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26 avril 2025
LES MSAD AMBITIONNENT D’ALLER À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ INTERNATIONAL DE L’ART
Les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès (MSAD) ambitionnent d’aller à la conquête du marché international de l’art, pour faire connaître davantage leur expertise dans le domaine de la tapisserie, a indiqué leur directeur général, Aloyse
Thiès, 8 mars (APS) - Les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès (MSAD) ambitionnent d’aller à la conquête du marché international de l’art, pour faire connaître davantage leur expertise dans le domaine de la tapisserie, a indiqué leur directeur général, Aloyse Ndam Diouf.
’’Ce que nous souhaitons c’est accéder au réseau international de vente d’œuvre d’art, cette notoriété (celle des MSAD), nous voulons aussi la mettre sur le marché et permettre un écoulement plus facile des œuvres’’, a dit à l’APS le responsable de cette société créée en 1966.
Il a relevé que les manufactures envisagent de travailler avec des galeries et participer à des expositions internationales pour mieux faire connaître leur label.
Evoquant la récente visite d’une trentaine d’ambassadeurs et diplomates à la veille du 54-ème anniversaire des MSAD, M. Diouf a souligné que les Manufactures ont une culture d’accueil avec un circuit touristique depuis l’époque du président-poète Léopold Sédar Senghor, qui en est l’initiateur.
Le président Senghor les faisait visiter à ses hôtes de marque, les utilisant comme un instrument de diplomatie.
En 2019, la structure avait reçu ‘’près de 5.000 visiteurs’’, dont une trentaine d’ambassadeurs, en fin d’année, selon Aloyse Diouf.
’’ C’est important pour nous, car c’est une reconnaissance de ce que la manufacture a fait et réalisé à travers le monde car de nombreuses œuvres sont, soit cédées, soit offertes par le président de la République’’, a-t-il souligné.
De nombreuses tapisseries sont visibles, selon lui, au sein des grandes institutions du monde, expliquant ainsi le ‘’prestige’’ et la ‘’notoriété’’ des manufactures de Thiès.
Après un demi-siècle d’existence, les manufactures vont diversifier leurs produits en lançant ‘’sous peu’’, la sérigraphie, après avoir introduit l’impression numérique. Ces nouvelles offres vont s’ajouter aux formations en céramique et batik déjà dispensées à des jeunes dans le cadre d’un programme de formation-insertion.
Ce qui leur permettra dans le cadre d’un contrat de performance, de rentabiliser davantage l’établissement, en plus du rôle de prestige et de diplomatie qu’il joue pour le pays à travers le monde.
7 MORTS ET 48 BLESSÉS DANS L’ACCIDENT D’UN BUS À NDIOUDIOUF
Un bus s’est renversé ce dimanche à Ndioudiouf, un village de la commune de Diouroup (Fatick), tuant sept passagers et faisant 48 blessés, a appris l’APS de la 32ème compagnie des sapeurs-pompiers de Fatick.
Fatick, 8 mars (APS) – Un bus s’est renversé ce dimanche à Ndioudiouf, un village de la commune de Diouroup (Fatick), tuant sept passagers et faisant 48 blessés, a appris l’APS de la 32ème compagnie des sapeurs-pompiers de Fatick.
’’Parmi les sept corps sans vie, il y a quatre femmes et trois hommes adultes, tandis que sur les 48 blessés enregistrés, il y a17 dans un état grave’’, selon un agent de la compagnie de Fatick joint au téléphone par l’APS.
Le bus, qui était en provenance de Dakar, roulait dans le sens Fatick-Kaolack, lorsqu’il s’est renversé ‘’sur le bas-côté de la route nationale I à la sortie du village de Ndioudiouf, après une défaillance des pneus arrière’’, a-t-il expliqué.
Il a précisé que la compagnie d’incendie et de secours de Fatick a été alertée peu après 3 heures du matin. Elle a mobilisé un important dispositif de secours pour ‘’évacuer vers l’hôpital régional’’ de Fatick ‘’tous les blessés’’ et ‘’ensuite les sept corps sans vie vers la morgue’’, a-t-il souligné.
Le bus impliqué dans l’accident serait un véhicule dit ‘’horaire’’, qui fait la navette entre Dakar et Koumpentoum, dans la région de Tambacounda.
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QUEL FÉMINISME EN AFRIQUE ?
Ndèye Fatou Kane, écrivaine et chercheuse en études sur le Genre à l'EHESS, parle de la condition des femmes aujourd'hui sur le continent et des combats à mener pour l'améliorer
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, nous vous proposons une émission spéciale d'Afrique Hebdo. Ndèye Fatou Kane, écrivaine et chercheuse en études sur le Genre à l'EHESS, nous parle de la condition des femmes aujourd'hui sur le continent et des combats à mener pour l'améliorer.
Auteure notamment de l'essai "Vous avez dit féministe ?", elle nous explique pourquoi le féminisme dérange aujourd'hui. Cette lectrice d’Awa Thiam a aussi lancé le hashtag #BalancetonSaï-Saï pour dénoncer le silence trop présent sur les violences faites aux femmes.
RENNES, LE DOMICILE DE MBAYE NIANG CAMBRIOLÉ
Les auteurs ont dérobé des sacs de marque et des bijoux la nuit dernière, alors que se disputait la demi-finale de la Coupe de France, qui opposait Saint-Etienne à Rennes
Le domicile du joueur M’Baye Niang a été cambriolé, la nuit dernière, dans le centre-ville de Rennes, alors que se disputait la demi-finale de la Coupe de France, qui opposait Saint-Etienne à Rennes. Les auteurs ont dérobé des sacs de marque et des bijoux.
Le joueur du Stade Rennais M’Baye Niang a été victime d’un cambriolage la nuit dernière. Alors qu’il disputait la demi-finale de la Coupe de France au stade Geoffroy-Guichard, contre Saint-Etienne, des cambrioleurs sont rentrés par effraction dans son pavillon, situé dans le quartier du Thabor à Rennes.
Les auteurs ont dérobé des sacs de marque et des bijoux. L’alarme du domicile de l’international sénégalais s’est déclenchée vers 23 h 30. Une patrouille de la Brigade anticriminalité (Bac) s’est rendue rapidement sur place, mais les cambrioleurs avaient déjà pris la fuite. L’enquête a été confiée à la Sûreté départementale.
Un autre joueur victime en février
Début février, lors du derby contre le FC Nantes, le domicile d’un autre joueur du Stade Rennais avait été pris pour cible dans le quartier Sud Gare à Rennes. Les malfaiteurs étaient entrés par effraction dans le pavillon de Rafik Guitane, milieu de terrain des Rouge et Noir. Leur butin : des objets de valeur, dont une montre de luxe d’un montant de 20 000 euros.
MANDAT D'ARRÊT INTERNATIONAL CONTRE BABACAR SARR
Le footballeur sénégalais est recherché pour une affaire de viol en Norvège. Le milieu de terrain qui a clamé son innocence, est devenu introuvable
BBC Afrique |
Rick Kelsey |
Publication 07/03/2020
Le footballeur sénégalais est recherché pour une affaire de viol en Norvège. Un mandat d'arrêt international a été émis à son encontre.
Sarr, qui a clamé son innocence, est devenu introuvable. Le milieu de terrain sénégalais, devenu célèbre dans le football norvégien, a monnayé son talent en Russie et en Arabie Saoudite.
