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30 avril 2025
Développement
LOUGA FACE AU CAS COMMUNAUTAIRE "LE PLUS COMPLEXE DU PAYS’’
La région est confrontée au cas de Covid-19 issu de la transmission communautaire "le plus compliqué à gérer" du pays, du fait de la "posture sociale’’ et de l’activité professionnelle du patient contaminé
La région de Louga est confrontée au cas de Covid-19 issu de la transmission communautaire "le plus compliqué à gérer" du pays, du fait de la "posture sociale’’ et de l’activité professionnelle du patient contaminé, a affirmé lundi le gouverneur de la région, El hadji Bouya Amar.
Vingt-quatre personnes ont été infectées après avoir été en contact avec cette personne dont on ignore la source de la contamination, et 139 autres, qui l’ont côtoyée, sont placées en quarantaine dans des hôtels et maisons de la région.
‘’Nous sommes en train de gérer le cas communautaire le plus compliqué du Sénégal, du fait de sa posture sociale et aussi de son occupation professionnelle, qui font que ses contacts sont épars, élargis et étendus. C’est un cas complexe qui mérite beaucoup de planification et d’anticipation’’, a-t-il expliqué.
Selon M. Amar, ‘’la meilleure façon d’aider à la limitation de la propagation de la maladie dans la région, ‘’est de rester chez soi et de ne sortir qu’en cas d’extrême urgence’’.
‘’Certains citoyens pensent que la pandémie ne les concerne pas’’, a-t-il regretté, soutenant que les contrôles vont être davantage renforcés sur les axes routiers reliant la commune de Louga aux autres localités.
‘’Sur le plan administratif et sécuritaire, il faut gérer la commune de Louga et l’isoler du reste de la région. Nous avions déjà anticipé en interdisant le transport entre villes et zones rurales’’, a-t-il dit.
El Hadji Bouya Amar a fait savoir que le comité de gestion des épidémies, dont il est le président, a acquis cinq termoflash sur fonds propres et en a reçu quatre autres de l’hôpital régional.
La gendarmerie a reçu trois termoflash, la police deux. Les sapeurs-pompiers en ont également reçu.
‘’J’ai pris un arrêté autorisant les éléments des forces de l’ordre à utiliser les termoflash au niveau des axes routiers en même temps que le contrôle administratif’’, a-t-il confié.
Entre autres mesures, le gouverneur a rappelé l’opération de désengorgement des marchés de la commune dirigée lundi matin par le préfet et le recasement des commerçants au stade Watel.
‘’Nous veillerons au respect de la distanciation réglementaire et des masques artisanaux sont en train d’être distribués dans les marchés’’, a-t-il dit.
"LES ANCIENS COLONS SONT PARTIS SANS ÊTRE PARTIS"
Il faut distinguer l'indépendance de la décolonialité, estime Felwine Sarr qui appelle les Etats africains à se réinventer pour recouvrer une souveraineté pleine et entière
" Les anciennes puissances coloniales sont parties sans être parties ", a déclaré Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais.
Il établit la distinction entre Indépendance et Décolonialité, à l'occasion des 60 ans d'indépendance du Sénégal célébrés récemment.
Pour Felwine Sarr, les Etats africains doivent se réinventer.
Une vidéo réalisée par Rose-Marie Bouboutou et montée par Alassane Dia.
CORONAVIRUS : "CE QUI FAIT TENIR LA SOCIÉTÉ, C'EST D'ABORD UNE BANDE DE FEMMES"
Christiane Taubira rend hommage aux femmes, "majoritaires dans les équipes soignantes, aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements"
Le ton martial ("Nous sommes en guerre") du président Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 16 mars dernier, n'était pas le bon, a jugé lundi 13 avril sur France Inter Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice. "Je pense que des femmes en situation d'autorité, de pouvoir, auraient abordé les choses différemment", a-t-elle ajouté. "Elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c'est d'abord une bande de femmes", a salué Christiane Taubira, rappelant qu'elles sont "majoritaires dans les équipes soignantes, aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements".
"Je n'ai pas envie de sombrer dans la facilité et dire que le président s'est trompé de registre, a déclaré Christiane Taubira. Il a probablement intentionnellement voulu secouer les consciences et bousculer les emportements. Ceci étant, je pense très sincèrement que des femmes en situation d'autorité de pouvoir auraient abordé les choses différemment.Plutôt que d'avoir recours à ce corpus viril, martial, sans doute qu'elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c'est d'abord une bande de femmes, parce que les femmes sont majoritaires dans les équipes soignantes - même si nous saluons aussi avec autant gratitude les hommes - parce que les femmes sont majoritaires aux caisses des supermarchés, parce que les femmes sont majoritaires dans les équipes qui nettoient les établissements qui travaillent encore, et qu'elles sont souvent majoritaires dans la fonction publique qui tient encore."
"Et elles le font depuis longtemps ou presque. Depuis toujours, ce sont les femmes qui portent les métiers de soin, le soin en général, dans sa conception la plus large", a expliqué l'ancienne Garde des Sceaux.
"Il ne s'agit pas de révoquer les hommes" pour autant, a plaidé Christiane Taubira. "Mais c'est un effet de loupe tout à fait intéressant et qui doit interroger la société, qui doit interroger le pouvoir dans sa nature, dans sa masculinité et dans ses projections viriles. Qui doit nous interroger, nous, parce que la source du pouvoir, c'est nous, nous sommes encore une démocratie. Qui doit nous interroger aussi sur l'impact du regard sur la société", a développé l'ancienne ministre, qui a rappelé que "le patrimoine, le corpus culturel des femmes, historiquement, est différent que celui des hommes, qui ont été dans des positions, de génération en génération, de domination".
