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4 mai 2025
Développement
MACKY SALL S'EN VA COMME PRÉVU LE 2 AVRIL
Le dialogue national a suggéré le 2 juin pour l'organisation de la présidentielle, mais le président sortant écarte tout allongement de son mandat. Il devrait saisir le Conseil constitutionnel incessamment
Selon les informations rapportées aujourd'hui par le journal Le Quotidien, le président sénégalais Macky Sall a affirmé qu'il ira jusqu'au terme de son mandat en quittant ses fonctions le 2 avril prochain.
Dans un tweet publié ce matin, le chef d'État a précisé sa position : "Le Dialogue national a proposé le 2 juin 2024 comme nouvelle date des élections présidentielles au Sénégal. Je remercie les forces vives pour ces assises. Toutefois je tiens à préciser que je quitterai mes fonctions au terme de mon mandat le 2 avril, comme je l'ai déjà indiqué. La date de mon départ reste absolument ferme."
Le Quotidien indique par ailleurs que va saisir le Conseil constitutionnel dès aujourd’hui afin de déterminer les contours de la transition en attendant l'organisation de la présidentielle à une date encore à déterminer indépendamment de la suggestion du dialogue national.
Le scrutin iniatialement prévu pour le 25 février avait été reporté moins de quelques heures seulement avant l'ouverture de la campagne électorale. Une décison entérinée par l'Assemblée nationale à travers le vote d'une loi. Mais le Conseil constitutionnel saisi par l'opposition a depuis déclaré ces deux actes contraires à la Constitution, demandant notamment l'organisation de la présidentielle dans les meilleurs délais.
PAR Dialo Diop
DE QUI LE PRÉSIDENT SORTANT SE MOQUE-T-IL ?
Ses ultimes et vaines manœuvres tendant à changer les règles du jeu, non plus en cours mais bien en fin de partie, prouvent à ceux qui en douteraient encore qu’il a perdu pied et donc tout contact avec le réel
Le président sortant Macky Sall, longtemps considéré comme un « maître du jeu politicien », se trouve désormais pris à son propre jeu. Réputé expert en manipulation du Parti-Etat pour asseoir son pouvoir personnel, le voici désormais acculé au double jeu en réaffirmant que « force doit rester à la loi » tout en se jouant de la loi fondamentale qu’est censée être une Constitution taillée et retaillée sur mesure…à des fins autocratiques !
Cependant, notre « monarque constitutionnel » se trompe à la fois de pays et d’époque, car l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Si le continent tout entier, avec sa diaspora d’Occident et d’Orient, ont les yeux rivés sur la crise électorale majeure en cours dans la plus vieille colonie française d’Afrique, c’est simplement parce qu’elle met à nu les contradictions fondamentales du monde contemporain. L’effondrement manifeste du prétendu « modèle démocratique ouest-africain » vient confirmer qu’il ne saurait y avoir d’exception aux lois de l’histoire, ni au Sénégal, ni ailleurs en Afrique et nulle part dans le monde…
Jugeons-en, faits à l’appui. Comment un jeune politicien « libéral », élu au suffrage universel direct, aurait-t-il pu, en une douzaine d’années de pouvoir « républicain », se convertir en un dictateur sanguinaire et impitoyable ?
Répondre à la question par des lieux communs tels que « le pouvoir rend fou… » ou que « la politique est l’art par excellence du mensonge et de la duperie » serait un peu court pour éclairer l’opinion africaine ou étrangère. Tandis que si l’on rappelle, d’abord, que le premier président de la « République arachidière » du Sénégal, L. Senghor, fondateur du système du parti-Etat, a régné vingt ans avant d’installer son dauphin, A. Diouf qui à son tour règnera aussi deux décennies, avant d’être congédié alors qu’il sollicitait un mandat supplémentaire.
Et qu’ensuite, l’avènement de Me A. Wade marquera la simple substitution de l’Etat-PDS au défunt Etat-PS, malgré l’adoption référendaire d’une « nouvelle » Constitution en 2001. En effet, hormis l’étiquetage idéologique autocollant du parti-Etat avec passage du « socialisme démocratique » au « libéralisme démocratique », rien n’a changé au fond dans la nature autocratique du pouvoir personnel du président. A tel point qu’au terme de ses deux mandats, Me Wade a tenté, sous le couvert d’une énième manipulation constitutionnelle, d’imposer un troisième mandat grâce à sa chambre d’enregistrement parlementaire au bénéfice de son fils Karim, alors « ministre du ciel et de la terre » ! Seul un soulèvement populaire, aussi massif qu’inattendu, nous a sauvés de cette forfaiture « libérale ».
