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28 avril 2025
L'IMPRÉCISION JURIDIQUE N'EMPÊCHE PAS LA POURSUITE POUR HAUTE TRAHISON
Le constitutionnaliste Oumar Sow analyse les implications juridiques et politiques de la démarche initiée par Guy Marius Sagna contre Macky Sall, et explique pourquoi l'absence de définition précise de ce crime ne constitue pas un frein à la procédure
Que ceux qui soutiennent qu’il sera difficile voire impossible de poursuivre un ancien chef d’État du Sénégal pour haute trahison, parce qu’aucun texte de loi ne le définit se le tiennent pour dit ! Pour le professeur de droit constitutionnel à l’Ucad, Oumar Sow, cette absence de définition n’est pas un obstacle. Il s’est confié à Sud Quotidien.
Professeur, quelles sont les chances de voir cette démarche inédite au Sénégal aboutir quand on sait qu’aucun texte de droit ne définit ce qu’est la haute trahison ?
Sur les conséquences, évidemment, ce sera l'application d'une disposition constitutionnelle en sommeil. J'estime que lorsqu'une disposition constitutionnelle existe, on doit l'appliquer. C'est ce qu'on appelle la règle de la permanence. La règle de droit, elle est permanente. Donc, on a dans notre Constitution une disposition constitutionnelle. Et donc, ces dispositions constitutionnelles là, si on doit en faire usage, il faut juste veiller à ce qu'on respecte, justement, à ce que dit la Constitution et les lois. Donc, aujourd'hui, si la haute trahison venait à être appliquée à l’ancien Président de la République, on dira que, finalement, on est en face de l'application d'une disposition constitutionnelle. Ensuite, on veillera à ce que tout ce que prévoit la Constitution en termes de prescription, de règles, soient respectées.
Quelles en peuvent être les conséquences si jamais la Haute cour de justice venait à poursuivre l’ancien président de la République ?
Vous avez raison de parler de caractère inedit. C’est la première fois depuis l’indépendance qu’on pose un acte véritablement concret allant dans le sens de faire appliquer cette disposition qui était en veille. Mais l’absence de définition n’est pas un obstacle. Concrètement, ce que dit Guy Marius Sagna, c’est très simple : estce que le président Macky Sall durant l’exercice de ses fonctions a commis des actes pouvant etre qualifiés de haute trahison ? La Constitution dit que c’est l’Assemblée qui met en accusation. Ensuite, la Haute cour de justice juge. Quant à la procédure, elle est simple. On demande au député qui veut accuser le Chef de l’Etat, d’énumérer les faits qu’il considère qu’ils sont susceptibles de haute trahison. Une fois les faits énumérés et la résolution de mise en accusation votée, l’acte d’accusation aura pour conséquences de transférer le dossier à la commission d’instruction, composée de magistrats professionnels. La commission va vérifier sur les faits sont étayés par des preuves, sans même requalifier les faits. Parce que pour la haute trahison, les députés n’ont pas besoin de citer des infractions pénales (délit ou crime). On leur demande de citer des faits qu’ils considèrent constitutifs de Haute trahison. La commission d’instruction n’a pas de faculté de rendre une ordonnance de non-lieu. Elle doit rendre une ordonnance de renvoi (voir les articles 17 et 24 surla Haute cour de justice présidée par le premier président de la Cour suprême).
A Madagascar, on parle de crime contre l’État, contre les institutions. Au Gabon, dans le jugement de Ali Bongo, par rapport à son état civil, on a même estimé que la définition de la haute trahison peut être recherchée dans toutes les matières de droit. Donc, on est en face d’une incrimination qui est typiquement politique, qui n’a pas forcément besoin d’une qualification pénale pour aboutir.
Par ailleurs, il faut noter que la haute trahison ne concerne pas seulement un ancien président. Un président en exercice aussi peut être poursuivi. Le cas échéant, s’il est mis en accusation par l’Assemblée nationale, son sort n’est pas connu. Parce que la Constitution ne prévoit rien pour un président en exercice qui est mis en accusation. Pour moi, c’est un vide. On ne dit pas comment le pouvoir va etre géré ? Qui va exercer le pouvoir temporaire ? Voilà, autant de questions qui ne sont pas réglées.
