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2 mai 2025
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LES BOUTS DE BOIS DE DIEU, D'OUSMANE SEMBENE
D’inspiration marxiste, le récit met en scène la lutte des classes à l’œuvre dans l’Afrique coloniale à travers l’évocation de la grève des cheminots du Dakar-Niger de 1948. D’une écriture sans manichéisme aucun, le roman n’a pas pris une seule ride
Classique de la littérature africaine de langue française, régulièrement réédité en format de poche, Les bouts de bois de Dieu est un roman militant sous la plume du Sénégalais Ousmane Sembène. D’inspiration marxiste, le récit met en scène la lutte des classes à l’œuvre dans l’Afrique coloniale à travers l’évocation romancée de la grève des cheminots du Dakar-Niger de 1948. D’une écriture serrée et sans manichéisme aucun, le roman n’a pas pris une seule ride.
Le classique des classiques
Les Bouts de bois de Dieu est le classique des classiques africains, enseigné aujourd’hui dans toutes les bonnes écoles à travers le monde francophone. Les Américains parlent d'« African canon » pour désigner les œuvres essentielles du continent, dont ce livre fait indubitablement partie. Paru en 1960, il est l’œuvre du Sénégalais Ousmane Sembène. Ce dernier est mieux connu comme cinéaste, mais c’est sans doute parce qu’on oublie que le « père du cinéma africain » avait commencé sa carrière en tant que romancier. En réalité, Sembène a eu plusieurs carrières : il fut pêcheur, tirailleur pendant la Seconde Guerre mondiale, cheminot, ouvrier à la chaîne aux usines Renault à Paris, docker et syndicaliste à Marseille, avant de se lancer dans une carrière de romancier, puis de cinéaste.
Selon ses biographes, Sembène avait précocement arrêté ses études à l’âge de 13 ans. Il s’y était remis pendant les longues années qu’il a passées à Marseille après la guerre. Il suivait des cours dans les écoles du Parti communiste et surtout lisait énormément, empruntant des livres à la bibliothèque du port, tenue par la CGT. C’est ainsi qu’il avait découvert Germinal d’Emile Zola qui lui a servi pour Les Bouts de bois de Dieu, le roman le plus abouti de Sembène. La maîtrise de la narration, l’économie des moyens, l’efficacité du récit qui caractérisent ce roman sont d’autant plus étonnant que l’homme était un autodidacte complet en littérature, qui n’était passé par aucune école de « creative writing ».
Que raconte le roman ?
Les Bouts de bois de Dieu est le récit romancé d’un événement historique, la grande grève des cheminots sur la ligne Dakar-Niger, qui eut lieu en 1947-1948. Les romans de Sembène partent toujours d’une indignation sociale. C’était le cas déjà pour son premier roman Le docker noir (1956) dont le point de départ étaient les grèves des dockers marseillais pendant la période des guerres coloniales françaises. Ces grévistes tentaient d’empêcher le chargement d’armes pour l’Indochine. Les Bouts de bois de Dieu est dédié aux grévistes qui luttèrent pendant presque six mois pour arracher à leurs employeurs des salaires décents, une retraite et des allocations familiales, des droits réservés jusque-là aux employés français.
L’auteur, qui avait travaillé comme cheminot à l’époque, avait suivi de près l’action des grévistes, et fut personnellement témoin des sacrifices et du courage des acteurs. C’est tout cela que son livre met en scène à travers une narration partagée entre les trois grandes villes, à savoir Dakar, Thiès et Bamako, desservies par la ligne ferroviaire. Progressivement, la tension monte et on voit les grévistes et la police coloniale s’affronter de manière de plus en plus violente.
La guerre que les deux camps se livrent et que le roman raconte avec un sens consommé du dramatique et du tragique, a une dimension épique car ses enjeux semblent dépasser les revendications du moment et engager l’avenir. Ces enjeux sont portés par des hommes exceptionnels, mais aussi par des femmes déterminées et courageuses. Le rôle éminent que jouent les femmes dans ce roman est réellement révolutionnaire, ce qui a valu à Ousmane Sembène d’être qualifié à l’époque de la parution du roman de « premier romancier africain féministe ».
Des femmes puissantes
L’œuvre littéraire comme cinématographique d’Ousmane Sembène se distingue par sa dénonciation des souffrances morales et matérielles dont les femmes sont victimes dans la société africaine. Mais le romancier refuse de représenter la femme seulement comme victimes. Dans Les Bouts de bois de Dieu, il les a placées en première ligne pour mieux refléter leur importance dans l’évolution de la vie sociale et politique en Afrique. Epouses, mères ou sœurs des grévistes, on les voit solidaires de la révolte de leurs hommes. Elles sont l’âme et l’arme de la contestation des grévistes.
C’est par ailleurs la grande marche entreprise par les femmes entre Thiès et Dakar et son accomplissement malgré de moult obstacles, qui seront déterminants dans l’issue victorieuse de la grève des cheminots. Il n’est sans doute pas accidentel que cette aventure héroïque soit mise en musique et dirigée par Penda, une ancienne prostituée. En tombant sous les balles des tirailleurs, celle-ci s’impose comme martyre de la cause et à ce titre peut-être le véritable protagoniste du récit, et d’une certaine façon plus important que ses héros masculins.
Trois raisons pour lire ou relire ce roman
Il faut absolument lire ce roman pour savourer le talent de conteur du romancier qui mêle habilement la narration, la description et les portraits, sans dédaigner l’humour et le goût du détail piquant. Le résultat est captivant.
Les lecteurs apprécieront aussi la puissance de la fable derrière l’œuvre militante. Dans son analyse des Bouts de bois de Dieu, Wole Soyinka a évoqué sa dimension épique comme l’intérêt majeur de ce roman. « Et comme cela se passe dans toutes les épopées, l’humanité est renouvelée », écrit le dramaturge et romancier nigérian. Pour Soyinka, la révolte qui est au cœur de l’intrigue de ce roman, est un appel aux Africains pour transformer leur société en prenant en main leur propre destin.
Enfin, on ne soulignera jamais assez la force et la grandeur de l’univers sans manichéisme qui se déploie dans ces pages. Ici, pétris de respect malgré les antagonismes qui les opposent, les êtres vivent et meurent pour leurs idées et aspirent à un monde où l’on « combat sans haine », comme le rappelle la complainte par laquelle se clôt le récit. C’est sans doute cet humanisme sous-jacent à la vision engagée d'Ousmane Sembène qui rend la lecture de son oeuvre si fascinante.
Les Bouts de bois de Dieu, par Ousmane Sembène. Disponible en collection de poche, Presses Pocket, 379 pages (Première publication en 1960).
par Ibrahima Silla
LE NOUVEL ORDRE ÉTATIQUE
Les contradictions, paradoxes et incohérences entre ce que nous sommes, ce que préconisent nos constitutions héritées du colonisateur, importées et greffées à nos réalités socio-culturelles, sont énormes et problématiques
Au lendemain de la guerre froide (1945-1991), le défunt président américain Georges Bush, fort et fier du triomphe du capitalisme libéral sur le système communiste qui s’était effondré en URSS et la chute du mur de Berlin, annonçait l’avènement d’un NOM (nouvel ordre mondial) dont les États-Unis, hyperpuissance hégémonique incarnerait le leadership mondial pour façonner le monde à sa guise selon ses préceptes moraux, présentés comme le référentiel axiologique de base.
Le monde sortait ainsi d’une guerre idéologique de cinq décennies pour essayer de rentrer dans une nouvelle idéologie de la paix, de la sécurité et de l’ordre avec la promotion de nouveaux concepts tels que le devoir ou droit d’ingérence humanitaire, la responsabilité de protéger, la primauté de la souveraineté des droits de l’homme sur la sécurité collective entre autres.
L’expression nouvel ordre mondial est aujourd’hui réemployée pour appeler à la constitution d’une nouvelle gouvernance mondiale à bâtir sur de nouveaux principes, passant d’abord par une redistribution des cartes qui verrait l’Afrique occuper et jouer un rôle moins marginal dans les relations internationales contemporaines. Le coronavirus serait l’élément déclencheur de ce nouvel ordre mondial. Et si le nouvel ordre étatique était un préalable avant l’éventualité d’un nouvel ordre mondial qui ne veut pas dire grand-chose pour l’instant ? Et si l’on commençait par construire les possibilités du nouvel ordre étatique ici et maintenant, avant d’envisager les éventualités de la déconstruction de l’ordre mondial dans lequel nous vivons et reste marqué par le risque permanent de conflits, de pandémie et toutes sortes de misères politiques et sociales.
