Le Président Aliou Thiam (Cap) honore sa parole
Le Collectif des acteurs de la pêche du Sénégal (Caps) a mis en pratique sa promesse d’accompagner l’Etat dans sa volonté de faciliter l’approvisionnement du marché en poissons. Ces armateurs, par le biais de leur président Aliou Thiam, ont donné le ton hier au marché central au poisson de Pikine, avec la mobilisation de 05 camions de 20 tonnes remplis de poissons, soit au total 100 tonnes qui ont été vendues à vil prix aux acheteurs dont les mareyeurs. Un acte qualifié de sursaut patriotique par les mareyeurs qui ont étalé quand même quelques doléances dont le renouvellement du parc automobile devenu vétuste, l’octroi d’aires de stationnements par les collectivités territoriales et l’unité du monde de la pêche.
Décès du juge qui avait relaxé Aida Ndiongue
La magistrature sénégalaise est en deuil. L’ex-président de la chambre correctionnelle et juge à la chambre d’accusation, El Hadji Amadou Diouf, a tiré sa révérence samedi dernier. Il est mort à la suite d’une courte maladie à l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a été inhumé hier, dans son village natal, Sokone. Ses collègues, amis et proches l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure. Nos radars ont aperçu plusieurs magistrats et des personnalités, notamment son cousin, le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, son ami le ministre en charge de la Communication à la Présidence, Abdou Latif Coulibaly, le Secrétaire général de la cour d’Appel de Dakar, Lamine Diédhiou, le président de l’Ums, Souleymane Téliko, le président de la cour d’Appel de Kaolack Ousmane Kane etc. Les témoignages de ses collègues sont unanimes. El Hadji Amadou Diouf était un homme intègre, professionnel et rigoureux dans son travail. Pour rappel, El Hadji Amadou Diouf avait présidé l’audience ayant consacré la relaxe de Aïda Ndiongue dans la traque des biens mal acquis. Il est de la même promotion que le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye et le magistrat Samba Sall. Il était le major de sa promotion. «L’AS» présente ses condoléances à sa famille éplorée et à la magistrature.
L’épouse de Thiaye Diaby fonce à Pikine
Les jeunes femmes républicaines de Pikine ne veulent plus jouer de seconds rôles dans les Collectivités territoriales. Elles veulent être promues à des postes de maire pour remplir pleinement leurs missions dans la décentralisation. Ces jeunes républicaines regroupées autour de la «Plateforme des jeunes femmes leaders républicaines» l’ont fait savoir au cours d’une rencontre avec la presse. Pour leur coordonnatrice Aïssatou Dièye Diaby, non moins responsable politique à Pikine-Ouest et conseillère du Chef de l’Etat chargée des questions des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic), l’heure est venue pour les femmes de Pikine de gérer les collectivités territoriales de Pikine et non d’être des spectatrices dans les conseils municipaux. C’est pourquoi, elle mise sur la formation et le développement de l’esprit du leadership à travers l’entrepreneuriat féminin. Pour ce faire, la responsable de l’Apr qui prône l’autonomisation des femmes par l’entrepreneuriat préconise la création d’une unité de formation décentralisée sur la question pour ensuite promettre dans les jours à venir une formation en décentralisation.
Guy Marius Sagna annoncé à Satrec
Les licenciements « jugés abusifs » au niveau de l’usine Satrec préoccupent l’activiste Guy Marius Sagna et son collectif Frapp France dégage. Nos sources nous renseignent que l’activiste va rendre visite à ces travailleurs en vue du déroulement d’un plan d’action.
Saisie de 06 kilos de chanvre indien à Pikine
Dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, le Commissariat d’arrondissement de Pikine a interpellé un dealer avec 06 kilogrammes de chanvre indien. Nos sources nous renseignent que les hommes du Commissaire Arona Ba ont interpellé le dealer la semaine dernière à Pikine Tally bou bess
Macky Sall à Touba aujourd’hui
Malgré la pandémie de la covid19, le chef de l’Etat ne va pas déroger à la règle. Le Président Macky Sall est attendu aujourd’hui à Touba, dans le cadre de ses visites à la veille de chaque grand Magal de Touba. Le Président Macky Sall sera reçu par le Khalife général des Mourides, en présence de son porte-parole Serigne Bassirou Abdou Khadre. Pour une première, le Président Macky Sall ne passera pas la nuit à Touba sauf changement de dernière minute. Il revient à Dakar le même jour. Sans doute à cause de la covid19, pour éviter les rassemblements.
Zahra Iyane Thiam à l’assaut des Sicap
Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, le ministre de la Microfinance et de l’Economie Sociale et Solidaire a rencontré samedi dernier les autorités locales de la commune de Sicap. Zahra Iyane Thiam a appelé les populations à rester vigilantes et à respecter les gestes barrières parce que c’est au dernier virage qu’il est plus difficile à éradiquer. Elle a réitéré l’appel du chef de l’Etat à apprendre à vivre avec le virus sinon les répercussions économiques de la pandémie seront incommensurables. D’où sa descente sur le terrain pour montrer aux gens que nous devons vivre avec le virus tout en respectant les gestes barrières.
L’affaire Téliko agitée
Les magistrats n’ont pas toujours digéré l’audition de leur président par l’inspection générale de l’administration de la justice (IGAJ). En réunion la semaine dernière, renseigne liberation online, les magistrats ont émis le souhait d’internationaliser la lutte afin qu’un acte pareil ne soit plus posé par la tutelle. Si toutefois la proposition est validée, une lettre sera envoyée à l’Union internationale des magistrats où le Sénégal est très coté. D’ailleurs, le Sénégal avait été sollicité pour l’organisation d’une rencontre du groupe africain de l’Union internationale des magistrats au mois d’avril. Mais la rencontre a été reportée à cause de la covid-19. C’est dire que l’audition du magistrat Souleymane Téliko leur est restée en travers de la gorge.