Est-ce que l’ouverture d’une boîte de Pandore, comme l’estiment certains comme l’ancien président Abdoulaye Wade qui soutenait que le fait de vouloir poursuivre les anciens chefs d’Etat les contraint à rester au pouvoir ou bien, c’est une opportunité de montrer que personne n’est au-dessus de la loi ?
Au fond, il y a toujours des calculs dans des procédures comme ça. On peut penser que finalement, tant qu'on est au pouvoir et qu'on a sa majorité, eh bien, on ne sera jamais poursuivi pour autre raison. Un président qui arrive et qui poursuit son prédécesseur, on peut penser également qu'il devrait être regardant aussi par rapport à son avenir et que demain, quand il ne sera plus au pouvoir, il pourra certainement subir le même sort. Mais ça, ce sont des calculs, ce sont des projections. Moi, je voudrais être dans le présent. Je me dis quelque part qu’un chef d'État, il est comme tout le monde. Il a une responsabilité. D'ailleurs, on pense que la haute trahison est juste une responsabilité qui est dans la Constitution et qui incombe véritablement à un président qui n'est plus en fonction. Et qu'un président en fonction n'est pas concerné. Et c'est pourquoi, l’application de la haute trahison pour un président en exercice, au fond, traduit un état de crise exceptionnelle.
Donc, tant qu'on a sa majorité au Parlement, on n'est pas poursuivi. Mais quand on perd sa majorité, on peut être poursuivi. Et c'est ça, la bombe, d'ailleurs, que traduit la haute trahison dans la Constitution. C’est donc à la fois une boîte de pandore dans la justice.
L'essentiel, c'est que la procédure respecte les prescriptions constitutionnelles. Dans ce cas de figure, les appréciations connexes seront faites, forcément, par les spécialistes de la science politique. Toutefois, pour les juristes que nous sommes, on va se contenter de ce que dit la Constitution.
Pourquoi le législateur est resté muet sur la définition de la Haute Trahison ?
Le législateur n'a pas la prérogative de donner un contenu la haute trahison. C’est à la Constitution de le faire. Aujourd’hui, les tendances de la définition de la haute trahison justement, c'est la Constitution qui prévoit la haute trahison. La haute trahison n'existe pas dans le corpus pénal. En réalité, la haute trahison est une incrimination qui relève de la Constitution. Il appartient au constituant de lui donner un sens. En 2013, la CNRI avait proposé, dans le cadre de réformes proposées au président Macky Sall de définir la haute trahison. Mais attention, une définition parfaite, convenable de la haute trahison n’est pas du tout facile. Toutefois, dans tous les cas de figure, ce qu’il faut retenir, c’est que la haute trahison relèvera forcément d’une violation de la Constitution. On a prêté serment de respecter la Constitution, de respecter les lois de ce pays, de faire appliquer les lois mais également de veiller à leur respect. Donc, un président qui prête serment en tant que tel et qui commet des actes contraires, il commet la haute trahison. A partir de ce moment, il est clair que lorsqu'on viole la Constitution, il y a haute trahison mais en même temps aussi certaines infractions pénales peuvent être assimilées à la haute trahison. On le voit dans la Constitution du Tchad où on dit que la haute trahison renvoie à tel ou tel et ensuite on dit il y a d'autres faits qui sont assimilés à la haute trahison. Donc, pour dire simplement qu'on peut toujours tenter de chercher des définitions quelque part ailleurs mais encore une fois, il appartiendra à la Constitution de le faire. On attendra de voir les réformes à venir.
POUR MACKY SALL, UNE IMMUNITÉ PAS SI ABSOLUE
Bien qu'une loi protège les anciens présidents de la République, Serigne Thiam précise qu'elle n'interdit pas catégoriquement d'éventuelles poursuites judiciaires lorsque les conditions constitutionnelles sont réunies
Le député Guy Marius Sagna a officiellement déposé une proposition de mise en accusation de l’ex-président Macky Sall, qu’il soupçonne de faits pouvant relever de la haute trahison. Mais, selon Serigne Thiam, « pour que la procédure aboutisse, il faudra réunir la majorité qualifiée des 3/5 des 165 députés que compte l’Assemblée nationale. Si cette étape est franchie, la Haute cour de justice devra être activée, et l’ancien chef de l’État convoqué. Or, Macky Sall réside actuellement au Maroc, pays avec lequel le Sénégal ne dispose d’aucune convention d’extradition. Le seul levier juridique envisageable serait la délivrance d’un mandat d’arrêt international par un juge ».
