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4 mai 2025
C’EST LA GALERE DANS LES REGIONS
A Sédhiou, Kaolack, Kaffrine…, on est en pleine canicule au moment où les musulmans observent le jeûne. Les uns en souffrent et font recours à des astuces. Les autres, pour qui c’est une aubaine, en profitent.
« Garage Nioro », à la sortie septentrionale de la ville de Kaolack, les rabatteurs rivalisent d’ardeur pour canaliser le flot de voyageurs. On est en pleine canicule. Tout incident prend une ampleur insoupçonnée. «Je suis dans cette gare routière depuis plus de 40 ans, mais je n’ai jamais vécu un mois de ramadan avec une telle canicule», renseigne le vieux Abdoulaye Wade, un des responsables de la gare routière.
La chaleur est accablante à Kaolack. Il y a des pointes de chaleur les mois de mars et de mai avec respectivement 46,5 et 45,5 degrés. Ainsi, chacun y va de son astuce pour ne pas en pâtir. Pour les plus jeunes, c’est la ruée vers la plage de Koundam sur les rives du Saloum. Avec des tentes rudimentaires, ils viennent s’y réfugier entre deux baignades dans le bras de mer. Les plus âgés s’y prennent avec philosophie. «Le jeûne est un des piliers de l’islam, nous devons y souscrire sans rouspéter», soutient Ibrahima Samb, un commerçant. La canicule fait l’affaire des vendeurs de glace.
En effet, tout un commerce saisonnier s’organise autour de ce produit indispensable en période de ramadan dans la commune de Kaolack et son hinterland. Postés aux endroits stratégiques des gares routières, ces vendeurs augmentent leurs marges de manière substantielle avec la montée des températures. «Ceux qui nous fournissent la glace augmentent sensiblement le prix du sachet qui passe de 100 à 200 FCFA voire 250 FCFA. Nous sommes obligés de les céder entre 250 et 300 FCFA. C’est la loi du marché», assure Fatou Ndao. Ces vendeurs prient pour que le temps continue de jouer le jeu.
EPILOGUE D’UNE MACHINATION POLITIQUE ?
Selon nos sources, le Président Macky Sall, juste avant de s’envoler pour Paris, a pris fait et cause pour le ministre Abdoulaye Daouda Diallo. Il a tout simplement sabré Lat Diop.
Barka Isma BA (Vox Populi) |
Publication 16/05/2019
Dans notre édition du 25 avril dernier, nous écrivions que Lat Diop, un des responsables «apéristes» les plus en vue dans le département de Guédiawaye, devait surveiller ses arrières, après que le nouveau ministre des Finances et du Budget, a, le 23 avril dernier, envoyé une lettre aux institutions bancaires de la place avec comme objet : «Situation des comptes bancaires ouverts par le DCFE (ndlr : Directeur de la Coopération et des Financements extérieurs) dans vos livres».
Le ministre leur demandait en même temps de lui «préciser les soldes de chaque compte bancaire, à la date de réception de la présente lettre». Mais également de suspendre «tous les mouvements relatifs à ces comptes, jusqu’à la confirmation ou la désignation des nouveaux signataires habilités par (ses) soins». Et l’on se posait les questions de savoir : A quoi doit s’attendre le responsable de l’APR à Guédiawaye .
Sera-t-il victime d’une machination politique à cause de sa liberté de ton ou non ? Selon nos sources, le Président Macky Sall, juste avant de s’envoler pour Paris, a pris fait et cause pour le ministre Abdoulaye Daouda Diallo. Il a tout simplement sabré Lat Diop et en lieu et place de la Direction de la Coopération et des Financements extérieurs, il a créé une nouvelle structure : la Direction de l’ordonnancement des dépenses publiques placée sous la tutelle du ministre des Finances et du Budget. Lat Diop paye-t-il ainsi son opposition à Aliou Sall, frère du président de la République, avec qui il n’est pas en odeur de sainteté ?
Est-il victime d’un délit d’ambition (sa candidature à la mairie de Guédiawaye est de plus en plus agitée) ? Tout porterait à le croire. Le silence bavard de Lat Diop En effet, au vu du travail qu’il a abattu lors de la dernière campagne électorale pour la Présidentielle, dans le département de Guédiawaye, mais également dans d’autres localités, comme la ville sainte de Touba, où il a même tenu un meeting, beaucoup d’observateurs de la scène politique s’attendaient même à le voir figurer dans l’attelage gouvernement ou à défaut être considérablement renforcé dans ses attributions. Joint par téléphone, l’ancien leader du défunt Front pour l’émergence et la prospérité (FEP) n’a pas souhaité s’exprimer sur la question. Un silence très bavard pour qui connaît l’homme, réputé n’avoir pas sa langue dans sa poche. Pour rappel, les partisans de Lat Diop ont récemment fait une sortie musclée pour dénoncer une «machination» qui, selon eux, ne visait qu’à affaiblir leur leader, car ce dernier «est devenu incontournable dans le département de Guédiawaye».
Aux pourfendeurs de leur mentor, ils avaient même lancé : «Si leur volonté demeure de nous combattre, qu’ils sachent que nous sommes prêts à faire front pour sauvegarder notre dignité et notre honneur. Nous les avertissons qu'ils nous trouveront sur leur chemin et nous leur livrerons une guerre sans merci. Ainsi, nous leur demandons de faire tomber les masques et de venir simplement et publiquement militer à Guédiawaye, et de défendre leurs acolytes, au lieu de faire un usage abusif et outrancier de leur position dans l'Etat, parce que pour nous, à défaut d’être promu, Lat Diop ne mérite pas une tentative d’affaiblissement».
Par Khadiyatoulah FALL et Mouhamed Abdallah Ly
DES FRICTIONS IDENTITAIRES À DÉPASSER
Même si nous vantons notre espace religieux de tolérance envié ailleurs, ainsi que la vigilance de nos forces de renseignement et de sécurité dans la prévention contre les dérives islamistes, il faut se rendre à l’évidence que des inquiétudes existent
Khadiyatoulah FALL et Mouhamed Abdallah Ly |
Publication 16/05/2019
L’affaire du voile islamique dans des écoles catholiques
L’on ne peut que se féliciter de cette démarche visant à apaiser le trop-plein d’émotion et de passion auquel cette polémique a donné lieu depuis le 1er mai, suite à l’annonce d’une interdiction du port du voile islamique à l’Institution scolaire Sainte Jeanne-d ’Arc. C’est le lieu de se réjouir de la position d’ouverture de tous les acteurs mais aussi de féliciter l’Etat sénégalais qui a su non seulement rappeler l’ordre constitutionnel en rapport avec «notre laïcité» et son actualisation dans le milieu scolaire privé tout en œuvrant à trouver des plages d’interactions « souterraines » et sereines et aboutir ainsi à des compromis acceptables pour et par tous. L’attente sociale est forte de voir nos gouvernants d’aujourd’hui ne pas faire moins bien que leurs devanciers qui ont fait du Sénégal, jusqu’ici, une société de pluralisme qui se démarque par son identité d’accommodement des valeurs religieuses différentes.
