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1 mai 2025
Éducation
LE NOUVEAU RECTEUR D'USSEIN PROMET D’ASSEOIR UNE UNIVERSITÉ D’EXCELLENCE
Le nouveau recteur de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass a pris fonction hier. Le Pr Ndèye Coumba Kane Touré a promis de faire de l’Ussein une université d’excellence
Le nouveau recteur de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass a pris fonction hier. Le Pr Ndèye Coumba Kane Touré a promis de faire de l’Ussein une université d’excellence.
Amadou Tidjane Guiro, recteur de l’Université El Hadji Ibrahima Niass, a fait ses adieux hier. Le nouveau recteur, Ndèye Coumba Kane Touré, a été officiellement installé hier. La cérémonie de passation de service, présidée par Amadou Abdoul Sow, directeur de l’Enseignement supérieur, a eu lieu au campus de l’Ussein, à Sing-Sing, en présence des autorités administratives et de diverses personnalités.
Ndèye Coumba Touré, professeur titulaire des universités, spécialisée en bactériologie-virologie, a salué les jalons posés par le Pr Amadou Tidiane Guiro qui a permis le démarrage des cours. «Il nous revient donc, avec détermination, de consolider les acquis appréciables de l’université et d’emprunter la voie de l’innovation et du changement pour la porter résolument et de façon continue vers l’excellence, afin d’accroître son rayonnement sur l’échelle nationale, africaine et internationale. Tout ceci selon une approche participative et inclusive », a soutenu Ndèye Coumba Kane pour qui le leader éclairé de son prédécesseur sera une source formidable d’inspiration. « Nous sommes déterminées à asseoir une réputation d’excellence de l’université, tant sur le plan de la recherche qu’au niveau de l’enseignement. Nous sommes déterminées à enrichir l’expérience des étudiantes et des étudiants, de même que celle des employés et des partenaires. Et nous sommes déterminées à soutenir l’engagement de notre communauté en participant activement à la conception de solutions afin de faire face individuellement et collectivement aux enjeux sociétaux qui nous interpellent », a-t-elle dit.
A en croire le nouveau recteur, l’Ussein sera ce creuset d’excellence qui contribuera de façon décisive à la formation de citoyens responsables et aptes à faire face aux défis multiples dans une société complexe. « L’éducation constitue le socle de toute société en quête de prospérité et de richesse, pas seulement dans les acceptions économiques et financières mais aussi dans la prise en compte des aspects liés à l’humanisme, à la justice, à la vérité, à l’équité et à toutes les facettes de la dignité humaine, sans oublier la créativité et l’ouverture sur l’avenir. L’université est une porteuse privilégiée de cette vision globale qui invite à jeter un regard neuf sur sa mission d’enseignement, de recherche et de service à la communauté. Les libertés et les responsabilités de l’université et des membres de la communauté doivent s’exercer dans le but collectif de réaliser cette mission avec succès », a déclaré Ndèye Coumba Kane Touré.
Sur ce postulat, dit-elle, l’Ussein intégrera l’offre de formation continue à ses étudiants dans son dispositif. «Notre savoir-faire en la matière s’appuiera sur l’intelligence collective», indique le nouveau recteur.
par l'éditorialiste de seneplus, boubacar boris diop
FAIDHERBE OU LA FASCINATION DU BOURREAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Tout se passe depuis un siècle et demi comme si Sidiya Ndaté Yalla Diop n’a jamais été de ce monde. Quoi de plus absurde qu’une mémoire historique tournant à vide ?
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 28/07/2020
‘’L’art suprême de la guerre est de réussir à assujettir l’ennemi sans avoir à combattre’’ (Sun Tzu)
Nous sommes des milliers à passer, chaque jour que Dieu fait, devant le Théâtre National Daniel Sorano. Que savons-nous de son parrain qui fut, semble-t-il, un grand acteur francais ? La réponse à cette question est aussi simple que troublante : nous ne savons rien de ce monsieur Sorano. À part un insignifiant hasard biographique – son père a été greffier à Dakar au début du siècle dernier - rien ne le rattache à notre pays. De son riche répertoire, pas une pièce ne concerne, même de loin, l’Afrique ou encore moins le Sénégal où il n’a du reste jamais mis les pieds.
On pourrait en dire presque autant du philosophe Gaston Berger dont une de nos meilleures universités porte le nom. ‘’L’inventeur de la prospective’’ – comme Senghor aimait, curieusement, s’en vanter à tout bout de champ – né à Saint-Louis, petit-fils de Fatou Diagne, a toutefois quitté le Sénégal dès sa plus tendre enfance et, que l’on sache, n’y est jamais revenu.
Que l’histoire humaine soit avant tout ce qui en subsiste au fil des âges dans l’esprit des vivants, chacun en est bien conscient. Mais quoi de plus absurde qu’une mémoire historique tournant à vide ? On ne peut sommer un peuple de cultiver le souvenir de personnalités auxquelles rien ne le relie et qui n’ont eu aucun impact sur sa destinée. C’est pourtant, à en juger par ces deux exemples, ce à quoi nous conviait Senghor. Il aurait pu tout aussi bien, sous le même prétexte chic et tellement irritant –‘’métissage culturel’’, ‘’civilisation de l’universel’’ – appeler ce théâtre ‘’Alexandre Pouchkine’’ ou ‘’Alexandre Dumas’’.
Le plus remarquable toutefois, à mon humble avis, c’est qu’une situation aussi cocasse ne nous ait jamais fait ni chaud ni froid. En son temps, personne n’a cru devoir souffler avec déférence à l’oreille du président-poète : ‘’Pourquoi pas Cheik Aliou Ndao, Aimé Césaire, Douta Seck ou Doura Mané ?’’ entre autres figures théâtrales majeures. Il se pourrait bien qu’au fond, nous nous en moquions complètement de ces noms au fronton des édifices publics. Peut-être aussi préférons-nous éviter toute confrontation avec notre véritable passé, si compliqué voire embarrassant à bien des égards, comme nous l’a délicatement rappelé Fadel Dia dans Sud Quotidien.
Que l’on me permette de donner un autre exemple de ce désir d’amnésie qui doit avoir des racines très profondes. À la fin du mois d’octobre 1986, le président Abdou Diouf et son ministre de la Culture, Makhily Gassama, ont fait construire le mausolée de Lat-Dior sur l’ultime champ de bataille de notre héros national. Avant cette louable initiative, Dékheulé et son fameux puits étaient complètement à l’abandon, comme j’avais eu l’occasion de m’en rendre compte moi-même avec stupéfaction. Eh bien, en fin 2017 un article du journal Le quotidien nous apprenait que trente ans après, le lieu était redevenu encore plus misérable qu’avant. Venant d’un peuple si prompt à exalter ses valeureux ancêtres, de telles attitudes incitent à parler, au moins, de schizophrénie. On n’a d’ailleurs pas assez relevé que de Lat-Dior lui-même à Aline Sitoé Diatta en passant par Alboury Ndiaye, Cheikh Omar Foutiyou Tall, Sidiya Ndaté Yalla Diop et d’autres encore, l’épopée de nos figures héroïques se conclut presque toujours par la disparition pure et simple de leur corps et souvent loin de leur patrie. Tombouctou. Dosso au Niger. Les falaises de Bandiagara. La forêt gabonaise de Nengue-Nengue. Ce sont là quelques-unes des terres lointaines où se sont perdues leurs traces. Pour toujours ? On espère bien que non.