Il ne faudrait pourtant pas que nos États se trompent d’ordre et de priorité, d’époque et d’enjeu. Car, après l’état d’urgence, d’exception et de nécessité au niveau national, il ne faudrait pas sauter l’étape de l’urgence de l’État (et non de l’international), à rebâtir sur de nouvelles bases avant d’entreprendre la refondation du système international. L’urgence est dans l’ici et non dans l’ailleurs et le lointain. La pandémie nous montre l’attitude de fermeture des États-nations qui se referment sur eux-mêmes, au moment où l’on commençait à vouloir célébrer le village planétaire mondial. S’ils veulent tirer leur épingle du jeu, nos États en Afrique devraient d’abord et avant tout commencer par revoir les fondamentaux qui permettent de construire un gouvernement véritablement représentatif et performatif. Cette crise sanitaire réussira-t-elle là où les Assises nationales et la CNRI n’ont pas réussi en dépit de leurs volontés de rebâtir l’État à partir des finalités vertueuses et pratiques du politique : nuire au mal et servir le bien ? Cette crise réussira-t-elle là où les institutions internationales ont failli ? Cette crise réussira-t-elle là où les citoyens ont échoué scrutins après scrutins, alternances après alternances, illusions après désillusions ?
Choisir d’être un État, et non une monarchie, une cité, un royaume ou un empire requiert une conformité au mode d’organisation et de fonctionnement attendu d’un tel type de régime politique. Le monde a connu entre 1945 et aujourd’hui une floraison d’États. De 51 États, le monde est passé à 193 États. Les années 1960 vont projeter juridiquement nombre d’anciennes colonies à la souveraineté nationale et internationale les créditant d’un droit absolu d’auto-détermination synonyme de non-ingérence dans les affaires intérieures et de détention de l’autorité politique exclusive. Cette souveraineté, synonyme de plénitude de puissance et d’autonomie s’est révélé à l’épreuve des relations internationales de domination comme une illusion. L’on découvre ainsi que nos sociétés se parent officiellement de tous les artifices et décors pour ressembler à des États, sans forcément mériter un tel statut au regard des caractéristiques fondamentales repérables dans un état digne de ce nom.
Ce qui n’empêche pas l’ONU de les compter parmi les États-membres. Leur ticket d’entrée en poche, ils oublient souvent de se conformer à l’idéaltype de l’État. L’insatisfaction des critères et caractéristiques qui permettent d’identifier un État digne de ce nom a conduit nos sociétés à être rangées par les scientifiques du politique et du droit dans la catégorie des pseudos États, États fragiles, États défaillants qui n’auraient d’État que le nom, en raison notamment de ses transfigurations les plus déroutantes.
Le qualificatif « État » est d’ailleurs beaucoup moins grave qu’il n’y paraît, car l’enjeu c’est moins ce qui nous qualifie (comme État) que ce que nous faisons (comme organisation politique). Ce qui importe au fond c’est moins le type de régime revendiqué, aussi séduisant soit-il, que le mode de fonctionnement politique et démocratique réel adopté pour atteindre les finalités pratiques du politique. Le bien n’est pas une affaire de textes, d’institutions et de droits, mais des pratiques en conformité avec les idéaux démocratiques et valeurs humaines. Il ne suffit pas de se proclamer État de droit ». Encore faut-il arriver à se hisser au statut d’État de droit démocratique ». Car tous les États de droit ne sont pas forcément des États de droits démocratiques, privilégiant les intérêts supérieurs de la nation et donc des citoyens qui ont donné aux chefs de ces États-là, par l’expression souveraine de leur volonté, la légitimité de conduire leurs destinées pour le bien de tous sans discrimination clanique, ethnique, partisane ou autre.
Les contradictions, paradoxes et incohérences entre ce que nous sommes, ce que préconisent nos constitutions héritées du colonisateur, importées et greffées à nos réalités socio-culturelles, nos modes de fonctionnement politiques, sont énormes et problématiques. Le futur chantier commence par ce fondamental que constitue le nouvel ordre étatique.
Cette vulnérabilité sanitaire, à laquelle nous faisons face, cachait depuis longtemps une vulnérabilité étatique qui est aujourd’hui mise à nu. L’on découvre à quel point notre vulnérabilité est grande. L’ampleur des difficultés relatives aux réponses sanitaires, alimentaires et sécuritaires à apporter à la crise informe sur l’énormité des chantiers à entreprendre, notamment celui relatif à l’État comme type d’organisation politique.
Il faudra profiter de cette situation pour refonder l’État afin que les caractéristiques qui le fondent soient pleinement et utilement remplies. Cette crise majeure devrait être vécue comme un choc sociétal qui ouvrira à nos sociétés un véritable mode de fonctionnement étatique digne de ce nom. La gestion de l’État devra être envisagé autrement ; de même que le rapport au politique. Car, l’enjeu n’est pas seulement d’éradiquer la pandémie, mais elle consiste également à endiguer toutes ces pratiques politiques et gouvernementalités qui se sont révélées improductives parce que davantage génératrices de désordre que d’ordre.
De tels constats sur les déboires politiques de nos États avaient déjà été faits bien avant cette crise sanitaire. Aujourd’hui, ils s’imposent comme une évidence. Cette situation révèle la faiblesse des institutions, la défection des dispositifs de protection individuelle et collective, la crise de la citoyenneté, etc. Ce qui nous ramène à dire que l’État ne se décrète pas. L’État se construit contre le désordre. Le besoin d’ordre et de sécurité est au fondement de l’État qui peut malheureusement se retrouver entre les mains d’une classe, d’une oligarchie ou d’un seul homme détenant des pouvoirs exorbitants au-delà du raisonnable et du souhaitable.
Le nouvel ordre étatique devra s’occuper de ces chantiers en ruines qui n’ont cessé d’affecter le bon fonctionnement de l’État :
- Un nouvel ordre contractuel à organiser autour du respect de la condition humaine des individus pour leur garantir les droits et libertés fondamentales inscrites dans la constitution qui se présente comme la loi fondamentale qui scelle un véritable compromis entre les différents groupes sociaux. Garantir aux citoyens, qui ne sont pas des sujets, leurs droits fondamentaux (la défense de la propriété, de ses richesses, de son intégrité physique, de sa dignité, la consécration de la citoyenneté. Un nouvel ordre constitutionnel à travers l’élaboration d’une nouvelle constitution qui sera moins en contradiction avec nos réalités socioculturelles. Une constitution qui ne rendra pas service à un homme mais qui rendre justice et service à toute une collectivité. Une version prête à l’emploi existe déjà dans les tiroirs des Assises Nationales et de la CNRI.
- La réalisation du projet d’un nouvel ordre social passe par le projet d’une organisation politique incluant nécessairement l’institutionnalisation et la structuration de la société autour d’un chef fonctionnaire au service du peuple, qui n’abuse pas de ses fonctions, qui ne profite pas de cette hiérarchie organique pour régler des comptes à travers des procès politiques ;
- Un nouvel ordre institutionnel. L’institutionnalisation du pouvoir doit être incarné par un homme équidistant des partis et vertueux, privilégiant l’intérêt général et non l’intérêt partisan ; une séparation optimale des pouvoirs, véritables contrepouvoirs contre les risques d’autoritarisme. Donc un nouvel ordre de l’autorité (et non de l’autoritarisme) respectueuse de l’idéal républicain et de la vertu démocratique qui interdit l’exercice du pouvoir à titre de prérogative personnelle ; contre l’arbitraire qui conduit à la politisation de la justice ; par la nette distinction entre le patrimoine du chef et celui de l’État ; L’institutionnalisation a pour objet de définir les prérogatives et obligations de tous ceux qui exercent du pouvoir au nom de l’État ; un pouvoir institutionnalisé pour parer au désordre et instaurer un ordre plus humain, plus rationnel, plus juste.
- Un nouvel ordre moral couronné par la souveraineté du Bien qui ne doit pas être uniquement un idéalisme naïf dénué de toute substance, mais une réalité incarnée par l’État providence et un leadership vertueux, respectueux des valeurs qui fondent la République ; Un homme qui pourra se dire à la fin de son mandat : j’ai rendu mon pays et mes concitoyens meilleurs.
