Dakar, 26 mai (APS) – Le président sortant de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a fait état, mardi, à Abidjan (Côte d’Ivoire) des ‘’défis de taille auxquels l’Afrique fait face'', citant la dynamique démographique, la rapidité des migrations intérieures, la gestion des ressources naturelles.
‘’L'Afrique a évolué en une décennie. Cependant, rien n’est joué à l’avance. La réussite est au bout de l’effort. Le chemin est jalonné de montagnes à franchir. La mort, en mer Méditerranée, de jeunes abusés par des trafiquants qui leur font miroiter des eldorados imaginaires, restent une tâche et nous interpelle. En effet, bon nombre de montagnes restent à gravir’’, a dit M. Kaberuka, dans son discours prononcé à l’occasion des 50e assemblées annuelles de la BAD.
Dans ce discours transmis à l’APS, le président sortant de la banque a souligné que ‘’bon nombre de montagnes restent à gravir : gérer les défis de taille auxquels l’Afrique fait face – la dynamique démographique, la rapidité des migrations intérieures, la gestion des ressources naturelles’’.
Il faut aussi, selon lui, ‘’combattre les inégalités, promouvoir des sociétés inclusives, en étant pleinement conscient du fait que les grandes inégalités entravent la croissance, dégradent la politique, gâchent les talents et sapent les fondements mêmes de la société’’.
Pour M. Kaberuka, il y a aussi lieu d’exploiter ‘’les possibilités offertes par le dividende démographique, qui ne se présentent qu’une seule fois, par la bonne organisation de nos systèmes de soins de santé primaires et la mise en place d’un enseignement de qualité pour nos enfants’’.
La Stratégie décennale de la Banque africaine de développement ‘’sert de radar pour le chemin à parcourir vers la transformation économique’’, a dit Donald Kaberuka.
Il a salué le soutien es Etats et des actionnaires qui a permis la mobilisation des ressources nécessaires : 25 milliards de dollars EU au cours des trois dernières reconstitutions du FAD (Fonds africain de développement), et, bien sûr, le triplement historique du capital de la BAD en 2010.
Selon lui, ‘’ces dix dernières années, la Banque a engagé 28 milliards de dollars EU dans l’infrastructure, dont 11 milliards pour l’énergie, 11 milliards pour les transports, 4 milliards pour l’eau et 2 milliards pour les TIC’’.
Donald Kaberuka a salué ‘’la décision d’accroître les opérations du secteur privé de la Banque, qui ont été multipliées par dix au cours des 10 dernières années, passant de 200 millions à 2 milliards de dollars EU par an’’.
Il a aussi souligné les facteurs ‘’essentiels à la réussite stratégique’’, citant la préservation de la bonne santé financière de la banque, le réexamen constant de son modèle économique, et la reconnaissance de ses faiblesses.
Les 50e assemblées annuelles de la BAD, ouvertes lundi à Abidjan (Côte d’Ivoire) se poursuivent jusqu'à vendredi. Elles verront l’élection du nouveau président de l'institution, en remplacement du Rwandais Donald Kaberuka.
Arrivé en 2005 à la présidence de la BAD, M. Kaberuka, lègue à son successeur une banque auréolée de la note AAA, décernée par l'agence de notation financière américaine Fitch en 2013.
NIGERIA: LE NOUVEAU PRÉSIDENT DEVRA REDORER LE BLASON DE L’ARMÉE
Lagos, 26 mai 2015 (AFP) - En faisant de la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram sa priorité de campagne, le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, qui prend ses fonctions vendredi, s'est imposé une mission de taille: redorer le blason de l'armée nigériane.
Une mission délicate, à en croire l'historien nigérian Ed Keazor: après la libération par l'armée de nombreuses villes du Nord-Est dont Boko Haram avait pris le contrôle, il a décidé d'aller rendre visite aux soldats sur le front, pour récolter des témoignages non filtrés par les autorités.
Après un long voyage en bus, en taxi et à pied, M. Keazor a atteint en avril Konduga, dans l'Etat de Borno. Il y a passé plusieurs heures avec un bataillon qui à réussi à défendre la ville d'une bonne dizaine d'attaques islamistes.
