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4 mai 2025
POUR UN REGLEMENT DEFINITIF DU CONFLIT CASAMANÇAIS
La situation de «ni paix, ni guerre» inquiète des Forces vives de la nation qui craignent que la situation ne bascule d’un moment à l’autre dans la partie sud du pays
Le président Macky Sall est invité à lancer un appel au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) pour la résolution définitive du conflit dans le sud du pays. Cette invite vient des Forces vives de la nation parmi lesquelles, on peut citer le mouvement «Y en a marre»..
La situation de «ni paix, ni guerre» en Casamance inquiète des Forces vives de la nation qui craignent que la situation ne bascule d’un moment à l’autre dans la partie sud du pays. C’est pourquoi, elles demandent au «Président de la République de lancer un appel aux frères et sœurs du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC)» pour la résolution définitive du conflit. Ces citoyens sénégalais ont émis cette idée dans une déclaration qu’ils ont rendue publique hier. «Aujourd’hui, nous constatons une relative accalmie que certains qualifient de période de ‘’ni paix, ni guerre’’. Tout peut, toutefois, basculer dans un sens ou dans un autre, et à tout moment. C’est pourquoi, il faut agir pour ne plus courir le risque de retourner aux heures sombres de la crise. Nous ne voulons plus de la guerre ! Les victimes, qu’elles soient des hommes ou des femmes, des enfants ou des adultes, qu’elles soient sénégalaises ou pas, sont humaines. Et aucun être humain ne mérite de mourir dans ces conditions», ont-ils indiqué.
Poursuivant, ils expliquent : «Nous ne voulons plus de la guerre ! Les conséquences négatives sur les personnes et l’environnement sont multiples. Parmi celles-ci, le déplacement des populations engendre des problèmes, notamment au niveau de l’état-civil. Ce qui, par ricochet, influe de façon désastreuse sur la scolarisation des enfants, la reconnaissance légale des naissances, des mariages et des décès. Ainsi que l’obtention de tous les autres documents légaux nécessaires à un citoyen, qu’il s’agisse de la délivrance d’un certificat de nationalité à fournir dans le cadre d’un concours à des emplois nationaux ou de l’inscription au fichier électoral dans le but d’exercer son droit de vote.»
Cette anormalité, poursuivent ils, aboutit peu à peu à la déstructuration de la société à travers l’éclatement de la cellule familiale. Il y a, aussi, les impacts négatifs sur l’environnement avec une «économie de la guerre» qui se construit autour du trafic des ressources forestières et la destruction de la faune. «L’utilisation des mines anti personnel interdit aussi l’exploitation agricole, l’élevage, l’apiculture, la pisciculture, entre autres, et empêche par conséquent l’atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Une telle situation nuit au développement et entraîne une déliquescence des infrastructures de base. Nous ne voulons plus de la guerre ! Nous, Sénégalais, dans toute notre diversité, du nord au sud, de l’est à l’ouest et en toute union, nous ne voulons plus de la guerre. Le Sénégal est connu pour être un pays de paix et de ‘’teranga’’. Un pays caractérisé par le cousinage à plaisanterie qui est un pont nous permettant de dépasser nos divergences et nos incompréhensions. Nous sommes frères et nous voulons la paix. Une Paix définitive», déclarent-ils. Selon eux, cette déclaration se justifie par le fait qu’ils sont des « citoyens sénégalais et amoureux fous de la Casamance », et qu’ils ne peuvent se contenter de cette situation de « ni paix ni guerre».
C’est pourquoi, ils appellent l’État du Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance à initier ou à poursuivre le dialogue dans le sens de la résolution définitive du conflit. «Il est impératif, tout autant, d’accélérer les opérations de déminage des zones inaccessibles à la population pour leur permettre de retrouver leurs villages et de reprendre leurs activités. Au-delà des populations, cette sécurisation permettra l’entière reprise des activités touristiques, car la région naturelle de Casamance regorge de potentialités importantes et intéressantes. Cette région doit entrer dans une nouvelle ère, celle de la paix définitive parce qu’aucun Sénégalais ne doit être menacé, peu importe l’endroit où il se trouve», disent-ils.
Les signataires de cette déclaration sont : Cheikh Diop de la Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal, Forces du Changement (CNTS/FC) ; le Mouvement Y en a Marre ; Ibrahima Hamidou Dème (président du Mouvement Ensemble) ; Me Mamadou Guèye (avocat) ; Cheikh Fatma Diop (analyste financier/entrepreneur) ; Bakary Dansokho (contrôleur du Trésor) ; Jaly Badiane (bloggeuse, militante sociale et culturelle) ; Daouda Keita (archiviste);Basile Diomaye Faye (inspecteur du Trésor); MaDiakhateNiang (inspecteur du Trésor et Président du Mouvement And Sopi Thiès); Muhammad Mustapha Ndiaye (contrôleur du Trésor-.
LA SOCIETE CIVILE S’OPPOSE À UN TROISIÈME REPORT DES LOCALES
Le Sénégal ne doit pas être dans un régime de prolongations de mandats, il faut faire l’effort de tenir les élections locales au cours du premier semestre de 2021
L’annonce d’un troisième report des locales prévues en mars 2021 est vivement dénoncée par la Société civile. Initialement prévues pour le 1er décembre 2019, puis annoncées pour mars 2020, les élections locales ont été reportées jusqu’au 28 mars 2021. Face à tous ces reports, la Société civile exige la tenue à date échue de ce scrutin. Elle dit ne pas être convaincue des arguments de blocage liés aux nécessités de l’évaluation et de l’audit du fichier électoral. Si, au niveau du volet politique du Dialogue national, l’idée d’un troisième report est défendue, la Société civile, à travers le Forum Civil dirigé par Birahim Seck et Moundiaye Cissé de l’ONG 3D, exige le respect du calendrier républicain. Quant au consultant en décentralisation Amadou Sène Niang, il estime que la tenue des Locales à date échue n’a jamais constitué une préoccupation pour l’Etat. Il en est du régime actuel comme de ceux qui l’ont précédé, selon lui.