Enfin, last but not least, à défaut de son propre fils, c’est son héritier politique, Macky Sall, qui va accéder à la « magistrature suprême ». Ce dernier ne va pas tarder à chausser les bottes de son maître, notamment en récusant la nécessaire « refondation de l’Etat et de la société » à laquelle il avait pourtant formellement souscrit, en signant sans réserve la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales. Une preuve éloquente en sera fournie ultérieurement avec la révélation par un jeune expert fiscal du nom d’Ousmane Sonko, dans son ouvrage « Pétrole et Gaz au Sénégal : Chronique d’une spoliation » (2017). L’on apprendra ainsi qu’à peine installé au « Palais du gouverneur Général », le nouveau chef de l’Etat, prenant connaissance des termes du contrat liant son gouvernement à la sulfureuse société privée Petrotim du tristement célèbre Frank Timis, s’était contenté de substituer le nom de son frère Aliou Sall à celui du fils de son prédécesseur, Karim Wade, comme gérant de cette funeste entreprise de pillage ! Tel est le point de départ de la confrontation sans merci qui va opposer l’ex-Inspecteur des Impôts et Domaines, devenu le seul et unique député de la Coalition « Ndawi Askan Wi », (2017) au président Macky Sall.
Depuis lors, cette adversité ira grandissante au point qu’au terme de cette législature, durant laquelle la figure du singleton Sonko s’était peu à peu imposée comme le principal, sinon l’unique représentant de l’opposition véritable.
C’est alors que l’option fut retenue de s’attaquer frontalement à ce trublion et à ses partisans de Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité). D’où une série de provocations politico-judiciaires, s’accompagnant d’une vague de répression sauvage, qui se solderont par des dizaines de morts par armes à feu et des centaines de prisonniers politiques, sous des prétextes aussi divers que fantaisistes (mars 2021) …
D’autant plus qu’en 2022, au moment du renouvellement de l’Assemblée nationale, la totalité des candidats titulaires de la liste nationale de « Yewwi Askan Wi » (YAW), la coalition qu’il dirigeait, s’est vu arbitrairement disqualifiée. En dépit de ce coup de Jarnac, à l’issue de ce scrutin législatif biaisé, la majorité sortante s’est pour la première fois retrouvée en ballotage défavorable, avec de nombreux suppléants de la liste YAW élus. Fait sans précédent dans les annales parlementaires du pays…
A partir de ce tournant historique imprévu, la panique s’est définitivement emparée du chef du parti-Etat APR, qui prit la funeste décision d’en finir une fois pour toutes avec cette menace mortelle pour son régime, mais au contraire porteuse d’espoir pour le peuple et surtout la jeunesse. Aussi, dès juin 2023, va-t-il déclencher une cascade d’opérations de démantèlement de Pastef et de liquidation de sa direction politique : meurtres en séries et emprisonnements massifs à travers tout le pays, interdiction et dissolution du parti, fermeture de son siège national, tentatives de saisie de ses comptes et moyens audio-visuels, etc.
Toujours est-il que cette campagne de terreur blanche ciblant exclusivement les cadres et militants de Pastef va se solder par un échec lamentable, dans la mesure où elle aura un effet exactement contraire à celui recherché : renforcer et consolider l’esprit de résistance dans les rangs du parti, et amplifier le soutien et la solidarité au sein des populations ; sans oublier l’attention et la sympathie dans l’opinion africaine et internationale.
D’autant plus, qu’au fur et à mesure de l’approche de l’élection présidentielle, les pressions combinées de nos concitoyens et autres compatriotes africains, auxquelles est venu s’ajouter le désenchantement, feint ou sincère, de ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale, ont finalement contraint le président sortant à renoncer publiquement à sa candidature à un troisième mandat anticonstitutionnel, mettant ainsi fin à son honteux « ni oui, ni non », tout en réaffirmant son prétendu « droit à postuler ». Comprenne qui pourra…
Quoiqu’il en soit, désormais « hors du jeu », tout en persistant à se comporter en « maître du jeu », voilà un président sortant qui, déjà sur le pas de la porte de sortie, entend continuer à modifier les règles du jeu en cours de partie… Ses ultimes et vaines manœuvres tendant à changer les règles du jeu, non plus en cours mais bien en fin de partie, prouvent à ceux qui en douteraient encore qu’il a perdu pied et donc tout contact avec le réel. Pourquoi libérer sans jugement des centaines de prisonniers politiques et en même temps embastiller Ngagne D. Touré ? Comment ose-t-il nous inventer à un énième « dialogue », après avoir fait ce que bon lui semble des « consensus » précédents ? Pourquoi, attend-il d’être sur le départ pour nous servir un « projet de loi d’amnistie » qui rappelle étrangement une certaine « loi Ezzan » de triste mémoire, alors que chacun sait qu’il s’agit essentiellement, sinon exclusivement, d’une amnistie pour soi visant à blanchir d’abord sa propre personne, les siens ainsi que la clique de prédateurs insatiables qui l’entoure ? Au demeurant, la présence à ses côtés ou sinon aux commandes, de son ex-mentor, ancien chef du précédent parti-Etat, avec son rejeton reclus dans la sinistre pénombre qatarie, notamment pour les ultimes coups fourrés juridico-politiciens, tout ceci devrait suffire à récuser toute offre politique provenant des camps dits « libéral » ou « socialiste », quelle qu’elle soit. Vous avez déjà fait la démonstration de votre incurie notoire.
La seule, unique et ultime décision que vos concitoyens attendent de vous est d’annoncer la date du premier tour du scrutin présidentiel, dans les limites temporelles fixées par le CC. Tout le reste n’est que balivernes ou menteries !
