Conscient que cette année les examens seront organisés dans un contexte particulier avec la pandémie du coronavirus qui gagne du terrain, le Sudes exige de la part des autorités l’élaboration d’un protocole sanitaire spécifique pour les centres et jurys d’examen. Pour ces syndicalistes, «il faut absolument des mesures préventives adéquates pour sauvegarder la santé et la vie des membres de jurys».
Le déroulement des examens prévus dans quelques jours dans un contexte où l’on assiste à une augmentation des cas communautaires ne rassure par le Sudes/Emsg. Dans un communiqué, ledit syndicat attire l’attention sur le fait que «les défis à relever pour l’organisation réussie de ces examens sont plus importants et complexes». D’après les membres du Sudes, «il s’agira de les organiser dans la rigueur tout en respectant scrupuleusement le protocole sanitaire élaboré à cette occasion». D’ailleurs dans son document, «le Sudes/Emsg exige des autorités académiques et sanitaires l’élaboration d’un protocole sanitaire spécifique pour les centres et jurys d’examen». Selon les auteurs du communiqué, «les centres seront des lieux de rassemblement et les jurys auront à manipuler des milliers de feuilles pour la correction dans l’anonymat et le report des notes etc., alors que les contaminations communautaires au Covid-19 sont croissantes».
D’après eux, «dans ces conditions, il faut absolument des mesures préventives adéquates pour sauvegarder la santé et la vie des membres de jurys». Dans la même veine, les syndicalistes exhortent «les autorités académiques (Dexco, Office du Bac, Ia et Ief notamment) à l’organisation méthodique et à la vigilance constante du début à la fin des opérations». Ils soutiennent que «les concertations avec les acteurs clefs de terrain devront être de mise pour éviter les genres de couacs constatés dans l’introduction impromptue des épreuves d’Education physiques (Eps) dans les examens, contrairement à l’option de départ». En outre, le Sudes estime que «toutes les dispositions nécessaires devront être arrêtées et appliquées à temps pour le bon déroulement de toutes les évaluations certificatives». Cela, afin d’éviter «tous les désagréments aux membres de jurys d’examen : convocations, paiement des avances de déplacement, établissements scolaires appropriés du fait de l’hivernage etc.».
Dans son document, le Sudes/Emsg a tenu à marquer «son désaccord total avec la décision de l’Office du Bac consistant à exclure des jurys d’examen tout professeur du Lycée d’excellence de Diourbel». Jugeant le prétexte «inique et injuste», les syndicalistes soutiennent que «l’éparpillement sur le territoire national du petit effectif d’élèves de Terminale de cet établissement ne saurait justifier valablement cette discrimination à l’endroit des professeurs, d’autant que toutes les corrections se font sous un strict anonymat».
FATOU SOW SARR SE TROMPE SUR LE TAUX D'ALPHABÉTISATION DES FEMMES AU SÉNÉGAL
« En 1960, on n’était que 3 % des femmes alphabétisées. Aujourd’hui on n’est à 46-47 % », estime la socio-anthropologue. Ces chiffres ne correspondent pas à la réalité
Africa Check |
Azil Momar Lô |
Publication 10/08/2020
A l’occasion de la Journée mondiale des femmes 2020, célébrée le 8 mars, la socio-anthropologue sénégalaise Fatou Sarr Sow était l’invitée de l’émission Jury du Dimanche, diffusée sur la chaîne de télévision Itv.
Au cours de l’émission, elle a abordé l’évolution de la situation des femmes sénégalaises, notamment en matière d’alphabétisation, depuis l’indépendance du pays en 1960.
« Si nous regardons avec le long terme, il y a des avancées remarquables qui ont été réalisées dans ce pays. 1960 on n’était que 3 % des femmes alphabétisées. Si on regarde aujourd’hui on n’est pas satisfait parce qu’on a 46 – 47 % (…) », affirme-t-elle.
Africa Check a vérifié les deux affirmations.
Qu’est-ce qu’une personne alphabète ?
Dans le Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage 2013 (RGPHAE 2013) qui se réfère à la définition de l’UNESCO, il est noté qu’« une personne est alphabète si elle peut à la fois lire et écrire un énoncé simple et bref se rapportant à sa vie quotidienne en le comprenant » (UNESCO, 1958).
Mais l’alphabétisation est définie dans le Recensement comme « le fait pour une personne âgée de 6 ans et plus de savoir lire et écrire dans une langue quelconque ».
« Bien que souvent mesurée auprès des 15 ans et plus, certains organismes tels que l’UNESCO publient de plus en plus des statistiques sur l’alphabétisation auprès de la population de 10 ans, ce qui justifie le choix fait sur cette tranche d’âge pour la suite de la section », est-il précisé dans le RGPHAE 2013.
Africa Check a contacté Fatou Sow Sarr, pour connaître la source de l’information selon laquelle on comptait « 3% de femmes alphabétisées » au Sénégal en 1960. Elle a indiqué s’être basée sur le « Premier Plan de Développement du Sénégal ».
«SEULE L’EVOLUTION DE LA PANDEMIE DICTERA LA REPRISE OU NON DES COURS»
La sortie du chef de l’Etat insistant «sur la reprise, dans les meilleures conditions sanitaires, des enseignements en présentiel dans les universités et établissements d’enseignement supérieur à compter du 1er septembre 2020», n’a pas plu au Sudes/Esr
Pour le Sudes/Esr, «seule l’évolution de la pandémie dictera de la reprise ou non des cours en présentiel» à la date du 1er septembre 2020. Ce syndicat, qui a réagi à la déclaration du chef de l’Etat sur la reprise des cours en présentiel, rappelle la totale autonomie des universités pour prendre certaines décisions.
La sortie du chef de l’Etat lors du dernier Conseil des ministres insistant «sur la reprise, dans les meilleures conditions sanitaires, des enseignements en présentiel dans les universités et établissements d’enseignement supérieur à compter du 1er septembre 2020», n’a pas plu au Sudes/Esr.
Considérant cette déclaration «comme une injonction voilée adressée aux autorités académiques», ledit syndicat rappelle, dans un communiqué, «au chef de l’Etat la totale autonomie des universités».
Dans la même veine, Dr Oumar Dia et ses camarades, qui considèrent que la date du 1er septembre relève «simplement de la projection», soutiennent que «seule l’évolution de la pandémie dictera de la reprise ou non des cours en présentiel à cette date».
Soulignant que le droit de retrait est «un droit acquis du travailleur», le Sudes/esr informe qu’il «n’hésitera pas à appeler les enseignants à l’exercer au cas où ils seraient exposés à des contaminations au Covid-19 dans leurs lieux de travail». «Sur cette question de la sécurité sanitaire des enseignants dans leurs lieux de travail, le Sudes/Esr informe qu’il ne tolérera pas la moindre défaillance», ajoute le document. Par ailleurs, les membres de ce syndicat déclarent qu’il «va de soi qu’une mesure comme l’Etat d’urgence sanitaire décrété par le gouvernement s’impose naturellement aux universités».