Le report des élections locales est une question très controversée depuis la reprise des travaux du Dialogue national après 5 mois de l’arrêt à cause du covid19. En effet, notre pays s’achemine vers son énième report de ses Locales. Au sein de la classe politique, que ce soit du côté de la majorité comme de l’opposition, beaucoup de voix s’expriment en faveur d’un report. Les arguments brandis tournent autour de la nécessité de procéder au préalable à l’évaluation du processus électoral et de l’audit du fichier. Des arguments balayés par la société civile qui estiment qu’ils ne sauraient justifier un énième report des élections locales. Surtout qu’après un premier report de la date du 1er décembre 2019 initialement prévue dans le calendrier républicain, puis un autre de mars 2020, il est annoncé une nouvelle date du 28 mars 2021. Moundiaye Cissé, président de l’ONG 3D, soulève cependant quelques appréhensions par rapport à la nouvelle date retenue. «Même si on doit reporter, on doit rester dans l’année 2021. Je considère aujourd’hui qu’on doit respecter le calendrier électoral. Les élections locales ont des impacts sur nos institutions. Si on n’organise pas en mars 2021 les locales, il va falloir prolonger les mandats des membres du Haut conseil des collectivités territoriales qui se terminent en avril 2021.
Le Sénégal ne doit pas être dans un régime de prolongations de mandats, il faut faire l’effort de tenir les élections locales au cours du premier semestre de 2021. On a déjà prolongé les mandats des élus. Cette situation traduit une banalisation des reports des élections locales. Ce n’est pas normal. Aujourd’hui personne n’ose reporter l’élection présidentielle » souligne Moundiaye Cissé. Le président de l’ONG 3D ajoute que « l’évaluation du processus électoral et l’audit du fichier électoral, c’est une exigence de l’opposition. Je soutiens cette démarche. Mais je pense qu’on peut appliquer les conclusions pour les législatives de 2022. Un consensus intermédiaire est possible qui consiste à garder ce même fichier qui a permis de tenir la présidentielle, de dire que Macky Sall a été élu, de dire qu’Idrissa Seck est arrivé deuxième, qu’Ousmane Sonko est arrivé troisième. Qui a aussi permis à l’opposition d’avoir des groupes parlementaires à l’Assemblée. Les résultats de la présidentielle sont la base de la réclamation du statut de chef de l’opposition. Mon intime conviction, c’est qu’il est possible d’organiser les locales au cours de l’année 2021. Si on les reporte jusqu’en 2022, on sera forcément dans un couplage avec les législatives. Il y aura là une situation de confusion d’autant que les élections ne sont pas les mêmes».
Forum Civil pas convaincu par un audit du fichier justifiant un report !
Le Forum civil dirigé par Birahim Seck précise que les arguments évoqués pour justifier un report, à savoir l’évaluation du processus électoral et l’audit du fichier électoral, ne sont pas pertinents et ne sauraient être recevables. « Face à l’idée de plus en plus entretenue par certains acteurs politiques et de la société civile d’aller vers un troisième report de ces élections, le Forum Civil s’insurge contre la pratique, devenue fréquente, d’offrir illégalement des années supplémentaires ou des mandats de fait à des élus locaux. Les arguments évoqués pour justifier un report, à savoir l’évaluation du processus électoral et l’audit du fichier électoral, ne sont pas pertinents et ne sauraient être recevables. Ainsi, les conclusions retenues par un groupe, fut-il de la Commission du Dialogue politique, ne sauraient justifier la violation, par l’Etat, de la réglementation et des droits de millions de Sénégalais. Cette situation est grosse de l’exacerbation de la crise de légitimité qui se transforme très souvent en crise sociale dans le mode de gouvernance des affaires locales notamment la gestion foncière » a indiqué le bureau exécutif du Forum Civil dans un document. De ce fait, Birahim Seck et ses amis exigent le respect du calendrier républicain. Ils demandent au ministre de l’Intérieur de prendre les dispositions nécessaires afin d’aller vers l’organisation des élections départementales et municipales, conformément au décret portant promulgation de la loi adoptée le 19 novembre 2019.
Amadou Sène Niang, consultant en décentralisation : « La tenue des élections locales à date échue n’a jamais constitué une préoccupation pour l’Etat »
Pour le consultant en décentralisation Amadou Sène Niang, l’Etat n’a jamais fait de la nécessité de tenir les élections locales à date échue, sa préoccupation. A l’en croire, c’est ce qui justifierait tout ce bruit autour du report souvent avec des arguments infondés. « Depuis 1984, les locales n’ont jamais été organisées à date échue. La situation notée est que 5 ans après la fin des mandats des élus locaux, ces derniers sont toujours en place. Une entorse à la démocratie. En filigrane, nous pensons que la tenue des élections locales à date échue n’a jamais été une préoccupation pour l’Etat alors que les présidentielles sont toujours organisées à dates échues. Ce qui n’a jamais été le cas pour ces élections locales. Le fait de les maintenir ou de les reprogrammer ne dépend pas de la prérogative des élus locaux. C’est la responsabilité de l’Etat. C’est l’Etat qui doit organiser ces élections.
La carence de l’Etat à ce niveau ouvre la possibilité de mettre au niveau de chaque collectivité locale, une délégation spéciale. Or, c’est une entorse à la loi que de mettre des fonctionnaires à la tête des collectivités locales. En outre, les élus locaux qui sont sur place pendant ces 5 ans connaissent parfaitement le fonctionnement des collectivités locales et parviennent tant bien que mal à gérer les problèmes de ces dernières. C’est tout le contraire des fonctionnaires qui ignorent totalement ce qu’est une collectivité locale. Plus grave, souvent, ils n’habitent pas dans la zone où ils sont appelés à servir. Parce que c’est des enseignants, c’est des médecins qui sont des fonctionnaires de l’Etat qu’on choisit dans chaque localité. Est-ce que cela est pertinent pour gérer des collectivités locales ? Les délégations spéciales de Me Wade en 2001 ont causé d’énormes problèmes sur l’étendue du territoire » souligne le consultant en décentralisation Amadou Sène Niang.
L’histoire des reports des élections locales !