Et de poursuivre : « Même si une loi protège les anciens présidents, elle n’interdit pas pour autant d’éventuelles poursuites, si les conditions posées à l’article 101 de la Constitution sont réunies. Cet article encadre la procédure devant la Haute cour de justice, mais n’offre aucune définition de l’infraction de haute trahison. D’où cette mise en garde : entre une mise en accusation et une inculpation, le fossé reste important »
LE DÉFI D'UN CONCEPT JURIDIQUE FLOU
Le flou juridique entourant la notion de "haute trahison" constitue l'un des obstacles à la mise en accusation de Macky Sall. Non définie dans les textes sénégalais, cette qualification laissera aux juges la responsabilité d'en déterminer les contours
Interpellé pour donner un avis purement technique sur le cas de figure que constitue la proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall devant la Haute cour de justice, un professeur agrégé de droit constitutionnel s’est prononcé sous le couvert de l'anonymat sur les tenants et aboutissants de la loi en question, sur la possibilité de voir une telle requête aboutir, et éventuellement sur ses éventuelles conséquences.
« Au Sénégal, un ancien président de la République ne peut être poursuivi que devant une seule juridiction : la Haute cour de justice. Aucune autre instance nationale ne peut se saisir d’éventuelles infractions commises durant son mandat. C’est ce que rappelle un spécialiste du droit, alors que la procédure enclenchée par Guy Marius Sagna à l’encontre de Macky Sall entre dans sa phase critique.
Installée il y a un mois, la Haute cour de justice pourrait donc être appelée à statuer. Encore faut-il, au préalable, qu’une proposition de résolution soit adoptée par les 3/5 des députés. Une majorité que détient l’actuelle coalition parlementaire, ce qui rend plausible le déclenchement de la procédure.
Une fois la résolution votée, le dossier sera transmis à la Haute cour de justice, composée de parlementaires mais présidée par un magistrat professionnel. Deux obstacles majeurs demeurent cependant. D’une part, la notion de "haute trahison" n’est définie par aucun texte juridique au Sénégal. En conséquence, il reviendra aux juges d’en donner une interprétation, selon la jurisprudence.
D’autre part, l’absence de définition précise soulève également la question de la peine. Ce sera au juge de déterminer à la fois si les actes reprochés à l’ex-chef de l’État relèvent de la haute trahison, et quelle sanction leur serait applicable. Dans cette optique, le principe de proportionnalité devra être scrupuleusement respecté, afin d’assurer que la peine prononcée corresponde à la gravité des faits établis »
GUY MARIUS SAGNA DEPOSE UNE PROPOSITION DE RESOLUTION A LA HAUTE COUR DE JUSTICE
Selon le rapport de la Cour des Comptes sur les fonds Force Covid-19, plus de 2517 milliards Fcfa ont été engagés hors cadre légal, sans aval de l’Assemblée nationale, ni inscription dans une loi de finances votée.
Selon le rapport de la Cour des Comptes sur les fonds Force Covid-19, plus de 2517 milliards Fcfa ont été engagés hors cadre légal, sans aval de l’Assemblée nationale, ni inscription dans une loi de finances votée. Face à cela, le députéGuy Marius Sagna, dénonçant fermement ces faits, a soumis à la Haute Cour de justice une proposition de résolution visant à accuser l’ex-président Macky SALL de haute trahison.
L e député Guy Marius Sagna a déposé à la Haute Cour de justice une proposition de Résolution de mise en accusation de l’ancien Président Macky SALL pour haute trahison. « La Constitution du Sénégal dispose dans son article 101, alinéa 1er, que « le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison » Elle précise que la mise en accusation du Président de la République est votée parl’Assemblée nationale à la majorité des trois cinquièmes de ses membres. Cette procédure exceptionnelle par nature, vise à garantir que les plus hautes charges de l’Etat soient exercées dans le strict respect des principes républicains, conformément à l’attachement solennel exprimé dans le préambule de la constitution à la transparence dans la conduite et la gestion des affaires publiques , ainsi qu’au principe de bonne gouvernance », lit-on dans une lettre du député.