Toutefois, précisent-ils, «une décision comme celle de la reprise des cours en présentiel est du ressort exclusif des instances pédagogiques». Soulignant que le Sudes/Esr est «fondamentalement attaché à l’autonomie des universités», le Secrétaire général «avertit qu’il s’opposera fermement à toute forme ou velléité de remise en cause de cette importante prérogative».
Le gouvernement se trompe sur les priorités dans le secteur
Ces syndicalistes de l’enseignement supérieur ont aussi réagi «au point de la déclaration du chef de l’Etat relatif à l’orientation de tous les bacheliers des sessions 2019 et 2020 dans les universités publiques». Sur ce point également, le Sudes/Esr «trouve qu’elle relève non seulement d’une sorte de projection dans l’inconnu mais aussi d’un aveu d’échec de ses différents ministres de l’Enseignement supérieur et de la recherche».
Selon Dr Oumar Dia, ces derniers «ont tous été incapables de terminer les chantiers des universités Amadou Makhtar Mbow (Uam) de Diamniadio et Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niasse (Ussein) de Kaolack et des Isep».
Analysant la situation, le Sudes/Esr estime que «compte tenu de la situation sanitaire actuelle, l’urgence ne devrait pas être de se projeter sur l’orientation à venir des nouveaux bacheliers». Parce que, soulignent les syndicalistes, «personne ne sait comment et quand cette année scolaire et universitaire va se terminer».
L’urgence, pour eux, c’est «d’achever toutes les constructions en cours dans les universités». Malheureuse¬ment, regrettent-ils, «cette dernière sortie du chef de l’Etat montre que lui et son gouvernement continuent encore de se tromper sur le véritable ordre de priorités dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche».
LE COLONEL ABDOURAHIM KEBE TOURNE LE DOS A IDY
Le parti de M. Idrissa Seck vient d’enregistrer une énorme défection. Il s’agit du départ du colonel Abdourahim Kébé qui a décidé de tourner le dos à la formation orange pour «convenance personnelle».
Les bases de Rewmi se sont effritées à Saint-Louis. En effet, le parti de M. Idrissa Seck vient d’enregistrer une énorme défection. Il s’agit du départ du colonel Abdourahim Kébé qui a décidé de tourner le dos à la formation orange pour «convenance personnelle». Ce départ va constituer un coup dur pour la fédération de Saint-Louis. Il était l’un des animateurs et des plus farouches défenseurs de la cause nationale.
Le divorce est désormais acté entre le colonel Abdourahim Kébé et son ancien parti. Le secrétaire national en charge de la Défense et de la Sécurité de Rewmi a annoncé hier sa démission de ce poste. «Je quitte le parti de Idrissa Seck pour des raisons de convenance personnelle. C’est clair et net pour tout le monde. J’ai décidé de démissionner de ma fonction de secrétaire national en charge de la défense et de la sécurité au sein de Rewmi et de mettre fin à mon affiliation à ce parti et ce, à compter de ce jour. Je quitte le parti pour des raisons de convenance personnelle», a précisé le colonel Kébé qui a été un des défenseurs de cette formation.
Nonobstant ce départ, M. Kébé a tenu à remercier Idrissa Seck. «Mon estime et ma considération restent intactes pour le président Idrissa Seck», a-t-il rassuré. Cette démission va laisser une tache indélébile pour le parti Rewmi qui a toujours soutenu M. Kébé qui en est conscient. «Mes pensées affectueuses vont aussi à tous les responsables et militants de Rewmi qui m’ont toujours soutenu. Mon engagement politique continue pour une opposition forte, cohérente et audible au service exclusif des Sénégalais et du Sénégal», a-t-il rappelé.
Certains observateurs trouvent cette démission normale. Selon eux, «tout serait parti du patron de Rewmi, Idrissa Seck qui s’est emmuré dans un silence assourdissant, une situation qui a été décriée par le colonel Kébé». La nouvelle s’est vite propagée comme une traînée de poudre à travers les différentes artères de la vieille ville.
La coordination départementale pas informée prend acte Le Colonel Kébé, membre de la fédération départementale de Saint-Louis, a préféré passer par le directoire national qui a informé Dr Abdoulaye Ndoye et compagnie. «La coordination départementale n’a pas été saisie directement par le principal concerné qui a préféré s’adresser au directoire national qui nous a informé. Nous prenons acte. Maintenant, en tout état de cause, le parti continue de fonctionner. Les gens vont continuer le travail. L’animation du parti est de mise. Je dois dire que personne ne souhaite des départs », a indiqué le secrétaire général de la fédération départementale, Dr Abdoulaye Ndoye.
LA DIRECTRICE, MME COUSSON TRAORE, CANDIDATE A SA PROPRE SUCCESSION
Candidate à sa propre succession, la directrice sortante ambitionne de poursuivre ses ambitions pour faire de la prestigieuse école de journalisme de Dakar une référence en Afrique et au-delà.
La directrice du CESTI, Mme Cousson Traoré, a dévoilé son programme. Candidate à sa propre succession, la directrice sortante ambitionne de poursuivre ses ambitions pour faire de la prestigieuse école de journalisme de Dakar une référence en Afrique et au-delà.
La directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Mme Cousson Traoré, se présentera à nouveau pour continuer d’occuper le poste de directeur de l’établissement. Dans un document qui nous est parvenu, elle expose son plan pour poursuivre le travail déjà entamé. Elle livre aussi les raisons de son engagement. « Enseignante au CESTI depuis décembre 2000, représentante des enseignants au Conseil d’Etablissement de 2001 à 2005, directrice des études depuis 2011, j’ai acquis plus d’une dizaine d’années d’expérience dans la gestion administrative et pédagogique. Aussi, ai-je appris à connaître les femmes et les hommes qui animent et participent, sans réserve aucune, à la vie de notre école.
Au-delà du CESTI, en ma qualité de membre de l’Assemblée de l’Université, j’ai une bonne connaissance de notre institution, de ses différents acteurs, et surtout une meilleure compréhension de ses procédures administratives et financières », a-t-elle écrit dans son document programme.
Avant de poursuivre : « Pour avoir servi le CESTI avec dévouement et abnégation depuis ma nomination à la direction des études, cheville ouvrière de l’établissement au plan pédagogique, et dans une collaboration dynamique et franche avec la direction du CESTI de même qu’avec les différents départements, j’ai parfaitement compris les enjeux liés à la formation des journalistes et des techniciens de l’information et de la communication. Par ailleurs, j’ai côtoyé les différents partenaires stratégiques du CESTI pour avoir été entièrement impliquée dans l’élaboration et dans la mise en œuvre de tous les projets.
Pour toutes ces raisons, je pense avoir les qualités personnelles et professionnelles requises pour assumer pleinement la charge de directrice du CESTI » assure Mme Cousson Traoré. Qui a défini dans le document son projet pour l’école de journalisme de Dakar. « Depuis 2011, le CESTI a introduit de nouveaux modules d’enseignement général et professionnel afin d’améliorer la qualité de la formation des journalistes et des techniciens de l’information et de la communication. Des innovations sont notées dans la création d’un Master en communication des organisations, en communication pour le développement ou dans la création d’une licence en production audiovisuelle. Un Master en journalisme économique, en partenariat avec la FASEG, est en bonne instance », indique la directrice sortante.