Amadou Sène Niang interpelle l’Etat pour le respect du calendrier électoral. Il ne pense pas que la crise sanitaire de la covid19 et l’évaluation du processus et de l’audit du fichier électoral soient des motifs valables d’un report. A l’en croire, ces reports d’élections locales ne sont pas le monopole du régime actuel puisque ceux quoi l’ont précédé y ont eu aussi recours. « Il faut que l’Etat respecte la date de l’organisation de ces élections. La crise sanitaire qu’ils (Ndlr : les acteurs politiques) évoquent est une prétexte supplémentaire. Chaque fois qu’on doit organiser des élections locales, il y a un prétexte. Cela a été le cas lors du conflit entre le Sénégal et la Mauritanie en 1989. Cela était également le cas avec la réforme de l’acte 2 en qui avait nécessité de repousser ces élections en 1996. En 2001, l’arrivée d’un nouveau régime avait entraîné la mise de toutes les collectivités locales sous délégations spéciales. Ce qui était d’ailleurs illégal. En 2007, ces élections avaient été reportées jusqu’en 2008.
Et en 2008, on nous parlé de plan Diakhaye pour lutter contre les inondations pour reporter les locales jusqu’en 2009. C’est toujours des prétextes qu’on évoque à n’en plus finir. Ce n’est pas un problème d’opposition, c’est l’Etat qui doit organiser ces élections. Tous les régimes qui se sont succédé l’ont fait. Que ça soit le Ps ou le Pds, ils ont reporté. Ce qui est anormal. Il faut organiser les élections à dates échues. C’est un gage de responsabilité de l’Etat. Aujourd’hui, ceux qui se retrouvent dans une partie de l’opposition ne pouvaient évidemment pas s’opposer à ce report. Parce qu’ils l’ont déjà fait ! Le Ps l’avait fait en 1989 et 1995.
Le président Abdoulaye Wade l’a fait en 2001, 2007 et 2008. Le président Sall l’a fait en 2014 et 2019. Et il veut le refaire en 2020. Ils sont tous pareils ! Il faut que les hommes politiques respectent le calendrier électoral » soutient conclusion le consultant en décentralisation, Amadou Sène Niang
LE CIVIL BÉNÉFICIAIRE DU CHAMP DE L'ARMÉE A ENTAMÉ SES TRAVAUX
L’Armée n’a plus de champ de tir à Dakar. La boulimie foncière est à l’origine de l’accaparement du seul champ de tir de notre armée qui se situait à quelques encablures du Phare des Mamelles
L’Armée n’a plus de champ de tir à Dakar. La boulimie foncière est à l’origine de l’accaparement du seul champ de tir de notre armée qui se situait à quelques encablures du Phare des Mamelles. Une situation qui exaspère l’ancien chef d’état-major général des Armées, le général Mamadou Mansour Seck, qui parle de « haute trahison contre l’Armée ». Désormais pour s’entraîner au tir, les militaires de Dakar, qui sont la composante essentielle de cette dernière en termes d’unités et de garnisons, sont obligés d’aller jusqu’à… Thiès.
L’Armée, c’est la Grande muette. Autrement dit, même les situations exaspérantes n’y sont pas dénoncées. Elles se vivent dans la dignité et dans l’honneur dans le sillage de la devise de nos militaires : « On ne tue, on ne nous déshonore pas ». Même l’accaparement par des spéculateurs fonciers du seul et historique champ de tir situé juste sur le flanc du Phare des Mamelles, avec vue imprenable sur l’océan Atlantique, a été vécu dans un grand stoïcisme par nos « diambars ». Ce samedi, par le truchement du Forum social sénégalais qui organisait une manifestation de reboisement du Phare des Mamelles parrainée par la Fondation du Port de Dakar, une ronde menée autour des agissements fonciers autour du phare a permis de découvrir la triste réalité.
Sur le site du champ de tir, on découvre des ouvriers qui s’affairent sur un engin Caterpillar. Un bâtiment est déjà érigé sur le site. Interdiction formelle de filmer les lieux. Cela n’empêche guère Mamadou Mignane Diouf, président du Forum social sénégalais, de révéler le forfait foncier subi par l’Armée mais aussi par le Port de Dakar. Devant celui qui fait office de chef de chantier, un certain M. Bamba Sow, ancien marin de son état, Mamadou Mignane Diouf a martelé que « ce terrain appartient au Port de Dakar, on l’a volé au Port de Dakar ». Bamba Sow de rétorquer au président du Forum social sénégalais que « Non ce terrain n’appartient plus au port et si vous dites que le terrain a été volé au Port, cela dépasse largement mes dimensions. Vous pouvez visiter sans filmer ».
Finalement, l’échange se termine par l’acceptation d’une visite par une délégation où on pouvait compter le directeur général du Port autonome de Dakar, Aboubacar Sédikh Bèye, l’ancien Cemga, le général Mamadou Mansour Seck et la militante féministe Marie Angélique Savané. « On voulait montrer que cette partie des terres du Phare constituait à l’époque un espace d’apprentissage et de formation pour les militaires. Plus précisément, il s’agissait d’un champ de tir. Vous savez qu’actuellement l’Armée n’a plus de champ de tir à Dakar. Les militaires sont obligés d’aller faire leurs tirs à Thiès.
L’Armée est obligée de dépenser du carburant, déplacer des voitures, de la nourriture pour que les militaires sénégalais chargés de gérer notre sécurité puissent apprendre à tirer. S’ils ne savent pas tirer, c’est notre sécurité qui est en jeu » souligne le président du Forum social sénégalais. « Cette position à Dakar qui permettait à notre armée même nuitamment de venir apprendre à tirer, aux militaires de se lever à 5 h du matin pour venir apprendre à tirer puis se retirer tranquillement dans les casernes, cette position n’existe plus. A côté d’ici, il y a un camp militaire. Dans quel pays on peut admettre qu’un camp militaire soit submergé d’habitations sociales et civiles ? Dans l’Armée, ce qui se passe, c’est du secret » ajoute Mamadou Mignane Diouf.