- Un nouvel ordre de la souveraineté qui ne doit plus être un mot vain dénué de tout fondement réel, mais la pleine jouissance pour l’État de son autorité exclusive tant sur le plan interne qu’externe. Une souveraineté qui lui permet de choisir librement l’ordre nécessaire conforme à ses intérêts qui n’est toutefois pas en contradiction avec le droit international. La souveraineté absolue (et non négative) qui permet à l’État d’avoir une emprise sur son économie et ses ressources ; ses volontés et ses décisions ; de jouir pleinement de sa souveraineté qui n’est pas qu’une affaire de délimitation de frontières, d’hymne national ou de couleurs de drapeau ;
- Un nouvel ordre de la citoyenneté qui ne doit pas seulement être appréhendé en termes de droits et de devoirs, mais à travers une solidarité effective d’existence. Une citoyenneté qui ne confinera pas les populations en âge de voter à un service citoyen minimum ou à une dépolitisation civique comme ce fut le cas avec la mention « n’est pas électeur » inscrite sur la carte nationale d’identité qu’il faut interpréter comme un dessaisissement citoyen par rapport à la res publica. Délivrer les citoyens de l’ignorance par la connaissance et pour l’éveil. Leur apprendre à être citoyen et non monnaie d’échange électorale ;
Un nouvel ordre séculier ou sécularisation revisitée de l’État. Repenser les rapports entre l’ordre religieux et l’ordre politique. Sur quelles bases organiser la société en tenant compte des pouvoirs autres que politiques qui jouent un rôle central et incontournable dans les rapports sociaux ? Voir suivant et selon quelles modalités les associer à la réflexion et à la prise de décision ;
Un nouvel ordre administratif. Redéfinir de manière plus efficace la centralisation de l’État à repenser avec les enjeux de la décentralisation, de l’autonomie, des attributions et donc de la réorganisation administrative des collectivités locales, pour plus d’efficience et d’efficacité du pouvoir de décision autonome. Laisser administrer de près après avoir pendant longtemps et inefficacement voulu gouverner de loin sur tout ; Désencombrer les niveaux supérieurs de l’administration ; Rapprocher l’administration et les administrés ; Associer donc décentralisation et déconcentration pour plus de cohérence et d’efficacité administrative ;
Un nouvel ordre dans la spécialisation des rôles sociaux et des tâches de gouvernement pour éviter l’implantation d’une oligarchie constituée majoritairement de partisans et courtisans, de politiciens de métier sans la compétence requise en la matière mais malgré tout aux commandes dans des postes névralgiques nécessitant pourtant une expertise avérée. L’État choisit ses agents par les concours et le mérite et non pas la capacité de l’individu à distraire ou mobiliser les foules électorales. L’État n’est pas une affaire de politiciens se partageant des postes. La politique (au sens noble du terme) non plus. La crise sanitaire du coronavirus a propulsé devant la scène médiatique des profils jusque-là déconsidérés, parce que sans intérêt politicien. Le nouvel ordre étatique passe aussi par la revalorisation des métiers apolitiques et des compétences dans tous les domaines (sanitaires, économiques, politiques, culturelles, etc.) ; Par la différenciation des compétences administratives et politiciennes ; La dépolitisation de la bureaucratie partisane contaminée par des logiques partisanes et clientélistes. Les représentants de l’État exercent une fonction qui doit leur permettre de survivre aux pouvoirs en place. Cette dissociation entre le parti et l’État permet de concevoir la continuité de l’État, qui ne saurait dès lors être affectée par la succession des personnes physiques susceptibles de l’incarner momentanément. Dans ses écrits sur le Monde des hommes. L’art de vivre parmi ses semblables, Liu An, l’un des penseurs traditionnels de la sagesse chinoise disait cette vérité qui mérite d’être méditée : « Il existe trois sortes de dangers dans le monde des humains : le premier, être peu vertueux mais recevoir beaucoup de faveurs ; le deuxième, être peu compétent mais occuper un poste très élevé ; le troisième, n’avoir rien accompli d’extraordinaire mais se voir accorder d’abondants émoluments ». C’est ce que nous pouvons exactement observer et déplorer au Sénégal.
Plus les sociétés se développent plus l’État devrait se développer, et non l’inverse du fait notamment du nombre de plus en plus croissant et complexe des problèmes à gérer. Le coronavirus n’a fait que révéler l’immensité du chantier étatique à réaliser. Le nouvel ordre étatique devra permettre au pouvoir étatique d’apparaître dès lors comme un « organe » de la société qui contribue à l’établissement et au maintien de relations de solidarité entre ses membres et exerce des fonctions d’ordre général : l’éducation, la mise en place de services communs, l’organisation d’activités correspondant à des besoins fondamentaux (santé, sécurité, propriété). Pour cela, il faut que les gouvernants se rendent enfin compte qu’il y a des sciences dans l’État, parce qu’il y a une science de l’État.
Le nouvel ordre étatique commence par un nouvel esprit politique partant d’une prise de conscience de la considération à accorder au savoir utile et solide et pas seulement au pouvoir fragile et éphémère qu’ont certains de faire foule et de grossir les scores électoraux. La légitimité ne s’épuise pas dans l’arithmétique électorale. La légitimité est aussi une affaire d’efficacité et de crédibilité, sans laquelle les discours politiques les plus volontaristes en apparence, appelant à renouveler l’ordre international, ne contribue qu’à renouveler le désordre dans nos priorités d’abord et avant tout nationales.
L’UNIVERSITÉ DE THIÈS MET AU POINT UN APPAREIL DE LAVAGE POUR ÉRADIQUER LE CORONAVIRUS
L’appareil, qui la taille d’un lavabo de cuisine, sert à laver les mains, le matériel médical ou les masques lavables. Il est équipé de deux bacs et d’une boîte de séchage.
Thiès, 25 avr (APS) - L’Institut universitaire de technologie (IUT) de l’Université de Thiès (ouest) a mis au point une machine à laver en guise de contribution à la lutte contre la pandémie de Covid-19, a constaté l’APS.
L’appareil, qui la taille d’un lavabo de cuisine, sert à laver les mains, le matériel médical ou les masques lavables. Il est équipé de deux bacs et d’une boîte de séchage.
Son concepteur, Ousmane Sow, chef du département génie électrique de l’IUT, a recouru à l’intelligence artificielle pour doter la machine d’un microprocesseur assurant son automatisation et d’une assistance vocale, pour guider l’usager tout au long de la durée du lavage.
Dès qu’une main s’approche des détecteurs à distance, la machine donne la conduite à tenir. Elle libère ensuite un jet d’eau savonneux, une eau claire ou du gel hydroalcoolique.
Après chaque étape, l’assistance vocale annonce la suivante en seereer, pular, wolof ou français.
L’usager n’a pas besoin de toucher à l’appareil, car un algorithme permet de gérer tout le système de la machine, selon M. Sy.
Grâce à une application informatique, l’usager choisit un parmi les quatre modes d’utilisation de l’appareil et une de ses quatre langues.
L’appareil mobile, monté sur des roulettes, est modulable, peut fonctionner à l’énergie solaire ou électrique, selon le concepteur.
Doté d’un système de back-up, la machine peut stocker de l’énergie pour son autonomie. Il est équipe d’un réservoir de 50 litres. Un orifice de remplissage assure la consommation d’eau, et un autre recueille les eaux usées, qui peuvent être évacuées via un robinet.
Cette invention est le fruit de la collaboration d’Ousmane Sow avec ses étudiants et l’unité de formation et de recherche dédié à la santé à l’Université de Thiès, qui fabrique le gel hydroalcoolique utilisé par la machine.
L’équipe de l’IUT a aussi travaillé avec des menuisiers, un peintre et un plombier. La collaboration de professionnels de la santé de Petit Thially, un quartier de la ville de Thiès, a permis d’intégrer le lavage médical dans les aptitudes de la machine.
L’IUT a aussi associé à cette invention des membres de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais pour établir un lien ‘’entre la science et la culture’’, selon M. Sow.
Les comédiens thiessois Ndiambé Sène, Thierno Bocar Kane et Waly Sène ont prêté leur voix la mise au point des outils linguistiques de l’appareil, respectivement pour le seereer, le pular et le wolof.
Comédiens et chercheurs de l’UIT ont collaboré sous le signe de la collaboration entre ‘’science et culture, face au coronavirus’’, selon Ousmane Sow.
‘’Depuis le début de cette pandémie, [notre université] n’a cessé de déployer de faire usage de son ingéniosité pour éradiquer le coronavirus’’, a dit le professeur Ibrahima Bâ, professeur de lettres modernes et de techniques de communication à l’Université de Thiès.
Des étudiants du département santé ont produit du gel hydroalcoolique, a rappelé M. Bâ, qui a collaboré à la mise au point de la machine à laver.
"TOUT NOUS RAMÈNE À L’ÈRE KARIM WADE"
La sortie du président sur l’affaire de la distribution du marché de riz est une «façon d’évacuer le scandale du coronagate». Mais au-delà, estime Fatou Blondin Ndiaye Diop, «attribuer autant de responsabilités à son beau-frère rappelle le cas Karim Wade»
La sortie du président de la République sur l’affaire de la distribution du marché de riz est une «façon d’évacuer le scandale du coronagate». Mais au-delà, estime Fatou Blondin Ndiaye Diop, «attribuer autant de responsabilités à son beau-frère rappelle le cas Karim Wade». Par ailleurs, la coordonnatrice du mouvement Aar li ñu bokk prend position en faveur d’un confinement pour endiguer la pandémie du Covid-19.
Le confinement est incontournable pour endiguer la propagation du Covid-19, selon le Président Macky Sall. Peut-on vraiment adopter cette mesure au Sénégal avec nos réalités socio-économiques ?