AUDIO
"LE PAUVRE CHRIST DE BOMBA", PAR MONGO BETI
Récit iconoclaste des efforts apostoliques de l'Église catholique en Afrique, sur fond de suprématie coloniale, Le Pauvre Christ de Bomba du Camerounais Mongo Beti fit scandale lors de sa parution en 1956
Récit iconoclaste des efforts apostoliques de l'Église catholique en Afrique, sur fond de suprématie coloniale, Le Pauvre Christ de Bomba du Camerounais Mongo Beti fit scandale lors de sa parution en 1956. L’Église empêcha sa distribution au Cameroun et son éditeur Robert Laffont arrêta sa commercialisation. Roman anticlérical, anticolonial, mais avant tout une œuvre puissante et inventive.
Un titre incontournable
Paru en 1956, Le Pauvre Christ de Bomba compte parmi les dix romans africains incontournables. Son auteur, le Camerounais Mongo Beti, s’était fait connaître au début des années 1950 en publiant dans les pages de la revue Présence africaine, une critique cinglante de L’Enfant noir, roman du Guinéen Camara Laye. Intitulé « L’Afrique noire, littérature rose », l’article était une dénonciation en règle de l’« image stéréotypée de l’Afrique et des Africains » proposée par Laye. L’auteur reprochait à son confrère de présenter une Afrique paisible, belle et maternelle, alors que les populations du continent étaient victimes des pires exactions coloniales.
C’est d’ailleurs en réponse à L’Enfant noir que Mongo Beti qui avait alors 24 ans, a écrit Le Pauvre Christ de Bomba. Son narrateur est aussi un jeune garçon, mais l’histoire qu’il raconte est autrement plus traumatisante que celle de Camara Laye.
Récit des traumatismes de la période coloniale
Dans ce roman, Mongo Beti aborde la colonisation par son versant religieux. Son thème : les turpitudes au sein de l’Église catholique dans les territoires colonisés d’Afrique. On est plus précisément au Cameroun, dans les années 1930, dans la mission catholique de Bomba, sur laquelle règne en maître le révérend père supérieur Drumont. Ce dernier se fait appeler « Jésus-Christ » par ses ouailles et prend très au sérieux sa mission d’évangélisation, qu’il accomplit avec un autoritarisme certain. Il n’hésite pas, par exemple, à faire fouetter sur la place publique les auteurs des moindres inconduites antichrétiennes. On le voit aussi faire irruption pendant les fêtes païennes, allant jusqu’à briser en mille morceaux des instruments de musique des villageois.
Or, les certitudes du révérend père supérieur Drumont s’effondrent lorsqu’au bout de vingt ans de prêtrise en Afrique, à la faveur d’une tournée en brousse, il prend brutalement conscience des limites de son action apostolique.
Le triple échec du missionnaire en Afrique
Trop préoccupé par son souci d’imposer la moralité chrétienne et son obsession de la vie éternelle, le missionnaire n’a pas su répondre aux attentes réelles des populations qui réclamaient plus de savoirs scolaires et techniques pour sortir de leur sous-développement. Par ailleurs, - c’est l’autre grand échec du père Drumont -, en ne s’opposant pas fermement aux travaux forcés et autres injustices perpétrées par l’administration coloniale, il a laissé son Église se transformer en un simple « auxiliaire de l’asservissement des Africains ».
Plus dure encore sera la découverte que, profitant de sa négligence, ses plus proches collaborateurs locaux, ont transformé la maison des jeunes femmes de la mission en un lieu de débauche. Drumont est obligé de s’avouer vaincu et le roman bascule alors dans une tragédie quasi-racinienne, alors que les premières pages du livre pouvaient se lire comme une version de « Tartuffe » des temps modernes.
Une écriture inventive
Si les circonstances historiques que ce roman dénonce ont évolué, l’écriture inventive de Mongo Beti n’a pas vieillie. Agrégé de lettres, l’écrivain était un grand lecteur de Montesquieu, de Diderot et de Voltaire auxquels il avait emprunté leur sens de la parodie et de la dérision pour attirer l’attention sur les hypocrisies et les iniquités de son temps.
Le Pauvre Christ de Bomba se présente sous la forme d’un journal personnel, celui de Denis, boy dans la mission de Bomba. Cet adolescent qui va accompagner le Père Drumont pendant sa tournée dans la brousse, note dans son cahier les événements importants survenus au cours de ce périple, sans nécessairement en comprendre toute la portée. C’est à travers le prisme décalé de ces notations fidèles mais naïves des drames au quotidien de la confrontation coloniale entre Africains et Européens, que le lecteur saisit la grandeur et la décadence du personnage central, ainsi que les paradoxes de l’entreprise colonisatrice.
On est à un moment charnière de l’histoire africaine, et aussi de l’histoire de la fiction littéraire. Avec Mongo Beti, le récit ethnologisant des traditions africaines cède le pas à une approche réaliste et politique de la vie africaine, dévoilant les tensions et les conflits dont le continent est le théâtre. Voilà ce qui fait du Pauvre Christ de Bomba un grand roman, à lire ou à relire.
Le Pauvre Christ de Bomba, par Mongo Beti, est disponible dans la collection poche des éditions « Présence africaine ».
CHLOROQUINE ET COVID-19, OÙ EN EST-ON ?
Que sait-on de la si controversée chloroquine et son dérivé l'hydroxychloroquine, actuellement expérimentée dans plusieurs pays, aux côtés d'autres molécules, contre le coronavirus ?