« Une haute trahison contre l’Armée », selon le général Mamadou Mansour Seck
L’ancien Cemga de 1988 à 1993, général Mamadou Mansour Seck, a conforté les positions du président du Forum social sénégalais. « Notre ami Mignane Diouf a dit l’essentiel et je crois qu’il s’est même introduit dans la stratégie militaire. C’est du culot, mais c’est un bon culot. Mais en ce qui concerne cette zone militaire où nous avons tout appris, en particulier le tir, la particularité de cette zone est l’orientation vers la mer pour que nos parents lébou n’aient pas de problèmes. La zone est surélevée. Il n’y a jamais eu d’accidents, ni de pêcheurs qui ont eu à avoir des blessures par balles. L’autre avantage, c’est que les unités de réserve générale habitent la plupart du temps à Dakar. Toutes les unités, même la Direction du Service du matériel (DSM) qui se trouve à côté du port, pouvaient venir à pied pour faire les exercices de tirs et rentrer tranquillement. On n’avait pas besoin de logistique particulière comme les camions, de l’essence. En un moment où, pour aller à Thiès surtout qu’il n’y avait pas encore l’autoroute, il fallait faire 2h pour aller et 2 h pour revenir de Thiès, cela posait des problèmes. Je me rappelle qu’il y a une dizaine d’années, avant 2012, j’ai réagi lorsqu’on m’a dit que le champ de tir a été donné par le gouvernement à un civil. Je trouvais que cela, c’est de la trahison. C’est extrêmement grave parce que les Sénégalais ne savaient pas l’importance du champ de tir. J’avoue qu’avec la sur- urbanisation, je trouve normal qu’on puisse gérer d’une autre manière les activités dangereuses, mais qu’on le fasse avec autant de légèreté et surtout au bénéfice d’un civil, c’est extrêmement grave » tonne Number One.
La militante féministe Marie Angélique Savané d’ajouter son grain de sel d’histoire. « Pendant la deuxième guerre mondiale, c’est à partir de qui était le champ de tir qu’on a défendu la ville de Dakar. Ce site a une importance historique et stratégique. C’est pour cela que Dakar et cette zone étaient un camp militaire fortifié. Vous avez partout des bataillons. C’est à partir de cette position que, lorsque Dakar a été bombardée, il y a eu une riposte. Et d’ailleurs ma mère me racontait que, lors cette confrontation, beaucoup de Dakarois s’étaient réfugiés dans la zone » confie l’épouse du célèbre l’homme politique Landing Savané. Ou faut-il dire le contraire ! Car on ne sait jamais, avec les féministes…
LE LONG RÉCIT D’UNE MISÈRE SOCIALE
Pendant deux semaines, «Le Témoin» a sillonné la région de Kolda. Un périple au cours duquel, il a été question de tendre l’oreille aux populations mais également d’échanger avec des élus locaux pour s’imprégner de leurs conditions de vie
Pendant deux semaines, «Le Témoin» a sillonné la région de Kolda en passant par ses grandes villes jusque dans certains de ses villages les plus reculés. Au cours de ce long périple, il a été question de tendre l’oreille aux populations de cette partie du monde rural mais également d’échanger avec des élus locaux pour s’imprégner de leurs conditions de vie. Récit poignant du quotidien de ces oubliés.
Dans le Sénégal des profondeurs à 558 km de Dakar. Nous sommes au Sud du pays où l’hivernage bat son plein en ce mois d’aout connu pour sa forte pluviométrie. Sous un ciel nuageux, c’est à bord d’une moto taxi que nous quittons Vélingara pour Medina Gounass. Une matinée plus ou moins douce par la température. En toute vitesse, on traverse des villages le long de la RN 6. Pas besoin de s’arrêter pour observer le beau paysage avec la luxuriante verdure qui défile sous nos yeux. La route est bordée de champs. De gauche à droite, au milieu des parcelles de terre, s’activent des cultivateurs avec l’aide de chevaux et d’ânes, tirant inlassablement le matériel de désherbage. Un matériel rudimentaire, une preuve de la difficulté des tâches quotidiennes. 45 minutes de trajet environs et nous voici à l’entrée de la ville sainte.
Gounass s’ouvre dans l’instantanéité par l’effervescence qui y prévaut. L’on ne tarde pas à se rendre compte que, dans ce brouhaha, la porte de la ville côtoie le marché. Ici, la peur que suscitent ailleurs les ravages sanitaires du coronavirus semble être reléguée dans le compte des affabulations. Rencontrer un individu, masque à la figure, relève du spectaculaire. Ce, malgré la densité humaine au niveau de cette place publique de la ville. Sur la moto, on tombe des nues, puis resserre nos masques. Perdus au milieu de cette foule, c’est au bout du fil que nous recevons les consignes de notre guide qui habite la localité. Indications notées, le jeune aux manettes du guidon accélère vers la demeure. Quelques minutes après, nous sommes au cœur de la cité religieuse de Médina Gounass où résonne l’écho des graines d’un chapelet de misère.
Un poste de santé, mouroir de femmes
Courbée, la main posée sur le ventre, se tordant de douleurs, instinctivement, la jeune fille s’affale par terre dans un coin de la salle d’attente. La vieille qui l’accompagne se précipite vers elle dans l’affolement. Elle l’aide à se relever puis souffle à l’oreille de la malheureuse quelques mots de réconforts avant de se retourner, face à nos interpellations. «C’est ma belle-fille, Aminata Bà », présente la sexagénaire au bout d‘un long souffle. Drapée d’un léger tissu «meulfeu» le long du corps, la vieille qui a accouru vers le poste de santé dès l’aube, s’apitoie en ces termes : «Hier, nous n’avons pas pu fermer l’œil toute la nuit à cause des maux de ventre dont elle souffre. Et puis, elle est en état de grossesses. Nous nous sommes rendus tôt le matin dans ce poste de santé, mais jusqu’à présent, (il fait 10 heures du matin) on n’arrive pas à rencontrer le médecin. La liste qui porte le nom des patients à consulter que nous avons trouvée ici est presque sans fin. Or, dans toute la ville, nous n’avons pas un autre centre pour une consultation ». Paradoxalement, la scène ne semble pas émouvoir l’assistance du fait d’un «sauve-qui peut» général. La salle d’attente du poste de santé est bondée de femmes venues de toutes parts de la localité en quête de soins sanitaires. Les chaises ne pouvant plus contenir la cohorte de patients, les unes sont assises à même le sol tandis que d’autres se bousculent au niveau du couloir. Repliée derrière la foule, debout dans une position inerte, Diénaba Kandé qui souffre pourtant d’une fatigue atroce est hantée par un douloureux souvenir que lui rappellent les lieux. C’est un après-midi de l’année dernière que sa sœur ainée a rendu l’âme dans ce poste de santé.
