SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
LE MAROC DEVOILE LA DATE DE LIVRAISON DU PLUS GRAND STADE AU MONDE
Lors de la réunion du comité de pilotage marocain du suivi des projets de stades sportifs pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, des bonnes nouvelles ont été livrées sur le projet de l'immense le Stade Hassan II. Qui devrait être livré d'ici moins...
Lors de la réunion du comité de pilotage marocain du suivi des projets de stades sportifs pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, des bonnes nouvelles ont été livrées sur le projet de l'immense le Stade Hassan II. Qui devrait être livré d'ici moins de 3 ans.
Le Maroc continue de poser les bases d’un événement historique. Jeudi 27 février, une réunion cruciale du comité de pilotage chargé du suivi des projets de stades pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 s’est tenue à Rabat. Présidée par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, elle a réuni plusieurs hauts responsables, dont la ministre de l'Économie et des Finances Nadia Fettah, le ministre de l’Éducation Nationale et des Sports Mohamed Saad Berrada, ainsi que le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa.
Si l’état d’avancement des neuf stades prévus pour la CAN 2025 a été passé en revue – leur livraison étant prévue entre mars et août 2025 – c’est bien le Stade Hassan II de Benslimane qui a retenu toutes les attentions. Conçu pour être l’un des plus grands et modernes au monde, cette infrastructure gigantesque devrait accueillir les matchs du Mondial 2030, que le Maroc organisera avec l’Espagne et le Portugal. Dont possiblement la finale si Casablanca est préféré à Madrid.
Une livraison prévue en décembre 2027
Le chantier du Stade Hassan II suit le calendrier prévu. Construit selon les standards FIFA les plus exigeants, il sera achevé en décembre 2027, soit trois ans avant la Coupe du monde. Cette date a été confirmée lors de la réunion, soulignant l'engagement du Maroc à respecter ses échéances.
Lors de cette rencontre, Aziz Akhannouch a insisté sur l'importance de ces infrastructures pour l’image du pays :
« Le gouvernement, conformément aux Hautes Directives Royales, est mobilisé pour poursuivre les différents projets d’infrastructures sportives et veille à assurer toutes les conditions à même de garantir le succès de l’organisation par notre pays de la CAN 2025 et du Mondial 2030. »
Avec ce projet ambitieux, le Maroc se positionne comme un acteur incontournable du football mondial. En parallèle, les travaux de modernisation des autres stades avancent rapidement, avec des livraisons prévues dès 2025 pour la CAN. En décembre 2027, donc, le Maroc pourra fièrement dévoiler le Stade Hassan II, un bijou architectural qui symbolisera l’ambition et la grandeur du Royaume sur la scène sportive internationale.
THIERNO ALASSANE SALL, L’ÉLECTRON LIBRE QUI DÉFIE PASTEF
Qualifié d'"opposant de salon" par les partisans de Sonko, ce député non-inscrit, qui semble avoir identifié les contradictions du pouvoir actuel, s'affirme pourtant comme la voix la plus audible de l'opposition à l'Assemblée nationale
(SenePlus) - Dans l'arène politique sénégalaise dominée par le parti au pouvoir Pastef, une voix dissonante se fait entendre avec de plus en plus d'insistance. Le député non-inscrit Thierno Alassane Sall, surnommé "TAS", s'affirme comme un opposant tenace qui n'hésite pas à défier frontalement le gouvernement d'Ousmane Sonko sur ses promesses non tenues et ses contradictions. Sa dernière initiative en date, bien que rejetée, a réussi à mettre le parti présidentiel dans l'embarras.
Le bureau de l'Assemblée nationale a rejeté le 26 février la proposition de loi du député visant à abroger la loi d'amnistie. Cette initiative, déposée le 18 février, cherchait à supprimer la loi controversée du 13 mars 2024, qui accorde l'amnistie pour les faits commis entre février 2021 et février 2024 dans le cadre de manifestations ou pour des motifs politiques.
Bien que rejetée pour des raisons techniques - le bureau ayant jugé que cette abrogation "aggraverait la charge publique" - cette proposition a provoqué une réaction virulente de Pastef. Le parti au pouvoir a dénoncé une "précipitation opportuniste et manipulatrice" d'un "opposant de salon", révélant ainsi son irritation face à cette manœuvre politique.
L'ironie de la situation n'a pas échappé aux observateurs : la suppression de cette loi d'amnistie était justement une promesse électorale de Pastef. Comme le rappelle Jeune Afrique, Thierno Alassane Sall a ainsi réussi à "couper l'herbe sous le pied" du parti présidentiel, le forçant à s'expliquer sur son apparente réticence à tenir cet engagement.
La fronde de "TAS" ne se limite pas à la question de la loi d'amnistie. Lors d'une séance de questions au gouvernement le 21 février, il a directement interpellé le Premier ministre sur le budget 2025, jugé déconnecté des réalités économiques du pays : "Est-ce que vous ignoriez le sinistre économique et financier du pays au moment de confectionner le budget 2025, ou avez-vous choisi de présenter des projections sans rapport à la réalité ?"
