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3 mai 2025
Par Djibril Samb
REFLEXIONS SUR LA TRAGEDIE DU JOOLA
La pouvoir politique fit tout pour clore le dossier au plus vite en lieu et place de la justice qui manqua une occasion de prouver sa dignité et son impartialité
Voilà quinze, le 26 septembre 2002, le Sénégal vivait l’une des grandes tragédies maritimes de l’histoire du monde. Le bateau Le Joola coulait dans les eaux de l’Atlantique. Ce naufrage fit, selon les chiffres officiels avancés par les autorités gouvernementales, 1863 victimes. C’est donc la plus grande tragédie du Sénégal, dépassant le sinistre bilan du Titanic (1912) qui s’établit autour de 1500 morts.
Mais les causes de ces deux naufrages sont apparemment sans commune mesure. Le RSM Titanic coula après avoir heurté un iceberg, tandis que Le Joola, dont la capacité d’embarquement est de 550 personnes, en transportait plus de deux mille. Dans le cas du Joola, il y a probablement une chaîne de responsabilités allant du commandant de bord au sommet de la hiérarchie gouvernementale.
Un commandant de bord tant soit peu responsable n’accepterait jamais de piloter un bateau avec le quadruple de sa charge autorisée, soit 550 personnes. La chose reste incompréhensible. Si le commandant ne se montre pas regardant, du moins l’autorité chargée de la sûreté du bateau doit-elle, avant chaque départ, effectuer un contrôle élémentaire et prendre toutes dispositions utiles pour rétablir les normes minimales de sécurité. Un tel contrôle était d’autant plus nécessaire en raison de la durée du voyage, soit treize heures.
Aux échelons supérieurs, il ne semble pas que qui ce soit ait été intéressé par le respect des normes de sécurité et de sûreté par le plus important moyen de transport d’êtres humains du Sénégal en cette année 2002. Lorsque le naufrage eut lieu, vers 23h, en raison du nombre exorbitant de personnes en surcharge, en dehors de deux canots ouverts à grand peine, les naufragés ne reçurent aucun secours avant le lendemain matin. Ce furent des pêcheurs privés. Il fallut attendre la fin de l’après-midi du 27 septembre pour apercevoir l’ombre des premiers secours officiels. Ce dernier aspect en lui-même est une indication manifeste tout à la fois de l’incurie, de l’irresponsabilité et de l’incompétence des autorités gouvernementales. Mais l’extrême irresponsabilité des autorités gouvernementales de l’époque et, plus particulièrement, du chef de l’exécutif, dépasse tout entendement. L’enquête fut bâclée selon toute apparence.
La justice officielle ne se montra guère curieuse. La pouvoir politique fit tout pour clore le dossier au plus vite en lieu et place de la justice qui manqua une occasion de prouver sa dignité et son impartialité. Il n’y eut ni procès ni sanction. Il n’y eut qu’un seul coupable, le commandant, qui ne pouvait même pas être interrogé parce qu’il avait disparu dans le naufrage, comme si, en droit, il pouvait y avoir un coupable sans procès. Pour le reste, l’injuste prince de ce temps, à son habitude, pensa qu’avec un chèque de dix millions pour chaque famille d’ayants-droit, le problème du Joola passerait par pertes et profits et serait définitivement oublié.
L’historien de la navigation maritime au Sénégal s’attachera à analyser minutieusement le moindre détail de cet épisode tragique. L’historien de la gouvernance, lui, étudiera dans ses moindres aspects la gestion politique de cette affaire, qui défie la vertu et la justice. Malgré la demande insistante des familles et de nombreux citoyens soucieux de bienséance, le gouvernement s’arcbouta dans son refus de procéder au renflouement du Joola.
27 septembre 2017
Le renflouement du Joola est demandé depuis quinze ans, avec insistance, par les familles des disparus. C’est une condition essentielle, à leurs yeux, pour pouvoir faire dignement le deuil de leurs parents et proches disparus. Si l’on connaît bien l’anthropologie africaine et, en particulier, la place des défunts dans la communauté des vivants, on comprendra aisément l’inquiétude, la douleur et la souffrance des familles, qui ne cesseront de s’accroître avec le temps. Tant que le Joola ne sera pas renfloué, les familles ne retrouveront pas leur tranquillité d’esprit. On ne gouverne pas un peuple si l’on méconnaît les ressorts de son âme et de sa culture.
A l’évidence, malgré les facilités et les appuis proposés par des nations amies, les autorités gouvernementales de l’époque, pour des raisons qui m’échappent, ne voulaient pas procéder au renflouement du Joola. Cette attitude fut peu digne. Mais qu’ attendent les autorités gouvernementales actuelles ? Elles ont le devoir de réparer la grave faute de leurs prédécesseurs et de faire procéder au renflouement du Joola. De même, elles doivent aider la justice à reprendre la main dans ce dossier. Au-delà des familles, c’est le pays tout entier qui a besoin que cette affaire fasse l’objet d’un vrai traitement judiciaire, comme cela doit se faire dans une société civilisée.
La profondeur du problème et son extrême importance doivent être expliquées au président de la République de qui on espère des décisions salutaires, notamment en ce qui concerne l’obligation, pour l’État, de veiller, en bon père de famille, sur les orphelins laissés par les victimes du Joola. Ces enfants sont, à n’en pas douter, des pupilles de la nation. L’État doit veiller sur eux, tel un tuteur plein d’affection et d’attention, leur garantir l’instruction et l’éducation, leur fournir toute l’assistance nécessaire jusqu’à ce qu’ils atteignent la majorité et deviennent des citoyens vaillants.
Enfin, il faudra, tôt ou tard, bâtir un mémorial au Port autonome de Dakar où figureraient les noms de tous ceux qui ont été identifiés avec une seule phrase : « Le bateau Le Joola a coulé le 26 septembre 2002, occasionnant 1863 décès d’hommes et de femmes parce qu’il a dépassé sa charge autorisée qui était de 550personnes et que personne n’a rien dit. »
Djibril Samb, L’heur de philosopher la nuit et le jour (2017), tome 3 : Quand philosopher, c’est vivre, L’Harmattan-Sénégal, Dakar, 2019, pp.269-272.
TOUJOURS LE REGNE DE L’INDISCIPLINE, DE L’INCONSCIENCE ET DE L’IRRESPONSABILITE
Près de deux décennies après, les Sénégalais n’ont tiré aucun enseignement de cette tragédie maritime la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. En atteste la surcharge érigée en règle dans les transports terrestres
Près de deux décennies après le naufrage du bateau «Le Joola» qui a fait plus de 1 800 morts, les sénégalais n’ont tiré aucune leçon de cette catastrophe maritime la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. en atteste la surcharge érigée en règle dans les transports terrestres. La seule aubaine vient du transport maritime où les autorités portuaires ne lésinent pas sur le respect de ce dispositif sécuritaire.