Selon lui, il ressort du rapport de la Cour des Comptes que plus de 2517 milliards de francs Cfa ont été contractés en dehors de tout circuit légal, sans autorisation parlementaire ni inscriptions dans une loi de finance régulièrement votée. Ces engagements opérés sans contrôle a priori ni exécution conforme à la loi organique relative aux lois de finances, ajoute-t-il, constituent une violation manifeste des principes de transparence, de sincérité et de responsabilité budgétaires. En outre, il indique que la cour relève l’usage massif et irrégulier de comptes de dépôt auprès du trésor, à hauteur de 2562 milliards de francs Cfa, échappant totalement au contrôle parlementaire. « Cette gestion opaque se caractérise également par des manipulations comptables telles que des rattachements irréguliers de recettes, des dépenses non retracées ou des opérations extrabudgétaires non reversées. Ces actes de gestion dissimulée, opérés sans informations ni autorisation du Parlement, portent atteinte aux fondements de l’Etat de droit budgétaire. Ils traduisent une volonté délibérée de contourner les institutions de la république, de masquer la réalité de la situation financière du pays et d’engager les générations futures sans débat démocratique ni consentement éclairé », soutien-t-il.
Guy Marius Sagna estime qu’une telle politique de dissimulation systématique, de manipulation des chiffres publics et de mise en péril de la souveraineté financière de l’Etat ne saurait rester sans conséquence. « Elle constitue au regard de son ampleur, de sa récurrence et de ses effets dévastateurs sur la crédibilité du Sénégal, un manquement d’une exceptionnelle gravité pouvant être qualifié de haute trahison au sens de l’article 101 de la Constitution’ » a-t-il insisté. Selon lui, il appartient donc à l’assemblée nationale en sa qualité de garante de l’intérêt général et de la légalité républicaine, d’exercer sa compétence constitutionnelle de se prononcer sur la mise en accusation de l’ancien président de la République.
Par Henriette Niang KANDE
QUI TROP EMBRASE, MAL ÉTEINT
L’art de gouverner, de militer ou d’informer ne devrait pas ressembler à un concours de pyrotechnie, mais à un exercice d’architecture : un peu de hauteur, beaucoup de méthode, et une solide charpente intellectuelle pour éviter que tout parte en fumée.
Dans le tumulte de la sphère politico-médiatique une vérité surgit : qui trop embrase, mal éteint. Dans ces moments où tout le monde veut mettre le feu pour mieux briller, il faudrait peut-être rappeler que l’éclat d’une flamme est aussi éphémère que dangereux. L’art de gouverner, de militer ou d’informer ne devrait pas ressembler à un concours de pyrotechnie, mais à un exercice d’architecture : un peu de hauteur, beaucoup de méthode, et une solide charpente intellectuelle pour éviter que tout parte en fumée.
La scène publique du moment est digne d’un western : regards foudroyants, promesses de tolérance zéro, invectives et « contre-invectives » qui claquent comme des coups de feu. Pourquoi construire quand on peut cramer ? Pourquoi dialoguer quand on peut hurler ? Pourquoi argumenter quand on peut incendier ? À chaque coin de débat, un bûcher est dressé. Un tweet malheureux ? Feu. Une déclaration maladroite ? Feu. Une opinion contraire ou dissidente ? Feu. Doit-on s’attendre à un déluge de napalm en prime ? A force de jouer avec l’allumette de la surenchère, certains finiront par se brûler eux-mêmes, et avec eux, tout espoir d’un débat lucide.
Le gouvernement, lui, n’est pas en reste. Il embrase à coups de décisions expéditives, de menaces à peine voilées et de discours enflammés sur la justice et les libertés. Il allume une plateforme numérique de régulation pour la presse. Il enflamme des mesures pour « encadrer » la liberté d’informer. Et convoque pour garder à vue, au nom de l’ordre public. Une forme de bûcher, sans bois ni flamme, Et pour couronner le tout, des prises de parole publique aux tons dramatiques, dignes d’un scénario de film catastrophe, où l'on brandit des réformes comme un extincteur miraculeux.