"Ces hommes étaient désespérés. Ils étaient très, très en colère. Il m'ont dit: +on se bat depuis deux ans, sans relâche+", a rapporté M. Keazor à l'AFP, vidéos (tournées sur son portable) à l'appui.
Avant l'élection présidentielle du 28 mars, "ils ont dit avoir appelé leurs familles et leur avoir dit: +Ne votez pas pour (le président sortant Goodluck) Jonathan, parce que si Jonathan ne s'en va pas, on va continuer à souffrir+", a poursuivi l'historien.
- Une armée autrefois prestigieuse -
M. Buhari, un général à la retraite qui fut au pouvoir à l'époque des régimes militaires, a promis de venir à bout de Boko Haram. Les insurgés, qui ont fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), et la répression des forces armées ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009.
La coopération militaire apportée par le Cameroun, le Niger et surtout le Tchad voisins a permis de marquer des points contre les islamistes depuis février.
Un renforcement des liens avec les puissances occidentales et l'amélioration des conditions de vie dans le nord du Nigeria, où la pauvreté et le fort taux de chômage ont servi de terreau aux extrémismes, font aussi partie des stratégies citées par les experts pour lutter efficacement contre le groupe islamiste.
Mais la réhabilitation de l'armée nigériane est tout aussi vitale, rappelle Yan St-Pierre, le chef de l'entreprise de conseil Modern Security, basée à Berlin.
"Le Nigeria a eu, pendant très longtemps, une armée très efficace et très forte, mais celle-ci a beaucoup perdu à cause de la corruption, surtout durant ces derniers cinq ou six ans", estime-t-il.
L'armée nigériane est intervenue à plusieurs reprises dans des pays africains, notamment lors de la sanglante guerre civile au Liberia, où elle a joué un rôle clé - mais aussi controversé en raison d'accusations de violences - au sein des forces de maintien de la paix.
Mais, au moment où Boko Haram s'emparait de pans entiers du nord-est au second semestre 2014, les experts ont été surpris de constater à quel point cette armée, longtemps considérée comme la plus prestigieuse d'Afrique de l'Ouest, avait perdu ses moyens.
Les soldats, qui se plaignaient un temps de ne même pas avoir de munitions pour combattre les islamistes, ont finalement reçu des armes, un élément clé dans les victoires récentes. Mais pour M. St-Pierre, "les armes font pas tout".
Pendant la campagne présidentielle, M. Buhari a dit avoir l'intention de lutter contre la corruption et de faire en sorte, notamment, que des deniers alloués à la défense ne finissent plus dans les poches des politiciens et de hauts gradés.
Après avoir gagné leur confiance, M. Keazor dit avoir réussi à obtenir les confidences amères de certains des soldats postés à Konduga.
La présidence était censée avoir approuvé un salaire de 100.000 nairas (485 euros) par mois pour les soldats juniors, mais les intéressés ont dit ne recevoir que 45.000 nairas, desquels étaient déduits 15.000 nairas pour leurs repas.
Nombre d'entre eux n'avaient pas vu leur famille depuis deux ans, les rares permissions de deux jours ne leur permettant pas d'aller plus loin que Maiduguri, la capitale de l'Etat, à 35 km de là --quand la route n'est pas trop dangereuse.
Parmi les soldats rencontrés par l'historien, beaucoup ont dit espérer que le nouveau président, en tant qu'ancien militaire, ferait preuve de plus d'écoute. "Un soldat m'a dit: +nous devons combattre dans cette guerre, mais notre voix n'est pas entendue+", raconte M. Keazor.
NIGERIA : LES QUATRE DOSSIERS BRÛLANTS DU NOUVEAU PRÉSIDENT
Lagos, 26 mai 2015 (AFP) - Le président élu du Nigeria, Muhammadu Buhari, qui prend vendredi les rênes du pays le plus peuplé d'Afrique, a une longue liste de priorités à traiter après avoir fait campagne sur le thème du changement. Voici quatre dossiers urgents qui l'attendent:
- Corruption -
M. Buhari, 72 ans, célèbre pour avoir mené une "guerre contre l'indiscipline" lors de son court passage au pouvoir à la tête d'une junte militaire entre décembre 1983 et août 1985, a fait de la lutte contre la corruption un de ses chevaux de bataille pendant la campagne.
