 20 ans. Moi je suis déjà une dame, j’ai plus de la trentaine, mais mon message, c’est de dire qu’il n’y a pas de date de péremption pour la musique. Quand vous écoutez une chanson, vous ne vous demandez pas quel âge a la chanteuse. Il y a une émotion, il y a quelque chose. Quand on me dit : « Mais tu as mis du temps à trouver ton véritable chemin », je réponds toujours qu’il n’est jamais trop tard.
Comment faites-vous pour moderniser tout cela ?
Alors ça, c’est tout un travail, parce que quand on écoute la version originale, et qu’on écoute ensuite la mienne, on voit tout le travail titanesque qu’il y a derrière. J’y apporte toute cette modernité, en d’autres termes, je me l’approprie. L’idée, c’est de la teinter de tout ce que je suis, de tout mon parcours, de mes origines marocaines et de cette éducation occidentale que j’ai reçue, et qui fait que j’écoute aussi de la soul, du gospel, de la variété française… C’est tout cela que je rajoute à mon interprétation. C’est vrai que derrière, j’ai une très belle équipe de musiciens et d’arrangeurs qui m’accompagne : on modernise la chanson, mais on lui laisse son identité profonde. On la réactualise, on la rajeunit, et lorsque les plus jeunes la découvrent, ils ont du mal à imaginer que c’est une chanson qui date des années 50. Souvent, cela leur donne envie d’aller découvrir la version originale. Je réussis à leur donner accès à un répertoire que l’on ne met pas tellement en valeur. Par exemple, il y a la chanson qui est en promotion actuellement, « Ya Touyour », qui signifie l’oiseau, et dont le texte est d’un romantique ! Elle dit : « Ô toi l’oiseau, va retrouver l’homme que j’aime et dis-lui, décris-lui l’état dans lequel je suis quand je suis loin de lui. » Et je n’arrive pas à retrouver cette poésie dans les chansons d’aujourd’hui. Ce n’est pas pour critiquer qui que ce soit, les gens font surtout la musique qui leur plaît et qu’ils ressentent. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un monde où tout est devenu très industriel : on fait de la musique pour gagner de l’argent, pour que ça bouge, ça va très vite…Et moi j’avais envie de faire tout à fait autre chose : je prends le contre-pied de tout cela, je viens avec quelque chose de très lent, de vrais instruments, tandis qu’aujourd’hui la musique est très techno, très dance. Je pense qu’une paire d’oreilles peut aussi avoir envie d’un peu de douceur, d’écouter Sarah Ayoub par exemple.
Et si on parlait de votre comédie musicale, « Asmahan La Sublime » ?
Avec plaisir ! C’est une histoire incroyable et une aventure pleine de promesses. Elle est prévue pour 2016, mais on y travaille déjà depuis deux ans. Ce sera la première comédie musicale entièrement chantée en arabe, interprétée par des Maghrébins. Cette comédie musicale raconte l’histoire incroyable d’Asmahan, chanteuse et actrice syrienne, et aussi princesse, fille d’un chef guerrier, et qui a fait une carrière extraordinaire en Egypte où son père a dû s’exiler après un coup d’Etat. Et on raconte la vie de cette femme jeune, belle, mais sulfureuse, mondaine…Elle adorait s’amuser, elle fumait, elle buvait, elle jouait au poker, j’ai adoré son histoire. C’était aussi la grande rivale d’Oum Kalthoum, c’est l’histoire que l’on ne raconte pas. Tout le monde a retenu Oum Kathoum, pourquoi ? Parce qu’Asmahan est morte jeune, dans des circonstances qui restent encore mystérieuses. Asmahan, c’est aussi cette chanteuse devenue espionne pour l’axe Angleterre-France, et qui a joué un rôle décisif. C’est l’époque où les Allemands voulaient envahir le Moyen-Orient pour aller en direction de la Palestine, et il fallait passer par la Syrie. Asmahan, mariée à un prince druze, est allée le voir en incognito, pour le supplier de laisser passer les troupes alliées, histoire d’aller contrer les ennemis allemands. Et c’est ce qui a fait que les Allemands ne sont pas arrivés en Palestine. Celle qui était alors la grande concurrente d’Oum Kalthoum est morte dans un accident de voiture à 26 ans. Pour la petite histoire, la chanson « Ya Touyour » avait été écrite pour Oum Kalthoum, et quand elle a appris qu’Asmahan avait fini par en hériter, il paraît qu’elle a fait un scandale au compositeur qui pensait en fait qu’Asmahan ne reviendrait pas en Egypte et qui l’a ainsi aidée à relancer sa carrière.
Et c’est vous-même qui interprétez le rôle principal, le rôle d’Asmahan ?
Oui, c’est moi. C’est un grand rôle à défendre, beaucoup de pression, mais j’espère pouvoir lui faire honneur.
Diriez-vous que vous êtes nostalgique d’une période que vous n’avez pas même pas vécue finalement ?