Les tensions comme lieux de passage du vivre ensemble
L’étalon de mesure de la bonne santé d’une société n’est pas toujours l’absence de conflit. Les conflits peuvent contribuer à l’enrichissement dans une société qui bâtit son vivre ensemble à travers une culture politique et sociale du dialogue. Le vivre ensemble harmonieux se construit en effet dans la coopération sociale pour ensemble dépasser les conflits à travers le dialogue. La sérénité, l’écoute des différents points de vue et le respect des uns et des autres doivent guider les interactions sociales. La société au péril des angoisses Ensuite, la sortie de crise qui se profile ne doit pas faire oublier les angoisses des uns et des autres, perceptibles à toute oreille attentive, dans le sous texte qui a travaillé toute cette polémique qui a duré deux semaines. Ce sous texte fait ressortir la confrontation de deux groupes religieux habités sous des formes différentes par une angoisse identitaire. « Angoisse », disons nous bien. Il ne nous semble pas exagéré en effet de lire dans la réaction des acteurs du débat l’expression d’« angoisses » liées au contexte international de peur suscité par le radicalisme islamique, d’abord.
Notre islam, africain, ne s’est-il pas trouvé bousculé dernièrement par des radicalisations ? Des cas de prétendants djihadistes n’ont-ils pas été annoncés au Sénégal ? Un procès fortement médiatisé de supposés terroristes ne s’est-il pas tenu récemment ? Ces faits n’ont-ils pas suscité des inquiétudes chez les Sénégalais de toutes les obédiences religieuses ? Même si nous vantons notre espace religieux de tolérance envié ailleurs, ainsi que la vigilance de nos forces de renseignement et de sécurité dans la prévention contre les dérives islamistes, il faut se rendre à l’évidence que des inquiétudes — réelles ou imaginaires— existent de toute part. Ce que semblent nous dire certains de nos concitoyens, c’est en fin de compte : l’islam sénégalais continuera-t-il à être un islam d’ouverture et de tolérance ou risque-t-il soudainement d’être saisi par des convulsions qui ont fini par rendre d’autres pays africains instables ? « Angoisse », ensuite, chez de nombreux musulmans qui ont cru percevoir, avec les mesures d’interdiction du voile dans des établissements catholiques, que le cliché d’un islam conquérant, intolérant, relayé quotidiennement par les discours médiatiques et politiques internationaux, trouvait un écho au Sénégal. Ces discours sur l’islam qui stigmatisent les musulmans en Occident produisent-ils également un impact dans la perception de l’islam chez les minorités religieuses qui vivent dans les pays majoritairement islamiques ?
Le débat a montré que la frustration de certains musulmans sénégalais est de subir de l’islamophobie à l’interne, dans notre pays. Ils ont pu être offusqués dans cette affaire car ils ont sans doute pensé qu’il y avait un fossé entre ce que certains politiciens islamophobes de l’Occident tentent de faire croire et ce que dit la réalité du terrain du Sénégal où musulmans et chrétiens partagent depuis toujours le ngalax de Pâques, des mariages et des communions, la tabaski et Noël, des ethnonymes et des patronymes et même des cimetières.
Dans tous les cas, il est important d’atténuer les angoisses des uns et des autres en faisant de « notre laïcité à la sénégalaise » un bouclier. Notre laïcité qui ne manque pas de détracteurs, il est vrai. Mais c’est en nous tenant main dans la main, nous les catholiques et les musulmans — qui en sommes les adhérents — que nous continuerons à faire d’elle un principe au service du vivre ensemble et de la liberté de croyance.
Interdire les interdictions ?
A présent que les contradictions semblent avoir trouvé une issue heureuse, nous ne reprendrons pas les remarques pour ou contre l’interdiction du voile déjà avancées dans d’autres réactions sur cette polémique. Nous voudrions simplement affirmer que l’interdiction du voile islamique doit toujours être un dernier recours et donc n’être mobilisée, à l’avenir, que si toute voie d’accommodement s‘est avérée infructueuse. L’interdiction ne peut être recevable que lorsqu’elle se base sur des motifs sérieux, établis, documentés, objectifs qui prouvent qu’il y a bien entrave au bon fonctionnement de l’institution, entrave dans la réalisation de la mission d’enseignement de l’institution, entrave au vivre ensemble harmonieux, entrave aux droits fondamentaux des individus. L’interdiction ne peut aussi se concevoir sans tenir compte des droits acquis des individus, ce qu’ailleurs on appelle « la clause grand père ». On ne revient pas sur l’exercice d’un droit acquis sans disposer de raisons valables. Enfin, de si lourdes décisions ne devraient pas être annoncées sans une négociation préalable avec les parents d’élèves et le ministère de l’Education.
L’éducation, sanctuaire contre l’intolérance
Le plus grand danger aurait été d’écouter les acteurs du débat qui, se référant à l’héritage culturel et religieux dans lequel puise l’Institution Sainte Jeanne d’Arc, ont prôné le retrait des enfants musulmans de cette école. Nos écoles, toutes nos écoles, qu’elles soient publiques, privées, catholiques, arabo-islamiques, devraient être des sanctuaires du vivre ensemble multiconfessionnel et des espaces d’apprentissage de la reconnaissance et de l’accommodement des différences. Le mot accommodement a ici son importance car aucun modèle de la laïcité ne devrait prétendre à imposer partout la primauté de l’identité religieuse d’une majorité. Nous ne saurions conclure sans condamner les discours qui attisent la haine, entendus de part et d’autre, et qui sont à déplorer. Le Sénégal ne peut se permettre un antagonisme interconfessionnel, même mineur. Nous trahirions notre passé, eu égard à nos solides traditions de discernement et de bon sens. Nous ne rendrions pas crédit à l’héritage multiconfessionnel, historique, politique, culturel et intellectuel que musulmans et catholiques sénégalais ont en partage.