La trentaine, femme au foyer, Diénaba n’en revient toujours pas. «Dans ces conditions dégradantes, nous, les femmes, sommes les plus exposées. Surtout celles en état de grossesse. La plupart d’entre elles ne s’en sortent pas. Je n’oublierais jamais la situation dans laquelle ma sœur a perdu la vie, ici, à cause des retards dans l’évacuation de certains cas urgents vers d’autres structures hospitalières de la région. Voir un médecin, relève d’une chance. Nous n’avons même de gynécologue pour une contrée si peuplée », relate t- elle d’une voix alarmante.
S’ouvre soudainement la porte du bureau pendant que se présente l’assistante de l’infirmier. La feuille d’arrivée des patients à la main gauche, le stylo dans l’autre main, elle est assaillie brusquement de toutes parts. Les unes revendiquant leur primauté sur la liste d’arrivée, d’autres arguant leurs douleurs intenses comme l’urgence du moment.
Des altercations fusent de partout dans l’étroit bâtiment. La voix à peine audible, au milieu des vociférations, l’assistante de l’infirmier appelle au calme. «Arrêtez de vous disputer ! Cela ne fait qu’empirer la situation et nous retarder de plus dans la prise en charge des patients », tente-t-elle d’apaiser vainement. Les heures passent ! Lasse de poireauter sans pouvoir s’entretenir avec un infirmier, manifestement débordé, on bifurque d’une porte par derrière pour nous imprégner des réalités de la maternité située à côté.
«Nous travaillons sans salaire dans des conditions inhumaines»
Dans une blouse bleu foncée, les mains plongées dans ses poches larges, la matrone de garde marche nonchalamment ; la mine extenuée par 24 heures de travail sans répit. Apres une brève concertation avec sa collègue, ensemble, elles s’empressent de parler en requérant l’anonymat craignant des remontrances de la hiérarchie. On ne tarde pas à effectuer une visite guidée pour s’imprégner de la précarité dans laquelle baigne la maternité. «Voici, l’unique table d’accouchement ! Seul ce lit archaïque est mis à notre disposition pour les soins après accouchement. Imaginez, il nous arrive d’accueillir 10 femmes en une seule journée. La maternité n’a même pas une salle d’attente », font- elles découvrir. De leur situation socio-professionnelle, c’est avec émoi que les mots sortent de leur bouche. «Nous sommes toutes ici sans salaire. Et pourtant, nous travaillons dans des conditions inhumaines», entonnent en chœur les deux matrones. « La durée de garde dépasse les 24 heures d’horloge. Je suis là depuis hier à 8 heures le matin. Il fait 13 heures en ce moment, et me voilà toujours là.
Finalement, avec cette usure, aucune d’entre nous ne reste un mois sans tomber malade. Au nombre de huit, certaines d’entre nous ont une ancienneté de plus de 10 ans dans cette maternité toujours sans salaire ni contrat. Les autorités locales refusent de prendre au sérieux nos doléances », dénonce la matrone en poste au centre de santé de Medina Gounass.
Des volontaires au service d’autres femmes. Elles leur permettent de donner vie. Des personnes plus utiles pour la société, mais qui vivotent par la faute d’autorités peu soucieuses de la santé de leurs administrés. Ainsi va la vie dans le Sénégal des profondeurs.
UNE NOUVELLE DE LOUIS CAMARA
ALLÔ, MONSIEUR LE MINISTRE
Dire qu’il y a seulement une dizaine de minutes, il n’était rien d’autre qu’un petit fonctionnaire, son collègue à elle, son confident aussi, avec qui elle cause volontiers des petits tracas quotidiens de la vie dakaroise de plus en plus difficile à gérer
Maodo Ministre !... les voies de la Providence sont impénétrables !... Dire qu’il y a seulement une dizaine de minutes, il n’était rien d’autre qu’un petit fonctionnaire, son collègue à elle, son confident aussi, avec qui elle cause volontiers des petits tracas quotidiens de la vie dakaroise de plus en plus difficile à gérer. Maodo de son côté a énormément d’estime pour Mme Keïta. Avec l’accord de son épouse Il a même donné le prénom de sa collègue et amie, Assitan, à sa fille cadette. Quant à Madame Keïta dont le mari est un politicien et homme d’affaires fortuné, elle n’oublie jamais de revenir de son congé annuel, qu’elle passe toujours au Mali, chargée de cadeaux pour Maodo et les siens. Il est donc certain qu’elle sera l’une des toutes premières personnes à occuper un poste de choix dans le futur cabinet de Monsieur le Ministre Maodo Kane…
« Hé Allah !... Maodo !... », Dit-elle d’une voix chantonnante, « … la chance est arrivée sur toi dé ! Comme le dit un proverbe de chez nous : celui qui reste longtemps au fond d’un puits, une corde tôt ou tard s’en viendra à sa patience… » Vraiment Maodo, je suis trop heureuse pour toi !...»
« Merci, merci Mme Keïta …» répond Maodo d’une voix enrouée par l’émotion. « Je n’arrive pas à y croire !... c’est le plus beau jour de ma vie !... Par moments j’ai l’impression que je rêve et que tout ceci n’est qu’un gros canular ou un poisson d’avril… » « Un canular ou un poisson d’avril !...répète Madame Keïta d’un ton où perce une légère irritation, Mais voyons, tu n’y penses pas, mon ami !...D’abord nous ne sommes pas au mois d’avril mais en août, et puis je doute fort que quelqu’un soit assez fou pour se risquer à faire une telle plaisanterie ! Une plaisanterie qui le conduirait en prison, à tous les coups ! Allons, ressaisis toi mon cher !...