Et les médias ? Certains jouent les sentinelles, d’autres les incendiaires. Une info posée, vérifiée et nuancée ? Peu vendeur. Une phrase sortie de son contexte, une photo bien cadrée, une fausse exclusivité ? Là, on a du combustible. La concurrence pousse à la pyromanie éditoriale : le scoop avant la vérité, l’émotion avant la raison, le clash avant l’analyse. Les plateaux télé deviennent des barbecues géants où l’on grille à petit feu du responsable politique, qu’il appartienne ou pas à la majorité, du magistrat, de l’homme d’affaire (des affaires), du confrère…. Les réseaux sociaux ? Des champs de bataille numériques où les clashs font office de torches. Et pendant que les journalistes indépendants tentent de jouer les pompiers, d’autres arborent fièrement le casque de l’outrance pour booster leurs vues. Résultat : on distingue mal, la fumée du feu. Et que dire des éditorialistes pyrophiles ?
Ceux qui, à la moindre étincelle, sortent leur plume comme d’autres dégainent un lance-flammes. Le moindre mot de travers devient brasier, le plus petit froncement de sourcil est érigé en bûcher de la pensée et de la culture démocratique. Sur les plateaux télé ou dans les studios radio, ce ne sont pas des idées qu’on échange, mais des cocktails Molotov rhétoriques. Sur certains sites devenus casernes d’incendie improvisées, zones de départ de feu, « plus ça chauffe », plus ça plait. Chacun jouant au leader de l’allumette. L’analyse ? Réduite en cendres. Puis, tout retombe en fumée, laissant les lecteurs, les téléspectateurs ou les internautes avec une légère odeur de poudre dans les marines.
Le plus savoureux, c’est que ceux qui ont craqué l’allumette en premier, multiplient les prises de parole pour dire que « les allumettes, c’est dangereux », et appellent au dialogue entre deux braséros lancés sur leurs opposants. La contradiction ? Aucune, voyons. C’est de la stratégie de communication. L’art de hurler au feu tout en versant discrètement un litre d’essence sur la nappe.
Le plus ironique, dans ce climat inflammable, c’est qu’on finit par oublier la question initiale : pourquoi allume-t-on tous ces feux ? Pour cacher l’absence de solutions ? Pour remplir un vide idéologique avec du bruit ? Ou tout simplement, parce que c’est devenu un réflexe pavlovien : dès qu’un problème surgit, les uns accusent, les autres ripostent. Que reste-t-il de l’incendie dont on croyait être la seule manière d’éclairer l’opinion et qu’on a pris pour un feu d’artifice passé ? De la suie, et de la désolation. Et au milieu de cette combustion généralisée, qu’on ne s’étonne pas que les extincteurs institutionnels puissent fondre sous la chaleur.
Qui trop embraSe, mal éTeint. Dans ce théâtre des vanités, personne ne semble avoir prévu de plan d’évacuation. À force de faire monter la température, les institutions suffoquent, les citoyens transpirent, et les extincteurs finiront par céder à la chaleur. Parce qu’en politique comme en mathématiques, les soustractions s’additionnent. Ainsi, on finira en haut d’un tas de cendres, à contempler les restes fumants d’un pays dont des citoyens croyaient encore au feu sacré du débat d’idées.
Allez, sur ces mots, je souffle un bon coup… et je garde un seau d’eau à portée de main. Parce que dans cette époque inflammable, même les métaphores peuvent prendre feu.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE – MERCREDI 16 AVRIL 2025
Entre les rebondissements judiciaires impliquant d’anciens hauts responsables politiques, l’ambitieux plan de relance économique, des tensions géopolitiques liées aux politiques migratoires, les Sénégalais ont de quoi nourrir leurs conversations
Une actualité dominée par les scandales politico-judiciaires et un ambitieux plan d’investissement agricole
En ce mercredi 16 avril 2025, les unes des journaux sénégalais mettent en lumière une actualité particulièrement dense. Entre les rebondissements judiciaires impliquant d’anciens hauts responsables politiques, un ambitieux plan de relance économique orienté vers l’agriculture, des tensions géopolitiques liées aux politiques migratoires de l’Europe, et l’actualité sportive internationale, les Sénégalais ont de quoi nourrir leurs conversations.
Économie : une pluie de milliards pour l’agriculture et le numérique
Le gouvernement sénégalais annonce un plan d’investissement sans précédent dans le secteur agricole, une mesure saluée par plusieurs titres ce matin.