1 863, c’est officiellement le nombre de victimes du naufrage du bateau «Le Joola» dont la capacité était pourtant de 500 passagers. Et parmi les causes de ce chavirement, nombreux sont ceux qui pointent du doigt le surnombre. En dépit de cette grosse catastrophe, l’éveil des consciences sur le danger de la surcharge tarde encore à se faire. Ce qui pousse d’ailleurs à se demander si les Sénégalais ont tiré les leçons de cette tragédie. Au terminus de Liberté VI, le soleil darde ses rayons sur les bus Tata garés çà et là.
Dans l’attente d’une ligne qui leur convient, les gens se rassemblent en petits groupes sous l’ombre des bâtisses. Certains pianotent leurs portables, d’autres ont l’œil rivé sur les bus, prêts à embarquer à tout moment. Au même moment, quelques passagers ont pris place dans un bus. Au volant, le chauffeur qui n’attend que le top départ pour s’ébranler en direction de la banlieue. Interrogé sur les leçons tirées du naufrage du «Joola», notre interlocuteur qui a requis l’anonymat déclare : « Les Sénégalais ont la mémoire courte et oublient vite. La pratique qui a emporté plus de 1 800 personnes a toujours cours dans le milieu du transport terrestre. La cause principale, c’est l’indiscipline et l’absence de sanctions.
A mon avis, il faut prendre des mesures assez contraignantes pour éviter le surnombre». Le pire, estime-t-il, c’est que les Sénégalais sont inconscients des dangers de la surcharge. «Souvent, on voit des bus pleins, mais il y a des clients qui vont continuer à embarquer», se désole-t-il avant d’appeler à un changement de comportements. Non loin de lui, un groupe de 4 personnes discutent tranquillement en attendant le prochain bus. Aline Faye, la trentaine et teint noir, pense que la crise sanitaire devrait nous apprendre beaucoup de choses. «Lorsque les autorités avaient interdit la surcharge, tout le monde s’y était conformé. Mais depuis que la mesure a été levée, les vieilles habitudes ont repris et les surcharges sont de règle. A défaut de se limiter aux places assises, on devrait penser à limiter le nombre de places debout. A mon avis, le Joola ne nous a rien enseigné», clame-t-il. Pour lui, il est du ressort de l’Etat de veiller à l’application effective de la loi contre la surcharge.
L’EXCEPTION DU TRANSPORT MARITIME
Sitor Cissé emprunte régulièrement la voie maritime pour se rendre en Casamance. Il a pris le bateau Diambogne à la gare maritime de Dakar, hier à 20, heures pour se rendre à Ziguinchor. A l’en croire, les autorités portuaires ont tiré toutes les leçons de cette catastrophe maritime. «Je pense que les Sénégalais n’ont pas tiré beaucoup de leçons, parce que 18 ans après, les bus et les cars rapides sont toujours bondés de monde. Il n’y a que les navires où l’Etat a pris d’importantes mesures pour assurer la sécurité des passagers. Depuis le chavirement du bateau Le Joola, la capacité de charge dans les transports maritimes est respectée», se félicite-t-il tout en invitant l’Etat à faire de même dans le transport routier.
Adrien Léonard Bendia a effectué, à maintes reprises, le voyage entre Ziguinchor et Dakar. Son dernier voyage, dit-il, remonte en début février, juste avant l’avènement de la Covid-19 au Sénégal. Adrien attend confortablement le départ du bateau pour se rendre en Casamance. Il est tout à fait en phase avec son prédécesseur. «Je pense que les autorités portuaires ont pu, dans une certaine mesure, régler l’erreur qu’avaient commise les responsables du bateau Le Joola. Car elles se sont attelées à renforcer la sécurité dans le transport maritime. Actuellement, il n’y a pas de surcharge. Et toutes les dispositions sécuritaires sont respectées. C’est tout à fait différent de ce qui se faisait avant. Je peux dire que tout est impeccable», affirme-til. A noter que que la liaison maritime Dakar-Ziguinchor a repris depuis le 23 septembre dernier, après plusieurs mois de suspension due à la crise sanitaire.
J'ETAIS TROUBLÉ
Major Kandji raconte l'identification des corps 18 ans après le naufrage du bateau Joola
Major gendarme à la retraite, Aliou Kandji, spécialisé en police technique et scientifique et plus particulièrement dans l’identification était au cœur de l’enquête du naufrage de « Le Joola ». Il était chargé d’identifier les corps des victimes acheminés au port de Dakar. Des images qui sont toujours ancrés dans son esprit et qu’il n’est pas prêt à oublier. En cette 18e anniversaire de la plus grande catastrophe maritime du Sénégal, major Kandj rejoue le film de cette triste journée. Entretien.
Vous étiez chargé d’identifier les corps des victimes du bateau le Joola en 2002. Comment vous vous étiez organisé à l’époque pour réussir votre mission ?
La gendarmerie est une institution qui est très bien organisée. Elle forme ses hommes dans toutes les éventualités. Ce jour-là, nous étions à l’état-major de la gendarmerie. Tout se passait bien. L’ambiance était bon enfant. Tout d’un coup, le haut commandant de la gendarmerie a appelé pour nous demander de se rendre immédiatement au port de Dakar. Le Commandant GT m’a, sur ce, demandé de pendre un stylo et des fiches. Il m’a embarqué dans son véhicule et, en trombe, nous avons pris la direction du port. Je ne savais pas ce qui se passait. A notre arrivée sur les lieux, nous y avons trouvé l’ancien Premier ministre, Mame Madior Boye ainsi que les autres ministres de la république de l’époque. Le général m’a demandé de prendre mes dispositions parce que « Le Joola » avait coulé et, il fallait qu’on fasse le mea-culpa d’autant plus que l’accident avait eu lieu dans zone de compétence territoriale de la gendarmerie. J’étais chargé d’identifier les corps mais il y avait tout un dispositif qui a été mis en place. Il y avait des photographes de la gendarmerie, du matériel pour les scellés des objets qui sont trouvés par devers les victimes. Nous avions aussi des conteneurs modernes où on mettait les corps. Tout était préparé. Et comme le bateau s’était renversé d’une manière extraordinaire et rapide, les victimes étaient éparses. Ça dérivait de tout bord. Pour les secours, il y avait des bateaux de pêche. En sus de la marine nationale et celle française. C’est le soir, vers 19h, que les bateaux secours avaient commencer à arriver. Ils étaient tous remplis de corps. La première victime que j’ai reçue était une jeune fille qui s’appelait Ndèye Astou Gueye. Elle était bien habillée et devait rentrer en France. Son vol devait décoller à 20h.
Quel procédé aviez-vous utilisé pour l’identification des corps des victimes ?