Cette question a suscité une réponse agacée d'Ousmane Sonko, qui lui a rétorqué : "Monsieur Sall, quelques fois, il faut savoir applaudir ! Vous ne pouvez pas vous inscrire dans la critique gratuite."
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique dans son domicile dakarois, Thierno Alassane Sall dresse un bilan sévère des premiers mois de Pastef au pouvoir. Il accuse le Premier ministre de gouverner "sans objectif clair" et d'avoir laissé la situation économique du pays empirer. "La réduction des subventions et des dépenses sociales est une politique d'austérité", insiste-t-il, utilisant un terme explicitement rejeté par Ousmane Sonko.
L'ancien candidat à la présidentielle semble avoir identifié les contradictions du pouvoir actuel. "Cette loi d'amnistie, c'est un caillou dans leur chaussure. Ils savent que c'est une attente des Sénégalais, mais ils veulent éviter à tout prix que l'abrogation de la loi ne puisse leur porter préjudice à titre personnel", a-t-il déclaré au magazine panafricain.
Il rappelle que Pastef s'était initialement abstenu lors de l'examen du projet de loi d'amnistie par le bureau de l'Assemblée - avant de voter contre en plénière. "À l'époque, ils avaient tenté d'exclure les crimes commis par les FDS (forces de défense et de sécurité). À présent qu'ils ont la majorité, les FDS, c'est eux. Les voilà bien embêtés", analyse-t-il.
Pour TAS, le gouvernement est désormais "au pied du mur" après avoir fait preuve d'immaturité politique. "En tardant à prendre des décisions, ils accréditent l'idée que tout va bien, alors que la situation est catastrophique", affirme-t-il, en référence au récent rapport de la Cour des comptes qui dresse un tableau préoccupant de la situation économique du pays.
Le parcours politique de Thierno Alassane Sall est marqué par des ruptures et des désillusions. Comme le rappelle JA, il a été l'un des fondateurs de l'Alliance pour la République (APR) avec Macky Sall, avant de quitter le gouvernement en 2017 alors qu'il était ministre de l'Énergie. La raison de cette rupture : des soupçons de corruption dans les contrats pétroliers et gaziers.
C'est alors qu'il s'était rapproché d'Ousmane Sonko, lui-même connu pour ses dénonciations dans ce domaine. Mais cette alliance n'aura pas duré, les deux hommes se brouillant à la veille de la présidentielle de 2019. Depuis, Thierno Alassane Sall fait cavalier seul dans un paysage politique où les anciens partis dominants semblent encore sidérés par la victoire de Pastef.
Fondateur de la République des valeurs (Réewum Ngor), il n'avait recueilli que 0,58% des suffrages à la présidentielle de 2024, mais a réussi à conserver son siège de député aux législatives de novembre 2024. "Le groupe des non-inscrits est un groupe hétéroclite qui n'agit pas de manière unie", déplore-t-il auprès de Jeune Afrique, reconnaissant avoir "quelques affinités personnelles" mais "pas politiques" avec d'autres députés.
De sa carrière, il affirme n'avoir qu'un seul regret : avoir quitté l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) pour devenir ministre sous Macky Sall. "En tant que ministre, vous êtes limité dans vos initiatives, vous perdez beaucoup de temps dans des réunions. À l'ARTP, c'était plus flexible, j'étais autonome. L'autonomie, c'est important", confie-t-il à Jeune Afrique.
Dans un paysage politique où l'opposition traditionnelle peine à se faire entendre, Thierno Alassane Sall semble déterminé à poursuivre son combat solitaire contre l'hégémonie de Pastef, quitte à déranger un pouvoir qui dispose pourtant d'une confortable majorité absolue à l'Assemblée.
LOURDE AMENDE POUR SADIO MANE
Mardi dernier, Sadio Mané a mis fin à sa disette de près de deux mois sans marquer toutes compétitions confondues. L’international sénégalais (111 sélections, 45 buts) a inscrit sur penalty le deuxième but d’Al-Nassr pour la victoire 0-2 chez Al-Wehda...
L’attaquant vedette sénégalais d’Al-Nassr, Sadio Mané, a été épinglé par la Fédération saoudienne de football (SAFF).
Mardi dernier, Sadio Mané a mis fin à sa disette de près de deux mois sans marquer toutes compétitions confondues. L’international sénégalais (111 sélections, 45 buts) a inscrit sur penalty le deuxième but d’Al-Nassr pour la victoire 0-2 chez Al-Wehda lors de la 22e journée de Saudi Pro League.
S’il avait des raisons d’être satisfait de sa prestation sur le pré, le numéro 10 des Jaune et Bleu ne peut pas en dire autant en-dehors. En effet, l’ailier de 32 ans a brillé par son absence en zone mixte après le match, ce qui lui a valu une sanction de la part de la Commission de discipline de la Fédération saoudienne, relaie la presse sénégalaise.
Mané va payer 3 millions FCFA
En violation de l’article 63-2 du règlement disciplinaire de la SAFF, qui impose aux joueurs de répondre aux questions des journalistes à l’issue de chaque rencontre, SM10 a écopé d’une amende de 20 000 riyals saoudiens, soit un peu plus de 5 121 euros (environ 3 millions FCFA).