La compagnie pétrolière nationale, connue pour sa grande opacité, devrait faire l'objet d'un nettoyage particulièrement minutieux.
Selon les experts, M. Buhari, qui a promis de se prêter personnellement au jeu de la transparence, devrait donner plus de pouvoir aux agences anti-corruption existantes.
Le Congrès progressiste (APC) de M. Buhari affirme pouvoir économiser jusqu'à trois mille milliards de nairas (13 milliards d'euros) moyennant une meilleure gestion des fonds publics, dans un pays rongé par la corruption à tous les niveaux.
Au lendemain de sa victoire, M. Buhari a cependant assuré au président sortant Goodluck Jonathan qu'il n'avait "rien à craindre" et qu'il n'y aurait pas de chasse aux sorcières contre l'administration sortante.
- Sécurité -
Le bilan de M. Jonathan reste marqué par la montée en puissance de Boko Haram. L'insurrection et sa répression ont fait plus de 15.000 morts et plus d'un million et demi de déplacés en six ans.
Depuis le lancement en février d'une opération militaire à laquelle participent les pays voisins, le groupe islamiste a connu des revers majeurs dans le nord-est du Nigeria.
Mais des attentats sporadiques sont toujours à craindre, et des cellules islamistes pourraient s'être regroupées dans les pays alentour. En tant que général retraité, M. Buhari est vu comme celui qui pourrait mener à bien des réformes pour remonter le moral des troupes, et s'attaquer à la corruption au sein de l'armée afin que les soldats soient payés et équipés correctement.
Le nouveau président devra aussi développer le Nord, sa région d'origine, où la pauvreté et le fort taux de chômage servent de terreau à l'extrémisme.
Sur le plan sécuritaire, il devra aussi surveiller la région pétrolière du delta du Niger, dans le Sud: d'anciens rebelles, réclamant une meilleure redistribution des bénéfices de l'or noir, pourraient y reprendre les armes, alors que le programme d'amnistie qu'ils ont signé prend fin cette année.
- Chômage -
Au Nigeria, qui compte plus de 170 millions d'habitants, le taux de chômage atteint près de 30% malgré une croissance économique importante ces dernières années.
La ministre des Finances sortante, Ngozi Okonjo-Iweala, a reconnu en 2013 que les retombées de la croissance devaient être partagées de façon plus équitable. Selon l'APC, quelques 110 millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté.
M. Buhari a promis d'engager de grands travaux, avec notamment la construction de chemins de fer, de routes et de ports, et la réhabilitation des infrastructures existantes, en mauvais état.
Mais ce type de programme risque d'être repoussé à cause d'un manque de fonds, le Nigeria ayant été frappé de plein fouet par la chute mondiale des cours du pétrole, une ressource qui représente 90% de ses réserves en devises.
La diversification de l'économie est une étape indispensable si le pays veut créer de l'emploi, disent les experts.
- Energie -
Le gouvernement nigérian a déclaré le 22 mai produire seulement 1.327 mégawatts d'électricité, un des chiffres les plus bas de l'histoire du pays, même si l'on remonte à l'ère Buhari, en 1983-1985.
L'APC a promis de produire 12.000 mégawatts d'ici 2019, un pari qui semble audacieux, dans un pays privé de courant pendant plusieurs semaines d'affilée.
Le nouveau chef de l'Etat devrait décentraliser, déréguler et privatiser ce secteur. Le secteur pétrolier va devoir faire l'objet de réformes lui aussi: on s'attend notamment à ce que M. Buhari remette les raffineries en ordre de marche afin que le premier producteur de pétrole du continent ne cesse d'importer la quasi-totalité de sa consommation de carburant.