L’hypothèse la plus vraisemblable est que le président sortant et ses cliques dirigeantes ancienne et nouvelle, sont en train de se jouer de nous, ou, comme on dit vulgairement, de sa payer notre tête.
De qui donc le président sortant se moque-t-il ? Réponse imminente dans les jours à venir.
LE JUGE CONSTITUTIONNEL APPELÉ À TRANCHER
Macky Sall transmet sans tarder les conclusions du dialogue national au Conseil constitutionnel, gardien de la constitutionnalité des lois, afin de s'assurer de la légalité des pistes esquissées pour sortir le pays de l'impasse
Le chef de l’Etat va saisir le Conseil constitutionnel pour recueillir son avis sur les conclusions et recommandations du dialogue national clôturé, mardi, à Diamniadio, a-t-on appris de source officielle, mercredi.
“Conformément à l’article 92 de la Constitution, le président de la République saisira le Conseil constitutionnel pour recueillir son avis sur les conclusions et recommandations du dialogue national”, rapporte notamment le communiqué du Conseil des ministres tenu mercredi.
Les conclusions et recommandations issues du dialogue national seront officiellement remises au chef de l’Etat lundi 4 mars, lors d’une audience, a indiqué la source.
Les participants au dialogue national ont proposé que le chef de l’Etat prenne un décret convoquant le corps électoral le 2 juin prochain pour la tenue de l’élection présidentielle initialement fixée au 25 février dernier.
Ils ont également proposé que le président sortant, dont le mandat arrive à échéance le 2 avril, puisse rester en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
Selon le communiqué, le président de la République a magnifié la volonté d’apaisement, de pacification de l’espace politique, de réconciliation et de dépassement de l’ensemble des acteurs du dialogue national afin de préserver la stabilité du pays et de consolider un Sénégal uni, résilient et prospère dans la solidarité, l’équité et l’épanouissement de ses populations.
Il a remercié et félicité les participants et toutes les parties prenantes au dialogue national qui ont répondu à son invitation, à l’occasion de cette concertation, tenue les 26 et 27 février, qui a, encore une fois, “démontré la grandeur et le sens des responsabilités du peuple sénégalais, ainsi que la vitalité et le rayonnement de notre démocratie”, peut-on lire.
Une concertation pour déterminer la date de la présidentielle
Le chef de l’Etat a salué, lors la réunion hebdomadaire du gouvernement, “l’esprit constructif et républicain qui a marqué les travaux avec des propositions qui permettent de déterminer dans la convergence de vues, le réalisme et le consensus, un calendrier électoral ajusté, intégrant la nouvelle date de l’élection présidentielle”.
Seize des dix-neuf candidats retenus par le Conseil constitutionnel n’ont pas participé à cette rencontre, de même que plusieurs franges d’acteurs se réclamant de la société civile.
Cette décision est une des matérialisations de la crise politique que le pays traverse depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle qui devait déboucher sur le choix d’un successeur au président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
La convocation de cette concertation est le procédé choisi par Macky Sall préalablement à la détermination d’une nouvelle date pour l’élection présidentielle.
Il s’était notamment engagé le 16 février à “pleinement exécuter” une décision du Conseil constitutionnel invitant les autorités compétentes à fixer une date pour l’élection présidentielle, après que la juridiction a constaté l’impossibilité de l’organiser le 25 février, comme initialement prévue.
Dans cette même décision, le Conseil constitutionnel a jugé “contraire à la Constitution”, l’adoption par l’Assemblée nationale, d’une loi repoussant au 15 décembre prochain la tenue du scrutin.
Cette loi parlementaire a été votée le 5 février, deux jours après que le président de la République a annoncé, lors d’un discours à la nation, l’abrogation du décret par lequel il avait convoqué les électeurs aux urnes le 25 février.
Vague de libération d’activistes et de militants politiques
En prenant cette décision, le 3 février, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
S’adressant à la nation, le chef de l’État a souhaité l’organisation d’un “dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé”.
Selon la loi électorale, il faut être de nationalité exclusivement sénégalaise pour briguer la magistrature suprême au Sénégal.
Les membres du groupe parlementaire Liberté et démocratie avaient demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de “connexions douteuses”.
L’ouverture d’une information judiciaire a mis fin aux travaux de cette commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les accusations portées par le PDS contre des juges du Conseil constitutionnel.
Quatre personnes ont perdu la vie dans les violences qui ont émaillé les manifestations de protestation contre le report de l’élection présidentielle.
Ces victimes ont été enregistrées à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor lors de heurts ayant opposé des protestataires aux forces de l’ordre.
Ces évènements ont été suivis, quelques jours plus tard, par une vague de libérations d’activistes et de militants arrêtés dans le cadre d’activités en lien avec leur engagement politique.
LE PROJET DE LOI D'AMNISTIE VALIDÉ PAR LE GOUVERNEMENT
Ce texte, qui sera soumis à l'Assemblée nationale, vise selon le président à apaiser les tensions politiques et à tourner la page des affrontements du passé afin de favoriser une paix durable dans le pays.