Quand je recevais un corps je l’indexais d’abord. Ensuite je fais le reportage autrement dit la palpation pour voir s’il n’y avait pas des objets ou de l’argent dans ses poches de ses habits. On le prenait en photo, déterminer son sexe avant de faire une petite description. Ce jour-là, on a reçu des corps de victimes jusqu’à 3heures du matin. Il fallait tout faire la nuit pour que leurs proches puissent les identifier le lendemain, au petit matin. On les avait ensuite mis dans des conteneurs bien refroidis, bien conservé. On avait restitué 95 corps qui ont été formellement identifiés à Dakar dont 6 étrangers. J’ai enterré 139 corps sans compter ceux qui sont enterrés en Gambie et à Ziguinchor. Donc, au total, j’avais reçu 234 corps parmi, il y a aussi 6 gendarmes.
Et les 64 rescapés, ils étaient dans quel état d’esprit ?
Ils étaient évasifs. Ils avaient tous perdu la connaissance. Le seul gendarme rescapé en l’occurrence Ousmane Gningue a vite repris ses esprits et il nous avait expliqué les circonstances de l’accident. Ce gendarme était un plongeur en apnée très expérimenté. Il a sauvé, à lui seul, 16 personnes. C’est d’ailleurs lui qui a sauvé le chanteur Youssou Ndour 2. Il était dans l’habitacle au moment du naufrage. Il a suivi les lumières et les tranchées parce qu’il connaissait le bateau. Il a ouvert les portes pour se sauver. Il s’en est sorti sain et sauf par chance.
Recevoir et identifier autant de morts en seul jour ne devrait être chose facile. Cela ne vous a pas traumatisé ?
Je suis plus traumatisé les familles des victimes. Les images ne me quittent jamais. Elles défilent toujours dans ma tête. Je vois toujours les corps de ces hommes, femmes, enfants et jeunes filles, nourrissons allongés devant moi. Certains étaient bien habillés et bien parés. Les corps des gendarmes avec qui j’avais partagé le même camp. Ce n’était pas du tout facile. Et, je vais vous faire une révélation. Certaines des victimes avaient fait des attaques cardiaques avant de mourir. Dans la peur et choc, d’autres ont été paralysés avant de rendre l’âme. On le constatait sur leurs corps. C’est pour vous dire que le choc était violent et l’évènement terrifiant. Je ne peux jamais oublier ces images.
Est-ce qu’il vous arrivait de rester des nuits blanches ?
Certes j’avais l’habitude d’identifier les corps mais pour « Le Joola », après l’identification et l’enterrement des corps, je ne dormais plus. Je n’avais en aucun moment pleuré mais, je suis resté plus de 6 jours sans dormir. Les images étaient ancrées dans ma tête. J’étais troublé. C’est à cette époque là que j’ai réalisé qu’entre la vie et le trépas, il n’y avait qu’un trait d’union.
18 ans après ce naufrage, les familles des victimes demandent toujours que les responsabilités soient situées...
L’Etat du Sénégal est, civilement, entièrement responsable dans cette affaire. Maintenant, ce que les gens doivent savoir, c’est que les aéronefs, qu’ils soient des avions, des bateaux, on ne peut pas les jeter dans l’eau ou dans les airs, sans qu’il ait une autorisation technique. Ils sont certifiés. Un bateau marche avec la force des hélices et une propulsion. Dans l’eau, le bateau ne peut pas se renverser si les moteurs ne fonctionnent pas. Cependant, le commandant de bord d’un bateau responsable de tout ce qui arrive s’il plonge à l’eau. Ce, parce qu’avant de partir, il reçoit des fiches techniques et les différentes aptitudes du bateau et, il a la faculté de tout vérifier. Si le commandant du bateau le Joola n’était pas mort, tout allait retomber sur lui. Toute la responsabilité l’incomberait. On l’aurait mis en prison pour homicide involontaire.
Vous dites qu’il est mort mais certains en doutent toujours...
Je vous dis qu’il est mort. Il n’est même pas sorti du bateau. Vous savez, le commandant de bord sort par l’arrière du bateau. Mais, il était coincé. Parce qu’il faisait des premiers à se renverser et il ne pouvait pas sortir. Il faut que les gens aient une vision positive des choses. Il faut qu’on raisonne positivement. Ce commandant a laissé une jeune et deux enfants. Il était un soutien de famille. On ne peut pas lâcher sa famille, sa femme et ses enfants pendant 18 ans. Dire qu’il n’est pas décédé relève de conneries. Il faut que les gens arrêtent parce que cela fait mal à sa famille.
Une veille doléances des familles des victimes : le renflouement du bateau. Pensez-vous que cela est possible ?
Techniquement, le renflouement n’est pas possible. Mais c’est normal que ceux qui ont perdu leurs mères, leurs pères, leurs enfants, leurs frères et sœurs fassent cette demande. Mais si c’était techniquement possible, s’il n’y avait pas des aléas négatifs, le président Macky Sall l’aurait fait.
Pourquoi vous dites que techniquement le renflouement n’est pas possible ? Expliquez-nous davantage ?
Le Joola est un ancien bateau à coq et, il s’est renversé dans des eaux saumâtres, la salinité est à un niveau très élevé. Et le bateau, dans les eaux où il est naufragé, le sable mole. C’est des pâtes. Le bateau s’est englouti à plus de 50 mètres de profondeurs. Les sondes ne répondent plus. Les bateaux peuvent passer dessus et s’en aller sans aucun problème. Donc, son renflouement est impossible. Je dis toujours que Dieu a bien enterré ceux qui sont restés dans le bateau. Ceux là ne disputent pas pour aller au paradis. Leur visa est indiscutable. C’est sûr qu’ils vont aller au paradis parce que, en quelque sorte, ils ont été tués. Le commandant de bord qui a conduit le bateau et tous ceux qui avaient des responsabilités sur le bateau ont provoqué leur mort. Ce que l’Etat doit faire, c’est de mettre là-bas une bouée intelligente et que chaque année, les navettes partent là-bas pour permettre aux familles des victimes d’y faire leur prière.
UNE ENCLAVE WOLOF EN PAYS TOUCOULEUR
C’est l’histoire d’une frange de la population du Jolof qui a décidé de fuir les atrocités de la guerre dans le royaume éponyme. Celle-ci plie bagages et avoirs pour prendre la destination du Fuuta. Découverte d’une minorité qui vit bien son intégration
Elhadji Ibrahima Thiam et Oumar Ba, Pape Seydi |
Publication 26/09/2020
C’est l’histoire d’une frange de la population du Jolof qui a décidé de fuir les atrocités de la guerre dans le royaume éponyme. Celle-ci plie bagages et avoirs pour prendre la destination du Fuuta. Aujourd’hui, pas moins de huit villages sont majoritairement habités par des Wolofs en pays Toucouleur. Seddo Sebbé est de ce lot. Maniant les deux langues avec la même aisance, ces Jolof-Jolofs se revendiquent Foutanké. Découverte d’une minorité qui vit bien son intégration dans le Fuuta.
