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2 mai 2025
Développement
par Abdourahmane Sarr
AFRIQUE : ACTEUR MARGINAL, RÉVEIL FORCÉ
L'équipe de Macky Sall devrait l'aider à comprendre que l’Afrique n’est pas un acteur important du commerce international, qu’elle est une menace pour elle-même, pas pour le monde. On ne peut rien pour les Etats qui ne veulent pas se prendre en main
Le président Macky Sall vient de nous livrer ses premiers arguments économiques en faveur de l’annulation de la dette dans le Figaro. Son équipe économique devrait l’aider à comprendre que la comparaison des envois des sénégalais de l’extérieur à l’aide internationale est économiquement problématique, que l’Afrique n’est pas un acteur important du commerce international, qu’elle est une menace pour elle-même, pas le monde, et peut réaliser son destin libre en faisant ce qu’elle refuse de faire d’elle-même.
L’Afrique doit comprendre que la sous-exploitation de son potentiel de productivité locale du fait d’un déficit de leadership fait d’elle une convoitise du monde. Nous avons déjà traité de cette question dans notre tribune intitulée « Consensus de Dakar : Pas le Choix de la Jeunesse Africaine ». Le monde veut par une zone de libre-échange africaine et le financement du développement de l’Afrique en devises, exploiter, avec l’Afrique, le potentiel économique que l’Afrique se refuse d’exploiter elle-même. Cela veut dire qu’avec ou sans annulation de dettes, le Sénégal, sans programme avec le FMI, peut emprunter comme il veut à ceux qui sont prêts à endetter son élite pour un objectif supposé de croissance, car les populations n’y comprennent rien. Cela n’empêchera pas le FMI de tirer sur la sonnette d’alarme car les équipes qui viennent dans nos pays ne sont que des économistes de très haut niveau qui ne peuvent utiliser des arguments de l’homme de la rue pour défendre des points de vue politiques. Les conférences avec des économistes français entourés de nos chefs d’Etats convoqués pour la cause, n’y changeront rien. La preuve, nos Etats découvrent l’impuissance du FMI qui ne peut donner aucune injonction à des créanciers privés qui ont traité avec nos états directement. Ces derniers font leurs propres analyses de nos performances et de la soutenabilité de nos dettes au cas par cas, analyses qui ne relèvent pas de perceptions, mais fondamentalement de faits analysés par des humains qualifiés.
Nous avons déjà traité de la question de la dette dans notre précédente contribution intitulée « Annulation de Dettes NON, Souveraineté Monétaire OUI » pour expliquer que son annulation ne change pas grand-chose pour ceux qui savent comment une dette souveraine se gère. Une dette souveraine n’est presque jamais remboursée quelle que soit la monnaie dans laquelle elle est contractée. C’est renouvellement, défaut de paiement, ou monétisation par la planche à billets. Le reste, la croissance du PIB s’en occupe ou l’ajustement. Son annulation ne nous permettra que de nous endetter de plus belle en devises étrangères comme le souhaitent certains créanciers et libérera temporairement des charges d’intérêts. Lorsqu’on arrive à obtenir l’annulation de la dette, les bailleurs contrôlent vos finances car les emprunts nouveaux assimilés à ce qui devait être amorti (en réalité pour renouveler la dette existante) seront orientés vers les choix des bailleurs en compétition dans votre budget. Ces choix peuvent être ce que vous deviez faire par vous-mêmes avant d’en arriver à demander des annulations. Ils déterminent également les catégories de dépenses où les intérêts que vous n’avez plus à payer doivent aller, en imposant des planchers pour certaines dépenses à partir d’un point de référence.
Vous voyez bien que demander une annulation de dette est synonyme d’une perte de souveraineté car celui qui annule votre dette ne veut pas non plus vous permettre d’emprunter ou de rembourser de nouveaux créanciers avec les dettes qu’il vous a pardonnées. C’est en partie la raison pour laquelle certains bailleurs, par des dons, nous facilitent le remboursement de créanciers venant de leurs propres pays sans annulation de dettes. Il suffit de comparer les dons spontanés de l’union européenne (50% de l’enveloppe pour l’Afrique tout entière donnée au Sénégal) aux intérêts que nous devons à des investisseurs résidents en Europe cette année. Ce que les 25 pays les plus pauvres ont obtenu de facto au FMI et à la Banque Mondiale en dons de substitution au service de leurs dettes, nous l’obtenons directement en dons comme pays solvable ayant accès aux marchés mais quémandeur.
Dès lors, une fois que l’Afrique et ses «économistes» auront compris comment une dette souveraine quelle que soit la monnaie de dénomination se gère, il leur restera à découvrir de façon plus claire leurs inclinaisons idéologiques pour développer leurs pays. L’Afrique a deux choix à organiser (on évite les zones grises de compromis nécessaires délibérément) pour réaliser son destin libre : « Leadership d’Etat clair seul ou en ensembles ou sous-ensembles souverains pour réaliser son potentiel de développement » ou « Leadership de sa population, de ses petites entreprises, et de ses collectivités locales ». Elle doit opter pour la stratégie qui lui permettra de financer son développement libre. Toutes les autres discussions non-économiques sont inutiles de ce point de vue et polluent le débat sur des questions économiques sur lesquelles il n’y a pas grand débat, certaines relevant de choix et de préférences. On ne peut rien pour les Etats qui ne veulent pas se prendre en main.
Face à la contrainte de financement extérieur, il faut une flexibilité de taux de change et une stabilité macroéconomique pour éviter l’endettement extérieur et les ajustements inutiles. Face à la difficulté de découvrir les vrais secteurs porteurs, il faut d’avantage faire confiance aux acteurs économiques locaux plutôt que l’état si par ailleurs l’incompétence de l’Etat est supérieure aux imperfections du marché. Dans les deux cas, la flexibilité de change, comme exutoire, permet de corriger les erreurs. C’est cet exutoire qui a manqué à Houphouët Boigny et à Senghor, l’un plus libéral, l’autre socio-démocrate, là où Dia, même qualifié de communiste, aurait eu le courage de la souveraineté monétaire et s’en serait peut-être mieux sorti.
L’Etat du Sénégal est fondamentalement et congénitalement socialisant (centralisateur du processus de notre développement) et est pour le premier choix malgré les professions de foi dans les programmes avec le FMI et dans la rhétorique en faveur du relai du secteur privé. Il faut alors assumer et s’en donner les moyens : Reprendre sa banque centrale, son taux de change, et mener le développement avec la rigueur de gestion macroéconomique et de dette qui vont avec. Nous avons appelé cette stratégie SENEXIT. A défaut, il faut organiser le secteur privé et son inclusion financière pour qu’elle prenne le relai véritablement avec l’exutoire toujours du taux de change.
Revenant à la sortie du président de la République sur les transferts des migrants. Nous disions dans une récente contribution qu’un pays qui ne peut pas exporter des biens et services se retrouve obligé d’exporter des êtres humains qui par leurs envois au pays financent l’équilibre de sa balance des paiements. L’aide extérieure est une aide budgétaire alors que les envois des sénégalais de l’extérieur ne sont pas destinés au budget. Sans envois des sénégalais de l’extérieur, c’est la population qui s’ajusterait. Sans aide extérieure, c’est le budget de l’état insuffisamment financé par des populations pauvres qui ne voient leur état nulle part d’essentiel qui s’ajusterait. Dans les deux cas, il ne s’agit que de financement de balance des paiements, et dans le cas de l’aide, des ressources que les populations ne voient pas.
La migration est le résultat de l’échec du leadership africain à créer de la richesse sur son sol par ses propres moyens, obligeant ses fils et ses filles à s’exporter pour financer les importations de leurs familles restées au pays. Ces importations marginales dans l’échiquier mondial sont en partie facilitées par des monnaies non gérées mais administrées assurant le retour des transferts dans les pays d’origine. Le monde assoiffé de pouvoir n’attend que l’annulation de la dette publique africaine pour s’assurer de son contrôle pour les 400 prochaines années sur son propre sol afin de partager son destin avec elle. Il nous faut refinancer la dette extérieure existante en monnaie nationale et gérer notre pays de façon à pouvoir y arriver.
Librement
Dr. Abdourahmane Sarr est Présidente CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
« LA RÉACTION DES ÉTATS AFRICAINS AUX PRÉDICTIONS DE L’OCCIDENT N’EST PAS SATISFAISANTE »
Hamidou Anne jette un regard critique sur la qualité du débat intellectuel autour de la pandémie du Covid-19, à l'heure où les thèses complotistes pullulent et les prédictions sur le continent font débat
Politiste et essayiste sénégalais, Hamidou Anne jette un regard critique sur la qualité du débat intellectuel autour de la pandémie du Covid-19. Dans cette interview accordée à L’Observateur, il revient sur les thèses complotistes contre l’Afrique, mais également sur les prédictions de l’Occident sur le continent.
Quelle appréciation faites-vous de la qualité du débat intellectuel sur la pandémie du Covid-19 en Afrique et au Sénégal plus particulièrement ?
La pandémie nous pousse à réfléchir sur les fondamentaux de notre économie, nos identités politiques, mais aussi nos marqueurs sociologiques, notamment les rapports entre individus. On vit depuis 40 ans avec la victoire du capitalisée par la mondialisation, avec l’interconnexion des idées, des intelligences, l’affaissement des frontières et la libre circulation d’une partie du monde. Il y a eu en même temps un affaiblissement de la puissance publique et le primat de l’économie sur le politique. C’est toute cette réalité politique et économique que la crise du coronavirus interroge. Elle remet en cause les fondamentaux de la mondialisation, de l’économie libérale, et nous interroge sur la capacité de réaction des secteurs publics à apporter des réponses. D’ailleurs, quand on observe les mesures de riposte prises d’imposition de la distanciation sociale, de confinement, de fermeture des aéroports, d’injection de ressources économiques, elles sont toutes du ressort des États.