C'est un dérivé synthétique de la quinine prescrit depuis plusieurs décennies contre le paludisme, un parasite véhiculé par le moustique.
La chloroquine est commercialisée sous plusieurs noms selon les pays et les laboratoires: Nivaquine ou Resochin par exemple.
Il existe un dérivé, l'hydroxychloroquine, mieux toléré, connu en France sous le nom de Plaquenil, utilisé contre le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde.
Le fabriquant du Plaquenil Sanofi répond ici à 5 questions sur l'hydroxychloroquine.
Pourquoi suscitent-elles de l'espoir?
Dans l'attente d'un hypothétique vaccin, sans doute pas disponible avant au moins un an, des scientifiques testent des médicaments existants et leur combinaison pour trouver au plus vite un traitement, comme récapitulé ici au niveau européen par l’Agence européenne du médicament.
Par rapport à d'autres molécules, la chloroquine et l'hydroxychloroquine ont l'avantage d'être déjà disponibles, bon marché et bien connues.
Avant même la pandémie de SARS-CoV-2, leurs propriétés antivirales ont fait l'objet de nombreuses études, in vitro ou sur des animaux et sur différents virus, comme l’explique ici Marc Lecuit, chercheur en biologie des infections à l'Institut Pasteur.
"Comme attendu", des tests (1 et 2) ont confirmé récemment qu'elles avaient bien "une activité antivirale sur le SARS-CoV-2 in vitro", poursuit-il.
Mais "cela n'implique pas nécessairement que ces drogues ont une activité antivirale in vivo chez l'être humain", note-t-il, citant "moult essais décevants".
"La chloroquine a montré une activité in vitro contre certains virus, notamment le chikungunya, la dengue et [différents types de] grippes mais les études in vivo sur des modèles animaux et des essais cliniques randomisés et contrôlés sur des humains ont été largement décevants", note aussi l’OMS.
La polémique scientifique...
Plusieurs publications, chinoises et françaises, font part de résultats positifs sur des patients atteints du Covid-19.
Deux études chinoises sont à retrouver ici et ici.
En France, le Pr Didier Raoult et son équipe à l'Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection ont conclu, dans deux séries de résultats (1, 2), à "l'efficacité de l'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine [un antibiotique] dans le traitement du Covid-19".
Mais l'Organisation mondiale de la Santé et nombre de scientifiques estiment impossible de tirer cette conclusion sur la base de ces seules études, en raison de la manière dont elles sont élaborées, en particulier parce que le nombre de patients est trop limité.
Certaines critiques sont résumées dans cette dépêche AFP.
Preuve de la complexité du sujet, cette autre étude chinoise n’a pas noté d’efficacité particulière de l’hydroxychloroquine, ainsi que cette petite étude française.
Les petites études menées jusqu’ici ne fournissent pas des preuves scientifiques d’efficacité, a résumé Anthony Fauci, directeur de l'institut national des maladies infectieuses aux Etats-Unis et conseiller du président américain sur la pandémie, lors d’une conférence de presse à Washington le 20 mars.
Face aux critiques, le Pr Raoult a mis en ligne vendredi sur le site de l'IHU le résumé d'une nouvelle étude – non encore publiée par une revue scientifique – portant cette fois sur plus de 1.000 malades, qui pour 95% d'entre eux avaient des symptômes de faible gravité.
Le chercheur y affirme notamment qu'après 10 jours, plus de neuf individus sur dix (91,7%) n'avaient plus de charge virale.
Mais pour Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur, en l'absence de groupe-témoin de patients (qui reçoivent un placebo), on ne peut pas savoir si le traitement est efficace.
"Ces résultats sont juste nuls et non avenus, ça ne nous apprend rien sur l'efficacité du traitement", estime auprès de l'AFP sa consœur Catherine Hill, qui souligne qu'au moins 85% des gens guérissent spontanément, sans aucun traitement.
En revanche, à rebours de nombre de ses confrères, le professeur Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), plaide lui aussi pour l'utilisation large et rapide de l'hydroxychloroquine.
Il est co-initiateur, avec d'autres médecins et deux ex-ministres, d'une pétition (près de 500.000 signatures) demandant une utilisation plus large de l'hydroxychloroquine ou à defaut, de la chloroquine pour les malades symptomatiques.
Le 1er avril, l'Agence européenne du médicament a souligné que l'efficacité de la chloroquine et de l'hydroxycholoroquine "restaient à démontrer dans des études".
C'est à cause de toutes ces inconnues qu'une très large partie de la communauté scientifique, ainsi que les autorités sanitaires françaises ou américaines notamment, appellent à des essais bien plus larges pour savoir s'il faut généraliser le traitement.
Le débat se focalise donc entre ceux qui appellent à la prudence, le temps de mener à bien ces essais, et ceux qui prônent une large utilisation du médicament au nom de l'urgence sanitaire.
"Ces interrogations ne veulent absolument pas dire que l'HC [hydroxychloroquine] n'a pas d'intérêt dans le traitement du Covid" mais "pour le savoir, il faut l'évaluer scientifiquement en suivant la méthodologie des essais cliniques", souligne Marc Lecuit.
... et politique
De fait, les controverses autour de l'hydroxychloroquine ont largement dépassé la sphère scientifique pour devenir, en particulier en France, un sujet de débat public et politique très médiatisé, suscitant des discussions enflammées mais aussi une pétition, de féroces empoignades sur les réseaux sociaux et même un sondage d'opinion.
En France, le Pr Raoult a reçu le soutien de personnalités politiques, comme le maire de Nice Christian Estrosi, le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau ou l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy.