Guy Marius Sagna recadre le sous prefet de Pambal
Le sous-préfet de l’arrondissement de Pambal est dans le viseur de Guy Marius Sagna. L’activiste n’a pas aimé la réaction de Ndiogou Ndong, après son départ de Ngadiaga, alors qu’il était venu dans ce village de la commune de Notto Gouye Diama, pour répondre à une invitation du Collectif pour le Développement deNgadiaga. Selon le leader du mouvement Frapp France Dégage, le sous-préfet a appelé un des membres dudit collectif pour lui faire savoir qu’il avait commis un pêché en invitant Guy Marius Sagna dans sa circonscription sans avoir déposé une demande auprès de lui. Ce que déplore avec la dernière énergie l’activiste qui a tenu à lui faire comprendre que l’arrondissement de Pambal et le village ne sont pas des territoires conquis, pour qu’une autorité adopte un tel comportement qui jette le discrédit sur la tenue qu’elle porte. Il a rappelé également à Ndiogou Ndong que son collègue de Dakar-Plateau n’ose pas dire la même chose aux habitants de Dakar. Par conséquent, s’il se comporte à l’avenir de la même manière, dit-il, il le regrettera. L’activiste n’a pas manqué aussi de demander au ministre de l’Intérieur d’arrêter, selon lui, « ses hommes indignes qui au lieu de servir le peuple sénégalais se ravalent au rang de sous-préfet de la famille Sall».
El Hadji Malick Gaye
Décidemment, El Hadji Malick Gaye ne s’accorde plus de temps de répit ou de loisir. Sa volonté et son désir de mener à bien ses missions semblent prendre le dessus sur toute autre chose dans sa vie. Après s’être illustré de la meilleure des manières, en tant que Directeur général de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt public contre le sous-emploi (Agetip), lors de la tournée économique du président Macky Sall dans le Sine-Saloum, à travers le chantier de la sphère administrative régionale de Kaffrine, El Hadji Malick Gaye était ce week-end dans la commune qu’il dirige. Le maire de Niandane a présidé ce samedi 26 septembre 2020, la session du conseil municipal qui a examiné les points suivants : l’examen et adoption du compte administratif de la gestion de 2019, l’acceptation de dons de médicaments et équipements sanitaires de la délégation Belge et de médicaments de Madame Aminata Ly Gaye. A l’issue des travaux, le conseil municipal a voté à l’unanimité l’adoption des deux points à l’ordre du jour.
La place Faidherbe rebaptisée «Baya Ndar»
La troisième session ordinaire de l’année 2020 de la mairie de Saint-Louis a eu lieu avant-hier. Durant cette rencontre, les conseillers municipaux ont pris plusieurs mesures. Ils ont décidé de rebaptiser la place Faidherbe «Baya Ndar», une manière pour les élus de répondre favorablement à la demande prégnante des populations.
And Suxali Sénégal Ak Habib Niang
Dans le but de faire connaître le mouvement And Suxali Sénégal Ak Habib Niang, la biographie et les objectifs de son président, la jeunesse du MASS a organisé ce samedi 26 septembre une journée porte ouverte dans la capitale du Rail. Profitant de la rencontre, les jeunes ont rappelé l’engagement de leur leader Habib Niang qui accompagne sans relâche le président Macky Sall. Initiateur des différentes acticités, le coordonnateur des jeunes a rappelé que cette journée est la suite logique du séminaire que leur avait offert leur président Habib Niang la semaine dernière. Selon Younouss Diatta, les populations et les jeunes du mouvement And Suxali Sénégal Ak Habib Niang ont répondu massivement à leur appel. Ce qui traduit, d’après lui, leur engagement aux côtés de leur leader qui ne cesse de poser des actes dans le sens du développement de Thiès.
«Un Magal, zéro infection dans les cuisines»
«Un Magal, zéro infection au coronavirus dans les cuisines », tel est le programme actuellement mis en œuvre par l’ancien Ministre de la Protection Bonne gouvernance et de la Protection de l’Enfance Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, Secrétaire chargée des relations extérieures de la Convergence des cadres de l’Alliance pour la République (APR), actuelle Présidente du Conseil d’Orientation de l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS). C’est dans ce cadre qu’elle a sillonné hier les familles religieuses de Thiès, ce qui s’est traduit par la mise à disposition de 10.000 masques, 100 paquets de savons et des enveloppes financières. L’objectif selon elle, est de faire en sorte que les femmes évoluant dans les cuisines lors de ce magal puissent être bien protégées. La délégation du Ministre, composée entre autres de Gilbert SAMB, Bineta Gueye, Diouma Sarr s’est rendu chez Sokhna Saïbata, Keur Serigne Saliou Touré, Keur Serigne Lamine Bara Mbacké, Keur Serigne Assane Kane, chez les Baye Fall, les dahiras Mame Diarra, les dahiras Thiantacounes, chez les disciples de Serigne Modou Kara à Nguinth.
Moctar Ouané nommé Premier ministre du Mali
Un civil à la tête du nouveau gouvernement malien ! Moctar Ouané est le nouveau Premier ministre du Mali. Sa désignation intervient deux jours après l’investiture du président de la transition qui l’a nommé ce dimanche 27 septembre. Le choix de ce civil, ancien ministre des Affaires étrangères sous l’ex président Toumani Touré entre 2007 et 2009, devrait mettre un terme aux sanctions imposées au Mali par la CEDEAO qui en avait fait une ultime condition, et donner un nouveau souffle à une économie quasiment isolée du reste du monde depuis un peu plus d’un mois. Auparavant ambassadeur du Mali aux Nations Unies entre 1995 et 2002, il occupait depuis 2016 les fonctions de Délégué à la Paix et à la Sécurité à la Commission de l’UEMOA. La nomination du nouveau gouvernement est attendue en principe ce 29 septembre.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE BOUQUET DE KANTENE
EXCLUSIF SENEPLUS - Construire un autre Sénégal, c’est reconstruire la Casamance. C’est s’inspirer de cette splendide région, de ses ruines, de sa mélancolie, de ses blessures, de ses multiples métissages - NOTES DE TERRAIN
Samedi 26 septembre 2020. 06 heures. Des pluies fines accompagnent le jour qui se lève. L’aube, solennelle, présage un jour serein. La fraîcheur diffuse ses bienfaits dans mes sens, comme une caresse nouvelle. J’apprécie, avec beaucoup de gratitude, cette bénédiction matinale. Il me semble que cela faisait une éternité que je n’avais pas respiré à pleins poumons. J’accueille, de bon cœur, le flux d’oxygène. Dakar avec ses tumultes, sa pollution, est loin. En moins d’un jour, mes narines se sont complètement dégonflées. Je peux sentir l’air, remuer dans mes organes. C’est trop bon. Une séance matinale de méditation s'impose. J'avale une grande quantité d’air pur, et en profite pour me désintoxiquer. Et sentir mon cœur battre pleinement. Et des vagues se soulever dans mon plexus solaire.