Khadiyatoulah FALL, professeur titulaire, Université du Québec, Chicoutimi
Alors qu'il est le géant économique du continent, le Nigeria se refuse encore à la Zone de libre échange économique - Tout, pourtant, devrait le conduire à y adhérer, ne serait-ce que pour garder son rang
21 mars 2018. Lors d'un sommet extraordinaire organisé à Kigali, au Rwanda, 44 pays du continent apposent leur signature à l'accord de la zone de libre-échange continentale (ZLEC). Une belle avancée pour le projet panafricain, lancé en 2012. Un peu plus d'un an plus tard, les ratifications de la Sierra Leone et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) lancent, pour de bon, le compte à rebours : la ZLEC entrera officiellement en vigueur le 30 mai 2019… sans le Nigeria. Avec le Bénin et l'Érythrée, le pays fait partie des trois pays non signataires de l'accord.
Une situation délicate pour l'Union africaine, qui, sans Abuja, se prive de la première économie d'Afrique. Du coup, c'est par voie de presse que son commissaire au Commerce et à l'Industrie tente aujourd'hui de convaincre. « Nous encourageons le Nigeria à figurer parmi les membres fondateurs de la ZLEC en ratifiant l'accord avant le 30 mai », a déclaré Albert Muchanga dans un entretien publié par le quotidien britannique The Financial Times. « La part de l'Afrique dans le commerce mondial augmente grâce à la croissance du marché intérieur. C'est dans leur intérêt de ratifier », a-t-il ajouté.
Des retombées positives
Avec son intégration à la zone de libre-échange, le Nigeria accéderait en effet à un marché unique de près de 1,2 milliard de consommateurs. « Un marché énorme » et « très avantageux pour les entrepreneurs nigérians », affirme Muda Yusuf, directeur de la chambre de commerce et d'industrie de Lagos (LCCI), dans une étude au profit de l'office nigérian des négociations commerciales. Réalisé par un consortium d'universitaires et d'instituts de recherche, le rapport liste les nombreux bénéfices que le pays pourrait tirer. Et assure que les objectifs économiques du Nigeria sont les mêmes que ceux établis par la ZLEC : « focalisation sur l'industrialisation, orientation export et amélioration de la compétitivité économique ».
Autre avantage souligné dans l'étude : « l'occasion pour le Nigeria de poursuivre et d'atteindre ses objectifs de croissance relatifs à l'exportation » tels que définis dans l'Economic Recovery and Growth Plan (ERGP) 2017-2021, le plan de développement du gouvernement. Si la diversification économique est une des finalités de l'ERGP, les opportunités offertes par la ZLEC – accès facilités à des marchés plus vastes et à d'autres frontières grâce à la suppression des droits de douane – pourraient permettre au Nigeria d'accélérer la donne en exportant davantage ses services et produits manufacturés. D'après un sondage réalisé par les chercheurs, 78 % des entrepreneurs nigérians estiment d'ailleurs que la ZLEC aurait un impact positif sur les entreprises locales.
« Défendre ses industries »
Alors, pourquoi le Nigeria refuse-t-il encore de signer l'accord ? « L'agenda actuel du Nigeria n'est pas continental, mais d'abord national, avance Pierre Jacquemot, président du Gret, une ONG de développement, et chercheur à l'Iris. L'intégration économique est d'abord celle d'un État de 185 millions d'habitants et d'un million de kilomètres carrés, avec une forte fragmentation nord-sud, avant d'être celle de l'Afrique. D'où le souci de défendre ses industries par une politique d'import-substitution plutôt que de jouer avec un libre-échange qui pourrait menacer son économie par des importations massives via des pays de transit voisins. »
Pour justifier sa position, le Nigeria donne en effet souvent l'exemple du libre-échange prôné par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a dévasté son industrie textile. Craignant un éventuel « dumping », pratique commerciale qui consiste à vendre une marchandise sur un marché étranger à un prix inférieur à celui pratiqué sur le marché intérieur, le gouvernement reste frileux. Et « trouve son compte dans la communauté régionale existante, la Cedeao, qui compte 15 pays et où son PIB représente la moitié », affirme Pierre Jacquemot.
La porte reste entr'ouverte
Pour l'instant réfractaire à la ZLEC, Abuja montre tout de même des signes d'ouverture avec la mise en place d'une commission chargée d'étudier les effets de la zone de libre-échange. Décidée par le président Muhammadu Buhari, elle a été mise en place pour permettre aux autorités d'y étudier point par point l'accord panafricain et d'en déterminer les conséquences pour le commerce nigérian. Cité dans l'étude, Mansur Ahmed, président de l'Association des manufactures du Nigeria et réputé hostile au projet, confirme : « Nous devons comprendre les coûts et les avantages afin de pouvoir prendre toutes les mesures nécessaires pour en atténuer les conséquences négatives. »
Au-delà des répercussions économiques qu'il pourrait subir, le Nigeria pense aussi politique. Muhammadu Buhari, réélu récemment, aurait tort de ne pas suivre les aspirations des hommes d'affaires de son pays, en majorité acquis au projet de la zone de libre-échange. « Tôt ou tard […], le Nigeria rejoindra les autres membres, pense le chercheur à l'Iris. Surtout si son agenda politique évolue et s'oriente vers une géopolitique continentale, avec l'ambition de représenter l'Afrique comme membre permanent au Conseil de sécurité. »
DEUX ASP ET LEURS CO-ACCUSES ENCOURENT DES PEINES DE 4 A 8 ANS DE TRAVAUX FORCES
Les trois hommes ont comparu hier à la barre de la chambre correctionnelle pour des faits d’association de malfaiteurs, contrefaçon et mise en circulation illégale de signe monétaire.
Alassane Sy et Ass Diaw, commerçants, Djiby Diaw et Moussa Ndiaye, tous deux agents de sécurité de proximité (Asp) à Tambacounda, ont comparu hier à l’audience de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ils répondaient des faits d’association de malfaiteurs, contrefaçon et mise en circulation illégale de signes monétaires. Le parquet a requis 8 ans de travaux forcés contre Alassane Sy pour contrefaçon de signes monétaires et 4 ans de prison ferme contre ses trois co-accusés pour mise en circulation de faux billets de banque. L’affaire est mise en délibéré pour le 28 mai prochain.
Les trois hommes ont comparu hier à la barre de la chambre correctionnelle pour des faits d’association de malfaiteurs, contrefaçon et mise en circulation illégale de signe monétaire. Les faits se sont déroulés en 2014. Un jour, les éléments du commissariat de Dieuppeul avaient reçu une information faisant état d’un trafic de faux billets de banque à Grand Yoff et à Tambacounda. Se faisant passer pour un client, les limiers se sont rapprochés d’Ass Diaw pour une commande d’un montant de 2.000.000 francs en faux billets. Ass Diaw appelle alors Alassane Sy pour passer la commande et rendez-vous est fixé à la station Shell de Grand Yoff. Les enquêteurs qui les avaient en filature ont finalement appréhendé les deux mis en cause en possession d’une enveloppe contenant 1.400.000 francs en faux billets et un sac contenant du matériel de fabrication de billets de banque. Les deux agents de sécurité de proximité à Tambacounda, Moussa Ndiaye et Djiby Diaw, qui écoulaient de faux billets de banque sur le marché, ont été dénoncés par leur livreur. Les prévenus qui avaient reconnu les faits à l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction, ont changé de version devant la barre. « Il m’avait dit : il faut arrêter ce travail de ASP, je vais te donner un travail de change de billets de banque qui te rapportera beaucoup d’argent.