Au final, seule une certaine désinvolture mémorielle peut expliquer qu’il n’y ait pas depuis 1960 une imposante statue – qui aurait pu être, quoi qu’on pense de lui par ailleurs, celle de Senghor – symbolisant notre accession à la souveraineté internationale. Le monument de la Renaissance ? Ses géants mal dégrossis ne daignent même pas nous regarder dans les yeux. On les dit occupés à scruter le soleil. Grand bien leur fasse. Eussent-ils été des éléphants ou des cachalots qu’ils ne nous parleraient pas davantage.
Ces réflexions m’ont été inspirées par la polémique en cours à propos d’un certain Louis-Léon César Faidherbe. À ce général français quasi caricatural – moustache fournie, binocles, menton volontaire, uniforme flamboyant – le Sénégal a déclaré sa flamme de mille et une manières. En plus de la statue et de la place qui sont aujourd’hui au centre de toutes les controverses, une avenue, un hôtel, des rues et, last but not least, le pont de Saint-Louis, lui ont été dédiés. Ce n’est pas tout, puisqu’à Dakar une autre de ses statues a trôné jusqu’en août 1983 en face du Palais de la République, dans la cour de l’actuelle Maison militaire.
L’homme ainsi glorifié a massacré, pillé, violé, incendié des bourgades et écrasé en toutes circonstances notre peuple de son mépris raciste. Le Professeur Iba Der Thiam a résumé avec sobriété ses sanglants exploits : ‘’En huit mois, dit-il, Faidherbe a tué 20 000 Sénégalais.’’ Et c’est là une évaluation à minima. Tous ces crimes sont bien documentés et personne à ce jour n’a osé les mettre en doute. Soit dit sans passion, c’est se rouler dans la fange que de chercher la moindre excuse à un conquérant aussi brutal. Lors du siège de Fatick, le guerrier, comme enivré par sa propre cruauté, lâcha dans un petit moment d’abandon philosophique : “Ces gens-là, on les tue, on ne les déshonore pas !’’ Très sympa, ce compliment, à l’instant même où il taillait en pièces les nôtres. Mais voilà : Senghor a tellement adoré ce propos condescendant qu’il l’a repris dans un somptueux poème de Chants d’ombre avant d’en faire la devise de l’armée nationale, pourtant une des institutions les plus respectées de ce pays. Il est temps de s’interroger sur cette humiliante anomalie.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Ma génération et celles qui l’ont précédée ne sont pas exemptes de reproches. Nous les aînés, avons fauté et c’est pourquoi la campagne Faidherbe doit tomber, initiée par des jeunes, ne peut que nous interpeller. On est bien obligé d’admettre que les symboles de la colonisation nous encerclent depuis soixante ans et que, pour être franc, ils n’ont jamais dérangé grand monde. J’avouerai moi-même sans façons n’avoir pas été épargné par une aussi étrange indifférence. Au plus fort de cette querelle sur la statue de Faidherbe, j’ai trouvé fascinant ce vide émotionnel, ce flottement mental qui empêche la victime de sentir les fers à ses pieds s’il ne l’amène à en aimer la musique… Pointer du doigt cette sorte de folie douce, ce n’est pas jeter la première pierre à qui que ce soit. Je sais bien que je suis mal placé pour sonner, avec des hurlements patriotiques, la charge contre une malheureuse statue. Après tout, malgré plusieurs années passées à Saint-Louis, je n’en avais jamais relevé l’incongruité ni peut-être même l’existence. À ma connaissance, à part Sembène, auteur en 1978 d’une lettre incendiaire à Senghor, personne n’avait protesté contre la statue de Faidherbe avant la présente campagne. Et Dieu sait si des milliers de rebelles en ont eu l’opportunité à Saint-Louis la turbulente ! Ndar-Géej en a vu défiler, des femmes et des hommes de refus qui avaient toutes les raisons de tenter un petit coup d’éclat contre cet oppresseur étranger continuant à crier victoire d’outre-tombe. Si tant d’ennemis de l’ordre colonial ou néo-colonial sont quotidiennement passés à côté de ce cri de révolte-là, c’était sans doute moins par mollesse idéologique que du fait d’une distraction bien compréhensible.