01 heure 14. Un bruit terrible interrompt mon sommeil. Il déchire le calme de la nuit. Je ne crois pas avoir entendu un rugissement aussi terrible et spectaculaire. C’était le tonnerre. Je pense immédiatement aux grondements des armes. Ça doit être terrifiant. Cela se passe-t-il tout le temps ainsi, dans cette ville ? C’était un vacarme, d’une force extraordinaire. Un hurlement terrible, qui a duré plusieurs minutes. Je me suis, immédiatement, réveillé. J'ai regardé l’heure. La nuit venait à peine d’être mature. Et je ne m’étais assoupi que pendant deux tours d'horloge. Il sera difficile de me rendormir. J’hésite, entre reprendre la lecture pour assommer mes yeux, lourds de fatigue, ou écouter la pluie et le grondement, qui continuaient. Cette dernière option était plus attrayante. J’adore écouter la foudre, qui craque. J’étais bien servi. Le vacarme était épatant. Les premières pensées qui sont venues à mon esprit sont celles de la guerre. J'ai songé, aussi, à la beauté de cette région authentique. Bénie.
J'ai dormi, facilement, malgré mes appréhensions. J’étais un peu épuisé. Nous avons quitté Dakar, à 6 heures, hier matin. Comme la Gambie a fermé ses frontières, il fallait contourner et prendre la route de Tambacounda. En passant par Kolda et Sédhiou pour aller jusqu’à Ziguinchor. C’était un peu éprouvant. Mais quel ravissement, quand le paysage de la Casamance profonde commence à défiler sous les yeux ! La Casamance est un pays enchanteur. Ses vallées fluviales, sa faune et sa flore luxuriantes. Ses paysages hors du temps. Sa richesse culturelle. Ses femmes et ses hommes, braves et accueillants. Il y a une magie. Quelques étincelles du paradis, ici. L’univers y a déployé son raffinement, le plus beau. On a presque du mal, en traversant ses terres, à imaginer qu’un déchaînement de violence a ensanglanté cette magnifique région.
08 heures 05. Le centre-ville de Ziguinchor est terne. Les rues sont pâles et tristes. Une nuée de mélancolie parcourt l’atmosphère. On dirait que les lieux sont traversés de regrets. Tout à l'air d'un inaccomplissement. Les toits des maisons en zinc et en ardoise. Les trottoirs larges et mouillés. Les formes des mosquées. Un fou, qui parle seul, attire mon attention. Il est sale et marche en claudiquant. Quelles complaintes soulève-t-il ? Où est sa famille ? Est-il perdu à jamais, pour la société ? Sur un somptueux fromager, des échassiers étalent leur grâce. Plusieurs pélicans et des flamants rouges se disputent la majesté des hauteurs. De petits oiseaux, camouflés dans le feuillage touffu, sifflent bruyamment. Je prends quelques minutes pour les contempler, augustes dans leur posture, se raclant la gorge. Ce qui enflamme mon esprit. Je n’aperçois plus rien de particulier, dans ma balade matinale. Je ne m’attarde pas dans les labyrinthes de la ville.
09 heures 15. J’avais complètement oublié que c’était l’anniversaire du naufrage du Joola, aujourd’hui. On me l’a soufflé dans une conversation. Je veux participer aux commémorations. Après renseignements, on me dit que les cérémonies sont, d’habitude, organisées au port. Il y a aussi un cimetière dans la ville, dédié aux victimes. Je décide d'y aller, un peu avant midi. Hier soir, après les explosions du tonnerre, j’avais pensé à toutes les déchirures subies par cette belle région. Les conflits armés. Les disparus du Joola. Au Sénégal, aucune contrée n'a connu autant de contusions.
11h33. Le mur de l’enceinte, peint à la chaux, est détrempé. Comme, presque, tous les bâtiments à Ziguinchor. C'est sans doute la pluie abondante qui lave les revêtements des édifices. La porte du cimetière est fermée. Il n’y a pas de cadenas. Je suppose que je peux entrer. Mais, de l’extérieur, tout est visible. Il y a deux rangées de sépultures, à gauche. Le reste de l’espace, à droite, est vide. Une gerbe de fleurs est déposée sur un petit monument. Je parviens à lire deux noms de famille, sur les pierres tombales. Dème et Fall. Je me recueille. Des prières, pour mes sœurs et frères, musulmans, chrétiens ou animistes. Qui reposent ici. Quelques petites minutes plus tard, je décide de me rendre au port. On m’indique un lieu, en face du marché Escale. L’endroit est ceinturé par un mur en tôle. Il y a une petite ouverture. Mais personne à l’intérieur. Peut-être qu'il y avait une cérémonie, et qu'elle est terminée. Je m'en vais.
« Les anges de la mort
Bien ancrés dans leur port
Ont jeté leur mauvais sort
Sur le vieux marché du port
Les anges de la mort
Bien ancrés dans leur port
Ont jeté leur mauvais sort
Sur un bateau
Les anges de la mort
Bien ancrés dans leur port
Ont jeté leur mauvais sort
Sur le Joola
Il a coulé, emportant avec lui
Nos amis et nos amours
Ils sont partis
Avec les vagues
Ils sont partis
Si brusquement, brusquement » *
Je me dis, en quittant le port, qu’on n'en fait pas assez pour raviver la mémoire. Ce qui s’est passé, avec le Joola, doit à jamais hanter nos consciences. Il ne s’agit pas seulement d’en parler à la télé et à la radio. Mais de le rappeler, constamment. Pour un perpétuel avertissement de la mémoire. De grands monuments. Une grande cérémonie nationale. Un musée. Les sirènes du souvenir doivent retentir sur toutes les places publiques. Et mobiliser notre attention. Pour qu’à jamais les manquements ayant mené à cette tragédie nous interpellent. Ce jour funeste de septembre 2002, doit rester lourd dans notre conscience collective. À l’évocation du Joola, le Sénégal doit se remémorer les conséquences de l’imprudence et de l’irresponsabilité. Elles sont mortelles. Elles peuvent causer de graves accidents, quand elles deviennent des habitudes collectives.
Construire un autre Sénégal, c’est reconstruire la Casamance. C’est s’inspirer de cette splendide région. De ses ruines. De sa mélancolie. De ses blessures. De son hospitalité. De sa vigueur. De ses multiples métissages. Des joolas, màanjaks, mankàañs, balants, sooces, pëls, wolofs, seereers. Qui y habitent, fraternellement. De son islam et de son christianisme fervents, qui se respectent. De son animisme mystique. La Casamance, pour sa grâce et ses plaies encore béantes, pour toutes ses promesses qui patientent, pour tous les affronts subis et assumés, pour toutes ses vérités essentielles et ambivalentes, rappelle ce qui nous reste comme chemin à parcourir. Pour enfin faire peuple. Et devenir une nation, unie et prospère.