Face à mon refus, Ass m’a accusé et il croyait que les policiers l’ont interpelé à cause de moi », s’est défendu Moussa Ndiaye, ancien sapeur-pompier radié de l’Armée pour trafic de drogue. A en croire le ministère public, les faits sont constants, les policiers ont tendu un piège aux prévenus pour démanteler un réseau de fabrication de faux billets de banque. Les deux Asp écoulaient des faux billets sur le marché. Pour 500.000 francs de faux billets écoulés, ils recevaient 125.000 francs qu’ils blanchissaient en achetant des cartes de crédit en relation avec Alassane Sy. « Ils ont eu à faire 6 opérations », avait confié Ass Diaw aux enquêteurs. Il a été arrêté grâce à la collaboration de son oncle qui a conduit les enquêteurs dans la chambre de l’accusé où ils ont trouvé du matériel de fabrication de faux billets de banque. « Les prévenus s’activent dans un trafic illicite de faux billets », a soutenu le substitut du procureur. Pour la répression, il a requis 8 ans de travaux forcés pour falsification de faux billets de banque contre Alassane Sy et à payer une amende de 5 millions.
La contrefaçon de signes monétaires est punissable de 10 ans à 15 ans de travaux forcés
Estimant qu’ils sont coupables d’écoulement de signes monétaires contrefaits, le ministère public a requis 4 ans de prison ferme à l’encontre des trois co-prévenus et une amende ferme de 2.000.000 francs. quant à la défense représentée par Me Ndèye Fatou Ndiaye, elle demande de ne pas se limiter aux preuves du procès-verbal de police. « Rien ne peut dire qu’il s’agit de faux billets », selon Me Ndiaye qui a sollicité le renvoi des fins de la poursuite de son client Alassane Sy puisque le délit de contrefaçon de signe monétaire n’est pas établi selon elle. A titre subsidiaire, elle a demandé une application bienveillante de la loi pour son client en détention depuis 5 ans. « C’est un délinquant primaire, il faut lui donner la chance de repentir », a estimé l’avocate. « On abuse des longues détentions » Le conseil de Moussa Ndiaye a demandé une liberté provisoire en cas de délibéré, rejetée par le tribunal. Selon Me Barro, malheureusement au Sénégal, tous les moyens sont bons pour s’enrichir, avant de déplorer le sort de son client Ass Diaw, victime de maraboutage pour s’adonner au trafic de faux billets de banque. S’adressant au parquet, l’avocat déclare qu’«on abuse des longues détentions ». Pour conclure, il a demandé pardon au juge en ce mois béni de ramadan pour les accusés. D’après Me Baba Diop, même s’il y a une déclaration de culpabilité de mise en circulation de faux billets, personne ne peut dire sans essai, ni expérimentation que le matériel trouvé dans la chambre du prévenu servait à confectionner de faux billets. Et en droit, cette accusation ne peut pas asseoir le délit de contrefaçon. Au final, l’affaire est mise en délibéré pour le 28 mai prochain.
"CEUX QUI CRITIQUENT LA RECONDUCTION DES DEUX MINISTRES SONT MINORITAIRES"
Aïda Sow Diawara, première adjointe d'Aminata Mbengue Ndiaye au Mouvement national des femmes du Ps, annonce une commission pour entendre les opposants à la reconduction des ministres socialistes dans le gouvernement
Une loyaliste du Parti socialiste contre-attaque. Aïda Sow Diawara, première adjointe de Aminata Mbengue Ndiaye au Mouvement national des femmes du Ps, annonce une commission pour entendre les opposants à la reconduction des ministres socialistes dans le gouvernement. Dans cet entretien, la député-maire de Golf- Sud recadre Gorgui Ciss qui préconisait une rotation au sein des ministres socialistes.
Que pensez-vous des remous au sein du Ps depuis la reconduction de Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye ?
Quand nous avons élu Tanor comme Secrétaire général du parti, nous lui avons donné carte blanche. Nous souscrivons à tout ce qu’il pose comme acte dans le cadre du parti. Aminata Mbengue Ndiaye dirige le Mouvement national des femmes du Ps. Elle est la première adjointe de Tanor. Elle est ministre dans le cadre de la parité. Donc, elle a le poste des femmes.
En tant que vice-présidente des femmes, je vous assure que les 14 régions adhèrent à la reconduction de Aminata Mbengue Ndiaye. Nous adhérons aux choix de Tanor portant sur Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye. Personne n’avait fustigé cela. Nous sommes fiers de ces deux ministres qui ont fait un travail excellent et font la fierté du Ps et même des Sénégalais. Sinon, le Président Sall ne les aurait pas reconduits. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
S’ils avaient fait du mauvais travail, ni le Président Macky Sall ni le parti n’allaient leur renouveler cette confiance. Le Ps est un creuset de cadres. De 13 ans à 90 ans, on a toutes sortes de ressources humaines. Il y a le Réseau des cadres, le Réseau des universitaires, dans lesquels il y a beaucoup de personnes capables d’être ministres. Ce que je dénonce par contre, c’est que des gens aillent dans la presse pour critiquer les décisions du parti. Nous sommes un parti démocratique, qui fonctionne et tient régulièrement ses réunions. Il faut venir dire ses vérités devant les instances du parti.
Après la démission de Me Moussa Bocar Thiam liée à cette reconduction, Abdoulaye Gallo Diao a dirigé une fronde contre la direction du Ps. Est-ce que ce maintien des ministres n’est pas en train de détruire le Ps ?
Abdoulaye Gallo Diao est notre fils qu’on va voir pour régler le problème. Il a émis ses idées et nous allons lui parler. Pourquoi les mêmes personnes ? C’est parce qu’ils font du bon travail. Serigne Mbaye Thiam, au département stratégique du ministère de l’Education nationale a fait un excellent travail. Depuis que je suis née, je n’ai jamais vu une année scolaire sans problème. Serigne Mbaye Thiam a bien géré l’Education. Si Tanor devait choisir de nouveau, nous lui conseillerons Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam.