Le président Emmanuel Macron a quant à lui rencontré jeudi plusieurs chercheurs travaillant sur des traitements potentiels, dont le Pr Raoult jeudi, sans qu'il s'agisse, selon l'Elysée, d'une "reconnaissance" de la méthode du chercheur marseillais.
Aux Etats-Unis, c'est le président Donald Trump lui-même qui s'en est fait l'apôtre officiel, malgré la prudence martelée par le Dr Anthony Fauci, son conseiller sur la pandémie.
Les risques
Médecins, chercheurs et autorités sanitaires mettent en garde contre un engouement précipité pour ces substances, à cause du risque de pénurie pour les malades chroniques mais aussi en raison des nombreux effets indésirables.
Ils sont nombreux et peuvent être graves, notamment rénaux, dermatologiques ou cardiaques. Un surdosage peut être dangereux, voire mortel.
Des cas d'intoxications ont été signalés en France ou au Nigeria et, aux Etats-Unis, un homme est mort après avoir ingéré une forme de chloroquine destinée aux aquariums.
En France, l'Agence du médicament a mis en garde vendredi auprès de l'AFP une nouvelle fois contre un traitement à base d'hydroxychloroquine seule ou avec l'azithromycine, en raison d'effets indésirables cardiaques.
Des effets indésirables qui ont conduit certains hôpitaux suédois à stopper le traitement par hydroxychloroquine, selon la presse suédoise.
Le Pr Émile Ferrari, qui dirige le service de cardiologie à l'hôpital Pasteur à Nice (Alpes-Maritimes), a indiqué mardi au quotidien local Nice-Matin avoir interrompu le protocole hydroxychloroquine + l'azithromycine chez une patiente en raison de "risques majeurs d'accident gravissime".
"Certes le Covid-19 tue mais il ne faudrait pas, chez des patients, dont l'évolution spontanée est favorable et en particulier chez des patients ambulatoires, que le remède soit plus néfaste que la maladie elle-même", ajoute le Pr Ferrari.
Qui l'utilise contre le Covid-19?
Compte tenu de l'explosion de demandes de chloroquine et d'hydroxycholoroquine depuis plusieurs semaines, on peut supposer que des médecins dans le monde entier en ont prescrit contre le Covid-19.
De fait, elles sont administrées à des malades dans plusieurs pays, en général à l'hôpital, selon des modalités différentes.
Elle est notamment prisée en Afrique subsaharienne, comme expliqué dans cette dépêche.
Vendredi, le laboratoire français Sanofi, qui démultiplie sa production, a annoncé faire don de 100 millions de doses d'hydroxychloroquine à une cinquantaine de pays pour traiter les malades atteints du Covid-19.
Mais ces médicaments ne devraient "être utilisés que pour des essais cliniques ou des programmes d'urgence" dans le cadre de protocoles stricts validés dans chaque pays, selon l'Agence européenne du médicament.
Aux Etats-Unis, l'agence du médicament (FDA) a autorisé l'utilisation, uniquement à l'hôpital, contre le Covid-19, "de manière adaptée, quand un essai clinique n'est pas disponible ou faisable".
La France a restreint l'usage de l'hydroxychloroquine à l'hôpital uniquement et seulement pour les cas graves.
L'Agence suédoise du médicament est allée plus loin et a décidé le 2 avril de limiter la prescription de chloroquine et hydroxychloroquine uniquement à certaines pathologies, non Covid-19, compte tenu du manque de données sur leur innocuité pour les malades du Covid.
Au Sénégal, de nombreux malades du coronavirus ont reçu de l'hydroxychloroquine en milieu hospitalier, tandis que la Grèce a relancé sa production et que le Maroc souhaite y recourir pour "les cas confirmés", l'Algérie pour certains cas.
Parallèlement sont lancés dans plusieurs pays des essais cliniques destinés à tester son efficacité selon un protocole respectant la stricte orthodoxie scientifique.
Le CHU d'Angers en France va notamment lancer ainsi une étude sur 1.300 patients (Hycovid), menée avec une trentaine d’autres hôpitaux nationaux.
Un essai européen baptisé "Discovery" a été lancé dans plusieurs pays, pour tester quatre traitements, dont l'hydroxycholoroquine, sur 3.200 patients dont 800 cas graves en France, selon l'Inserm.
L'OMS doit aussi lancer un vaste essai clinique international baptisé Solidarity, qui testera aussi 4 traitements expérimentaux, dont la chloroquine.
LES FINANCES DU FOOTBALL AFRICAIN FRAGILISÉES
Pour le moment, ce sont surtout les joueurs qui apparaissent en difficulté, mais le report éventuel du CHAN pourrait créer des tensions
L'arrêt des compétitions en raison du coronavirus n'est pas sans impact sur les finances du football africain, avec toutefois des répercussions variables selon les acteurs et les régions. Enquête.