C’est cela. Je pense que c’était une période glorieuse, de belles mélodies, et où il y avait une certaine authenticité. C’est ce qui explique sans doute que la musique que je fais soit si épurée, pas surchargée, c’est la voix que l’on met en avant, avec juste l’essentiel, et avec surtout de vrais instruments. On me dit souvent que c’est très romantique, et qu’on a comme l’impression que je viens d’un autre temps. Je dis « oui, mais je suis aussi une femme d’aujourd’hui », je suis consciente que l’on vit dans un monde de plus en plus violent (l’actualité nous le rappelle toujours), et j’ai envie de pouvoir offrir cette petite bulle de douceur dans ce monde agressif, et donner une belle image de la femme musulmane car aujourd’hui, on dirait que l’Islam est devenu un problème. Nous avons besoin de modèles pour pouvoir véhiculer un autre Islam, le véritable, qui est l’Islam tolérant, pas celui que l’on nous montre à la télévision. Je pense que les artistes ont un grand rôle à jouer pour expliquer par exemple que ce n’est pas parce qu’on est arabe qu’on est musulman.
Cela vous dirait de toucher à autre chose à votre répertoire ?
Je pense que c’est quelque chose qui se fera naturellement. On est toujours en perpétuelle évolution, quoi que l’on fasse. Aujourd’hui, je ne peux pas savoir comment ma musique se sera transformée dans quelques années…Je suis en train de préparer un album qui sera un mélange de reprises des années 50, et de titres originaux que j’aurai écrits et composés.
Et qui parlera de quoi ?
D’amour. Mais dans l’amour, il n’y a pas que la relation entre un homme et une femme. Il y a aussi le sentiment que l’on a pour son pays d’origine. Ma mère a quitté son pays, elle est venue travailler en France, élever ses enfants, c’était parfois difficile…Et quand elle parle de son pays, elle et tous les exilés d’ailleurs, c’est souvent avec tellement d’amour.
Elle est un peu «familiale» votre musique, non ?
Si. Complètement. Elle est accessible aux jeunes comme aux anciennes générations, et je suis heureuse de pouvoir être écoutée par ma grand-mère ou par ma mère qui a fait le pèlerinage à la Mecque, qui porte le hijab, qui se promène avec mes chansons sur son portable, et qui me dit souvent : « Je suis fière de toi, tu fais une musique qui est élégante, et qui est pour toutes les générations ». J’ai un public jeune, mais j’ai aussi un public d’un certain âge, mais c’est vrai que mon premier public, c’est vraiment le Maghreb, la communauté, mais les Français aiment aussi. Parce que même s’ils ne comprennent pas l’arabe, ils aiment la mélodie, l’émotion qu’il y dans le son. Il faut dire aussi que j’ai un public plus féminin que masculin.
Pourquoi ?
Peut-être parce que les femmes sont plus sensibles à cette douceur, à ces belles histoires, à cette musique et à cette élégance. Mon public féminin, c’est vraiment toutes les femmes : de la jeune fille de 14 ans à ces femmes de 60 ans à qui cela rappelle quelques souvenirs et qui me disent parfois : « Je suis tombée amoureuse sur cette chanson. »
Au mois d’avril, vous étiez déjà venue au Sénégal, pour quelles raisons ? A titre professionnel ?
J’étais là pour me faire connaître et pour faire connaître ma musique, et c’est vraiment à cette période-là que le public sénégalais m’a découverte. J’ai eu un vrai coup de cœur pour le Sénégal, pour la gentillesse des gens. La fameuse téranga, ce n’est pas une légende. Ils ont cette sorte de...Je n’arrive pas à trouver le mot en français, mais ils ont cette espèce d’élégance, de retenue. J’ai retrouvé la même hospitalité que l’on a chez nous au Maroc. Et si je suis revenue, c’est parce que je suis la marraine d’une association, l’Institut rendez-vous, qui rassemble des Sénégalais et des Marocains, et qui œuvre pour le développement. Là je m’associe à eux pour la construction d’un centre de santé dans le village de Khonk-Yoye (région de Thiès), à près de 200 kms de Dakar. Donner un coup de main quand on est plus ou moins privilégié, c’est une obligation morale.
Auriez-vous pu faire autre artiste que chanteuse ou artiste ?
Non. Honnêtement non. Aujourd’hui, hamdoulah (grâce à Dieu, Ndlr), j’ai la vie dont je rêvais. J’ai tout faire pour, j’ai travaillé dur pour. Chaque moment est différent dans la vie d’artiste. Le moment le plus solitaire, le plus ingrat, c’est l’écriture. On est seul face à soi-même. Ensuite, quand on est en studio et que l’on compose, on échange avec les autres et on se sent donc un peu moins seul. Et c’est vrai que le moment le plus turbulent, c’est la promotion : on est face à la presse, on s’expose et on se sent fragile. Le plus beau moment pour moi c’est quand je suis sur scène, et que je chante ; parce que là je me dis : «Là c’est ma place, c’est là que je me sens le mieux». C’est la passion qui me tient. Tout ce que je souhaite, c’est faire voyager les gens à travers ma musique, leur apporter une petite bulle de douceur qui dure le temps d’une chanson.