Le Conseil des ministres a examiné et adopté, mercredi, en Conseil des ministres, un projet de loi d’amnistie des faits liés aux violences politiques survenues entre 2021 et 2024.
L’adoption du projet de loi par le gouvernement survient à la suite de la promesse faite par Macky Sall, lundi dernier, à l’ouverture du dialogue national, de proposer une ‘’loi d’amnistie générale des faits se reportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024’’.
Le projet de loi sera présenté à l’Assemblée nationale ‘’dans les meilleurs délais’’, selon le communiqué du Conseil des ministres.
‘’Dans un esprit de réconciliation nationale, je saisirai l’Assemblée nationale, après son adoption en Conseil des ministres, d’un projet de loi d’amnistie générale sur les faits se reportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024’’, a déclaré Macky Sall à l’ouverture du dialogue national.
Il faisait allusion aux violences politiques survenues notamment en 2021 et 2024, au cours desquelles de nombreuses personnes ont été tuées, blessées ou emprisonnées.
PAR Farid Bathily
LES SMARTPHONES ENTRE ÉVOLUTION ET RÉVOLUTION
Frappés par un manque d’innovation, les smartphones voient de nouveaux concepts d'appareils connectés fleurir, grâce notamment à l’intelligence artificielle
Le temps de grâce des téléphones dits intelligents est-il déjà terminé ? Ces appareils aujourd’hui indispensables dans la vie quotidienne et dont les premiers modèles sont apparus il y a plus de deux décennies pourraient bientôt connaître une nouvelle révolution.
Lentement mais sûrement, de nouveaux outils émergent avec la promesse de détrôner les smartphones voire de les remplacer à l’avenir. Avec l’explosion de l’intelligence artificielle (IA) et ses promesses, la rupture technologique semble plus que jamais à portée de main.
Des bracelets, anneaux, lunettes et autres montres intelligentes de plus en plus autonomes concurrencent déjà, depuis quelques années, les smartphones pour certaines tâches. Mieux, une nouvelle entreprise californienne nommée Human Inc. propose de changer le rapport de l’humain à l’écran.
Des projets futuristes
Son secret ? Un petit accessoire à porter sur soi tel un badge et qui concentre toutes les capacités d'un smartphone dans un format ultra-compact. Émissions d’appels, messageries, navigation sur internet... Tout y est possible à partir de la reconnaissance vocale et sans besoin de toucher le téléphone.
Le produit baptisé "Ai Pin" permet par ailleurs d’afficher certaines informations sur la paume de sa main grâce notamment à un système de projection laser. Des lentilles connectées et des puces cérébrales prendront peut-être prochainement le relais, offrant des interfaces encore plus naturelles.
À l’image de Neuralink, la start-up du milliardaire américain Elon Musk, qui travaille à rendre le contrôle des machines et technologies aussi simple et intuitif que la pensée, en connectant directement le cerveau aux appareils via une puce électronique.
Une industrie terne
Derrière ces projets dignes des films de science-fiction se cache le besoin de dépasser le stade du smartphone traditionnel. Car ce segment semble désormais avoir atteint ses limites en matière d’innovation.
Certes, les constructeurs continuent d'améliorer les performances de leurs appareils photo, les capacités des batteries ou la résolution des écrans. Mais ces évolutions sont bien ternes comparées aux avancées des premières années concernant les smartphones.
De quoi conduire à la mort de ces appareils ? "Le smartphone tel que nous le connaissons aujourd'hui ne sera définitivement plus l'interface la plus commune d’ici 2023", prédisait Pekka Lundmark, PDG de l’ex-numéro 1 des téléphones portables Nokia devenu obsolète avec l’arrivée des téléphones intelligents, en mai 2022 en marge d’un panel au Forum de Davos.
Samsung, Apple et les autres entreprises sauront-elles répondre à ces bouleversements annoncés ?
LA NUIT D'HORREUR DE PAPE ABDOULAYE TOURÉ
La Maison des Reporters a pu se procurer les images de la séance de torture endurée par ce militant dans une caserne de gendarmerie. Le nez en sang, suppliant, il est menacé : "Brisez-lui les jambes !"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/02/2024
Une vidéo consultée par La Maison Des Reporters jette une lumière nouvelle sur les violences policières dont a été victime l'activiste sénégalais Pape Abdoulaye Touré aux mains de gendarmes en juin 2023. D'une durée de seulement deux minutes, cette vidéo confidentielle versée au dossier judiciaire de l'affaire montre l'étudiant le nez en sang et l'œil rouge, entouré de nombreux gendarmes armés de matraques dans une salle exiguë.
Selon les images décrites par La Maison Des Reporters, Pape Abdoulaye Touré supplie le "Chef Sow" présent: "Est-ce que je peux parler ?". Mais l'un des gendarmes rétorque cruellement: "Brisez-lui les jambes !". Pendant l'interrogatoire, un autre agent tente à plusieurs reprises de verser sur Touré le contenu d'une bouteille contenant un mélange abrasif de sable et d'eau, destiné à rendre les coups plus douloureux.