*Dread Maxim Amar, Le Joola
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Pauvreté, chômage endémique, perspectives assombries. Aucune des causes identifiées du ‘’Barça wala Barsakh’’ n’a disparu, depuis l’avènement du phénomène en 2006
A chaque mois, presque son lot d’arrestations de personnes sur le point de prendre le large, en quête d’une vie meilleure. La dernière en date a eu lieu en début de semaine. ‘’La Section de recherches de la gendarmerie a procédé à l’arrestation, le mardi 22 septembre 2020, de 14 individus qui se préparaient à rejoindre clandestinement l’Espagne par voie maritime, dans une embarcation de fortune’’, informait la maréchaussée dans une note. Preuve que malgré l’accalmie qui a été notée dans le rythme des départs, la ruée de pirogues quittant les eaux sénégalaises en direction de l’Europe n’a jamais vraiment cessé.
Chose que confirme Boubacar Sèye : ‘’Contrairement à ce que l’on veut faire croire aux gens, le phénomène ‘Barça wala Barsakh’ (Barcelone ou la mort) est toujours là. Cela n’a jamais baissé d’intensité. La pauvreté, qui en est la cause principale, dans un pays comme le Sénégal, est toujours là. Le chômage endémique, les questions de mal gouvernance qui obstruent les perspectives d’épanouissement des couches vulnérables comme les jeunes et les femmes sont toujours là.’’
Un constat amer, ‘’avec beaucoup d’impuissance’’, autour duquel le président de l’ONG Horizon sans frontières peine à trouver des perspectives heureuses pour une jeunesse en quête ‘’d’un avenir digne’’. Car, ajoute-t-il, ‘’il faudrait une remise en cause dans la prise en charge de notre jeunesse devenue un fardeau, au lieu d’être une richesse. Les gens pensent qu’ils ne peuvent pas se réaliser économiquement en restant en Afrique. C’est pourquoi ils sont prêts à tout pour partir. Même des personnes qui ont un travail et une situation appréciable m’appellent pour me demander de les aider à émigrer, pensant que j’officie dans cela’’.
Un document de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) et de FMM West Africa, intitulé ‘’Migration au Sénégal : Profil national 2018’’, explique cette migration irrégulière par un contexte de réduction des opportunités de migration légale, de pauvreté croissante et d’absence de perspective économique.
Ainsi, rien qu’en Italie, peut-on y lire, ‘’le ministère de l’Intérieur ne fournit des chiffres sur les effectifs que pour les arrivées en Italie par voie maritime : 5 981 Sénégalais en 2015 ; 10 327 Sénégalais en 2016 ; 6 000 Sénégalais en 2017’’. De plus, renseigne-t-il, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) a organisé le retour assisté de 3 023 migrants sénégalais en provenance de la Libye, en 2017. Et selon la Matrice de suivi des déplacements de l’OIM (DTM) en Libye, qui réalise un compte des migrants vivants dans ce pays tous les deux mois, il y avait 6 533 Sénégalais en Libye en août 2018.
Plus de 22 000 Sénégalais arrivés en Italie par la mer en trois ans
Des chiffres qui font froid dans le dos, sachant qu’ils peuvent être largement sous-évalués dans un domaine où l’information est difficile d’accès. Pourtant, des fonds ont été décaissés par l’Union européenne, dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière. Le Sénégal a même signé, en 2006, avec l'agence européenne Frontex, responsable de la gestion de leurs frontières, des accords bilatéraux (appelés ‘’protocoles d’entente’’ - Mémorandum of Understanding) permettant à Frontex d’intervenir dans le cadre de l’opération conjointe Hera, lancée en juillet 2006, afin de contrôler l’immigration dite irrégulière, en partance d’Afrique de l’Ouest en direction des îles Canaries.
À l'occasion de la visite, à Dakar, du Premier ministre français Edouard Philippe, le 17 novembre 2019, la France et le Sénégal avaient également renouvelé leur coopération dans la lutte contre les migrations irrégulières. Plus de 1 300 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros) ont été distribués au Sénégal depuis 2007 : des ‘’efforts’’ qui doivent ‘’produire des résultats sur l'immigration irrégulière’’, soulignait Matignon.
Alors, les arrestations de passeurs ne sont qu’une façon de se justifier. ‘’C’est vrai qu’il faut lutter contre les passeurs. Mais eux, au moins, proposent des solutions. Qu’est-ce que nos autorités proposent, elles ?’’, se demande Boubacar Sèye.
Malgré sa géographie bien éloignée de la Méditerranée, le spécialiste des questions migratoires soutient que le Sénégal est en train de commettre les mêmes erreurs que la Turquie, en signant ces accords. ‘’On voit ce que cela donne comme conflit géopolitique entre cette Turquie et l’Europe. Pour des raisons de morosité économique, l’on accepte tout. Après, il faut montrer aux bailleurs qu’il n’y a plus de départ au Sénégal. Mais le contraire a été démontré’’, justifie-t-il.
L’Etat devrait organiser les assises de la migration
Malgré tout cela, Boubacar Sèye estime que ‘’le débat a été biaisé par de faux rapports’’. Mieux, analyse-t-il, ‘’l’Etat devrait organiser les assises de la migration. Comme celle-ci est une pathologie faisant du Sénégal un pays ambulant, l’Etat doit prendre des mesures pour la prise en charge de notre jeunesse. Il faut des ateliers de relecture de la perspective avec outils d’aide à la prise de décision’’.
La pandémie de Covid-19 ne freine pas les départs de pirogues vers les côtes espagnoles. Dans certains pays, les migrants subsahariens apportent des solutions au manque de main-d’œuvre, suite à la fermeture des frontières européennes, suspendant l’arrivée d’ouvriers des pays d’Europe de l’Est. En juin dernier, l’Italie avait annoncé une régularisation de masse de sans-papiers pour pallier le manque d’ouvriers agricoles.
Alors que les départs ont toujours lieu, le leader d’Horizon sans frontières redoute toutefois une intensification des flux migratoires irréguliers dans l’ère post-coronavirus, avec l’accroissement en vue de la pauvreté. Celle-ci, prévient-il, ‘’sera marquée par des tensions qui trouveront des causes dans la migration. Les tensions économiques et la récession annoncée dans tous les pays du monde, seront accompagnées d’une hausse du chômage dont les pointés du doigt seront les migrants. Ils ne seront plus vus comme un facteur d’équilibre socioéconomique, mais comme une source de problèmes et vont servir de légitimation des discours sur le repli identitaire’’.