Mais ils ne sont les seuls à pouvoir être ministres dans le parti…
C’est vrai. Je vous ai rappelé les cadres qui existent dans le parti. Mais nos ministres ont été choisis par rapport à leur travail. Ce n’est pas élégant qu’on nomme quelqu’un ministre et qu’un homme se lève pour dire : «Pourquoi pas moi.» On peut le faire à l’interne et non dans la presse.
Finalement le parti semble vivre un malaise à l’interne ?
On ne le sent pas. Nous avons créé une commission pour régler ces problèmes. Cette commission aura sa première réunion demain à la Maison du parti (aujourd’hui) pour écouter ceux qui pensent qu’il faut enlever les ministres.
Donc une rotation est toujours possible ?
Non. On a déjà nommé nos ministres. Ce n’est pas parce que des gens n’en veulent pas qu’on va les enlever. Ceux qui critiquent la reconduction des deux ministres sont minoritaires dans le parti.
Donc, quelle est la finalité de la création de cette commission ?
C’est pour régler des problèmes et faire taire les gens.
Gorgui Ciss a déclaré que le Ps a raté une bonne occasion de donner un signal fort. Au finish, Benno bokk yaakaar n’affaiblit-elle pas le Ps ?
Lorsqu’on a perdu le pouvoir en 2000, beaucoup de nos cadres ont rejoint Abdoulaye Wade. Est-ce que le Ps est mort ? Non. Nous ne voulons pas de départs mais si des gens partent, ce n’est pas la fin du monde. Le Ps n’appartient à personne. Ce n’est pas parce que Gorgui Ciss a parlé de rotation, qu’il devrait y avoir une rotation. Il dirige une coordination parmi les 138 que compte le Ps. Il n’a pas le monopole de la vérité. Même s’il y avait rotation, le Ps ne va pas nommer ceux qui parlent dans la presse. Le Ps a un schéma. C’est toujours le responsable qui monte et après, son adjoint, etc. Gorgui Ciss a des responsabilités dans le parti (patron du Réseau des universitaires, Ndlr). Et si les autres disaient qu’il faut une rotation ? Il est là depuis longtemps. Les gens doivent arrêter.
MATI DIOP, LE PARI DAKAR
Marquée par les films de son oncle Djibril Diop Mambéty, qu’elle admirait, la jeune cinéaste franco-sénégalaise se dit fière mais étonnée d’être en compétition avec «Atlantique», son premier long métrage, sur le Sénégal
Certains regards vous marquent à tout jamais et, comme des miroirs, finissent par vous hanter. Il suffit d’écouter Mati Diop raconter comment elle a osé sortir sa petite caméra aux funérailles du jeune Serigne, au Sénégal, pour en avoir la gorge nouée. Filmer, ne pas filmer ce moment de recueillement ? Le personnage central de son premier court métrage, Atlantiques, venait de mourir d’un problème de santé. Un choc. Le jeune garçon lui avait auparavant relaté son histoire tragique de naufragé, alors qu’il cherchait à fuir son pays pour un avenir meilleur. Il avait par miracle survécu à la catastrophe pour décéder peu après. Lors de l’enterrement, le regard de sa sœur, Astou, vient se ficher dans celui de Mati Diop - et dans sa caméra - pour la charger d’une mission : relater l’histoire des femmes qui restent au pays, alors que les hommes s’embarquent sur l’océan, au péril de leur vie. Cet échange de regards qui flanque des frissons est à l’origine d’Atlantique (au singulier), le long métrage qui catapulte la cinéaste de 36 ans en compétition du Festival de Cannes, son premier. «J’ai appris à faire des films toute seule, en faisant face à des questions morales auxquelles je devais répondre sur le moment, par ma manière de cadrer, de regarder.»Atlantiques, matrice d’Atlantique donc, est ce court film où la réalisatrice place au centre la parole des hommes alors que l’émigration clandestine du Sénégal, en 2009, est quasi virale et son traitement médiatique en Europe, statistique. «Leur réalité était trahie. J’éprouvais comme le besoin d’une réparation, d’une restitution.»
Si la jeune femme, élevée à Paris, n’appartient pas à cette jeunesse sénégalaise-là, elle s’en sent proche, les garçons d’Atlantiques sont «comme ses frères» et c’est avec son cousin qu’elle a arpenté les rues de Dakar. Mati Diop a vécu le tournage de son premier long métrage dans le quartier Thiaroye comme «une grosse claque dans la gueule».«L’expérience la plus belle et la plus douloureuse» de sa vie.
Distinction.Retour en 2008, où la cinéaste éprouve un «besoin d’explorer le territoire de [s]es origines africaines». Pointilleuse, elle se reprend sur le mot «reconnecter» qui ressemble à une retraite de yoga plus qu’à une exploration de ses racines. Les mots ont un sens pour cette superbe fille élégante et décontractée, aux créoles dorées cachées dans des boucles châtain. Réfléchie et ultraperfectionniste, elle ne dit rien à la légère. Son histoire - «une démarche personnelle qui rencontre un projet de cinéma» - est plus complexe et ambitieuse. Fille du musicien sénégalais Wasis Diop et nièce du grand cinéaste Djibril Diop Mambéty, Mati Diop est métisse. Son grand-père était imam au Sénégal et son père a dû quitter le pays pour exercer son art : il n’appartenait pas à la caste des griots. Les films de son oncle, qui meurt alors qu’elle a 16 ans, ont été un puissant moteur : «Je montrais ses films à mes amis pour montrer l’Afrique, la vraie, celle filmée par un Africain.»Touki Bouki, un classique, a été projeté à Cannes en 1973 et parlait déjà à l’époque du rêve d’Europe. Paradoxalement, c’est sa mère française - alors que ses parents sont séparés - qui l’emmène en Afrique. C’est elle aussi, acheteuse d’art dans une agence de pub, qui forme le regard de sa fille. Mati Diop a grandi au milieu des livres de photographie. Lucide sur la richesse culturelle de son milieu d’origine, à l’aise avec l’image, la musique, les costumes, actrice occasionnelle (notamment chez Claire Denis), Mati Diop veut s’inscrire dans un prolongement. Passée par l’école du Fresnoy, par une résidence au Palais de Tokyo, la cinéaste, aussi actrice à ses heures, prend conscience, il y a dix ans, qu’elle évolue dans un milieu très blanc. «J’ai ressenti un déséquilibre.» D’où le projet de renouer avec le pays de son père, qui aboutit aujourd’hui en course pour la palme cannoise. Si Mati Diop se réjouit de se trouver aux côtés de Ladj Ly (lire page 6), Céline Sciamma et Justine Triet - une génération qui, pour elle, marque un nouveau départ -, elle est aussi désarçonnée par cette distinction. «Ma toute première réaction ? Honnêtement, j’étais sceptique. Je redoutais que mon film soit sélectionné moins pour ce qu’il était que pour ce que je représentais moi, en tant que jeune femme d’origine africaine.»