Ces faits trouvent leur origine dans l'arrestation de l'activiste le 1er juin 2023, en marge des manifestations contre la condamnation d'Ousmane Sonko. Alors qu'il rentrait chez lui après une discussion téléphonique avec sa compagne, Pape Abdoulaye Touré a été intercepté par des individus se réclamant d'un membre du gouvernement, qui l'ont menacé: "C'est la dernière fois que tu parleras!". Craignant pour sa vie, il a réussi à appeler à l'aide un gendarme non loin de là, qui l'a conduit dans les locaux de la caserne de Leclerc.
C'est là que commencera son calvaire, comme en atteste la vidéo glaçante. Pendant de longues heures, les gendarmes lui infligeront coups et blessures, lui causant une double fracture à la jambe et à la main ainsi que de multiples hématomes. Réclamant en vain de pouvoir prouver son identité, Touré sera accusé faussement de complicité avec Ousmane Sonko. Il passera finalement 9 mois derrière les barreaux.
Après sa libération, l'étudiant présente encore des séquelles psychologiques importantes selon son médecin. Injustement exclu des universités publiques, il n'a toujours pu terminer sa licence. "Rien que cela peut suffire à te traumatiser", déplore le praticien. « Parfois je me demande si je suis réellement Sénégalais », confie amèrement Touré, toujours soumis à un acharnement qu'il peine à comprendre.
La Maison Des Reporters indique que ses tentatives pour recueillir la version des faits des autorités militaires sont pour l'instant restées sans réponse.
MACKY SALL SOUS PRESSION POUR TRANCHER RAPIDEMENT
Le président doit se prononcer sur une nouvelle date de l'élection. Mais ses adversaires le soupçonnent de vouloir gagner du temps. Le Conseil constitutionnel lui a rappelé les limites de son mandat. La décision à venir promet de nouvelles secousses
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/02/2024
Le président Macky Sall doit bientôt annoncer sa décision concernant la date de l'élection présidentielle au Sénégal, initialement prévue le 24 février mais reportée à une date ultérieure. Selon des sources proches du dossier citées par l'Agence France Presse (AFP), le chef de l'État sénégalais pourrait se prononcer rapidement sur le sujet, fort des recommandations issues d'un "dialogue national" tenu lundi et mardi.
Ce dialogue réunissant quelques centaines de responsables politiques, religieux et de la société civile a abouti à un "large consensus" sur plusieurs points, notamment la tenue du scrutin après le 2 avril, date de la fin théorique du mandat présidentiel de Macky Sall. Certains participants ont évoqué le 2 juin comme date possible pour le premier tour, quand d'autres parlaient de juillet. Le consensus prévoirait également que Macky Sall reste en fonction jusqu'à l'investiture de son successeur, potentiellement au mois de juillet si le scrutin avait lieu le 2 juin.
Ces préconisations sont toutefois rejetées par une partie de la classe politique et de la société civile sénégalaise, alors que 17 des 19 candidats en lice ont boycotté le dialogue national. Ces opposants soupçonnent Macky Sall de vouloir gagner du temps pour avantager son camp ou s'accrocher au pouvoir. "Macky Sall et ses complices oublient juste un détail: si tous les partis politiques du Sénégal, l'ensemble de la société civile, les candidats officiels ou recalés, se mettaient d'accord, leur consensus ne saurait prévaloir sur la Constitution", a déclaré sur les réseaux sociaux l'opposant Thierno Alassane Sall.
De son côté, le président sortant se défend de toute ambition de se maintenir illégalement à la tête de l'État. Il met en avant des risques de troubles pour justifier le report initial du scrutin. Mais le Conseil constitutionnel sénégalais avait rappelé le 15 février dernier que "le mandat du président (...) ne peut être prorogé" et que "la date de l'élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat". L'instance suprême place donc la barre très haute concernant une éventuelle prolongation de Macky Sall. Son arbitrage sera déterminant dans ce dossier épineux qui exacerbe les tensions politiques au Sénégal.
L'annonce imminente de la décision présidentielle sur la date des élections est donc très attendue. Elle devrait donner plus de visibilité sur l'avenir politique et institutionnel complexe dans lequel le pays est actuellement plongé.
par Madieye Mbodj
TOURNER LA PAGE DE LA MÉTHODE MACKY SALL
Le pouvoir Macky-APR-BBY est de plus en plus isolé, paniqué et en mauvaise posture : user de dilatoire, divertir, diviser, puis choisir le bon moment pour attaquer et réprimer, telle est la méthode favorite du Macky
Dans un premier communiqué de février 2024, les partis de ‘’la Gauche du Macky’’ regroupée au sein de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS), mettaient en garde contre tout report de l’élection présidentielle du 25 février, report à leurs yeux « juridiquement impossible et politiquement inopportun ».
En effet, précisaient-ils fort justement, « il n’existe dans le pays aucune crise institutionnelle, aucune interruption du fonctionnement régulier des institutions pouvant justifier un tel report » ! Mais curieusement depuis lors, la CDS a choisi de ne piper mot, sous le prétexte de « chercher des informations » avant toute nouvelle prise de position !