Face à une Europe qui peine à se remettre en question dans les causes de la migration irrégulière et cherchant à gérer les flux au-delà de ses frontières, dans un contexte mondial de mobilité des populations, le spécialiste appelle le Sénégal à assurer un leadership dans ce que devrait être la prise en charge des flux migratoires dans un monde globalisé. Car ‘’les perspectives des migrations internationales 2019’’ mettent l’accent sur une planète plus que jamais en mouvement, où 5,3 millions de personnes se sont installées en 2018 dans un des trente-six pays de l’OCDE, pointant surtout que seuls 300 000 Africains sont arrivés dans ces pays industrialisés, obligeant à corriger les images fausses d’une Europe assiégée par les Africains.
UN DIPLOMATE DE CARRIÈRE POUR CONDUIRE LE GOUVERNEMENT DE TRANSITION AU MALI
L'ancien ministre des Affaires étrangères Moctar Ouane, 64 ans, désigné dimanche Premier ministre est un diplomate chevronné, jouissant d'une solide réputation internationale mais peu connu dans son pays
L'ancien ministre des Affaires étrangères Moctar Ouane, 64 ans, désigné dimanche pour diriger le gouvernement de transition au Mali est un diplomate chevronné, jouissant d'une solide réputation internationale mais peu connu dans son pays.
Ce natif de Bidi, dans le centre du pays, actuellement la région la plus touchée par les attaques jihadistes qui, entremêlées à des violences intercommunautaires, ensanglantent le Mali, aura la lourde tâche de le conduire jusqu'à des élections pour rendre le pouvoir aux civils dans les 18 mois.
La nomination d'un civil à ce poste était attendue depuis l'investiture vendredi comme président de transition de Bah Ndaw, un colonel à la retraite et ancien ministre de la Défense.Les pays d'Afrique de l'Ouest en ont fait leur principale condition à la levée des sanctions imposées au Mali à la suite du putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Après des études à Dakar, où il obtient une licence de droit public puis une maîtrise en relations internationales et administration publique, Moctar Ouane entre en 1982 dans la fonction publique malienne.
Il occupe plusieurs postes de responsabilité au sein du gouvernement et devient au début des années 1990 conseiller diplomatique du chef de l'Etat.
Après de nouvelles études à l'Ecole nationale d'administration (ENA) de Paris, il part à New York de 1995 à 2002, en tant que représentant du Mali auprès des Nations unies.
L'ambassadeur de l'Union européenne en RDC, Jean-Marc Châtaigner, en poste à l'époque à la Mission permanente de la France auprès de l'ONU se souvient sur Twitter "d'avoir étroitement travaillé à New York sur plusieurs crises africaines avec Moctar Ouane et son équipe", saluant "un diplomate d'une grande finesse d'analyse et de jugement".
En 2004, sous la présidence d'Amadou Toumani Touré, prédécesseur de M. Keïta, Mouctar Ouane est nommé ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d'Ousmane Issoufi Maïga, des fonctions qu'il exercera jusqu'en 2011, dans les gouvernements de Modibo Sidibé.
Depuis 2016, il était délégué général à la paix et à la sécurité de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), après avoir rejoint l'organisation régionale en 2014 en tant que conseiller diplomatique.
Marié et père de trois enfants, il parle couramment le français, l'anglais, le bambara, et le peul.
REPRISE DES VISITES DANS LES PRISONS À PARTIR DU 1er OCTOBRE
L’administration pénitentiaire a décidé de lever l’interdiction relative aux visites des personnes qui sont dans les prisons.
Une bonne nouvelle pour les détenus et leurs familles respectives. L’administration pénitentiaire a décidé de lever l’interdiction relative aux visites des personnes qui sont dans les prisons. Autrement dit, à partir du 1er octobre prochain, les visites vont reprendre. Une décision motivée par la baisse constatée des cas de Covid-19.
Cependant, indique l’administration pénitentiaire, pour éviter de grands rassemblements de visiteurs devant les prisons et assurer une bonne régulation des visites après cette longue pause, les détenus devront inscrire, auprès du service socio-éducatif, leurs parents devant les visiter. Ainsi, chaque détenu pourra bénéficier d’une visite tous les 15 jours. Les visites sont autorisées du lundi au vendredi, souligne un communiqué parvenu à emedia.sn.
« Les jours de visites sont laissés à l’appréciation des Directeurs d’établissements pénitentiaires », lit-on dans le communiqué. Cependant, le communiqué renseigne les détenus séjournant en zone de transit et de quarantaine de la maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel et dans les lieux de quarantaine au sein des autres établissements pénitentiaires ne sont pas concernés par les visites durant le temps de leur isolement. Par ailleurs, l’administration pénitentiaire précise que les plats et les colis venant de l’extérieur sont uniquement acceptés les week-end. Et, les familles sont invitées à respecter les mesures barrières.
LE PROJET DU MUSÉE-MÉMORIAL ’’LE JOOLA’’ PRÉSENTÉ AUX CHEFS COUTUMIERS DU KASSA
Le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop a fait dimanche une tournée auprès des chefs coutumiers du Kassa dans le département d’Oussouye (sud) pour leur présenter le projet de construction du Musée-mémorial ’’Le Joola’'
Oussouye, 27 sept (APS) – Le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop a fait dimanche une tournée auprès des chefs coutumiers du Kassa dans le département d’Oussouye (sud) pour leur présenter le projet de construction du Musée-mémorial ’’Le Joola’’, a appris l’APS.
M. Diop qui séjourne à Ziguinchor depuis samedi pour les besoins de la commémoration du 18ème anniversaire du naufrage du bateau ’’Le Joola’’, s’est rendu ce dimanche dans le département d’Oussouye pour présenter le projet de ce musée-mémorial aux différents rois du Kassa.
Accompagné de quelques collaborateurs et des élus du département d’Oussouye, le ministre de la Culture et de la Communication a rendu visite successivement aux rois d’Oussouye, de Mlomp, de Kagnout et d’Essaout.
’’Après la commémoration du naufrage du bateau Le Joola, j’ai initié cette visite auprès des chefs coutumiers du Kassa pour leur présenter le musée-mémorial en cours de construction à Ziguinchor. Ces rois jouent un rôle de cohésion sociale au Sénégal’’, a déclaré M. Diop.
Il a magnifié le rôle de ’’dépositaire de la paix sociale’’ que jouent les chefs coutumiers du Sénégal.
’’Il y a une politique d’équité territoriale dans toutes les régions pour un meilleur développement économique qui ne peut s’obtenir sans la paix sociale. C’est de notre responsabilité en tant que ministre de la Culture d’encourager cette diversité culturelle’’, a dit Abdoulaye Diop.