Il a été un joueur vedette de Molde, un club norvégien de première division qu'il a rejoint en 2016. Il y a joué pendant environ deux ans, sous la direction du technicien Ole Gunnar Solskjaer, l'actuel entraîneur de Manchester United.
"Le moteur de l'équipe"
A Molde, Sarr était "le moteur de l'équipe", déclare Lars Johnsen, journaliste à Josimar, un site internet norvégien.
Mais le footballeur a été confronté à plusieurs allégations de viol. Il a été accusé pour la première fois en 2015, alors qu'il jouait pour une autre équipe norvégienne. Une femme l'accuse de l'avoir violée lors d'un voyage de fin de saison à Stockholm. La police a mené une enquêté, même si une plainte n'avait pas été déposée contre le joueur.
Après son transfert à Molde, Sarr a dû faire face à d'autres accusations de viol, qu'il a toutes niées. En mars 2018, il est accusé pour la première fois d'un viol qui se serait déroulé dans un appartement de Molde en 2017.
Des militants se sont ensuite présentés aux matchs de son équipe, avec des banderoles, pour dénoncer des actes de viol présumés de Sarr. Au terme d'un procès au pénal et au civil, le footballeur a été déclaré non coupable de viol, en août 2018.
Mais il a été condamné à verser à la partie civile une indemnité de 150 000 couronnes norvégiennes (environ 9,5 millions de francs CFA) après que le tribunal a statué en sa faveur sur la plainte civile. Les deux parties ont fait appel du verdict.
Le contrat du joueur avec Molde a ensuite été annulé d'un commun accord en janvier 2019. Selon des journaux norvégiens, Molde avait déploré "une période difficile pour le joueur comme pour le club".
L'audience d'appel contre son acquittement a été fixée à février 2019. Mais elle a dû être reportée, car l'accusé et un témoin n'avaient pas comparu devant le tribunal.
En Norvège, un procès pénal ne peut pas avoir lieu pour des crimes graves, si le suspect n'est pas présent. A ce moment-là, Babacar Sarr était déjà en Russie, à des milliers de kilomètres de la Norvège.
"Une énorme erreur de la police"
En février 2019, Sarr rejoint Yenisey Krasnoyarsk, une équipe de première division russe. En raison d'importants investissements faits par de riches propriétaires de clubs, la ligue russe est désormais la septième ligue de football la mieux payée du monde. Un grand pas en avant dans la carrière du footballeur sénégalais.
Et la procédure d'extradition entre la Russie et d'autres pays est très compliquée. Puis, en juin de l'année dernière, juste avant qu'il ne doive comparaître devant le tribunal norvégien pour l'audience d'appel qui avait été reportée, Sarr a signé avec un club saoudien.
A peu près à la même époque, la justice norvégienne avait émis un mandat d'arrêt international à son encontre, par l'intermédiaire d'Interpol, la police internationale, l'Organisation internationale de police criminelle.
Babacar Sarr a rejoint le Damac FC, une équipe en pleine ascension dans la première division saoudienne. Il s'installe en Arabie Saoudite, un pays qui n'a pas signé de traité d'extradition avec la Norvège.
Mais en janvier dernier, le contrat de Sarr avec le Damac FC est soudainement annulé, avant la fin de la saison.
Le Damac FC n'a pas répondu à la question de la BBC de savoir pourquoi le contrat a été rompu entre le club et le footballeur.
A peu près au même moment, le joueur est accusé d'un second viol, qui se serait déroulé à Oslo, lors de la fête de fin de saison de Molde, en novembre 2018.
Cette deuxième accusation a été récemment abandonnée parce que la police d'Oslo n'a pas informé Babacar Sarr dans les trois mois suivant la demande du procureur, le délai autorisé par la loi norvégienne.
Le bureau du procureur d'Oslo a déclaré à la BBC que la police avait "échoué dans ses tentatives de signifier l'acte d'accusation à M. Sarr". Cela a été décrit par un professeur de droit de l'université de Bergen comme "une énorme erreur de la police".
La police d'Oslo a dit à la BBC qu'elle n'était pas en mesure de commenter une affaire déjà transférées au procureur.
Depuis janvier dernier, on en sait très peu de choses, concernant l'endroit où se trouve le joueur. Aucun autre club ne semble l'avoir recruté.
Aucune nouvelle de lui depuis le dernier de ses 13 matchs avec le Damac FC.
Un tweet que Damac avait posté pour à l'arrivée de Sarr dans le club, l'année dernière, semble avoir été supprimé. La BBC n'a pu trouver aucune autre information le concernant sur le compte Twitter du club.
Le compte Instagram de Sarr, qui était public, est maintenant privé.
"Il est peut-être au Sénégal"
L'histoire du footballeur a fait la une des journaux le mois dernier, après que l'une de ses victimes présumées a déclaré au Daily Telegraph qu'elle pensait que Solskjaer n'était "pas apte à diriger" Manchester United après sa décision de continuer à employer Sarr à Molde après sa première accusation.
Cette plaignante pense que les joueurs de football accusés d'agressions sexuelles ne devraient pas être autorisés à continuer à jouer, tant que l'affaire n'aura pas été jugée.
Manchester United a déclaré au Daily Telegraph que Solskjaer a pleinement respecté la procédure régulière du système juridique norvégien.
En réponse à cette affaire, des militants britanniques ont demandé aux clubs de football de suspendre les joueurs s'ils sont jugés pour des délits sexuels graves.
Aucun club n'ayant de contrat avec Babacar Sarr, on ignore où se trouve le joueur.
La procureure générale de la Norvège, Ingvild Thorn Nordheim, a émis un mandat d'arrêt international à son encontre.
Elle affirme que Sarr et ses avocats n'ont répondu à aucune des correspondances qu'elle leur a envoyées.
La BBC a obtenu des documents selon lesquels la justice norvégienne a demandé sans succès aux autorités saoudiennes de dire où il se trouve.
Selon Lars Johnsen, tout indique qu'il est toujours en Arabie Saoudite. Mais la journaliste dit ne pas en être sûre. "Il est peut-être au Sénégal", ajoute-t-elle.
Ou alors Sarr cherchera à faire rejoindre un nouveau club et pourrait donc bientôt quitter l'Arabie Saoudite s'il ne l'a pas déjà fait, espère Johnsen.
Pour l'instant, sa localisation - ainsi que la question de savoir s'il reviendra en Norvège pour y être jugé en appel - est un mystère.
L'avocat de Sarr, Yvonne Larsen, a déclaré à la BBC que la question du premier viol avait déjà été "tranchée", que le footballeur avait été déclaré non coupable.
L'international sénégalais a continué à jouer au football pendant qu'il était accusé, parce que "tout le monde est innocent jusqu'à ce que la culpabilité soit prouvée par la loi, et M. Sarr est toujours innocent".
"Il n'y a rien d'étrange à cette situation", a soutenu Me Larsen. L'une des victimes présumées a décidé de s'éloigner de Molde. Elle "n'espère pas que l'appel aura lieu" et veut reconstruire sa vie dans une autre ville.
COVID-19 : MÉDIAS ET RÉSEAUX SOCIAUX AFRICAINS METTENT EN CAUSE UN VIRUS VENU D'AILLEURS
Au Sénégal, où un quatrième cas a été détecté mercredi 4 mars, Twitter et YouTube sont en pleine ébullition. Une déferlante de messages paniqués pointe des doigts accusateurs vers l’origine des personnes infectées
Le Monde |
Matteo Maillard |
Publication 07/03/2020
Sept pays du continent sont touchés par le coronavirus. La plupart des cas de contamination sont dus à la visite d’un « étranger ».