Une goutte d’eau par rapport à la fortune du principal concerné. Lui qui a engrangé quelque 48 millions d’euros l’année dernière, selon le magazine spécialisé Forbes, et qui est officiellement devenu depuis quelques semaiens l’heureux propriétaire d’un établissement hôtelier dans le Cher.
Le joueur ne pourra pas faire appel, a signifié la SAFF, par application au stricto sensu de l’article 144 du règlement ayant trait aux sanctions des joueurs du championnat saoudien.
REACTION DE MANSOUR FAYE APRES LE MANDAT DE DEPOT DE FARBA NGOM
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, le maire de Saint-Louis, Mansour FAYE, a exprimé ses préoccupations face au mandat de dépôt de Farba Ngom, une figure politique influente dans la région
Le maire de Saint-Louis, Mansour Faye, a réagi au mandat de dépôt de Farba Ngom. C'est sur sa page Facebook.
"Son Altesse est heureuse : Sa commande exécutée !
Farba va passer sa première nuit en prison, la menace de « Agnam » est passée par là. Au juste, qu’est-ce que Farba a commis comme délit? Tous ceux qui sont dans le courtage et dans l’intermédiation et, au-delà, les Sénégalais tout court, sont en danger.
C’est triste!
Notre justice est à terre. Elle s’est affalée devant les caprices d’un petit prince qui n’a d’autres ambitions que d’extérioriser un haineux complexe qui le ronge et qui va le détruire.
Son incompétence et son incapacité à apporter des solutions aux préoccupations et à la commande économique des sénégalais et des sénégalaises, vont le perdre. L' emprisonnement injuste et injustifié de Farba sonne comme le début de la fin de ce régime.
Un président isolé qui n’assume pas ses responsabilités, un Premier ministre alias SAS « demi dieu », en roue libre, qui ternit l’image de notre diplomatie, désagrège la cohésion nationale et menace l’intégrité territoriale, voilà le nouveau visage du Sénégal d'aujourd'hui.
Je vous l'ai dit et vous le répète encore: le Sénégal est en danger !! Avec une complice coupable: notre passivité
POUR UNE VISION DE GOUVERNANCE TRANSPARENT ET RESPONSABLE
Le Premier ministre Ousmane Sonko a, lors de la Grande Rencontre Tripartite réunissant syndicats, gouvernement et patronat, réaffirmé l’engagement de son gouvernement à adopter une gestion transparente et responsable de l’État.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a, lors de la Grande Rencontre Tripartite réunissant syndicats, gouvernement et patronat, réaffirmé l’engagement de son gouvernement à adopter une gestion transparente et responsable de l’État.
« Sous notre gouvernance, l’État ne vous cachera absolument rien. Tout sera mis sur la table », a-t-il déclaré.
L’une des idées maîtresses de son discours a été la nécessité pour l’État de vivre selon ses capacités. « Un État ne peut pas et ne doit pas vivre au-dessus de ses moyens. Il doit vivre conformément à ses capacités », a insisté Sonko.
Le Premier ministre a également insisté sur l’importance d’une vision à long terme pour le pays. « Il nous faut un sursaut en mettant en avant l’intérêt supérieur de la Nation. Rien de durable ne peut se faire sous la pression et les urgences », a-t-il affirmé, tout en rejetant l’idée d’une gestion sous la contrainte et appelant à une planification réfléchie.
Revenant sur la question des syndicats, Ousmane Sonko a tenu à préciser que le dialogue avec les organisations syndicales n’a jamais été rompu. « Il y a eu des rencontres sectorielles entre les syndicats et des ministères. Seulement, il fallait bien prendre le temps de préparer cette grande rencontre tripartite », a-t-il ajouté.
M. Sonko souligne la volonté de son gouvernement de maintenir un canal de communication ouvert et constructif.
Concernant la gestion des urgences sociales, le Premier ministre a évoqué la réduction du coût de la vie et le vaste programme de logements sociaux en cours. « Nous allons travailler à réduire le coût de la vie », a-t-il promis.
Sur la question de la fonction publique, Sonko n’a pas mâché ses mots. Il a révélé que « certains employés sont payés alors qu’ils ne viennent même pas travailler », tout en rappelant que la masse salariale représente 39% des recettes de l’État, un taux qu’il juge trop élevé. Il a ajouté que certaines agences publiques n’existaient que pour « caser une clientèle politique » sans produire de projets réels. « Il faut évaluer la masse salariale pour voir les emplois qui correspondent aux besoins réels », a-t-il insisté.
Sonko a également mis en avant les forces du Sénégal, qui selon lui, continuent d’attirer l’attention du monde entier. « Le Sénégal est suivi par le monde entier. Nous devons montrer que nous sommes capables de bâtir une unité forte autour de l’essentiel », a-t-il déclaré.
Dans son discours, le Premier ministre a évoqué les engagements de son gouvernement pour l’achèvement des infrastructures en cours.
Cependant, il n’a pas hésité à mettre en lumière les dérives liées à la gestion des projets publics. « Les universités que nous voulons bâtir ont été surfacturées. Nous devons arrêter les travaux et tout auditer. C’est ce que nous avons fait », a-t-il révélé.