«Repères».A travers elle, c’est le Sénégal et l’Afrique qui sont représentés. Elle est, de fait, la première femme métisse de l’histoire de la compétition. «C’est triste que cela ne soit jamais arrivé avant, j’ai été émue comme quelque chose qui vous arrive et qui ne vous appartient pas, qui est plus grand que vous. Je connais l’importance des repères. Si je peux en devenir un pour celles ou ceux qui seront touchés par mon film, alors ça me comble de joie. C’est comme devenir une grande sœur.» Si elle retient une histoire dans Atlantique, c’est l’amour impossible entre Soleiman et Ada, un Roméo et Juliette noir, plongé dans un contexte économique destructeur. «Je n’ai pas grandi avec des femmes cinéastes qui avaient ma couleur de peau. Et les personnages noirs étaient quasi absents des films que je voyais.» Ecrire et faire le cinéma qui lui a manqué est devenu un moteur. Ce besoin de voir d’un nouveau regard, une nécessité.
COMMENT KARIM A TORPILLÉ L'AUDIENCE DES DÉPUTÉS LIBÉRAUX
Le malaise au sein du PDS est profond - Pour les proches de Oumar Sarr, c’est Karim Wade qui manipule son père pour faire main basse sur le parti
Le malaise au sein du Pds est profond. Pour les proches de Oumar Sarr, c’est Karim Wade qui manipule son père pour faire main basse sur le Pds. D’après des sources de «L’As», tout était bien calé pour que le Pds participe au dialogue. Il nous revient qu’il a même validé les termes de référence en privé. C’est donc logiquement qu’il a envoyé Oumar Sarr à la réunion du Front de Ré- sistance Nationale (FRN).
Mais le maire de Dagana aura la surprise de sa vie lorsqu’il a vu le communiqué de Me Wade. D’après des sources de «L’As», c’est Karim himself qui a drafté le communi- qué qu’il a fait signer par son pater. Un coup de poignard dans le dos de Oumar Sarr qui avait déjà engagé sa responsabilité auprès de ses pairs du FRN.
«Nous avons appris que c’est par la même occasion que Wade fils a torpillé l’audience que son père devait accorder, jeudi dernier, au collectif des femmes parlementaires. Câblé par son fils, Wade a annulé l’audience et intimé l’ordre à «ses députées» de ne pas prendre part à la conférence du Collectif qui avait comme marraine Marième Faye Sall. Niet catégorique de Mame Diarra Fam et de Daba Diouf qui ont bien pris part à la rencontre tenue à Sorano. D’après elles, ce n’est pas nouveau. Même sous Wade, ce Collectif des femmes parlementaires a toujours organisé sa conférence religieuse, avec comme marraine la Première Dame.
Une crise couve sérieusement au Pds et ce n’est pas pour rien que Waldiodio Diouf et Babacar Mbaye Ngaraaf ont croisé les bras.
MACKY PRÉTEND TRANSFORMER DAKAR EN KIGALI
Senghor disait qu'en 2000, Dakar serait comme Paris - Faute d'avoir atteint cet objectif, la capitale pourra-t-elle au moins égaler celle du Rwanda en matière de propreté ?
Dans son discours de prestation de serment, il a annoncé les premiers coups de balai en déclarant qu’il compte tout mettre en œuvre pour lutter contre l’encombrement urbain, l’insalubrité et les occupations illégales afin de rendre notre cadre de vie plus agréable et plus propre. Marquant ainsi le top départ des opérations de Dakar « Ville propre » et Sénégal « Zéro déchet ». Macky voudrait faire de Dakar une capitale où il fait bon vivre et agréable à visiter à l’image de Kigali (Rwanda) présentée comme la ville la plus propre d’Afrique.
Jadis, capitale des « toubabs » de l’Afrique occidentale française (Aof), Dakar n’est plus que l’ombre de cette coquette ville qu’elle fut sous les colons certes, mais aussi durant à peu près les deux premières décennies de notre indépendance. Mais ça, c’est de la préhistoire ! Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ou, plus exactement, beaucoup d’ordures se sont déversées sur notre capitale à tel point qu’elle fait partie aujourd’hui des villes les plus sales et désordonnées d’Afrique. Du centre-ville (Sandaga) aux Parcelles Assainies en passant par les Sicap-sur-Vdn, les Hlm, Castors, la Patte-d’oie, Bountou-Pikine, Hann, Yoff, Yarakh etc., le décor qui s’offre à la vue est celui d’une gigantesque décharge de détritus. Partout, tous les endroits sont envahis par les ordures ménagères, des marchands tabliers, des parcs de voitures d’occasion, des chariots de vente de café, des forokhthiaya, des loumas, des carcasses de véhicules etc. Sans oublier les charrettes et les pousse-pousse qui disputent la priorité aux automobilistes. Ne parlons pas des bœufs en divagation qui continuent à déambuler tranquillement sur l’axe Bourguiba-Foire. Et gare à qui toucherait un seul poil de ces bêtes dont on dit qu’elles appartiennent à un marabout capable de foudroyer mystiquement celui qui oserait s’en prendre à ses « nag » ! Le désordre urbain pousse ses tentacules jusque dans les maisons dont les devantures abritent des enclos à moutons dits « kharou sarakh » ou « kharou yar ». C’est pourtant dans cet environnement dégradé, puant et anarchique que vivent quotidiennement les Dakarois. Sans que cela semble les déranger outre mesure ! Au contraire, on dirait même que nos compatriotes se complaisent dans cette gigantesque poubelle urbaine. Il n’y a qu’à voir ces citoyens qui se restaurent joyeusement dans des « tanganas » et autres dibiteries situés à proximité de dépotoirs d’ordures où de canalisations à ciel ouvert d’où dégoulinent des eaux sales. Alors que la propreté et l’ordre urbain devraient constituer la première image qu’une ville offre à ses visiteurs, à Dakar, le décor est tellement repoussant que le premier réflexe d’un touriste qui y arrive serait sans doute de prendre ses jambes à son cou ! Et encore, il n’aurait rien vu s’il ne s’est pas retrouvé entouré par une meute de guides, mendiants, bana-banas, truands et on en passe…
Bref, Dakar n’a rien d’attirant, au contraire c’est un vrai repoussoir ! Ce que le président de la République Macky Sall aurait enfin fini par constater après avoir visité presque toutes les capitales du monde où les cadres de vie paradisiaques donnent assurément mauvaise conscience aux Sénégalais que nous sommes. L’exemple nous vient de Kigali, la ville couverte de mille superlatifs ! Considérée comme la ville la plus propre d’Afrique par l’OnuHabitat, Kigali, la capitale du Rwanda apparaît depuis quelques années comme un modèle de développement pour toute l’Afrique. Au point que les ressources humaines des Nations Unies classent Kigali au même niveau que les grandes métropoles occidentales ou américaines en termes de confort de vie et d’ordre urbain. « Suisse de l’Afrique », « Petit Paris », « Singapour africain », « Little NewYork » etc., les surnoms ne manquent pas pour qualifier la réussite du Rwanda en particulier dans le domaine de l’aménagement urbain. Pas étonnant que le président Paul Kagame ait été réélu avec 98,6 % des voix et notamment à Kigali où il a obtenu un raz-de-marée des électeurs soucieux d’exprimer leur reconnaissance à l’endroit du président Paul Kagame pour avoir développé et modernisé leur environnement. Après la Santé, l’Education, l’Energie, l’Infrastructure et la Sécurité, le président de la République Macky Sall va finalement s’attaquer à l’Environnement en plaçant son quinquennat sous le signe de la propreté et de l’ordre urbain. Toujours est-il que dans son discours de prestation de serment, notre bon président dit qu’il va améliorer notre cadre de vie.