À l’en croire, tout sera fait dans l’optique de poursuivre la politique de création de nouvelles filières professionnelles et de modernisation des équipements pédagogiques. Dans la même dynamique, la directrice souligne qu’elle mettra en place des licences professionnelles en journalisme scientifique, en journalisme culturel, ou en journalisme de sport ; mais aussi en multimédia qui prendra en charge le web journalisme enseigné au Cesti depuis 2007, en journalisme mobile ou en journalisme de bases de données (database journalism).
La candidate à sa propre succession promet aussi l’introduction des langues nationales dans la formation, en partenariat avec la Direction de l’alphabétisation et des langues nationales. Pour la recherche, elle indique que l’école offre un cadre favorable à la recherche et au développement personnel. Dans son document, elle n’a pas oublié d’évoquer la difficile question de l’insertion professionnelle des diplômés du Cesti et beaucoup d’autres innovations dans le domaine du web.
Pour rappel, la directrice du Cesti, Mme Cousson Traoré a connu un mandat mouvementé. elle a été, par exemple, en désaccord avec les enseignants du Syndicat autonome des enseignants du Supérieur (Saes). Elle aura comme challenger m. Mamadou Ndiaye, qui n’est autre que le directeur des études de l’établissement.
par Yoro DIA
LES INQUISITEURS
Le cancer de l’inquisition se propage dans le pays à cause de la faiblesse de l’Etat et du populisme d’une certaine élite. Ce qui est inacceptable, c’est de ne pas aimer une série, un film ou un livre et demander qu’on l’interdise
La religion n’a jamais été aussi accessible à tous que pendant la renaissance en Europe grâce à Gutenberg et à l’imprimerie qui ont permis de casser le monopole sur les textes sacrés et leur interprétation qui étaient la chasse gardée de l’Eglise. Le texte sacré étant à la portée de tout le monde grâce à l’imprimerie, chacun pouvait lire, interpréter et se faire sa propre religion.
Cette perte du monopole sur les textes sacrés, dont l’Eglise était la gardienne, a permis de démocratiser l’accès à la religion. Ce qui fait que, contrairement à ce que l’on pense souvent, le Moyen-âge n’a pas été plus religieux que la Renaissance. Il n’y a qu’à voir les grands peintres et artistes de la Renaissance (Leonard de Vinci, Donatello, Michel Ange, Philipo Brunelleschi…). Alors que l’Europe sortait des ténèbres du Moyen-âge pour s’éveiller à l’art, à la culture, à une pratique éclairée de la religion, un rentier de la foi comme Savonarole voulait arrêter la mer avec ses bras en replongeant Florence dans les ténèbres de l’ignorance et de l’intolérance. Les deux vont d’ailleurs presque toujours ensemble.
Aujourd’hui au Sénégal, à l’ère de Google, Facebook, Twitter, Tik Tok et à l’heure où le pays a une vingtaine de télés et de radios, les rentiers de tension et de la foi de Jamra veulent nous replonger dans les ténèbres du Moyen-âge en nous disant quelle série il faut voir, quel livre il faut lire et bientôt ils vont dire comment il faut penser et ce qu’il faut penser. Le cancer de l’inquisition se propage dans le pays à cause de la faiblesse de l’Etat et du populisme d’une certaine élite. Le gouvernement fait trop de concessions aux inquisiteurs. Dès que les rentiers de la tension et de la foi bougent, le gouvernement recule. Ainsi, le gouvernement a réussi à trouver le moyen d’interdire une réunion privée dans un hôtel pour faire plaisir aux inquisiteurs, alors qu’en Inde le gouvernement avait pris ses responsabilités pour permettre la diffusion d’un film que des extrémistes hindous jugeaient blasphématoire. Ceux qui avaient trouvé le film blasphématoire l’ont vu avant de se faire une opinion.
Par cette décision courageuse, le gouvernement indien permettait à tout un chacun de se faire une opinion. «Sur les questions de style, nage avec le courant, sur les questions de principe, sois aussi solide que le Roc», nous dit Thomas Jefferson. Notre gouvernement sacrifie trop les principes comme la liberté de conscience, la liberté d’expression, à l’autel des rentiers de la tension qui en demandant chaque jour un peu trop. Il faut que le gouvernement arrête d’infantiliser les citoyens, comme le veulent les rentiers de la tension et de la foi. S’ils n’aiment pas les séries, ils n’ont qu’à zapper et aller regarder les chaînes thématiques religieuses.
L’offre n’a jamais été aussi diversifiée. Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. Ce qui est inacceptable, c’est de ne pas aimer une série, un film ou un livre et demander qu’on l’interdise. Chaque personne étant douée de raison, chacun a le droit de se faire sa propre opinion et la mission du gouvernement, qui n’a pas de compétence religieuse ni théologique, est d’y veiller comme en Inde, où le gouvernement envoie la police sécuriser les salles de cinéma pour permettre à ceux qui le souhaitent d’exercer leur droit de regarder un film que des extrémistes jugent blasphématoire. C’est leur opinion, c’est leur droit, leur liberté d’opinion qu’ils n’ont pas le droit d’imposer. Avec cette inquisition ambiante qui se développe, avec souvent la complicité coupable de l’Etat, comment s’étonner que le pays de Senghor soit devenu un désert culturel et artistique, parce que la créativité intellectuelle et artistique est consubstantielle à la tolérance et à la liberté.
Comme Savonarole, nos inquisiteurs finiront au bûcher… de l’opinion qui, rien que par défi ou par curiosité, va se jeter sur l’interdit qui, on le sait, attire toujours. Ce qui fait de nos inquisiteurs locaux les alliés objectifs de producteurs des séries qu’ils veulent jeter au bûcher.
POUT S’INVESTIT POUR INVERSER LA TENDANCE
Le Lycée de Pout a trouvé une parade pour promouvoir les séries scientifiques, à travers la célébration d’une journée de l’excellence scientifique.
Les élèves continuent de déserter les séries scientifiques pour les séries littéraires, ce qui constitue une menace pour la recherche. Le Lycée de Pout a trouvé une parade pour promouvoir les séries scientifiques, à travers la célébration d’une journée de l’excellence scientifique. Cette année, les 7 meilleurs élèves scientifiques ont été fêtés et Dangote Cement sénégal (Dcs) s’est engagé à octroyer 4 bourses d’excellence sur une période de 3 ans aux meilleurs élèves scientifiques.
De 2006 à 2015, le pourcentage d’élèves dans les séries littéraires a presque augmenté en passant de 67,2% à 74,01%. Au même moment, on note le contraire pour le pourcentage d’élèves dans les séries scientifiques. Durant la même séquence temporelle, ce pourcentage a connu une baisse presque régulière en passant de 32,88% à 25,99%, d’après les statistiques issues du bilan des dix ans du Programme Décennal de l’Éducation et de la Formation (Pdef). Même si amélioration il y a actuellement, cela ne devrait pas atteindre des proportions assez considérables. C’est dire qu’il y a un travail important à faire devant cette situation liée au fait que les élèves tournent de plus en plus le dos aux séries scientifiques.