«Ma mère est Pulaar, mon père est Wolof. Ne me demandez surtout pas de quelle ethnie je me réclame. Je suis le mélange des deux», lance, avec un large sourire, Aissata Diop, en Pulaar. La dame dégage une mine enthousiaste. En ce début de matinée, munie de son râteau, elle rejoint le jardin communautaire situé juste à l’entrée du village. S’étendant sur deux hectares, l’aménagement maraîcher grouille de monde, majoritairement des femmes. Dans un admirable consensus, sur fond d’ambiance détendue, on jardine. La haute température n’altère nullement la bonne humeur et l’esprit d’initiative. Des rires fusent de partout. Les échanges sont teintés de courtoisie. On alterne entre la langue wolof et la langue pulaar. Indifféremment. Et tout le monde se comprend. Il en est ainsi à Seddo Sebbé, un des huit villages du Fuuta habités, en majorité, par des populations Wolof. Dans ce milieu pularophone, ils ont gardé intactes leur langue et leur culture, tout en s’appropriant celles de leur terroir d’accueil. Une belle prouesse dans une contrée réputée pour son homogénéité linguistique et culturelle.
Seddo Sebbe, c’est l’histoire d’une communauté wolof qui a fui les guerres au Jolof pour trouver de la quiétude, un peu plus au nord, en pays toucouleur, selon Baba Ndom, un des grands notables du village. Ce qui laisse penser que la présence de ces Wolofs à Seddo Sebbé n’est pas le résultat du peuplement résiduel de la Moyenne vallée lorsque les Wolofs cohabitaient avec les Peuls, Mandingues, Maures, Sérères, Soninkés et Toucouleurs avant de se déplacer vers le centre et relativement vers l’ouest. Les patronymes les plus courants témoignent de cette origine Jolof-Jolof des habitants de Seddo Sebbé. Ici, les noms résonnent : Ndiaye, Mangane, Thiam, Cissé, Sébor, Kobor, Guèye, Sarr, Ladjiane, Diop, Ndom…Dans cette localité du Fuuta ressort un exemple type d’intégration de minorités parmi les plus réussies.
Seddo Sebbé est situé du côté du Diéry, dans la commune de Nabadji, département de Matam. Il est relié à la Route nationalen°2, juste après les localités de Boynadji et de Bokissaboudou, par une piste latéritique longue de trois kilomètres. «Nos ancêtres ont quitté le Jolof pour rejoindre le Fuuta, il y a longtemps. Il est difficile de dater notre présence ici, mais toujours est-il que même nos arrières grands-parents sont nés ici. Quand nos aïeuls sont arrivés, ils ont été bien accueillis par les autochtones. En guise de bienvenue, ces derniers ont mis à leur disposition des terres pour leur habitation etleurs activités champêtres. Nous n’avons plus jamais quitté les lieux», confie Amath Ndiaye, trouvé dans le jardin communautaire. Sadio, Dodji, Yang-Yang, Barkédji, c’est par vagues successives que les premiers habitants Wolofs de Seddo Sebbé sont arrivés, ajoute-t-il. Baba Ndom confirme cette version. «La guerre faisait rage au Jolof avec son lot de morts. Certains survivants ont donc décidé de trouver refuge dans un endroit paisible. A l’époque, c’est le Fuuta qui offrait ce havre de paix», ajoute-t-il.
Un bel exemple d’intégration
Au tout début, les Wolofs s’étaient repliés sur eux-mêmes. Un réflexe commun à toutes les communautés minoritaires lorsqu’elles arrivent quelque part. Même s’ils ont toujours entretenu d’excellentes relations avec les Toucouleurs, toutefois, les deux communautés ne se mariaient pas entre elles, souligne Baba Ndom. Aujourd’hui, cette époque est révolue. Toucouleurs et Wolofs s’unissent pour le pire et le meilleur dans les liens du mariage et les enfants issus de ces unions se réclament des deux communautés. Le couple Thiam en est la parfaite illustration. Le mari, Alassane, est wolof, son épouse Fatou Ndiaye est pulaar. Les deux conjoints savourent leur bonheur depuis plusieurs années déjà.
Mais d’où vient l’appellation «Seddo Sebbe»? Selon Baba Ndom,«Seddo» signifie en Pulaar «arrivant» et «Sebbé» veut dire «Wolof». C’est sans doute pour faire la différence avec l’autre «Seddo» voisine, «Seddo Abass» où la population est à dominante Toucouleur pour ne pas dire exclusivement, que le substantif «Sebbé» y a été ajouté. Il n’empêche, il est quasi impossible de déterminer la ligne de démarcation entre ces deux villages. Les maisons s’entremêlent. La seule façon de les distinguer, c’est l’emplacement des mosquées.
Outre Seddo Sebbé, d’autres villages du Fuuta sont habités, en majorité, par des Wolofs. Et tous sont venus dans les mêmes conditions que ceux de Seddo Sebbé. Il y a Taiba, Thiel Padé, Saréliou, Thiarène, Diengue, Mogo, Deuk bou reuy (appelé aussi Saré Mawndé), Lougué Wolof.
Le premier point de chute des populations Wolof de Seddo Sebbé serait «Saradi», localité située près d’un grand cours d’eau. «Les Wolofs ne savaient pas nager et ils dénombraient souvent des cas de noyades. C’est ainsi qu’ils ont décidé de quitter la rive. Etant plus aptes aux activités de la chasse, ils ont préféré se rapprocher de la forêt, tout en cherchant un endroit où l’eau serait à leur portée. Dans leur pérégrination, ils ont atterri à Seddo», informe Ndom.
Foutankés authentiques et à part entière, les Seddonabé n’en renient pas pour autant leur origine. Les Ndom, par exemple, viennent de Sadio, les Cobor de Yang-Yang, les Thiéléne de Warkhokh, souligne-t-il. Dans la pratique des rites culturels, s’opère un brassage entre pratiques wolof et pulaar. Une approche du «donner et du recevoir, synthèse de deux cultures fortement ancrées dans les habitudes».
Par ailleurs, l’attache avec les parents du Jolof est rompue. «Il est, cependant, courant de rencontrer des Ndom ;à force d’échange, nous parvenons à rétablir les liens de parenté. Avec l’avènement des réseaux sociaux, les jeunes ont créé des groupes d’échange. Cette initiative a permis de renouer avec des Ndom de Touba, Mbour, Thiès et partout ailleurs», souligne le patriarche. Cette double culture, les habitants de Seddo Sebbé l’assument avec fierté. «Je suis Wolof, certes, mais je me sens 100 % Fuutanké», dit Baba Ndom.