Macky décrète : « Zéro déchet » !
Pour y parvenir ou prétendre, le chef de l’Etat « décrète » qu’il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public etc. « Ainsi, j’appelle à une mobilisation générale pour forger l’image d’un nouveau Sénégal ; un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propre dans ses villes ; en un mot un Sénégal « Zéro déchet ». Je ferai prendre sans délai des mesures vigoureuses dans ce sens. J’y engage aussi les autorités territoriales et locales, ainsi que les mouvements associatifs et citoyens » avait déclaré le président de la République dans son discours d’investiture. Pour donner corps ou matérialiser l’engagement solennel du président Macky Sall, le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, avait réuni tous les maires du département en vue de lutter contre l’insalubrité et les occupations anarchiques dans la capitale. En même temps, on a assisté au démarrage en grande pompe des opérations de désencombrement entamées par le ministre de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, en compagnie de Mme Soham Wardini, maire de Dakar. « Tous les coins et recoins de la capitale seront nettoyés sur instructions du chef de l’Etat. D’ailleurs, dans ce sens, j’ai rencontré les propriétaires de parkings de voitures d’occasion sur la Vdn et leur ai donné un délai d’un mois pour débarrasser de la voie publique » a fait savoir le ministre Abdou Karim Fofana. Pourtant, cette opération Augias « Dakar ville propre », l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, l’avait initiée depuis 2010 en s’attaquant aux marchands ambulants et tabliers à travers des opérations de déguerpissement et de recasement tous azimuts. Malheureusement, cette volonté de désencombrement et d’embellissement l’ex-édile de Dakar avait été sabotée par le président Abdoulaye Wade, ensuite par son successeur Macky Sall pour des raisons électoralistes.
Ucg, facteur d’insalubrité…
En tout cas, Dakar est sale ! Vraiment sale à l’image de ses propres habitants ancrés dans l‘indiscipline, l’incivisme et l’insalubrité. Le manque d’hygiène aussi. Il n’y a rien à faire, nos compatriotes ont fini par s’enraciner dans la malpropreté et le manque d’hygiène. Paradoxalement, l’Unité de Coordination et de Gestion des déchets solides (Ucg), pourtant chargée de la collecte et du ramassage des ordures ménagères, constitue l’un des principaux facteurs de l’insalubrité à Dakar. A tous les niveaux ! D’ailleurs, il y a trois ans, votre quotidien « Le Témoin » avait mené une enquête montrant que la plupart des camions-bennes reviennent à Dakar avec une partie des ordures ménagères qu’ils transportent alors qu’ils sont censés pourtant les déverser à Mbeubeuss ! Portant une double casquette de récupérateurs-recycleurs, nos éboueurs détournent les déchets composés de vieux matelas, fûts métalliques, ferraille, meubles, vélos et autres bidons en plastique pour les vendre dans les « Parc-Lambaye » ou marchés des brocanteurs. D’où le surnom « Mbalit-Dem-Dikk » collé à ces camions-bennes d’un genre particulier. Et pas plus tard que la semaine dernière, nous avions dénoncé le népotisme et la discrimination dans le recrutement des éboueurs et techniciens de surface de l’Ucg dont les responsables et coordinateurs ont fini par transformer l’agence étatique en une entreprise familiale. Car, parmi les 500 agents de nettoiement, presque les 50 % des embauchés appartiennent aux mêmes familles ou proviennent des mêmes quartiers. Ils sont fils, frères, neveux, voisins, beauxfrères, homonymes, militants et autres recommandés des dirigeants de l’UCG ou du ministre !
Dans les zones de Rufisque et Yoff par exemple, un haut cadre de l’Ucg a recruté son frère et son neveu en qualité de superviseurs. Sans oublier un autre responsable de l’Ucg qui a embauché son fils, son frère, son beau-frère ainsi que le frère de sa maitresse pour en faire des superviseurs et chefs de zone. Pendant ce temps, de pauvres agents contractuels ont fait plus de cinq voire sept ans sans se faire embaucher. Pire, ils peinent toujours à percevoir leurs salaires. Des syndicalistes déplorent le fait que ces recrutements de parenté, de voisinage et de camaraderie ont crée un véritable laxisme dans la marche du travail. « D’ailleurs, certains agents, forts de leur protection à l’interne, ne viennent même pas sur le terrain. Il y a mieux, si on ose dire : dans certains quartiers, des agents frimeurs se débarrassent de leurs « tenues », balais ou scooters estampillés «Ucg» pour éviter d’être démasqués par les jeunes filles qu’ils veulent courtiser.
Dans ces conditions, comment voulez-vous que Dakar soit propre ? » nous confie un employé de l’Ucg se disant en possession d’une longue liste d’agents se trouvant dans les cas relatés ci-dessus. « Dites au président de la République que tant qu’il y aura des familles entières dans l’Ucg, Dakar ne sera jamais comme Kigali » confie un syndicaliste de l’Unité de Coordination et de Gestion des déchets solides (Ucg). Une chose est sûre : pour lutter contre les incivilités et l’insalubrité qui polluent visuellement — et sur le plan olfactif ! —notre quotidien du fait d’un environnement dégradé et nauséabond, le président de la République Macky Sall doit donner un coup de balai à tous les niveaux. Sinon, Dakar ne sera jamais comme Kigali. Au contraire, notre capitale se hissera au même niveau que Conakry, la ville la plus sale d’Afrique.