En présentant le projet de musée-mémorial ’’Le Joola’’ aux gardiens des traditions et de la culture du département d’Oussouye, le ministre de la Culture et de la Communication vise à impliquer ’’ces stabilisateurs de la cohésion sociale dans le cadre d’un projet de patrimoine qui permettra aux familles des victimes de faire leur deuil’’.
Lancés officiellement en décembre 2019, les travaux de construction du Mémorial du bateau ’’Le Joola’’ auront un coût d’environ trois milliards FCFA et vont durer 18 mois, selon les autorités qui saluent la concrétisation de l’engagement du chef de l’Etat d’ériger ce Mémorial sur les berges du Fleuve Casamance.
Le bateau ’’Le Joola’’ qui assurait la liaison maritime Ziguinchor-Dakar a fait naufrage le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes faisant 1863 morts et 64 rescapés, selon un bilan officiel.
BODÉ, LIEUX DE GERMINATION DES IDÉAUX DE LA RÉVOLUTION TOROODO
Patelin situé au cœur du Fuuta, dans le département de Podor, Bodé a vu naître Thierno Souleymane Baal. Cet éminent érudit est le concepteur des percepts de l’almamiyat, nouvelle forme d’Etat instaurée, dans le Fuuta Toro, en 1776
Elhadji Ibrahima Thiam et Oumar Ba, Pape Seydi |
Publication 27/09/2020
C’est un matin calme. Tout le long d’une voie goudronnée circulent peu de véhicules. Des villages apparemment paisibles défilent devant les yeux du visiteur novice, séduit par le cadre bucolique. La voiture roule à vive allure et les tableaux d’indication dévoilent des dénominations de contrées : Ndioum, Gamadji Saré, Dodel…Halte. Bienvenue à Bodé ! Un village situé, administrativement, dans la région de Saint-Louis, département de Podor. Mais, sur le plan historique, sociologique et culturel, on est bien dans le Fuuta.
Au premier abord, le visiteur a l’impression d’aller à l’aventure. Les lieux dégagent un paysage inachevé presqu’inhabité. Seule la mairie, située à l’entrée de la localité, tient debout sur un espace désespérément vide de tout habitat. Devant le bâtiment de la représentation municipale, un homme, en tenue d’Agence de sécurité de proximité, tee-shirt bleu, casquette et pantalon noirs. Après les salutations d’usage et la déclinaison du but de la mission, nous voici édifiés. Il faut parcourir encore un kilomètre avant de voir se dévoiler, à l’horizon, les premières demeures de Bodé.
Le temps est caniculaire. La plupart des habitants sont cloîtrés chez eux. Partout où elle passe, la voiture blanche à bord de laquelle se trouvent des «étrangers masqués» reçoit un curieux et discret coup d’œil. Les concessions ne sont pas espacées. La délimitation des maisons est étroite, s’alignant le long des voies argileuses exigües.
Au centre du village se ploient de gros arbres qui libèrent une précieuse ombre, dans un milieu conquis par une forte chaleur. Moutons, chèvres et bœufs, bien gavés, paissent aux alentours des concessions. L’herbe est abondante, en cette période pluviale. Des poules repues sautillent entre les demeures. Des enfants encore à l’âge de l’insouciance s’adonnent à un jeu de cache-cache. La chaleur de plomb n’enfreint point leur bonne humeur.
Deux minarets imposants trônent fièrement dans la cité. Ici, se côtoient des cases en pisé et quelques maisons construites en dur. Voilà Bodé, lieu de naissance, vers 1720, de Thierno Souleymane Baal, personnage emblématique de l’histoire du Sénégal, de manière générale, plus particulièrement de celle du Fuuta. Il est l’une des figures principales de la révolution foutanké, communément appelée «Révolution toroodo», intervenue en 1776.
Sur indication d’autochtones, nous atterrissons dans la demeure des Dia. Un groupe de jeunes sirotent tranquillement le thé préparé autour d’un fourneau rempli de charbons de bois. Rien que l’évocation du nom de Thierno Souleymane Baal captive toutes les attentions. Pour cause, à Bodé, on est fier de compter parmi ses fils, le leader du mouvement théocratique qui a mis en place, dans la Moyenne vallée, un Etat fondé sur des principes de démocratie, de justice et d’équité. Débarrassant ainsi le Fuuta de la dynastie des Deniyanké dont le pouvoir s’était délité face aux invasions maures.
Thierno Souleymane Baal, le visionnaire
Tout le monde connaît l’histoire de cette «fierté du terroir, un visionnaire sans commune mesure», indique Alassane Dia, la trentaine. Trouvé au milieu de la concession familiale, cet étudiant à Sup de Co, tout comme les autres jeunes autour de la théière, fait montre d’une disponibilité et d’une chaleur dans l’accueil qu’on ne voit que dans les villages. Dia accepte de partager gracieusement avec nous les pans qu’il maîtrise de l’histoire de Souleymane Baal avant de nous conduire dans la demeure familiale du leader de la Révolution Toroodo. Des descendants de l’illustre homme habitent encore la concession. L’accueil est avenant. Des membres de la famille, arrière-petits-enfants de Thierno Souleymane Baal, s’affairent autour d’une marmite au milieu de la cour familiale.
Dans cet immense espace, un lieu est jalousement entouré d’une rangée de briques formant un cercle. L’endroit est dépouillé. Seuls quelques vestiges de mur affaissé témoignent, qu’autrefois, ce lieu fut le centre d’activités humaines, un espace porteur de sens. Il s’agit, selon les explications d’Abou Aliou Djigo, conseiller municipal et proche de la famille, «de l’endroit où Thierno Souleymane Baal enseignait le Coran à ses disciples, appelés ‘’doudal’’ en pulaar».Un de ses descendants, Hamdou Raabi Baal, a repris le flambeau de la vocation enseignante de son prestigieux aïeul. «Quand il revient au village, c’est sur cette même place qu’il regroupe ses disciples le soir pour l’apprentissage du Coran, d’où ces traces de cendres récentes que vous voyez», ajoute Aïssata Djigo, épouse du grand-frère de Hamdou Raabi qui, lui, est devenu un florissant commerçant établi à Aéré Lao, la grande agglomération voisine de Bodé.