Nous allons très certainement vers le confinement des communes où les cas communautaires croissent à grande vitesse. Nous n’avons pas imposé le port de masque en son temps. Et maintenant que c’est fait, nous n’en disposons pas en quantité suffisante et aux normes certifiées. Nous n’avons pas non plus assez de tests rapides pour isoler les populations en fonction de leur statut sérologique : testés négatifs, porteurs sains et malades à suivre. Alors, la seule issue, si la courbe d’infections continue de monter, sera le confinement. Les conséquences économiques et sociales seront catastrophiques. Elles méritent que le gouvernement et les citoyens s’y préparent, mais on n’aura pas le choix.
Pour Macky Sall, le débat autour de l’attribution des marchés de vivres qui implique son beau-frère, Mansour Faye, est un débat au ras des pâquerettes. Est-ce votre avis ?
C’est une façon d’évacuer le scandale du coronagate. Premièrement, attribuer autant de responsabilités à son beau-frère nous rappelle le cas Karim Wade. Deuxièmement, tout porte à croire que les attributions se sont opérées très rapidement, dans l’opacité et sans respecter les règles en vigueur. Aujourd’hui, notre inquiétude se porte sur la distribution. Le ministre du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale a l’air d’avoir l’onction du Président Macky Sall dans ses agissements. Si tel est le cas, le Peuple qui aura beaucoup souffert de cette pandémie s’en souviendra. Ils rendront des comptes d’une façon ou d’une autre.
Etes-vous de ceux qui redoutent le syndrome Karim Wade avec la gestion des fonds de l’Anoci ?
Tout nous ramène à l’ère Karim Wade : le népotisme, la multiplicité des casquettes pour tout ce qui va en direction de la demande sociale. Tout porte à croire qu’on lui trace le chemin de la succession. Mais les Sénégalais décideront in fine de leur avenir.
Etes-vous rassurée quant à une gestion transparente du Force-Covid-19 après la nomination du Général François Ndiaye à la tête du Comité de suivi ?
Je note d’abord le retard dans sa création et surtout après avoir passé les marchés des denrées alimentaires. Je note aussi la composition qui montre le souci de gérer les équilibres plus que le contrôle de la gestion efficace des fonds. On attend le plan d’action au sommet et à la base. Les arguments de Mansour Faye, lors de sa conférence de presse, éclipsaient le fond de l’interpellation des journalistes sur l’achat et le transport du riz. C’était la surprise générale des majeurs du domaine du transport, de la vente de riz, de voir tout d’un coup des acteurs sortir pour gagner ces marchés à coup de milliards. Alors qu’un petit tour au ministère du Commerce aurait permis de savoir que ce n’étaient pas des acteurs majeurs. Et quant à Diop Sy, d’aucuns supputent que sa société n’existerait plus. Donc, c’était ça le fond de la question. Et sa réponse était plutôt autour de «nous avons fait un appel d’offres», alors que déjà les transporteurs lui avaient dit qu’ils étaient disposés à transporter gratuitement. Donc il préfère répéter qu’un appel d’offres a été lancé, qu’ils ont choisi les moins chers, etc. Il ne rentre pas dans le fond du sujet, à savoir que ces entreprises qui ont gagné ces marchés n’étaient pas connues dans le domaine des marchés en question. En plus, les montants étant très élevés, tout le monde s’attendait, dans le cadre d’une offre de gratuité, que le gouvernement s’en saisisse et qu’on vienne apporter un certain soutien à un secteur national qui sera très certainement durement touché par la crise. Pour moi, le ministre est passé à côté.
EST-IL VRAI QUE LES CONSOMMATEURS DE LA NICOTINE CONTRACTENT MOINS LE COVID-19 ?
Selon plusieurs petites études, les fumeurs seraient sous-représentés parmi les personnes infectées par le virus SARS-CoV-2. L’interprétation de ces résultats reste sujette à caution
De nombreuses études de cas le démontrent sans équivoque : les fumeurs qui contractent le Covid-19 ont un risque fortement accru de développer des formes graves de la maladie. Dans ces travaux, on constate que la proportion de fumeurs est deux à quatre fois plus importante chez les patients gravement atteints que chez ceux présentant une forme modérée de la maladie.
En revanche, plusieurs publications relayées depuis début avril font état d’un phénomène contre-intuitif : dans plusieurs pays, la proportion de fumeurs infectés par le SARS-CoV-2 serait inférieure à la proportion de fumeurs au niveau régional ou national. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a récemment évoqué ces données.
En France, des travaux en cours de publication menés sur un nombre restreint de patients à la Pitié-Salpétrière, ainsi qu’une étude en milieu scolaire à Crépy-en-Valois (prépubliée ce 23 avril), ont également fait état de cette tendance statistique.
Les premières études ont été accueillies avec un certain scepticisme, non sans raison. En effet, nombre de ces travaux présentent des biais parfois importants.
Première limite présente dans l’ensemble des études (à l’exception des travaux français) : le paramètre de l’âge des patients hospitalisés. En effet, une proportion importante des patients atteints de formes graves de Covid-19 est âgée de plus de 65 ans. Or, la prévalence de fumeurs décroît très fortement avec l’âge (à titre d’exemple, en France, les 65-75 ans fument 2,5 fois moins que la population générale).
Dans l’étude menée à la Pitié-Salpêtrière, en tenant compte de l’âge et du sexe des patients, les fumeurs semblaient néanmoins quatre fois moins susceptibles que les non-fumeurs d’être Covid+. Un taux observé tant chez les personnes hospitalisées que chez les patients pris en charge en ambulatoire. Néanmoins, pour en tirer des conclusions plus solides, ces résultats auraient dû être mis en perspective avec le profil tabagique des patients fréquentant habituellement cet hôpital, aux mêmes périodes les années précédentes.
Autre paramètre qui semble exclu de la plupart des analyses : le profil socio-économique des groupes étudiés, qui peut fortement influer sur la proportion attendue de fumeurs. Une limitation mentionnée par les auteurs de l’étude française, qui ont établi leurs calculs «en supposant que la population étudiée qui vit dans une zone limitée autour d’un hôpital parisien a les mêmes habitudes tabagiques que la population française en général», et qui notent que «les travailleurs de la santé étaient surreprésentés dans le groupe ambulatoire, en raison de tests systématiques sur leur lieu de travail lorsqu’ils deviennent symptomatiques». L’étude menée à Crépy-en-Valois semble, elle, prendre en compte ce paramètre. Et ses résultats sont cohérents avec l’étude de la Pitié Salpêtrière.
Troisième écueil important : la qualité des informations recueillies n’est pas toujours au rendez-vous… loin s’en faut. Dans certaines études utilisées par les épidémiologistes pour mener leurs analyses, le statut tabagique des patients Covid+ les plus malades n’était tout simplement pas renseigné. Des commentateurs ont également relevé que l’une de ces études considérait comme «non-fumeurs» des individus consommant moins de 30 paquets par an – empêchant toute comparaison avec des statistiques nationales qui portent, elles, sur l’ensemble des consommateurs de cigarettes.
De son côté, l’étude menée à la Pitié-Salpêtrière semble considérer comme «ancien fumeur» toute personne qui avait cessé de fumer au moment de son hospitalisation… sans évoquer l’hypothèse que des patients aient pu arrêter de fumer à cause des premiers symptômes du Covid-19 ! Un point qui influencerait considérablement sur les résultats. Sollicité par CheckNews, Zahir Amoura, auteur de ces travaux, n’a pas encore commenté ce point.
Le phénomène est-il biologiquement plausible ?
L’interprétation de ces statistiques, ainsi que l’ampleur du phénomène associé, restent encore sujettes à caution.
Des chercheurs ont toutefois commencé à explorer l’hypothèse d’un lien de cause à effet direct entre le statut tabagique et l’infection primaire par le SARS-CoV-2. La question se pose en effet : d’un point de vue physiologique, est-il plausible que des poumons exposés au tabac soient moins perméables à ce coronavirus ? La nicotine pourrait-elle être impliquée dans le phénomène ?
Un lien possible avec le récepteur ACE2 ?
Le SARS-CoV-2 infecte les cellules en se liant au récepteur ACE2, abondants notamment à la surface les cellules des muqueuses et du tissu alvéolaire pulmonaire. L’expression du gène correspondant à ACE2 n’est pas identique chez les fumeurs et chez les non-fumeurs. Sur la base de modèles animaux, on a longtemps considéré que les fumeurs exprimaient moins ACE2 – ce qui laissait entrevoir une explication simple au phénomène : moins de ACE2 induit une propension plus faible à l’infection.
Mais des données récentes, qui semblent corroborées par de nouvelles recherches, laissent supposer que chez l’être humain, le tabagisme est associé à une expression plus grande d’ACE2. Une plus grande propension à l’infection par le coronavirus serait donc attendue. Les observations épidémiologiques ci-dessus évoquées, suggérant un effet protecteur du tabac, soulèveraient donc un paradoxe.