MANIFESTATION À BAMAKO POUR LA PAIX ET SOUTENIR LE PRÉSIDENT, CITE DANS UNE ENQUÊTE FRANÇAISE
Bamako, 26 mai 2015 (AFP) - Des milliers de Maliens ont manifesté mardi à Bamako en faveur de l'accord de paix signé le 15 mai par le gouvernement, une mobilisation qui a parfois tourné au soutien au chef de l'Etat, cité dans une enquête française pour corruption.
"Oui pour la paix! Non pour la guerre!", "libérez le nord du Mali!", ont scandé les manifestants. Kissima Traoré, enseignant à l'université, a indiqué à l'AFP être venu pour soutenir son gouvernement, "surtout le président Ibrahim Boubacar Keïta qui a récemment dit ses quatre vérités à l'ONU".
"Le Mali est un pays souverain et la colonisation est terminée", a-t-il ajouté, accusant la communauté internationale de complaisance envers la rébellion.
A la fin de la cérémonie de signature de cet accord à Bamako, sans les principaux mouvements rebelles, M. Keïta avait apostrophé le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, sommant les Nations unies de faire "preuve de justice et d'équité" envers le Mali.
Cette manifestation a pour but de "montrer à la communauté internationale que le discours qui a été tenu le 15 mai dernier par le président de la République, nous sommes entièrement d'accord avec ce discours", a renchéri Abdoulaye Diallo, membre du Réseau d'appui pour une meilleure gouvernance au Mali.
Deux jeunes ont scandé: "A bas Médiapart", en référence au site français qui a rapporté le 22 mai des écoutes téléphoniques des présidents malien et gabonais Ali Bongo, témoignant de liens d'apparente proximité avec Michel Tomi, un homme d'affaires corse mis en examen notamment pour corruption d'agent public étranger.
"Si le journal a sorti cette affaire, c'est pour affaiblir notre président qui a dit la vérité la semaine dernière au monde", a affirmé Oumar Touré, un jeune manifestant.
Pour Souley Coulibaly, un autre étudiant, "Médiapart a écrit contre IBK (les initiales de M. Keïta, NDLR) pour salir le Mali. C'est le Mali qui a été attaqué parce que son président dit la vérité aux Français".
Selon les échanges téléphoniques relatés par le site d'information, Michel Tomi, fondateur du groupe Kabi, poids lourd des jeux en Afrique de l'Ouest et du Centre, rend de multiples services à M. Keïta, des réservations et du paiement de chambres dans de luxueux hôtels français jusqu'à la prise de rendez-vous médicaux en France.
Ces révélations n'ont pas fait l'objet de réaction officielle à Bamako.
NIAMEY ET PLUSIEURS VILLES NIGÉRIENNES PRIVÉES D'ELECTRICITE EN RAISON DE PERTURBATIONS AU NIGERIA
Niamey, 26 mai 2015 (AFP) - Niamey, la capitale nigérienne et les grandes villes du pays sont privées d'électricité depuis plusieurs jours, en raison de fortes perturbations dans la fourniture de courant électrique à partir du Nigeria voisin, a appris l'AFP mardi auprès des autorités.
Selon la société nigérienne d'électricité (Nigelec, publique), le problème a principalement pour origine les mouvements de grèves qui secouent le secteur de l'énergie au Nigeria voisin qui fournit plus de 80% de l'électricité au Niger.
"Il y a des grèves au Nigeria (...) dès qu'il y a perturbation sur le réseau électrique nigérian, nous n'arrivons pas à faire face à la situation au Niger", a expliqué Alassane Halid, le directeur général de la Nigelec à la télévision publique.
"Actuellement, c'est pratiquement zéro Mégawatt qui nous vient du Nigeria", a-t-il relevé. La Nigelec tente d'alimenter le pays grâce à ses propres turbines avec "une "priorité" pour les secteurs "sensibles" comme "les hôpitaux et casernes militaires", a-t-il précisé.
Des coupures répétées pouvant durer des heures sont observées de jour comme de nuit à Niamey depuis le début de la semaine. Les plus longs délestages ont duré lundi et mardi toute la journée dans des zones périphériques de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans de nombreux quartiers de la capitale nigérienne aux quelque 1,5 million d'habitants, les rues plongées dans le noir sont désertées le soir. Plusieurs centres de santé privés sont paralysés.