L’arrêt des compétitions lié au coronavirus a également des conséquences sur le plan financier. Si pour l’instant, la CAF n’a pas de souci à se faire, des tensions pourraient apparaître dans les prochaines semaines. La situation des différents acteurs en témoigne. Actuellement confiné à Yaoundé où il est venu régler les détails techniques de diffusion du CHAN, le Directeur Général de l’UAR (Union africaine de radiodiffusion), Grégoire Ndjaka confie à Football365 Afrique que les chaînes TV ont déjà payé le CHAN : « quand nous avons vendu la CAN, nous avons vendu le CHAN au même moment. Ceux qui ont acheté la CAN ont automatiquement acheté le CHAN. C’est pour cela que je ne comprends pas souvent certaines réactions qui nous disent que c’est cher, mais c’était quand même douze compétitions qui étaient vendues au même moment. Donc, le CHAN est vendu. »
Selon un consultant en marketing spécialisé sur l’Afrique que nous avons joint, les droits TV et commerciaux ne connaissent pas de retard. Pour les compétitions de club, les droits sont versés en deux fois : la moitié après la phase de poules et le solde à la fin de la compétition. Quant aux rencontres éliminatoires de la CAN, elles sont payées en fin de compétition. Autrement dit, en l’état, seul le versement prévu en juin pourrait connaître du retard. Une situation qui confortent les déclarations, sur RFI, de Abdelmounaïm Bah sur la bonne santé de la CAF, dont il est le secrétaire général par intérim.
Clubs : l’Afrique subsaharienne en difficulté
Pour les clubs, la situation est forcément différente selon que l’on soit au nord ou au sud du Sahara. À l’arrêt depuis le mois de mars, les clubs marocains devraient pouvoir passer cette période si la crise ne dure pas plus de trois mois. « Qui dit plus de match dit plus de recettes de billetterie, plus de recette de sponsoring et de droits TV. C’est difficile pour tout le monde, mais les clubs marocains ont de la trésorerie. Ils vont tenir trois mois sans souci », assure une source proche du dossier. Plus au sud, le déficit structurel des clubs peut être plus problématique.
Pour Amadou Bangoura, Directeur Général du Horoya AC, unique équipe subsaharienne encore qualifiée en compétitions africaines (avec des clubs marocains et égyptiens), cette crise est « peut-être la goutte d’eau dans un vase déjà plein. Malgré notre qualification en demi-finale de la Coupe africaine, aucune entreprise guinéenne n’est devenue partenaire du club. Dans n’importe quel autre pays, nos résultats auraient été transformés en succès marketing. C’est une aberration surtout que dans le même temps, nous ne recevons aucune aide de l’État, ni de notre ministère de tutelle. » Le club historique guinéen peut continuer à faire face à ses charges, notamment salariales en raison de l’engagement de leur propriétaire, qui met son « patrimoine personnel au service du club. » Le dirigeant conclut en espérant que « le contexte ne s’éternise pas, avec une éventuelle incidence sur ses autres affaires. Tout est lié. »
Joueurs : le lourd prix de l’inactivité
Derniers acteurs impactés, les joueurs. Présent dans le groupe sélectionné pour le CHAN, Etta Bawak est actuellement retourné dans sa famille à Douala avec un programme de maintien en forme à respecter. Le joueur de Cotonsport de Garoua ne cache pas la difficulté actuelle : « c’est difficile. Tout est arrêté. Et comme vous savez, c’est en jouant qu’on a les avantages. Donc on prie le bon Dieu pour que le championnat puisse reprendre. » La situation des joueurs préoccupe également Hégaud Ouattara. « Je pense que dans les prochaines semaines, de nombreux clubs peuvent avoir des problèmes pour les paiements des joueurs, estime le conseiller en communication d’Ahmad. Déjà qu’en temps normal, les salaires représentent des difficultés en Afrique, si l’argent est rare, vous pourrez comprendre l’inquiétude et le besoin de trouver rapidement des portes de sortie. »
En conclusion, l’Afrique n’est pas encore en crise, comme l’Europe. Une très longue trêve pourrait toutefois entraîner des difficultés pour le football continental. Pour le moment, ce sont surtout les joueurs qui apparaissent en difficulté, mais le report éventuel du CHAN pourrait créer des tensions. La négociation des droits TV de la CAN 2021 pourrait présenter quelques, surtout si la compétition dédiée aux joueurs locaux n’est pas livrée à ce moment. Grégoire Ndjaka préfère rester positif : « nous sommes des hommes et nous devons nous adapter à toutes les situations que nous offre la vie et je crois que la CAF est aussi dans ces dispositions. »
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MESURES POLITIQUES TOTALITAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients - La crise du Coronavirus ne doit pas être utilisée comme un tremplin pour se défaire de l'étreinte de l'endettement - ENTRETIEN AVEC SERIGNE FALLOU DIENG
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 13/04/2020
Serigne Fallou Dieng, président du cercle des marabouts soufis, dénonce les méfaits des mesures gouvernementales qui écrasent le droit à la santé des patients. Deux patients souffrant d’autres pathologies sont décédés faute d’obtenir une autorisation de déplacement sur Dakar. Il déclare aussi qu’il n'est pas normal que la crise du coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements.
Comment analysez les mesures d’état d’urgence assorties de couvre-feu prises par l’Etat pour gérer la crise sanitaire ?
Quand la société est menacée et que l'État prend des mesures d’urgence, l’immense majorité des populations comprend la nécessité de la chose, consent à des sacrifices, fait ce que dit le gouvernement et se soumet aux impératifs du bon sens et de la raison. C'est pour cela que nous encourageons les mesures du confinement qui sont en en vigueur, ceci en guise de couper la chaîne de transmission rapide de l'épidémie. Donc nous sommes favorables aux mesures de quarantaine quand celle-ci retrouvent l'essentiel. Autrement dit, quand elles préservent des vies, endiguent la forte contagiosité et faire en sorte que le taux de létalité n'explose et que les services de réanimation ne soient pas en surchauffe.