Le fait est qu’à force de se fondre dans le paysage, le monument érigé en 1886 par des négociants français, avait fini par devenir invisible. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne paie pas vraiment de mine. Nous ne sommes pas en train de parler ici d’une sculpture géante plantée au cœur de la ville et la narguant du haut d’on ne sait quelle glorieuse épopée coloniale. Sans être évidemment un petit machin de rien du tout, la statue de Faidherbe n’est même pas, pour le dire ainsi, à la hauteur de sa mauvaise réputation. La place qui l’abrite est excentrée et exiguë et l’œuvre elle-même, quoi qu’à l’air libre, donne l’impression d’y être à l’étroit ou même au rebut. Il est dès lors normal qu’en un siècle et demi l’image, délestée de toute charge politique, ait fini par tirer sa seule légitimité d’une forme de droit du premier occupant du sol. Le monument est juste là, prisonnier du passé, si peu en résonance avec la vie des gens qu’il en devient irréel. Comment pourrait-il déranger ? Mais aussi comment se résigner à ce qu’il ne soit plus là ? Tel est sans doute le dilemme des habitants de la ville. Pas de tous ses habitants, j’imagine, puisqu’on peut être, me semble-t-il, Saint-Louisien, natif de Saint-Louis, sans être Doomu-Ndar. C’est de ces derniers qu’il est question ici. Il se pourrait qu’ils soient moins hantés par l’effacement de la figure de Faidherbe – à laquelle ils ont rarement prêté attention – que par le trou qu’une telle opération risque de creuser dans leur mémoire. Mais il y a tout lieu de craindre qu’il ne leur restera plus sous peu que leurs yeux pour pleurer : si jamais une statue a été à l’article de la mort, c’est bien celle-là. Son sort semble en effet définitivement scellé depuis le matin de 2017 où le vent est entré dans la danse, prenant sur lui de l’arracher et de la jeter par terre. Simple caprice de la météo ? Cela est possible mais on aura bien du mal à expliquer aux sceptiques pourquoi le vent a choisi de frapper à l’aube du 5 septembre, jour anniversaire de la condamnation, dans le palais situé juste en face, de Cheikh Ahmadou Bamba à sept longues années d’exil au Gabon…
Quoi qu’il en soit, cet orage nocturme a donné des idées à de jeunes activistes qui ont créé il y a trois ans le collectif Faidherbe doit tomber.. Surfant fort à propos sur la vague du Black Lives Matter, ses initiateurs, parmi lesquels Khadim Ndiaye, Pape Alioune Dieng, Thierno Dicko et Daouda Guèye, ont réussi à changer la donne du tout au tout. Ils sont jeunes et cela est bien normal, car en dépit des apparences ce qui se joue a plus à voir avec le futur qu’avec le passé comme en témoigne l’appel que leur a lancé Pierre Sané. En fait, leur action a consisté à retenir par la manche des passants au bord des routes – et sur les autoroutes de l’information ! – pour leur dire : ‘’Regardez bien le Toubab sur cette statue avec l’infâme mention ‘‘Le Sénégal reconnaissant !’’ et à leur demander, après le récit des atrocités commises par le soudard : ‘’Est-il normal que nous fassions de notre bourreau un héros ?’’ Bien sûr que c’est un scandale, une honte, la preuve d’un inquiétant mépris de soi-même. Voilà ce que presque tout le monde a toujours pensé sans juste trouver le temps de s’y arrêter. À présent, les mots n’en finissent pas de donner corps à cette colère longtemps endormie, inconsciente d’elle-même. Et ces mots cristallisant désormais toutes les passions sur Faidherbe sont la pire chose qui pouvait lui arriver. Ses victimes vont le réveiller d’entre les morts pour bien s’assurer que son deuxième trépas sera, si on ose dire, le bon. Au bout du compte, il est tout simplement devenu impossible de passer devant le monument dédié à Faidherbe sans s’interroger sur sa présence à cet endroit précis. Et rien que cela est une victoire des militants du collectif. Je ne sais si les partisans du maintien de la statue constituent ou non la majorité à Saint-Louis mais cela n’a plus grande importance. Faidherbe est en train de mourir de sa belle mort et chaque mot proféré dans cette dispute – peu importe si c’est pour ou contre lui – est un clou de plus à son cercueil. Mon ami Louis Camara a déclaré l’autre soir sur une télévision : ‘’Si la statue de Faidherbe disparaît, j’éprouverai peut-être un peu de nostalgie mais en aucun cas du regret’’. C’est à la fois courageux et d’un raffinement tout saint-louisien mais j’ai cru aussi entendre des paroles d’adieu…
Il est du reste essentiel de savoir qu’au moment où la polémique bat son plein, Faidherbe repose en paix dans une petite pièce du Centre de Recherche et de Documentation de Saint-Louis. Le débat porte donc sur un monument ‘’décapité’’ pour cause de travaux sur la place. D’après les officiels, la statue devrait être remise sur son piédestal entre janvier et mars 2021. La situation ainsi créée est pour le moins insolite et on a bien du mal à savoir quoi en penser. Il n’est même pas exclu que ce soit pour le gouvernement une façon de se débarrasser en douce du problème, à la sénégalaise en quelque sorte. Mais quelles qu’aient été ses intentions, il aura seulement réussi à faire marquer de nouveaux points aux adversaires de l’ancien Gouverneur. Ce n’était en effet pas pour eux une mince affaire que de se battre pour faire déboulonner Faidherbe. À present, il leur suffira de rester mobilisés pour qu’il ne soit pas reboulonné. C’est là une tâche infiniment plus aisée depuis que le meurtre de George Floyd fait braquer les projecteurs du monde entier sur tous les symboles de ‘’la férocité blanche’’ – pour parler comme Amelia Plumelle-Uribe – à l’égard des autres races humaines. Même pendant la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis et celle contre l’apartheid, l’anti-kémitisme n’avait pas fait l’objet d’une réprobation aussi universelle. On ne voit pas comment le pouvoir de Macky Sall pourrait ne pas en tenir compte. Reboulonner Faidherbe par peur de fâcher Paris serait, dans le contexte actuel, un aveu si spectaculaire de larbinisme que personne n’en croirait ses yeux. Cela ferait assurément rire toute la planète à nos dépens, surtout au moment où les Français eux-mêmes commencent à en avoir assez du personnage. Et les autorités de notre pays ne pourront pas non plus se tirer d’embarras en escamotant la statue pour ensuite faire comme si elle n’a jamais existé. Malheureusement pour elles, tant que la place ne sera pas débaptisée, le problème – leur problème - restera entier.
L’histoire est d’ailleurs en train de s’accélérer et certains signes ne trompent pas : il est surtout question désormais de savoir par qui remplacer Faidherbe. Deux personnalités politiques de premier plan, Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et Aminata Touré, ex-Premier ministre et actuelle présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental, ont clairement pris position contre cet insultant vestige de l’époque coloniale. Un autre ancien ministre, de l’Education nationale cette fois-ci, le Professeur Iba Der Thiam, avait ouvert la voie en 1984, en donnant au lycée Faidherbe le nom de Cheikh Omar Foutiyou Tall. Soit dit au passage, c’est aussi grâce à Iba Der Thiam qu’à Kaolack, la même année, le lycée Gaston Berger – comme on se retrouve ! – est devenu Valdiodio Ndiaye. Le célèbre pont de Saint-Louis et une grande avenue dakaroise attendent leur tour d’être renommés. Tout cela peut donner l’impression d’un acharnement contre cet administrateur colonial. Il n’en est rien. Des toubabs comme lui, le Sénégal en a vu passer beaucoup mais aucun d’eux ne reste aussi envahissant tant d’années après sa mort. Ceux qui le défendent, d’ailleurs non sans gêne, on l’a bien remarqué, devraient s’interroger sur l’hyper-célébration d’un tel individu. Sembène avait bien raison d’apostropher en termes assez rudes le président de l’époque : ‘’ Notre pays n’a-t-il pas donné des femmes et des hommes qui méritent l’honneur d’occuper les frontons de nos lycées, collèges, théâtres, universités, rues et avenues ?’’ C’est une excellente question. Même si la réponse semble couler de source, il faut aussi se demander, en toute honnêteté, pourquoi presque un demi-siècle plus tard, elle reste d’actualité.
S’il est une leçon à retenir de l’histoire des relations entre les nations, c’est qu’un peuple conquis ne guérit jamais tout à fait des blessures de la défaite. En somme, il n’y a rien de nouveau sous le soleil et les Africains ne sont pas les seuls à qui la petite Europe a imposé au cours des siècles sa volonté de puissance. Partout l’Europe a d’abord détruit des royaumes par le fer et par le feu avant de s’ingénier à pétrir longuement, lentement, presque avec tendresse, tel un potier sa glaise, la cervelle des élites. D’avoir ainsi fragilisés les humains et leurs Dieux lui a permis de bouleverser à son avantage la production économique et les rapports sociaux.