Au lycée de Pout, des initiatives sont prises pour inverser cette tendance, à travers la promotion de l’excellence scientifique, par le biais de la célébration des meilleurs élèves scientifiques. Cette année, 7 élèves ont été primés dont 5 filles et 2 garçons. La cérémonie s’est tenue à Dangote Cement Sénégal(Dcs) qui accompagne l’initiative.
Cette promotion de l’excellence scientifique a été marquée par une visite de tous les coins et recoins de l’usine, histoire de mieux encourager les lauréats et les inciter davantage au travail, pour revenir demain prendre les emplois dédiés, mais aussi dans un souci de créer des leaders scientifiques de demain.
Selon Ousmane Mbaye, Directeur administratif et financier (Daf) de Dangote, la journée de l’excellence scientifique est une initiative du proviseur du lycée de Pout, avec l’approbation de l’Inspecteur d’Académie de Thiès.
Et l’objectif est de promouvoir l’excellence scientifique chez les élèves en leur redonnant le goût des disciplines scientifiques, à travers la récompense tous les ans, des sept meilleurs élèves des filières scientifiques du lycée de Pout. Pour lui, il est évident que la résolution des problèmes de développement socio-économique, intellectuel, etc. passera par une plus grande maîtrise des savoirs et outils scientifiques.
D’ailleurs, Dangote Cement Sénégal s’est engagé à octroyer 4 bourses d’excellence sur une période de 3 ans, aux 4 meilleurs élèves issus des 4 communes impactées, en l’occurrence Pout, Keur Moussa, Diass et Mont-Rolland, pour un montant individuel de 500.000 Fcfa. Ces bourses concernent les élèves de secondes, premières et terminales ayant obtenu au moins la mention bien.
Selon Leyti Ndiaye, directeur des Mines, « Le lycée de Pout a signé un contrat de performance en lançant une bourse scolaire sur les cinq disciplines scientifiques. Cette année sur les 15 bourses mises en compétition, seules sept ont étés sélectionnées avec des moyennes variant entre 16,30 en classe de Terminale et 16, 50 en classe de Seconde avec la grande mise remportée par les filles».
Khady Fall Sow Diop, secrétaire générale de l’Inspection d’Académie de Thiès s’est félicitée au nom de l’Inspecteur d’Académie (IA) Pape Baba Diassé, du contenu donné par Dangote, à la Rse. Elle est marquée par la signature de conventions portant sur des projets émergents, avec les communes de Pout, Keur Mousseu, Diass, Mont-Rolland. Il s’y ajoute l’octroi de bourses de l’excellence pour la période 2018-2020, une enveloppe de 74 millions de Fcfa dégagée pour la construction du Collège d’Enseignement Moyen (CEM) de Ndiakhirap et d’autres classes, mais aussi le soutien apporté chaque année au concours Miss Math et Miss Science, organisé par l’académie de Thiès.
Selon elle des efforts colossaux ont été consentis dans le système éducation par l’Etat du Sénégal et les Collectivités Territoriales, mais l’entreprise est également en train de jouer sa partition, même s’il est vrai que le secteur est très exigeant et les chantiers très vastes ;
DÉCÈS DE MOUSTAPHA SOURANG
DERNIÈRE MINUTE SENEPLUS - L'ancien ministre de l'Education, puis de la Justice et enfin des Forces armées, également ancien recteur de l'UCAD, s"est éteint cette nuit de lundi à mardi à l'hôpital Principal de Dakar
Enseignant à l'Université de Dakar, il est le doyen de la Faculté des Sciences juridiques de 1984 à 1999, puis le recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de 1999 à 2001. En mai 2001 il est nommé ministre de l'Éducation, un poste qu'il occupera jusqu'à sa nomination au poste de Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le 1eroctobre2009. Le 4décembre2011, il est nommé Ministre des Forces armées.
ABDOUL AZIZ DIOP OU L’ HISTOIRE D’UNE PROMOTION-SANCTION
Tout jeune reporter, il entendait être un journaliste indépendant, impertinent et irrévérencieux dans le Sénégal des années 70. Mais c’est sans compter la susceptibilité et la frilosité du président Senghor
Journaliste de formation, Abdoul Aziz Diop a eu une carrière fabuleuse parce que très tôt consacré correspondant de l’Office de radiodiffusion télévision sénégalaise (ORTS) à l’étranger. Tout jeune reporter, il entendait être un journaliste indépendant, impertinent et irrévérencieux dans le Sénégal des années 70. Mais c’est sans compter la susceptibilité et la frilosité du président Senghor qui, au faîte de son pouvoir, voire de sa gloire, n’était pas prêt à tolérer un certain niveau d’impertinence. Face à la fougue d’Abdoul Aziz, «Léo Le Poète», pense devoir trouver une parade. Une solution qui arrange tout le monde. C’est ainsi qu’Abdoul Aziz sera nommé correspondant de l’ORTS (ancêtre de la RTS) en Allemagne alors qu’il n’avait pratiquement qu’un an d’expérience. Cette promotion à la forte saveur de sanction, Abdoul Aziz saura l’exploiter judicieusement à son avantage. En effet, après trois ans à son poste, il rend le tablier de l’ORTS et enfile le manteau de la Deutsche Welle, la radio allemande, où il y officiera pendant plus de quatre décennies. Quoique parfaitement intégré et surtout époux d’une Allemande depuis bientôt 50 ans, il n’a jamais demandé la nationalité, preuve de son attachement au Sénégal. Également artiste, Abdoul Aziz est musicien, écrivain et peintre. La retraite actée, c’est à ces passions qu’il se consacre désormais.
Jeune «révolutionnaire », fraîchement diplômé de l’école de journalisme Maisons-Laffitte (France), une référence d’alors, Abdoul-Aziz Diop commence sa carrière dans l’année 70 à l’Office de radiodiffusion télévision sénégalaise (ORTS), actuelle Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS). Très vite, il va se révéler être une épine dans le pied du président Senghor. Ce dernier ne pouvant tolérer de s’encombrer d’un «journaliste emmerdeur», pense devoir vite trouver une solution, mais une solution douce qui arrange les deux parties : l’emmerdeur et l’emmerdé. C’est alors que Senghor tourne ses méninges et sort une idée de génie. Il s’agit d’«exiler» Abdoul Aziz Diop en Allemagne comme correspondant de l'ORTS.
Pour un jeune reporter, frais, fougueux et sans grande expérience, c’était une énorme promotion. Et Abdoul Aziz ne crache pas dessus. Dans la foulée, il fait ses valises et embarquement immédiat pour Cologne avec l’espoir de rentrer après deux ans au maximum. En terre germanique, bien que correspondant de l'ORTS, très tôt, Aziz «flirte» avec la radio publique allemande, la Deutsche Welle (DW) en collaborant comme pigiste. Le temps passant, entre les «deux dames», ORTS d’une part et la DW d’autre part, son cœur balance. Et un choix s’impose. C’est alors qu’il décide de lier son destin avec la Deutsche Welle, l’heureuse élue de son cœur. Il va ainsi entamer une belle histoire et très longue carrière avec cette radio internationale jusqu'à la retraite en 2014. Une belle manière de profiter d'une sanction, finalement, enviable que le président Senghor a bien voulu lui infliger pour sa langue un peu trop pendue. Puisque c’est son désir imparable de ne pas demander l’autorisation pour parler et le refus de recevoir l’injonction de se taire ou même de parler d’une certaine manière qui lui ont valu cette «promotion-sanction».