En certains endroits, ces délestages ont fortement perturbé le système de distribution d'eau potable, qui vient à manquer dans les foyers.
NIGERIA: IMBROGLIO AUTOUR D'UN SENATEUR MENACE D'EXTRADITION VERS LES ETATS-UNIS
Lagos, 26 mai 2015 (AFP) - La justice nigériane a ordonné mardi la libération d'un sénateur menacé d'extradition vers les Etats-Unis pour complicité dans un trafic de stupéfiants, mais l'agence gouvernementale anti-drogue a refusé de lever son assignation à résidence.
Buruji Kashamu, élu il y a deux mois au Sénat nigérian, a été inculpé en 1998 par un tribunal de l'Etat d'Illinois (Etats-Unis) pour complicité de trafic d'héroïne. Il a été assigné à résidence samedi par l'agence anti-drogue nigériane (NDLEA), en attendant son audience d'extradition.
Le juge de la Haute cour de Lagos, Ibrahim Buba, a ordonné mardi aux agents de la NDLEA de "quitter la maison du prévenu", puis a suspendu l'audience sur l'extradition.
La NDLEA a déclaré ne pas avoir reçu d'ordre de cesser l'assignation à résidence et ne pas avoir l'intention de se plier à cette décision de justice.
"La NDLEA ne croit pas qu'un tribunal puisse prendre la décision d'empêcher une agence gouvernementale d'agir dans le cadre de ses responsabilités statutaires", a déclaré la NDLEA dans un communiqué.
M. Kashamu avait été arrêté en décembre 1998 en Grande-Bretagne mais il avait réussi à convaincre les autorités britanniques que les faits de trafic de drogue concernaient son frère et que les enquêteurs américains confondaient les deux hommes.
Un tribunal britannique l'avait libéré en 2003 et M. Kashamu était rentré au Nigeria, où il est devenu l'un des grands financiers du Parti démocratique populaire (PDP), au pouvoir depuis la fin des dictatures militaires en 1999 jusqu'aux élections de cette année.
L'affaire avait débuté en 1994 par l'arrestation d'un trafiquant transportant 6,4 kilogrammes d'héroïne, à l'aéroport O'Hare de Chicago. Cet homme avait identifié M. Kashamu, qui habitait alors au Bénin, comme le cerveau du trafic.
L'élu a toujours nié toute implication, rejetant constamment la faute sur son frère à qui il ressemblerait beaucoup. Son parti, le PDP, va quitter le pouvoir vendredi lorsque le nouveau président, Muhammadu Buhari, chantre de la lutte contre la corruption élu en mars, entrera en fonction.
LA JUSTICE INTERROGE LE CHEF DU PARTI DE GBAGBO SUR LA MORT DU GÉNÉRAL GUEI EN 2002
Abidjan, 26 mai 2015 (AFP) - Pascal Affi N'Guessan, chef du parti de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a été entendu mardi par un juge dans l'enquête sur l'assassinat en 2002 du général Robert Guéi, qui fut à la tête d'une une junte militaire en 1999-2000.
M. Affi N'Guessan était Premier ministre au moment de cet assassinat, survenu en septembre 2002 aux premières heures d'un coup d'Etat raté contre M. Gbagbo.
"Le juge d'instruction militaire a entendu, mardi à Abidjan, Affi N'Guessan dans le cadre de l'assassinat du général Robert Guéi", a déclaré à l'AFP le commissaire du gouvernement (procureur militaire), Ange Kessi Kouamé.
Le général Robert Guéi a dirigé la junte militaire installée en Côte d'Ivoire après le coup d'Etat du 24 décembre 1999 contre le président Henri Konan Bédié.
Il avait été vaincu par Laurent Gbagbo à la présidentielle d'octobre 2000 et chassé du pouvoir par la rue alors qu'il tentait de s'y maintenir. Le général, âgé de 61 ans, avait été assassiné, ainsi que son épouse, le 19 septembre 2002, jour du coup d'Etat manqué contre Laurent Gbagbo, qui avait entraîné la prise de contrôle du nord et de l'ouest du pays par une rébellion.