Plusieurs hypothèses explicatives ont été formulées. Certains auteurs ont avancé que, chez l’ensemble des patients, l’infection par SARS-CoV-2 diminuerait la disponibilité des récepteurs ACE2 dans les poumons. Les processus biologiques mobilisant habituellement ces récepteurs seraient entravés, entraînant divers symptômes de la maladie. Les personnes présentant plus d’ACE2, même si elles étaient infectées, développeraient moins de symptômes. Cette interprétation est toutefois mise à mal par l’étude de Crépy-en-Valois, où le diagnostic d’infection a été réalisé sur prise de sang, et non sur une simple évaluation clinique des symptômes.
Selon d’autres travaux, le récepteur nicotinique nAChR pourrait moduler l’activité d’ACE2. Stimuler nAChR pourrait-il rendre l’infection au travers d’ACE2 plus difficile ? Ce fait n’est pas encore prouvé. «La possibilité d’une modulation réciproque entre ACE2 et le récepteur nicotinique est une question scientifique intéressante pour laquelle nous n’avons pas de réponse», insiste le professeur Jean-Pierre Changeux, coauteur d’un article scientifique invitant à ce que soit explorée cette hypothèse.
La Pitié-Salpêtrière a annoncé le lancement de plusieurs essais cliniques en ce sens. Le premier, mené sur des soignants, vise à comparer le taux d’infection entre un groupe porteur de patchs nicotiniques et un groupe porteur de patchs placebos. D’autres essais doivent être menés sur des patients Covid+ hospitalisés, pour évaluer si la nicotine influe sur l’évolution de la maladie – notamment chez les fumeurs en sevrage forcé du fait de l’hospitalisation.
Nicotine et vapotage : des données préliminaires peu encourageantes
Le retour des associations d’utilisateurs de cigarette électronique ne semble toutefois pas aller dans ce sens. Selon l’analyse d’un questionnaire transmis début avril à plusieurs milliers d’adhérents des associations AIDUCE et SOVAPE, le taux de patients suspectés d’être Covid+ étaient analogues qu’il y ait consommation de nicotine ou non – voisin de 2,5%. «Bien que portant sur près de 10 000 personnes, cette enquête citoyenne est non conclusive sur un effet protecteur majeur de la nicotine, notent les associations dans un communiqué. Les premières données ne montrent aucun effet positif ou négatif majeur du vapotage face au risque de contracter le Covid-19 pour les vapoteurs et leur entourage.»
Le tabacologue Bertrand Dautzenberg, qui avait incité ces associations à explorer cette hypothèse, note sur Twitter que les données n’ont pas été recueillies dans des conditions «respectant toutes les obligations des études scientifiques». Il estime néanmoins qu’elles «ne montrent pas de signes forts d’un effet bénéfique de la nicotine pour réduire le taux de Covid-19». Il invite à une analyse de la Base de données de santé pour poursuivre l’exploration de cette hypothèse.
Aucune raison de commencer à fumer
Le tabacologue rappelle «que le tabac apporte avec certitude un effet négatif supérieur à celui d’un petit bénéfice qui n’est en rien confirmé». «Ceci conduit à encourager tous les médecins à conseiller et accompagner l’arrêt du tabac chez tous les fumeurs.» Les auteurs de l’étude de Crépy-en-Valois abondent en ce sens, rappelant que le tabac est responsable de 75 000 décès par an en France. «Le tabagisme ne peut donc pas être proposé comme une façon de se protéger contre le nouveau coronavirus», insistent-ils.
Cette conclusion rejoint, sans surprise, également celle des auteurs d’une synthèse sur les complications du Covid-19 liées au tabagisme. «Les facteurs de risque des formes graves de la Covid-19 (troubles pulmonaires et cardiovasculaires, diabète, etc.) sont plus fréquents chez les fumeurs. Les fumeurs qui souffrent de comorbidités devraient arrêter de fumer par tous les moyens.» Ceux-ci observent par ailleurs que «le confinement peut entraîner un isolement social et une détresse psychologique qui augmentent le besoin de fumer. [En outre], le tabagisme est plus répandu parmi les groupes économiquement moins favorisés, et ils sont potentiellement plus à risque de Covid-19.»
De son côté, l’association Alliance contre le tabac a enjoint à la plus grande prudence à l’égard des informations spéculatives en circulations. En l’absence de données plus probantes, les consommateurs de nicotine, «ne doivent pas s’attendre à être plus protégés que la population face à l’épidémie en cours», rappelle-t-elle. En outre, elle déconseille aux non-fumeurs le recours à des substituts nicotiniques. Une mise en garde également formulée par les promoteurs de l’étude de la Pitié-Salpétrière ou par le ministre de la Santé.
En résumé
Bien que très médiatisées, les observations épidémiologiques associant tabagisme et risque de développer les symptômes du Covid-19 restent à cette heure difficiles d’interprétation. Dans l’hypothèse d’un réel lien de cause à effet, les mécanismes biologiques évoqués dans la presse restent encore à l’état d’hypothèses. Aucune n’a encore été formellement testée.
SOIXANTE-NEUF NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Les cas causés par la transmission communautaire ont été recensés aux Parcelles Assainies, à Mbao, à Colobane, à Niayes-Thioker, des quartiers et communes situés dans la région de Dakar, à Mbacké et Nioro du Riop
Le ministère de la Santé a annoncé samedi 69 nouvelles infections au coronavirus, ce qui porte à 614 le nombre de cas recensés au Sénégal depuis le 2 mars.
Soixante-six cas contacts ont été dénombrés, les six autres étant causés par la transmission communautaire, a précisé le docteur Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la Santé.
Les 69 nouveaux cas de Covid-19 proviennent de 703 tests, a-t-il dit en publiant le dernier bilan quotidien de la pandémie de Covid-19 au Sénégal.
Les cas causés par la transmission communautaire ont été recensés aux Parcelles Assainies, à Mbao, à Colobane, à Niayes-Thioker, des quartiers et communes situés dans la région de Dakar, à Mbacké et Nioro du Riop, deux départements situés respectivement dans les régions de Diourbel et Kaolack (centre).
Quatorze patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, a annoncé Aloyse Waly Diouf, assurant qu’‘’aucun cas grave n’a été signalé’’ parmi les patients sous traitement.
Leur état de santé est ‘’stable’’, selon le directeur de cabinet du ministre de la Santé.
En tout, depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, le 2 mars, 276 patients ont recouvré la santé, a-t-il précisé, ajoutant que 330 personnes infectées par le Covid-19 sont actuellement sous traitement.
Le nombre de décès causés par la maladie, sept depuis vendredi, n’a pas évolué, selon Aloyse Waly Diouf.
Il rappelle qu’un patient a été évacué en France par ses proches.
M. Diouf a exhorté les populations à veiller au respect strict des mesures de prévention collective et individuelle de la maladie.
par Molase
LE COVID-ORGANICS SERAIT-IL LE SYMBOLE DU NOUVEL ORDRE MONDIAL ?
La comparaison des réactions dévalorisantes et moqueuses des nôtres à la suite de la solution malgache peut bel et bien démontrer un réel manque de confiance en nous et en nos capacités
Les multiples réactions à travers le continent ne semblent pas apporter une réponse positive à notre question. On peut observer facilement sur les réseaux sociaux le manque de confiance de nous autres africains, par rapport à nos frères. Le constat est à la limite triste compte tenu des circonstances.
Il y a quelques semaines, nous avions assisté à une déification d'un professeur français du nom de Raoult. Beaucoup d'entre-nous ont soutenu un soit disant héros qui aurait trouvé le remède miracle à base de chloroquine. Cet enthousiasme africain est-il la résultante d'une profonde aliénation culturelle ? Cette attitude serait-elle une confirmation d'une inconscience des ex-colonisés par rapport à la "vérité qui sonne toujours blanche" ?
En effet, la comparaison des réactions dévalorisantes et moqueuses des nôtres à la suite de la solution malgache peut bel et bien démontrer un réel manque de confiance en nous et en nos capacités. Une Afrique qui apporte la réponse mondiale est improbable, selon beaucoup d'entre-nous. C'est triste que nous soyons aussi durs envers nous-même et rejetons systématiquement tout ce qui vient de chez nous. On dirait que l'histoire se répète et cela nous renvoie à une réponse que Cheikh Anta Diop a servi aux étudiants, lors d'une conférence en 1984 à Niamey :
"Je crois que le mal que l'occupant nous a fait n'est pas encore guéri, voilà le fond du problème. L'aliénation culturelle finit par être partie intégrante de notre substance, de notre âme et quand on croit s'en être débarrassé on ne l'a pas encore fait complètement. Souvent, le colonisé ressemble un peu, ou l'ex-colonisé lui-même, à cet esclave du XIXème siècle qui libéré, va jusqu'au pas de la porte et puis revient à la maison, parce qu'il ne sait plus où aller. Il ne sait plus où aller... Depuis le temps qu'il a perdu la liberté, depuis le temps qu'il a apprit des réflexes de subordinations, depuis le temps qu'il a apprit à penser à travers son maître. (...) Toutes les questions que vous m'avez posé reviennent à une seule. Quant est-ce que les blancs vous reconnaîtront-ils ? Parce que la vérité sonne blanche. Mais c'est dangereux ce que vous dites parce que si réellement l'égalité intellectuelle est tangible, l'Afrique (et la diaspora africaine) devrait sur des thèmes controversés (tels que l'origine africaine de la première civilisation humaine), être capable d'accéder à sa vérité par sa propre investigation intellectuelle et se maintenir à cette vérité, jusqu'à ce que l'humanité sache que l'Afrique ne sera plus frustrée, que les idéologues perdront leur temps, parce qu'ils auront rencontré des intelligences égales qui peuvent leur tenir tête sur le plan de la recherche de la vérité."