Huit pays africains font désormais face au coronavirus. Aucun mort n’est pour l’instant à déplorer, mais 26 cas sont à l’isolement dans des hôpitaux du continent. Pour la plupart, il s’agit de ressortissants étrangers, résidents ou voyageurs de retour d’un déplacement dans l’un des pays à risque comme l’Italie ou la France. Mais l’épidémie s’insinue aussi, de façon plus virulente, sur les réseaux sociaux, démultipliant la crainte des populations du continent.
Au Sénégal, où un quatrième cas a été détecté mercredi 4 mars, Twitter et YouTube sont en pleine ébullition. Une déferlante de messages paniqués pointe des doigts accusateurs vers l’origine des personnes infectées. « Un Français atteint par le coronavirus introduit celui-ci au Sénégal et les Occidentaux sont contents », affirme un commentateur. « Ils veulent à tout prix contaminer notre continent,surenchérit un deuxième. La France n’a qu’à envoyer un avion les chercher svp. On ne veut pas de virus ici. »
Certains demandent à Emmanuel Macron s’il compte appuyer financièrement les structures médicales dans lesquels des Français sont traités. Il y a aussi des réactions épidermiques qui se mêlent parfois au ressentiment lié à l’époque coloniale. « Les Français, toujours les Français, les colons ! », accuse un autre. « Des citoyens français sont responsables de la propagation du coronavirus en Afrique, en Algérie et au Sénégal notamment. Imaginons, le scénario inverse, les diatribes d’Eric Zemmour et MLP au sujet de l’immigration, des Arabes, des Noirs », questionne un commentateur.
Parmi cette avalanche, certains tweets ont plus de portée que d’autres. A l’image de celui de Fatima Zahra Sall, fille d’Aïssata Tall Sall, députée promue « envoyée spéciale »du président sénégalais en novembre 2019, qui a récolté 16 000 « retweets » et 33 800 « likes ». Elle y complète un titre de RFI, qui omettait de préciser l’origine française du premier cas de coronavirus apparu au Sénégal. Les commentaires sous les vidéos YouTube et Facebook des télévisions françaises récoltent aussi leur lot d’attaques, comme cette réaction : « Toujours c’est la France qui nous ruine, de l’esclavage jusqu’au coronavirus. »
Plusieurs commentaires appellent aussi à « restreindre les vols de tous les pays touchés », voire à fermer les frontières, prenant l’exemple de l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola entre 2013-2016, où la mesure avait été appliquée en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Une mesure qui avait d’ailleurs démontré son efficacité.
« La France “coronise” le Sénégal ? »
Hors des réseaux sociaux, les journaux sénégalais ne sont pas en reste et affichent des « unes » critiques. « Un autre Français a merdé », titre Source A dans son édition du 4 mars. « La France “coronise” le Sénégal ? », ironise L’Evidence, le même jour, sous-titrant : « Traite négrière, colonisation économique, colonisation épidémiologique ? ».
Cette colère qui se propage charrie son cortège d’infox et de fausses informations. A l’instar du Nigeria, où un message circulait sur Facebook racontant l’histoire d’un chauffeur de taxi contaminé par un « homme blanc » et qui se serait ensuite enfui d’un hôpital, menaçant de propager le virus si les autorités ne lui versaient pas 100 millions de nairas (242 153 euros). Le gouvernement nigérian a réfuté l’information.
Ce qui n’a pas empêché une autre info farfelue de surgir. Concernant un prédicateur, David Kingleo Elijah, appelé ailleurs Elija Emeka Chibuke, de l’église du Mont Glorieux des Possibilités et qui serait parti en Chine « éradiquer prophéticalement » le virus avant de terminer à l’hôpital, infecté. Aujourd’hui, le Nigeria n’a qu’un seul cas déclaré, un ressortissant italien : 58 personnes qui furent en contact avec lui ont été placées en quarantaine. En conséquence, le Parlement a pris deux semaines de congés pour sa « sécurité ». La faiblesse du système de soins nigérian et la densité de population élevée accroissent les risques de contamination.
« Corona-panique »
Contre ces bourrasques de frayeur qui parcourent les réseaux sociaux du continent, quelques voix s’élèvent contre les dangers de la stigmatisation, comme celle du géologue sénégalais, Fary Ndao, très suivi sur Twitter.
« Nul besoin de stigmatiser des Français d’origine ou d’adoption porteurs du virus. Nous sommes tous des humains et les virus, avec leur période d’incubation, se moquent des frontières. Le sida a voyagé, la grippe a voyagé, Ebola a voyagé, le coronavirus voyagera. Accepterions-nous que les Français disent que tous les ressortissants de pays africains où le sida est fortement prévalent restent chez eux ? Non. On peut porter un virus sans le savoir et on peut en guérir ou en contrôler la transmission. On ne peut en empêcher le voyage. »
D’autres rappellent quelques faits afin d’apaiser la corona-panique. « Est-ce que je trouve ça alarmant ? Non (…). Il est normal que le virus se propage vite. Nous sommes encore en hiver en Afrique. Dans l’hémisphère Nord, on est plus confinés, donc plus exposés, avance Aïssatou Aïcha Sow, doctorante en virologie et immunologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) du Canada, très active sur la twittosphère sénégalaise. La majorité des cas critiques et des décès surviennent chez les personnes âgées, déjà malades (…). Ne tombons pas dans la psychose. Oui, on va tous mourir, mais NON, ça ne sera pas du Covid-19. »
LE PARTAGE DE L'AFRIQUE
On a longtemps dit que c’est lors de la conférence de Berlin que les Européens s’étaient partagé l’Afrique. Mais la vérité est plus complexe
On a longtemps dit que c’est lors de la conférence de Berlin que les Européens s’étaient partagé l’Afrique. Mais la vérité est plus complexe. Car la colonisation de l’Afrique par l’Occident est un long processus. Depuis le XVe siècle, les Européens installent des comptoirs commerciaux dans les zones côtières ou fluviales. C’est à partir de ces comptoirs que la traite négrière s’organise.
Vers la colonisation de l’Afrique
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les rivalités européennes s’exportent en Afrique. Après la défaite de Sedan, la France, amputée de l’Alsace-Lorraine, s’invente un destin impérial africain. Les deux métropoles, France et Grande-Bretagne, lancées dans leur révolution industrielle, ont besoin de graisses et d'huiles de toutes sortes, notamment pour faire fonctionner leurs réseaux ferrés. Ce sera l’arachide pour les Français et les noix de palme pour les Britanniques. C’est ce qu’on appelle le passage de la traite négrière à la traite « légitime ». Dans le même temps, mûrit en Europe l’idée de mission civilisatrice : le « fardeau de l’homme blanc ».
La conférence de Berlin pour éviter les conflits coloniaux
La période de conquête coloniale s’amorce. On l’appelle la « course aux clochers » : chaque nation européenne voulant posséder son bout du continent Africain. Dans ce contexte de tensions, le chancelier allemand Otto Von Bismarck décide d’organiser à Berlin une conférence le 15 novembre 1884. Celle-ci réunit les représentants de 14 pays : 12 pays européens, l’Empire ottoman et les États-Unis. Aucun acteur africain n’est présent. Un des objectifs de la conférence de Berlin était de fixer des règles d’occupation en Afrique entre les puissances conquérantes afin d’éviter des risques de collisions entre elles, aussi bien sur le plan militaire qu’économique et diplomatique. C’est ainsi que pour la première fois dans un traité international, apparait la notion de « sphère d’influence ». Contrairement à ce qui a longtemps été dit, la question de la délimitation des frontières de l’ensemble des territoires coloniaux n’y fut pas abordée.