La contrée compte une forte communauté d’émigrés repartis dans différents pays d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis. Cette diaspora seddoise, bien organisée, contribue largement au développement de la localité à travers la construction d’infrastructures sociales de base. «Le collège, le lycée, le dispensaire ont été financés grâce à l’argent de nos émigrés», informe Ndom.
«ON NE PRENDRA PAS LE RISQUE D’ENVOYER DES ETUDIANTS A L’ETRANGER APRES LE 30 SEPTEMBRE»
Dans cet entretien, le Directeur des Bourses, Khalifa Gaye revient sur les dispositions prises par le gouvernement pour faciliter le voyage aux étudiants.
Avec la pandémie de la Covid-19 et le déroulement du baccalauréat au mois de septembre, des illusions se présentent sur la rentrée académique pour les étudiants bénéficiaires de bourses étrangères. Dans cet entretien, le Directeur des Bourses, Khalifa Gaye revient sur les dispositions prises par le gouvernement pour faciliter le voyage aux étudiants. Toutefois, selon lui, certains d’entre eux risquent de rater leur rentrée en raison du délai très court lié aux procédures. Il souligne que l’Etat du Sénégal qui a octroyé plus de 125 bourses étrangères cette année, paie environ 70 milliards de F Cfa en termes de bourse aux étudiants.
Comment bénéficier d’une bourse étrangère à votre niveau ?
Nous avons plusieurs types de bourses étrangères, pour la France mais aussi pour d’autres pays européens et en Amérique, surtout en Amérique du Nord. Nous avons donc les bourses d’excellence où il s’agit d’encourager les élèves excellents au baccalauréat et c’est particulièrement les élèves qui ont eu la mention Très Bien et Bien. Les critères ne se limitent pas seulement à la mention. Pour bénéficier d’une bourse d’excellence, il faut aussi avoir une inscription en classe préparatoire. On a souvent cette incompréhension et surtout des élèves qui sont hors de Dakar. Souvent, ils ne prennent pas les dispositions quand ils sont en classe de Terminale pour chercher ces inscriptions en classe préparatoire. Il faut une classe préparatoire pour la France. Pour les autres pays, il faut que l’université dans laquelle vous voulez vous inscrire soit dans le top 100 Shanghai (classement académique des universités mondiales, Ndlr).
Où en êtes-vous avec les dossiers des bourses étrangères de cette année ?
Cette année exceptionnellement, vu la situation de la pandémie, on avait sorti de notre agenda cette histoire de bourses d’excellence. Comme les élèves allaient dans des classes préparatoires et qu’en France, les enseignements dans les classes préparatoires commencent tout au début du mois de septembre et que nous, notre bac allait commencer le 2 septembre, on se disait que les élèves n’auraient pas la possibilité de voyager. Surtout que les classes préparatoires scientifiques, c’est des enseignements très serrés. Ce sont des programmes qui se font en une année et demie. Ce qui se fait en trois ans à l’université, ils vont le faire en une année et demie en classe préparatoire. Ce qui fait qu’on ne pouvait pas se permettre d’envoyer des étudiants qui allaient être à un mois de retard. C’est pourquoi, dès le départ, on s’était dit qu’il n’y aurait pas de bourse d’excellence. Mais ce n’était pas sans compter avec la volonté politique.
Le Président de la République a donné l’instruction à notre ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Ann, de travailler pour envoyer des étudiants bacheliers parce qu’on a eu de très bons élèves qui ont eu le baccalauréat avec de très bonnes mentions. Et pour respecter les conventions qu’on avait avec des universités, il fallait envoyer des étudiants. Aussi, les élèves comptaient beaucoup sur les bourses. C’est une source de motivation. Ce qui a fait que le Président a demandé à ce qu’on travaille pour envoyer des élèves. On a travaillé dans une première commission pour sélectionner les 17. Au départ, on n’a eu que 17 conventions qui nous avaient été envoyées par des classes préparatoires. Ce sont les classes préparatoires qui nous envoient des admissions et c’est à nous d’affecter des admissions à des élèves. Ces classes souhaitaient avoir que des séries S1. L’Office du Bac nous a envoyé la liste des candidats admis S1 avec mentions Très Bien. Parmi ces candidats, nous avons sélectionné les 17 premiers et ils sont maintenant en cours de route. Ils ont eu leurs visas hier (mardi 22 septembre, Ndlr). En principe, ils doivent partir aujourd’hui (mercredi 23 septembre, Ndlr). Ça, c’était la première partie. Ensuite, on a fait ce qui se faisait habituellement. On a sorti un communiqué pour sélectionner les candidats qui avaient la mention Très Bien ou Bien et des préinscriptions dans les classes préparatoires. Ils ont déposé dans un délai très court cette année. Parce que comme je l’ai dit, les enseignements avaient déjà démarré de l’autre côté et ils doivent partir avant la fin du mois. Ils avaient un délai très court malheureusement pour certains. Mais ils ont déposé quand même et tous ceux qui avaient des dossiers conformes ont été retenus. Ils sont au nombre de 98. Ils sont dans le processus de recherche de visa. Ils ont bouclé leurs dossiers de Campus France. Ils doivent en principe d’ici demain ou après demain (jeudi 24 ou vendredi 25 septembre, Ndlr) au plus tard déposer les visas pour espérer partir. Maintenant, il y a un problème qui va se poser après. Quand ils avaient déposé, on leur avait demandé de nous amener des dérogations que l’université va continuer de les accepter jusqu’au 30 septembre. Mais le problème est que, comme ils déposent leurs visas entre demain et après demain (jeudi 24 et vendredi 25 septembre), le visa peut sortir au-delà du 30 septembre. Donc, la question que nous nous posons, est-ce qu’après le 30, ils vont être toujours acceptés par les établissements ? Si oui, on va toujours les accompagner. Sinon, on ne prendra pas le risque de les envoyer parce qu’on risque de les faire des SDF. On leur conseillera de rester et chercher. Il y a donc des risques parce qu’on a commencé notre baccalauréat très tardivement.
Vous n’avez pas cherché à savoir s’ils vont être acceptés ou non ?
Comme pour les conventions, ce n’est pas à nous de leur trouver des dérogations. C’est eux parce que c’était à eux de chercher les préinscriptions. C’est à eux maintenant de contacter ces établissements et de leur demander de leur envoyer des dérogations ou bien même s’ils n’envoient pas de dérogations, qu’ils garantissent que s’ils viennent après le 30 septembre, ils vont les accepter. De toute façon, on a déjà tout fini. On est disposé à acheter des billets. On les accompagne dans les démarches administratives. Maintenant, si tout cela est réglé et qu’ils aient des prolongations, on va toujours les accompagner. Hier (mardi 22 septembre, Ndlr), on leur a déjà ouvert leurs comptes en France pour préparer leurs paiements. Mais nous ne pouvons pas leur trouver de logements ni de dérogations.