Cela fait 30 ans que le courant libéral nous dit qu’il faut moins d’Etat. Et aujourd’hui, on fait l’inverse de tout ce qui a été dit par les tenants du moins d’Etat.
De cette crise, jaillit un débat entre les intellectuels de gauche et de droite, chacun apportant une vision du monde, une représentation de la crise, mais aussi ce qui va dessiner le monde d’après. Au niveau africain, on a vu récemment la tribune des intellectuels de plusieurs pays francophones d’Afrique, dont Kako Nubukpo, Frank Hermann Eckra, Felwine Sarr, qui appellent à une réflexion sur une refondation du politique et des rapports sociaux en Afrique. Ce sont des initiatives comme ça qui sont très intéressantes et qui peuvent nous armer intellectuellement, armer intellectuellement nos politiques, transformer aussi nos imaginaires, nos relations ainsi que nos méthodes d’action et de penser et peut-être, structurer une réponse dans ce monde d’après, qui sera configuré par la crise du Coronavirus.
Est-ce que le débat ne devrait pas être plus structuré, pour des réponses plus adéquates ?
Le débat est structuré dans certains cercles. Il ne faut pas oublier que les intellectuels réfléchissent tout le temps dans les laboratoires, dans les instances de création et de réflexion. Il y a une production intellectuelle caractérisée, une circulation des idées ; mais il faudrait peut-être identifié ce que cette crise va apporter en termes de nouveauté, à travers notamment une capacité à penser, à réfléchir sur ce que sont les vulnérabilités dans une période de confinement et de remise en question des fondamentaux économiques et politiques.
Depuis l’apparition de la pandémie, beaucoup ont développé la thèse d’un complot de l’Occident contre l’Afrique, qu’en dites-vous ?
C’est inquiétant. On voit une montée en flèche des théories complotistes, mais pas seulement en Afrique, c’est partout dans le monde. Il y a l’émergence massive des fake-news. Ce qui est inquiétant en revanche, c’est qu’on voit des personnes plus ou moins structurées, des intellectuels, des gens qui ont fait des études, qui sont quand même présumés sérieux, verser dans ces théories du complot et parfois même dans des choses extrêmement étranges. Le récent débat sur les vaccins, où les propos maladroitement racistes de deux professeurs ont été pris, transformés pour accoucher finalement de théories avec des personnes qui seraient en route pour vacciner des peuples africains est édifiant…
On ne peut pas faire grand-chose à l’heure actuelle contre l’effusion des théories du complot. Il y a Internet, Twitter, WhatsApp qui sont des relais extrêmement puissants de cette parole. Ceci oblige à couper court aux folles rumeurs par davantage de transparence dans la gestion publique, par l’obligation pour les intellectuels de produire plus et mieux et par plus de vulgarisation des idées sérieuses… En attendant de trouver le moyen de mieux réguler Internet, qui est un espace de liberté, mais aussi de diffusion de propos complotistes.
N’est-ce pas cette liberté-là qui favorise la diffusion des fake-news ?
Il y a beaucoup d’intox. Dans des crises comme celle-ci, si les médecins, les virologues, les chercheurs, les spécialistes, n’ont pas le privilège de la parole, ne sont pas prioritaires dans les médias, d’autres viendront prendre leur place pour distribuer des fake-news et faire dans l’intoxication. Il faut que les médias soient beaucoup plus soucieux de la vérité, de la responsabilité, mais surtout de la distribution de la parole aux experts et aux spécialistes. Il y a des gens à qui on ne tend pas le micro en temps de crise. Les personnes âgées qui ne sont pas très au fait des technologies, qui ne comprennent pas les logiques d’information et de circulation numérique sont les plus vulnérables dans ce contexte d’infox. Les décideurs publics peuvent aussi envahir ces canaux-là pour diffuser la parole officielle et crédible, qui est celle que l’on doit suivre si on espère gagner cette lutte contre le Coronavirus.
Beaucoup prédisent le pire pour l’Afrique, il y a l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation des Nations Unies (ONU), une note du Quai d’Orsay qui prédit l’effondrement de beaucoup de régimes du continent à cause des ravages à venir de la pandémie Covid-19, qu’est-ce que cela vous inspire ?
L’Afrique est le continent le moins impacté par le Coronavirus, pour des raisons, pour l’instant, qui ne s’explique pas. L’Afrique est fragile, notamment au regard des standards médicaux dans le monde que nous sommes très loin d’atteindre. Nous avons des systèmes de santé précaires, vulnérables, ce qui fait que les inquiétudes de ces organisations me semblent compréhensibles. Après, nous avons aussi une longue pratique de lutte contre les maladies infectieuses. Nous avons eu l’expérience du virus Ebola et d’autres virus qui ont fondé une capacité à forger des réponses de nos médecins et de nos structures. Mais ça n’empêche pas que nos systèmes de santé, fragiles, puissent alerter certaines organisations et certaines personnes bien intentionnées.
Par rapport à la note du Quai d’Orsay : qu’il y ait une structure de réflexion et d’analyse dans un ministère des affaires étrangères, c’est normal. Ce qui n’est pas normal, par contre, c’est qu’on ait tué la réflexion, la prospective dans nos appareils politiques locaux. Nos politiques sont totalement déconnectés de la recherche, de la pensée et des idées. C’est pourquoi nous n’arrivons pas souvent à anticiper les mutations du monde. Nous n’arrivons pas forcément à donner de la bonne information à nos décideurs publics pour leur permettre d’appréhender les bouleversements du monde. Au lieu de copier le travail de réflexion que les autres mènent, qui parfois nous concerne, nous devrions armer la puissance publique, armer notre diplomatie, notre économie, nos structures publiques pour leur permettre d’avoir des ressources humaines et matérielles de qualité, en vue de produire de la réflexion et d’aider à la décision pour faire passer davantage nos intérêts.
Comment jugez-vous la réaction des Etats africains face à toutes ces prédictions ?
Elle n’est pas satisfaisante, et pas seulement par rapport au Coronavirus. C’est quelque chose de très structurel. Nous avons abandonné le champ des idées dans la gestion publique. Nous avons une disjonction entre les universités, les espaces de réflexion, les experts, avec le milieu du politique. Si la gouvernance n’est pas sous-tendue par des idées, par la réflexion, elle accouche d’une action politique dangereuse. Il faut aller vers une alliance des deux. Les idées nourrissent la réflexion politique. Il faut que la bataille des idées soit le moteur de notre action publique de transformation de notre pays et de notre continent. Mais jusque-là nous avons trop insisté sur la politique politicienne.
"CHAQUE FOIS QU'IL EST QUESTION D'AFRIQUE, C'EST LA CATASTROPHE"
Alors que des experts occidentaux développent des thèses très alarmistes, à l’instar de la note d’analyse du Quai-d’Orsay qui a suscité beaucoup d’émotion, Achille Mbembé estime au contraire que le catastrophisme n’est pas une option
Face à la crise générée par le Covid-19, le professeur Achille Mbembé appelle à la mobilisation des intelligences en Afrique. Alors que des experts occidentaux développent des thèses très alarmistes, à l’instar de la note d’analyse du Quai-d’Orsay qui a suscité beaucoup d’émotion, il estime au contraire que le catastrophisme n’est pas une option. Achille Mbembé, professeur d’histoire et de sciences politiques à l'université sud-africaine du Witwatersrand, répond aux questions de Carine Frenk.
RFI : Vous rejetez certaines prévisions et certaines analyses qu’on entend beaucoup en ce moment et qui versent trop, selon vous, dans le « catastrophisme »…
Achille Mbembé : Oui. Et en fait, je ne suis pas le seul. Chaque fois qu’il est question d’Afrique, c’est la catastrophe. Or, ce sont des catastrophes souvent annoncées qui ne se réalisent pas du tout. Les Africains en ont marre, ils n’écoutent même plus ce genre d’analyses. Si on peut traiter tout cela d’analyses. Ce sont des préjugés que l’on ressasse, peu importe les situations ou les évènements. Beaucoup d’efforts sont consacrés en ce moment dans plusieurs pays d’Afrique à la réflexion sur l’impact que pourrait avoir cette pandémie sur l’Afrique. Cette réflexion est faite du dedans et elle mérite autant d’intérêt que les notes de conjoncture du quai d’Orsay.
Et vous avez eu besoin d’écrire : « L’Afrique ne va pas s’effondrer»…
Oui. C’est une évidence, mais qu’il faut peut-être répéter. Le catastrophisme n’est pas une option. Le catastrophisme ne permet absolument pas de rendre compte des dynamiques de société très plurielles, très complexes et qui sont là depuis très longtemps, et qui savent mettre à profit les épreuves qu’elles ont endurées dans le passé pour se faire un petit chemin dans un présent qui, comme on le voit, est très obscur.
Mais envisager le pire pour s’y préparer, ce n’est pas la même chose que souhaiter le pire ?
Non. Je suis d’accord avec vous, ce n’est pas la même chose. Ici, en Afrique du Sud où je vis, nous avons travaillé justement à partir de plusieurs scénarios. Le pire en faisait partie, mais le pire n’était pas notre point de départ. La vérité, c’est que personne ne peut dire à l’heure où nous sommes comment l’épidémie se déroulera et qu’est-ce qui en sortira. Mais personne ! Et c’est peut-être le propre de ce Covid-19 de nous ramener à cette vérité selon laquelle au fond, une grande partie de l’histoire de l’humanité est faite d’imprévus.
Inversement, beaucoup de thèses et de fake news circulent en ce moment qui tentent à minimiser le risque. N’est-ce pas plus dangereux encore ?