Le découpage de l’Afrique : comment les frontières ont-elles été dessinée ?
En réalité, les frontières des territoires ont progressivement été tracées dans le cadre de négociations bi ou multilatérales, en dehors de la conférence de Berlin. C’est par exemple 5 ans plus tard, le 10 août 1889, qu’est créée la frontière de la colonie britannique de Gambie. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, cette frontière a été dessinée à main levée autour d’une table à Paris après plus de 20 ans de négociations.
La conférence de Berlin, si elle n’a pas « divisé » l’Afrique comme on peut le lire parfois, a ouvert en grand les portes de ce partage. L’absence d’acteurs africains à la table des négociations a fait de cette conférence le symbole du déséquilibre des relations internationales, et du partage du « gâteau africain ».
Réalisateur : Maxime Chappet
Nom de l'auteur : Caroline Roussy
Producteur : France Télévisions
Année de copyright : 2019
Année de production : 2019
LES CONFIDENCES D'"IBRAHIMA 10", DJIHADISTE AU SAHEL
En 2018, la justice française a entendu ce cadre du groupe Al-Mourabitoune, interpellé en 2016 suite à une série d’attentats en Afrique de l’Ouest. Il a livré un témoignage rare sur l’industrie de la misère qu’est devenu le djihad dans la région
Sur la Toile, il n’existe qu’une seule photo de lui. Un de ces clichés blafards d’interpellation pris à la va-vite, dos au mur, entre sueur et torpeur. Sur cette image, il apparaît le visage bouffi, le regard las, vêtu d’un tee-shirt sale. Son nom, Fawaz Ould Ahmed, ne dira sans doute rien aux néophytes. Pas sûr non plus qu’il évoque grand-chose aux spécialistes du contre-terrorisme hexagonal.
Mais les experts de la bande sahélo-saharienne (BSS) savent, eux, que l’arrestation au Mali de ce djihadiste mauritanien, il y a presque trois ans, fut une sacrée prise de guerre. Ils tiennent là untémoin rare – et fiable – de ce qu’est devenu, en quelques années, le djihadisme le long de cet immense arc de brousse et de sable reliant la Libye à l’Afrique de l’Ouest : une véritable « industrie de la misère ».
Au moins six groupes aux alliances mouvantes, forts d’environ 2 000 combattants, sont engagés dans une entreprise multiforme de déstabilisation de cette zone. Sur la carte du terrorisme mondial, le Sahel est la seule terre de djihad où Al-Qaida et l’organisation Etat islamique (EI) sont alliées face à un ennemi commun, en l’occurrence les forces militaires françaises et africaines réunies sous les bannières de l’opération « Barkhane » et du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).
Or,à 40 ans, « Ibrahim 10 » est un vétéran de cette guerre-là, un habitué du combat en zone désertique. C’est surtout un ex-haut cadre de l’organisation Al-Mourabitoune, un groupuscule actuellement replié sur le plateau de Timétrine, dans le nord-est du Mali, où sa centaine de combattants vivotent dans des campements de trois ou quatre véhicules, en adoptant les codes nomades pour ne pas se faire repérer.
Al-Mourabitoune a beau être sur le déclin, il demeure un des bras armés d’AQMI, déclinaison locale de sa maison mère. Fin 2016, ses membres ont encore enlevé Sophie Pétronin, dernière otage française détenue dans le monde. Une partie du groupuscule est par ailleurs exilée en Libye, où elle garde la mainmise sur les routes du trafic d’armes.
Une vie entre famille, désert et djihad
La particularité d’« Ibrahim 10 » est de s’être montré très prolixe, lors des interrogatoires menés par la police malienne, à Bamako, sur son expérience personnelle dans le milieu du terrorisme. Des confidences d’autant plus précieuses qu’elles racontent en creux une vie improbable entre désert, famille et djihad international, une sorte de terrorisme à mi-temps, se jouant de la porosité des frontières africaines, et partiellement motivé par l’appât du gain.
Officiellement, Fawaz Ould Ahmed était commerçant. Il était marié, père d’un enfant, et passait beaucoup de temps sur les routes, en déplacement professionnel. Personne ne se méfiait de cet homme à la carrure empâtée et aux faux airs ballots.
« Ma femme [de nationalité ivoirienne] ne connaissait pas mes activités », a-t-il confessé devant les enquêteurs. Ceux-ci sont remontés à lui au détour d’une vague d’interpellations, un mois après l’attentat de la plage de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, le 13 mars 2016.
Ce jour-là, trois jeunes assaillants armés de kalachnikovs et de grenades ouvrent le feu, en plein après-midi, au milieu des transats, des palmiers et des paillotes. Bilan : vingt-deux morts, dont quatre expatriés français âgés de 53 à 78 ans. Parmi eux, un ingénieur en fibre optique, un ancien militaire et un ex-nageur de combat. Comme les victimes ivoiriennes, ils n’ont rien vu venir.
Ce carnage a marqué un tournant dans un pays jusque-là épargné par le terrorisme. Mais depuis, comme souvent lors d’attentats en Afrique, les noms de Jean Charpentier, Jean-Pierre Arnaud, Franck Hamel et Frédéric Lambert se sont perdus dans une enquête sans issue en raison des moyens dérisoires de la police et de la justice locales.
« Ibrahim 10 », lui, a été entendu par la justice française début 2018, dans le cadre d’une procédure connexe : un attentat datant de mars 2015, contre un restaurant de Bamako – La Terrasse – ayant fait six morts, dont un Français de 31 ans, Fabien Guyomard. Les liens entre les deux opérations terroristes sont apparus si étroits aux enquêteurs que le témoignage d’« Ibrahim 10 » – plus de quatre-vingts pages que Le Monde a pu consulter – a fini par être versé récemmentau dossier de Grand-Bassam.
L’attaque de la plage ivoirienne a été revendiquée par AQMI, mais c’est à sa filiale Al-Mourabitoune qu’en a été attribuée la mise en œuvre. L’organisation a aussi revendiqué l’attentat de La Terrasse. Or, on sait désormais qu’« Ibrahim 10 » a été, de 2007 à 2016, très proche du fondateur d’Al-Mourabitoune, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, un terroriste considéré comme l’un des premiers importateurs du djihadisme en Afrique, le « père » de nombreuses méthodes de terreur désormais déployées à grande échelle. Au fil du temps, le si tranquille commerçant mauritanien est devenu un des principaux adjoints de ce vétéran d’Afghanistan, né en 1972, connu pour son visage émacié à l’œil borgne.
La stratégie d’Al-Mourabitoune ? « Viser les Blancs », comme l’a avoué sans ambages « Ibrahim 10 », mais aussi s’en prendre à tous les Etats africains accusés d’apporter leur soutien à la France dans la guerre menée au Mali depuis 2014 contre la mouvance djihadiste.