Pourtant, le Comité Central du PIT, parti membre de ladite entité, dans sa résolution générale en date du 18 février 2024, enfonce le clou en soulignant « la grave crise politico-judiciaire inédite et complexe liée à l’élection présidentielle, provoquée et nourrie par diverses manœuvres entreprises pour le report de l’élection présidentielle en violation des dispositions de la Constitution » !
Mais les militants du PIT qui animent le Comité de la Plateforme de Réflexion /CPR Dooleel PIT, n’ont pas tardé à réagir, en dénonçant la prétendue « stratégie de large rassemblement » d’un parti qui se fait « le porte-parole de la violence d’Etat, de la dictature rampante, de la démission nationale et de la liquidation de nos acquis démocratiques » (CPR-Communiqué du 25 février 2024).
Comment la direction d’un parti prétendument de gauche peut-elle aspirer à « faire véritablement barrage aux velléités impérialistes et néocoloniales », tout en se faisant le chantre d’un « compagnonnage subalterne avec les franges réactionnaires de la bourgeoisie politico-bureaucratique » (Idem, ibidem) ? N'est-ce pas tout simplement de l’inconséquence, pour ne pas dire pire ?
Sur le même registre, quel crédit peut-on accorder aux thuriféraires du pouvoir et à leur président devenus subitement les promoteurs zélés de l’inclusivité, en même temps que « les défenseurs de la souveraineté nationale », opposés d’une part, à toute mainmise impérialiste sur nos ressources pétrolières et gazières, d’autre part aux ’’intrusions des médias étrangers d’occident dans notre vie politique intérieure’’ ?
Le débat pourtant est clair et l’invite du Conseil constitutionnel (C.C) à l’endroit du président de la République et de ses services compétents, demande explicitement, dans la décision du 15 février : i) de garantir le respect des institutions et de leurs décisions, conformément aux dispositions de la Constitution ; ii) d’organiser l’élection dans les meilleurs délais et, en tout état de cause, avant le 2 avril 2024, date de la fin constitutionnelle du mandat présidentiel en cours,; iii) de ne mettre en compétition à cette élection que les 19 candidats dûment validés par la décision du C.C en la matière.
Si le représentant de l’église n’a fait que rappeler ces vérités dans son intervention, ferme sur les principes, à l’occasion du cérémonial d’ouverture, ce 26 février 2024, du « énième dialogue national » du président Sall, ce dernier quant à lui fait montre d’une position bien singulière en matière d’application des lois de la république. Rappelons qu’il a pourtant publiquement prêté serment, en jurant « devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, » (Article 37 de la Constitution).
Le chef de l’Etat-Parti APR-BBY aurait dû simplement préciser : les dispositions de la Constitution et des lois qui arrangent mon camp et mes intérêts ! Car tout le monde sait, à commencer par le président lui-même, qu’en l’état actuel de notre loi fondamentale, « les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles » (Article 92 de la Constitution).
Que valent alors tous les discours enjôleurs sur la sacralité de la loi, les envolées lyriques sur la démocratie, l’État de droit, la République, la transparence, la justice ou l’inclusivité et le dialogue, si seuls comptent en réalité les calculs, le bon-vouloir, les désirs et ‘’la vérité’’ du Monarque de la République (« Le président-Dieu, notre dieu terrestre autoproclamé », pour reprendre les termes du professeur Makhtar Diouf) ? Qui donc a décidé, sans consultation, d’arrêter le processus électoral par un décret illégal pris à quelque 10 heures du démarrage officiel de la campagne ? Qui a donné son onction au vote d’une proposition de loi anticonstitutionnelle prolongeant la durée du mandat présidentiel en cours ? Deux textes déclarés d‘ailleurs nuls et non avenus par le Conseil constitutionnel ! A quoi bon chanter les ‘’vertus africaines’’ de la paix et du dialogue, hors souci de la vérité, de la justice, de la dignité et de l’honneur ?
Trêve alors d’hypocrisie et de balivernes sur des catégories trompeuses et fourre-tout du genre « classe politique » et « société civile », utilisées par certains milieux ou porte-voix du pouvoir dans le dessein cynique de faire croire à l’opinion publique : ‘’ils sont tous pareils'’ ! Tous corrompus, tous sans foi ni loi, tous mus par leurs seuls intérêts, et patati et patata ! Ces gens-là naturellement voient le monde, et tout le monde, à leur propre image, et profondément vautrés dans le confort douillet de leurs insolents privilèges, ils prient tous les jours pour que rien ne bouge, que rien ne change ! Changeons nos mentalités et nos comportements, changeons nous-mêmes pour changer le Sénégal et l’Afrique ! Tels de vrais charlatans au pouvoir, nos adeptes de la politique politicienne ont artificiellement créé une crise institutionnelle, mal ficelée du reste, en installant d’abord la suspicion au sein des « sept Sages » du C.C, puis en cherchant à opposer ce dernier au Parlement, à travers un simulacre de ‘’Commission d’enquête’’, (mise sur pied en ‘’mode fast track’’ sur la base de simples soupçons de corruption, non étayés - le présumé corrupteur étant curieusement d’ailleurs le Premier ministre et candidat désigné du pouvoir APR-BBY !), puis à travers le vote d’une ‘’loi constitutionnelle’’, jusqu’au tout dernier plat réchauffé de ‘’dialogue national’’ au Centre Abdou Diouf de Diamniadio ! Autant de stratagèmes cousus de fil blanc en accord avec leurs nouveaux alliés et complices du clan des Wade-PDS ! Effet de boomerang, pan sur le crâne : à force de ruses, la crise artificielle est aujourd’hui devenue une vraie crise, dont nul ne sait vraiment comment en faire sortir indemne notre cher pays le Sénégal !