Robert Guéi avait été accusé par le régime Gbagbo d'être derrière le putsch raté. Les partisans de Guéi attribuaient en retour au pouvoir la mort de leur chef, ce que le camp Gbagbo a toujours récusé.
Lida Kouassi Moïse, un cadre du parti du FPI actuellement en prison, "a été auditionné vendredi dernier" en tant que ministre de la Défense à cette époque, a ajouté le procureur.
Le parquet militaire a ouvert une enquête le 11 septembre 2012 sur cette affaire ayant abouti à l'inculpation de 16 militaires.
La justice prévoit "l'exhumation du corps et la reconstitution des faits pour déterminer avec précision les circonstances de la mort" du général. Le petit parti de Guéi, l'UDPCI, fait partie des alliés du président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et candidat à sa réélection en octobre prochain.
Pascal Affi N'Guessan a été désigné récemment candidat du FPI à la présidentielle. Soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité relatifs à la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts, Laurent Gbagbo est détenu depuis fin 2011 à La Haye.
GUINÉE-BISSAU: L’ASSEMBLÉE NATIONALE VEUT RÉHABILITER LE PRÉSIDENT ASSASSINE VIEIRA
Bissau, 26 mai 2015 (AFP) - L'Assemblée nationale de Guinée-Bissau a voté mardi une résolution pour réhabiliter le président Joao Bernardo Vieira, un "héros de l'indépendance", assassiné en 2009 par des militaires.
Le président Vieira "est un héros de notre indépendance. Il fut le premier président de l'Assemblée nationale en plus (d'avoir été) président de la République pendant deux décennies.
Il mérite considération et respect et une statue pour la postérité", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Cipriano Gassama, lors d'une réunion des députés. Une statue du défunt, surnommé "Nino" Vieira, en construction à Cuba, sera érigée devant le siège de l'Assemblée nationale.
M. Cassama a aussi annoncé le transfert prochain de sa dépouille du cimetière municipal de Bissau au cimetière des Martyrs, dans le siège de l'état-major de l'armée, où est notamment inhumé Amilcar Cabral, héros de l'indépendance de la Guinée-Bissau (1974) et du Cap-Vert (1975), deux ex-colonies portugaises.
L'armée s'était opposée à son enterrement dans le cimetière des Martyrs, où reposent également les présidents Malam Bacai Sanha et Kumba Yala. Amilcar Cabral, dirigeant du Parti africain de l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), assassiné en 1973 à Conakry, a mené la lutte pour l'indépendance de ces deux pays aux côtés notamment de Joao Bernardo Vieira.
Ce dernier a dirigé la Guinée-Bissau de 1980 à 1999 avant d'être renversé par un coup d'Etat. Il était revenu au pouvoir en 2009, après son élection comme président de la République, jusqu'en 2009, année de son assassinat par des militaires.
Ces soldats avaient affirmé l'avoir tué pour venger le chef de l'armée, Batista Tagme Na Waie, mort dans un attentat à la bombe quelques heures auparavant.
En mars, le président José Mario Vaz avait exigé la conclusion des enquêtes sur les assassinats politiques perpétrés il a cinq ans, dont ceux de Nino Vieira et du général Tagme Na Waie "qui choquent non seulement le sentiment collectif du peuple bissau-guinéen, mais portent atteinte aux institutions de l'Etat", selon lui.
L'instabilité politique et la pauvreté ont facilité la corruption et l'implantation de trafiquants de drogue dans le pays, avec la complicité présumée de hauts responsables de l'armée, à l'origine de nombreux coups d'Etat depuis l'indépendance.
PAR PEDRO PIRES *
UN LEADERSHIP POUR LA BAD
Les enjeux de l'élection de ce mois de mai 2015 sont donc élevés parce que l’institution a une plus forte stature et la personne qui la dirigera aura une influence décisive
Cristina Duarte, ministre des Finances et du Plan du Cap Vert, qui a géré notre économie au cours des dix dernières années, est, à l'image de 7 autres Africains, des hommes, concentrée sur un sujet ayant fait l'objet de peu de discussions au sein des sociétés africaines alors qu'il porte sur une élection fondamentale.