Dans l’histoire du Sénégal, il existe un véritable cas d’école de ce processus de fabrication du fantoche par le maître venu de l’autre bout du monde. Je fais allusion ici à la tentative - heureusement avortée - de Faidherbe de faire de Sidiya Diop, prince héritier du Walo, un Brack blanc à la peau noire. L’histoire, pourtant avérée mis à part certains points de détail, est difficile à croire. Il est encore plus incroyable que si peu de Sénégalais la connaissent.
Destiné à régner sur le Walo, Sidiya Diop était le fils de la Reine Ndaté Yalla Mbodj, dont notre peuple chérit tant la mémoire. Aminata Touré a d’ailleurs récemment proposé que la place Faidherbe porte désormais son nom. Sidiya avait à peine dix ans quand il fut envoyé de force à l’Ecole des Otages de Saint-Louis. Frappé par sa vivacité d’esprit et sa précocité, Faidherbe entreprit, avec sa détermination habituelle, de faire du futur souverain un étranger parmi ses sujets, un être humain totalement différent de celui qu’il était à sa naissance. Si on l’appelle encore aujourd’hui Sidiya Léon Diop, c’est parce que Faidherbe avait ajouté son propre prénom à celui de l’adolescent lors de son baptême chrétien. C’était, littéralement, une entreprise de dévoration de l’âme du jeune homme. À l’école française, Sidiya Léon Diop se montre si brillant que Faidherbe n’hésite pas à l’inscrire au ‘’Lycée Impérial’’ d’Alger. Mais la ville ne plaît pas à Sidiya et au bout de deux ans son puissant protecteur le fait revenir à Saint-Louis où il complète sa formation dans un établissement tenu par des religieux. Bien né, bon catholique, d’une intelligence supérieure, chouchouté par les colons et, dit-on, féru de stratégie militaire, Sidiya Léon Diop avait tout lieu d’être content de son sort. Croquant la vie à belles dents, il était tout à fait à l’aise dans les costumes, les manières, la nourriture et la langue des toubabs. Inutile de préciser que, formaté pour mépriser les siens, il ne s’en priva pas.
Il en fut ainsi jusqu’au jour où, lors d’un rassemblement public à Mbilor, le griot Madiartel Ngoné Mbaye refusa de chanter, comme il se devait, les louanges de Sidiya Léon Diop. Lorsque ce dernier voulut savoir pourquoi il se comportait ainsi, le griot lui répondit ceci : “Sidiya, je ne peux plus te chanter car je ne te reconnais plus, tu n’es pas habillé comme nous, tu n’agis pas comme nous et personne au Walo ne comprend les mots qui sortent de ta bouche !’’ Sans doute le Prince héritier du Walo se sentait-il déjà mal dans sa peau, car il reconnut sur-le-champ s’être fourvoyé et entama sa seconde métamorphose allant, dit-on, jusqu’à ne plus proférer un seul mot de français. Il renoua aussi avec la religion de ses ancêtres, se débarrassa du ‘’’Léon’’ dont son mentor l’avait affublé et redevint Sidiya Ndaté Yalla Diop.
Pour Faidherbe qui s’était senti poignardé dans le dos, le revirement de son ‘’fils’’ valait déclaration de guerre. Et celle-ci eut lieu mais plus tard. Sidiya Ndaté Yalla finit par prendre les armes contre les successeurs de Faidherbe et leur imposa par ses succès militaires d’importantes concessions. Fait prisonnier à Bangoye, exilé dans la forêt de Nengue-Nengue au Gabon, Sidiya y devint si populaire parmi les colons de l’époque que ceux-ci décidèrent de le faire rentrer au Sénégal à l’insu de l’administration française. Lorsque le Colonel Brière de Lisle apprit que le bateau le transportant avait accosté au port de Dakar, il monta à bord et lui fit savoir qu’il serait abattu à la seconde même où il en sortirait. Le même bateau le ramena au Gabon. Sidiya Ndaté Yalla Diop, qui n’avait pas encore trente ans, réalisa alors qu’il ne reverrait plus jamais sa terre natale. Une nuit de juin 1878, il se tira une balle en plein cœur.
Il est facile de comprendre à partir de ces faits historiques pourquoi Sidiya Ndaté Yalla Diop aurait dû être au centre de l’actuelle controverse. En raison même de sa relation personnelle avec Faidherbe, tout ce qui se dit et s’écrit en ce moment évoque, en creux, le destin tragique et singulier de Sidiya. Or, tout se passe depuis un siècle et demi comme s’il n’a jamais été de ce monde. Il se pourrait que sa mémoire se perpétue d’une façon ou d’une autre au Walo mais ce serait bien l’exception. Sa volte-face de Mbilor n’était pourtant pas anodine car on peut penser, avec le recul, qu’elle a modifié en profondeur le cours de notre histoire politique. Tout porte en effet à croire que Faidherbe le préparait à la magistrature suprême, comme on dit aujourd’hui. Sous-lieutenant de l’armée française à seulement vingt ans et doué pour l’art de la guerre, il aurait pu devenir le premier Général ou même le premier Gouverneur noir de l’Empire colonial français. S’il en avait été ainsi, il serait aujourd’hui la référence absolue de notre pays toujours si prompt à se pâmer devant tout compatriote ayant réussi à être ‘’le-premier-quelque-chose-noir.” Qu’il s’agisse de Blaise Diagne, de Léopold Sédar Senghor ou de Lamine Guèye, les exemples ne manquent pas chez nous de grosses carrières politiques bâties sur ce genre de malentendu. En tout état de cause, il est quasi certain que si Faidherbe était arrivé à ses fins avec Sidiya, le Sénégal aurait à l’heure actuelle un visage bien différent. Et probablement pas pour le meilleur…
Débarrasser nos artères des noms de Jules Ferry, Pompidou, Charles de Gaulle et autres Béranger-Ferraud est certes une œuvre de salubrité publique. Pourtant la présente querelle – une affaire sérieuse, s’il en est – va bien au-delà de quelques boulevards et monuments. Elle nous installe au cœur de formidables enjeux historiques car il y est surtout question de la finalité de notre présence sur terre. Il n’est dès lors pas étonnant que la connexion se soit faite si aisément entre le mot d’ordre Faidherbe doit tomber et le slogan Black Lives Matter. C’est le prisme au travers duquel il faut analyser le choix existentiel de Sidiya Ndaté. En plus de nous avoir donné à lire, concrètement, dans sa trop brève vie tout notre rapport à l’occupation étrangère, il fut ce qu’on pourrait appeler un résistant stratégique. Son combat anti-colonialiste ne fut jamais inscrit dans le court terme ni rythmé par des alliances et revirements eux-mêmes dictés par le rapport de forces sur le terrain. Sa propre mésaventure lui avait fait prendre conscience qu’au-delà de la trivialité des jeux de pouvoir, l’occupant vise à détruire chez les peuples conquis ce qui en fait des humains, leur imaginaire et leur sens moral. Jusqu’à sa capture, il essaya de persuader ses homologues de l’impératif d’une grande coalition contre l’occupation étrangère. Sans succès, on l’a vu.