-Beaucoup de boursiers déplorent le retard dans la délivrance des visas. Est-ce à dire que vous n’avez pas pris les dispositions nécessaires ?
Pourtant, on a pris toutes les dispositions. D’ailleurs, c’est l’assistante du chef de service de Paris qui est actuellement ici et qui les accompagne. Le problème de visa, même si le ministère des Affaires Etrangères s’est bien impliqué à travers le ministre chargé des Sénégalais de l’Extérieur, à un moment donné, c’est le système. On ne comprend pas. C’est les machines. Quand on met toutes ces informations, on attend que le système soit ouvert pour pouvoir imprimer le visa. Ça ne dépend pas d’une personne mais d’une machine et on ne peut pas contrôler la machine. Mais ils ont presque tous leurs visas en moins d’une semaine. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour faciliter le voyage des boursiers avec la fermeture des frontières avec l’Union européenne? Tout ça a été réglé par le ministère chargé des Sénégalais de l’Extérieur. Nos étudiants partent, même s’il ne s’agit pas des boursiers d’excellence. Ils partent depuis le mois d’août. Depuis le 15 août, nous avons un lot important d’étudiants qui a déjà voyagé. A la Direction des Bourses, on signe des autorisations de sortie de territoire. C’est une attestation. Combien d’étudiants bénéficient de bourses étrangères chaque année ? Pour les bourses d’excellence, ça tournait autour de 70 au maximum pour les autres années. Cette année, nous sommes au-delà de 125. C’est un coût très énorme parce que déjà l’étudiant est payé à 450000 F Cfa par mois. C’est 650 euros que l’étudiant perçoit par mois de la première année jusqu’en master s’il ne redouble pas. S’il redouble, la bourse est transformée en bourse normale. Pour l’autre type de bourse étrangère qu’on attribue aux autres Sénégalais demandeurs, ça dépend maintenant des villes. Si c’est Paris, pour l’année, presque l’étudiant perçoit 2 300 000. Si c’est hors Paris, l’étudiant reçoit 1900000 F Cfa.
A combien s’élève le montant des bourses payées par l’Etat du Sénégal chaque année ?
L’Etat du Sénégal paie un montant très élevé en termes de bourses. Il paie chaque année et surtout ces deux dernières années environ 70 milliards de F Cfa.
Quelles sont les mesures que vous avez prises pour remédier au retard de paiement des bourses ?
On a fait un travail très colossal pour qu’il n’y ait presque plus de problème de bourses. Déjà, il y a un engagement de l’autorité de mettre à la disposition des structures concernées les fonds. C’est tout un système. Il y a le Trésor. Je peux parler de manière générale le ministère des Finances qui fait le contrôle et qui met à la disposition les fonds pour le paiement. Il y a les universités aussi qui participent en mettant à disposition les listes des étudiants ayant droit à la bourse. Il y a aussi la communication qu’on a eu à mener entre nous et les étudiants au cas il y aurait de retard. Cette année, les bourses se sont payées tous les mois avant le 30. Il y a eu un seul mois où il y a eu un retard et on ne peut pas le considérer comme retard parce qu’on a commencé le 4 alors que le paiement doit commencer le 5 du mois. Toutefois, je ne dis pas qu’il n’y a pas de difficultés.
Quelles sont ces difficultés?
Vous savez, quand nous nous payons, nous faisons nos états validés par le ministère des Finances et ça passe par un processus assez long jusqu’à arriver à Ecobank qui fait le paiement. L’Etat du Sénégal paie presque 130000 étudiants. Ecobank, ne pouvant pas payer en un seul jour pour 130000 étudiants, a trouvé des partenaires comme Wari, Free Money, Proximo etc. Et c’est là où il y a des problèmes. L’étudiant peine à recevoir le code pour être payé. Parfois, il ne sait pas qui paie. Les opérateurs peuvent changer. Même si l’Ecobank a maintenant mis en place une plateforme pour gérer des réclamations, c’est toujours à améliorer. On y travaille. On espère que d’ici l’année prochaine, tout cela soit derrière nous. L’autre difficulté rencontrée par les étudiants, c’est souvent liée aux emplacements de certaines structures comme ceux qui sont à l’UVS où ils sont dans des ENO (Espaces numériques ouverts). On peut parfois avoir un opérateur qui n’a pas un montant élevé.
DES BOURSIERS DANS LA DETRESSE
En cette période où la rentrée académique dans la plupart des établissements d’études supérieures étrangères est effective, des étudiants boursiers peinent encore à avoir leur visa
La pandémie de la Covid-19 a fait que cette année, le baccalauréat au Sénégal a eu lieu au mois de septembre au lieu de juillet comme les années précédentes. En cette période où la rentrée académique dans la plupart des établissements d’études supérieures étrangères est effective, des étudiants boursiers peinent encore à avoir leur visa. Ils déplorent les lenteurs des procédures et craignent pour leur rentrée
Chaque année, des étudiants vont à l’étranger pour poursuivre leurs études. Si les années passées, les procédures se faisaient très tôt, ce n’est pas le cas cette année à cause du déroulement du bac au mois de septembre dû à la pandémie de la Covid-19. Alors que certaines universités étrangères ont déjà commencé leurs cours en ce mois de septembre, d’autres en début du mois d’octobre prochain, les étudiants boursiers affichent leur désillusion face aux lenteurs des procédures de dépôt et de retrait des visas.
Rencontré, mardi 22 septembre, au bureau du dépôt visa Schengen, Ismaila Diack, ayant été accepté par une université française, n’a toujours pas obtenu son visa. « C’est très difficile car avant même d’obtenir le visa, tu vas dépenser beaucoup d’argent. Et même avec la préinscription, on peut te refuser le visa et là tu perds tout ce que tu as mis pour demander le visa et l’université ne t’appuie d’aucune façon. Le plus pénible, c’est l’attente parce que ça prend trop de temps pour sortir. Il y a des étudiants à qui on répond en quinze jours, d’autres en un mois », a fait savoir Ismaila Diack.
Allant plus loin, il craint de rater la rentrée scolaire. « J’ai peur de ne pas recevoir mon visa à temps et que la date limite de la rentrée de l’université soit dépassée», soutient le jeune homme. A ces inquiétudes, s’ajoute le fait de voir si l’établissement va l’accepter malgré un éventuel retard.