Spécialité du groupe terroriste : « Frapper systématiquement le cœur du pays » (capitales, intérêts économiques) et s’attaquer aux lieux fréquentés par les touristes ou les Occidentaux. « Sachant que les plus grandes communautés d’expatriés français en Afrique se trouvent en Afrique de l’Ouest, Mokhtar Belmokhtar est quasiment sûr de tuer un ou plusieurs Français lors de ses attaques », résumait, en 2016, une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Rencontre déterminante avec « le Vieux »
Fawaz Ould Ahmed n’a pas toujours été « Ibrahim 10 ». Avant de devenir terroriste, ce fils de commerçant n’a longtemps été, comme beaucoup, qu’un jeune isolé en quête de sens.Il a 20 ans quand il commence à s’intéresser à la religion. En 1999, il travaille au Maroc après avoir quitté le sable pauvre de Nouakchott, la capitale mauritanienne. « Je ne fréquentais pas les endroits où il pouvait y avoir du vin ou des paroles malsaines », dit-il.
Sa radicalisation démarre après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. « J’ai commencé à me renseigner (…) pour savoir si Dieu nous ordonnait cela. » Reprochant au Maroc de devenir « trop moderne », il rentre en Mauritanie en 2004. Alors que la guerre fait rage en Irak, il est aussi séduit un temps par l’idée de partir combattre les Américains.
L’envie définitive de s’engager dans le combat armé lui vient en 2007, à la suite de sa rencontre, par l’intermédiaire d’un compatriote, avec l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. « Le Vieux », comme il l’appelle, est alors installé dans le désert, au Mali voisin, près de Tombouctou. Il dirige une petite katiba (« bataillon »), baptisée « Al-Moulathamine » (« les enturbannés »), mais jouit déjà d’une forte aura.
Depuis toujours, il est un de ceux qui maîtrisent le mieux le nerf du combat djihadiste : l’argent. C’est grâce à ses talents de contrebandier et au prélèvement de droits de passage sur divers trafics (armes, haschisch, migrants) qu’il a bâti sa réputation. D’abord fournisseur d’armes pour le Groupe islamique armé en Algérie, il est, à partir du milieu des années 2000, le grand financeur de la montée en puissance d’AQMI.
Fawaz Ould Ahmed, bientôt surnommé « Ibrahim 10 », y trouve son compte. La rudesse des entraînements et le quotidien de simple combattant dans le désert sont, en réalité, presque plus enviables que la vie de travailleur noir émigré au Maghreb. Sa première opération sera l’attaque d’un convoi des douanes mauritaniennes chargé de 100 000 euros. « C’est de là que je me suis fait remarquer », raconte-t-il. Mais le cœur de métier de son chef, Mokhtar Belmokhtar, ce sont les prises d’otages. « Ibrahim 10 » commencera avec deux diplomates canadiens, au Niger, en décembre 2008. Il a alors 30 ans et raconte aux enquêteurs : « “Le Vieux” m’a fait savoir qu’il voulait m’envoyer (…). J’ai dit que j’étais prêt. »
Le jeune fidèle devient rapidement un logisticien hors pair. Il apprend à éviter les « coupeurs de route », cesbandes armées spécialisées dans les agressions d’automobilistes,découvre comment échapper aux pannes de carburant en se faisant jeter discrètement des bidons sur les talus, via un savant réseau de relais locaux prévenus par textos. Il s’enhardit aussi en conduite : « Il ne fallait jamais passer deux fois au même endroit et où les traces de pneu pouvaient rester longtemps », se souvient-il.
Pour le reste, « le Vieux » se charge de tout. La nourriture vient de Gao, au Mali, ou d’Algérie. Les réserves permettent de tenir un mois à chaque fois. Les véhicules eux, sont « toujours neufs, à essence et couleur sable »,achetés en Algérie, au Niger, en Libye, voire à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Les motos sont chinoises.
Négociateur avec le Burkina Faso
Mokhtar Belmokhtar donne alors à ses troupes des consignes strictes en matière d’enlèvement : « Ne jamais ramener un Français. » Les raisons sont géopolitiques. A cette époque, le chef terroriste bénéficie de la protection implicite du Mali. Ce pays est sa base, pas son terrain de combat. Hors de question, dans ces conditions, de toucher à ce sanctuaire, « pour ne pas gêner “ATT” », autrement dit le président malien, Amadou Toumani Touré. Ce dernier, protégé par Paris, règne en maître sur son pays depuis 2002. C’est sa chute, en 2012, lors d’un coup d’Etat, qui fera plonger le Mali dans le gigantesque champ de bataille actuel.
Un autre pays de la région, le Burkina Faso, tente aussi de s’épargner les foudres djihadistes en jouant les intermédiaires dans les libérations d’otages de toutes les nationalités.
Cette fois encore, « Ibrahim 10 » est aux premières loges. En ces années 2008-2009, « le Vieux » l’a fait monter en grade et désigné comme émissaire pour ce qu’il appelle « le va-et-vient » avec les Burkinabés. Les tractations en vue de la libération d’otages se font surtout avec Moustapha Chafi, conseiller de l’ombre du président Blaise Compaoré, un autre leader africain ayant dirigé son pays d’une main de fer de 1987 à 2014, avant d’être renversé par un soulèvement populaire. « Un pacte avait été signé avec le Burkina. Mais c’était un pacte temporaire… », explique l’ex cadre d’Al-Mourabitoune. Depuis, le pays a basculé à son tour dans l’enfer terroriste.
Pas peu fier, le djihadiste détaille devant les enquêteurs les coulisses de ces négociations au parfum de jeu dangereux. Il décrit ses voyages les poches pleines d’argent – jusqu’à « 5 millions d’euros » pour une otage espagnole –, raconte également ses allers-retours en hélicoptère, financés par les autorités de Ouagadougou, quand les pluies diluviennes rendaient les routes impraticables.
Il décrit les transferts de « frères » libérés discrètement de prison quand le troc ne se faisait pas en monnaie sonnante et trébuchante. Il ne boude pas non plus son plaisir lorsque, gracieusement hébergé dans la capitale burkinabée, il peut en toute tranquillité faire les achats nécessaires au maquis : caméra, ordinateur, carte mémoire… Entre deux opérations, il n’avait, selon lui, que deux consignes : « Faire les prières » et « changer souvent de position ».
Echec lors d’un enlèvement
La clémence vis-à-vis des Français prend fin en janvier 2011, avec l’enlèvement d’Antoine de Leocour et Vincent Delory, au Niger. « Ibrahim 10 » est initialement chargé de négocier la libération de cet ingénieur et de cet humanitaire, tous deux âgés de 25 ans. « Avec Nicolas Sarkozy au pouvoir », « le Vieux » était « sûr de pouvoir faire libérer des frères » en échange, dit-il. Mais le rapt tourne au drame alors que l’armée française prend le convoi en chasse. Les deux Français sont tués dans l’embuscade : l’un par balle, par les djihadistes ; l’autre dans des circonstances plus troubles. Son corps est retrouvé calciné dans le véhicule.
Depuis le début, sa famille est convaincue qu’une bavure a été commise par l’armée. Les documents sur cette opération n’ont jamais été déclassifiés. Dans son audition, le terroriste mauritanien livre sa version des faits. Selon lui, il y aurait d’abord eu un accrochage avec les forces nigériennes. Deux djihadistes auraient ensuite été tués par les militaires français. Puis « les Français ont lancé un missile sur la voiture qui a tué un des otages ». Un des « frères » aurait alors « tué l’autre otage, car l’opération avait foiré ».« Avec cette affaire, “le Vieux” m’a dit qu’il ne m’enverrait plus faire des opérations »…
Sa mise au ban dure peu de temps. Lorsque les équilibres djihadistes sont chamboulés par la chute du régime malien, en 2012, il est de nouveau missionné tous azimuts. C’est à peine s’il a le temps d’effectuer un aller-retour à Abidjan pour la naissance de son fils, un heureux événement que son organisation récompense par 1 500 euros.