Ce grand homme mérite que l’Etat sénégalais mette tout en œuvre pour que ses restes soient rapatriés du Gabon. Des élus de Dagana ont paru s’y activer il y a quelques années mais cela ne semble plus être à l’ordre du jour. Sékou Touré avait bien réussi en son temps à se faire restituer par Libreville la dépouille mortelle de l’Amamy Samory Touré. Pour notre pays, c’est le moment ou jamais de marcher sur ses traces. Ce serait un sacré clin d’œil à l’histoire si la chute de Louis-Léon César Faidherbe devait se traduire par le triomphal retour d’exil de Sidiya Ndaté Yalla Diop.
MAMADOU TALLA REMET UN MILLIARD AUX ECOLES PRIVEES
L’Etat améliore ainsi l’atmosphère délétère qui règne dans les établissements scolaires d’enseignement privés depuis la suspension des cours à cause de la Covid-19
La Fédération des Ecoles Privées du Sénégal va recevoir des mains du ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, un chèque d’un milliard FCFA dans le cadre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la COVID-19 (Fonds Force Covid-19). Une bouffée d’oxygène pour ces établissements d’enseignement privés dont la santé financière est durement éprouvée par la pandémie.
Une bouffée d’oxygène pour les écoles privées du Sénégal qui sont fortement impactées par la pandémie de la Covid-19. L’Etat améliore ainsi l’atmosphère délétère qui règne dans les établissements scolaires d’enseignement privés depuis la suspension des cours à cause de la Covid-19. Des enseignants sont restés plusieurs mois sans salaires. Au moment où parents d’élèves et directions des écoles ne parviennent pas à s’accorder sur le paiement des mois non étudiés au point de pousser SOS Consommateurs que dirige Me Massokhna Kane à saisir la justice.
Désormais, tout cela va relever d’un mauvais souvenir. Ce qui favorisera le retour de la belle ambiance. En effet, le ministre de l’Education Nationale, Mamadou Talla, va remettre aujourd’hui aux écoles un chèque d’un milliard FCFA en guise d’appui de l’Etat, dans le cadre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la COVID-19 (Fonds Force Covid-19).
Les bénéficiaires de ce fonds d’appui sont les écoles privées reconnues et celles en phase de reconnaissance. C’est le collectif des promoteurs d’écoles privées qui a fixé, de concert avec les autorités éducatives, les critères de répartition des fonds. En plus de la reconnaissance, les effectifs des enseignants et des élèves vont également peser sur la balance.
Au total, ce sont 1 400 établissements privés qui vont se partager l’enveloppe. Ce qui va sans doute améliorer la santé financière des écoles privées qui ont subi de plein fouet l’impact de la pandémie au coronavirus. Outre cette enveloppe (1 milliard FCFA) décaissée du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la COVID-19, la Fédération des écoles privées a reçu sa subvention annuelle d’un montant de 1,29 milliard FCFA.
D’habitude, la subvention allouée aux établissements privés tombait tardivement. Cette année, à cause de l’impact de la pandémie de la Covid-19, le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla a diligenté la procédure sur instruction du président de la République. Les écoles privées ont déjà encaissé la subvention annuelle.
Ainsi, tout ceci permettra aux établissements privés de terminer en beauté cette année scolaire particulière qui tire à sa fin. Déjà, les épreuves physiques du Bac et les matières facultatives sont terminées.
par Felwine Sarr
BONJOUR DE DURHAM
Après 13 ans de bons et loyaux services à l’UGB de Saint-Louis, c’est une nouvelle aventure qui commence pour moi. Je rejoins l’Université de Duke ou j’ai obtenu un poste de Distinguished Professor of Humanities dans le département de Romance Studies
Depuis quelques jours, je suis arrivé à Durham en Caroline du Nord. Je rejoins l’Université de Duke ou j’ai obtenu un poste de Distinguished Professor of Humanities dans le département de Romance Studies. J’y occupe la chaire Anne-Marie Bryan. C’est un département d’humanités dites writ large. J’y enseigne dès cet automne, la philosophie Africaine contemporaine et diasporique ; au printemps, je donnerai un cours intitulé, music history and politics dans lequel je me propose d’explorer les dynamiques politiques et sociales des nations africaines depuis les indépendances, à travers l’archive musicale, et un troisième cours sur le soin et la guérison dans le roman contemporain Africain.
Après 13 ans de bons et loyaux services à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, c’est une nouvelle aventure qui commence pour moi. J’élargis mon champ disciplinaire aux humanités et continue à construire une expérience à la croisée des sciences humaines et sociales. Je me déplace et change de lieu à partir duquel je fais l’expérience du monde. Les chantiers entrepris sur le Continent se poursuivront, notamment les Ateliers de la pensée et l’école doctorale des Ateliers qu’Achille et moi organisons. Je continuerai à donner mon cours d’épistémologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, que je ferai en ligne, et le travail d’encadrement des doctorants de l’UGB se poursuivra. Pour ce qui est de l’économie, mon intérêt se porte désormais dans l’élaboration des fondements d’une économie du vivant. Je participe à un programme de recherche ici à Duke dirigé par Jocelyn Olcott, qui a pour ambition de faire du care le paradigme fondamental de l’économie.
Le programme de recherche que je conduis à Duke et sur lequel je vais travailler ces prochaines années, s’intitule Ecologies of Knowledge. J’y repose la question de ce qu’est un savoir, j’y explore les épistémologies du non-logos, les savoirs inscrits dans les textes oraux, les arts, les corps, et toute la topographie du discours social. Il est important non seulement d’élargir la géographie des savoirs, mais pour les sociétés africaines de réinvestir des archives cognitives et des pratiques discursives à travers lesquelles elles ont transmis et enrichi un capital culturel dans le temps. Ma conviction est que ces archives réinvesties, enrichiront notre connaissance et sont fécondes pour les temps à venir. Mon terrain de recherche de prédilection sera l’Afrique de l’Ouest.