Non loin de là, trois canaris d’eau sont superposés. C’est là qu’était autrefois érigée la chambre du saint homme, indique Aliou Djigo. «Il enseignait ici le jour avant d’effectuer son retrait spirituel, la nuit, dans sa chambre», précise-t-il. Pour qui connaît un peu la dimension et l’apport de cet illustre homme, se retrouver dans pareil emplacement procure un sentiment ineffable. «On peut dire que c’est ici qu’il a pensé, prôné, enseigné avant de mettre en place un mode de gouvernance démocratique inédit basé sur la bonne gouvernance, la justice et la liberté», souligne, avec fierté, Alassane Dia.
Aujourd’hui, l’endroit a des allures ordinaires, mais hier, ce fut le lieu de germination des idéaux qui ont conduit à la chute du régime mis en place par Koli Tenguela deux siècles et demi plus tôt. Nous sommes en 1776, lorsque celui qui autrefois avait occupé ces lieux devenus décombres, ruines, débris, invitait les Foutanké à prendre pour chef un imam savant, scrupuleux et honnête. Il conviait ce même peuple, une fois qu’il aura consciencieusement choisi son dirigeant, de révoquer ce dernier sans ménagement s’il s’enrichissait sur son dos. Le trône n’est point héréditaire, leur disait-il. «Elisez un homme de science et d’action de n’importe quelle origine sociale. Ne laissez pas le trône comme monopole d’une même tribu. Que quiconque le mérite devienne votre roi», ainsi parlait et agissait Thierno Souleymane Baal, rappelle Abdou Aliou Djigo.
Devant la charge historique de ce lieu, les ressortissants de Bodé invitent les autorités à l’ériger en «patrimoine classé». Cette invite s’adresse également à tout individu ou bonne volonté qui seraient dans les dispositions de contribuer à l’érection de cet endroit en un lieu symbolique. «Notre appel s’adresse en premier au Président de la République, défenseur du patrimoine et des lieux de culte de l’histoire du Sénégal», insiste Alassane Dia.
Appel pour réhabiliter la mosquée de Bodé
Sous l’ère du premier Almamy du Fouta, Elimane Abdoul Kader Kane(1776-1807), plusieurs mosquées ont vu le jour dans le Fuuta. Les dignitaires de l’époque choisirent, à la suite d’une réunion tenue à Appé Sakhobé, différentes localités pour y ériger les premiers édifices. Dans un premier temps, sept mosquées ont été construites à Orkadiéré, Horéfondé, Mbolo Birane, Seno Palel, Ogo, Kobilo et Fanaye.
Sept années s’écoulèrent et d’autres lieux de culte sont érigés, cette fois-ci à Nabadji Civol, Kanel, Diaba, DoumgaWouro Thierno, Pété, Bodé et Aéré-Lao. D’autres mosquées seront édifiées sous l’almamiyat d’Abdoul Kader Kane. Au total, le nombre varie entre trente et quarante, souligne le Professeur Mamadou Youry Sall, auteur d’ouvrages sur le parcours de Thierno Souleymane Baal, leader de la révolution du Fuuta Toro.
La mosquée de Bodé fait donc partie des premiers lieux de culte édifiés au Sénégal. Des années sont passées, l’édifice tient encore debout. Toutefois, il est frappé par le poids de l’âge. Devant les agressions du temps, ce lieu hautement symbolique requiert quelques travaux de réhabilitation. «Nous lançons un appel à l’ensemble de la Oumma, pour une contribution collective, dans la réhabilitation de cette mosquée située dans la localité d’origine de Thierno Souleymane Baal», lance Mamadou Djigo, conseiller municipal à Bodé et proche de la famille Baal. «C’est avec joie et fierté que nous avons vu l’érection de la moquée Thierno Souleymane Baal de Guédiawaye, mais nous serions plus heureux si la mosquée où priait quotidiennement Thierno Souleymane est réhabilitée », dit-il. En plus d’être un lieu de culte ouvert à tous les musulmans, cette mosquée porte les marques de l’histoire de la propagation de l’Islam au Sénégal.
LES MMA, NOUVEL ELDORADO DES LUTTEURS SÉNÉGALAIS
Ces combattants ont été « rois des arènes » ou rêvent de le devenir. Pour s’offrir une visibilité internationale, ils se tournent désormais vers les arts martiaux mixtes. Portraits
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 27/09/2020
Ils ont balancé leurs premières frappes sur les plages de Mbour, dans les espaces en friche des îles du Saloum ou sur un carré de sable de leur quartier populaire dakarois. Aujourd’hui, ils se frottent à l’octogone, cette cage grillagée où s’affrontent boxeurs, judokas et pugilistes du monde entier.
Qu’ils soient des combattants confirmés, un temps « rois des arènes », comme l’a été l’illustre Bombardier, ou des phénomènes montants tels que les jeunes Siteu et Reug Reug, les lutteurs sénégalais cèdent aux sirènes des ligues des arts martiaux mixtes (MMA) étrangères, outre-Atlantique ou en Europe, où la discipline s’est professionnalisée ces dernières années.
Si les plus jeunes y voient un moyen de franchir une étape, dans une discipline où les « stars » rechignent parfois à affronter les novices, tous espèrent un tremplin vers une notoriété transcendant les frontières ouest-africaines. Rencontre avec ces colosses des arènes qui réinventent la lutte traditionnelle.
Reug Reug, l’Hercule de Thiaroye
Pour se mettre en jambes, Oumar Kane, alias Reug Reug, soulève devant nous 70 kg avec la facilité de quelqu’un qui aurait les mains vides. Il tire tout de même un peu la langue quand la barre d’haltère se charge de 130 kg supplémentaires, grimpant à 200 kg. Il faut dire que le lutteur a encore quelques douleurs à l’épaule droite après un mauvais coup pris la veille lors d’une session de kickboxing, mais il en faut plus pour mettre en difficulté ce mastodonte de 1,90 m pour 130 kg.
Pas le choix. Pour Reug Reug, quinze combats de lutte et aucune défaite au compteur (il a tout de même concédé deux nuls), il faut aller toujours plus loin. Lutteurs de père en fils, les Kane ont une mentalité de champion et goûtent peu l’idée d’une place de second. Dans l’arène, mais pas seulement. Reug Reug a beau n’avoir mené qu’un seul combat de MMA, son apparition en décembre 2019 a été très remarquée dans le milieu des arts martiaux mixtes.
Lors de leur face-à-face à Dakar, le géant n’a laissé aucune chance au boxeur franco-marocain Sofiane Boukichou, mis K.-O. dès le début du second round. Le public dakarois se découvre un nouveau champion, les commentateurs internationaux magnifient « l’un des plus beaux débuts en MMA », et Reug Reug se rêve un destin de champion du monde, espérant endosser la ceinture d’ici à cinq ans.