Oui, beaucoup. On traverse une époque au cours de laquelle les facultés critiques, qui nous permettraient de discerner le vrai du faux, sont assiégées par la déraison et le crétinisme. Le crétinisme est la chose la plus partagée de nos jours, pas seulement sur le continent, mais partout dans le monde grâce en partie aux nouvelles technologies numériques. Et donc, effectivement, le temps pour l’expertise, il est maintenant.
Vous appelez à une mobilisation des intellectuels ?
Oui. Et des sociétés. Il y a un certain nombre d’initiatives qui ont cours parmi les sociologues et les anthropologues. Par exemple sur la gestion des risques, dans des contextes où la survie requiert la mobilité au quotidien. Est-ce qu’il y a d’autres manières autres que le confinement d’affronter les risques qui se posent à nous ? Voilà autant de questions qui méritent des réponses situées. Il y a des questions d’ordre général, c’est-à-dire qu’on est amené quand même à devoir réfléchir sur ce que signifie un évènement comme celui-ci. C’est l’ensemble de la planète qui est touchée. C’est l’humanité toute entière qui est interpellée par ce qui est en train de se passer. C’est un virus qui ne connait pas de frontières. Comment expliquer par exemple qu’on compte combattre ce virus en revenant aux frontières alors que le virus est partout chez lui ?
Est-il déjà temps de réfléchir à l’après-Covid-19 ?
Oui. Il nous faut penser l’après-Covid-19. Il y a un certain nombre d’économistes africains qui sont en train de réfléchir sur, non pas la relance de l’économie telle qu’elle était avant le Covid-19, mais sur les moyens de réinventer l’économie. Par exemple : si on continue de procéder à des déforestations massives, évidemment on finira avec des catastrophes comme celle-ci. La libération de centaines de milliers de virus hors de leur habitat normal et leur contamination des humains avec lesquels de toutes les façons, ils sont en relation. Est-ce qu’on peut continuer à vivre sur la base d’une économie fondée sur le saccage de l’environnement ? Je ne le pense pas du tout. Et si ce n’est pas le cas, comment on réinvente l’économie de telle manière à ce qu’un équilibre dynamique s’instaure entre les humains et la biosphère. Ce sont ces questions que pose cet évènement.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
ISMAËL DEH, FRÈRE DE SENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Sa mort a suscité une grande émotion et révèle certaines inégalités de perception, malheureusement intégrées, voire promues, par certains immigrés eux-mêmes - INVENTAIRE DES IDOLES
Ismael Deh est mort en essayant de fuir la police. Sans-papiers, vendeur à la sauvette, il incarne la fragilité des vies en migration. Sa mort a suscité une grande émotion et révèle certaines inégalités de perception, malheureusement intégrées, voire promues, par certains immigrés eux-mêmes. Chronique.
Un trottoir à Versailles, un jour de grand soleil printanier en France, et un dernier sprint de peur, voilà où et comment s’est achevée la vie d’Ismaël Deh. Et on pense au coup de fil pour annoncer la nouvelle aux proches et la stupeur potentielle…Vendeur à la sauvette, père de famille au visage calme, presqu’effacé. 58 ans à l’état civil, et désormais plus aucun autre. 18 ans de clandestinité, c’est terminé aussi. Quelques secondes, au bout de la course, pourchassé par les policiers, l’homme est mort. Il était sans-papiers et a tenté de fuir la patrouille qui pouvait mettre fin à sa vie en France. Elle mettra fin à sa vie, tout court. Doublement tué, par ses bourreaux évidents : les policiers et un bourreau secondaire : sa condition de sans-papiers. Mais il y a longtemps que sa mort administrative est constatée, exclu longtemps de la légalité. Qu’on les appelle illégaux, clandestins, sans-papiers, ou par le générique migrants, ces étiquettes techniques disent peu de la vie de ces hommes. Des frères de sens, dans une condition qui en manque singulièrement.
La tragédie silencieuse de l’immigration clandestine
Les clandestins errent comme des fantômes, cherchant l’étoile de la chance. Ils vivent comme ils meurent : dans la peur. La peur de se faire attraper ici, la peur de décevoir là-bas. Une vie en perpétuelle fuite des deux côtés de la pression sociale. Ils en deviennent esseulés. Dans leur intranquillité intérieure, ils confient leur vie à la chance et au hasard. Vous verriez-vous, vous, vivre, seulement vivre, ainsi ? J’en ai toujours voulu à la France (mais dois-je constater qu’elle n’est pas la seule) de subordonner la vie d’homme à de la paperasse. Partout dans le monde, ces documents administratifs sont des agents de discrimination admis. Si la déclaration des droits de l’homme nous prête - sans doute avec un peu de mensonge - les mêmes droits, constatons qu’elle ne nous donne pas les mêmes papiers pour en jouir. Personnellement, cela m’a toujours ému, profondément meurtri, qu’un homme tout entier, ses émotions, ses amours, ses aspirations, sa vie, soient conditionnés par un bout de papier. Naître, voguer, ne suffisent plus à vivre, il en faut une autre condition, le papier. Sans doute suis-je naïf, un peu démagogue, mais je veux croire que les circonstances doivent pouvoir parfois l’emporter sur les lois. On peut chercher des refuges d’humanités dans la naïveté, on fait comme un peu.
Pour deuil, personne ne s’est véritablement foulé pour le défunt. Ismaël Deh sera inhumé au Sénégal après des tractations consulaires. Quelques associations ont déjà mobilisé timidement, pour faire condamner les policiers. Ses proches, le cœur serré, confient leur chagrin et leur impuissance. On peut parier, à l’image des autres immigrés sénégalais morts dans la terre où ils cherchaient la providence, que dans un avenir très proche on ne parlera plus d’Ismaël Deh. Il sera mort et enterré comme on dit. Un autre fauché par le destin. On se détachera encore de la condition des migrants, ces encombrantes ombres qui nous signifient nos privilèges et nos hontes. Il y a quelques mois, les radars médiatiques mettaient les projecteurs sur la Lybie, et l’esclavage auquel étaient réduits les migrants, d’autres sans-papiers. La roue médiatique a tourné et l’oubli, comme nous le prédisions ici dans la chronique « Nous savions », a opéré.
Elargir le spectre des responsabilités
Après chaque drame, chaque fait divers tragique, nous avons la tentation de l’indignation et de l’accusation. Dans les démocraties actuelles, les sociétés de l’image et de la représentation, on se donne conscience à peu de frais. S’indigner et accuser autrui, et le tour est joué. On se lave et se rachète. C’est bien dommage qu’on ne s’impose pas l’obligation d’assumer nos responsabilités. Car accusation bien ordonnée, doit commencer par soi-même. Pointer les responsables de la mort d’Ismaël Deh nous conduirait certainement à établir une grande liste, interminable, de coupables mêlés, et parfois pas ceux que l’on croit.
J’ai reçu mon visa étudiant en 2005 pour la France et suis resté impassible. Devant les grilles de l’ambassade de France à Dakar, les effusions de joie des heureux élus autour de moi m’ont paru ridicules. On eût dit qu’ils venaient de voir le Seigneur. Un vieux monsieur, habillé d’un caftan blanc, propre et respectable, est venu vers moi et m’a dit dans un français hésitant « mon fils, prends soin de ça, c’est ce que les blancs appellent sésame ». Il parlait de mon visa. J’ai tenté de prendre congés du monsieur, car à vrai dire j’étais fatigué, mais il est revenu vers moi, et d’une attention presque paternelle, a ajouté « des millions de gens dans ce pays voudraient avoir ça. Que Dieu te protège. ». L’insistance mise dans ce qui ressemblait à un sermon m’a ému, j’ai répondu : merci. J’ai mesuré ce jour-là, du moins commencé ai-je à mesurer, l’importance du visa, sa quête, et la catégorisation qu’il établissait entre les légaux et les illégaux.
L’immigration économique, l’alibi du tri
Dès le départ, dans le pays, nous avons intégré que les sans-papiers nous étaient comme inférieurs, et que leurs déboires à venir étaient une partie du contrat. Dans l’immigration, il y avait comme deux parties d’une même famille, les élus et les vaincus, et pourtant un corps unique. Le mépris pour les sans-papiers est la chose la mieux partagée. Comme jaloux de notre maigre acquis administratif, le clandestin nous apparaît comme un rebut, un frère de sang honteux, dont la tâche pourrait s’immiscer et colorer notre conscience ; et dont les inconforts, nous rappelleraient qu’on partage la même condition d’immigré économique. Peu importe, le visa ou la pirogue, nous avons tous décidé d’aller chercher ailleurs ce qu’on n’avait pas chez nous. On essaie ainsi, à l’endroit des sans-papiers, tous, collectivement, de tuer ce frère de sang, parce que c’est un frère de sens et qu’il dévalue la symbolique de nos papiers car c’est un privilège creux. Nous poursuivons la marginalisation législative avec notre marginalisation sociale.
Les catégorisations de l’immigration, entre exil, immigration économique, familiale, étudiante, sont devenues les instruments du tri humain. En voyant les clandestins comme des immigrés économiques, on leur fait porter la seule responsabilité des invasions dites « barbares » du registre xénophobe en France. Or, le sans-papiers n’est pas plus un immigré économique qu’un autre. La clandestinité ne fait pas disparaître ce qu’il a en commun avec nous. En maintenant à distance les sans-papiers, nous actons la sélection. Le papier n’est pas un privilège mais une loterie. Nous sommes tous des Ismaël Deh, le refuser, c’est préparer des trottoirs, ou la Méditerranée, comme cimetières de notre part inassumée.
Chronique publiée une première fois dans Le Quotidien, le 16 mai 2018 ;
Au Sénégal où le premier cas a été enregistré le 2 mars 2020. A l’instar d’autres pays du monde ou la pandémie sévit, pour y faire face, le gouvernement du Sénégal a pris des mesures successives allant de la fermeture des écoles, la fermeture des frontières du pays, un couvre-feu, l’interdiction des voyages interrégionaux et, tout récemment, le port obligatoire de masque dans certains endroits bien ciblés. Le gouvernement, malgré les appels de beaucoup de spécialistes a jusqu’ici refusé le confinement total des sénégalais.