Amadou Ka, un autre étudiant boursier est aussi dans le même désarroi. « Mon visa et mon admission à l’université me préoccupent vraiment. On est le 22 septembre alors que les cours démarrent le 30 septembre », lance-t-il. Ils sont nombreux les étudiants boursiers à craindre de rater leur rentrée à l’étranger. « Les étudiants à qui on donne le visa font un test qui dure deux jours au maximum, s’il est négatif, tu fais les dernières démarches mais en partant tu te munis juste des papiers du test. Les demandes de visa sont parfois difficiles. Avec toutes les démarches que tu fais, l’argent investi et les papiers réunis, tu peux ne pas obtenir le visa » se désole Moussa Sarr. Il ajoute : « on devrait nous faciliter toutes les procédures à cause de la particularité de cette année liée au coronavirus car on vient juste de finir le bac ».
En effet, à cette heure, l’année dernière, beaucoup d’étudiants boursiers avaient déjà rejoint leurs établissements.
UN VASTE PROJET DE CLASSEMENT DES FORÊTS
Le Sénégal compte à nouveau procéder à un classement de 10 nouvelles forêts réparties dans cinq régions, parmi lesquelles celle de Matam avec 35.000 hectares sur les 75.000 prévus
Depuis le classement des dernières forêts après l’indépendance, le Sénégal compte à nouveau procéder à un classement de 10 nouvelles forêts réparties dans cinq régions, parmi lesquelles celle de Matam avec 35.000 hectares sur les 75.000 prévus. Ce projet a été annoncé par le ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, à l’occasion du lancement de la campagne communale de reboisement de Agnam.
L e ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, accompagné des autorités administratives, municipales et d’une forte délégation de son ministère, a présidé hier la cérémonie officielle de reboisement dans la commune des Agnam où il a été accueilli par le maire de la collectivité, le député Farba Ngom. Durant cette journée de reboisement où des arbres d'embellissement ont été plantés au niveau de la place publique du village de Agnam Godo, les associations de jeunes et les groupements de femmes se sont fortement mobilisés. Un élan d’engagement qui a été magnifié par l’édile de la cité qui agite «l’ambition de faire de la commune des Agnam, une commune verte et résiliente, porteuse d’un développement durable en phase avec l’ambition et les objectifs du président Macky Sall, déclinés dans le programme Pse vert».
Déclarant que, dans le cadre de l’amélioration de l'environnement, la commune entend, avec l’appui des partenaires, accompagner les associations de jeunes et de femmes autour de projets structurants. «Cette année, du fait de l’épidémie de Covid-19, les ASC n’ont pas fait de compétitions. Toutefois, la mairie a octroyé des subventions aux 15 associations en leur demandant de dérouler des activités de reboisement et de sensibilisation sur l’environnement et la riposte contre le coronavirus» , a-t-il fait savoir.
75.000 HECTARES DE FORET DONT 35.000 DANS LA REGION DE MATAM
Lors de son intervention, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, a d’abord salué l’engagement des élus de l’arrondissement des Agnam qui s’activent «à rendre leur localité verte en s’aidant des jeunes et des femmes, pour contribuer à la matérialisation de l’ambition des pouvoirs publics de rendre le Sénégal vert». «Je suis heureux de voir que la vision du président de la République de rendre le Sénégal vert est partagée à tous les niveaux.
A cet égard, il convient de saluer l’engagement des élus, des jeunes et des femmes de Agnam qui œuvrent vaillamment pour sa matérialisation», a-t-il déclaré. Après avoir entretenu l’assistance de «l’intérêt particulier que le chef de l’Etat accorde au reboisement, à la lutte contre la désertification, la protection ainsi que la conservation de la biodiversité, la sauvegarde de nos ressources naturelles», le ministre annoncera, le classement de 75.000 hectares de forêt dont 35.000 dans la région de Matam. «Ce programme est historique car c’est la première fois, depuis les indépendances, qu’un président élu exprime autant d’ambition dans le cadre du reverdissement du Sénégal. Si l’on se réfère à l’histoire, la première forêt classée au Sénégal date de 1930, la dernière décision a eu lieu en 1968. Depuis lors, il n’y a pas eu de classement de foret. Dans les jours à venir, sur décision du président de la République, il sera procédé au classement de 10 forêts (75.000 ha dont 35.000 ha pour la région de Matam). Le projet prend en charge une partie de l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor pour en faire le parc forestier de Grand Yoff», a-til affirmé.
LA TROUVAILLE DE MACKY POUR «MINIMISER» LES CONFLITS FONCIERS
Le président de la République, Macky Sall, a signé le 16 septembre 2020, le décret n°2020-1773 modifiant le décret n°72-1288 du 27 octobre 1972 relatif aux conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national.
Le président de la République, Macky Sall, a signé le 16 septembre 2020, le décret n°2020-1773 modifiant le décret n°72-1288 du 27 octobre 1972 relatif aux conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national. Désormais, le Conseil municipal n’a plus la prérogative d’affecter ou de désaffecter des terres sans l’approbation de l’autorité administrative locale. Une décision qui est fortement appréciée par les experts et autorités administratives qui estiment que cette mesure permettra de sécuriser le foncier, au regard de la récurrence des conflits qui interviennent dans le domaine de la gouvernance foncière ces derniers temps.
AFFECTATION ET DESAFFECTATION DES TERRES DE CULTURE : L’Etat donne la tête et retire la langue aux maires
Contrairement au anciennes Communautés rurales dont les délibérations du Conseils ruraux suffisaient, à un moment donné, pour disposer ou être dépossédé de terres dans le monde rural, pour les municipalités, les décisions des Conseils municipaux affectant ou désaffectant des terres à des tiers sont désormais soumises à l’approbation de l’autorité administrative locale (sous-préfet, préfet ou gouverneur, selon la superficie). Le président de la République, Macky Sall, en a décidé ainsi, à travers un décret signé le 16 septembre dernier. Histoire de couper court aux conflits fonciers récurrents, plusieurs mois après avoir rangé dans les tiroirs le rapport et les recommandations de la Commission sur la réforme foncière qu’il a lui-même commandités. Le décret n°2020-1773 modifiant le décret n°72-1288 su 27 octobre 1972 relatif aux conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national, dispose : «Article premier : Les dispositions de l’article 2 du décret n°72-1288 du 27 octobre 1972 relatif aux conditions d’affectation et de désaffectation des terres du domaine national comprises dans les communes sont modifiées ainsi qu’il suit : ‘’Article 2 : Les terres de culture et de défrichement sont affectées par délibération du Conseil municipal. Cette délibération n’est exécutoire qu’après avoir été approuvée soit par le sous-préfet, soit par le préfet de département territorialement compétent lorsque la superficie objet d’une délibération ne dépasse dix (10) hectares.