Pour Mokhtar Belmokhtar, le temps presse ; il entend bien profiter de l’instabilité ambiante au Mali pour s’imposer. Depuis la fin de 2011, AQMI l’a mis à l’écart en raison de divergences internes. Il tente donc un coup d’éclat pour s’attirer encore les grâces de l’organisation terroriste : ce sera la prise d’otages du site gazier d’In Amenas, en Algérie (quarante morts), en janvier 2013.
A en croire « Ibrahim 10 », un « bédouin » ayant livré des renseignements utiles aurait touché « 200 000 euros » pour l’opération.
« Ses petits » vont au front
En août 2013, Mokhtar Belmokhtar rebaptise son groupe Al-Mourabitoune (« les Almoravides »), en référence à la dynastie berbère ayant conquis l’Espagne aux XIe et XIIe siècles. Et tant pis si les rêves de grandeur sont écourtés par l’opération militaire française « Serval », lancée quelques mois plus tôt, contraignant rapidement les troupes à se « disperser ». « Ibrahim 10 » évoque un retour temporaire à la clandestinité et aux affres de la vie précaire : isolement, crises de paludisme. « Une fois, j’ai fait douze heures de coma », raconte-t-il. Le terroriste est arrêté peu après par la Direction de la surveillance du territoire ivoirienne pour détention d’armes. Mais, très coopératif, il est libéré sans procès après dix mois de détention…
Al-Mourabitoune va alors se refaire depuis la Libye, où « le Vieux » a trouvé refuge. De cette base arrière, le groupe est moins dans le viseur de l’opération « Barkhane » (relais de « Serval » , en août 2014). La priorité des militaires français est une autre franchise d’AQMI, Ansar Eddine, qui s’est lancée dans une conquête territoriale du Mali.
Dès lors, Al-Mourabitoune va développer une nouvelle spécialité : les attaques « longue distance » avec des assaillants très jeunes – de 16 à 20 ans –, peu entraînés et recrutés moins sur des fondements religieux qu’en raison de leur besoinde revanche ethnique ou sociale. La première attaque de ce type sera l’attentat contre La Terrasse, à Bamako, en 2015, dont « Ibrahim 10 » a reconnu être l’auteur.
C’est la dernière fois que le djihadiste prend lui-même les armes. Dorénavant, ce sont ses « petits », comme il appelle ses jeunes recrues, qui iront au front. Pour l’attaque de Grand- Bassam, le commando est composé de deux jeunes Peuls et d’un Songhaï du Mali. Des gamins dont les photos diffusées par AQMI sur Twitter, lors de la revendication, montrent les visages juvéniles et les uniformes militaires trop grands pour eux. Un mois plus tard, « Ibrahim 10 » est arrêté avec deux autres garçons de 17 ans qui lui servaient de petites mains : des pêcheurs maliens illettrés, brièvement passés par une école coranique. Interrogés sur leurs motivations, ils décrivent maladroitement un mélange d’appât du gain et de sentiment d’obligé, avant de signer leurs procès-verbaux d’une simple croix.
L’appât du gain
Le premier confie avoir été démarché lors d’un « mariage » par un « émir » d’Al-Mourabitoune. « J’ai demandé si cette opportunité pouvait me procurer de l’argent. Il m’a répondu par l’affirmative. » A l’insu de ses parents, le garçon part alors pour un camp d’entraînement dans la brousse. Il est formé au maniement des kalachnikovs, des lance-roquettes et des mitrailleuses en compagnie d’une vingtaine d’autres jeunes. Sur place, il est heureux de constater que son chef a les moyens « d’acheter des bœufs et des moutons » pour les repas. Une fois le séjour achevé, il se voit gratifié « d’argent de poche » avant de rentrer au village : 125 000 francs CFA, soit 190 euros. Une somme inespérée.
Le second explique pour sa part avoir rallié Al-Mourabitoune « car il ne restait plus un jeune de [son] âge au village ». « Ils avaient tous rejoint le Mujao [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest] », détaille-t-il. Les deux groupes terroristes fusionnent effectivement à cette époque. « Nous sommes pêcheurs, et comme on ne gagnait pas assez notre vie, nous les avons suivis pour l’argent que nous promettaient ceux qui nous recrutaient », ajoute-t-il.
La récompense de son engagement sera une Mobylette. Avec elle, il est rapidement chargé de diverses missions à travers le Mali : là chercher des armes, ici louer une cache, là encore repérer une cible. Mais il n’est jamais averti des tenants et aboutissants de toutes ses opérations.
Les liasses de billets qu’il est amené à brasser pour cette logistique l’impressionnent. Une fois, il est récompensé par 50 000 francs CFA pour « s’acheter ce qu’il veut ». Une autre, il reçoit 200 000 francs CFA pour « aller se marier ». Mais lorsqu’il ose, un jour, décliner une mission, craignant des difficultés, il se voit accusé de « ne pas vouloir travailler ». Des méthodes dont « Ibrahim 10 » ne rougit pas. Même les kamikazes recevaient de l’argent, assure-t-il, bravache : « Au cas où ils s’en sortent, c’est le règlement. » Ainsi, pour l’attaque de l’Hôtel Radisson Blu, à Bamako, en novembre 2015 (vingt-deux morts), les enquêteurs ont retrouvé entre 300 et 600 euros sur le corps de chacun des assaillants. Le « succès » de cette attaque permettra à Mokhtar Belmokhtar d’être nommé chef des opérations extérieures d’AQMI.
Dans cette guerre mouvante, l’argent coule à flots, mais la comptabilité se veut minutieuse. D’après « Ibrahim 10 », les chefs de cellule devaient rendre compte « tous les six mois » de l’état des finances. « Je notais toujours mes dépenses » quelque part, explique-t-il.
Lorsqu’il revient de sa dernière visite au « Vieux », en 2014, à Derna, en Libye, les bras chargés de « cadeaux », il dispose par exemple d’une liste précise des bénéficiaires. Sont en jeu des montres, des habits, des sandales en cuir, des GPS et un iPad. Idem pour les armes, dont le djihadiste rentre doté à cette occasion : des mines, des pains de TNT et des télécommandes. Ces explosifs serviront notamment, selon lui, le 14 juillet 2014, à faire exploser une voiture contre un convoi militaire français au Mali.
Des recrues sur « liste d’attente »
De façon générale, l’industrie djihadiste est facilitée par la faiblesse des contrôles étatiques et administratifs. A entendre « Ibrahim 10 », « moins de deux heures » suffisent pour obtenir de faux documents. Il n’y a aucune pièce à produire, si ce n’est le nom et la taille souhaités. Le tout pour seulement 15 000 FCFA (22 euros).
Le transport d’armes ne nécessite pas non plus de stratagèmes compliqués : « Il suffit d’arriver le premier à la gare routière pour se faire enregistrer. Comme ça la valise se trouve tout au fond avec des dizaines de bagages dessus. » Au fond, c’est avec les moyens de communication qu’il convient de respecter des précautions draconiennes. Ainsi, la haute hiérarchie d’Al-Mourabitoune n’échange que par l’intermédiaire d’individus de confiance, sorte de messagers « à l’ancienne ».