Au la suite du gouvernement, des mairies ont soit fermé, ou réduit les horaires d’ouvertures des marchés de quartiers, au moment où les marches hebdomadaires sont interdits de fonctionnement sur l’ensemble du territoire.
Malgré cette batterie de mesures, la situation n’est pas encore maitrisée. Tout au contraire, les cas augmentent et plus inquiétant encore, ceux dits communautaires. La situation au 21 Avril 2020 est de plus en plus alarmante avec un total de 412 cas. Ce qui est plus inquantant encore est le nombre croissant de cas dits communautaires qui s’élèvent à plus d’une quarantaine au moment de la mise en page de cet article.
Malgré les mesures, les taux de croissance par jour augment à un taux inquiétant :
Si le Sénégal est en train de guérir ses COVID positifs à un rythme assez satisfaisant ( ), il n’en est pas de même pour l’arrêt de la propagation de la pandémie. En effet, les résultats au 20 avril, 2020 montrent que les mesures prises sont contre-productives.
Le taux journalier (graphe) de personnes testées positives était de moins de deux personnes par jour avant la fermeture des écoles. Ce taux est passé à plus de 6 cas/jour au moment du couvre-feu, a plus de 9 cas/jour par la suite au moment où le gouverneur de Dakar a renforcé les mesures préventives sur le transport et à plus de 11 cas/jour quand le ministre de l’Intérieur a fait du port du masque une obligation dans les transports et lieux publics et de travail.
Dans le même temps, le nombre de cas communautaires est passé de moins d’une personne par jour en moyenne à plus de deux personnes/jour entre la mise en place du couvre-feu et l’obligation du port du masque.
Il ressort de ces observations que les mesures jusque-là prises sont contre-productives et méritent d’être revues. Une des explications de ces résultats est le fait que le couvre-feu, la fermeture de certains marchés de quartier et la réduction des horaires d’ouverture d’autres, créent des affluences favorables à la transmission du COVID-19, en particulier des cas communautaires. Qui plus est, en dehors des grandes surfaces, peu de marchés publics ont mis en place des mesures d’hygiène pour prévenir la transmission.
A côté de la vitesse croissante de la transmission, le Sénégal doit fait face à la paupérisation des petits entrepreneurs
Le gouvernement du Sénégal refuse d’adopter le confinement total pour préserver les emplois et revenus précaires du secteur informel et permettre, en général, à l’économie nationale de continuer de fonctionner. Toutefois, les mesures sur le transport, les marchés ainsi que la psychose créée par le COVID-19, ont un impact économique négatif sur un secteur qui emploie près de 90% des travailleurs sénégalais.
En effet, beaucoup d’agences internationales ainsi que des services publics ont opté pour le télétravail. L’interdiction des rassemblements ainsi que le couvre-feu ont fini d’arrêter beaucoup d’activités économiques dont l’impact se sent jusqu’au niveau des producteurs.
Des conducteurs de taxi ont été obligés de rentrer dans leur village, faute de clients. Des restaurants sont fermés et les hôtels ne fonctionnent quasiment plus. En conséquence, les agriculteurs, éleveurs et aviculteurs n’arrivent plus à écouler leurs productions. La fermeture des frontières du Sénégal et des pays destinataires des exportations agricoles augmentent le désarroi des producteurs et de toute la chaine de valeur.
Même si la distribution de vivres aux familles pauvres est à saluer, elle ne règle pas les problèmes à moyen et long terme des petits entrepreneurs, les plus larges pourvoyeurs d’emplois. Et pourtant des solutions existent.
Sauver les petits entrepreneurs tout en garantissant l’application de mesures strictes de prévention
Pour les marchés de quartier
Les riverains, la mairie et les représentants des commerçants peuvent s’accorder des jours alternatifs de vente et d’achat. Il s’agira de définir un calendrier de présence alternatif pour des commerçants vendant les mêmes produits. Pour ce qui est des riverains et des acheteurs venant d’autres quartiers, des jours alternatifs de visite peuvent aussi être décidés et communiqués à tous les usagers potentiels. Des cartons portant différentes couleurs représentant le jour d’achat pourront être distribués aux riverains. Par ailleurs, il devra être exigé le port de masques aussi bien aux commerçants que clients. Ces mesures seront renforcées par des stations de lavage des mains à l’entrée de chaque porte du marché. Pour mettre ce système en marche, le gouvernement pourrait appuyer les marchés avec des agents de sécurité de proximité. Les entrées devront être espacées pour assurer la distanciation sociale.
Pour les marchands ambulants : un système alternatif de présence pourra être instauré sur la base de fiches d’enregistrement. Des gilets avec des couleurs différentes pourront être utilisés et des espaces dédiés identifiés. Les marchands devront aussi obligatoirement porter un masque, de même que le client. Le nombre de marchands et de clients devra aussi être limité.
Pour les producteurs agricoles : le gouvernement, devra travailler avec les organisations professionnelles pour la mise en place rapide de petites industries de transformation et de conservation des produits agricoles et d’élevage. Cela permettra de créer de nouveaux débouchés aux produits agricoles sénégalais. Une partie du budget du Plan de Résilience Economique et Sociale pourrait être réorientée vers cette initiative.
Pour les artisans : empruntant la même démarche que pour les agriculteurs, le gouvernement devrait inciter les artisans à mettre en place des produits innovants pour des stations de lavage des mains, la fabrication de masques et d’habillement pour la prévention. Une telle initiative devra se faire avec le concours du ministère en charge de l’artisanat, du ministère de la santé et des organisations professionnelles pour homologuer les produits qui seront distribués dans le marché.
La distribution des produits : les TIC offrent d’énormes opportunités pour organiser et faciliter la distribution des biens et services en ligne. Toutefois, pour ce faire, le gouvernement devra étudier l’allègement des mesures sur le transport interrégional avec la mise en place de mesures d’hygiène garantissant la sécurité des marchandises transportées.
Conclusion :
Les mesures prises par le gouvernement du Sénégal apparaissent pour le moment, contreproductives aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. Cet article invite à explorer des solutions qui combinent mesures préventives et redémarrage de l’activité économique, en particulier, au soutien des micros et petites entreprises sénégalaises.
Il reste entendu que certaine de ces mesures peuvent être prises au niveau local, d’autres demandent l’intervention de l’Etat pour s’assurer des moyens financiers, mais surtout pour garantir la santé publique.
Source du graphique en illustration : Base des données statistiques publiées par le Ministère de la Santé du Sénégal
MULTIPLE PHOTOS
PARLONS ÉCONOMIE EN WOLOF ET EN PULAAR
L’ECO, LES EGOS ET LEURS ECHOS - Il est tout aussi fondamental que l’énergie mise par les acteurs sociaux pour arriver au résultat obtenu soit dorénavant tournée vers les autorités des Etats de la CEDEAO pour accélérer l’unité de gouvernance politique
SenePlus publie en exclusivité, la traduction en wolof et en pulaar d'un article déjà publié sur notre site par l'ancien ministre de Finances, Amadou Kane. La traducution en wolof est de Moustapha Diop et celle en pulaar d'Abdou Amadou Sy.
Dans le cadre de son déploiement Riposte educative et libératrice autour du COVID 19, la Paalae que dirige Babacar Bouba Diop partage par une approche multimédia, multilingue, multiscript, des analyses, le suivi et les perspectives de transcroissances solidaires, positives et durables. Elle constate que les exercices d'intersectionalites entre la politique, l'économique, la santé, l'éducation, la culture, sont en œuvre. C'est pourquoi la Paalae prête attention aux débats en cours sur les moratoires et ou annulation des dettes des pays du Tiers Monde. Elle tient à partager la traduction du français au pulaar et wolof d'un texte produit par l'expert Elhadj Amadou Kane sur l'eco. Elle poursuit en son sein des réflexions sur la pertinence et les dénominations des monnaies nationales, régionales, voire continentale. Elle espère qu il y aura des modalités pratiques et inclusive pour avancer dans ce dossier et dans les articulations libératrice et fécondes
VERSION WOLOF - EKO BI, AK FUUY AK RIIR YI MU ÀNDAL
Dogal yi aju ci xaalisu CFA ab bob eko, te siiwalees ko ci 21 desambar 2019 ca Abijaan ci dogalab Alsaan Watara, ndax maxaamàm kilifa gi jiité ndajéem njiiti réew yi séq UEMOA, ak ci teewaayu njiitël réewu Farans, daa ñu ci wax, di waaxaat lu yàgg yàgg.
Jaaxlewul kon, ni ko xibaar yi tasaaree, monte dey bette na ni waxtaan wi deme, jolli ginaaw bi xew xew bi jibee, njortu yi mbooloo mi bàyyi xel, ñoo gën bari pexe yi ñu ko sàkkuloon, balaa siiwalees cóppite gi ! Aka doy waar : « leppay soppeeku, te katt dara soppekuwul ! »
Monte, ni ki ñi nu wara natte, jublu ci liy wekki yiy doxal ak yaxantu gug xaalis CFA, wone, na lees amal», sopparñig tuddin yi, kaaraange sàq mi, dàqug ña teewaloon Farãns, ci mbootaayu UEMOA, noo nu la yoon wi desee leer ci ni nuy tege.
Ńu yokk ci, kenn ci ndaw yi sunuy gornemaa teg ci kureel yiy saytu sunu xaalis, kenn ci ñoom mënul mbaa bëggul joxoñ ab arminaat gu leer ak warangikuk doxandin wi gën, ngir jëmmël coppite gu mat sëkk. Te monte, xamees na ni, semb wu ni yaatoo nii, ngir amal ko, du yem ndoŋ ci ñatti pacci weccoo ?