Toutefois, dès que la superficie est comprise entre dix (10) et cinquante (50) hectares, seul le préfet du département dans lequel est géographiquement localisée l’assiette, approuve la délibération. Au-delà de cinquante (50) hectares, la délibération ne peut être approuvée que par le gouverneur de région territorialement compétent, par acte réglementaire enregistré au niveau du Secrétariat général du gouvernement’’.» Le texte, en son article 2, précise que «Le ministre de l’Intérieur, le ministre des Finances et du Budget et le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au Journal officiel».
ADAMA DIOUF, EXPERT EN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL, GOUVERNANCE POLITIQUE ET FORMATION : «En segmentant les autorités… on peut minimiser les conflits dans la gouvernance foncière»
«Il faut remettre les choses dans leur contexte. La Collectivité territoriale est un démembrement de l’Etat. A ce titre, les compétences sont partagées en l’espèce. A cet égard, l’Etat a effectivement le droit et c’est pertinent de prendre un décret qui modifie l’objet de délibération d’un Conseil municipal. Ça c’est statutaire et c’est normal. Maintenant, il faut juste rappeler sur quoi porte la modification. L’article 2 du décret n°72-1288 du 27 octobre 1972 donnait pouvoir au préfet du département d’approuver les délibérations du Conseil rural. Parce qu’en 1972, c’était l’avènement des communautés rurales. Donc, l’actuel décret doit modifier conceptuellement cette notion de Conseil rural qui n’existe plus avec l’avènement de l’Acte 3 de la Décentralisation, toutes les collectivités sont devenues communes. Le premier élément de modification est que ce n’est plus le Conseil rural qui délibère mais c’est plutôt le Conseil municipal. En outre, en 1972, seul le préfet était compétent pour approuver les délibérations du Conseil rural. Maintenant, le décret n°2020- 1773 du 16 septembre 2020 apporte une nouveauté en segmentant l’autorité compétente dédiée à l’approbation pour des soucis de contrôle de proximité, de situation des responsabilités.
Le sous-préfet ne peut délibérer maintenant que sur des étendues ne dépassant pas 10 hectares. Et le gouverneur, pour des soucis d’envergure, une étendue de surface qui ne peut pas dépasser 50 hectares. Et c’est assujetti à une condition, si le gouverneur approuve, cette approbation est enregistrée au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Et c’est très important, parce que les conflits fonciers sont devenus très récurrents et de diverses manières. Je pense, en segmentant les autorités qui interviennent dans ce schéma, on a toutes les chances de minimiser, pour ne pas dire d’anéantir, les conflits dans la gouvernance foncière», a relevé Adama Diouf, expert en Développement territorial et Formateur, sur les ondes de la Rfm. Et de renchérir : «on peut imaginer que cette modification est due aux conflits récurrents, multiformes qui interviennent ces derniers temps dans la gouvernance foncière. Et les responsabilités sont partagées. Parce qu’en réalité, si le Conseil municipal délibère une parcelle de terrain, les terres de culture, cette délibération est assujettie à des enquêtes préalables par les services dédiés de l’Etat.
Cette délibération va au niveau du représentant de l’Etat qui approuve. C’est pourquoi, je pense que le chef de l’Etat a le droit de siffler la fin de la récréation et mettre un décret qui, de mon point de vue, va cibler les responsables, dont l’avantage de sécuriser le foncier. Je dois ajouter juste que le titre foncier signifie la pleine propriété, c’est différent d’une allocation de courte durée dans les zones disposant d’un plan d’urbanisme. Je pense que le chef de l’Etat, en prenant ce décret, a un objectif très précis : c’est de sécuriser le foncier. L’article 2 du domaine national (loi n°) 64-17 dit bien que c’est l’Etat qui est détenteur de la terre. A cet effet, le chef de l’Etat a l’obligation de veiller à ce que le droit d’usage soit protégé».
LE JOOLA, 18 ANS APRÈS
C’est dans la nuit du 26 septembre 2002 que le navire, lourdement chargé au départ de Ziguinchor, a chaviré aux larges des côtes gambiennes, occasionnant 1863 morts, officiellement
Aujourd’hui, samedi 26 septembre 2020, marque le dix-huitième anniversaire du naufrage du bateau le Joola. C’est dans la nuit du 26 septembre 2002 que le navire, lourdement chargé au départ de Ziguinchor, a chaviré aux larges des côtes gambiennes, occasionnant 1863 morts, officiellement
C’est dans la nuit du 26 septembre 2002 que le Joola, bateau qui assurait la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, a sombré au large des eaux gambiennes. La tragédie maritime la plus meurtrière de l’histoire de la navigation maritime, avec 1863 victimes seule une soixantaine (64) de personnes sont sorties indemnes de l’accident. La cause principale de l’accident reste une surcharge. Pour un navire dont la capacité est de 536 personnes (ou 550 selon certaines sources), le Joola a pris départ de Ziguinchor avec à son bord prés de 2000 personnes en plus des bagages auxquelles s’ajouteront d’autres passagers avec leurs bagages à l’escale de l’île de Carabane.
La tragédie du Joola a été un signe de l’anarchie qui règne dans le secteur du transport. En plus de voguer avec un seul moteur, il n’avait pas eu de manifeste quand les passagers embarquaient pour Dakar. L’identification des victimes reste jusqu’à maintenant un grand problème. Certaines ne sont toujours connues. Les cimetières des naufragés du Joola sont éparpillés entre Dakar, Ziguinchor et la Gambie. Après le naufrage, des poursuites judiciaires avaient été engagées, sans qu’elles aboutissent à un grand résultat.
En 2003, la justice a classé le dossier sans suite, en estimant que le commandant de bord disparu dans la tragédie, était la seule personne dont la responsabilité est engagée. La même année, en 2003, une information judiciaire est ouverte en France pour homicides involontaires par violation délibérée des règles de prudence ou de sécurité et non-assistance à personne en péril à la suite d’une plainte des familles.
En octobre 2014, les juges d’instruction du Tribunal d’Evry ont rendu une ordonnance de non-lieu, au motif de l’existence de dispositions internationales applicables à ce naufrage qui les empêche d’engager des poursuites en France contre 7 autorités sénégalaises. L’ordonnance est confirmée par la Cour d’appel en 2016. La justice française a dit constater des charges suffisantes contre les autorités sénégalaises, mais qui sont toutefois protégées par l’immunité de juridiction qui leur permet de s’échapper à la compétence des tribunaux étrangers. Depuis le naufrage, les doléances des familles restent les mêmes, principalement le ronflement du bateau et la construction d’un mémorial-musée Le Joola, en hommage aux victimes ! Une doléance qui a semblé trouver oreille attentive auprès du président de la République, Macky Sall, qui a manifesté la volonté d’apporter une réponse positive.
En Conseil des ministres, mercredi dernier, il a donné instruction à son gouvernement «d’intensifier le processus d’édification à Ziguinchor du mémorial-musée national dédié aux victimes du Joola».