Le Soleil ouvre le bal avec un titre évocateur : « Un budget sans précédent de 130 milliards de FCFA pour booster l’agriculture ». Une enveloppe importante destinée à soutenir les agriculteurs, améliorer la production locale et assurer la sécurité alimentaire du pays.
Yoor-Yoor reprend cette annonce, en précisant : « Le gouvernement prévoit 130 milliards pour booster l’agriculture », mettant en exergue la volonté de relancer un secteur vital dans un contexte mondial instable.
L’Éveil va plus loin dans la dynamique d’investissement, annonçant que « Le Sénégal compte investir 1361 milliards de FCFA dans la fiscalité numérique ». Cette transition vers le digital pourrait transformer l’administration fiscale et augmenter les recettes de l’État.
L’AS fait dans la dénonciation, titrant : « 130 milliards FCFA par terre », laissant entendre que ces montants risquent de ne pas être efficacement utilisés, voire gaspillés.
L’OBS complète le panorama économique en révélant « 33 mesures prioritaires annoncées pour les 130 milliards FCFA », confirmant la stratégie multisectorielle du gouvernement.
Justice : Guy Marius contre Macky Sall, une plainte explosive pour haute trahison
Le terrain judiciaire s’embrase avec les actions engagées par Guy Marius Sagna contre l’ancien président Macky Sall. Plusieurs journaux en font leur principal titre du jour :
Les Échos fait sa une sur : « Guy ‘poursuit’ Macky pour haute trahison » et révèle également « De nouvelles arrestations, une quinzaine en danger ».
L’Info emboîte le pas avec un titre encore plus lourd de sens : « Grave forfaiture selon Takku Wallu », laissant entendre que des preuves accablantes existent contre l’ancien chef de l’État.
Sud Quotidien s’interroge : « Macky Sall vers la Haute Cour de Justice ? », évoquant un possible procès historique.
Libération dévoile que « Le procureur Ibrahima Ndoye a émis 25 ordres d’arrestations », une vague d’interpellations qui secoue les anciens cercles du pouvoir.
Pikini ajoute que « Guy déclenche le processus de mise en accusation de Macky pour haute trahison », montrant que le combat judiciaire est bel et bien lancé.
Point Actu parle quant à lui d’un effet domino dans la fonction publique : « DG, DAGE, entrepreneurs et fournisseurs frappés par une pandémie d’emprisonnements ».
EnQuête met en lumière une figure judiciaire restée droite dans la tourmente : « Un magistrat droit dans ses bottes », probablement en lien avec les affaires en cours.
Société : l’Europe et ses pratiques migratoires en question
Direct News fait un focus international et dénonce « une machine à cash discriminatoire sur le dos des Africains », en parlant du système des visas Schengen. L’article évoque un racket administratif qui prive nombre de citoyens africains d’opportunités de voyage et de mobilité.
Politique : pressions, tensions et manœuvres d’appareil
PUD revient sur le contexte politique tendu, en rapportant : « Le groupe Takku Wallu dénonce une grave forfaiture de l’exécutif », dans la foulée des plaintes visant Macky Sall.
L’AS et L’Info insistent sur le rôle central de Guy Marius Sagna dans ce nouveau feuilleton politico-judiciaire, qui pourrait redessiner le paysage politique sénégalais.
Sport : PSG, Barça, Koulibaly... de la sueur et des larmes
Le sport n’est pas en reste ce mercredi, avec des titres majoritairement tournés vers la Ligue des Champions européenne et le Beach Soccer.
Record revient sur une contre-performance nationale : « Koulibaly et Cie, les têtes manquées », à propos de la défaite du Sénégal en CAN de Beach Soccer.
Point Actu Sport s’enthousiasme : « Le PSG se qualifie en 1/2 finale dans la douleur contre Aston Villa ».
Rewmi Sports confirme : « Le PSG et le Barça se qualifient dans la douleur ».
STADES parle d’un Barça solide mais fébrile : « Le Barça se fait peur à Dortmund mais obtient son ticket pour les 1/2 ».
En Beach Soccer, « Ngalla Sylla dévoile sa liste » pour les prochaines joutes internationales.
PLUS DE 300 KG DE CHANVRE INDIEN SAISIS À FIMELA ET SOKONE
Ces actions s’inscrivent dans le cadre des directives du Haut-commandement de la Gendarmerie visant à intensifier les contrôles et les patrouilles sur l’ensemble du territoire national.