Semb wu ni mel laaj na lumu tuuti tuuti :
Ci settantalaat faggutéef yi ak àtte yiy taxawal yaxantug weccet wi, yorinu kureel yi ak dëgmël ci yoonu doxalinam ci yoonu jumbëntiku;
Tegal kureel yu yees yi, rawatina sàqum gëndële mi yellu fii ñu tollu ; ci maanaa yi war ak jumtuwaay yi ci aju ak ñu àajoowu ci jëm ci bépp jumtuwaay yu jub te am solo ;
Wone nan lanuy wara dàkke ci mbirum xaalis, nun ñi wara jubóo, fekk nu am ay kureel yu bari, te wute ci sunuy réew.
Deggóo ci wecconte gu amal njariñ, ku ci nekkdem, ci ndank ndank, ca njalbéen, mën nañ ko yombal, su yàgge tuuti te nu wone mënin, ci yaatal jënd ak jaay ak yaxanal xaalis. Bu boobaa nu aldande fépp ;
Saytu ni nuy wuutële sefaa bi ak eko (këyit ak paset yi).
Laajtu yu am maanaa ngi nii, faydawu te yéeme, dina jaaxle, ndax ken mënul jeexal waxtaan wi ci dirap atum 2020.
Fuuyte waru noo yobe yàkkamti, ci tëg xaalis bu bees ci atum 2020. Mbir yii am na ñu solo lool, ba ken waarul yàkkamti ci déggóo, ba jubóo. Rax ci dolli, mën na am ñu laaj ndaw wi réew mi, seen xalaat.
Bu ko defee, ndëgg sërëx gi nu wara gëna moytu bu baax, mooy ba ña gedd Eko, ndax rekk ni ko persidáa Watara yerëwte ci kanam persidaa Macron, wax fa ne daa ñu ngente Eko bi, suul Sefaa bi, ndax warna ñu nëq Sefaa bi ?
Te it, warees na fàtteliku ni tëgg Eko ak sart yi dar sàqum gëndële mi, nangu gi CEDEAO cërële réew yi bokk mandargam wecconte mën na door tëgg xaalis bu bees bi nu bokk. Lolu lépp doon na ay dogal yi jiitu yërëwte gu 21 desambar 2019. Kon book, na nu féetéwóo si teel sooke gi jëmmël ko ci ko CEDEAO gise ca njalbén ngir nu am ci mujj gi, ngir nu am xaalis bi ñu bokk.
Taxawaay bile daa yemoog ag ni Gaanaa gise moom mi begóon ca 28 désambar 2019, ci na réewi UEMOA yi ànd jubóo ci EKO, noo nu ci la xamle ni di na léen fekki. Loolile, ndajem njiiti réewi CEDEAO daadi ka rafetlu ; mu yemóog 21 desambar 2019, ñu àndandoo ci ak sawar ci ni ko UEMOA jële, ni jibal ci kaw ni « coppite bi am ci biir UEMOA, ci mbiri xaalis ; dina yombal rofóo bi nara am ellëg ci wàllu xaalis, ngir nu yaatal EKO, mu doon bu CEDEAO»
Na leer naññ ne, lu ñu bëgg bëgg bokk xaalis ci biir CEDEAO, bu nu réere mbir ne ni bokku ñu, ñun nëpp, bëgg bëgg ci wàllu politigu xaalis, ci mbiram demantale ak weccikonte.
Looluu tax na, bi ci waxtaan yiy am ci diggënte réew yi ko seqóo, waru nu dugël xóoyal bu nara dog. La ñu fa jàpp ak sabablu ya leen tënk, war nanoo joxe firnde yu wóora woor, te ànd ag ndëgërlaay, ba kenn ku ci ne, mën caa gis sa bopp, ca lam cay jële, ak la mu cay ńàkk.
Da maa bokk ci ńiy jëf ngir gëndëlóog Afrik, ni ko sa may jaar jaarn ci liggéey, wonee nañ ko ; moo xam ci liggéeyal réew yi fostóo ca BOAD, ci kureel mbootaayi jaambur yiy liggeey Afrik ci sóàwu jant ak ci Afrik gi diggu ; rax ci dolli, bokk ci ńi liggeey ci wetu BAD, ba samp Afrika 50, mooy sàkuu alal, féetelées ko jumtukaay, ci dun bi bepp.
Leer na ci sama bopp, war na nu sàmm njariñal ku ne, leeg leeg nu woróo ; mbir mi du yomb, di na metti ci nii mbaa ca nee ; balaa CEDEAO dóon benn, di te xemeemu, xaalis bu yees bu di Eko, bokk ci liy jagal, di sopparñi ak di dooléel ak di yokk kureel yi ak jumtukaayu koom-koom mi mbooloo yi nas, loolu doon njarińal li ñi bokk ńun népp moom CEDEAO. Li nu war moodi dëgërël mbootaay gu yaatu gi, te kenn waru ci jaamulooti sa moroom.
Loo loo tax ne ; na nu wóor, ci njalbeen, ci wetu Niseeriyaa, ponkal mi, am na lu mu neew neew, réew yu waro danko, maanam juróom ńatti réew yi sèq UEMOA, the ngańaayoo mën mën ak doxalin wu wer ak finalikug BCEAO, ngir mbootaay gi wer, mel ni na ka Almaañ ak Farãns ñoddee réewi Erop yi.
Bu demee, ba dëgg des, li gën, mooy def degg ni ko Gaanaa siiwale ci 28 desambar 2019 ni Gana nangu na na fekki réewi UEMOA, ci njalbéenug jamonal Eko, yokk dank bi mëna jakkarlo ag ponkal mi di Niseeriyaa, ci weer yii di ńëw.
Li leer moodi kàttan ni, ñepp di def, ñepp niy yengu ci jamono ngir àgg fi nu bègg bègg àgg ci, moom la nu war welbati, jubal ci xolu, njiit yiyor ndomboy tànk te Ŋank su nu réew yi ne CEDEAO, su ko defee, loolu moodi sàmm ci lu wóor, politigi xaalis yi nu jagleel kureel yu bees yi gëndëlóo, te war saytu Eko bi.
Ki ko bind Aamadu Kan, newoon jawrin ci xaalis ak kom kom ci Senegal, tay jii doxal mbiri boppam ci xaalis ak kom kom
VERSION PULAAR - ECO, HAKKUNDE PIITAGOL BECCE E OOLELAAJI (PULAAR)
Yeɓtugol jamirooje jowitiiɗe e lomtingol ECO CFA caaktagol ñande noogaas e go (21 Lewru desammburu 2019 to wuro Abidjan e ummoraade e ɗemngal Alasan watara gardiiɗo Diisnondiral Hooreeɓe Dowlaaji UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) e dow tawtoregol Hooreejo Dowla Farayse,ko huunde maabtiniinde e taarik men .
Ɗum waɗi saakto mawngo waɗaango e nder Jaaynirɗe fotaani haawde hay gooto Hay sinno ina haawni caggal gostondire hakkilaaji,miijooji e jeewte e heen sahaaji nannduɗe e hare e duko,keewɗi e ceertuɗi ciiri,kono haa jooni ngoƴaaji e kulhuli ɗi yimɓe ɓe ngonndi ɗi hade baylugol kaalis gol waɗde,ina keewi no feewi ! Miijooji ɗiɗi kaawniiɗi lulndondirɗi ɓuri heewde : fof yoo waylo alaa hay dara waylaaki ».
Tene dey peeje e jamirooje pattamlame ngam ittude e fusde ngaafdi e njuɓɓudi lelngo e yiilo CFA ƴeɓtaama ( baylugol innde nde uddugol damal winndannde hasbo,jaltingol Hoolaaɓe Farayse e nder terɗe jiilirɗe UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ɗum holliri njoorto pawaaɗo e kaalis keso lomtotooɗo o laaɓaani tawo walla punndi mum gasaani tawo .
Yanti heen kadi hay gardiiɗo gooto, Gollorɗe kaalisiyaŋkooje leyɗeele men jaɓaani haalde e ko yowitii e daawal maa lajal nde ɗum foti waɗeede maa hollira golle potɗe waɗeede e nde poti waɗeede haa nde waylannde mawnde e maatiniinde waawa yuɓɓineede e siyneede kono kadi yimɓe fof ina nganndi eɓɓaande mawnde waynde nih ina hatojini ko ɓuri kormaagol toɓɓe tati kawraaɗe ɗe e kala faayiida mo ɗe mbaawi jogaade.
Eɓɓaannde waynde nih ina hatojini e ko famɗi fof :
• Ƴeewtaade ciifanɗe nanondire e sarɗiiji juɓɓinɗi hasbo kaalis ,huufo, yiilo e gollorɗe e ɗowgol pawingol e ko arata e nder sahaa lommbiiɗo etee mo tabitaani ;
• darnude e dañde terɗe e gollorɗe kese teeŋti noon e kawtal Bankiyaŋkeewal Leyɗeele -Kaleeteengal e ooɗo sahaa- mbaawkaaji laaɓtuɗi e kuutorɗe jumtuɗe jahduɗe heen e rewirde e kuutorɗe sarɗiyaŋkooje keɓtinaaɗe nuunɗuɗe e koolaaɗe ;
• lelnude e joofaade toɓɓanɗe ɗe dawrugol kaalisiyaŋkeewol joofi e dikkii,tawa ko baawooje renndude tuugannde wootere siynoore e nder taƴe fagguduyaŋkooje ceertuɗe e cariiɗe gonɗe e nder leyɗeele
• Suɓaade e dow paamondiral njuɓɓudi e kuutondiral e gostosndiral hakkunde kaalis o e kaalisaaji goɗɗi e mbaadi ɓurndi martobinndi e dow udditde dame e taƴe jahduɗe e ngonka ka Tippudi taƴƴaandi gostondiral ina waawi aaɓnaade e puɗɗe waɗte mbeytinaandi curaandi hade mum wontude e joofnirde tippudi mbellitaandi kuuɓtinaandi haa mbaawen yumtinde dawruɗi men fagguduyakooji e kaalisiyaŋkooji mawɗi
• Yoɓɓinde baylugol e lomtogol mbaadi e jelol kaliis CFA ( Ɗereeji e Jamɗe) wanta ɗi ECO,ekn .