D’ailleurs avant l’Allemagne, sa première «promotion sanction» fut son affectation à Ziguinchor. Là-bas aussi, au lieu de vivre son éloignement comme une sanction, il a profité pour s’enrichir culturellement et spirituellement alors qu’il était rentré de sa formation de France, il y avait peu de temps. «J’étais un jeune ambitieux qui avait pour objectif de pousser le métier vers le haut, notamment la radio. C’est là où j’ai commencé à avoir de problèmes. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas duré à Dakar, on m’a affecté (jeté) à Ziguinchor. Je croyais que c’était une punition. Mais une fois à Casamance, j’ai trouvé là-bas des Hommes bien, intègres et pieux, à tel point que je ne voulais plus retourner à Dakar. Après, on m’a fait revenir à Dakar et j’ai continué à faire ce que je faisais. C’était trop aux yeux du gouvernement. On a dû me chercher une sorte de poste. C’est comme ça que je suis venu en Allemagne», expliquait en mars dernier Abdoul Aziz sur la chaine Emigré Tv.
«J’étais un révolutionnaire. C’est notre génération qui était comme ça», ajoute Aziz. Entre jeune révolutionnaire et un régime de parti unique difficile pour les deux parties d'accorder leurs violons. «Il faut reconnaître que dans les années marquant le début des indépendances, les autorités étaient très soucieuses du respect des Institutions qu’à leur avis, la Presse et les journalistes leur devaient. Cette attitude cavalière des ‘’autorités’’ a créé très vite une ‘’distance ‘’ entre les deux camps et pendant longtemps, rangé la presse parmi l’opposition», analyse le journaliste Mbaye Sidy Mbaye. Il est utile de rappeler que Senghor malgré sa méfiance vis-à-vis de la presse surprend parfois son monde.
Le maraboutisme à la radio : Senghor calme les ardeurs de son ministre
L'intrépide Abdoul Aziz s’autorisait le traitement de quelques sujets sensibles sous le régime du président Senghor. Il se rappelle cette émission qu’il animait sur le thème « Croyez-vous au maraboutisme ? » Dans le micro-trottoir de l'émission, d'aucuns estimaient qu’ils ont de bonnes raisons de croire aux marabouts parce que même le président Senghor pendant les élections se rend chez les marabouts pour chercher leur concours. Le ministre de la communication d’alors Daouda Sow, dans tous ses états déboule dans le studio et les réprimande copieusement. Erreur ! Senghor, plutôt satisfait va prendre le contrepied du ministre zélateur presque au même moment. « On a fait passer cette bande à la radio. Et ça a fait un gros scandale. À l’époque notre ministre était Daouda Sow. Il était venu tout furieux nous réprimander. Mais au même moment, Senghor a téléphoné à la radio pour dire qu’il a suivi l’émission et que c’était intéressant. Cette émission, je pense qu’on l’a fait passer dix fois grâce à Senghor qui avait un esprit de dépassement». Pour ce sujet, Senghor n'avait pas de problème. Mais globalement Abdoul Aziz Diop est une brebis incontrôlable et imprévisible, il fallait qu'il aille ailleurs faire ses soubresauts.
Senghor définitivement débarrassé d’un trouble-fête
Promu correspondant, Abdoul Aziz admet qu’il n’était pas particulièrement «le plus intelligent ou le plus compétent» pour mériter une consécration aussi précoce que prestigieuse. Mais en revanche, il était «certainement le plus emmerdant» de tous. En effet, au temps des partis uniques, aucun régime en Afrique ne pouvait tolérer un journaliste avec une certaine liberté de ton. Tout compte fait, le jeune journaliste d’alors a su exploiter cet éloignement. D’ailleurs, Abdoul Aziz reconnait le prestige rattaché à ce poste de correspondant à l'étranger surtout pour son âge. «Pour un jeune journaliste qu’on nommait immédiatement correspondant, c’était une promotion extraordinaire dans la carrière de journaliste». Sauf que dans son cas précis, ce n'était pas gratuit et désintéressé.
Mais sa nomination relevait plutôt d'une stratégie méticuleusement pensée, une méthode savamment planifiée pour appâter et éloigner un journaliste politiquement encombrant, professionnellement impertinent, un peu trop libre et insoumis. En somme, une manière douce d'écarter «un chien de garde» pour se préserver des aboiements assourdissants. Abdoul Aziz se fait plus précis sur les motifs inavoués de sa nomination : «Ce qui me valait cette promotion n’était pas mon mérite. Je n’étais pas plus intelligent ou plus méritant que mes autres collègues. Peut-être j’étais le plus emmerdant. Donc, il fallait un peu m’isoler pour avoir un peu la paix», plaisante-t-il.
Travaillant à Bonn et résidant à Cologne, quand Abdoul Aziz arrivait en Cologne, en 1973, il n’y avait qu’une dizaine d’Africains et le Sénégal comptait environ 3 millions d’habitants. Aujourd’hui c’est une bonne colonie qu’on rencontre dans cette ville allemande. Mamadou Diop Decroix, le camarade de promo à la Fac d'Abdoul Aziz n’est pas surpris par les manœuvres de Senghor pour éloigner le journaliste. Par ailleurs, il trouve l’expression de «promotion-sanction» très juste pour traduire la nomination de son ancien camarade de lutte avec qui il était très proche au département de philosophie. «La notion de promotion-sanction est appropriée puisqu'il (Abdoul Aziz Diop) était brillant et en même temps invivable pour les chefs qu'il empêchait de tourner en rond. Donc on l'éloigne tout en l'incitant à accepter ce qui, somme toute, était une bonne opportunité pour un jeune de son âge», explique l’ancien ministre.
De l’ORTS à la Deutsche Welle
En découvrant la Deutsche Welle, Abdoul Aziz Diop n’a pas quitté son poste de correspondant de manière précipitée. Tout en assurant sa mission pour l’ORTS, il a continué à faire des piges pour la DW. Stratégiquement, il fallait assurer pour quelques années la mission pour laquelle il était en Allemagne. Mais très vite, du collaborateur, le jeune reporter passera à agent de la DW. «Quand j’ai démissionné, j’avais déjà un pied dedans (Ndlr : à la DW). Donc il ne me restait plus qu’à ramener l’autre pied pour continuer», se rappelle-t-il sur un ton comique. Trois ans ont suffi pour qu’il renonce à son poste de correspondant pour l'ORTS. Pour le régime de Senghor, c’est du pain béni. Tant qu’Abdoul Aziz reste loin du Sénégal et ne peut jouer à l'empêcheur de tourner en rond au Sénégal, cette démission est plutôt une bonne nouvelle. Dont acte.