Trente six ans après, il semblerait que nous soyons toujours au même stade. Le pire est que nous sommes très biens outillés pour défendre des positions fermes sur des bases scientifiques. Nous devons en effet, nous approprier la proposition malgache dans une logique scientifique et non émotionnelle.
Efficace ou pas, nous devrions saluer la démarche audacieuse et le travail de toutes les équipes de recherches africaines sur la question du covid. Le Madagascar a infligé une gifle à toute la planète en mettant en œuvre son fameux covid organique. Non seulement, il dit avoir trouvé un remède mais aussi ils n'attendent pas l'approbation des organisations pourries à la solde de l'impérialisme.
Ne faudrait-il pas applaudir, ce peuple avec un président qui s'affirme en défiant toutes les croyances et la notoriété intellectuelle et scientifique d'une partie du monde ?
Le Madagascar optimiste a déployé sans attendre une réponse à toute l’humanité au moment opportun. Il serait nécessaire que les États africains se posent les bonnes questions sur cette affaire et d'une façon sérieuse accorder du crédit à ses scientifiques.
La solution peut évidemment venir de l'Afrique et cela ne sera pas nouveau. Ce continent à beaucoup apporté au monde et continuera à le faire.
En attendant, nous espérons que le covid-organics, sera la confirmation d'une dynamique gagnante dans un contexte de bouillonnement du continent avenir.
par Abdou Latif Coulibaly
L'EXERCICE PÉRILLEUX D'UN DROIT D'EXCLUSION
Alioune Tine, si tu permets, je souhaiterais débattre avec toi au sujet de ta volonté de voir exclus du Comité de suivi du Fonds Covid-19, l’Assemblée, le Cese ainsi que le HCCT
Alioune Tine, si tu permets, je souhaiterais débattre avec toi au sujet de ta volonté de voir exclus du Comité de suivi du Fonds Covid-19, l’Assemblée nationale (An) le Conseil économique, social et environnemental (Cese) ainsi que le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
Si tu permets, je souhaiterais insister sur l’idée que nous avons eu, tous les deux, étant de la même génération, la bonne fortune, depuis notre tendre jeunesse, de vivre en démocratie. Ainsi, pour animer ce débat que je propose, je souhaite d’abord dire quelques mots sur la démocratie, avant d’expliciter ma position sur la question que vous avez évoquée et dont les réponses qui lui sont opposées donneront corps à mon texte.
Je suis conscient de la signification spécifique que Winston Churchill, ancien Premier ministre de la Grande Bretagne, alors en guerre contre le nazisme, donne avec une forte connotation négative de la notion de démocratie, dans son célèbre et légendaire aphorisme : « la démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ».
Pour être positif, à chaque fois que cette définition me vient à l’esprit, me prend alors l’envie de lui opposer l’idée que la démocratie est le meilleur système politique qui soit ! Le seul qui permet le mieux, et de loin, d’entretenir et de sublimer le contrat social qui organise notre existence comme communauté humaine vivant dans un Etat, dans le sens que donnent à la notion les penseurs John Lock et Jean Jacques Rousseau.
Pour faire court, toi comme moi savons que ces deux penseurs parlent d’un contrat social précédé d’un État nature auquel se substitue l’État moderne marqué par une contractualisation basée sur la mise en place de règles organisant l’égalité politique, sociale et civile de tous les citoyens. Pourquoi alors les députés de la nation, les membres du Cese, comme ceux du Hcct n’auraient pas les mêmes droits que ceux qui opèrent dans le Comité de suivi au nom des organisations de la société civile et d’autres personnes venant d’autres secteurs ?
La démocratie n’existe et ne prospère que sur la base d’un respect strict de toutes ces règles ci-haut évoquées et fondant les droits et devoirs des uns et des autres. Chacun de nous se doit de les respecter, voire de les sacraliser, afin de mieux les sublimer, pour éviter ainsi à nos sociétés de tomber dans l’anarchie et le chaos. L’autorité politique qui exerce le pouvoir est tenue, plus que toute autre entité ou citoyen ou groupes de citoyens, de respecter et de sublimer de telles règles. Cela dit, chacun de nous est tenu par cette vérité démocratique impérieuse.
Ainsi, au risque de fragiliser, voire de décrédibiliser toutes les bases et soubassements de la démocratie, quelqu’un peut en arriver par idéologie, par amertume ou par aversion à l‘égard d’une politique d’ensemble, à encourager, à son insu parfois, la destruction de cet équilibre social, politique et civil que nous devons à la mise en ordre de notre espace de vie, par le biais des règles et des lois régissant notre communauté et le fonctionnement de la démocratie.
Alioune, je t’ai lu et crois t’avoir bien compris. Tu permets que je te le dise très amicalement : tu t’es trompé. Oui, mon cher frère, tu t’es trompé de bonne foi, j’ajoute, dans ta périlleuse tentative d’exercer un droit d’exclusion qui te reviendrait, à l’encontre de citoyens désignés par le Chef de l’État, pour faire partie du Comité de suivi du Fonds Covid-19. A quel titre d’abord et sur la base de quoi et en faveur de quelle règle, préconises-tu cette exclusion ? J’ai eu énormément de mal à te saisir ? J’en suis finalement venu à me dire que c’est toute la beauté et tout le charme de la démocratie qui sont ainsi faits. Elle est charmante la démocratie, en ce qu’elle permet à chacun de nous, comme je le fais, de prendre la parole pour dire ce qu’on pense, avec le droit de se tromper, sans aucune conséquence notable.
Le mardi matin, 20 avril 2020, j’ai lu avec intérêt dans les colonnes du journal Sud quotidien un entretien du Fondateur d’Africa Jom Center, Alioune Tine, qui dit être d’accord pour la nomination du général François Ndiaye, à la tête du Comité de suivi du Fonds Force Covid-2019. Selon ce que rapporte le journaliste, il ne serait cependant pas en phase avec la composition du reste de l’équipe. Et Alioune d’expliquer : « la nomination du général ne pose pas de problèmes. Ce qui me préoccupe, c’est qu’on ressent, dans la composition, les gens de l’Assemblée nationale, le Haut conseil de collectivités territoriales, le Conseil économique social et environnemental ».
L’activiste Alioune Tine n’est pas à une contradiction près dans son propos : comment peut-il préconiser l’exclusion des représentants de trois institutions de la République du Comité de suivi du Fonds Force Covid-19, à savoir l’Assemblée nationale, le Conseil économique social et environnemental, le Haut conseil des collectivités territoriales et soutenir en même temps l’idée ci-après : « au moment où nous sommes dans le cadre d’une politique d’union nationale de lutte contre le Covid-19, il me semble qu’on doit avoir des pratiques innovantes permettant d’impliquer tout le monde. C’est-à-dire, toutes les compétences, toutes les bonnes volontés inhérentes à cette entreprise. »
En disant cela, il considère, par conséquent, qu’il n’existe pas des compétences et des bonnes volontés dans ces trois institutions républicaines exclues du Comité de suivi par ses soins. Rien ne peut expliquer que l’activiste affiche une telle défiance, pour dire le moins, à l’égard de ces institutions républicaines.
Un manque d’égard que rien ne peut justifier. Il arrive à certains activistes, acteurs de la société civile en particulier, de vivre dans une bulle, ils y vivent tellement en hibernation qu’ils coupent d’avec le réel. Ils restent dans cette hibernation sous l’emprise d’une idéologie mortifère et en arrivent ainsi à croire qu’ils tiennent, de l’on ne sait qui, un impérium absolu leur donnant le droit d’inclure ou d’exclure des citoyens.
La preuve d’un manque d’humilité inquiétant. Je me garderai bien de confondre Aline Tine dans ce lot d’activistes manquant d’humilité. Toutefois, on notera que parfois un engagement plein, sincère et entier peut dérouter et faire perdre pied sur le réel à son auteur. Quel qu’il soit, et si utile soit-il, un engagement ne saurait conférer à nul activiste une licence lui permettant de produire des classifications sur les citoyens, autorisant la distinction de catégories de citoyens empêchés ou autorisés, d’autres qui seraient exclus ou inclus. Et d’identifier ainsi par ce biais des Sénégalais éligibles à des tâches publiques, des prétendants légitimes aux honneurs que confère l’Etat. Et d’autres qui en seraient exclus.