Le Sénégal s’est ainsi résigné à vivre cloîtré, mais le peuple peine à prendre ses largesses avec le dogmatisme de l'establishment médical, pétri d'injonction contradictoire, naviguant au gré du vent médiatique, en dehors de tout consensus scientifique. Oui que la parole des médecins ait aujourd’hui la préséance, on le comprend bien. Mais elle ne saurait être quand-même celle qui soit exclusive. Les mesures barrières doivent être renforcées par la présence du "matériel barrage". Ceci est d'autant plus vrai que, les masques, premier équipement de protection de la pandémie ainsi que les dépistages à grande échelle deviennent le curseur raisonnable de toute analyse de riposte. Cela a permis à l'Allemagne d'enregistrer de meilleurs résultats et en Corée du Sud, Taïwan et Singapour d'en sortir avec brio. Mais force est reconnaître que la ville sainte de Touba est martyrisée par l'isolement et que sa population souffre et vivote. Celle-ci ne saurait nullement les boucs-émissaires de l'impéritie gouvernementale et de la corruption des ventes d'autorisation par certains de ses agents territoriaux. Trop c'est trop ! Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients qui doivent se rendre à Dakar aux fins des examens médicaux.
1000 milliards ont été débloqués par le chef de l’Etat pour venir en aide aux ménages et entreprises nécessiteux. Comment appréciez-vous une telle initiative ?
Quand j'écoutais le discours du président j'étais très ému, émerveillé d'un discours fort empreint d'humilité et d'humanité mais aussi plein d’accents sociaux et de la solennité républicaine marqueurs sémantiques d'une profonde conscience sur la dimension de la souffrance des Sénégalais. Seulement mon enthousiasme est vite désenchanté avec la modicité de l'enveloppe 69 milliards destinées à secourir les ménages sociaux. Une assistance sociale qui n'en est pas une, l'Etat a ainsi laissé au bord du chemin, les couches pauvres et démunies. Il n'est pas normal que la crise du Coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements, c'est-à-dire utiliser l'élan unitaire comme un moyen politique de sortie de la bulle des dettes extérieures. Cela avec comme cri de ralliement l’annulation des dettes. Le proverbe nous dit que c’est au pied du mur qu’on verra le maçon. Une stratégie de mobilisation et d’inclusion non politicienne doit être mise en œuvre. Ainsi faut-il penser à long terme la réorganisation de nos chaînes de valeur et de production.
Certains chefs religieux et prêcheurs prônent encore l’ouverture des lieux de culte pour lutter contre le Covid-19. N’est-ce pas là un danger ?
Je ne voudrais pas m'étendre sur cette question. Je veux être moins disert et peu expansif. Tout ce que je pourrais vous dire sur ce domaine, c’est qu'une véritable coordination entre confréries se fait toujours désirer au Sénégal. Pas de réelle organisation. Il n'y que des activistes politiciens commensaux. Et que l'activisme sans boussole mène à l'épuisement et aux désillusions. Je m'en arrête là ! Car l’heure n'est pas aux procès ! Le reste, c’est qu’en raison de ce fléau qui touche notre rapport à la foi et au culte, nous sommes tous obligés de vivre le confinement. Qui consacre un étrange moment où il n'y a plus de bain rituel, mais d'offices religieux diffusés sur la communauté virtuelle. Les pratiques religieuses se font dans la maison. Un étrange moment où l'on arrive à la conclusion que les espaces sacrés ne sont plus indispensables à la prière. Un peu partout dans le monde "un geste spirituel et symbolique" tient lieu aux rassemblements des fidèles. Les événements religieux musulmans à l'instar de la Pâque chrétienne et Pessa'h juif ont été toutes célébrés hors lieux de culte hors espaces sacrés.
L’isolement sanitaire ou la mise en quarantaine est, de nos jours, le moyen le plus important pour limiter la propagation des maladies infectieuses. En vertu de ce principe, on doit empêcher toute personne d'entrer dans les lieux où s'est propagé un type d'épidémie ou de se mêler aux gens qui s'y trouvent. Pareillement, on doit empêcher les personnes qui s'y trouvent d'en sortir. Qu'elles soient atteintes ou non par ladite infection. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) a clairement expliqué les principes de l'isolement sanitaire à travers plusieurs hadiths. Il a interdit d'entrer ou de sortir des régions touchées par la peste. Il a assimilé quiconque enfreindrait cet ordre au grand péché qui consiste à fuir devant l'ennemi sur le champ de bataille et quiconque ferait preuve de patience dans cette situation bénéficierait de la récompense d'un martyr. Un hadith rapporte : «Si vous apprenez qu'une épidémie ravage une région, ne vous y rendez pas et si vous vous trouvez dans une région frappée par une épidémie, ne la quittez pas.» Et même il est mentionné dans la Bible que le prophète Isaïe l'envisageait déjà au chapitre 26, verset 20 : « Entrez mon peuple dans vos maisons, restez enfermés le temps que la colère passe ! ». Ce verset, le Talmud dans le traité Baba Kama l'interprète ainsi : « quand il y a une épidémie, il faut s'enfermer chez soi. » Ce principe du confinement est un invariant de l'humanité. Ce temps est pour nous celui d'une hiérarchisation nouvelle. Cette crise ne débouchera pas forcément sur un nouveau monde, mais il y aura fatalement une réorganisation. Et les religieux doivent aider à réfléchir à cette résilience. Il faut que nous nous relevions tous ensemble sans haine et sans peur.
Certains optent pour un confinement d’autres pour un dépistage massif ? Selon vous quelle est la bonne formule ?