Par Hamidou ANNE
AU G20, LE PLAIDOYER DE MACKY SALL POUR L’ALLEGEMENT DE LA DETTE
Olusegun Obasanjo, Macky Sall, Joyce Banda, Jakaya Kikwete, Nana Akufo-Addo et Ameenah Gurib-Fakim, Hailemariam Desalegn et Yemi Osinbajo se sont réunis autour de l’Initiative des leaders africains pour l’allégement de la dette (Aldri)
Ce 27 février 2025, les anciens présidents Olusegun Obasanjo, Macky Sall, Joyce Banda, Jakaya Kikwete, Nana Akufo-Addo et Ameenah Gurib-Fakim, l’ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn et l’ancien vice-président Yemi Osinbajo, réunis autour de l’Initiative des leaders africains pour l’allégement de la dette (Aldri), ont signé «La Déclaration du Cap», pour «une action audacieuse et urgente en vue d’un plan global d’allégement de la dette pour l’Afrique et d’autres pays en développement victimes du fardeau excessif de la dette».
«Plus de la moitié de la population africaine vit dans des pays qui dépensent plus en paiements d’intérêts qu’en éducation, en santé ou en climat.»
En vue de relever les défis des Odd des Nations unies, de l’Agenda 1963 de l’Ua et de l’Accord de Paris sur le climat, l’Afrique a besoin de mécanismes spécifiques, afin de bénéficier de financements innovants, à faible coût et à des conditions favorables à son économie.
Les leaders de l’Aldri proposent deux volets : une restructuration globale de la dette des pays fortement endettés et une réduction du coût du capital pour tous les pays en développement.
Parmi les signataires de la Déclaration du Cap, figure en bonne place le Président Macky Sall dont l’agenda international, durant ses deux mandats à la tête du Sénégal et ensuite dans le cadre du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), s’est toujours inscrit dans le cadre d’une refonte du système économique et financier mondial, avec un axe majeur relevant de l’allègement et de la soutenabilité de la dette.
L’aide au développement a montré ses limites ; elle n’est pas efficace pour réduire les écarts entre pays en développement et nations industrialisées. L’Afrique, pour relever les défis de l’émergence, a besoin d’un volume massif de capitaux, qui proviendrait des investissements directs étrangers et d’une dette soutenable.
Encore sur ce sujet de la gouvernance mondiale, le Sénégal, sous Macky Sall, a toujours été au cœur de la réflexion et de l’action pour la transformation des économies africaines. Le lancement du Plan Sénégal émergent, en 2014, répondait à l’impératif de changer la structure des politiques publiques. Jusque-là réduites à l’enjeu de la réduction de la pauvreté, les politiques publiques sénégalaises se structuraient désormais autour d’une vision conquérante, celle de l’émergence dont la condition sine qua non était la création d’une croissance génératrice d’emplois et d’inclusion sociale. Le Pse a pu obtenir un soutien conséquent de la Communauté internationale, avec la tenue de deux groupes consultatifs où le Sénégal a mobilisé des engagements de près de 4000 milliards de francs Cfa pour la phase 1 et 7356 milliards pour la phase 2.
Cette confiance des partenaires publics et privés était due à la crédibilité de la signature du Sénégal, à la solidité et la cohérence de son plan de développement et au sens du leadership qu’incarnait notre pays.
Transformer le visage de son pays, élaborer une ambition de rattrapage notamment infrastructurel, réinstaurer l’espoir face au fatalisme du sous-développement nécessitent une volonté prométhéenne, mais aussi une confiance en interne et en externe. Celle-ci permet d’engager les composantes de la Nation autour d’une politique de l’émergence et les partenaires pour investir et accorder des prêts conséquents. Face aux tenants de slogans d’estrade et aux théoriciens du misérabilisme, il faut rappeler une évidence : il n’y a pas d’alternative à la dette et à l’attrait de capitaux massifs pour relever les défis des infrastructures, de l’industrialisation, de l’emploi en vue de créer les conditions d’une prospérité partagée.
L’Afrique, comme l’a rappelé récemment le Président Sall lors de sa Keynote speech lors d’un panel de l’Atlantic Council, est une terre de ressources incommensurables, notamment par la jeunesse de sa population dans un monde qui vieillit, les ressources naturelles, les immenses espaces de terres arables, les cours d’eau et la vitalité créatrice de ses jeunes et ses femmes. Ce sont autant de potentialités qui peuvent nuancer les défis nombreux mais pas insurmontables. L’heure n’est pas au fatalisme ni au repli sur soi, encore moins à l’apitoiement. Un chef, c’est d’abord la compétence, la crédibilité et le prestige ; c’est aussi un propulseur d’espoir et un embrayeur de récits d’espérance, qui chasse les démons de l’apathie et du découragement.
Pendant douze ans, le Sénégal sous Macky Sall a pesé en Afrique et dans le Sud Global sur la réforme de la gouvernance mondiale. Dakar a été un centre névralgique pour imposer le sujet de la dette, sa structure, les possibilités qu’elle offre, mais aussi les potentialités de développement que son service obère pour des dépenses sociales, notamment dans des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé, la culture et le sport. Le Président Sall a plusieurs fois interpellé les pays industrialisés sur des aspects concrets de la dette liés aux taux d’intérêts dont les paiements prennent une part conséquente dans les budgets nationaux.