Cette façon d’organiser la vie publique serait la pire thérapie à appliquer à une démocratie qui serait en panne d’innovations porteuses de réels progrès sociaux, économiques et politiques. Cette manière de concevoir l’organisation de l’espace public repose sur un culte outrancier de l’entre-soi qui prône naturellement l’exclusion. Cet entre-soi postule l’idée qui veut que ne soient dignes de participer, de prendre part au débat et à l’animation de la contradiction démocratique que ceux avec qui on partage le même point de vue et la même vision des choses.
Ce qui est, de toute évidence, en nette contradiction avec la philosophie des combattants des droits de l’homme. Nul Sénégalais n’oserait contester ce statut de combattant à Alioune Tine. La mise en avant d’un souci de sa part d’assurer par l’exclusion préconisée une innovation n’est qu’un paravent tentant de masquer un subjectivisme politique qui ne dit pas son nom. Des raisons tenant à la fois d’un souci de cohérence politique et légale expliquent la présence de ces trois institutions dans le Comité de suivi. Pour l’Assemblée nationale d’abord, on rappelle que cette institution est investie d’une mission constitutionnelle de contrôle et d’évaluation des politiques publiques.
Ne serait-ce qu’à ce titre, sa présence est souhaitable et normale. Le contexte actuel impose également cette présence, car la loi d’habilitation votée et au titre de laquelle l’Exécutif intervient et pose des actes de gouvernement, prévoit que tous les actes posés à la faveur de cette loi devront à terme être validés et ratifiés par l’Assemblée nationale. Ainsi, dès lors que celle-ci a l’opportunité de surveiller de plus près ces actes, pourquoi alors lui contester sa présence au sein du Comité de suivi ?
Concernant le Conseil économique, social et environnemental, on rappelle que cette institution joue un rôle de conseil, selon la Constitution. Cette deuxième assemblée constitutionnelle du Sénégal est en effet saisie, obligatoirement pour avis, par le Président de la République pour les projets de loi de programme et de plan à caractère économique, social ou environnemental. Mieux, elle contribue à l’évaluation des politiques publiques à caractère économique, social ou environnemental.
Quid du Hcct dont la mission consiste à « renforcer la participation active des acteurs territoriaux à la définition, l’instauration et l’évaluation des politiques publiques territoriales » ? Est-il concevable d’exclure de ce Comité de suivi, comme le préconise le patron d’Africa Jom Center, les membres de cet espace « de dialogue, de consultation et de concertation dans le processus de prise de décisions qui engagent la vie des collectivités territoriales pour une meilleure inclusion des citoyens dans l’identification des besoins et des priorités ainsi que dans la conception et la mise en œuvre des politiques de décentralisation » ? Or, il ne fait aucun doute que ces collectivités jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des mesures que le Comité aura à suivre et à évaluer.
Il est parfois des interventions émanant de certains activistes de la société civile, comme d’autres venant de certains politiques et tendant à critiquer le travail de l’État, qui procèdent, toutes et manifestement, d’une méprise ou d’une ignorance des mécanismes d’Etat. Le Chef de l’Etat ne peut manquer d’égard aux trois institutions dont l’exclusion est prônée, pour suivre et donner du crédit à Alioune Tine, quand ce dernier dit, je le cite : « c’est une belle continuité (…) la nouveauté quand on va sortir de l’après Covid-19, c’est de construire un Etat non partisan ; un Etat où les décisions politiques se fondent plus sur l’éthique et sur la morale publique ». Gardons-nous de croire ou de considérer que l’éthique dont il est question, ici, comme cette morale publique tantôt évoquée ne concernent que les hommes et les femmes politiques qui exercent le pouvoir d’État. Le cas échéant, nous pourrions alors prendre pour acquis toutes ces déclarations qui sonnent comme de la creuse phraséologie.
LA CONFECTION DES MASQUES EST RÉGLEMENTÉE
Le ministère du développement industriel et celui du commerce, ont pris ce vendredi, un arrêté conjoint, rendant obligatoire l’obtention de la certification NS-Qualité Sénégal, comme un préalable à toute confection de masques barrières
Les masques barrières doivent désormais être conformes à la norme dénommée ’’NS 15-014 : 2020’’ qui impose des ’’exigences minimales de confection et d’usage et méthodes d’essai’’, a appris l’APS.
Le ministère du développement industriel et des petites et moyennes industries et le ministère du commerce et des petites et moyennes entreprises, ont pris ce vendredi, un arrêté conjoint, rendant obligatoire l’obtention de la certification NS-Qualité Sénégal, comme un préalable à toute confection de masques barrières.
Il s’agit d’’’une norme dénommée NS 15-014, adoptée par le comité technique sur la santé, entrée en vigueur et applicable sur toute l’étendue du territoire, avec des exigences minimales de confection et d’usage et méthodes d’essai’’, lit-on dans cet arrêté n°9450 du 24 avril 2020.
Selon le texte consulté par l’APS, ’’les masques barrières au sens de la norme NS 15-014, commercialisés ou offerts en don sur le territoire national sont soumis à certification avec la marque nationale de conformité NS-Qualité Sénégal, conformément au décret n°2002-746 du 19 juillet 2002 relatif à la Normalisation et au Système de Certification de la Conformité aux Normes’’.Ainsi, les producteurs ou importateurs sont dès à présent tenus de ‘’disposer d’un certificat de conformité ou d’une attention de conformité à la norme, avant la mise sur le marché de leurs produits’’, des documents qu’ils ont l’obligation de présenter ’’à toute réquisition des services de contrôle ou d’inspection’’.
Selon l’arrêté, ’’le certificat de conformité ou l’attestation de conformité à la norme est délivré par l’Association Sénégalaise de Normalisation (ASN) ou par une organisation dûment, agréée. Et les modalités de délivrance, définies dans le règlement particulier de certification ASN/RP005 adopté par le Comité particulier de Certification’’.
Les deux ministères signalent que la distribution des produits non conformes à la norme est par conséquent interdite sur toute l’étendue du territoire.
Le directeur général de l’ANS, le directeur général des douanes et le directeur du commerce intérieur ’’sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera publié au journal officiel de la république du Sénégal et partout où besoin sera’’.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LES PROPHÈTES DE LA DISRUPTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment prétendre à un nouvel ordre en quémandant l’annulation de sa dette auprès de ceux qu’on rêve chimériquement de dépasser ? Le miracle post-covid tant rêvé ne sera que mirage
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 24/04/2020
En moins de cinq mois, le Sars-Cov2, qui est à l’origine du Covid-19, a réussi à neutraliser la planète toute entière obligeant plus de trois milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, au confinement. Les pays que l’on croyait au summum de leur puissance sanitaire sont aujourd’hui les plus affectés par le virus. La Chine, premier épicentre de la pandémie au coronavirus, a souffert le martyre avec à la clé près de 70 mille cas de contamination et 4 642 morts même si de sérieux doutes planent sur l’authenticité des chiffres officiels publiés par les autorités du pays de Mao. Ensuite, l’axe s’est déplacé en Europe où les premières puissances économiques (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et l’Espagne) sont les plus touchées par le Covid-19. Espagne, plus 200 mille cas de contamination avec plus de 22 mille morts, Italie plus de 190 mille avec plus de 25 mille morts, l’Allemagne plus de 150 mille contaminés avec plus 5000 décès, le Royaume-Uni plus de 135 mille contaminés et plus de 18 mille morts et la France plus de 120 mille contaminés et plus 21 mille pertes en vies humaines. Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis, première puissance économique et militaire du monde qui occupent la première place dans le hit-parade des pays infectés par le Sars-Cov2. Plus de 860 mille contaminés avec plus de 48 mille décès au moment de la rédaction de cet article. Aujourd’hui, les fondations de l’économie américaine commencent sérieusement à être ébranlées tant et si bien que le président Trump veut la cessation du confinement et un redémarrage de la machine économique. Mais il se heurte au mur de résistance de certains gouverneurs d’Etat démocrates qui ne veulent pas exposer leurs populations davantage à la contagion rapide au coronavirus.