Même si Abdoul Aziz reste modeste, sa compétence est aussi un fait. Journaliste politique, il s’est pendant longtemps occupé de «Politique occidentale» envers l'Afrique à la Deutsche Welle. À l’époque, des profils de journalistes comme le sien étaient considérés comme les «meilleurs connaisseurs de la politique occidentale». Officiellement, Abdoul Aziz est journaliste politique, mais dans sa carrière, il n’a laissé presqu’aucun desk en rade au sein du service francophone de la Deutsche Welle. Polyvalent, il est passé de la Culture, à l’Économie et au Sport. En 2012, il était encore responsable du desk Sports de la DW. Au total, il aura capitalisé 47 ans à la DW et à juste raison. «Je sais que son travail était bien apprécié par les responsables de la chaîne, sinon ils ne l’auraient pas gardé si longtemps car Aziz a quasiment fait toute sa carrière à la DW jusqu'à la retraite», estime Djadji Touré qui a pris le relais pour l’ORTS quand Abdoul Aziz a rejoint la DW.
Le journaliste Mbaye Sidy Mbaye a rencontré Abdoul Aziz Diop en Allemagne et se souvient des valeurs dont est porteur son confrère. «Aziz était un journaliste aguerri aux règles d’éthique et de déontologie de notre profession. On s’est connu en Allemagne, à la Deutsche Welle. Un homme très ouvert aux innovations en matière de liberté des journalistes, de leurs droits d’assumer la responsabilité au nom des "personnes". C’est une notion qui est née dans les années 40-45 et qui a renforcé le pouvoir de l’opinion publiques».
Un face à face avec Abdou Diouf qui fait l'effet d'une bombe dans le pays
Abdoul Aziz Diop se rappelle cet entretien tendu qu’il a eu avec le président Abdou Diouf en direct à la télé lors des élections de 1988 pour le compte de la DW et qui «avait retenti comme une bombe dans ce pays». Il s’agit d’un entretien sans concession où Abdoul Aziz récusait l’incarcération d’Abdoulaye Wade et dénonçait la flagrance d’une injustice. Une prise de position claire et nette de ce journaliste ô combien révolutionnaire. «Bien que je ne sois pas membre du PDS, j’étais en discussion très, très vive avec le président Abdou Diouf pour la libération de Abdoulaye Wade parce qu’il n’y avait aucune raison de l’arrêter», se souvient-il. D’ailleurs, il se rappelle avoir été le premier à évoquer l’idée d’un gouvernement d’union nationale au Sénégal à cette époque précise.
Bientôt 50 ans passés en Allemagne, Abdoul Aziz Diop explique pourtant que son projet à l‘époque ne fut nullement de s’incruster au pays de Johann von Goethe. «Puisque, dit-il, toute ma volonté était de travailler pour le Sénégal» et surtout de lutter pour «la liberté de la presse qui a été l’une des raisons pratiquement de mon exil». Ça, c’était le vœu. Mais l’amour étant parfois capable de chambouler des projets les plus obsédants, cela a dû changer les plans du journaliste. Ce n’est pas pour autant qu’il s’est déconnecté du pays, surtout pas de son Saint-Louis natal. Aziz Diop tient à la terre de ses ancêtres comme à la prunelle de ses yeux. Il a voyagé dans nombre de pays à travers le monde, visité beaucoup de villes. Mais son Saint-Louis natal demeure sa ville de cœur. Cette ville l'habite même s'il a aussi son cœur au pays de Konrad Adenauer.
Cette Allemande qui conquis le cœur du journaliste
Arrivé en Allemagne, Abdoul Aziz Diop s’est très tôt remarié avec une native avec qui ils forment un couple exemplaire et fusionnel. Un amour fort qui a transcendé les années et les différences culturelles. Le couple germano-sénégalais a eu trois enfants et des petits enfants. L’épouse allemande d’Abdoul Aziz a généreusement éduqué ses autres enfants issus de son premier mariage au Sénégal qui l’avaient rejoint en Allemagne. En famille, Abdoul Aziz Diop est un papa modèle, diplomate et négociateur. Avec ses enfants, c’est la grande amitié, une complicité à toute épreuve et une expression sans tabou dans le respect mutuel. À la question de savoir quel type de papa il est, il répond en souriant «Si je fais confiance à mes enfants, je ne sais pas s’ils voulaient me truander ou pas, il semble que je suis un excellent papa», rapporte-t-il sur un ton humoristique. Mais une chose est sûre, Abdoul Aziz est d’abord «un ami» pour eux.
Par exemple, quand, il rentre à Dakar, il sort avec l’une de ses filles. «Nous sommes sortis deux ou trois nuits. Mais personne ne voulait croire que c’était ma fille. Nous sommes allés en boîte, allés ici et là prendre un pot. Notre dialogue est sincère et l’échange se fait dans le respect avec un langage très libre. Je suis comme ça avec tous mes enfants», assure-t-il. En plus d’être bon papa, Abdoul Aziz Diop est loyal en amitié. Il dit porter toujours ses amis de jeunesse dans son cœur sans distinction aucune, quel que soit ce qu’ils sont devenus socialement ou qu’ils ont accompli professionnellement. «Pour moi, ils sont tous égaux et je les porte dans mon cœur avec la même passion», affirme-t-il «J’ai toujours adoré tous mes amis et je respecte beaucoup mes amis de jeunesse parce que nous avons partagé quelque chose de très, très beau. D’ailleurs, je ne fais que leur courir après. Je crois qu’autant que je suis un bon père de famille, je suis un bon ami», insiste-t-il. Abdoul Aziz a compris que donner de l’amour participe aussi, dans une certaine mesure, de son bonheur.
La philosophie du bonheur selon Abdoul Aziz Diop
Affable et très prévenant, Abdoul Aziz est un homme attentionné au regard bienveillant. Svelte et de teint clair, ses cheveux grisonnants portent le poids des âges. Le regard de ce Saint-louisien bon teint suffit pour mettre en confiance ses interlocuteurs. C’est tout débordant d’émotion qu’il nous accueillait en 2012, chez lui à Yoff. Il était si ému qu’il avait du mal à s’installer confortablement dans le fauteuil, le dos très loin du dossier. Ce n’est pas pour autant qu’il se sépare de sa pipe après s’être excusé de fumer. Pour Abdoul Aziz, il fallait à tout prix mettre à l’aise ses hôtes. Le journaliste Djadji Touré connaît bien l’homme qu’il a remplacé à la Deutsche Welle pour l’ORTS : «Aziz c’est un grand cœur, un vrai «domou Ndar» avec la sensibilité, l’urbanité mais aussi la témérité», nous confie Djadji Touré avec qui il a «des relations familiales par alliance».