Je rejoins au département de Romance Studies, l’historien Laurent Dubois, le sémioticien argentin Walter Mignolo, Deborah Jenson, Esther Gabara, Ranji Khanna, Anne Gaelle Saliot, Richard Rosa et tant d’autres, qui m’ont chaleureusement accueilli. Valentin Yves Mudimbé a enseigné dans ce même département il y a quelques années. Aujourd’hui à la retraite, il vit toujours à Durham. Je me suis promis d’honorer une promesse de visite que je lui avais faite il y a quelques années, et de contribuer au bout du mat de son travail, aidé des archives du tout-monde, à l’œuvre de réinvention que nous nous sommes assignés.
ALIOUNE DIOP, LA CULTURE COMME CHEMIN DE SAINTETÉ
Le fondateur de la Maison d'édition "Présence Africaine", a joué un très grand rôle dans la participation des Africains au Concile Vatican II
La Croix Afrique |
Lucie Sarr |
Publication 26/07/2020
Jean Alioune Diop, un catholique sénégalais fondateur de la revue puis des éditions « Présence africaine », a joué un rôle très important dans la participation des Africains au Concile Vatican II.
Il a également nourri la réflexion théologique africaine sur l’inculturation, comme initiateur, en 1956, du célèbre ouvrage « Des prêtres noirs s’interrogent ». Portrait d’un laïc qui a marqué l’histoire de l’Église d’Afrique.
Quand l’on parle d’Alioune Diop, l’on pense souvent à l’homme de culture qui a fondé les éditions Présence africaine dont le nom côtoie souvent ceux de Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, David Diop et d’autres auteurs de la négritude. Mais Alioune Diop est également un grand nom de l’Église catholique en Afrique. Ce catholique sénégalais a, en effet, activement participé à la préparation du Concile Vatican II, une rencontre convoquée par le pape Jean XXIII qu’Alioune avait connu à Paris lorsqu’il y était nonce.
Alioune Diop est né en 1910, dans une famille musulmane de Saint-Louis au Sénégal. Ce n’est qu’à l’âge adulte, à Paris, en 1944, qu’il devient chrétien avec comme prénom de baptême, Jean. Homme de lettres, il fonde la revue Présence africaine en 1947, puis les éditions du même nom, deux ans plus tard.
Vatican II
Fondateur et directeur de la Société africaine de culture (SAC), il estime que les catholiques africains doivent s’approprier le Concile Vatican II par une préparation spécifique impliquant laïcs et clergé. Il est, en cela, soutenu par le jésuite camerounais Meinrad Hebga. Pour mener à bien cette préparation, Alioune Diop organise une ambitieuse consultation auprès des intellectuels africains, laïcs et prêtres, parmi « les plus compétents ». L’idée est de recueillir leurs réflexions, recommandations, et propositions concrètes à présenter comme contribution du « génie africain » au Concile Vatican II.
«Errements, hésitations, mimétismes, incohérences pédagogiques et stratégiques … », le G20 des syndicats de l’enseignement qualifie les décisions du ministre de l’Education nationale.
«Errements, hésitations, mimétismes, incohérences pédagogiques et stratégiques … », sont entre autres les adjectifs forts utilisés par le G20 des syndicats de l’enseignement lors d’une conférence de presse tenue hier, vendredi, pour qualifier les décisions du ministre de l’Education nationale. Ainsi, Mamadou Mbaye Tamba, nouveau coordonnateur dudit groupe, a laissé entendre que le choix pédagogique «Apprendre à la maison» indiqué par M. Talla est «théâtral » et « assez inadéquat » pour le système éducatif Sénégalais. Mieux poursuit-il, «cette initiative est un vide d’esprit du ministre de l’Education» car, «tout le monde sait que les élèves n’ont pas appris. Donc il n’est pas question de parler de consolidation, s’il n’y a pas eu d’acquisition». Le G20 s’est aussi indigné des multiples rétropédalages du ministère de l’Education, «qui n’a fait qu’empirer une situation déjà complexe», tout en indexant par la même occasion « un ministre versatile, qui change de décision d’une seconde à l’autre ».
«Entre ses mains, l’avenir de notre éducation est en danger», a déclaré le G20 à l’adresse du ministre de l’Education, lors d’une conférence de presse qu’il a organisée à la date d’hier, vendredi. Pour les syndicalistes du G 20, il est temps de rompre avec le silence et de dénoncer la «navigation à vue» du ministère de l’Education nationale qui a donné lieu «à beaucoup d’hésitations, d’errements, d’incohérences pédagogiques et stratégiques», dont «le gouvernement sera le seul à assumer les conséquences».
Et parmi les dysfonctionnements énumérés qui, selon le G20, « ont profondément obscurci le système éducatif sénégalais», le nouveau coordonnateur du G20, Mamadou Mbaye Tamba, a fait savoir que «le choix pédagogique «Apprendre à la maison» en lieu et place des rattrapages pour compenser la reprise tardive des enseignements et apprentissages, est un vide d’esprit du ministre de l’Education nationale ».
Pour expliquer une telle position, le syndicat renseigne que « les choix et mesures précitées n'ont pas tenu compte, malgré les interpellations des différentes organisations syndicales, des limites numériques, de l'iniquité, de la discrimination et de la grave entrave à la Constitution, à la Loi d'orientation, aux textes et règlements sur l'égalité des chances de tous les fils et filles de notre cher Sénégal. Les victimes étant les élèves de zones à faible taux ou absence de couverture numérique et télévisuelle et/ou très pluvieuses».
Ainsi, jugeant de ce fait la méthodologie d’apprentissage «Apprendre à la maison» complètement en «déphasage et aux antipodes» avec les réalités sénégalaises, le syndicaliste accuse le ministère de l’Education d’avoir empiré une situation déjà complexe par ses «hésitations et errements» répétés. «Le report de la reprise nous a fait perdre trois précieuses semaines», at-il affirmé.
Or, poursuit M. Tamba «le G20 avait proposé le 14 avril, une reprise conditionnée des enseignements apprentissages en deux étapes : la première pour les classes d'examens et la seconde à partir des mois de septembre/octobre à fin novembre 2020». Non sans préciser que «ces propositions étaient conditionnées par la mise en œuvre d'un protocole dans le strict respect des mesures barrières, notamment l'éclatement des classes en groupes réduits de 20, l'existence de sanitaires fonctionnels, la mise à disposition de thermo flashs, de produits désinfectants, de masques et gants pour les élèves, les enseignants et autres personnels des établissements scolaires».
Mais sans autre forme d’analyse, explique M. Tamba, le ministre de l’Education nationale de manière «précipitée et unilatérale, a choisi tout d’abord la date du 02 juin qui s’est soldée par un échec chaotique, nous faisant perdre ainsi 03 semaines précieuses». Résultat, selon le G20, «le copier/coller» sur la France qui a caractérisé les décisions sur le fonctionnement de notre école dans ce contexte lié à cette pandémie, ont été des attitudes regrettables que nous ne cesserons de dénoncer».