Il y a également le sujet relatif aux délais de remboursement, car pour des infrastructures qui doivent changer la vie de plusieurs générations, les créanciers réclament des délais de paiement trop courts. Or, aucun pays n’a relevé le défi du développement à travers une stratégie à court terme ; l’architecture de la dette doit épouser les contours du long terme en vue de son efficacité, de son efficience et pour lui permettre d’avoir un impact auprès des populations, notamment les jeunes et les femmes.
Il faut aussi aborder la question lancinante des primes d’assurance très élevées -parfois jusqu’à 15% pour les mieux lotis-, et que rien ne justifie quand il s’agit de l’Afrique. Sur ce sujet précis, il faut rappeler, pour la dénoncer, une grande injustice. La «prime à l’Afrique» est un mécanisme inique qui surévalue le continent en matière de risque. Or, une étude de Moody’s révèle que le taux de défaut sur les projets d’infrastructures est plus faible en Afrique qu’en Asie et en Amérique latine.
Propulser une ambition, faire preuve de leadership et porter la flamme de l’espoir ont aussi une valeur relative à l’atténuation de la perception du risque. Mais le nouveau dogme de gouvernance érigé au Sénégal, qui veut que les autorités en charge vilipendent leur pays, accusent leur administration de maquillage de comptes et entonnent la mélodie sinistre d’un «Etat en ruine», apporte le discrédit, éloigne les investisseurs et soumet le Sénégal à la dure loi de l’ajustement structurel. Ainsi, à la suite de sorties malheureuses des actuelles autorités, Moody’s a immédiatement abaissé à deux reprises la note souveraine du Sénégal. La note B3 promet aux Sénégalais des lendemains troubles, si un infléchissement dans le discours et la pratique ne s’opère rapidement.
Gouverner c’est agir, ce n’est pas la loi du bavardage permanent. Le Sénégal a une tradition d’hommes d’Etat qui, face aux défis de leur époque, ont toujours pris leurs responsabilités, conformément au rôle que le pays a toujours joué en Afrique et dans l’ancien périmètre du Tiers-monde, désormais le Sud Global. En appelant à un Consensus de Dakar, en décembre 2019, au sujet d’une réforme de la dette, en présence de nombreux chefs d’Etat et du Fmi, le Président Sall visait une soutenabilité de la dette africaine pour desserrer l’étau des créanciers sur nos économies fragiles.
Comme président en exercice de l’Union africaine, le Président Sall a multiplié les discours et actions en faveur de la facilitation de l’accès aux capitaux, pour construire des infrastructures de développement ; et ceci conformément au sens de l’histoire car l’Europe, après la Guerre, a été reconstruite grâce à un volume de prêts à des conditions avantageuses. L’Allemagne, par exemple, a pu asseoir une économie forte et dynamique du fait, entre autres, de la restructuration et la réduction à 62% de sa dette dans le cadre de l’Accord de Londres de 1952.
Au surgissement de la pandémie du Covid-19, Dakar a pris le leadership de la campagne internationale pour l’annulation de la dette des pays africains. Selon un rapport de la Banque mondiale, «les pays en développement ont dépensé un montant inédit de 1400 milliards de dollars au titre du service de leur dette extérieure, la charge des intérêts ayant atteint en 2023 son niveau le plus élevé depuis vingt ans. Les paiements d’intérêts ont augmenté de près d’un tiers et se sont élevés à 406 milliards de dollars, grevant dans de nombreux pays les budgets pouvant être alloués à des domaines critiques tels que la santé, l’éducation et l’environnement».
Pour la Banque africaine de développement, «l’Afrique a payé 163 milliards de dollars au titre du service de la dette en 2024». Ce chiffre était de 61 milliards de dollars de 2010. L’institution précise que «la structure de la dette africaine a changé de façon spectaculaire. Alors que la dette bilatérale représente désormais 27% de l’endettement, contre 52% en 2000, la dette commerciale compte pour 43% de l’endettement total (20% en 2000)».
Pour finir, un mot sur l’actualité sénégalaise qui, avec ce régime, prend les allures d’un fait-divers permanent, loin des grandes concertations mondiales en ce moment à Cape Town. Le rapport de la Cour des comptes, en dépit d’une méthodologie douteuse et des conclusions hâtives et confuses, n’est point alarmant sur le sujet de la dette, que même le ministre de l’Economie a jugé «soutenable», malgré les harangues vaines de son Premier ministre.
Le Sénégal s’est endetté non pour des dépenses de prestige, mais pour financer son développement. La dette utile du pays est visible et matérialisable partout. Elle est dans les rames du Ter, les bus du Brt, les amphithéâtres des universités, les salles d’urgence des hôpitaux, les 2000 MW d’électricité produite en douze ans -le Sénégal était à 500 MW en 2012-, les milliers de kilomètres de routes, d’autoroutes, de pistes rurales de production, les navires et avions qui désenclavent la Casamance, les Datacenter… Le Sénégal, sous le Président Macky Sall, s’est donc endetté pour financer des investissements structurants dont la finalité exclusive est la transformation structurelle de l’économie, la croissance et la génération d’un capital humain capable de conduire notre pays à l’émergence. Le Sénégal de ces douze dernières années a ainsi pu inspirer une respectabilité sur la scène internationale au regard de l’ambition qu’il a propulsée à la face du monde.