Abdoul Aziz Diop est un homme heureux parce que sa philosophie de la vie est simple et le bonheur pour lui, c’est facilement atteignable. «L’idée du bonheur pour moi, c’est d’être d’accord avec soi-même. Si on est d’accord avec soi-même, je crois qu’on peut être heureux». L’argent c’est bien, mais trop d’argent, c’est problématique. À son avis, il est absurde de passer sa vie à thésauriser car rien ne vaut la paix. Or si vous avez trop d’argent, ce qui risque de vous manquer cruellement c’est la paix que l’argent ne peut acheter outre mesure. «Si vous avez beaucoup d’argent, vous n’avez que des soucis d’argent. Vous n’avez pas la paix. Quand vous dormez, vous pensez à l’argent, quand vous rêvez, vous ne pensez qu’à l’argent ainsi de suite», estime Aziz. In fine, il est important de savoir apprécier le peu que l’on possède. «Avec le peu, je peux vivre honnêtement, vivre heureux et ne pas me donner des préoccupations qui me chargent moralement jusqu’à m’exclure un peu du véritable sens de la vie», analyse Abdoul Aziz.
Passion, parcours et regard sur le journalisme aujourd’hui
Né en 1948 à Saint-Louis, Abdoul Aziz est ancien pensionnaire du lycée Blanchot et a été ancien élève du ministre Amadou Makara Mbow. Étudiant en philosophie, avec Mamadou Diop Decroix, c’est en deuxième année d’études qu’il passe avec succès le concours de journalisme organisé, à l’époque, à l’échelle continentale. Reçu à ce concours, il rejoint La Maisons-Laffitte (France). À ce titre, Abdoul Aziz est de la même génération et de la même formation que Sokhna Dieng, Abdou Bane Ndongo. D’autres comme Malick Gueye, Abdoulaye Fofana Junior étaient admis dans les centres de production de la même institution. La formation terminée, rentré au pays, Abdoul Aziz rêvait d’une presse libre, indépendante et respectueuse de l’éthique et de la déontologie. C’était une période de brouillement politique où la jeunesse avait soif de changement, voire de chamboulement politique, sociale et idéologique.
«Cette génération de soixante-huitards ce sont des combattants. Partout où ils sont, ils se battent contre l'injustice et contre la médiocrité. Aziz était en pointe sur ce front contre l'injustice et contre la médiocrité», se remémore Mamadou Diop Decroix qui a lui-même fait les frais du régime Senghor parce qu’«exclu de l'université et enrôlé dans l'armée jusqu'en 1972». Il entre clandestinement en politique et perd de vue Abdoul Aziz Diop alors qu’ils étaient «de vrais copains» au département de philo. C’est dans ce contexte que Abdoul Aziz trouve l’opportunité d’aller se former en France en journalisme.
Le journalisme, trop sérieux pour rester aux seules mains des journalistes
Une presse libre et indépendante, c’était le vœu des journalistes de la génération d’Abdoul Aziz. «Notre but c’était qu’il y ait ce qui existe aujourd’hui. Vous êtes heureux actuellement», se réjouit Abdoul Aziz Diop. Il se «satisfait» aujourd'hui de la floraison des titres au Sénégal et de la liberté dont jouissent les journalistes. Puisque quand, lui quittait le Sénégal, l’ORTS radio et le quotidien «Le Soleil» étaient seuls médias du pays. Mieux, il n’était «pas donné de parler ou d’écrire», en toute liberté comme c’est le cas aujourd’hui. C’était un seul discours, lisse, commode et en phase avec le régime Senghor. D’ailleurs, c’est en voulant passer outre que lui s’est retrouvé en Allemagne par la force des choses. «J’ai fait partie de ceux qui œuvraient pour le développement du pays parce que j’étais à la radio et à la radio c’est du sérieux. On a essayé d’apporter notre savoir-faire. Aujourd’hui, quand j’attends parler de liberté de presse, j’ai envie de rire. Parce qu’on était les premiers militants de cette cause», affirme Abdoul Aziz.
Mais sur un autre plan, Abdoul Aziz reste dubitatif sur la pratique du métier au Sénégal. «À lire parfois le contenu de certains collègues, on relève énormément d’insuffisances», regrette-t-il. À son avis, ces insuffisances pourraient relever des failles de la formation. Mais en même temps, l’école ne peut pas non plus tout donner. Le journaliste doit sans cesse se former. D’ailleurs, le doyen sénégalais de la DW est pour une suppression de «l’école réelle de journalisme». Pour lui, ce n’est pas inintéressant d’ouvrir la profession à des professionnels d’autres secteurs. En d’autres termes, il serait pertinent que de plus en plus, tout journaliste, ait une autre formation dans un domaine quelconque en plus des techniques professionnelles qu’il peut acquérir à l’école de journalisme. «Je ne suis pas partisan d’une école réelle. Je suis favorable à ce qu’un juriste, un médecin ou qu’un instituteur fasse du journalisme. Qu’on ait quelque chose en main pour apprendre ensuite les techniques de l’information», argue-t-il.
Toutefois, Abdoul Aziz Diop ne perd pas de vue le fait que ce soit «plus complexe» aujourd’hui parce que tout simplement c’est «toute une science, la communication avec pas mal de disciplines». In fine, aller à l’école pour certaines disciplines dérivées oui, mais y aller pour du journalisme exclusivement, «je ne crois pas que l’école soit nécessaire», conclut-il. Professionnel aguerri, Abdoul Aziz a reçu et formé des générations de stagiaires africains, notamment sénégalais au service francophone de la DW pendant des années. Son conseil à leur endroit a toujours été «lire, lire, lire et lire». Il n’y a pas de secret pour être bon dans ce métier. Internet existe certes, mais ne suffit pas. Et pour que ses conseils soient mis en application et suivis d’effets, Abdoul Aziz ne manque pas d’offrir des œuvres à ses interlocuteurs. À son avis, le manque de documentation peut-être une des causes des lacunes notées chez la nouvelle génération. Abdoul Aziz a aimé le journalisme, mais sa vie n’est pas faite que du journalisme. Il a ses passions pour exprimer et partager ses émotions. Au commencement était l’art...
Vie littéraire et artistique
Journaliste, Abdoul Aziz Diop est aussi écrivain, musicien et peintre. Un artiste multidimensionnel en somme. Son premier livre «L’ailleurs et l’illusion» paru en 1983 au NEA porte sur l’émigration. Dix ans plus tard, il sort «Prisonniers de la vie» qui rassemble ses souvenirs d’enfance à Saint-Louis, «Prison d’Europe» en 2011, a eu le 3è Prix des lycées et collèges du Sénégal. Ce roman retrace l'itinéraire de Michael, un Africain incarcéré dans une prison allemande, accusé de supercherie et de violences conjugales. «L’obsession du bonheur» est en cours de finalisation compte non tenu des nombreux «brouillons» en attente dans les tiroirs. Passionné de «création musicale», en 1997, Aziz avait sorti une cassette intitulée «Ndar». «J’écris des chansons en wolof car avant d’être journaliste, j’ai été musicien. Je chantais et jouais de la guitare et je me suis formé au Star Jazz de Saint-Louis». Également attiré par la peinture, c’est l’expression artistique qu’il a le moins pratiqué. Tant mieux puisque le «’virus de la peinture' a été retransmis à quelques-uns de ses enfants tout comme la musique», expliquait-il dans le quotidien Le Soleil en 2014.