PAS DE COMPROMIS SUR LE MODE DE CORRECTION AUX EXAMENS
«L’enseignement est une cohérence, un programme…», a rappelé le G20 pour dénoncer dans les décisions un pilotage unilatéral du ministre de l’Education nationale allant à l’encontre des fondamentaux de l’éducation. «Lorsqu’ils ont voulu reprendre les cours, ils n’ont pas tenu compte de la caractéristique fondamentale du protocole pédagogique», a renseigné le G20. Et de poursuivre : «Est-ce que théoriquement en 01 mois, on peut rattraper 20 chapitres en histoire géographie? La réponse est non. Et lorsqu’ils se sont rendus compte de cela, ils ont largué des chapitres…». Un acte, selon le G20, qui aura de sérieuses conséquences sur le niveau des candidats et sur les résultats des examens. «Ces chapitres largués auront des conséquences sur le niveau des élèves.
Raison pour laquelle la pertinence de la proposition du G20 s’impose», a-t-il affirmé. Par ailleurs, il n’y aura aucun allègement en ce qui concerne le mode de correction des copies d’examens. «De toute façon, nous connaissons le sens d’engagement et de responsabilité des enseignements. Et quelles que soient les épreuves, les copies seront corrigées comme cela se doit et il n’y aura pas de compromis» a rassuré le G20. Non sans avertir que «nous tenons et nous alertons que s’il y a des résultats catastrophiques, c’est de la responsabilité du ministère de l’Education nationale. Le mode de correction restera le mode correction».
En outre, Le G 20 a tenu à rappeler que la situation est plus qu’alarmante pour ces candidats aux différents examens qui doivent faire face à différentes épreuves sans des séances de révisions qui sont d’une importance plus que capitale. Aussi, vu le nombre insuffisant de professeurs en philosophie, des sociologues ont pris la craie pour enseigner une discipline qui n’est pas forcément la sienne. Tel est le cas au Lycée Ahmadou Seck de Thiès, témoigne Gabriel Faye, professeur de philosophie dans ledit lycée. Sans oublier l’hivernage qui n’est pas pour faciliter la tâche pour les potaches.
LE G20 MENACE DE DETERRER LA HACHE DE GUERRE !
En dépit de ce contexte pandémique, le groupe syndical du G20 a jugé utile si l’État continue de s’enfermer dans son «mutisme habituel» par rapport aux revendications, «de déterrer la hache de guerre», pour mettre fin à une « récréation malsaine qui a donné lieu au bafouement de plusieurs accords par le gouvernement». Pour y remédier, le G20 exige «le respect intégral du protocole du 17 février 2014 à travers la diligence du paiement et la résorption du gap des rappels dus aux enseignants (validation, intégration, avancement, reclassement, etc.) ; le paiement des rappels aux 2/3 sur la validation pour les fonctionnaires, l'arrêt de la surimposition sur les revenus des enseignants ; la fin des lenteurs administratives, le respect des engagements sur la question de l'habitat par la délivrance des attestations collectives à Dakar-Ziguinchor et la viabilisation des parcelles de l'intérieur pour le G10 et l'octroi des parcelles dans les régions de Saint-Louis, Diourbel, Kaolack et Ziguinchor au G8».
Et de poursuivre dans le même registre des revendications, «le dégel du prêt DMC; l'ouverture de négociations inclusives sur le système de rémunération des agents de la fonction publique ; le reversement des MEPS dans le corps des PCEMSG la mise à disposition de manuels scolaires en langue arabe et en Éducation religieuse, l'éradication des abris provisoires ; le respect des principes de la gestion démocratique des personnels enseignants ; l'évaluation du curriculum de l'école de base».
Le G20 n’en exige moins aussi «l'ouverture de négociations inclusives sur les questions nouvelles sur : l'âge de la retraite à 65 ans (en optionnelle ou non); les propositions de passages des élèves des classes intermédiaires de l'élémentaire et du Moyen- secondaire, de l'Enseignement technique et la formation professionnelle ; le budget de l'éducation préscolaire, qui n'a jamais dépassé 1% du budget de l'éducation à élever au moins à 5% pour aider fortement à universaliser les conditions d'accès à la petite enfance et à l'éducation préscolaire, le taux de préscolarisation se situe aujourd'hui à 17%».
Et de rappeler enfin à l’attention du ministère de l’Education que «le préavis de grève du G20 est toujours de vigueur, et donc rien ne s'oppose, si l'État ignore nos préoccupations, nos exigences, celles des enseignants et de l'école, que nous déterrions très bientôt la hache de guerre pour faire entendre le cri de désarroi et de désolation des enseignants, ces formateurs de la conscience citoyenne et patriotique ».
LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS DIVISÉS
4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire. Telles sont les moyennes exigées cette année pour le passage des élèves des classes intermédiaires en classes supérieures
4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire. Telles sont les moyennes exigées cette année pour le passage des élèves des classes intermédiaires en classes supérieures. Communiquée par le ministre de l’Education, cette décision est diversement appréciée par les syndicats d’enseignants.
« Je vous informe des modalités définies pour le passage des élèves en classes intermédiaires. 4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire ». Ainsi est libellé le communiqué du ministre de l’Education nationale. Par cette décision, m. Mamadou Talla demande aux destinataires de veiller à l’application rigoureuse de ces mesures au niveau des écoles et établissements scolaires publics ou privés dans leurs circonscriptions respectives. Une décision diversement appréciée par les syndicats d’enseignants. Si certains enseignants pensent que c’est la meilleure solution pour sauver l’année scolaire, d’autres bottent en touche en accusant le ministre de n’avoir comme seul objectif que le sauvetage de l’année.
Pour eux, en effet, le ministre ne veut pas d’une année blanche tout en sacrifiant les élèves dont le niveau va baisser l’année prochaine. Vouloir sauver l’année scolaire et éviter qu’elle soit blanche est tout à fait normal, selon le secrétaire général du Saemss (syndicat autonome de l’enseignement moyen secondaire du Sénégal), Saourou Sène. « C’est la meilleure solution que l’on puisse prendre en cette année de pandémie de la Covid19. La moyenne indiquée par le ministre de l’Education est bien normale », soutient m. Sène qui demande à ceux qui fustigent ces propositions de proposer une alternative plus orthodoxe. « S’il y a une meilleure solution, qu’on nous la propose ! », lance t-il.