Ɗe geɗe e caɗeele ko patamlame lugginɗe paayodinɗe jiiɓiiɗe e ina haawni e saɗi huuɓnude ɗe e nder hitaande 2020 tan Fotaani sabu Kiram paarnagol maa piitagol becce heñaade e yaawnude lomtino kaalis o e ndee hitaande 2020 Ɗe geɗe e caɗeele ko yummaaji potaani heñoraade haa diisnondire potɗe waɗeede heen ndañane safaara e nder piɓle kawraaɗe e dow kaaldigal jaajngal ɗe ɗum naamndi Ɗum ko ko yiɗa e muuya sabu e won sahaa e ɗum naamndi gaa rewirde e mbaawka fiilaaɓe Batirde Ngenndiire ( laamu laawɗinoowo) e ɗum noddi joɗoɗaade e haaldude e ɓesngu ngu maa jibinannde nde ngam heɓde miijooji mum e dow rewirde e fannu jahduɗo e ndiin mbaadi
E dow ɗum noon pitgol ngol potɗen fentude e kala mbaadi e njaru ko bonnitde ECO sabu ko Hooreejo Watara e yeeso Makaron Hoorejo farayse holliti kabaaru wonde leyɗeele UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik ) pellitii ƴeɓtude ECO yoo lomto CFA En potaani rufdude gawri mbesaandi e ñaande nde tiggu lottaaɗo rufdetaake e ndiyam ɗam
Eɗen poti siftorde wonde ƴeɓtugol ECO yoo lomto CFA wondude e doosɗe Kawrital Bankiyaŋkeewal e yamiroore CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) wonde yoo leyɗeele keɓɗe sifaaji e maande hawrito yoo puɗɗo huutoraade Kaalis Denndaaɗo o adii haala e kabaaru mo Watara hokkiri o ñande 21 desammburu 2019. Ndeke noon keɓindo ɗen gila jooni eɓɓaande nde jokken e dow faandaare miijo Ardiiɓe CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ngam mbaawen e joofirgol yettaade faandaare yiɗaande woni Kaalis Denndaaɗo
Ndeen darnde ina yuwondiri e nde Leydi Gana jaɓndi e hollirndi weltaare mum ñande 28 Desammburu 2019 e yamiroore CEDEAO yowitiinde e ƴeɓtugol ECO e pellital mum ngam naatde heen Eɗum yahdi kadi e yamiroore CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) e nder Batu Toowngu Hooreeɓe Leyɗeele 21 Desammburu 2019 njaaɓngu golle ardiiɓe UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ƴeɓtuɓe ndeen yamiroore kolliri baylugol kaalis falnde e dental UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ina weeɓna e wallita, naatnaatondiral falnde nde e Dental kaalis e kopporeeje ngal ECO mo CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) )
E dow ɗum, hay sinno muuyaande mawnde dental ina e men ngam yumtinde kaalis Denndaaɗo e nder bowal CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) ɗum fotaani yejjitinde en wonde nafooje e paandaale men huccude e dawrugol kaalisiyanke e fagguyaŋke e tolno beccugol kaalis wonaa gooto
Ko ɗum waɗi nanondire hakkunde leyɗeele jeyaaɗe heen potaani fawaade e maslaha maa e ko tiiɗaani Kala jamirooje e gaddanɗe ƴeɓtaaɗe poti fawaade ko e gostondire hakkillaaji e jeewte luggiɗinaaɗe ɗe gooto fof yuurnitii haa faami ko waawi heen daañde e waasde
Ko mi neɗɗo ngooŋɗinɗo naatnaatondiral Afiriyaŋkeewal e no seeɗtorii ɗum humpitooji am e fannu liggeyeyaaji am e nder Baŋke Hirnaange Afirikiyaŋkeewo ngam ɓamtaare ( BHAƁ) maa e Senngo e goomuuji keeriiɗi afirikiyaŋkooji maa diiwaaniyaŋkooji e leyɗeele afirik funnaange maa hakkundeejo maa darnde am seeɗtinde e nder Banke AFirikiyaŋke ngam Ɓamtaare ( BAƁ) cosgol Booñ Firlito Jawdi Kopporeeje biyeteeɗo AFIRIKA 50 ngam wallitde peewnaandi tammbotoondi golle ɓamtaare e nder Ñiiɓirde Afirik Kono ɗum ittataa mboɗo jooɗtorii wonde won nafooje leyɗeele potɗe no feewi ƴeewteede e yuurniteede sabu majje seertude e luurondirnde alaa e sago yimɓe peewnitano jeewte e gostondire hakkillaaji e geɗe jiiɓiiɗe e heen sahaaji e ɗum noddi ballitgol e ceerndugol baawgol mettude e muusde haa boowal CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) heddo e cañu mum fooɗta jaawdi naatoori e faggudu haa Kaalis keso o ECO waawa wallitde e no ɓuri yumtirde baylugol e ɓeydugol tiiɗnude gollorɗe e dente ngenndiije faggudu fayde e nafoore nde faami ɓesnguuji koɗɗi e nder CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) Ɗum noddi ko semmbinde e tiiɗnude Kawtal e Dental leyɗeele tawa ɗum addaani heen ceeral e fawaare won heen leyɗeele.
KO ɗum waɗi gila e puɗɗe maa gila jooni leyɗeele UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ngonaa ɓoode wootere renndinnde leyɗeele jeetati jogiiɗe humpito e mbaawka maawka keɓaaka e BCEAO (Kawtal Banke leyɗeele Hirnaange AFIRIK) ngonaa waalaare huccunde e leydi Nigeria Ndoolnundi ngam jeemondiral ina aaɓno hono no leyɗeele Faraye e Allemaañ mbaɗiri e nder Dental orop (D O) e puɗɗe mum
Ko ɓuri yiɗeede so dañaama e yahrude e no Gana halliri ñande 28 Desammburu 2019 ndi tawta leyɗeele UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) mbele ngal dental ina waawa haɓɓondirde haalda e leydi Nigeria keewndi doole
Ko noon kadi ina hatojina e no waawata huutoreede doole semmbe e mbaawka goomuuji e pedle dillooɓe e dente renndooje haa ɗee keɓe mbaawi dañeede ɓe nawee e sara ardiiɓe leyɗeele CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) mbele yiilo laamayru dawrugoliyaŋkeeru falnde men ina ɓura yaawde . Ko e on fannu tan waawi gaddeede e siyneede dawruɗi kaalisiyaŋkooji ɗi yontaaji garooji mbaawi ɗaldeede yoo kuuf e njiil haa kuutoro ECO.
Aamadu kan - Ganndo dowrowo fagguduKeeroriiɗo, fannu Kaalis e baŋke Woniino Jaagorgal, Ngalu e Faggugu e kopporeejo Ndanndaandi Senegaal
Les décisions relatives au Franc CFA et à l’ECO, annoncées le 21 décembre 2019 à Abidjan par M. Alassane Ouattara, en sa qualité de président de la Conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA et en présence du président de la République française sont incontestablement historiques.
Il n’est donc pas étonnant qu’elles aient été aussi médiatisées. Cependant, il est surprenant qu’en dépit des débats passionnés suscités par cette annonce, les questions que l’opinion se pose soient encore plus nombreuses que les préoccupations qui prévalaient avant l’annonce de cette réforme ! Et puis cette étrange impression que « tout change et… rien n’a changé ! ».
En effet, autant les mesures allant dans le sens du démantèlement des mécanismes de fonctionnement et de gestion du FCFA ont été clairement émises (changement d’appellation, clôture du compte d’opération, sortie des représentants de la France des instances de gouvernance de l’UEMOA), autant cette alternative à la monnaie actuelle reste pour le moins floue.
En outre, aucun des responsables des institutions monétaires de nos Etats n’a pu ou voulu indiquer un calendrier précis ou un chronogramme d’actions pour la concrétisation de cette réforme majeure. Et pourtant on sait qu’un projet de cette nature et de cette ampleur ne nécessite pas seulement le respect des trois critères de convergence aussi essentiels soient-ils !
Un tel projet nécessite à minima :
• de revisiter les traités et lois organisant la gestion de la monnaie, la gouvernance des institutions et le pilotage de leur devenir durant la phase intérimaire ;
• de doter les nouvelles institutions, en particulier la Banque Centrale Fédérale - dont il est question pour le moment -, de compétences adéquates et d’outils adaptés et les faire adopter à travers des instruments juridiques des plus crédibles ;
• de définir les cibles d’une politique monétaire qui puisse agir en dénominateur commun et qui soit opératoire dans les structures économiques variées et différentes de nos Etats respectifs ;
• d’arrêter de façon consensuelle le régime de change qui serait le plus optimal pour la zone avec la possibilité de procéder par un phasage des régimes. Ceux-ci pourraient être fixes au départ, « flexible encadré » par la suite et, pourquoi pas pour finir, si nous excellons dans nos politiques macro-économiques et financières, par un régime de flottement généralisé ;
• d’organiser le remplacement des signes monétaires CFA (billets et pièces) par les nouveaux signes monétaires ECO, etc..