Retraité depuis 2014, malgré son attachement pour le Sénégal, Abdoul Aziz ne compte pas commettre la maladresse de rentrer au Sénégal et laisser son épouse en Allemagne. Dans sa vision des choses, cela relèverait de l’ingratitude. «Ce n’est pas très reconnaissant de profiter d’un peu trop de ma liberté pour dire : ‘’maintenant je suis en retraite, je vais aller dans mon pays, je vais rester six mois ou sept mois là-bas et te laisser seule ici’’. Ce n’est pas correct», estime-t-il. Toutefois, il avait prévu de multiplier «si c’est possible les va-et-vient».
Attaché à sa culture sénégalaise, Abdoul Aziz s’est aussi enrichi de quelques valeurs germaniques comme le culte du travail. La société allemande m’a beaucoup marqué ; elle m’a donné le sens de la ponctualité, de la franchise, de la conscience au travail quitte à y laisser ma vie». En près de 50 ans de service, Aziz ne s’est absenté que 2 fois au boulot parce que là-bas, même malades, les gens ne s’absentent pas aussi facilement. Ce qui pour lui tranche avec les habitudes au Sénégal ou ailleurs.
Abdoul Aziz tel un ambassadeur du Sénégal ?
Abdoul Aziz est probablement le premier Sénégalais arrivé en Cologne en 1973. Sa profession aidant, il a sans conteste réussi à trisser sa toile en termes de relations et de réseautage. Etant donné son grand coeur, il ne s'abstient pas d'aider ses compatriotes qui ont quelques petits soucis d'ordre administratif ou autres. En tout cas sur la toile, des internautes qui connaissent l’homme témoignent. «Ce monsieur Diop est une pilonne de la fierté sénégalaise et il pesait beaucoup plus lourd que notre ambassadeur à Bonn. Son assistance aux Sénégalais en Allemagne est sans borne», commente un internaute qui se fait appeler Clin D’Œil. «Généreux de cœur et d'esprit, patient et pédagogue accompli. Aziz Diop est multidimensionnel. C'est la source à laquelle on ne se privera jamais assez d'étancher notre soif inextinguible de connaissance. Reste longtemps encore parmi nous », dit pour sa part un certain Pappur_Meradiop. Un troisième internaute est plutôt surpris quand Abdoul Aziz Diop dit n’avoir pas été confronté au racisme pendant tout ce temps en Allemagne. «il faut avoir une drôle de chance à moins d'être" aveugle». En effet, Abdoul dit n'avoir été victime de racisme à proprement parlé, mais convient que la discrimination existe.
Nous avions interviewé et dressé le profil très léger de Moulay Abdel Aziz, le nom d’antenne d’Aboul Aziz en 2012 lors de son bref passage à Dakar pour la célébration des 50 ans de la section française de la Deutsche Welle. Le profil avait été publié dans Le Pays au Quotidien et le Sénégalais.net. Abdoul Aziz profitait de ce retour pour passer l’une de ses rares Tabaski à Saint-Louis «après 40 ans de non tabaski» en Allemagne. Puisque là-bas, le jour de la Tabaski est «une journée comme une autre, à part prier et se recueillir», contrairement à la convivialité et le partage dont on peut jouir au Sénégal. Ce texte alors très maigre en infos, a été profondément réactualisé et mieux documenté, notamment avec des témoignages les propos récent du personnage dans un entretien sur Emigré Tv.
Puisque désormais "Domou Ndar" est définitivement libéré de ses charges à la Deutsche Welle, il peut revenir tranquillement fêter, fin de ce mois de juillet, une Tabaski en paix dans l’intimité familiale, renouer avec les senteurs et les saveurs de Ndar, sa «cité éternelle».
LE COVID-19 FAIT ANNULER LE CONCOURS GENERAL 2020
Le Concours général ainsi que le Grand prix du meilleur enseignant sont annulés, cette année, à cause de la pandémie
Le Concours général ainsi que le Grand prix du meilleur enseignant sont annulés, cette année, à cause du Covid-19.
Diary Sow garde sa couronne de meilleure élève du Sénégal. Son successeur ne sera pas connu en 2020. Parce qu’il n’y aura pas de Concours général cette année au Sénégal. Le Covid-19, qui a eu raison du Ballon d’or France Football, n’a pas épargné le milieu éducatif.
En effet, cette annulation du prestigieux concours est due aux perturbations dans les enseignements causés par l’apparition en mars du nouveau coronavirus au Sénégal. Depuis, les cours ont été suspendus pendant des mois avant la reprise pour seulement les classes d’examen. Les classes intermédiaires surtout celles de 1ère concernées ayant arrêté les cours, toutes les conditions ne sont pas réunies pour organiser le concours. Ce n’est pas tout, le Grand prix de l’enseignant aussi ne va pas être décerné.
Brillante scientifique, première lauréate du Concours général, Rose Dieng a été l’année précédente la marraine de la journée dédiée à l’excellence de l’école sénégalaise. «La marraine de l’édition 2019 est feue Madame Rose Dieng Khunz, ancienne brillante lauréate du Concours général de l’année 1972 et brillante scientifique qui s’est illustrée dans le domaine de l’intelligence artificielle», annonçait le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, en prélude à la cérémonie de remise des prix.
Presque méconnue du grand public, Rose Dieng Khunz a marqué l’histoire du Concours général. Elle a acquis le 1er prix cette année-là en terminant première en maths, en français et en latin, et deuxième en grec. L’année suivante, l’élève du lycée Van Vo avait décroché le Bac scientifique avec la mention Très-bien et les félicitations du jury. Décédée en 2008 à l’âge de 52 ans, elle est la première Africaine à être admise à l’Ecole polytechnique de France.
Pour l’édition 2019, 107 lauréats des classes de Première et Terminale ont été distingués. «Au total, nous avons 121 distinctions (66 prix et 55 accessits) décernées pour 107 lauréats dont 54 filles», avait dit Mamadou Talla. «On peut noter que des élèves des séries scientifiques et particulièrement ceux de la série S1 ont encore cette année remporté la plupart des distinctions, y compris dans les disciplines des séries littéraires», poursuivait le ministre.
1 486 candidats en classe de 1ère dont 825 filles et 1 245 en classe de Terminale avaient participé au concours. Diary Sow, élève en classe de Terminale S1 au Lycée scientifique d’excellence de Diourbel, est arrivée en tête avec 29 points. Elle a eu le 1er prix en géographie, le 3ème en maths et le 3ème ex-aequo en philosophie.
Trois élèves occupent à égalité de points (21) la 2ème place. Il s’agit de Baba Sow, 1er prix en construction mécanique et 1er accessit en maths, élève en Terminale S3 au Lycée Seydina Limamou Laye et des élèves de la classe de 1ère, Mame Coumba Diédhiou et Daniel André Sogo Diémé, respectivement en série S1 et S2 à la Maison d’éducation Mariama Ba et au collège SaintLouis Marie Grigon. Mlle Diédhiou a eu le 1er prix en latin et le 1er accessit en grec et Diémé le 1er en anglais et le 1er accessit en histoire