La Chine, leader d’un nouveau monde
Aujourd’hui, la pandémie a mis à nu la fragilité et la vulnérabilité du système sanitaire de ces puissances qui, paradoxalement, comptent sur la Chine pour se ravitailler en logistiques et consommables médicaux. En véritable patronne du monde, l’Empire du Milieu est en train de bouleverser le monde en se comportant en superpuissance salvatrice. La Chine qui envoie des équipes et équipements médicaux en Europe et aux Etats-Unis, c’est là un signe d’un nouvel ordre mondial entre puissances occidentale et asiatique. Au moment où les USA accusent la Chine de n’avoir pas donné les vraies informations sur cette maladie qui s’est manifestée pour la première fois à Wuhan dans la province de Hubei, le pays de Mao rassérène et se montre en leader, philanthrope et sauveur du monde de cette pandémie qui a terrassé les grandes puissances occidentales. « Nous sommes vraiment dans le même bateau. Nous devons donc travailler ensemble en tant que partenaires pour combattre le virus, pour restaurer la situation normale de l'économie, pour reconstruire la confiance de la population en l'économie planétaire, et pour construire la capacité de répondre à toutes les crises de ce type », a déclaré l’ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Cui Tiankai après les jérémiades d’un Trump irascible. En mi-mars au moment où la crise sanitaire n’avait pas encore pris des proportions alarmantes au pays de l’Oncle Sam, la Fondation du milliardaire Jack Ma offrait 500 000 kits et un million de masques au gouvernement américain. Et les mêmes aides « humanitaires » ont été déployées pour le Japon, la Corée, l'Italie, l'Iran, la France, l'Espagne et aux 54 pays africains. L’hégémonie chinoise devient une réalité.
Tout cela s’inscrit dans le cadre de l'initiative chinoise Belt and Road (BRI), appelée la Nouvelle route de la soie, un des projets d'infrastructure les plus ambitieux jamais conçus par le président Xi Jinping. Ce projet pharaonique estimé à 1.200 milliards de dollars dans les sept années à venir, s'étend de l'Asie de l'Est à l'Europe et élargirait considérablement l'influence économique et politique de la Chine. Mais il faut souligner que les ambitions dominatrices de l’Empire du Milieu ont véritablement été déclinées par le président Deng Xiaoping depuis 1978 avec ses réformes économiques libérales dans une Chine d’idéologie communiste et sa politique nataliste. Aussi est-il permis aux Chinois de revendiquer un nouvel ordre économique mondial post-covid parce qu’ils ont réussi lors de cette crise sanitaire à éclipser la suprématie de l’Occident assise depuis la fin de la deuxième conflagration mondiale et à s’imposer en sauveurs du monde.
Basculement illusoire
Mais la crise sanitaire que vivent les pays africains avec moins de désastre humain et non humanitaire ne doit pas autoriser certains intellectuels et politiques prétentieux du continent à vouloir vaticiner un nouveau bouleversement mondial. C’est dans cette optique que le président Macky Sall, dans un texte kilométrique et soporifique paru dans le journal d’Etat, le Soleil, a parlé de « l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales ». Pour lui, « il est temps de considérer les questions de santé publique au même titre que la paix, la sécurité, l’environnement, la lutte contre le terrorisme et autres criminalités transfrontalières ». C’est un aveu d’échec de savoir seulement en cette période de crise sanitaire que la santé est un pilier fondamental pour le développement d’un pays. Jamais la santé n’a été la priorité de nos gouvernants. Sur un budget national de 4 000 milliards de francs CFA, la santé ne se retrouve qu’avec la portion congrue de 200 milliards. Ce qui représente 5 à 6 % du budget. Alors que la norme est au moins à 15 %. Après 60 ans d’indépendance, notre pays totalise 14 régions médicales, 76 districts sanitaires, 10 hôpitaux départementaux, 13 hôpitaux régionaux, 12 hôpitaux nationaux, 101 centres de santé, 1380 postes de santé et 2227 cases de santé. Et il faut préciser que les trois centres hospitaliers de référence en matière de soins qualitatifs et de recherches que sont l’Hôpital Principal de Dakar, l’Hôpital Aristide Le Dantec et le Centre hospitalier national universitaire de Fann sont construits respectivement en 1886, 1912, 1956, donc bien avant l’indépendance en 1960.
Et selon l’annuaire des statistiques sanitaires et sociales du Sénégal 2016, les ressources humaines de la santé (y compris l’hygiène) sont au nombre de 14 253 agents dont 267 médecins généralistes, 91 gynécologues, 37 chirurgiens généralistes, 120 chirurgiens-dentistes, 79 autres chirurgiens, 84 pédiatres, 56 cardiologues, 49 anesthésistes réanimateurs, 1524 sages-femmes d’Etat, 1445 infirmiers d’Etat et 1404 pour le personnel administratif. Et ce chiffre n’a probablement que peu évolué en trois ans. Pourtant, c’est en 1916 que fut créée l’Ecole Africaine de Médecine et de Pharmacie de Dakar. Et c’est le 24 février 1957 qu’est fondée officiellement l’université de Dakar dans laquelle est intégrée l’Ecole de Médecine. C’est dire qu’aucun des quatre présidents du Sénégal, depuis les indépendances, n’a réussi à construire un hôpital de haut niveau comparable à ceux susnommés. En effet, la construction d’infrastructures de qualité pour le bien-être des populations n’a jamais été une priorité dans leurs choix et programmes politiques. Pour preuve, les hommes politiques et autres Sénégalais au portefeuille lourd préfèrent faire leurs check-up et autres soins dans les hôpitaux modernes occidentaux. Et leurs femmes, pour donner naissance, prisent plus leurs cliniques super-équipées que les nôtres.
Alors, que ces prophètes de la disruption avec en premier le président de la République, Macky Sall, cessent de rêver d’un éventuel nouvel ordre mondial teinté d’irréalisme au lendemain de la disparition du Covid-19. La Chine n’a pas attendu la crise sanitaire d’aujourd’hui pour renverser la domination occidentale. Il appert, comme l’a déclaré le docteur et maitre de conférences, Murat Yesiltas, directeur des Etudes sécuritaires au think-tank SETA, basé à Ankara, que « toutes les grandes guerres ont engendré un nouvel équilibre dans le partage des puissances courantes. Après chaque guerre, l’ordre mondial se forme sur un nouveau paradigme. Et pour qu’un nouvel ordre mondial apparaisse après le coronavirus, il faut que la pandémie engendre un changement dans l’équilibre actuel des puissances, et qu’en parallèle, la structure économique, ainsi que le ou les acteurs qui contrôlent cette structure, réalisent des aménagements structurels pouvant causer un changement dans les mécanismes de fonctionnement du système et forment de nouveaux régimes mondiaux sur l’axe de nouvelles normes ». Sauf que nous ne sommes pas en guerre comme aiment naïvement claironner le président, certains hommes politiques et journalistes panurgistes. Nous sommes simplement en crise sanitaire qui teste notre capacité de résilience devant une pandémie qui ne nous a point surpris. Nous sommes simplement en crise sanitaire qui requiert des prises de décision courageuses et lucides et non le colportage populiste d’un lexique martialisé inapproprié qui veut faire la promotion d’un général sans cicatrices ou blessures de guerre.
Aujourd’hui les data des paramètres des puissances actuelles économiques et militaires sont assez édifiantes pour dire avec force qu’il n’y aura pas ce big-bang dont rêvent nos illusionnistes disrupteurs. C’est donc dire qu’il n’y aura pas ce grand chamboulement dans l’ordonnancement des rôles actuels.
La mauvaise passe sanitaire et économique que traversent les puissances occidentales, qui semblent être impuissantes devant le Sars-Cov2, a réveillé, chez les peuples africains non encore dévastés par la pandémie, la conscience d’une intro-puissance endormie qu’il faille fouetter pour être au-devant de ce nouvel ordre mondial inéluctable tant rêvé. Pour nos prophètes du Grand Soir africain, après le Covid-19, commencera la grande disruption et s’amorcera le grand basculement. Il y aura une redistribution des cartes. Mais qu’on ne se leurre pas. Rien ne changera dans nos "Républiquettes" en particulier au Sénégal ! Il n’y a aucune conscience, ni une volonté politique de bâtir autrement notre pays en arrimant toute sa politique monétaire et ses choix économiques à la métropole. Déjà, le parfum de corruption qui fleure l’attribution non transparente des marchés afférent à l’appui alimentaire de l’Etat en direction des ménages vulnérables est une preuve de notre récalcitrance indécrottable aux vertus de bonne gouvernance, condition sine qua non pour amorcer un nouveau virage.
Comment peut-on vouloir changer les colonnes de l’ordre mondial en quémandant l’annulation de sa dette auprès de ses créanciers qu’on rêve chimériquement d’égaler ou de dépasser ? Les rapports de force entre les Etats sont déterminés par leurs puissances économique, militaire, politique et démographique. Et en dépit de la persistance de la crise sanitaire assortie du fléchissement de ces grandes puissances qui n’est pas synonyme d’impuissance mais précurseur d’un nouveau départ, les propriétés sus-évoquées de ces Etats demeurent toujours intactes. Alors, d’où viendrait le grand basculement tant annoncé par les prophètes de la disruption ?
Nonobstant l’ampleur de la crise sanitaire, on se rendra compte que nos gouvernants n’ont pas de TINA (There is no alternative) comme disait la défunte Première ministre anglaise, Margaret Thatcher. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas d'alternative, voire d’initiative pour amorcer un nouveau départ. Le miracle post-covid tant rêvé ne sera que mirage. La lueur ne sera que leurre.