Ne cède pas à l’émotion et remets t’en à Allah le Tout-Puissant !... » conclut Madame Keïta, d’une voix énergique et péremptoire. « Tu as sans doute raison ma sœur, mais tout de même je ne puis m’empêcher de me poser des questions et de me demander pourquoi on a choisi un petit fonctionnaire comme moi, et qui de surcroît ne fait même pas de la politique !... »
«Mais Maodo, dis-toi bien que les choses ont changé maintenant !...
Le népotisme, le clientélisme, le copinage, c’est bien fini tout ça !...
À présent c’est le mérite, la compétence, l’honnêteté, qui sont les critères de choix dans l’attribution des postes de responsabilité ! Et sur ce plan, je ne crois pas te jeter de fleurs en disant que tu un modèle… Maintenant on fait des enquêtes sur les gens avant de les nommer et toi, Maodo, tu fais partie de cette espèce rare et peut-être en voie de disparition : celle des fonctionnaires honnêtes et consciencieux… » « Merci beaucoup ma sœur, c’est très gentil de ta part, mais il ya aussi autre chose qu’il ne faut pas oublier, je ne suis plus très jeune, à deux doigts de la retraite… »
« Et alors?!..... , rétorque Madame Keïta avec véhémence, ce n’est pas une question d’âge mais d’expérience, de savoir-faire, de compétence ! Tiens, prends le cas de l’assemblée nationale par exemple, est-ce que tu crois que celui qui occupe le perchoir de cette institution est un jeunot, hein? » « Oui…c’est vrai… » répond laconiquement Maodo tout en essuyant du revers de la main ses joues encore humides. écoute mon frère, arrête d’être sceptique et réjouistoi de ce qui t’arrive, sinon Le Bon Dieu risque de se fâcher !...
Inspire-toi de ce dicton de ces farceurs de Wolofs qui dit que « Celui qui ne danse pas aux battements de mains de Dieu, ne dansera plus jamais !... » Alors mon cher, je te conseille de danser comme tu l’as fait tout à l’heure quand nos collègues sont venus te féliciter… » À ces mots Maodo ne peut s’empêcher de rire, signe que Madame Keïta a réussi à le convaincre et à dissiper les dernières traces de doute de son esprit. « Tu sais, mon cher, reprend t-elle d’un ton plus confidentiel, mon mari est un membre très influent du parti au pouvoir et il sait tout ce qui se passe au plus haut niveau…C’est lui qui me tient au courant de tout ce qui se mijote au niveau du gouvernement. Il m’a dit que le Président a l’intention de faire le ménage et de débarrasser de tous les tocards et canards boiteux qui l’encombrent pour pouvoir mettre sur pied une équipe de choc grâce à laquelle il va sauver le pays de la noyade. C’est pourquoi il fait appel à des gens sérieux comme toi. La fin de son mandat approche et il veut partir avec les honneurs. Mieux vaut sortir par la grande porte que par un trou de souris ou, comme certains, défenestré. Il faut laisser une belle image de soi à la postérité. » « Alors ma sœur, d’accord !...
je danserai, puisque tels sont les ordres du destin !... » dit Maodo définitivement rassuré par les propos de Madame Keïta. D’ailleurs la petite musique annonçant les informations de treize heures se met à résonner à la radio juste à ce moment, et lorsqu’elle s’arrête, le bultin d’information commence une fois de plus par le communiqué annonçant la nomination du tout nouveau ministre de la Sécurité sociale et de la qualité de la vie : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonjour… par décret présidentiel datant de ce jour, Monsieur Maodo Kane matricule de solde 234 658/Z, précédemment Greffier en chef au tribunal de Keur Massar est nommé Ministre de… »
Maodo n’entend pas le reste du communiqué car ses oreilles se sont mises à bourdonner subitement et l’espace d’un bref instant, il est pris d’un léger vertige. Mais il se ressaisit vite et cette fois-ci, rasséréné, récite à haute voix des formules de remerciements au Maîtra de l’Univers…
À la pause de treize heures, Madame Keïta très en verve sort du bureau pour se diriger vers le parking du tribunal où elle a l’habitude de garer sa voiture, une rutilante Mercedes couleur turquoise que lui a offerte son mari pour se faire pardonner d’avoir pris une deuxième femme…
Maodo se retrouve donc seul dans le bureau et une foule de pensée désordonnées l’assaillent, se bousculant dans son cerveau en ébulition dans un kaléidoscope d’images et de scènes virtuelles où il se voit déjà dans ses habits neufs de Ministre… Ainsi c’est donc vrai !... il n’est pas le jouet d’une hallucination, ni la vicitme d’une plaisanterie de mauvais goût ! il ne rêve pas. Il est bel et bien Ministre… ! Et pas n’importe lequel s’il vous plait ! Ministre de la sécurité sociale et de la qualité de la vie !... un poste clef, un verrou stratégique dans le dispositif gouvernemental dans un pays où le problème numéro un reste la bouffe, le « thiébou dieune » quotidien…
Il faut croire que le Président de la République a eu des solides informations à son sujet et une confiance absolue en ses qualités morales et intellectuelles pour le nommer à la tête d’un département aussi important, aussi vital !... E
t c’est vrai que Maodo est compétent, honnête, consciencieux, presque irréprochable Un fonctionnaire modèle pour tout dire. Pour lui, l’éthique et la déontologie sont au dessus de tout et son métier de greffier, il l’accomplit comme un sacerdoce. Tous ses collègues, s’accordent à reconnaître sa probité, sa rigueur et sa droiture, ce qui fait aussi de lui très souvent la bête noire des mauvais fonctionnaires, véreux, corrompus, cupides, qui pullulent dans les bureaux et infestent la plupart des services de l’administration de Sunugaal…
En quinze ans de service, il ne se souvient pas avoir accepté le moindre bakchich ni dessous de table comme c’est la règle chez l’écrasante majorité des fonctionnaires. Ah… si… quand même !... Une fois, une seule et unique fois, quand sa mère avait été très malade et qu’il n’avait pas eu assez d’argent pour payer tous ses frais d’hospitalisation et ses médicaments. Un gros bonnet avait un urgent besoin de consulter un dossier confidentiel, et lui avait un besoin tout aussi…
urgent. Mais à vrai dire, ce fut la seule fois, tout au long de sa carrière… et puis, après tout, c’était cas de force majeure. Il ne pouvait tout de même pas regarder sa pauvre mère mourir sans rien faire. C’était une faute certes, mais tout à fait excusable aux vues des circonstances… Le téléphone sonne de nouveau, interrompant le fil des pensées de Maodo. Il décroche fébrilement. « Allo…Monsieur le Ministre »
La voix est joyeuse, le ton enjoué. Quelques mots sont rapidement échangés. Puis il raccroche, la mine réjouie. C’était Paul Goudiaby, l’un de ses anciens camarades de l’école Supérieure de Magistrature qui l’appelait pour le féliciter de sa toute nouvelle nomination au poste de Ministre et sans doute aussi se rappeler à son bon souvenir. Après cet intermède amical, Maodo reprend le cours de ses pensées
A suivre dans notre édition du mardi 29 Septembre
Par Mabingué NGOM
POUR UN SAHEL EN PAIX
Ni utopie, ni uchronie : un Sahel où la paix choisit d’élire domicile, où les armes se tairont pour toujours, est à la portée des Sahéliens et de ceux qui refusent de céder au désespoir, celles et ceux-là que j’appelle les pèlerins de l’avenir.