Ce conformément généralisé relève plus d’une « assignation en résidence surveillée ». En effet, cette privation totale pour tous de nos libertés n'est pas indiquée dans le protocole de lutte contre les épidémies proposé par l'OMS aux Nations. Lequel protocole stipule «dépistage et isolation des malades, soins gratuits pour tous, port du masque, renforcement des mesures d'hygiène pour toute la population». Le président Macky Sall n'a donc pas appliqué une mesure sanitaire, mais une mesure politique totalitaire, celle de l'assignation en résidence surveillée, et l'expérimentation par les instruments médiatiques d'une propagande de masse pour stigmatiser, dénoncer, surveiller, traquer, réprimer, emprisonner les récalcitrants avec l'appui de tous les moyens technologiques et informatiques modernes.
Votre mot de la fin sur la gestion de cette crise ?
Maintenant, il faut mettre un gouvernement de salut public auquel toutes les forces vives doivent se sentir associées. Car l'heure n'est pas aux procès, ni aux polémiques politiciennes. Et c'est au président de la République qu'incombe le devoir de mettre le pays à la hauteur des défis.
COVID-19 : UN QUATUOR POUR PLAIDER LA CAUSE DE L'AFRIQUE
Le sud-africain Cyril Ramaphosa, patron en exercice de l'UA a annoncé dimanche, la nomination d’un quatuor d’envoyés spéciaux chargés de mobiliser la communauté internationale pour une aide économique à l’Afrique face aux conséquences du coronavirus
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, président exercice de l’Union Africaine (UA) a annoncé dimanche, la nomination d’un quatuor d’envoyés spéciaux chargés de mobiliser la communauté internationale pour une aide économique à l’Afrique face aux conséquences du coronavirus sur le continent.
Il s’agit de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne ministre des Finances de son pays et ancienne directrice de la Banque mondiale, de Donald Kaberuka, ancien ministre du Rwanda et ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Ivoirien Tidjane Thiam, ex-patron de Crédit Suisse et du Sud-africain Trevor Manuel, ancien ministre des Finances de son pays. Concrètement, ils devront solliciter un « soutien concret et rapide, comme promis par le G20, l’Union européenne et d’autres institutions financières internationales » en vue d’aider les pays d’Afrique à faire face aux défis économiques auxquels ils sont confrontés.
«À la lumière de l’impact socioéconomique et politique dévastateur de la pandémie sur les pays africains, ces institutions doivent soutenir les économies africaines qui sont confrontées à de sérieux défis économiques avec un plan de relance complet pour l’Afrique, y compris une dette différée et des paiements d’intérêts », a indiqué Cyril Ramaphosa dans un communiqué publié dimanche.
«L’impact de la pandémie de coronavirus a été mondial à la fois à l’échelle et à la portée, ce qui nécessite une action internationale coordonnée pour permettre à tous les pays de réagir efficacement, mais plus particulièrement aux pays en développement qui continuent de supporter un fardeau historique de pauvreté, d’inégalité et de sous-développement», a-t-il ajouté.
En rappel, l’Afrique dénombre, ce dimanche, 13 814 cas confirmés de Covid-19 pour 747 décès selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. D’après le dernier rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, la croissance devrait fortement chuter dans la partie subsaharienne du continent, passant de 2,4 % en 2019 à -2,1 à -5,1 % en 2020, une première depuis 25 ans.
par Abdoulaye Bathily
LA CRISE DU COVID 19: LA FIN D’ UNE AUTRE HISTOIRE ?
L’entrée de cet infiniment petit qui fait l’effet de l’éléphant dans le magasin de porcelaine planétaire invite à la redéfinition des paradigmes d’une autre civilisation humaine fondée sur la solidarité
La pandémie du Covid 19 a pris les proportions d’un phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Jamais une crise sanitaire ne s’est propagée avec une telle violence affectant non pas un pays, une région mais tous les continents. Fukuyama avait-il parle trop tôt?
Les conséquences de cette tragédie montrent la vanité du triomphe du néolibéralisme arrogant, les plaies béantes des modes de gouvernance à l’échelle globale et nationale, les artifices des taux de croissance et d’émergence qui laissent en rade l’humain.L’entrée de cet infiniment petit qui fait l’effet de l’éléphant dans le magasin de porcelaine planétaire invite à la redéfinition des paradigmes d’une autre civilisation humaine fondée sur la solidarité.
Nous ferions fausse route en réduisant cette tâche nouvelle à un simple effacement ou à une réduction de dettes…il est question plutôt de réviser fondamentalement les conditions et finalités de la dette. Bâtir un système de relations politiques économiques et sociales plus juste. Du Business as usual nous exposera à une plus grande catastrophe à l’avenir.
Il faut en finir avec cette Histoire aussi pour une autre Histoire plus belle à la dimension de tout l’humain dont le Covid 19 a illustré l’identité fondamentale face à la stupidité des discours racistes, xénophobes et « exclusivistes » de tout acabit.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
RUFISQUE, VILLE RUINÉE (1)
EXCLUSIF SENEPLUS - La politique industrielle du Sénégal doit être corrigée - Comment des usines polluantes et dangereuses peuvent être nichées au cœur de nos villes, avec tous les risques que cela peut engendrer ? NOTES DE TERRAIN
Jeudi 9 avril 2019. Il est bientôt 16 heures. Nous sortons de l’autoroute, et prenons le chemin qui va à Bargny. Le sol en calcaire s'étend sur le lointain paysage. Des déchets sont jetés tout le long de l’accotement. Une fumée s’échappe. En filet mince. Un homme muni d’un tuyau jaune arrose une petite parcelle rectangulaire. Des terrains défrichés entourent sa culture de laitue. Un peu de fumier est disposé à côté. Quelques mètres plus loin, sur le bord de la route, d’autres individus s’affairent. Les uns piquent des semis. Les autres cueillent les fruits de leurs potagers. Certains tiennent des arrosoirs. Quelques-uns bavardent.