Tout en précisant que le Saemss ne prend pas en charge les questions de l’élémentaire, m Sène dit être en phase avec les nouvelles modalités de passage pour les classes intermédiaires du moyen secondaire. Ce, dès lors que 9 est une moyenne raisonnable pour la bonne et simple raison que, même au Baccalauréat, il arrive que l’on repêche des élèves qui ont cette moyenne de 9. m. Sène pense qu’il faudrait attendre les résultats des examens pour se faire une idée du niveau des élèves. « Et si ce niveau est tant soit peu inquiétant, la pandémie rend ce niveau encore beaucoup plus catastrophique », estime le patron du Saemss. Quant à m. dame Mbodj , le secrétaire général national du Cusems (Cadre unitaire de l’enseignement moyen secondaire) authentique, il soutient que la faute se situe au niveau du gouvernement qui veut saboter l’école publique au profit du privé par le biais de certains lobbies.
Le secrétaire général national du Cusems authentique pense que c’est le président de la République, par le biais de son ministre de l’Education, qui est le responsable car c’est lui qui a décidé de « faire sauter de classes les élèves ». Il s’interroge sur le fait que l’Etat veuille valider l’année tout en sachant que l’école a perdu près de 5 mois. a en croire m. Mbodj, il serait plus juste de rattraper le temps perdu. « Nous déplorons cette décision. Nous avons proposé au gouvernement de poursuivre les apprentissages jusqu’au mois de décembre afin de pouvoir combler le gap et ainsi faire des compositions », rappelle m. Mbodj qui considère les mesures prises (pour faire passer les élèves des classes intermédiaires en classe supérieure) comme une façon de sacrifier une génération. Un avis partagé par m. diop, enseignant à Tivaouane peulh, et qui pense que l’on devrait continuer les cours jusqu’au mois de décembre afin de sonder les élèves.
LA COSYDEP FORMULE DES RECOMMANDATIONS
Face à la complexité du contexte, la Cosydep a énoncé plusieurs mesures pour un bon déroulement des examens de fin d’année, des passages en classes supérieures des élèves et aussi pour une bonne entame de la prochaine rentrée scolaire
Face à la complexité du contexte, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a énoncé plusieurs mesures pour un bon déroulement des examens de fin d’année, des passages en classes supérieures des élèves et aussi pour une bonne entame de la prochaine rentrée scolaire. Rappelons que le ministère de l’éducation a fait savoir à travers un communiqué les différentes modalités de passages en classes supérieures des élèves, quelques points clés sur la préparation et l’organisation des examens de fin d’année et des mesures pour la prochaine rentrée scolaire. Une décision très contestée par plusieurs acteurs de l’éducation.
Pour le bon déroulement des examens de fin d’année, des passages en classes supérieures des élèves et de la prochaine rentrée, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique a énoncé des propositions dans le but d’un «dépassement des contraintes liées à la crise sanitaire dans la perspective des examens de septembre, du passage des élèves en classes intermédiaires et de la rentrée prochaine prévue en novembre».
Pour rappel, le ministère de l’éducation nationale a fait savoir par un communiqué les différentes modalités de passages en classes supérieures des élèves, les grandes lignes de la préparation et de l’organisation des examens de fin d’année et quelques dates du calendrier de la prochaine rentrée scolaire.
En effet pour la Cosydep, le «déroulement des examens de cette année, nécessite, sans aucun doute, des dispositions particulières». Et d’ajouter qu’il s’agira «d’anticiper sur les difficultés qui pourraient survenir». Notamment poursuit-il « s’appuyer sur l’expérience et l’expertise des professionnels de l’enseignement (inspections académiques et enseignants) ». Non sans préciser que « ces autorités devront également prévoir des solutions de rechange face aux contraintes que pose l’hivernage et baser les épreuves sur les seuils minimaux de maîtrise dans les différentes disciplines ».
Dans ce même registre, la Cosydep propose «le renforcement de la vigilance dans le choix, l’administration et la correction des épreuves mais aussi dans les délibérations». Par ailleurs, pour la Coalition qui regroupe des organisations actives dans le domaine de l’éducation et de la formation, des syndicats d’enseignants et des associations de parents d’élèves, il est également «impératif de prendre la mesure des défis à relever dans la marche vers la rentrée de novembre». Et estime dans la même foulée que «la rentrée scolaire 2020-2021 sera probablement une rentrée spécifique du fait du contexte particulier de l’année en cours». Raison pour laquelle «elle devra être utilisée de façon optimale en vue de combler les lacunes issues de l’année écourtée du fait de l’épidémie de Covid-19», renseigne ledit communiqué.
Soulignant qu’il convient «d’établir un bilan objectif, exhaustif et inclusif des conséquences de la maladie en vue d’apprécier la portée des multiples offres d’accompagnement des apprenants, d’évaluer le dispositif de reprise des enseignements et d’en tirer des leçons pour l’avenir». Toutes ces mesures énoncées par la coalition entre dans le cadre de «garantir la stabilité de l’année scolaire 2020-2021 par des négociations ouvertes et sérieuses en vue de traiter efficacement la question enseignante et de maintenir la trêve» précise-t-elle.
Et face à la complexité du contexte, elle recommande l’engagement, la mobilisation et la vigilance de l’ensemble des acteurs et partenaires. En outre, la Cosydep insiste aussi sur «des actions qui matérialisent l’option pour un système éducatif moderne dans ses possibilités d’apprentissage, solide de ses infrastructures, souple dans son déploiement, résilient dans ses réponses face aux événements imprévus, suffisamment ancré sur les réalités nationales et effectivement décentralisé».
LU BEES AVEC RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
VIDEO
LE FONCIER AU SÉNÉGAL, LA MAL-GOUVERNANCE PARTOUT
EXCLUSIF SENEPLUS - Les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal - Volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière
Réalisation et montage Boubacar Badji |
Publication 22/07/2020
Lu Bees, avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar. Dans ce numéro :
Ousseynou Nar Gueye revient sur le foncier au Sénégal, au coeur de l'actualité. La volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière et de répondre aux demandes d'espaces verts urbains, mais aussi une persistance de l'insécurité juridique du régime des titres de propriété.
De son côté, René Lake met en exergue les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal avec cette polémique du transfert des oryx gazelles, espèces protégées, dans la propriété d'Abdou Karim Sall. Partout, la mal gouvernance a des effets désastreux. Que l'on soit dans un pays puissant comme les Etats-Unis ou un pays pauvre comme le Mali.
Lu Bees est un talk audiovisuel hebdomadaire de SenePlus et Tract, réalisé et monté par Boubacar Badji.
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Dans ce numéro, Ousseynou Nar Gueye revient sur le foncier au Sénégal qui est au coeur de l'actualité. Volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière et de répondre aux demandes d'espaces verts urbains, mais aussi persistance de l'insécurité juridique du régime des titres de propriété.
De son côté, René Lake met en exergue les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal avec cette question du transfer des biches dans la propriété d'Abdou Karim Sall. Partout, la mal gouvernance a des effets désastreux. Que l'on soit dans un pays puissant comme les Etats-Unis ou un pays pauvre comme le Mali.
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