C’est cette respectabilité, acquise successivement depuis le Président Senghor jusqu’au Président Sall, qui confère à ce dernier cette place au cœur de la réforme de la gouvernance internationale.
«L’allègement de la dette n’est pas une charité. C’est un investissement dans un avenir prospère, stable et durable -pour l’Afrique et l’économie mondiale.»
C’est à Cape Town, au G20 présidé pour la première fois par un pays africain, que se joue actuellement le destin du monde, dans un moment de fractures et d’incertitudes dans le Sahel, de retournement américain sur l’Ukraine, d’inquiétude sécuritaire européenne et de promesse africaine de prospérité.
Macky Sall, théoricien du «multilatéralisme inclusif», est partie prenante d’un monde où toutes les cartes se rebattent, loin, très loin des querelles picrocholines partisanes. Et c’est toujours le Sénégal qui gagne, n’en déplaise aux esprits étriqués mus uniquement par la négation du Sénégal.
Hamidou ANNE
Militant de l’Alliance pour la République
LA RTS ET VIDELIO VERS UN PARTENARIAT POUR LES JOJ DAKAR 2026
Le directeur général de la RTS, M. Pape Alé Niang, et ses collaborateurs ont reçu, ce jeudi matin, M. Stéphane Sala du groupe VIDELIO et sa délégation.
Le directeur général de la RTS, M. Pape Alé Niang, et ses collaborateurs ont reçu, ce jeudi matin, M. Stéphane Sala du groupe VIDELIO et sa délégation.
VIDELIO, groupe français reconnu pour son expertise dans les grands événements sportifs tels que les Jeux Olympiques de Paris 2024, Roland-Garros et le Tour de France, souhaite mettre son savoir-faire au service de la RTS.
Spécialisé dans la conception d’amphithéâtres, de plateaux télévisés, de systèmes d’éclairage et de sonorisation, VIDELIO ambitionne d’accompagner la RTS dans la couverture médiatique des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026.
L’entreprise propose également de contribuer au perfectionnement des agents de la RTS à travers des formations spécialisées.
Saluant cette initiative, la RTS s’engage à poursuivre cette collaboration et à renforcer ce partenariat prometteur.
MACKY SALL N’EST PAS UN BON EXEMPLE POUR DÉFENDRE L’ALLÈGEMENT DE LA DETTE AFRICAINE
Le directeur général de l’Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a réagi aux récentes déclarations de l’ancien président Macky Sall sur la question de l’allègement de la dette africaine.
Le directeur général de l’Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a réagi aux récentes déclarations de l’ancien président Macky Sall sur la question de l’allègement de la dette africaine. Invité jeudi sur le plateau de l’émission Champ contre Champ sur la RTS, il a estimé que Macky Sall n’était « pas un bon exemple » pour défendre une telle cause.
Macky Sall, qui a récemment rencontré le président sud-africain Cyril Ramaphosa aux côtés d’anciens chefs d’État africains, a appelé à un allègement global de la dette du continent pour faciliter la relance économique. Sur sa page Facebook, il déclarait : « Ensemble, nous plaidons pour un allègement global de la dette africaine afin de favoriser les conditions d’une relance économique du continent. »
Cette prise de position a été jugée paradoxale par Seydina Oumar Touré. « Le président Macky Sall n’est pas un exemple en la matière, pour la simple et bonne raison que c’est lui qui a fortement endetté le Sénégal. Maintenant, il revient dire qu’il va aider à alléger la dette. »
Selon le directeur général de l’ASP, cette initiative de Macky Sall relèverait davantage d’une stratégie politique que d’une réelle préoccupation économique. « Cette déclaration n’est rien d’autre que de la communication politique », a-t-il affirmé, laissant entendre que l’ancien chef d’État chercherait à rester dans le débat public.
Seydina Oumar Touré a également remis en question la pertinence du sujet dans le contexte actuel du Sénégal. « Je pense que ce n’est pas un sujet d’actualité. Ça ne fait que nous retarder. Qu’il laisse les gens travailler pour atteindre nos objectifs. C’est plus important. »
Par Fara Njaay
DE FARA NJAAY AUX POETES ZACHARIA SALL ET AR GUENS JEAN MARY
Coin des lettres - Que nul n’entre ici s’il n’a pas de poésie dans son cœur
Poètes, mes semblables… Hommes de rien, mais de tout, vous qui savez poser les mots justes sur les émotions les plus profondes, recevez ma part de poésie. D’humanité !
Sans vous rappeler – à tous les deux – que lorsque j’ai lu vos textes si puissants, si vrais, j’ai été en proie au doute quant au destin de l’humanité. D’une part, vous vous indignez face à un acte barbare qui s’est récemment déroulé en Haïti : un gang a brûlé vif un bébé de deux mois sous les yeux de sa mère. Quelle horreur ! D’autre part, vous semblez poser la question de la place de la poésie dans un monde qui se déshumanise. Qui se défait.