Les efforts de la Gendarmerie nationale dans la lutte contre le trafic de stupéfiants portent leurs fruits. Hier, les brigades de Fimela et de Sokone se sont illustrées par d’importantes saisies de chanvre indien, confirmant la montée en puissance des opérations de sécurisation menées à travers le pays.
À Fimela, les gendarmes ont intercepté pas moins de 300 kilogrammes de chanvre indien, une saisie record dans cette zone. Du côté de Sokone, les éléments de la brigade ont mis la main sur 11 kilogrammes de la même substance illicite. Cette dernière opération s’est soldée également par l’arrestation d’un individu de nationalité sénégalaise, quelques jours seulement après le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue dure à Dakar, le 11 avril dernier.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre des directives du Haut-commandement de la Gendarmerie visant à intensifier les contrôles et les patrouilles sur l’ensemble du territoire national. Elles font suite à une autre saisie d’envergure réalisée par la Section de Recherches de Dakar, qui avait intercepté 80 kilogrammes de cocaïne.
Les opérations se poursuivent, et la Gendarmerie réaffirme sa détermination à lutter sans relâche contre le trafic de drogue sous toutes ses formes.
CAN U17, LE MAROC REJOINT LE MALI EN FINALE
A domicile, les Lionceaux de l’Atlas vont tenter de succéder, samedi, aux Lionceaux du Sénégal, sortis de la compétition en quart de finale par les Ivoiriens.
Le Maroc a rejoint le Mali en finale de la Coupe d’Afrique des moins de 17 ans, après avoir battu, mardi, aux tirs au but (4-3), la Côte d’Ivoire en demi-finale.
Les deux équipes étaient à égalité à l’issue du temps réglementaire.
Un peu plutôt en début de soirée, le Mali s’est qualifié en éliminant, (2-0), le Burkina Faso.
Soumaila Fané (42e) et Mahamadou Traoré (74e) sont les buteurs maliens.
A domicile, les Lionceaux de l’Atlas vont tenter de succéder, samedi, aux Lionceaux du Sénégal, sortis de la compétition en quart de finale par les Ivoiriens.
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BACHIR FOFANA DÉFIE LA "TOLÉRANCE ZÉRO" DE SONKO
Le journaliste répond aux récentes déclarations du Premier ministre visant les chroniqueurs et autres critiques du régime. "Le combat qui va dans ce pays, c'est le combat pour le développement économique, pas le Gatsa Gatsa", cingle-t-il
Face aux récentes déclarations musclées du Premier ministre Ousmane Sonko ciblant l'opposition et certains chroniqueurs, le journaliste Bachir Fofana n'a pas mâché ses mots. "Bachir ne se sent pas visé et n'a pas peur", a-t-il déclaré d'emblée lors d'une intervention médiatique lundi sur GFMTV.
Selon le chroniqueur, le Premier ministre s'égare en s'engageant dans ce qu'il qualifie de "Gatsa Gatsa" (querelles verbales) plutôt que de se concentrer sur le développement économique du pays. "Le combat qui va dans ce pays, c'est le combat pour le développement économique", a souligné Fofana.
Le journaliste a rappelé que la liberté d'expression est profondément ancrée dans la culture sénégalaise. "Le Sénégalais est jaloux de sa liberté. Nous, dans nos 'bantambala', c'est la démocratie. Pourquoi avons-nous l'arbre à palabre dans nos sociétés anciennes ?", a-t-il résumé, suggérant que les tentatives d'intimidation sont vouées à l'échec.
Fofana a également souligné que d'autres régimes avaient tenté sans succès de museler la presse. "Macky Sall n'a pas réussi là où Wade et d'autres n'ont pas réussi. Sonko ne réussira pas non plus", a-t-il prédit.
Par ailleurs, le journaliste a évoqué le cas de son confrère Simon Pierre Faye, figure respectée avec plus de 25 ans d'expérience, actuellement poursuivi en justice pour une publication apparue sur une page non officielle. Bachir Fofana espère que cette affaire sera rapidement classée sans suite.
Collaborateur régulier à Ndumbelan et au journal Le Quotidien, Bachir Fofana a tenu à préciser qu'il parle en son nom propre et prépare soigneusement ses interventions après recherche.