Ces questions sont suffisamment sérieuses, importantes et complexes qu’il serait étonnant qu’on puisse achever de les discuter durant l’année 2020. Il ne faut pas, pour des questions d’ego, qu’on veuille précipiter la mise en place de la nouvelle monnaie en 2020. Ces problématiques sont tellement essentielles qu’il ne me paraît pas souhaitable d’expédier les concertations autour des sujets qu’elles soulèvent et des solutions consensuelles fortes qu’elles appellent. Et ce serait d’autant moins souhaitable qu’il y aurait certainement besoin, à des moments donnés du processus, en sus de la voie parlementaire, de consulter nos populations pour recueillir leurs avis de la façon la plus appropriée.
Dès lors, le piège que nous devrions éviter à tout prix serait de jeter l’opprobre sur l’ECO, du simple fait que ce serait le président Ouattara en présence du président Macron, qui aurait annoncé que les pays de l’UEMOA allaient l’adopter en substitution du FCFA ! Nous ne devrions pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ! »
En effet, on doit se souvenir que l’adoption de l’ECO et du statut fédéral de sa Banque Centrale, l’accord donné par la CEDEAO aux pays répondant aux critères de convergence de démarrer l’aventure de la monnaie commune, sont autant de décisions antérieures aux annonces du 21 décembre 2019. Il faudra en conséquence s’approprier dès maintenant le projet et le poursuivre dans l’esprit originel des Autorités de la CEDEAO afin de parvenir, à terme, à la monnaie commune visée.
Une telle attitude est confortée par la position officielle du Ghana qui se réjouissait le 28 Décembre 2019 de la décision des Etats de l’UEMOA sur l’ECO et annonçait son intention de les rejoindre. Elle est également encouragée par la décision du Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO du 21 Décembre 2019 qui en prenait acte et se félicitait de la décision de l’UEMOA en indiquant que cette « réforme de la zone monétaire de l’UEMOA facilitera son intégration dans la future zone monétaire ECO de la CEDEAO. »
Au demeurant, il ne faudrait pas que le fort désir d’union qui doit nous habiter pour réussir cette monnaie commune au niveau de la CEDEAO occulte le fait que nous n’avons pas tous et toujours les mêmes intérêts en matière de politique monétaire pro-active ou de fixation des taux de change.
C’est pour cela également que les discussions entre les Etats partenaires ne devraient pas conduire à des consensus mous. Les décisions et engagements arrêtés devraient résulter de négociations sérieuses et soutenues de telle sorte que chacun puisse évaluer et apprécier ce qu’il y gagne et ce qu’il y perd.
Je suis un partisan de l’intégration africaine comme peuvent en attester mes expériences professionnelles, que ce soit dans la fonction publique internationale à la BOAD, dans les organes de gouvernance de groupes privés panafricains en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale ou encore à travers ma participation reconnue aux côtés de la BAD, dans la création du Fonds d’Investissement AFRICA 50 dédié aux financements des infrastructures sur tout le continent. Je n’en suis pas moins convaincu qu’il faut traiter sérieusement les intérêts, quelques fois divergents, des uns et des autres, se préparer à des discussions complexes et des arbitrages douloureux, afin que l’espace CEDEAO reste cohérent et attractif et que la nouvelle monnaie ECO participe efficacement à la transformation et au renforcement des diverses structures économiques nationales dans l’intérêt bien compris des populations de la CEDEAO. En définitive, il s’agit d’arriver à consolider la Communauté et non de satelliser certains Etats voire, pire encore, d’en vassaliser d’autres !
C’est pour cela qu’il est fondamental, dès le départ, qu’à côté du puissant Nigéria il y ait au moins un pôle soudé comme les huit anciens pays de l’UMOA – bénéficiant de la forte expertise et expérience de la BCEAO pour faire avancer, avec équilibre, la communauté à l’instar du rôle que jouèrent l’Allemagne et la France pour faire progresser l’Union Européenne à ses débuts.
Bien entendu la solution optimale serait, dans le sillage de son annonce du 28 Décembre 2019, que le Ghana accepte de rejoindre les pays de l’UEMOA au début de leur période ECO pour que ce nouveau bloc puisse mieux négocier avec le puissant Nigéria dans les mois à venir.
Il est tout aussi fondamental que l’énergie mise par tous les groupes d’acteurs sociaux pour arriver au résultat obtenu soit dorénavant positivement tournée vers les autorités des Etats de la CEDEAO pour accélérer l’unité de gouvernance politique de notre sous-région. Ce serait en effet la seule façon de garantir la parfaite application des politiques monétaires dévolues aux futures institutions centrales appelées à gérer l’ECO.
Amadou KANE, ancien Ministre de l’Économie et des Finances
LES GARANTS DE FORCE COVID-19 SE DÉVOILENT
Seydou Diouf, Toussaint Manga, Issa Sall, Habib Sy, Yacine Fall... L'As révèle les coulisses de la désignation des différents noms susceptibles de siéger au comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte contre le coronavirus
Depuis le 17 avril dernier, le président de la République, Macky Sall, a pris un décret créant et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19, appelé Force Covid-19. La dream team est en train de prendre forme progressivement après la nomination du Général François Ndiaye comme président du comité de suivi.
Jusque-là, seul le nom du Général François Ndiaye est sorti. Il a été nommé président du Comité de suivi des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19. Ce comité, qui sera chargé de suivre de façon proactive et inclusive l’ensemble des opérations menées par le Fonds et d’en rendre compte au président de la République, devrait être également composé de représentants de l’ensemble des forces vives de la nation. Les institutions de la République ne sont pas en reste parmi lesquelles l’Assemblée nationale qui a déjà désigné ses trois représentants.
«L’As » a appris que l’Assemblée a porté son choix sur Seydou Diouf (pouvoir), Toussaint Manga (opposition) et El Hadji Issa Sall (non alignés) alors que les syndicats se feront représenter par Mademba Sock (Unsas) et Lamina Fall (Cnts). Le Comité va également comprendre six représentants du gouvernement, deux représentants du Haut conseil des collectivités territoriales, deux représentants du Conseil économique, social et environnemental, et deux (2) représentants des Associations d’élus territoriaux.
Habib Sy et Yacine Fall ou Gnagna Touré représentent les partis de l’opposition
Pour ce qui est des partis politiques, ils seront au total six représentants provenant des différents pôles en raison de deux par camp : majorité présidentielle, opposition parlementaire, et non-alignés. Selon nos sources, le pôle de l’opposition a désigné l’ancien responsable libéral, Habib Sy et l’ancienne candidate à la candidature pour la présidentielle de 2019 finalement alliée d’Ousmane Sonko, en l’occurrence la très critique Yacine Fall. A préciser toutefois que ces noms qui sont sortis du lot devront être validés aujourd’hui par l’ensemble des acteurs du pôle de l’opposition.
Par ailleurs, L’As a appris que le PDS n’est pas en phase avec le choix porté sur Yacine Fall. Me Wade a plutôt désigné Gnagna Touré en lieu et place. Concernant le pôle des non-alignés, ils cogitent toujours sur les personnes à choisir et comptent en finir aujourd’hui. Ce qui est sûr, le coordonnateur du pôle des non-alignés, Déthié Faye, ne sera pas de la partie parce qu’il a décidé de laisser la place aux autres membres de son camp.
On notera également la présence dans ce Comité de trois représentants des organisations de la société civile et de deux représentants des associations de consommateurs. Oumar Diop, Mame Yacine Camara et Alassane Seck devraient siéger au nom de la société civile. Joint au téléphone, Valdiodio Ndiaye estime qu’il est tout à fait normal dans le contexte actuel que le chef de l’Etat désigne les personnes habilitées à y être, d’autant que lui-même connaît mieux que quiconque les différentes spécificités de la société civile. «Le Président connaît les différentes compétences qui sont dans la société civile. L’urgence lui permet de choisir au plus vite deux parmi ceux qui travaillent et maitrisent le plus les questions liées à la bonne gouvernance et à la transparence. Ils sont connus. Il n’a aucun intérêt à passer outre. Et il est suffisamment informé pour savoir ceux qui doivent normalement intervenir pour gérer et surveiller telles actions liées à l’agroalimentaire et à la transparence des fonds», dit-il.
Joint également au téléphone, le président d’Ascosen, Momar Ndao, confie que la décision finale revient au président Macky Sall. «C’est à lui de faire des propositions sur les deux représentants des associations de consommateurs. Nous restons à l’écoute», a-t-il déclaré. Il faut dire en définitive que les organisations patronales auront aussi deux représentants. Toutefois, en dehors des personnalités provenant de ces différentes institutions et structures, le Comité pourra s’adjoindre, à l’occasion de ses rencontres, toute personne dont la participation est jugée utile.
LE FONDS COMMUN DÉTERRÉ PAR LES MAGISTRATS
Les magistrats sénégalais veulent se payer sur la bête. En d’autres termes, ils veulent recevoir une prime sur toutes les amendes qu’ils seraient appelés à fixer à des justiciables en cas de condamnation
Les membres de l’Union des magistrats sénégalais ont élaboré un projet de loi qu’ils veulent proposer à la signature du chef de l’Etat et qui vise à instituer un «fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire». Ledit fonds, qui devrait être alimenté par les amendes prononcées par les Tribunaux, servirait à leur fournir des ressources supplémentaires, en plus de leurs salaires. Un décret similaire, signé par Wade à la fin de son pouvoir, avait été abrogé par Macky dès son élection. Cela ne semble pas décourager les collègues de Souleymane Téliko.
Les magistrats sénégalais veulent se payer sur la bête. En d’autres termes, ils veulent recevoir une prime sur toutes les amendes qu’ils seraient appelés à fixer à des justiciables en cas de condamnation. A l’initiative de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), un projet de décret a été déposé depuis le début de ce mois de mars, au cabinet du ministre de la Justice, pour être étudié et préparé à la signature du président de la République.
Le décret en question, censé instituer un «Fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire», viserait, selon ses initiateurs, à «contribuer à la modernisation de la justice et à l’amélioration des conditions de travail de ses acteurs-clés que sont les magistrats, en permettant le renforcement des équipements et une meilleure prise en charge de certains besoins, notamment en documentation technique ou en formation». C’est du moins ce qu’affirme le rapport de présentation du projet de texte. Et pour mieux séduire l’autorité politique, en ces temps de fortes dépenses dues à la pandémie du coronavirus et qui ne doit pas voir d’un bon œil de nouvelles dépenses, les magistrats assurent, concernant ce fameux fonds, que «son instauration est d’autant plus opportune que la nouvelle orientation désormais donnée aux peines d’amendes et à leur recouvrement implique qu’elle n’entraîne pas de charges supplémentaires pour l’Etat qui, au contraire, grâce au relèvement du niveau de recouvrement, en tirerait un avantage certain en termes de ressources, de même que tout autre bénéficiaire de pourcentage sur les amendes prononcées».
En réalité, une lecture du texte en projet démontre très clairement que les magistrats sénégalais prêchent d’abord pour leur paroisse. L’argent des amendes qu’ils seraient amenés à prononcer va principalement alimenter le fonds en question, de même que les «consignations faites pendant l’instruction, lorsqu’elles sont devenues définitivement acquises au Trésor public, à l’exception de celles faites en raison des détournements des deniers publics». Il y a aussi les droits de chancellerie payés par les bénéficiaires des décrets de naturalisation qui vont alimenter ledit fonds.
L’article 3 du projet indique que «les ressources du fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire sont affectées aux dépenses d’équipement des Cours et tribunaux et à la motivation des magistrats de ce corps». L’article 6 indique que la part réservée à la motivation des magistrats leur est allouée sous forme de primes payées chaque trimestre. Ladite quote-part «ne peut être inférieure à la moitié des ressources du fonds» et est fixée par arrêté du garde des Sceaux. Et si la part réservée aux dépenses d’équipement est excédentaire à la fin de l’année, le solde peut être réaffecté à la motivation des magistrats.
Fortes similitudes
Ce texte préparé par l’Ums rappelle étrangement le décret 2011-1929 du 1er décembre 2011, signé par le président Abdoulaye Wade, et qui instituait le Fonds commun des magistrats. Le texte en question avait, dans son rapport de présentation, pour objectif de «permettre l’allocation de revenus additionnels aux magistrats bénéficiaires». Ce Fonds commun des magistrats y est comparé à ceux qui existent pour les fonctionnaires des ministères de l’Economie et des finances, ainsi que du Commerce. Il s’agit par ailleurs, selon le texte, «de doter les magistrats de moyens adéquats de travail et de leur assurer des émoluments de nature à les mettre à l’abri du besoin et des sollicitations». Et comme son successeur, le Fonds commun devait être alimenté par «les amendes criminelles, correctionnelles ou de police, ainsi que des confiscations prononcées par les Cours et tribunaux en toutes matières…», et d’autres sources pareilles à celles du Fonds d’équipement et de motivation de la justice judiciaire.
Cantinisation de la justice
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Macky Sall avait fait son sort au Fonds commun des magistrats en abrogeant par décret 2012-904, du 30 août 2012, le décret qui l’instituait. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux de l’époque, Mme Aminata Touré, dans son rapport de présentation, indiquait que «l’intéressement des magistrats aux produits des amendes et des confiscations qu’ils prononcent eux-mêmes pose un sérieux problème d’éthique». Y aurait-il quelque chose de changé depuis lors ?
Et pour ce qui concerne la situation de «précarité» dans laquelle vivraient les magistrats sénégalais, à lire leur traitement, il y a certainement beaucoup de fonctionnaires, des enseignants et même de médecins qui souhaiteraient connaître les mêmes niveaux de dèche. Déjà à l’époque du Président Wade, les magistrats avaient décroché de ce que certains ont appelé «un décrochage exceptionnel par rapport à la grille salariale de la Fonction publique. Leur indemnité de judicature était passée de 150 mille à 800 mille francs Cfa en 2006, et leur indemnité de logement doublée. Fonctionnaires de la hiérarchie A1, ils ont le salaire le plus élevé de la Fonction publique. Cela, sans compter d’autres avantages en fonction des responsabilités de chacun».
Dès 2011, Le Quotidien pouvait établir que les magistrats sénégalais ne pouvaient rougir de la comparaison par rapport à leurs collègues de plusieurs pays d’Afrique et même d’Europe. Et les choses n’ont pas réellement changé depuis. On comprend donc qu’en 2012, l’un de leurs, l’ancien président de l’Ums, Aliou Niane, ait pu dénoncer le Fonds commun des magistrats, en déclarant que «c’est une forme de cantinisation, de mercantilisation de la justice».
La crainte à l’époque, comme aujourd’hui, est que les juges prononcent des peines, non pas en fonction des crimes et délits, mais plutôt en fonction des ressources qu’ils espéreraient tirer des personnes condamnées. On risquerait alors de voir les magistrats privilégier leurs propres intérêts, au détriment de la justice. La question est de savoir si Macky Sall en viendra aujourd’hui à renier sa décision d’il y a 8 ans.
"QUE GUÉDIAWAYE SOIT CONFINÉE !"
Pr Fatou Samb Ndiaye, coordinatrice du Comité de riposte du Covid-19 de l’hôpital Dalal Jamm, fait le point de la situation dans la banlieue dakaroise où les cas se multiplient
La propagation du coronavirus dans la banlieue dakaroise inquiète les populations, mais surtout les agents de la santé. A l’hôpital Dalal Jamm, ils sont au front de la lutte avec la prise en charge des malades. Pr Fatou Samb Ndiaye, coordinatrice du Comité de riposte du Covid-19 de l’hôpital Dalal Jamm, fait le point de la situation dans cette partie de la capitale où les cas se multiplient.
«Aujourd’hui, le problème qui se pose en banlieue est que nous avons une surpopulation. Guédiawaye compte aujourd’hui plus de 500 mille habitants. La question qui se pose ou qui fait peur, c’est que les infections communautaires commencent d’augmenter. On se pose la question de savoir est-ce que ce ne sont pas des cas contacts qui ont échappé à la surveillance et qui n’ont pas été déclarés. Et c’est ça la gravité de la question. Un cas communautaire est un sujet qui a été en contact avec la maladie, mais n’avait pas été déclaré ou qui a échappé au service de suivi des membres du Comité d’alerte au niveau du ministère.
Donc pour chaque cas communautaire, il y a un nombre de cas contacts déclarés. Certes la balle est toujours dans notre camp, mais je dirai qu’aujourd’hui elle est plus dans le camp de la communauté. Maintenant, c’est à l’échelle communautaire que les décisions doivent se prendre. Chaque mairie, chaque préfecture, les gouvernances devraient prendre des décisions qui siéent pour cette lutte.
Je demande à ce que la ville de Guédiawaye soit confinée. Dès l’instant qu’on dit que Guédiawaye a un cas communautaire, la population doit être attentiste vis-à-vis du ministère de la Santé et de l’action sociale, et même de l’Etat. C’est à nous de prendre notre propre décision par rapport à notre protection.
C’est inquiétant. Je me demande même si ces gens-là sont suffisamment sensibilisés ou si l’information n’est pas passée. C’est à nous peut-être, techniciens de la santé, de faire autrement ou de voir une manière mieux adaptée pour faire passer l’information, pour que la population adhère à ce qu’on est en train de faire. Pourquoi les gens continuent toujours à se regrouper ? Pourquoi se regrouper dans les grands-places et autres ? Il faut une maturité pour qu’on puisse combattre cette maladie sinon on risque de se retrouver dans la même situation que les Marocains. Nous allons nous retrouver avec des milliers de cas et on n’aura même pas où les mettre, parce que si la population ne suit pas, on aura d’énormes difficultés à pouvoir maîtriser cette maladie.
Le port du masque dès l’instant qu’il devient obligatoire, mais surtout le lavage des mains, rester à distance avec son interlocuteur, les gens doivent s’adapter. Il faut que les mairies viennent en aide aux populations parce qu’on ne peut pas confiner un «gorgoorlou» chez lui pour le laisser mourir de faim. Que les moyens soient dégagés. Il faut que les mairies achètent aussi des masques pour les offrir aux populations parce qu’il y a des gens qui ne peuvent pas les acheter. C’est le rôle de la mairie d’aider les populations à rester chez elles.»
SIXIÈME DÉCÈS DÛ AU CORONAVIRUS
Le patient de soixante-quatorze (74) ans a succombé, ce mardi à 17h 40, au centre de traitement de Louga où il était traité
Un patient souffrant du Covid-19 est décédé mardi à Louga, portant à six le nombre de décès causés par cette maladie au Sénégal, a annoncé le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
‘’Le Sénégal vient d’enregistrer son cinquième décès lié au coronavirus. Il s’agit d’un homme de sexe masculin âgé de 74 ans’’, affirme le ministère dans un communiqué reçu à l’APS.
Le patient est décédé mardi à 17h 40, au centre de traitement des épidémies de Louga, indique la même source.
Le Sénégal a enregistré son premier décès lié au nouveau coronavirus le 31 mars, en la personne de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
Le deuxième décès par le coronavirus a eu lieu le 3 avril. La victime, une dame âgée d’un peu plus de 50 ans, était sous traitement au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann.
Entre vendredi et lundi, le pays a enregistré trois décès. L’un des patients est décédé à Ziguinchor et les deux autres à l’hôpital Fann de Dakar. Les victimes étaient âgées de plus de 60 ans.
Depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus dans le pays, le 2 mars, 412 cas positifs de Covid-19 ont été recensés, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Un patient a été évacué vers son pays d’origine, et 242 ont recouvré la santé.