Le fait est là, la question cruciale. Tout se joue en cet instant fragile. Le silence face à cette situation serait un abîme. Je me réjouis donc de savoir que vous, poètes, accordez une place à la souffrance des autres. Mieux encore, vous portez un regard empreint d’empathie sur la misère humaine. Voilà l’une des raisons, parmi mille autres, qui donnent à la poésie tout son sens. Son prestige
Je suis contraint de dire que le poème ne pèse rien face aux armes. Néanmoins, il demeure un puissant souffle qui brave le chaos. Et même si la poésie n’est pas une voix dominante dans ce monde, elle est une voix qui compte. Quand les cœurs sont étreints, les lumières éteintes, elle reste la dernière braise dans l’hiver des âmes.
Poètes, mes semblables…
En lisant, de manière croisée et sensée, vos textes, j’ai retenu trois mots qui, me semble-t-il, condensent tout l’esprit de vos propos : vivre, espoir et poésie. Vivre, c’est avoir l’audace de combattre les dangers. Danser avec le vent des défis. Senghor avait déjà senti, en 1950, qu’il était urgent de protéger l’homme contre la tyrannie des robots. Cela nécessite un combat… L’espoir ? Je crois qu’il est une force spirituelle qui donne sens à notre vie. Il est la douce lumière qui perce l’obscurité. Une étincelle qui ranime les cœurs fatigués et ouvre la voie vers un avenir insoupçonné. « L’espérance luit comme un brin de paille dans l’étable », écrivait Jules Supervielle. Et la poésie, au-delà d’un art, traduit les émotions les plus profondes, les pensées les plus universelles. Cette idée me fait penser à Paul Laurence Dunbar, Claude McKay, Langston Hughes et Sterling Brown. Tous des poètes renaissants. Renaître, c’est le maître mot. Pour cela, il nous faut du courage. De l’audace !
Bref, suivant ce triptyque, les hommes ont l’obligation de vivre poétiquement dans l’espoir. Bien sûr, pour que le monde ne se défasse pas… s’il en est encore temps. J’espère qu’il en soit ainsi. Ce qui est certain, dans l’espace fracturé du monde moderne, où le sacré et le numérique s’entrelacent dans le ballet silencieux des algorithmes, il nous faut encore plus de voix pour explorer les fondements qui régissent nos vies.
Chers amis poètes...
Je dois maintenant vous dire que, tant qu’un seul vers subsiste, tant qu’un seul cœur écoute, l’humanité n’est pas entièrement perdue.
L’AFRIQUE EST EN MARCHE...
Palabres avec…Mahi Binebine Peintre, écrivain - De Marrakech à Paris, en passant par New York, son œuvre navigue entre les mondes, toujours en quête d’un langage sincère et percutant
Propos recueillis par Babacar Korjo Ndiaye |
Publication 28/02/2025
Peintre, écrivain, engagé auprès des enfants des quartiers populaires, Mahi Binebine incarne un art multiple, entre récit et couleurs, entre rationalité et instinct. De Marrakech à Paris, en passant par New York, son œuvre navigue entre les mondes, toujours en quête d’un langage sincère et percutant. Auteur d’une douzaine de romans traduits en plusieurs langues, dont « Les étoiles de Sidi Moumen », adapté au cinéma sous le titre « Les chevaux de Dieu », il conjugue son travail de création avec un engagement social fort à travers les centres culturels « Les Étoiles ». Dans cet entretien, il revient sur son parcours, sa vision de l’art comme espace de résistance, et partage son regard sur la scène culturelle africaine contemporaine.
Votre parcours est marqué par des allers retours entre des univers très différents: les mathématiques, la littérature, la peinture, entre Paris, New York et Marrakech. Comment ces expériences multiples façonnent-elles votre rapport à la création ?
J’ai une discipline toute militaire. J’écris le matin entre 8 et 13 heures. Et je passe l’après-midi dans mon atelier. Il va sans dire que les scènes du roman influencent ma peinture. Cependant, les deux médiums sont complémentaires. Il y a une rationalité dans l’écris qui n’est pas forcément nécessaire en peinture. Le roman exige une construction claire du récit, logique, précise, même s’il y a des envolées lyriques, des digressions poétiques, des échappées. La peinture, en revanche, du moins la mienne, vogue dans l’irrationnel… l’âme directement ouverte à tous les démons. Les plaisirs sont différents.
En littérature, tout commence par une idée maîtresse mais pour le reste, je ne sais absolument pas où vont me conduire mes personnages avec lesquels j’entretiens de bons rapports. Nous nous respectons mutuellement. Nous négocions l’espace qui sera imparti à chacun. Parfois, je mène la danse, parfois, c’est l’inverse. Mais à la fin, il y a toujours un miracle ! Je viens de finir « La nuit nous emportera », un roman sur ma mère. Autant dire que la peinture qui en découle représente des silhouettes allongées sur des clous… comme des fakirs. Quant aux mathématiques, mes premières amours, (j’ai été prof pendant huit ans à Paris) sont à la base de tout : autant dans l’architecture d’un récit que dans l’équilibre d’une œuvre plastique.