Mais ni les faux dialogues, ni les lois d’amnistie faisant fi de la démarche de principe : vérité, justice, réconciliation, ne sauront rencontrer l’agrément des forces progressistes, démocratiques, sociales et citoyennes de notre pays, sa jeunesse en tête, qui continue de lutter contre la misère sociale, le chômage, la vie chère, pour la libération de tous les détenus politiques, pour une école et une santé de qualité, etc., avec l’espoir et la perspective d’un Sénégal meilleur dans une Afrique unie, libre et prospère. Comme le dit un adage de chez nous, wiiri wiiri, jaari ndaari : après douze longues années de wër-wërloo avec les peuples du Sénégal et de l’Afrique, il urge de tourner la page de « la méthode Macky Sall », la méthode de tous les adeptes du système néocolonial de servitude volontaire, de prédation et d’autocratie. Il est venu en effet le temps où le Sénégal de « la deuxième République des Senghor-Diouf-Wade-Macky » est mûr pour céder la place au « Sénégal de la troisième République », juché sur les épaules des Conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), nourries de toutes les expériences, positives comme négatives, tirées de nos parcours de lutte depuis 1960, 1968, 1988, 2000, 2011, 2021 jusqu’à 2024, pour n’en citer que quelques étapes marquantes. Le pouvoir Macky-APR-BBY est de plus en plus isolé, paniqué et en mauvaise posture : user de dilatoire, divertir, diviser, puis choisir le bon moment pour attaquer et réprimer, telle est la méthode favorite du Macky. Aux patriotes, démocrates et progressistes d’en tirer les conséquences, pour rester plus que jamais organisés, unis, mobilisés et déterminés, dans la confiance, la sérénité et la vigilance, jusqu’à la victoire finale.
Madieye Mbodj, membre de la Coalition Diomaye Président.
LA DATE DU 2 JUIN FAIT POLÉMIQUE
Pour l'opposition, cette option signifierait prolonger illégitimement le mandat de Macky Sall. Mais le camp présidentiel balaie ces accusations d'un revers de main, assurant respecter le droit et la décision du Conseil constitutionnel
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/02/2024
La proposition faite mardi 27 février par le dialogue national voulu par le président Macky Sall de reporter l'élection présidentielle au 2 juin suscite des débats. En effet, une partie de l'opposition critique vivement cette "proposition illégale et non négociable" car elle créerait un vide juridique : le mandat du président Sall arrivant à échéance le 2 avril, il resterait en fonction malgré tout jusqu'à la nouvelle date de scrutin.
"Cette proposition est totalement illégale et non négociable", a affirmé Amadou Ba, responsable de la Coalition "Diomaye président" qui soutient le candidat Bassirou Diomaye Faye, emprisonné, cité par RFI. Selon lui, "reporter l'élection à quatre mois supplémentaires avec en supplément la proposition que le président Macky Sall reste au pouvoir durant cette période est une fraude aux décisions du Conseil constitutionnel". Ce dernier avait en effet décidé que le scrutin ne pouvait se dérouler au-delà du mandat présidentiel se terminant le 2 avril.
Du côté du Parti démocratique sénégalais (PDS), qui a participé au dialogue, on se félicite car son candidat Karim Wade, recalé par le Conseil constitutionnel, pourrait voir sa candidature réintégrée. Cependant, pour Babacar Gueye, constitutionnaliste et membre du collectif "Aar Sunu Élections", qui a boycotté le dialogue, fixer la date au 2 juin serait remise en cause la décision du Conseil constitutionnel.