Dans ce contexte, la quête de nouvelles cibles est incessante. A peine une attaque est-elle revendiquée qu’« Ibrahim 10 » est en recherche d’autres objectifs. Certes, ses troupes sont limitées en nombre, mais le vivier des recrues potentielles est inépuisable, au point, dit-il d’établir des « listes d’attente ».
Le contexte social y est pour beaucoup. Chez les minorités ethniques, l’instrumentalisation du ressentiment vis-à-vis des Etats centraux joue à plein. Chez d’autres, c’est la rancœur contre les dégâts collatéraux des opérations militaires. Pour une attaque menée contre l’Hôtel Byblos, à Sévaré, au Mali, en août 2015 (vingt-deux morts), « Ibrahim 10 » raconte s’être vu « donner » un père dont le fils de 6 ans avait « été tué dans un raid » de « Barkhane » ciblant Al-Mourabitoune. L’homme mourra dans l’opération deux jours après son recrutement.
Ce terrorisme débridé bute parfois sur la revendication des attentats. Face à la multitude de groupes en activité, difficile de s’assurer de la paternité de toutes les actions. « Ibrahim 10 » en fait l’expérience en mars 2016, lors d’une attaque contre le quartier général d’une mission de l’Union européenne, à Bamako. L’assaillant, un jeune Peul malien choisi par ses soins, part à l’assaut précipitamment avant même qu’une photo de lui n’ait pu être prise. Faute d’éléments attestant de son identité, l’attaque – dont le kamikaze est la seule victime – ne sera pas revendiquée : l’agence de propagande d’Al-Mourabitoune, basée en Mauritanie, « n’avait pas assez d’éléments », regrette le terroriste.
C’est d’ailleurs à une « erreur » commise lors de cette dernière opération qu’il pense devoir son arrestation. Un de ses « petits » aurait semble-t-il oublié de se débarrasser d’un téléphone ayant déjà servi, et repéré des services de renseignement… S’il avait eu une grenade sur lui, le djihadiste endurci – toujours en détention provisoire, à l’heure actuelle, au Mali – assure qu’il se serait suicidé : « Mais j’ai compris que c’était fini. J’ai rendu grâce à Dieu en lui demandant de me montrer la voie. » Au policier qui le questionne sur d’éventuels remords, vis-à-vis des quarante et un morts à son actif, il répond aussi, tranchant : « Je ne regrette absolument pas mes actes. Je l’ai fait pour Dieu. » Mokhtar Belmokhtar, lui, aurait été tué en novembre 2016, dans une frappe en Libye.
Cet article date de février 2019.
par Ibrahima Silla
QU’EST-CE QU’UN MANDAT ?
Dire que le président en est à son 1er mandat revient à considérer qu’il vient d’être élu pour la première fois en 2019. Si tel était le cas, que faisait-il alors depuis 2012 au palais de la république réservé au chef de l’État ?
Si l’on veut espérer clore le débat sur la possibilité d’un 3ème mandat qui est en réalité un débat sur l’éventualité d’une 3ème candidature, il nous faudrait d’abord préciser ce qu’il faut entendre par mandat et tout ce qu’il implique en termes de légalité, de légitimité, de pouvoir politique, d’autorité et de privilèges. Car candidature se confond souvent en politique africaine avec mandat, même s’il y a certaines exceptions qui montrent bien que la garantie de succès électoral n’est pas toujours assurée au détenteur du pouvoir qui compte, par la manipulation de la Constitution et des règles du jeu politique ou électoral, conserver le pouvoir. Mais ici en l’occurrence, le simple fait d’oser envisager subtilement ou par personnes interposées une candidature n’est pas fondamentalement le plus problématique. Le plus grave, c’est ce qu’on pourrait appeler la politique du flou.
L’article 27 de la Constitution du Sénégal est pourtant clair et écarte toute polémique quand il précise : « Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs ». Si le 1er mandat n’était pas un mandat, alors qu’est-ce que c’est qu’un mandat ? Le 1er mandat est-il oui ou non un mandat ?
Soyons donc clair et précis sans détour, en nous préservant de toutes tentatives d’entourloupettes : un mandat c’est une mission conférée par voie électorale. Certains mandats sont dits législatifs, d’autres parlementaires, présidentiels ou municipaux. Cette précision nous conduit à un certain nombre d’interrogations :
De quand date la première mission présidentielle (mandat) conférée par le peuple Sénégalais au chef de l’Etat ? de 2012 ou de 2019 ?
Dire que le président de la République en est à son 1er mandat revient à considérer qu’il vient d’être élu pour la 1ère fois en 2019. Alors si tel était le cas, que faisait-il alors depuis 2012 au palais de la république réservé au chef de l’État ? A ce que je sache, le palais n’est pas et ne ressemble pas à un squat, une station balnéaire ou un motel. Quoi que …
S’il n’en est qu’à son 1er mandat, alors entre 2012 et 2019, au nom de quelle légitimité ou de quel principe démocratique, politique, culturel, touristique ou autre a-t-il pu occuper, exercer, jouir et se réjouir des fonctions de président ?
S’il n’en est qu’à son 1er mandat, le Sénégal était-il dirigé par un président sans mandat et donc sans légitimité, pour ne pas dire dans la clandestinité, depuis 2012 ?
Si le 1er mandat n’était pas un mandat, pourquoi avoir prêté serment devant le Conseil Constitutionnel, après avoir célébré sa victoire devant des homologues étrangers qui ne l’auraient pas autrement accepté dans ce club fermé des chefs d’État ?
Si le 1er mandat n’était pas un mandat, pourquoi avoir formé un gouvernement pendant tout ce temps et dirigé des conseils de ministres ?
Si le 1er mandat n’est pas un mandat, pourquoi avoir touché de 2012 à 2019 un salaire de président ?
Quelqu’un qui a voulu verrouiller et consolider la démocratie au Sénégal, peut-il vouloir un seul instant passer plus de temps au pouvoir que son prédécesseur dont il contestait toute possibilité de candidater après 12 années passées au pouvoir ?
En 2024, il sera tout comme lui à la fin d’un cycle de 12 ans au sommet du pouvoir. Un jour de plus serait un jour de trop. Et ce trop, ce n’est pas rien dans un pays où le peuple se tait quand il faut crier et crie quand il faut se taire. Peuple déroutant qui pourrait surprendre une fois de plus tout le monde en préférant la rue avant les urnes pour déjouer les mauvaises tours politiciennes. A méditer pendant qu’il est encore temps.
LES MINISTRES ASSOME AMINATA DIATTA ET ZAHRA IYANE THIAM FONT L’ETAT DES LIEUX
Occupant des ministères stratégiques pour l’autonomisation des femmes, Aminata Assome Diatta (Commerce et Pme) et Zahra Iyane Thiam (Microfinance) font le point sur les avancées et les défis relatifs
Occupant des ministères stratégiques pour l’autonomisation des femmes, Aminata Assome Diatta (Commerce et Pme) et Zahra Iyane Thiam (Microfinance) font le point sur les avancées et les défis relatifs à l’autonomisation des femmes aux Sénégal. Elles se sont prêtées à ce jeu en prélude à la célébration de la journée mondiale de la femme prévue ce 8 Mars.