PAR ASSOCIATION POUR LA DÉFENSE LA PROTECTION ETLA SAUVEGARDE ÉC
NON AU PORT DE NDAYANE ET AUX 2000 HECTARES D’EXPROPRIATION
Partout où des projets spolient, exilent des populations, laissent des blessures sur des générations, retenez-vous, n’ignorez pas les cris des populations concernées.
L'ASSOCIATION POUR LA DÉFENSE LA PROTECTION ETLA SAUVEGARDE ÉCOLOGIQUE DU SITE DE NDOUNGOUMAN ET ALENTOURS |
Publication 16/05/2019
Tout d’abord, laissez-nous vous féliciter pour votre réélection à la présidence de la République. Nous vous souhaitons un brillant second mandat dans un Sénégal apaisé et digne de sa légende de peuple de paix et de fraternité. Nous vous revenons au sujet du projet de port de Ndayane. Nous vous avions déjà écrit pour vous dire notre respect de la République. Nous vous avions dit que nous étions pour le développement, mais pas d’un développement qui apporte la mort, la spoliation. Il est difficile de ne pas saluer l’immense travail accompli durant votre premier mandat. Il faut le continuer. Partout où des projets spolient, exilent des populations, laissent des blessures sur des générations, retenez-vous, n’ignorez pas les cris des populations concernées.
Nous vous informons de ce qui suit :
1 - Le Bureau des Impôts et Domaines de Mbour a fait publier avec une date limite fixée au 28 mars 2019, un communiqué lançant une enquête “commodo incommodo” sur une superficie de deux mille (2000) hectares dans le cadre du projet de port de Ndayane. Nous répétons la superficie convoitée : 2000 hectares ! On se croirait en Amazonie conquise ! Sur place, en prenant acte du communiqué, nous avons appris que c’est sur correspondance du Directeur Général du port de Dakar, que le ministère des Finances par ces services compétents a lancé cette enquête pour mettre la main sur 2000 hectares de terre, la partie mer n’étant pas comprise.
2 - Ce Communiqué vient d’être suspendu par celui portant le n° 2021 du 1er avril 2019. En votre nom, le ministre de la pêche serait venu s’expliquer et affirmer que tout se fera désormais par consensus avec le maire de Ndayane et les populations qui doivent être protégées. Nous espérons que vous ne reculez pas pour mieux sauter !
3 - M. Omar YOUM, votre Directeur de cabinet témoigne en faveur des populations en évoquant une réunion avec le DG du port et Dubaï Port World et de votre refus de laisser exproprier 2000 hectares.
4 - Le maire de Ndayane n’a pas manqué de souligner combien il était surpris et choqué par les 2000 hectares visés ! Pour notre Association, la terrifiante machine d’occupation et de spoliation des terres va à l’encontre du discours environnemental et de l’engagement extérieur du Sénégal sur la protection des espaces écologiques. Si Ndayane est occupée et déshéritée, c’est vous seul qui aurez décidé de cette inacceptable tragédie. Vous ne serez pas ce Président-là !
5 - Notre Association a également pris connaissance d’une interview télévisée du Directeur Général du port de Dakar qui, avant la présidentielle de février 2019, en évoquant le port de Ndayane, dit ceci : “Nous signerons prochainement pour le démarrage du port de Ndayane.”
Si nos informations sont bonnes, nous savons que l’enquête d’impact environnemental est largement défavorable pour l’implantation d’un port à Ndayane
au regard des 18-20 mètres de profondeur recherchée, la digue à creuser dans la mer – la brèche de Saint-Louis est dans nos mémoires – et des dégâts considérables et historiques que ce port de la mort va entrainer. Demandez à voir les résultats de cette enquête environnementale !
Monsieur le Président, notre intime conviction, est que vous êtes décidé à construire ce port de Ndayane, car c’est pour vous un projet de développement incontournable.
Aucun projet de développement n’est incontournable s’il est mûrement pensé, conçu, réfléchi, partagé.
Monsieur le Président, ne vous précipitez pas Ne cédez pas aux puissants intérêts des multinationales. Une terrifiante machine dont nous connaissons les pratiques a pris le contrôle de ce projet de port de Ndayane-Yène. Mais Macky Sall y veillera, car c’est l’histoire qu’il laissera demain derrière lui qui est le véritable enjeu ! Ne confondons pas projet de développement et projet de mort. Écoutez les populations que personne n’a écoutées. Il faut toujours aller vers le compromis dans un respect mutuel et non à l’humiliation, la force, l’autoritarisme !
La dimension sociale et humaine est aussi importante que la dimension économique. Nous ne sommes pas des citoyens libres de défendre leur pays quand nous ne pouvons pas accéder à l’écoute de l’État. La seule liberté qui nous est laissée est de nous soumettre quand l’État décide ! Nous refusons cette posture et vous devez la refuser avec nous ! Ce port doit être un consensus et il ne l’est pas, car ce port est un cimetière ! Diamniadio est sortie de terre. Nous saluons cette ville nouvelle qui portera votre empreinte. Mais ne l’entourez pas, comme c’est le cas hélas, par des engins de la mort et de la pollution : l’usine à plomb à deux pas de l’hôpital des enfants de Diamniadio, la centrale à charbon de Bargny, le port de Bargny-Sendou avec ses conséquences désastreuses, au large de Yène arrive le projet “Rufisque offshore” et sur le même magnifique littoral, vous laissez faire un second projet de port, celui de Ndayane-Yène qui mange tout et détruit tout : : faune, flore, habitat et zone de reproduction unique marine exceptionnelle et protégée, infrastructures hôtelières, infrastructures culturelles de renommée internationale comme l’École des Sables de notre légendaire Germaine Acogny. La liste des autres impactés est phénoménale : le pèlerinage catholique de Popenguine compromis, le Centre de football de la FIFA impacté, les écoles, les fermes agricoles, la célèbre lagune de ToubabDialawimpactées,larésidenceprésidentielledePopenguinedepuisSenghor,un symbole de l’État impacté !
Non, Monsieur le Président vous ne pouvez pas laisser ce terrible drame s’accomplir dans l’histoire de votre vie comme Chef d’État du Sénégal ! Repensez autrement ce port dont le choix de son emplacement ne répond qu’à la seule proximité avec Dakar et le nouvel aéroport.
Restez, Monsieur le Président, un vrai et grand combattant du développement, c’est à dire un défenseur de l’écologie et de l’environnement, enjeu prioritaire de la sauvegarde de notre planète !
Le projet du port de Ndayane en sera un incontournable test !
Signé par l’Assemblée de l’ASSOCIATION POUR LA DÉFENSE LA PROTECTION ETLA SAUVEGARDE ÉCOLOGIQUE DU SITE DE NDOUNGOUMAN ET ALENTOURS Association n°0088570-Ndoungouman-Toubab Dialaw-Yenne