Si aujourd’hui le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad sont coloriés en rouge sur les cartes publiées par les chancelleries, ce n’est pas qu’en raison de l’aridité de ses sols. La menace terroriste y est palpable, les risques sont réels dans les autres parties du Sahel….
Les équilibres politiques sont fragiles, lorsqu’ils ne sont pas rompus. Cela, au détriment de la sécurité humaine, qui est l’autre nom du développement. Il est de la responsabilité des Sahéliens de se libérer eux-mêmes du cycle de violences actuel, en érigeant la paix en vertu cardinale et en finalité du développement. C’est heureusement le cas, si l’on en juge par les visions à long terme affichées par tous ses pays : un Sahel en paix. Le formidable appétit de vivre des Sahéliens, leur désir de connaître, leur soif d’avenir, sont l’expression d’un optimisme qui conduit, chacun dans sa langue, à dire que « quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par se lever ».
Au premier rang des priorités, figure la nécessité de reconstruire ou de consolider l’état. Il demeure un acteur incontournable pour assurer la fourniture des services sociaux de base et la sécurité, sans lesquelles le développement humain n’est qu’utopie. Le secteur privé, dont le rôle dans le développement ne saurait être contesté, a besoin pour prospérer d’un cadre juridique et réglementaire que seul un état fonctionnel peut procurer. Il en va de même pour la société civile. Cet « état stratège » doit être construit de manière décomplexée ; il ne saurait être une pâle copie des structures et institutions extérieures.
Sa construction requiert en priorité la mobilisation des savoirs locaux et du capital intellectuel local, aujourd’hui pas très bien valorisés. Or, pour pouvoir s’acquitter de ses missions – comme établir des priorités là où tout est prioritaire –, l’état-stratège doit s’incarner dans des agents qui disposent de connaissances et de capacités, de compétences spécifiques. Tous les secteurs du développement seront concernés ainsi que tous les échelons de la démarche planificatrice.
À cet égard, l’enjeu que constitue la mobilisation de la jeunesse saute aux yeux : la jeunesse est le principal réservoir du capital humain qui doit alimenter l’état stratège. Non seulement elle constitue une majorité démographique partout dans ce Sahel ou l’âge médian est de 16 ans, mais elle sera la clé qui donne accès à un avenir de paix et de prospérité.
Investir dans sa formation doit être érigé en surpriorité. Bien sûr, la tâche n’est pas aisée, car la formation de cette jeunesse n’est pas une affaire exclusivement technique ; elle a une dimension éthique et politique. Il n’est pas de capital humain qui puisse se construire sans référence à un système de valeurs, à des référents axiologiques, à un attachement à la vérité et à une éthique du futur. Quant à la dimension politique, elle procède de la nécessité de « défataliser » l’avenir, de le concevoir non pas comme un descendant du présent. Qui peut le faire mieux que les jeunes ? Il nous faut donc, pour préparer un monde meilleur, investir massivement dans la jeunesse.
Son éducation, y compris la promotion des sciences et technologies, sa santé, y compris celle de la reproduction, son employabilité, le développement de ses capacités entrepreneuriales et managériales. L’éclosion de ses potentiels d’innovation doit recevoir toute l’attention que l’on doit à ceux sans qui il n’y aura ni paix, ni développement. Il en va de même des « valeurs de discipline, détermination, d’honnêteté, d’intégrité, d’éthique du travail » prônées par l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Forte de ces convictions, l’UNFPA s’est engagée à soutenir de jeunes Sahéliens qui ont souhaité placer le 21 septembre 2020 sous le signe de l’espoir.
La flamme qu’ils allumeront ce jour qui célèbre la paix est celle qui alimente, en chaque Sahélien, l’espoir d’une vie meilleure, dans une région réconciliée avec ellemême et ouverte au monde. L’UNFPA manifestera aussi son engagement en faveur de la paix en organisant à Niamey, en novembre, un symposium international de très haut niveau sur la thématique « Démographie-Paix-Sécurité au Sahel », auquel seront invités des chercheurs, des décideurs politiques, des responsables issus des organisations de la société civile, et des acteurs du secteur privé. L’UNFPA y manifestera son engagement en lançant une plateforme sur le triptyque « Paix-Sécurité-Développement », dont l’importance est reconnue de tous.
Ni utopie, ni uchronie : un Sahel où la paix choisit d’élire domicile, où les armes se tairont pour toujours, est à la portée des Sahéliens et de ceux qui refusent de céder au désespoir, celles et ceux-là que j’appelle les pèlerins de l’avenir. Tel est le message que l’UNFPA adresse au Sahel à l’occasion de cette Journée internationale de la paix du 21 septembre 2020.