C'est le 28 mai qu'un groupe de 54 personnes, en provenance de tout le continent, et 23 autres originaires de pays non-africains se retrouveront, à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, pour voter. Le but assigné à ces gouverneurs, comme on les appelle, est de désigner celui ou celle qui dirigera, pendant les cinq prochaines années, la Banque africaine de développement (Bad), première institution de développement de l'Afrique.
Comme dans le passé, l’élection du président de la Bad n'est pas aisée à prédire. Mais le processus est toujours le même. Les gouvernements des États d’où sont originaires les candidats démarchent les autres pays pour obtenir leur soutien, tout ceci étant fait loin des fanfares et des lumières. Rares sont les Africains qui sont au fait ou se sentent directement concernés par la question de savoir qui va présider cette institution ayant pourtant un impact majeur sur la vie dans leurs pays. C'est néanmoins en leur nom que le scrutin se déroulera et que se dégagera le vainqueur dont les idées affecteront la qualité de la vie en Afrique.
L'une des raisons expliquant l'importance de l'élection de cette année est due au fait que la Bad, sous la férule de mon ami Donald Kabéruka, est, au fil des ans, devenue une grande partie prenante dans le développement du continent comme elle ne l'a jamais été auparavant durant ses 50 années d'existence. C'est dire que les enjeux de l'élection de ce mois de mai 2015 sont donc élevés parce que la Bad a une plus forte stature et la personne qui la dirigera aura une influence décisive. Son mandat est renouvelable une seule fois, pour un total de deux mandats de 5 ans.
L'imprévisibilité de l'élection présente se justifie par le bon calibre des différents candidats qui sont tous éminemment qualifiés et respectés au sein et au-delà du continent.
Chacun d'eux a présenté la vision qu'il (ou elle) nourrit pour la banque. C'était un des critères du processus de nomination des candidats. Chacun d'entre eux a aussi soumis un Manifeste électoral qui laisse voir que tous sont bien au fait de la situation économique, politique et sociale du continent autant que du rôle que la Bad peut jouer pour le faire aller de l'avant.
Comment alors les gouverneurs constituant le Collège électoral vont choisir un vainqueur dans ce lot ? Des calculs politiques, des considérations régionales, l'intérêt national et d'autres aspects seront pris en compte dans les choix que les représentants des États feront. Le parcours, professionnel, académique ou social, leurs caractères, leurs visions et leurs réalisations leur sont bien connus. Ils pèseront sans doute. Mais ce que les électeurs vont considérer davantage encore c'est le facteur "quoi d'autre" -les considérations tangibles et intangibles qui vont probablement décider comment les candidats agirons une fois élus. Beaucoup de pays, spécialement ceux en Afrique, ont fait connaître leur choix initial. Ils voteront pour ces candidats lors du premier tour de scrutin. Mais les présidents de la Bad ont rarement été élus pendant le premier tour. Dans les étapes suivantes, le scrutin a été toujours plus libre. C'est ici qu'entre en ligne de compte ce facteur "quoi d'autre". C'est le moment où le conclave électoral est libéré des contraintes étroites liées à des intérêts qui déterminent souvent le premier tour de vote.
Et c'est ici que je prends le risque de proposer le critère suivant à prendre en considération. Toutes choses étant égales, il serait préférable de regarder au-delà des facteurs classiques et des enjeux géopolitiques pour dénicher chez les candidats respectifs des vertus telles que l'humilité, la différence intrinsèque, la maîtrise des langues, l'accessibilité et l'empathie.
Les gouverneurs qui voteront devront calmement chercher à savoir ce qui est connu concernant les différents candidats, par exemple, en matière d'humilité. Le ou la candidat (e) a l’expérience et le profil pour répondre aux défis émergents et amener notre Banque à un autre niveau d’efficacité. Combien de langues sur celles de l'Union africaine parlent-ils couramment ? Le genre des candidats, masculin ou féminin, doit-il être considéré comme un atout ? Le ou la candidat (e) est-il (ou elle) éloquent (e) pour parler au nom de l'Afrique dans le concert global des Nations et des marchés de capitaux ? Sait-il ou sait-elle être à l'écoute ? Quelle est sa passion au service de la Bad ? Dans quelle mesure peut-on s'attendre à ce que le personnel de la Banque soit motivé par la personne qui la dirigera afin de l'aider, avec enthousiasme, à relever les défis de l'émergence économique et politique ?
A la lumière de tout ce qu'on sait des candidats, et de tout ce qui est en jeu ici, ces facteurs intangibles sont pertinents si on veut élire le ou la candidate que les temps présents exigent. Ils fourniront la vraie mesure pour connaître la personne la plus qualifiée qui pourra faire jouer à la Bad son plus important rôle au profit du continent. A savoir bâtir les fondements pour changer l'Afrique et la mettre sur une irréversible courbe de transformation. Ce candidat de son temps ne peut être pour moi que Cristina Duarte, la première et unique femme à se lancer dans la course pour diriger la Banque africaine de développement.
* Pedro Pires, Laureat du Prix de Bonne Gouvernance Mo Ibrahim, est un ancien président du Cabo Verde
DES "OSSEMENTS" EXHUMÉS DE LA TOMBE SUPPOSÉE DE SANKARA
Ouagadougou, 26 mai 2015 (AFP) - Des "ossements" ont été exhumés de la tombe supposée contenir la dépouille de l'ex-président burkinabè Thomas Sankara, assassiné en 1987 lors d'un coup d'État, a affirmé l'avocat de sa famille à l'AFP.
"Je peux certifier que dans la tombe supposée être celle de Thomas Sankara, des restes ont été exhumés. En tant qu'avocat représentant la famille, nous avons constaté aux environs de 8H35, à 45 cm de profondeur les premiers ossements", a déclaré Me Benwendé Stanislas Sankara, qui assiste à l'exhumation dans le cimetière de Dagnoën, un quartier de Ouagadougou.
Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette le soir du 15 octobre 1987, après son assassinat lors du coup d'État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir. Il aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën, mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s'y trouve réellement.
Les restes qui ont été retirés de la poussière, sont constitués de "quelques ossements, de tissus au fonds rouge avec des traits noirs", a détaillé l'avocat.
"Nous pensons que les restes qui ont été totalement enlevés aux environs de 11 heures pourront permettre aux experts de faire leur travail scientifique et de produire le rapport que nous attendons", a poursuivi Me Sankara.
La gendarmerie a empêché tout attroupement autour de l'endroit mais quelques curieux se sont réunis à plus de 500 mètres de là. L'exhumation des corps censés être ceux de Sankara et de douze de ses compagnons a démarré lundi.
Les tombes de deux de ses compagnons d'infortune de l'ex-président avaient été alors ouvertes. "Ils ont trouvé des restes de survêtement dans la première tombe.
Dans la deuxième tombe, ils ont trouvé deux dents, une partie de la mâchoire et d'autres restes de survêtement", avaient indiqué à l'AFP des proches de victimes.
Au passage du corbillard transportant les "caisses contenant ces restes", et escorté par la gendarmerie, la foule amassée aux abords du cimetière avait entonné l'hymne national.
L'opération d'exhumation est conduite par trois médecins, un Français et deux Burkinabè, en présence du commissaire du gouvernement et d'un juge d'instruction.
Le régime de M. Compaoré avait toujours refusé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de l'assassinat de Sankara. Début mars, le gouvernement de transition mis en place après la chute en octobre du président Compaoré a finalement autorisé l'exhumation du corps de Sankara dans le but de l'identifier formellement.
Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina qui enquête depuis mars sur les circonstances de la disparition du "père de la révolution burkinabè".
Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et notamment le 14 mai celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président. La figure de Thomas Sankara, révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, a été abondamment évoquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Compaoré le 31 octobre dernier.