Des maisons bordent le chemin, sur le côté droit de la route. Elles sont, pour la plupart, en construction. Une pluie de poussière commence à barrer l’horizon. Le panorama est un peu apocalyptique. La Sococim se dévoile. Comme une balafre. Sa silhouette est large. Elle ne s’est jamais montrée autrement que sous cet aspect moche. Cendreux. Des camions reviennent des carrières et avancent vers l’entrée de l’usine. L'air qui s’infiltre dans la voiture est irrespirable. Une concentration élevée de particules obstrue l’atmosphère. La voiture qui roule devant nous piétine la poussière. Une nuée de poudre blanche vient se déposer sur le pare-brise. On n’y voit plus grand chose.
Un tapis de cendres. La Sococim défigure l’environnement entre Rufisque et Bargny. De l’autre côté, sur la route nationale, c’est le même paysage de désolation qui s’offre à nos yeux. Là-bas aussi, la poussière envahit la route et colonise les arbres. La vue splendide qui donne sur la mer, juste à l’entrée de Bargny, est gâchée. Les cendres qui proviennent de l’usine rendent le tableau grisâtre et laid. Trop vulgaire. Qui contraste avec la beauté naturelle de cet espace entre mer et forêt.
La Sococim, créée en 1948, est la première cimenterie d’Afrique de l’Ouest. Elle produit plus de 3,5 millions de tonnes de ciment chaque année[1]. L’entreprise est l’une des premières sources d’emplois de la ville de Rufisque. Sa main d’œuvre est constituée de 400 employés permanents et de 600 ouvriers temporaires[2]. Elle mène aussi des actions socio-économiques, à travers sa fondation. Elle est l’une des plus grandes contributrices au budget de Rufisque. Elle verse une patente d’un 1,3 milliard[3] chaque année à la ville.
La Sococim pollue. Beaucoup. Les quartiers riverains de l’usine sont directement impactés. Guy Murid, Arafaat, Kolobaan, Cité Castors, Cité Sococim, Joorga du côté de Rufisque. L’exposition des populations à la pollution va au-delà des quartiers alentours. Elle concerne toute la ville de Rufisque. Bargny aussi. L’activité de la Sococim a aussi une incidence négative sur les habitations. Avec les fissures et les dégradations causées par les explosions. Pour extraire le calcaire, la société procède à des tirs de mines. Les habitants doivent aussi subir les vibrations et les pollutions sonores. Ce sont les populations qui sont venues construire autour de l’usine, pourrait-on objecter. Cela ne dispense pas de penser les conséquences de l’activité de la cimenterie sur la santé et le bien-être des habitants de la ville de Rufisque. Et, au-delà, sur l’environnement.
L’indispensable métamorphose. Y a-t-il des solutions pour juguler cette bombe écologique ? Deux pistes sont envisageables. Il s’agit pour la première de délocaliser les habitations à proximité de l’usine. Ce serait un coût logistique et financier énorme. Que la Sococim et l’Etat pourraient prendre en charge. Une telle mesure permettrait de limiter les risques sanitaires. D’adopter un principe de précaution. La Sococim dit investir dans des technologies moins polluantes pour limiter son empreinte carbone. Mais ce n’est pas suffisant. Sans jouer au catastrophisme, il ne faut pas exclure la possibilité d’un accident industriel. Qui serait dramatique et inattendu.
L’autre solution serait le démantèlement de l’usine. L’Etat pourrait attribuer un autre site d’exploitation à la Sococim. Ici aussi les capitaux à dégager seraient très lourds. Les recettes de la ville de Rufisque s’en trouveraient affectées. Mais le bien-être des populations est prééminent. ll ne faut pas attendre une catastrophe industrielle pour apporter des changements radicaux. Ni la responsabilité sociétale de l’entreprise, ni le mécénat ne peuvent compenser les indispositions à l’environnement. Désaffectée, cette zone industrielle pourrait devenir une mini-forêt urbaine. Un poumon vert pour toute la région de Dakar. Mieux, ce serait une aubaine pour créer un grand espace-test pour le maraîchage.
Cela serait une occasion d'expérimenter des coopératives autogérées. Qui seraient des vecteurs d’emplois. Et pourquoi pas y développer des circuits économiques solidaires, ainsi qu’une agriculture urbaine. La municipalité, si elle est bien organisée, y trouvera des ressources additionnelles. Le fondement moral ne manque pas : le droit à la santé et à un cadre de vie salubre. D’ailleurs, la Constitution du Sénégal consacre “le droit à un environnement sain”. Rufisque doit mener sa transition. Et reconstruire un environnement naturel et bâti humainement décent. C’est un combat que la jeunesse rufisquoise doit porter.
La dépollution de la ville est un enjeu crucial. Elle doit passer par des décisions radicales. Il s’agit d’inventer et de mettre en exergue des politiques alternatives. Nous ne pouvons pas nous résigner et continuer d’accepter tous les spectacles désolants qui compromettent notre milieu de vie et notre santé. Dégradent l’environnement. Au-delà de la ville de Rufisque, c’est la politique industrielle du Sénégal qu’il faut corriger. Comment des usines polluantes et dangereuses peuvent être nichées au cœur de nos villes, avec tous les risques que cela peut engendrer ? Il y a une forme d’impensé dans la politique industrielle du Sénégal. Il ne s’agit pas uniquement de la grande dépendance de ce secteur vis-à-vis de l’étranger. Mais de son ancrage dans la société, et des problèmes écologiques qu’il soulève.