Mabingué NGOM
Directeur du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Afrique de l’Ouest et du Centre
300 MILLIARDS FCFA POUR LA PHASE 2 DU PUDC
Après une tournée de trois jours dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick, au centre du Sénégal, le président de la République, Macky Sall a procédé, hier lundi, au lancement de la phase II du Programme d’Urgence de Développement communautaire
Après une tournée de trois jours dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick, au centre du Sénégal, le président de la République, Macky Sall a procédé, hier lundi, au lancement de la phase II du Programme d’Urgence de Développement communautaire (PUDC).
À cette occasion, il a annoncé qu’une enveloppe de 300 milliards de francs CFA est prévue pour son financement dont la moitié serait déjà mobilisée auprès de la Banque islamique de Développement (BID) et du Fonds saoudien de développement.
Le Chef de l’Etat s’est également réjoui de la dynamique impulsée dans le monde rural par ce programme qui intègre 4 composantes dont celles concernant la production des équipements post récoltes et le soulagement des femmes pour les travaux domestiques, qui est dotée d’une enveloppe de 6,6 milliards de franc CFA.
LE PIB RÉEL DU SÉNÉGAL SE CONTRACTERA DE 0,7 % EN 2020
L’économie sénégalaise a été durement touchée par la pandémie de COVID-19. et les mesures strictes d'endiguement ont entrainé des perturbations de l'activité économique
Dakar, 21 sept (APS) – Le Produit intérieur brut (PIB) réel du Sénégal se contractera de 0,7 % en 2020 à cause des effets de la pandémie du nouveau coronavirus, a-t-on appris lundi d’une responsable du Fonds monétaire international (FMI).
"L’économie sénégalaise a été durement touchée par la pandémie de COVID-19. Il est maintenant prévu que le PIB réel se contractera de 0,7 % cette année, du fait de la pandémie et des mesures strictes d’endiguement qui ont entraîné des perturbations de l’activité économique plus importantes que prévu", a déclaré, lundi, Corinne Deléchat.
Une équipe des services du FMI, dirigée par Mme Corinne Deléchat, a mené une mission virtuelle du 9 au 18 septembre 2020 afin de "mettre à jour les projections macroéconomiques, et d’examiner l’exécution de la loi de finances rectificative 2020 et le projet de loi de finances pour l’année 2021".
"Une reprise graduelle de l’activité économique s’opère depuis le mois de mai, avec la levée de la plupart des restrictions liées à la COVID-19, suivie de la réouverture des frontières en juillet", a déclaré Mme Deléchat à l’issue de la mission, soulignant que "la riposte sanitaire énergique du Sénégal donne des signes encourageants : le nombre de nouveaux cas de COVID-19 et d’hospitalisations a diminué progressivement ces quatre dernières semaines".
‘’En 2021, la production devrait rebondir, avec une croissance supérieure à 5 % portée en partie par des perspectives favorables dans le secteur agricole", a prédit la responsable de la FMI. Une projection cependant sujette à des risques considérables, du fait des incertitudes entourant le rythme de la reprise mondiale et l’évolution de la pandémie, qui pourraient continuer de nuire à des secteurs importants de l’économie, tels que le tourisme, le transport et l’hôtellerie’’.
Mme. Deléchat a relevé que ‘’l’exécution du budget jusqu’à fin août 2020 a été globalement satisfaisante, et les objectifs qui ont été fixés pour le reste de l’exercice 2020 restent atteignables’’.
Néanmoins, elle signale cependant ‘’des incertitudes demeurent quant à la mobilisation des ressources programmées’’.
La mission ‘’encourage donc les autorités à continuer d’agir avec prudence afin de maintenir le déficit aux alentours de 6 % du PIB comme prévu dans la loi de finances rectificative 2020’’. Elle félicite également ‘’les autorités de la mise en œuvre solide et transparente de leur programme de résilience économique et sociale (PRES)’’.
Dans sa déclaration transmise à l’APS, la responsable du FMI a souligné que ‘’la majeure partie des mesures prévues pour faire face à la COVID-19 ont déjà été exécutées, comme l’a relevé le rapport trimestriel d’exécution budgétaire de juin 2020’’.
Selon elle, ‘’la mission se félicite de l’abrogation du décret portant dérogation au Code des marchés publics pour les dépenses relatives à la lutte contre la COVID-19, qui sont désormais soumises aux procédures normales de passation de marchés’’.
Mme Deléchat note que les autorités ‘’ont également parachevé un nouveau plan de relance qui vise à favoriser un retour à une croissance vigoureuse et inclusive, tirée par le secteur privé, en mettant l’accent sur l’accélération de la transformation structurelle et le renforcement de la résilience de l’économie grâce à une diversification de son appareil productif’’.
‘’La mission et les autorités ont accompli des progrès considérables dans l’examen des principaux paramètres du projet de loi de finances pour l’année 2021’’, a-t-elle fait valoir.
Mme Deléchat estime que compte tenu de ‘’l’incertitude élevée et (des) effets persistants de la pandémie sur certains secteurs de l’économie, le projet de loi de finances 2021 devrait avoir pour objectif de trouver un équilibre entre la relance économique, notamment grâce à un solide plan d’investissement, et le maintien de la viabilité des finances publiques et de la dette, tout en tenant compte de la stabilité extérieure de l’UEMOA’’.
À cet effet, ajoute-t-elle, ‘’la politique budgétaire en 2021 devrait continuer de signaler une forte volonté d’en revenir progressivement à un déficit budgétaire de 3 % du PIB d’ici 2022, conformément au critère de convergence de l’UEMOA, à mesure que la situation se normalise’’.
Les discussions concernant le projet de loi de finances se poursuivront dans les semaines à venir, selon la responsable du FMI, annonçant que la deuxième mission de revue du programme ICPE se déroulera à la fin octobre 2020. Une réunion du conseil d’administration est prévue provisoirement en décembre 2020.
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BAH NDAW NOMME PRESIDENT DE TRANSITION
Bah Ndaw, colonel à la retraite et ex-ministre de la défense dirigera le Mali avant un retour des civils à la tête du pays
Bah Ndaw, colonel à la retraite et ex-ministre de la défense dirigera le Mali avant un retour des civils à la tête du pays. Cette décision a été prise par la junte au pouvoir depuis le coup d’Etat du 18 août et le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta.