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30 avril 2025
Développement
PAR Amadou Diaw
L’APRÈS-COVID-19 : « BÂTIR L’ÉCOLE DES FUTURS AFRICAINS »
Nous ne sortirons vainqueurs de la crise actuelle que si, en plus du médicament contre le virus, nous mettons en œuvre les « armes miraculeuses* », celles qui permettront la victoire sur l’ignorance, car sur nos terres, là est le véritable drame
Que de défis sont apparus en Afrique depuis le début de ce siècle ! Défis de l’inclusion, du développement durable, de la paix et de la démographie. Néanmoins, le défi crucial actuel consiste à faire face au virus Covid-19, cela tout en ayant à l’esprit les menaces futures qui ne manqueront pas de planer sur le monde en général et sur l’Afrique en particulier.
Se mobiliser contre l’ignorance
Il ne faudrait cependant pas se tromper de perspectives. Nous ne sortirons vainqueurs de la crise actuelle que si, en plus du vaccin ou du médicament contre le virus, qu’en plus des infrastructures sanitaires construites à la hâte, nous mettons en œuvre les « armes miraculeuses* », celles qui permettront la victoire sur l’ignorance, car sur nos terres, là est le véritable drame. La riposte ne saurait donc être uniquement médicale, elle doit aussi être politique, économique, sociale, culturelle, etc. Les Afriques sont interpellées.
Se remetre en question
Cette crise ne nous laisse pas le choix. Elle implique de changer radicalement la vision sur laquelle reposent nos modèles de développement ! Cette crise montre une nouvelle fois que le drame de l’Afrique résulte de deux phénomènes, très fortement liés. Premièrement, nous ne tirons pas suffisamment de l’Histoire les leçons qui, pourtant, s’imposent comme une évidence. Et nous sommes tellement amnésiques, que nous sommes condamnés, tel Sisyphe, à vivre un éternel recommencement.
Deuxièmement, nous avons renoncé en quelque sorte à écrire nous-mêmes les pages de notre histoire, puisque nous sous-traitons à d’autres, le soin de penser notre présent et de dessiner notre futur. Et pourtant, ce qu’il y a à faire est tellement à notre portée que nous n’avons finalement besoin que de nous-mêmes… Que devons-nous faire, à la lumière de cette crise ? Deux grandes offensives s’imposent, l’une contre l’ignorance et l’autre en faveur d’un amour plus fort pour notre continent.
Lancer une offensive contre l’ignorance
L'ignorance est le plus grand ennemi, à la fois de la démocratie et du développement. Des propos tenus, des comportements observés, des résistances identifiées depuis l’avènement des premiers cas de contamination, montrent à quel point l’ignorance s’avère dangereuse au sein d’une nation, surtout en période de crise. Largement amplifiés par les réseaux sociaux et les nouvelles technologies, les excès de langage et les comportements inadaptés, auxquels nous avons eu droit donnent l’impression que le temps du monde n’est plus nécessairement le nôtre. De fait, une grande offensive contre l’ignorance doit donc être lancée en Afrique. Une société régresse lorsque les bavardages de ceux qui ne savent pas, ou alors qui savent si peu, empêchent d'entendre les paroles de ceux qui savent ainsi que les retours d’expérience de ceux qui agissent.
Mieux enraciner dans l’élite africaine l’amour du continent
De ce point de vue, les élites, politiques, intellectuelles, religieuses ont aussi comme responsabilité de contribuer à faire reculer les frontières de l’ignorance. Y arrivent-elles ? Pas vraiment. Il faut même aller plus loin et reconnaître que les élites ne constituent pas une partie du problème en Afrique : elles sont devenues plutôt le problème, eu égard notamment à leur déficit d’amour concret pour l’Afrique. La grandeur des peuples et des nations se mesure également à l’aune de la volonté et de la détermination de leurs élites, politiques notamment, à s’engager pour défendre leur pays, leur patrie.
Une action d’envergure doit être menée auprès de ces élites pour qu’elles concrétisent dans leurs actes de tous les jours leur attachement à l’accomplissement et au rayonnement de l’Afrique. Cela passe par la promotion d’une éthique forte, d’un sens civique de haute tenue, du don de soi par l’exemplarité et d’un comportement citoyen à même de renforcer et l’individu et la collectivité. Cela est d’autant plus salutaire qu’il nourrit un sentiment d’appartenance à même de contribuer à un meilleur respect et de l’homme et de l’environnement imbriqués dans un même destin sur notre planète bleue. Cela fait sens en cette période où le Covid-19 a mis définitivement à nue notre fragilité commune dans un monde que nous n’arrêtons pas de martyriser. De quoi nous amener vers un monde où chacun jouera sa partition, un monde où l’Afrique n’aura pas la part congrüe. Cela nous amène à parler du pays que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos enfants, et pour nos lointains descendants ?
Quelle Afrique pour demain ?
Pour bâtir ce pays rêvé que nous léguerons aux générations, il sera nécessaire de mettre en œuvre d’autres systèmes éducatifs. Einstein rappelait, à juste titre, qu’on « ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème ». Les systèmes éducatifs en Afrique restent encore très largement héritiers d’autres écoles et cela signifie qu’ils fonctionnent encore selon des philosophies et des modèles importés. Bâtissons des écoles qui nous ressemblent et qui ressemblent au monde que nous voulons, pour nous-mêmes et nos enfants.
Installer une école « Fabrique de l’avenir »
L’école de demain aura pour préoccupation la société dans son ensemble. Elle s’appuiera sur notre histoire, nos organisations sociales passées pour mieux préparer à la fabrication de l’avenir. Le « mécénat-temps » doit en être le fondement, à travers une forte politique de services à la communauté, le tout dans un nouvel et fort élan de patriotisme. Elle abattra les murs et les remplacera par des ponts menant vers l’autre. Elle dessinera ainsi la société de demain dans l’apprentissage à la compréhension de l’autre.
Promouvoir une école « Fabrique des devenirs »
Voilà donc une école repensée, dans un espace éducatif riche de la diversité de notre continent, qui va pouvoir apporter à la jeunesse de nouveaux éléments qui n’existaient pas dans la zone où elle évoluait. La parole d’Achille Mbembé prend ainsi tout son sens en ce qu’il invite « à ouvrir le continent à lui-même ». De quoi se donner les moyens d’en puiser les multiples richesses humaines et de mieux façonner soin destin.
Consolider une école « Fabrique de valeurs »
Cette école nouvelle ne s’arrêtera pas là. Elle va accepter de briser la relation entre l’apprenant et le formateur. C’est dans ce cadre que les valeurs solides de civisme, de citoyenneté responsable, d’ouverture, de compréhension de l’autre pourront s’épanouir en partage. De quoi préparer une meilleure identification des besoins et des priorités de nos sociétés vers un projet plus global qui facilitera la cohabitation entre les hommes et, au-delà, entre les hommes et leurs divers environnements.
Voilà qui conduit à espérer, mieux à être persuadé, que cette école-là engendrera des élites décomplexées prêtes à s’investir pour toutes les Afriques et, parce que le Covid-19 nous a rappelés notre destin commun, pour l’Humanité. Si nous arrivons à ce résultat, la crise sanitaire du coronavirus aura, sans nul doute, été une piqûre salutaire.
Amadou Diaw est président du Forum de Saint-Louis.
PAR Pépessou
OUI OUSTAZ, LE RAMADAN SERA REPORTÉ
Le ramadan à la Sénégalaise... Celui fait des "ndoggus" de rue et ses quasi-extorsions de fonds qui l'alimentent, sera remisé aux placards
QUESTIONNEMENT ICONOCLASTE - Mes parents Hal Pulaars en riront ; simple délire de Sérère avant l'heure, apeuré par la perspective des tortures ventrales du ramadan qui pointe son nez à l'horizon ou vrai Oustaz et islamologue, Cheikh Ibrahima Faye diffusé par le site Cmédias TV et relayé par les réseaux sociaux, a fait le buzz cette semaine.
A juste ou erroné titre, il émet une hypothèse simple, mais quelque peu surréaliste. Partant du principe que le coronavirus frappe des personnes qui tombent malades et d'autres qui demeurent saines en apparence et que pour s'en prémunir, il est nécessaire de "boire toutes les deux heures une boisson chaude, puisque les méfaits du corona partent de la gorge" (sic), l'islamologue estime que le ramadan en vue peut être reporté. A condition, précise-t-il, que les médecins indiquent "clairement" et "par écrit" que le jeûne est incompatible avec la période de coronavirus, il vaut mieux alors, par précaution, décaler, du coup, le ramadan. Ah li nexul ?, aurait piaffé Wouly le jeune champion sérère !
Pour fonder sa thèse en droit islamique, le prédicateur rappelle que le bon Dieu "n'a demandé à personne de se suicider". Le Prophète (PSL), ajoute Oustaz Faye, a dit que "l'homme ne doit pas brader sa santé" (c'est ainsi que je traduirais niit du taylé boppam").
Cette sortie d'un Oustaz moins célèbre que les têtes de gondole habituelles pour lancer un débat iconoclaste, est témoin de ce que les médias sociaux ont entrainé comme avancée en matière de pluralisme médiatique. Désormais, parler des choses sérieuses, comme de celles qui le sont moins, n'est plus l'apanage des célébrités. Internet, au risque d'abus déplorables, contribue à déverrouiller l'espace médiatique et ne plus en faire l'affaire de ceux que le sociologue Bourdieu appelait les "fast-thinkers" ou intellectuels médiatiques, professionnels des plateaux et studios de radio ou télé.
Aie aie... je connais des gars, sérères comme hal pulaars, prêts à aller soudoyer, comme on le ferait pour les faux certificats médicaux, des docteurs pour valider la thèse d’Oustaz Faye. Pas seulement pour un report, mais une annulation pure et simple du ramadan 2020 ! Pour eux, cumuler angoisse de coronavirus et faim, ce serait trop ! Ree ba tass (à en mourir de rire !)...
UN PLAN MACKYSHALL - En attendant la fatwa de notre révolutionnaire Oustaz, nous pouvons l'assurer d'une chose au moins par anticipation : le ramadan n'aura pas lieu en 2020. N'allez pas vite en besogne, que vous soyez sérères ou hal pulaars ! Lisez bien la suite, car il y a lieu de préciser de quel jeûne il s'agit. Le ramadan à la Sénégalaise... Celui fait des "ndoggus" de rue et ses quasi-extorsions de fonds qui l'alimentent, sera remisé aux placards.
Le ramadan que l'on ne verra pas cette année, couvre-feu oblige, est aussi celui des séances de ‘’nafilas’’ le soir à la mosquée, bondée de monde, où le trafiquant de chanvre indien du quartier, néo-dévot, côtoie, entre autres fidèles, la rombière du coin, voilée depuis peu, ndeyssan, pour un mois de pénitence dont elle espère tirer réconciliation avec le miséricordieux Seigneur avant de baisser pavillon et retomber dans les deals charnels au bout d'une dizaine de jours d'un épuisant jeûne.
Le ramadan à la Sénégalaise est aussi celui des "conférences religieuses" initiées par des associations de quartier, d'entreprise, d'institution à la pelle et énorme bizness social-religieux, voire même politique parfois. C'est la période la plus adorée par les collègues d’Oustaz Faye avec des prestations qui valent de l'or pour les plus cotés d'entre eux. Oustaz Alioune Sall de la radio Sud FM (un bel exemple de fidélité médiatique !) a la franchise de dire, à qui veut l'entendre, que sa période de bonnes affaires est le ramadan, moment durant lequel il aligne les conférences planifiées, comme pour un artiste, par un manager.
Si les hôteliers et de nombreux autres secteurs économiques ne sont ni dos au feu ni ventre à table en ce moment, les prédicateurs sénégalais devront aussi, peut-être, recevoir leur part du "Plan Mackyshall", le Marshall à la Sénégalaise qui veut protéger le père de famille comme l'employé et l'entreprise. Un énorme défi ! Oui Alioune Sall, Taïb Socé, le sémillant Iran Ndao, le duo Gaye-Aïdara, la bande des orateurs thiessois aux speeches parfois à la limite du religieusement correct (ils aiment trop parler de sexe !), entre nombreux autres, ont bien besoin d'une aide d'urgence. Comme énormément d'autres, malheureusement ! Les sinistrés du coronavirus vont du vendeur de journaux qui se voit rejeter pour cause de soupçon de Covid-19, à l'abbé qui ne reçoit plus l'obole de ses paroissiens le dimanche, faute de célébration de messes, en passant par l'imam et le muezzin que la prière à domicile appauvrit aussi, aux mendiants qui n'ont plus de fidèles à solliciter à la sortie des lieux de culte, l'école privée qui ne voit plus de parents d'élèves venir s'acquitter des frais de scolarité... A des niveaux insoupçonnables !
Ce ramadan-là à la Sénégalaise a des chances nulles de prospérer cette année pour les mêmes raisons qui ont fait que le "ngalakh" de Pâques, qui ruine chaque année nos compatriotes chrétiens, pratique d'un bienveillant œcuménisme version pays de Senghor, est aux abonnés absents, ce week-end. Etat d'urgence, couvre-feu et riposte sanitaire obligent ! Ce ramadan-là, avec tout le folklore de belles dames superbement parées pour suivre les envolées lyriques d'un conférencier, ne sera pas au rendez-vous. 2020, une année zéro, écrivions-nous, il y a quelques semaines...
Les propos du Dr Aloyse Waly Diouf, Directeur de cabinet du ministre de la Santé, repris par la presse de cette semaine ("la guerre vient de commencer"), face au développement de cas dans les quartiers, doivent rappeler à tous que nous ne sommes pas encore au bout du tunnel. Et que long sera le combat. C'est peut-être le prix fort à payer pour ceux qui tiennent à passer, dans trois mois, une Tabaski comme les autres. Pour cela, il faudra renoncer, à force de rigueur, aux plaisirs et folklores habituels. C'est aussi une superbe occasion de faire place à un mois de ramadan d'un type inédit, fait cette fois-ci de sobriété et où les dépenses excessives et le tintamarre laisseraient la place au vrai esprit du carême qu'est un régime d'ascétisme et d'ambiance monacale.
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L'ÉTAT N'ENVISAGE PAS UNE ANNÉE BLANCHE
L’année académique sera saine et sauve. C’est en substance, la position défendue par le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, ce dimanche, 12 avril 2020, à l’émission le Jury du Dimanche (JDD), sur Iradio (90.3) et iTv
e-media |
Babacar FALL & Abdoulaye SYLLA |
Publication 12/04/2020
L’année académique sera saine et sauve. C’est en substance, la position défendue par le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, ce dimanche, 12 avril 2020, à l’émission le Jury du Dimanche (JDD), sur Iradio (90.3) et iTv. Face à Mamoudou Ibra Kane, le ministre a rassuré les parents d’élèves et le monde scolaire sur la situation actuelle qui prévaut sur l’école sénégalaise.
Pour freiner la propagation du Coronavirus, le chef de l’Etat avait pris une batterie de mesures. Parmi celles-ci, le renvoi des élèves en vacances pour une durée de 45 jours. Mais, pour le ministre de l’Education nationale, cette situation est loin d’être inquiétante. « Personne ne maitrise l’issu de cette pandémie. Mais, l’espoir est permis. La situation telle qu’elle évolue, nous osons espérer que, le 4 mai prochain, les cours pourraient reprendre », a-t-il déclaré.
Selon Mamadou Talla, les années académiques précédentes ont connu des perturbations beaucoup plus importantes. Des grèves qui duraient, parfois, jusqu’à trois mois. Pourtant, a-t-il rappelé, ces perturbations, relativement plus longues, n’ont jamais causé d’année blanche ou absence d’examens.
Fort de constat, le ministre de l’Education nationale exclut toute idée d’année blanche ou d’année invalide. « Nous ne sommes pas dans une dynamique où on peut parler d’année blanche. Les examens vont se tenir. L’année scolaire en cours a démarré le 1 octobre 2019. Elle devrait se terminer le 31 juillet 2020. Et jusqu’au moment de fermer les écoles, les cours se déroulaient dans d’excellentes conditions », a-t-il indiqué. Le ministre de poursuivre : « Nous sommes en train de perdre, en moyenne, un mois de cours. Mais, nous tenons a rassuré les parents que le quantum horaire sera respecté si tout se passe comme prévu. Et, au lieu de tenir l’examen début juillet, nous pouvons les décaler d’un mois ».
LA STRATÉGIE D’APPRENDRE À LA MAISON
Pour permettre aux élèves, surtout ceux en classe d’examen, de maintenir le cap, le ministre de l’Education nationale est en train de développer une stratégie dénommée : ’’apprendre à la maison’’. Le but est d’assurer la continuité pédagogique.
Pour le ministre, cette stratégie va permettre aux élèves de suivre les cours chez eux grâce aux nouvelles technologies. « Là où, il n’y a pas l’internet, le ministre de la Culture et de la Communication nous a attribué, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, la plateforme ’’Canal Education’’. Une télévision réservée uniquement à l’éducation », informe Talla.
À l’en croire, cette stratégie de cours à distance va même se poursuivre à la fin de la pandémie. « Il est inadmissible, dans ce 21e siècle, que les parents, les enfants ou les enseignants croient que l’enseignement et l’éducation ne peuvent se faire qu’entre quatre murs. C’est fini ça ! On aura l’école traditionnelle. Mais, on aura également l’enseignement à distance pour les élèves qui veulent être formés », renseigne Mamadou Talla.
LE DÉTAIL DES CONTRIBUTIONS À LA "FORCE COVID-19"
458 donateurs ont contribué à hauteur de 29 627 100 104 FCfa au fonds destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus
458 donateurs ont contribué à hauteur de 29 627 100 104 FCfa au fonds «Force Covid-19» destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus. Une mobilisation qui fait suite à l’appel lancé, il y a seulement dix-huit jours, par le Président de la République pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Des centaines de donateurs ont amassé près de trente (30) milliards de francs Cfa.
A travers le lien ci-dessous, Le Soleil vous livre en exclusivité les détails qui fondent un élan de solidarité peu commun.
Le chef de l’Etat a procédé ce samedi, au Port de Dakar, au lancement de l’opération de convoyage des vivres destinés aux ménages vulnérables dans le cadre de la riposte à la maladie à Coronavirus
Le chef de l’Etat a procédé ce samedi, au Port de Dakar, au lancement de l’opération de convoyage des vivres destinés aux ménages vulnérables dans le cadre de la riposte à la maladie à Coronavirus.
’’J’ai réceptionné ce jour le premier lot de vivres dans le cadre de l’aide d’urgence alimentaire. C’est aussi l’occasion de saluer le comportement responsable des sénégalais face à la pandémie. Le respect des mesures conforte les efforts du Gvmt dans la lutte contre la #covid19’’, a twitté Macky Sall, apparu sur des images, avec un masque de protection, aux côtés du ministre d du Développement communautaire et de l’Equité sociale, Mansour Faye.
Le chef de l’Etat a initié un programme d’aide alimentaire d’urgence doté d’une enveloppe de 69 milliards de francs CFA qui est tiré du fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Coronavirus (FORCE COVID 19) pour l’achat de 146 000 tonnes de denrées alimentaires au bénéfice d’un million de ménages éligibles.
Les forces de défense et de sécurité vont accompagner le processus, en collaboration avec l’administration territoriale, les élus locaux , la société civile.
Le président de la République a déploré le non-respect des consignes sanitaires, ajoutant que si ‘’la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’.
’’Si nous continuons à ne pas respecter les consignes sanitaires, la pandémie va demeurer et se propager. Si ça continue, on sera obligé de faire ce qu’on ne voulait pas faire, qui est d’ arrêter complétement la circulation. Si la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’, a-t-il dit.
Dans le cadre de la lutte contre le Coid-19, le Sénégal est sous état d’urgence, assorti d’un couvre-feu de 20h à 6h ; depuis le 23 mars.
Le président de la République a demandé, samedi, aux Sénégalais de respecter strictement les mesures de prévention individuelle et collective édictées par les autorités sanitaires.
Le chef de l’Etat a également insisté sur les cas de contaminations communautaires qui inquiètent les acteurs de la lutte contre le Covid-19.
’’Nous devons tout faire pour éviter les cas communautaires’’, a dit le président de la République, relevant que les cas de contaminations communautaires sont dus entre autre aux déplacements inutiles.
’’Tant que les cas communautaires sont toujours présents, la bataille sera difficile. Nous ne pourrons pas travailler correctement ou vaquer à nos occupations’’, a fait savoir Macky Sall.
Selon lui, il n’est pas question de tolérer ce qui se passe actuellement sur les plages, où des rassemblements de jeunes sont notés.
Macky Sall a félicité le personnel de santé et invité les populations à ’’ne pas dormir sur nos lauriers’’.
’’Nous avons des malades qui guérissent, mais il y a toujours des cas. La transmission communautaire est toujours présente’’, a relevé le président Sall, estimant que le Sénégal peut sortir de la pandémie.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a rapporté ce samedi 13 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 173 tests effectués.
Il s’agit de 12 cas contacts suivis et d’un cas issu de la transmission communautaire, a précisé Abdoulaye Diouf Sarr lors du point quotidien de l’épidémie.
Selon le ministre, 15 patients ont été déclarés guéris. L’état de santé des patients hospitalisés est stable, a-t-il assuré.
A ce jour, 278 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 152 guéris. Deux patients sont décédés et un autre a été évacué en France à la demande de sa famille. Les 123 patients restants sont sous traitement dans les établissements de santé.
Le ministre de la Santé a réitéré aux populations son appel constant au respect strict des règles d’hygiène édictées contre la maladie à coronavirus.
MACKY SALL N’ÉCARTE PAS LE CONFINEMENT GÉNÉRAL
’’Si nous continuons à ne pas respecter les consignes, la pandémie va demeurer. Si ça continue, on sera obligé de faire ce qu’on ne voulait pas faire, arrêter complétement la circulation. Nous devons tout faire pour éviter les cas communautaires"
Le chef de l’Etat n’écarte pas le confinement général si la maladie du Covid-19 ’’arrive à un certain niveau’’ de propagation au sein de la population, déplorant le non respect des consignes sanitaires édictées par les autorités.
’’Si nous continuons à ne pas respecter les consignes sanitaires, la pandémie va demeurer et se propager. Si ça continue, on sera obligé de faire ce qu’on ne voulait pas faire, arrêter complétement la circulation. Si la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’, a-t-il dit.
Le président sénégalais Macky Sall s’exprimait samedi au Port autonome de Dakar, lors du lancement de l’opération de convoyage des vivres dans les régions, dans le cadre de l’assistance aux ménages vulnérables.
Le président de la République a demandé aux Sénégalais de respecter strictement des mesures de prévention individuelle et collective édictées par les autorités sanitaires.
Le chef de l’Etat a également insisté sur les cas de contaminations communautaires qui inquiètent les acteurs de la lutte contre le Covid-19.
’’Nous devons faire pour éviter les cas communautaires’’, dit le président de la République, relevant que les cas de contaminations communautaires sont dus entre autre aux déplacements inutiles.
’’Tant que les cas communautaires sont toujours présents, la bataille sera difficile. Nous ne pourrons pas travailler correctement ou vaquer à nos occupations’’, a fait savoir Macky Sall.
Selon lui, il n’est pas question de tolèrer ce qui se passe actuellement sur les plages, où des rassemblements de jeunes sont notés.
Macky Sall a félicité le personnel de santé et invité les populations à ’’ne pas dormir sur nos lauriers’’.
’’Nous avons des malades qui guérissent, mais il y a toujours des cas. La transmission communautaire est toujours présente’’, a relevé le président Sall, estimant que le Sénégal peut sortir de la pandémie.
Le chef de l’Etat a initié un programme d’aide alimentaire d’urgence doté d’une enveloppe de 69 milliards de francs CFA qui est tiré du fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Coronavirus (FORCE COVID 19) pour l’achat de 146 000 tonnes de denrées alimentaires au bénéfice d’un million de ménages éligibles.
Les forces de défense et de sécurité vont accompagner le processus, en collaboration avec l’administration territoriale, les élus locaux , la société civile.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a rapporté ce samedi 13 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 173 tests effectués.
Il s’agit de 12 cas contacts suivis et d’un cas issu de la transmission communautaire, a précisé Abdoulaye Diouf Sarr lors du point quotidien de l’épidémie.
Selon le ministre, 15 patients ont été déclarés guéris. L’état de santé des patients hospitalisés est stable, a-t-il assuré.
A ce jour, 278 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 152 guéris. Deux patients sont décédés et un autre a été évacué en France à la demande de sa famille. Les 123 patients restants sont sous traitement dans les établissements de santé.
Le ministre de la Santé a réitéré aux populations son appel constant au respect strict des règles d’hygiène édictées contre la maladie à coronavirus.
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LES RECETTES PRÉSIDENTIELLES CONTRE LE COVID-19 FONT LE BUZZ
Les présidents ougandais et guinéen, Yoweri Museveni et Alpha Condé enflamment la toile. L’un pour s’être spontanément converti en coach sportif et l’autre pour sa recette pas moins insolite, tous deux dans la veine des solutions anti-coronavirus
Les présidents ougandais et guinéen, Yoweri Museveni et Alpha Condé font le buzz sur la toile. L’un pour s’être spontanément converti en coach sportif et l’autre pour sa recette pas moins insolite, tous deux dans la veine des solutions anti-coronavirus.
« J’ai dissuadé hier des personnes qui faisaient du jogging en groupe, s’exposant ainsi à des risques dans le cadre de la pandémie de COVID-19. Il n’est pas nécessaire d’aller dehors pour faire des exercices physiques. Voici une belle démonstration de la façon dont vous pouvez le sport entre vos quatre (4) murs et rester pour autant sain et sauf ».
Il s’en suivit une parfaite illustration faite d’un échauffement digne d’une émission de télé-gymnastie dont la tendance est en vogue dans des programmes de plusieurs stations de télévision de la place. L’auteur et l’acteur de cette mise en scène est contre toute attente, le chef de l’Etat ougandais Yoweri Museveni qui dans une vidéo d’un peu plus d’une minute trente seconde (1’30s) a revêtit ses habits de coach sportif, dans son vaste bureau tapissé de velours.
L’objectif étant de convaincre ses compatriotes à rester chez eux car dehors, le coronavirus continue de faire des victimes. Il s’est également s’agit pour Museveni, 76 ans, à la tête de l’Ouganda depuis 1986, soit 34 ans de pouvoir, de montrer aux yeux de son peuple sa grande forme malgré les effets de l’âge et des épreuves de la gouvernance.
Si en Ouganda, le sport à domicile est recommandé pour ne pas contracter le Covid-19, en Guinée, le président Alpha Condé, lors d’une virée inopinée ce jeudi 9 avril 2020 dans les rues de la capitale Conakry a rappelé à ses concitoyens les ravages de cette pandémie à travers le monde et en Italie principalement. « Vous avez vu ce qui est en train de se passer dans le monde. Avez-vous vu ce qui se passe en Italie ? », a-t-il lancé, avant d’inviter les Guinéens à appliquer les gestes barrières. A la surprise générale, le Chef de l’Etat va dévoiler sa “recette miracle” contre le Coronavirus. « (…) Ceux qui peuvent acheter du mentholatum peuvent le faire et se mettre dans les narines. Ensuite boire souvent de l’eau chaude », a-t-il prescrit.
Alpha Condé en se montrant dans les rues de Conakry venait ainsi de couper court aux rumeurs les plus folles sur son état de santé.
EDEM KODJO EST MORT
L’ancien Premier ministre togolais et ex-secrétaire général de l’OUA, est décédé ce samedi matin, en région parisienne, à l’âge de 81 ans
Le Togo est en deuil. L’ex-Premier ministre togolais et ex-Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine, Edem Kodjo est décédé ce samedi 11 avril 2020.
Qui est cet homme qui a marqué l’histoire du Togo ?
Edem Kodjo est né le 23 mai 1938 à Sokodé. Après son baccalauréat au collège St Joseph de Lomé, il fait des études supérieures à la faculté de Droit et de Sciences économiques à l’Université de Rennes où il est consacré meilleur étudiant de la Faculté en 1961. Il entre ensuite à l’École Nationale d’Administration de Paris (Promotion Blaise Pascal).
En 1964 il obtient son premier poste en tant qu’administrateur à l’Office de Radiodiffusion et Télévision Française. Il rentre au Togo en 1967 et est nommé secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances. Il devient directeur de la Société Nationale d’Investissement puis ministre des Finances et de l’Économie et plus tard ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
Dans la même période il est administrateur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et président du Conseil d’Administration de la même banque et à ce titre, appose sa signature sur les billets ayant cours dans les sept pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine. Il est nommé gouverneur de la Banque Africaine de Développement et président de l’Union Monétaire Ouest Africaine.
Edem Kodjo est, à la même époque, gouverneur suppléant puis gouverneur du Fonds Monétaire International de 1967 à 1976. Nommé ministre des Affaires étrangères, il préside le Conseil des ministres de l’Organisation de l’Unité Africaine, aujourd’hui UA, et le Comité des dix de la même organisation pour la libération des pays encore colonisés et pays dits de la Ligne de front. Il est élu secrétaire général de l’OUA de 1978 à 1983.
Après ses responsabilités continentales, il devient professeur associé d’économie de développement et d’études africaines à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) pendant une dizaine d’années. De retour au Togo, il participe activement au mouvement de revendication de l’État de droit et de la démocratie puis crée l’un des premiers partis de l’opposition, l’Union Togolaise pour la Démocratie en 1991, lui qui fut le premier secrétaire général du Rassemblement du Peuple Togolais, parti avec lequel il rompit dès 1978.
Membre de plusieurs sociétés savantes, il est le président fondateur de l’Institut Panafricain de Relations Internationales puis président de la revue Afrique 2000. Membre du Club de Rome de 1980 à 1990, il dirige de nombreuses études sur les relations internationales, l’économie et le développement.
Au plan intérieur, il fut président du collectif démocratique de l’opposition togolaise, COD II. Il est élu député du 4e arrondissement de Lomé à l’Assemblée nationale togolaise aux élections législatives de 1994. Il est deux fois Premier ministre du Togo : de 1994 à 1996 puis de 2005 à 2006.
Il fut président de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) suite à la fusion de quatre partis politiques. Il s’est aujourd’hui retiré de la vie politique active.
Il crée, en mai 2011, la fondation Pax Africana qui a le triple objectif de travailler à réduire les conflits sur le continent, proposer des solutions pour un développement intégral et authentique de l’Afrique et porter le panafricanisme.
Entre autres distinctions, Edem Kodjo est docteur honoris causa de l’Université de Bordeaux I, médaillé de Bronze de l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il est Grand Officier de l’Ordre du Mono (Togo) et Commandeur de la Légion d’Honneur (France). Il est titulaire d’une vingtaine de distinctions étrangères dont plusieurs « Grand Croix ». Il est également Officier des Arts et des Lettres (France).
Auteur de nombreuses préfaces d’ouvrages juridiques, économiques et littéraires, Edem Kodjo est lui-même un écrivain de renom. Il est auteur de Et demain l’Afrique, Paris, Stock, 1985 (Grand Prix littéraire de l’Afrique Noire, hors concours) ; L’Occident du déclin au défi, Paris, Stock, 1988 ; Africa Today, Accra, Ghana University Press, 1989 ; Au commencement était le glaive, Paris, Éditions de la Table ronde, 2004 ; Les Pères de l’Église, Lomé, Éditions St Augustin, 2008 ; Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire, Paris, Gallimard, 2010.
par Jean-Baptiste Placca
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MÊME UN POTENTAT SE DOIT D'ÊTRE PROTÉGÉ DE LA PANDÉMIE
Habré a beau avoir été condamné, marqué à vie par l’opprobre, son seul nom ravive encore notre douleur. Et il faut sans cesse résister à la tentation de se laisser porter sur les rivages de ce que Robert Badinter, a qualifié de justice expiatoire
Nathanaël Vittrant : Hissène Habré, l’ancien président du Tchad, qui purgeait, dans une prison dakaroise, une condamnation à perpétuité prononcée par les Chambres africaines extraordinaires, vient d’être autorisé à regagner temporairement son domicile, en raison des risques liés au Covid-19. Comment expliquer que ses victimes ou leurs familles s’en émeuvent autant ?
En plus d’être le tyran sanguinaire qu’a révélé son procès, Hissène Habré est un personnage malin, qui rusait depuis déjà de longs mois, afin d’échapper à sa prison. Légitimement, les familles craignent de le voir transformer ces vacances de précaution sanitaire en un retour permanent à la liberté. En même temps, si cet homme, bientôt octogénaire, devait être emporté, en détention, par le Covid-19, l’opinion serait très mal à l’aise, et même un peu gênée. Et ses partisans, comme sa famille, pourraient être tentés d’en faire un martyr. Un peu comme si on l’avait condamné à mort. Ce qui, pour reprendre la formule de Jean Jaurès, serait contraire à ce que l’humanité, depuis deux mille ans, a pensé de plus haut, et rêvé de plus noble. Même un potentat se doit d’être protégé de la pandémie. Car, l’extinction de la vie du bourreau n’a jamais suffi à apaiser la souffrance de quelque victime que ce soit.
Il n’empêche que, pour ses victimes et leurs familles, c’est quand même une annonce douloureuse.
Cela s’entend. Un de nos condisciples, un ami, figure parmi les victimes du régime Habré. Arrêté et exécuté en 1987 sur ordre de ce dictateur arrogant et impitoyable, Saleh Gaba, correspondant de l’agence américaine Associated Press au Tchad, était mon ami, à l’École supérieure internationale de journalisme de Yaoundé, puis, quelques années plus tard, à l’Institut Français de Presse, à l’Université de Paris II Panthéon-Assas.
Habré a beau avoir été jugé, condamné, marqué à vie par l’opprobre, son seul nom ravive encore notre douleur. Et il faut, sans cesse, résister à la tentation de se laisser porter sur les rivages de ce que Robert Badinter, un jour de très grande inspiration, a qualifié de justice expiatoire.
Le sinistre destin d’Hissène Habré doit inciter les hommes politiques africains à la réflexion. Dans les années 70 et 80, il était, sur l’échiquier politique tchadien, de temps à autre l’allié, mais plus souvent l’adversaire farouche d’un certain Goukouni Weddeye. Alors que Habré, à jamais déshonoré, proscrit, ruse pour changer de destin, se réhabiliter, Goukouni, lui, circule librement dans son pays et en dehors.
Qu’est-ce qui marque la différence entre les deux hommes ?
L’un a toujours été prêt à tout pour le pouvoir, et l’autre savait ne pas placer sa soif de pouvoir au-dessus de la vie de ses concitoyens. Vous ne pouvez imaginer à quel point le Tchadien Habré, 77 ans, fait penser au Soudanais Omar el-Béchir, 76 ans, despote, lui aussi, tombé il y a tout juste un an, donc dans l’actualité, toute cette semaine, et encore ce samedi, sur RFI. Tous deux se seront battus avec frénésie pour le pouvoir, ne reculant devant aucune atrocité. Et, à leur âge, ils sont toujours dans le déni et feignent pas de ne pas comprendre pourquoi ils finissent comme finissent les despotes et les tyrans sanguinaires.
EST-IL VRAI QUE L'ESSAI CLINIQUE DISCOVERY NE PERMET PAS DE TESTER LE PROTOCOLE DU PROFESSEUR RAOULT ?
Un vaste essai clinique européen teste actuellement plusieurs traitements, dont l'hydroxychloroquine, sur des patients atteints du Covid-19. Didier Raoult a déploré que cet essai ne reprenne pas précisément son protocole
Votre question fait suite aux déclarations du professeur Didier Raoult dans une interview accordée au journal en ligne Marcelle, à l’origine de nombreux commentaires et reprises. Dans cet entretien, après que Raoult donne son opinion selon laquelle «l’hydroxychloroquine fonctionne sur les cas modérés à sévères» (et plus lorsque les patients sont en réanimation), l’intervieweur observe que «l’essai clinique Discovery va être mené sur des patients très atteints». Le chercheur répond :«Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé.»
Plus loin, Didier Raoult explique que le seul traitement «qui a commencé à donner des résultats, c’est l’hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromycine». Le fait que l’hydroxychloroquine soit testée seule, dans le cadre de Discovery, sans combinaison avec l’azithromycine, a également nourri de vives critiques chez les défenseurs de l’approche du chercheur marseillais.
Bref rappel sur l’essai Discovery
L’essai Discovery vise à évaluer l’efficacité de quatre traitements (ou combinaisons de traitements) pour lesquels un effet sur le virus Sars-Cov-2 est jugé «plausible» au regard d’expériences préliminaires.
Cet essai est construit sur un modèle de protocole élaboré en janvier 2020 par l’Organisation mondiale de la santé, qui répond à de nombreux standards internationaux visant à garantir la fiabilité et l’utilité des résultats. En France, 25 établissements ont été mobilisés pour réaliser cette évaluation. Les premiers patients Covid+ ont été inclus le 22 mars. A l’échelle européenne, plus de 3 000 patients doivent être enrôlés.
Initialement, quatre stratégies devaient être évaluées : une impliquant des soins standards, et trois autres ajoutant à ces soins la prise soit de remdésivir, soit de lopinavir-ritonavir, soit de lopinavir-ritonavir conjugués avec l’interféron bêta. Si l’hydroxychloroquine ne figurait pas dans cette liste initiale, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a annoncé peu avant le lancement officiel de l’essai que la molécule serait également testée. Une décision justifiée par la récente publication, par l’équipe du Pr Raoult, de résultats qualifiés d’« intéressants » par Salomon – bien que très controversés par ailleurs.
Un essai qui concerne précisément les cas… «modérés à sévères»
Mais cette intégration n’a toutefois pas fait taire les critiques. Comme on l’a dit, il a tout d’abord été reproché à Discovery de n’administrer l’hydroxychloroquine qu’à des patients dans un état grave.
Une critique pourtant infondée. Les détails du protocole, enregistrés le 20 mars, sont très clairs : sont concernés tant les patients atteints de formes modérées de la maladie («ne nécessitant pas de ventilation non-invasive, d’oxygénation à haut débit, de ventilation mécanique, ou d’oxygénation par membrane extracorporelle») que les patients atteints de formes graves (pour lesquels ces assistances s’avèrent nécessaires). Autrement dit : des cas modérés à sévères…
«Je ne sais pas sur la base de quoi ils affirment que l’essai ne serait mené que sur des cas sévères», s’étonne Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm, experte en méthodologie, qui a récemment rejoint le Comité d’organisation international de l’essai européen Discovery. «Je vous confirme qu’il y a bien des cas modérés dans Discovery. Il y a également des cas qui sont déjà en réanimation – donc sévères – mais la majorité des patients inclus pour l’instant ne sont pas des cas sévères.»
Même étonnement de la part de Xavier Lescure, infectiologue et chercheur Inserm, investigateur principal de l’essai Discovery à l’hôpital Bichat. Non seulement Discovery «concerne bien les formes modérées à sévères», mais son protocole «n’empêche pas l’inclusion de patients qui sontau début de la maladie», bien au contraire. «Discovery s’attache à évaluer l’efficacité de traitements chez des gens dont on pense qu’ils ne pourront pas guérir seuls, c’est-à-dire des patients qui ont des facteurs de risques, chez qui la maladie pourrait évoluer en une forme grave. Dans Discovery, on les prend en charge dès que possible.» Le chercheur rappelle qu’il serait en revanche «contreproductif et dangereux d’exposer des patients sans facteur de risques et qui ont présenté peu de symptômes à des traitements dont les effets indésirables peuvent être graves».
A l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, qui ne souhaite pas faire de commentaire sur l’essai Discovery ou sur l’interview du Pr Raoult dans Marcelle, on nous rappelle que ce supposé critère des «cas sévères» dans le protocole Discovery est repris partout dans la presse. L’erreur peut être imputée à une formulation fautive d’un communiqué de l’Inserm daté du 22 mars. On peut en effet y lire, en contradiction avec le protocole même de Discovery, que «cet essai inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères du Covid-19».
Interrogée par CheckNews, la direction de la communication de l’Inserm explique avoir employé le mot «sévère» dans le sens de «nécessitant une prise en charge à l’hôpital». Un choix malheureux puisque le critère de prise en charge hospitalière concerne également les formes modérées de Covid-19. L’Inserm explique «avoir fait plusieurs précisions en ce sens, dans [les] points envoyés aux médias» : «Les traitements, dans Discovery, sont aussi bien administrés à des personnes admises en service de réanimation, qu’en service hospitalier "traditionnel", donc on ne peut pas dire que ce soit uniquement sur des cas graves, mais effectivement sur des cas [nécessitant] une hospitalisation.» En dépit de ces correctifs et d’un protocole clair accessible en ligne, l’information fausse reste propagée dans de nombreux médias, comme dans le Canard Enchaîné de mercredi.
A noter que si le Pr Raoult estime que son traitement «fonctionne sur les cas modérés à sévères», l’institut qu’il dirige à Marseille le propose également à tous les patient Covid+ qui ne présentent pas de contre-indication, y compris ceux dont l’état ne justifie aucune hospitalisation. L’essai Discovery ne porte pas sur ces cas, asymptomatiques à modérés, chez des personnes sans facteurs de risque.
Avec ou sans azithromycine ?
L’autre reproche à Discovery concerne le fait de tester l’hydroxychloroquine seule – et non pas en combinaison avec l’azithromycine, comme le préconise Didier Raoult. Nos interlocuteurs impliqués dans l’essai s’étonnent. «Pour le moment, les preuves scientifiques concernant la combinaison hydroxychloroquine plus azithromycine sont encore moins bonnes que celles qui concernent l’hydroxychloroquine seule, commente Xavier Lescure. Les résultats des études sur ces deux molécules sont loin de tous aller dans le même sens. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il y a des effets indésirables qui peuvent se potentialiser, notamment sur le plan cardiaque.» Mêmes constats du côté de Dominique Costagliola : «Il y a une bonne raison pour laquelle l’essentiel des études européennes [évaluant l’hydroxychloroquine pour la covid-19] ne s’intéressent pas à l’association avec l’azithromycine : il s’agit de deux médicaments qui ont le même type d’effets indésirables, à savoir perturber le rythme cardiaque et augmenter le risque d’arrêts cardiaques.»
Elle observe à son tour que «l’étude de l’équipe du Pr Raoult [publiée mi-mars] est, concrètement, la seule à ce jour [qui évoque l’éventuel effet in vivo] de la combinaison hydroxychloroquine et azithromycine». Or ses résultats ne justifiaient pas à eux seuls d’explorer la piste de l’azithromycine. «Cette étude compare trois groupes : des patients non-traités à l’hydroxychloroquine, des patients qui ont reçu l’hydroxychloroquine seule, et un troisième groupe qui a reçu l’hydroxychloroquine plus l’azithromycine… Ne revenons pas ici sur les critiques qui ont été faites sur les méthodes employées, et comparons simplement, dans les deux derniers groupes, le pourcentage de gens qui ont une charge virale "contrôlée" au sixième jour. Entre ces deux groupes, il n’y a pas de différence statistiquement significative. Autrement dit, avec cette étude, on ne peut pas dire si l’azithromycine apporte quelque chose.» Et la méthodologiste de poursuivre : «L’étude [de l’équipe du Pr Raoult] visait à évaluer l’intérêt de l’hydroxychloroquine seule face à la prise en charge standard. Pourquoi déclarer, moins d’un mois après avoir présenté ces résultats, par ailleurs très contestés, que l’hydroxychloroquine seule n’a aucun intérêt ?»
De son côté Xavier Lescure rappelle que «Discovery est un essai adaptatif, qui est ouvert à la possibilité d’évaluer de nouvelles pistes thérapeutiques, mais il faut que ces pistes soient méthodologiquement argumentées. Dès lors qu’on aura des arguments sérieux sur la combinaison hydroxychloroquine + azithromycine, Discovery pourra intégrer un nouveau bras d’étude». «Toutefois», résume-t-il, «si cette piste n’est pas explorée dans Discovery c’est que, pour le moment, elle n’est pas assez étoffée».
Ajoutons qu’indépendamment de l’essai Discovery, le CHU de Montpellier a annoncé ce vendredi le lancement d’un essai randomisé, Covidoc, pour tester l’efficacité de la bithérapie «hydroxychloroquine + azithromycine». Il impliquera également les CH de Perpignan, Narbonne, Béziers, Sète, Rodez et le CHU de Nîmes.