L’As : Comment appréciez-vous l’évolution de la lutte pour le respect des droits des femmes ?
AMINATA ASOMME DIATTA ministre du Commerce et des Pme :
«Pour parler de l’émergence des femmes, il faut remonter à 10 ans avec les différentes lois votées pour donner à la femme plus de prérogatives sur le plan politique mais aussi sur différents aspects. Mais parler de la femme, c’est parler aussi du rôle de la femme dans la société sénégalaise. Je crois que demain, nous allons fêter (aujourd’hui) le bicentenaire des femmes de Nder. Des femmes qui se sont illustrées par leur courage, leur abnégation, leur sens de l’honneur et leur sens de la dignité. Je pense donc que les femmes sénégalaises se sont toujours illustrées. C’est peut-être du point de vue politique tel qu’on le fait aujourd’hui que nous voulons plus de place pour les femmes. Et avec les différentes lois, elles sont en train de gravir des échelons, d’autant qu’il y a de cela quelques années, les femmes ministres, c’était très rare. Les femmes leaders aussi. Mais nous avons noté en 2019 qu’il y avait des femmes qui avaient des prétentions présidentielles. C’est vraiment une nouvelle dynamique qui est en train de se dégager. Maintenant, ce qu’il faut retenir, c’est que les changements ne se font pas d’un coup mais de façon progressive. Par ailleurs, les femmes oublient souvent qu’elles sont fortes mais par notre éducation, elles sont habituées à taire leurs ambitions au profit des hommes. Et aujourd’hui, nous sommes en train de changer. Heureusement dans notre histoire, nous pouvons quand même nous référer à des personnes comme Aline Sitoé Diatta. Et c’est à nous de nous réapproprier notre personnalité, notre pouvoir de persuasion et notre force. Aujourd’hui, toutes les femmes sont, soit dans des mouvements de promotion féminine, soit dans des groupements d’intérêt économique. En réalité, le pays est en avance pour la promotion des femmes. Quand on entend le concept de parité, c’est en réalité un concept importé. Parce que je prends par exemple l’ethnie diola dont je fait partie, c’est un concept que nous avons depuis toujours car dans cette ethnie, aussi bien les hommes que les femmes, chacun a sa partition à jouer pour la bonne marche de la société. Il n’est pas dit qu’on a forcément les mêmes rôles, mais il n’est pas dit aussi que tel rôle est strictement réservé à telle ou telle personne. De tout temps, les femmes jouent un rôle. Si nous revisitons bien nos traditions, nous nous rendons compte que la femme a toujours occupé une place importante même si avec la colonisation et certaines idées reçues, on peut finalement oublier ce que nous étions »
ZAHRA IYANE THIAM, ministre de la Microfinance
«La place des femmes est centrale. Elle est centrale d’abord parce que nous constituons vraiment une masse dans la composante même de notre population avec un peu plus de la moitié. Mais également, la place de la femme est importante parce qu’elle s’active plus dans le secteur informel et nous savons que le secteur informel est un secteur très important au Sénégal. Et donc, juste pour ces deux éléments-là, il faut renforcer les capacités de cette couche pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. Mais au-delà, c’est elle qui gère la famille et la famille, c’est la première cellule dans laquelle tout commence. Donc, c’est dire que l’importance de la femme ne se discute plus mais sa place peut être améliorée. Nous avons quelques textes qui encadrent cela comme la loi sur la parité. Nous avons également d’autres textes qui vont dans le sens de protéger les femmes à l’image de la loi criminalisant le viol. En contrepartie également, il faut que des journées comme celles du 8 mars soient un moment pour les femmes de faire des diagnostics et des perspectives : regarder d’où nous venons et où est-ce que nous allons, sur la base de possibilités de l’heure.
Comme vous appréciez l’autonomisation des femmes au Sénégal ?
Aminata Assome Diatta
«L’Etat a mis en place beaucoup de choses pour l’autonomisation des femmes. Et l’outil le plus récent, c’est la DER qui est là pour financer l’activité économique des femmes. Il y a beaucoup d’initiatives qui sont prises mais en plus, le président de la République a pu permettre à la femme rurale de jouer un rôle crucial en allégeant ses travaux. Puisqu’on sait que la dureté des travaux dans les campagnes a conduit souvent les filles à abandonner l’école pour aider leurs mères dans ses travaux. C’est pourquoi le PUDC a permis de doter beaucoup de villages de machines, d’infrastructures, de forages et ça a permis aux femmes rurales d’avoir beaucoup plus de temps libre pour pouvoir se consacrer à des activités économiques pour que le bien-être de la famille soit assuré. Nous avons fait beaucoup de progrès en termes d’autonomisation des femmes. Maintenant, il appartient aux femmes d’être véritablement conscientes de toutes ces opportunités et également tous les mécanismes qui sont mis en place pour elles. Jusqu’à présent, elles saisissent les opportunités mais assez faiblement. C’est pourquoi il est intéressant de les capaciter car souvent, elles ne vont pas vers l’information, surtout les femmes rurales. C’est pourquoi dans mon département, nous avons lancé un projet qui va permettre de mettre à la disposition de ces femmes des jeunes qui sont diplômés pour qu’ils puissent les capaciter. Certes il y a des dispositifs d’accompagnement avec l’ADPME mais c’est un accompagnement un peu lointain et il faut que la femme vienne demander cet accompagnement. Alors que pour ces jeunes, ils vont vers ces femmes pour un accompagnement technique. Le commerce international est aussi une activité qui est propice aux femmes mais il faut une meilleure organisation. La politique de l’Etat, c’est l’accès au financement car on s’est rendu compte que pour accéder aux financements, c’était très difficile. Avant de parler de commerce international, il faut parler déjà de l’accès aux financements, mais aussi des produits de qualité puisque pour pouvoir exporter, il faut au préalable pouvoir présenter sur le marché international qui est très exigeant des produits de qualité. Mais pour importer aussi des produits, il faudrait connaître le marché et cette disponibilité de l’information fait défaut».
Zahra Iyane Thiam :
«Aujourd’hui, nous avons une deuxième mandature placée sous le sceau des accès universels, de l’inclusion économique et sociale, et de l’employabilité. Donc c’est dire que nous avons un environnement favorable à un meilleur épanouissement des femmes. Nous devons donc saisir toutes les opportunités que nous offre le contexte du moment, mais également toutes les opportunités que l’Etat offre aux femmes en termes de promotion, en termes d’épanouissement et en termes de bien-être. La Journée de la femme est une journée solennelle mais toutes les journées doivent être dédies aux femmes. Parce que tous les jours doivent être des occasions d’introspection, de diagnostic pour mieux avancer. Le 8 mars, c’est la symbolique mais le plus important, c’est la réflexion, le partage. Ça peut se faire sous d’autres formes mais le plus important, c’est qu’il y ait les avancées que nous avons notées. D’abord, tout ce qui est fait comme allègement des travaux des femmes. Tout ce que nous voyons en termes d’avancées positives dans les politiques publiques, la réglementation qui devient plus coercitive pour protéger les femmes, les programmes qui sont dédiés aux femmes pour renforcer leurs capacités et asseoir leurs compétences et leur permettre de s’épanouir. Mais aussi dans la perspective que nous pouvons avoir comme les questions qui tournent autour de l’autorité parentale, l’accès au foncier. Il y a plusieurs questions qui sont débattues et nous échangeons pour trouver des solutions».