Paris, New York ou Marrakech ont peu d’influence sur ma création qui reste éminemment un processus intérieur.
Dans Les étoiles de Sidi Moumen, vous explorez les racines de la radicalisation à travers l’histoire poignante de jeunes de quartiers défavorisés. Pensez-vous que la littérature peut encore être un rempart contre les fractures sociales et les dérives identitaires ?
Dans mon cas, je peux répondre par l’affirmative. Mon roman « Les étoiles de Sidi Moumen » a été adapté au cinéma par le réalisateur Nabil Ayouch sous le titre « Les chevaux de Dieu » Le livre et le film ont été de vrais succès. Comme nous avions gagné beaucoup d’argent sur la misère, nous avions décidé d’en rendre une partie aux enfants du bidonville. Nous y avons alors créé le premier centre culturel. Depuis lors, sept autres centres ont vu le jour dans des zones défavorisés. Chacun accueille mille enfants. Voyez-vous, il n’y a pas de solution miracle pour émanciper un peuple : éduquer les jeunes. Leur apprendre la culture de la vie… quand d’autres, et ils sont là, embusqués, prônent celle de la mort.
Vos œuvres, qu’elles soient littéraires ou picturales, portent souvent un regard critique sur les réalités politiques et sociales du Maroc et au-delà. Comment conciliez-vous l’engagement de l’artiste et la nécessité de préserver une certaine liberté créative ?
Je ne suis pas adepte de la littérature militante. Les professionnels de l’indignation m’ennuient profondément. Cela dit, on n’a pas le temps de se gratter le nombril ici en Afrique. Bien que je me sente investi d’une mission donquichottesque de redresseur de tort, comme beaucoup d’écrivains de chez nous, je laisse une part belle à l’imagination, aux rêveries…
À travers la Fondation Ali Zaoua et les centres “Les Étoiles”, vous œuvrez pour offrir des espaces d’expression aux enfants de la rue. Quel rôle l’art peut-il jouer dans la reconstruction des vies brisées et dans la transmission d’un héritage culturel ?
Dans le dernier film de Nabil Ayouch, « Haut et fort » tourné dans l’un de nos centres avec nos enfants qu’on appelle « les étoiles », je me suis déplacé à Cannes uniquement pour les voir monter les marches du palais des festivals. Ils ne savaient pas que j’étais dans la salle. En m’apercevant, ils ont fait la queue pour m’embrasser l’un après l’autre. Leurs yeux brillaient comme les miens… cela n’a pas de prix.
Vos romans sont traduits en plusieurs langues, vos toiles exposées à travers le monde, mais vous avez choisi de revenir vivre et créer à Marrakech. Qu’est-ce que cette ville représente pour vous en tant qu’homme et en tant qu’artiste ?
J’ai vécu plus de 5 ans à New York et dix-sept ans à Paris où je comptais élever mes trois filles. En 2002, j’ai vu JM Le Pen accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle. Alors, j’ai décidé immédiatement de rentrer au pays. Il était hors de question de vivre dans un endroit où je n’étais pas le bienvenu. Récemment intronisé, le roi Mohamed VI montrait des signes d’ouverture démocratique… alors j’ai tenté l’aventure du retour. Et je ne le regrette pas. Mes livres sont étudiés dans les universités et ma peinture me permet de vivre décemment.
En tant qu’artiste et écrivain profondément ancré dans la réalité marocaine, quel regard portez-vous sur la scène littéraire et artistique africaine contemporaine, notamment au Sénégal, où des voix émergentes questionnent les héritages, les identités et les résistances ?
L’engouement pour l’art contemporain semble s’installer dans notre paysage de façon pérenne. L’art plastique en Afrique, même s’il est jeune, n’a rien à envier à l’art occidental. La foire annuelle d’art 1-54 à Marrakech en témoigne. Mais aussi et surtout la biennale de Dakar à laquelle j’ai eu le privilège d’assister cette année. Une foire d’une qualité exceptionnelle. Il y a une génération d’artistes formés aux écoles des beaux-arts africaines, arabes mais aussi d’Europe. Ils sont peintres, sculpteurs, graveurs, designers, photographes, vidéastes, animés par un vrai désir de liberté, détruisant sans complexe les limites matérielles de la peinture, purifiant son langage jusqu’à l’extrême, narguant l’expression esthétique convenue et ses codes. Ils emploient tous les procédés possibles et imaginables que leur offre le progrès techniques du nouveau siècle.
Je tire un grand orgueil d’avoir offert cette année une œuvre monumentale au musée historique de Gorée. Si les politiques envisagent de construire l’Afrique, ce sont les artistes qui la feront.
Avec des amis, Fatimata Wane Sagna, Hanane Saïdi et Younes Ajarraï, nous avons créé le festival de littérature africaine de Marrakech (FLAM). La troisième édition vient de s’achever. Nous accueillons chaque année une quarantaine d’auteurs africains ou afro-descendants. Vous seriez surpris d’écouter les discours des écrivains. L’Afrique est en train de prendre conscience de ses potentialités. Elle est en marche…