Face à ces critiques, Maguette Sy, secrétaire nationale chargé des élections au parti au pouvoir interrogée par RFI, estime qu'elles relèvent de la "mauvaise foi". Selon elle, "les choses vont suivre leur cours" et c'est au président Sall qu'il reviendra in fine, par décret, de fixer la date du scrutin.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
DEGLU WAXU MAG
Le président Macky Sall apprend avec deux ans de retard et un énorme gâchis que c’est par là, c’est-à-dire le dialogue qu’il mène aujourd’hui avec Ousmane Sonko, qu’il aurait dû commence
En juin 2022, au lendemain de la scandaleuse annulation par le Conseil constitutionnel — décidément récidiviste en la matière ! — de la liste nationale des titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi aux élections législatives de juillet de la même année, Laye Bamba Diallo et moi avions rédigé en commun un éditorial. L’objectif était de demander au président de la République, en sa qualité de maître du jeu, non seulement d’apporter des correctifs à cette injustice qui venait d’être faite à la composante la plus radicale de l’opposition mais aussi, plus généralement, de prendre des mesures de nature à apaiser la situation. De se hisser à la hauteur de la situation, ou au-dessus de la mêlée, pour jouer son rôle d’arbitre. Nous lui avions donné l’exemple du roi français Henri IV qui, pour mettre fin à l’effusion de sang français provoquée par les guerres de religions, s’était converti au catholicisme en s’écriant « Paris vaut bien une messe ! »
Entre les lignes, nous suggérions au Président de tendre la main à l’opposition afin de régler tous les contentieux par le biais d’un dialogue. Nous lui avions rappelé à cette fin la table ronde organisée en son temps par le président Abdou Diouf en 1992 afin de définir de nouvelles règles consensuelles du jeu électoral. Des règles qui, pour l’essentiel, tiennent toujours. Je reproduis d’ailleurs dans ce journal cet éditorial commun qui nous avait valus les foudres du président de la République. Il ne nous les avait pas exprimées directement mais les retours que j’ai eus personnellement de ce texte c’est que Macky Sall était entré dans une colère noire contre ma modeste personne en particulier et s’était écrié : « Ne me parlez plus de celui-là ! »
De fait, depuis la parution de ce fameux éditorial, je n’ai jamais eu le moindre contact, ni direct, ni indirect, avec lui. Personnellement, j’avais aggravé mon cas, si l’on peut dire, puisque j’avais rédigé par la suite plusieurs papiers pour lui demander de négocier directement avec Ousmane Sonko !
Les sécurocrates prennent les commandes !
Bref, à l’époque, le président de la République ne voulait pas parler de négociations, de dialogue, de concertations ni même de rencontre avec Pastef et Sonko. Il entendait se donner les moyens d’écraser ce parti et ses militants, son leader en tête, comme des mouches. Sur les conseils de ses sécurocrates, il est allé acheter — à coups de dizaines de milliards — des armes sophistiquées, des équipements de maintien de l’ordre et de cybersurveillance dernier cri, a recruté à tour de bras des policiers et des gendarmes, maintenu les militaires qui devaient être libérés, rappelé sous les drapeaux des soldats retraités, octroyé toutes sortes de primes pour maintenir ou augmenter le moral de la troupe.
Gonflé à bloc par des courtisans qui lui disaient que c’est un « thieddo », c’est-à-dire le descendant d’une lignée qui préfère la guerre à toute autre chose, Macky Sall a endossé les habits de Samba Guélaguédji, ce fabuleux héros qui s’enhardissait à mesure que les balles tonnaient. Il s’est vu comme un chevalier Bayard sans peur et sans reproche et a multiplié — ou tenté — les expéditions guerrières tout au long de son magistère. Au nom de cette conception guerrière de l’Histoire, il a envoyé notre armée guerroyer en Gambie pour y rétablir… la démocratie. Il a aussi voulu l’enrôler dans la coalition internationale formée par le prince Mohamed Ben Salman d’Arabie Saoudite pour combattre les rebelles houthis au Yémen. Plus récemment, il avait déjà mobilisé un contingent pour aller déloger les putschistes nigériens !
Pour en revenir au sujet de ce papier, après que le président Macky Sall s’est surarmé, une véritable chasse à l’opposant s’est alors ouverte, une traque contre les jeunes gens qui commettaient le « crime » de militer à Pastef ou d’exprimer une quelconque sympathie pour son leader. Encore une fois, plutôt que de trouver une solution politique à une crise éminemment politique, le président a voulu la régler par la répression et sur les plans sécuritaire et judiciaire. Bien évidemment, des entrepreneurs de la tension et des rentiers de la peur ont profité de cette situation pour s’enrichir à milliards…
Plus de 50 morts, environ 1800 prisonniers politiques, des milliards de francs de dégâts matériels et une économie à l’agonie plus tard, le président se rend compte à la fin de son magistère de l’impasse dans laquelle il s’était engagée. Avec, je l’ai dit, les encouragements de ses sécurocrates et de ses faucons qui, au fond, sont les seuls gagnants dans cette répression tous a azimuts qui a déferlé sur notre pays deux ans durant.
Dire pourtant que le président de la République aurait pu faire l’économie de la crise que nous vivons depuis 2021 et de tous les dégâts humains et matériels de son bras de fer avec Pastef ! De ce bilan immatériel, aussi, qui assombrit son magistère. Deux ans de gâchis pour se rendre compte de la vanité — voire de la prétention — de réduire l’opposition à sa plus simple expression.
Mieux vaut tard que jamais et le président Macky Sall apprend avec deux ans de retard et un énorme gâchis que c’est par là, c’est-à-dire le dialogue qu’il mène aujourd’hui avec Ousmane Sonko, qu’il aurait dû commencer. Ah, s’il avait écouté les « grands » que nous sommes et s’était abstenu de traiter leur éditorial de juin 2022 par le mépris !
PS : Je n’ai pas discuté de ce papier avec Laye Bamba Diallo et l’assume donc entièrement tout seul. Lui travaillant pour le service public, il ne faudrait surtout pas que mes écrits puissent lui porter préjudice !