Après une année passée à Rennes, il a posé ses valises à Chelsea. Un transfert record pour un gardien de Ligue 1 (26 millions d'euros environ) et une nouvelle étape dans le parcours atypique du portier sénégalais, qui était encore au chômage il y a 6 ans
Après une année passée au Stade rennais, Édouard Mendy a posé ses valises à Chelsea, où il a signé cette semaine un contrat de cinq ans. Un transfert record pour un gardien de Ligue 1 (26 millions d'euros environ) et une nouvelle étape dans le parcours atypique du portier sénégalais, qui était encore au chômage il y a six ans. À 28 ans, il a tout pour avaler Kepa Arrizabalaga et s'imposer comme le dernier rempart numéro un chez les Blues.
Un soir de mai 2013, dans la nuit de Boulogne-sur-Mer, Édouard Mendy tire la tronche. En déplacement au stade de la Libération avec Cherbourg, le portier, alors âgé de 21 ans, assiste aux deux buts concédés par ses potes, notamment par celui qui occupe alors la place de numéro un : Simon Lugier. Battus, les Manchots filent ainsi vers une relégation en quatrième division après avoir passé deux saisons en National. À l'époque entraîneur des gardiens de Cherbourg, Jérôme Le Moigne n'a pas oublié cette soirée, principalement à cause de la performance XXL d'un petit format dans le milieu de terrain boulonnais. « Je me rappelle m'être focalisé sur Kanté pendant toute la rencontre, rembobine-t-il. Ce n'est pas la première fois qu'on jouait contre lui, il était entré en jeu à l'aller et on l'avait déjà vu l'année d'avant en National. Mais on se disait : "Qu'est-ce que c'est que ce joueur ?!" Il était déjà au-dessus. »
N'Golo Kanté n'a pas encore de chanson à son nom, mais il marque les esprits et inscrit même le deuxième but de la partie dans le temps additionnel. Le dernier pion encaissé par Lugier - aujourd'hui à... Boulogne - sous le maillot de Cherbourg, puisque le staff décide d'installer dans la foulée le jeune Mendy dans les bois pour les trois derniers matchs de la saison, afin de préparer l'année d'après, en CFA. « Il faut que vous alliez voir le résumé de la victoire contre Metz (3-1 pour Cherbourg, N.D.L.R.), la vidéo est sur internet, insiste Jérôme Le Moigne. Édouard fait un super match, il sort des grands arrêts. » La suite est moins prometteuse. Sans Le Moigne, qui regrette toujours aujourd'hui de ne pas avoir pu continuer son travail avec Mendy, le Sénégalais vivra une saison infernale en quatrième division, avant d'entrer dans un tunnel. Un lointain souvenir pour Mendy, qui est devenu cette semaine le coéquipier de Kanté en signant à Chelsea pour cinq saisons. « C'est le Kanté des gardiens de but, blague son ancien coach. Ils ont la même trajectoire. Je suis sûr qu'ils vont bien s'entendre. »
Pôle emploi, le cadeau OM et la Champagne
Comme le champion du monde, Mendy a dû mettre les mains dans le cambouis avant de lancer sa carrière. Pas du genre à fanfaronner, Le Moigne admet d'ailleurs qu'il ne voyait pas forcément son ancien poulain aller jusqu'en Ligue 1 : « Il avait des qualités. Il était bon sur sa ligne, il pouvait compter sur son envergure et il était constamment agressif sur le ballon, mais de là à dire qu'il allait jouer dans l'élite... Ce serait mentir de dire que je savais ce qu'il allait devenir à l'époque. » Encore moins quand, à la fin de l'été 2014, le cousin de Ferland se retrouve au chômage après s'être fait embobiner par un agent qui lui promettait un contrat en troisième division anglaise. Entre deux rendez-vous Pôle Emploi, Mendy rêve d'une belle carrière, mais se demande aussi si le foot est toujours fait pour lui. Puis, un soir d'août 2015, la pièce tombe du bon côté. « On était à la recherche d'un numéro 4 bis à l'OM, rejoue Dominique Bernatowicz, l'entraîneur des gardiens de la réserve marseillaise cette année-là. Ted Lavie, que j'ai connu à Bordeaux, me passe un coup de fil et me dit qu'il faut absolument que je teste un gardien. C'était Édouard Mendy. Il a passé la semaine à l'essai. » Le colosse d'1,97m arrive « la hache entre les dents » et convainc alors le staff marseillais de l'engager.
La perversion de la notion d’opposition, et ce qu’elle suppose de traversée du désert, de paupérisation, est peut-être tout simplement insupportable sur un continent où la politique, pour beaucoup, est un métier, et même le seul métier
Invité-surprise lors du 60e anniversaire de l’indépendance du Mali, cette semaine: le général Amadou Toumani Touré. Sa seule présence vous semble constituer une possible source d’inspiration pour la réflexion sur l’avenir politique que va devoir s’inventer le Mali. Pourquoi donc ?
Sans doute parce que cet homme revient de loin. Sous d’autres cieux, il serait sans doute encore au minimum au purgatoire. La veille de la commémoration, ATT tenait la vedette, sur la première chaîne de la télévision nationale. Pendant plus d’une heure, il a pu s’expliquer, se justifier, se réhabiliter. Dire qu’il y a tout juste huit ans, il était renversé par des jeunes officiers qui lui reprochaient d’avoir livré la patrie aux jihadistes ! Lâché par l’opinion, tel un général ayant fui la guerre au prix du déshonneur, il a dû s’exiler au Sénégal, alors que se sont noués les conditions déterminantes de l’instabilité actuelle qui, depuis, n’a cessé de sévir au Mali et s’est étendue au Niger et au Burkina. Le « ATT » qui se racontait à la télévision, ce 21 septembre 2020, avait tout d’un héros, et rien à voir avec l’homme à qui les jeunes officiers imputaient, en mars 2012, tous les maux de la nation.
Est-ce donc cela que les Maliens retiendront de lui ?
Pour l’essentiel, oui. Il a par ailleurs eu quelques réflexions de bon sens. Comme lorsqu’il a affirmé que les coups d’État ne sont pas la solution aux problèmes du Mali. Pour en avoir perpétré un et subi un autre, il s’estime légitime pour conclure que l’immixtion des militaires dans la vie politique résulte toujours de l’incapacité des politiciens à… finir leurs palabres. Même si, en l’écoutant, l’on ne peut s’empêcher de penser à tous ces militaires qui, au Mali ou ailleurs, savent si bien tirer alibi des mésententes entre politiciens pour confisquer le pouvoir, sans jamais se montrer ensuite à la hauteur de leurs propres engagements.