SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
28 avril 2025
Développement
par Siré Sy
SENGHOR, LA CAROTTE ET LE BÂTON (1/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans sa méthode de gestion de crise, l'ancien chef de l'Etat pouvait se révéler d’une brutalité inouïe et d’un art maîtrisé de la manœuvre périlleuse - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un chef d’Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group en partenariat avec SenePlus vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave !’’. Pour cette première épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Léopold Sédar Senghor (Léo le poète).
Sous Senghor, la gestion de crise, en tant que Management de la Très Haute Performance, était avant tout, Poésie et Figures de style. Tantôt en analogie (en comparaison, ou en métaphore, ou en allégorie, ou en personnification). Tantôt en substitution (en métonymie, ou en synecdoque, ou en périphrase, ou en antonomase). Mais toujours en Rhétorique et en Style. Dans son Style de gestion de crise ‘’l’heure est grave’’, le président Senghor, est poète en la matière. S’il n’est pas l’acteur principal, il en est le metteur en scène ou alors le réalisateur. Jamais dépassé par les événements. Dans sa Méthode de gestion de crise, Senghor pouvait se révéler d’une brutalité inouïe et d’un art maîtrisé de la manœuvre périlleuse. Au point que Senghor, tout en gérant et incarnant le pouvoir politique d’Etat, savait aussi jouer tantôt les figures de l’opposition (en antithèse, ou en antiphrase, ou en oxymore), tantôt jouer les figures de l’amplification (en hyperbole, ou en gradation, ou en répétition).
Le président Senghor, durant sa présidence (1962-1981) a eu à faire face à trois crises de magnitude ‘’secousse du régime’’: une crise politique, une crise universitaire et une crise alimentaire. Le président Senghor, au chapitre de sa gestion de sa crise politique de 1962, s’en est sorti haut la main, en parvenant à caporaliser le pouvoir judiciaire et faire coffrer Mamadou Dia, à la suite d’une parodie de justice. Avant de régner pendant vingt ans sans tempêtes politiques majeures ; en instaurant l’hyper-présidentialisme, un monarque républicain. Au chapitre de sa gestion de sa crise universitaire de Mai 68 qui a failli l’emporter pour de peu, lui et son régime, le président Senghor a pu redresser la barre et reprendre les choses en main, in-extremis, au prix de plusieurs concessions et compromis accordés. Enfin, le président Senghor va faire face à la pire crise alimentaire qu'a connue le Sénégal, la crise de la famine due à la grande sécheresse des années 1973-1974. On n’avait jamais vu une telle sécheresse au Sénégal, écrira le président Senghor, dans l’un de ses formidables textes. Le président Senghor se sortira de cette terrible crise alimentaire - la famine -, en s’endettant auprès du FMI et de la Banque mondiale. C’est d’ailleurs, l’acte fondateur des relations Sénégal-Institutions de Bretton Woods, qui jusqu’à ce jour, nous tiennent la gorge. Pour gérer cette crise, Senghor va s’offrir à l’Aide au Développement et ouvrir le Sénégal sur les marchés du Capitalisme libéral.
En 1980, le président Senghor a vu venir à vive allure et en grande chevauchée, un Nouvel Ordre Mondial, un nouveau Monde : la Mondialisation/Globalisation. Sentant qu’il a fait son temps et réalisant qu’il faut changer complètement de disque dur mental pour affronter les défis et les pièges du Monde Nouveau (la Mondialisation) qui pointait à l’horizon, Senghor organise sa succession en 1981, en se choisissant son propre successeur- un homme de son temps à l’époque -. Éminemment poète et foncièrement intellectuel, Senghor au sommet de son art, a préféré partir quand tout le monde lui demandait de rester que de rester quand tout le monde lui demandera de partir.
Lundi 1er Juin 2020, votre épisode (2/4) portera sur le président Abdou Diouf - Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’
EXCLUSIF SENEPLUS - Tu ne m’empêcheras pas de dire gloire aux travailleurs de tous ordres : médecins, personnels soignants, forces de sécurité. Authentiques soldats de la Nation, qui avez su répondre au rendez-vous de l’Histoire (français & wolof)
Et partout sur terre d’Est en Ouest, du Nord au Sud
Toi qui brises les reins des économies
Qui fermes écoles et instituts Mosquées et Eglises
Maudit sois-tu et retourne en enfer
Auprès de tes diables de frères !
Toi qui as pris en otage la société entière
Cadenassé à double tour rues et domiciles
Maudit sois-tu et retourne en enfer
Auprès de tes diables de frères
Tu ne m’empêcheras pas pourtant de dire
Gloire à vous braves combattants et combattantes
Gloire aux travailleurs de tous ordres
Médecins, personnels soignants, forces de sécurité,
Authentiques soldats de la Nation
Qui savez en l’être humain apprécier la dignité
Soulager et le corps et le cœur et l’esprit et l’âme
Vous concitoyens qui aimez ce pays
Savourez les mélodies de tous ces artistes
Qui sensibilisent et qui préviennent
Admirez tous ces artisans et tailleurs
Confectionnant pour nous tenues et masques
De jour et de nuit sans jamais se lasser
Fantastiques tous ces jeunes
Prodiges et as des nouvelles technologies
Honneur aux chercheurs et aux créateurs
Vous témoins actifs et féconds de votre propre histoire
Qui avez su répondre présents au rendez-vous de l’Histoire !
Vérité hier vérité aujourd’hui :
« L’Homme est le remède de l’Homme »
Et je puis rajouter et je puis affirmer :
« L’esprit critique et de discernement e
Et le remède de l’Homme »
Concitoyens compatriotes, il est venu le temps
De nous secouer de nous remettre en question
Le temps de nous abreuver de savoir et de science
De nous armer jusqu’aux dents
D’esprit critique et de discernement
Pour être sevrés à jamais des berceuses qui endorment
Et des mensonges qui aliènent.
Au combat, citoyens ! Au combat, patriotes !
A la tâche encore à la tâche
Sans fatigue ni relâche
Avec en bandoulière la foi immense
En nous-mêmes, en notre peuple, en notre avenir
Les yeux fixés vers le même horizon
Parcourant ensemble le même chemin de lumières
Pour la dignité du genre humain
Aujourd’hui et demain.
Version Wolof
KORONAA, MBAS MA LA !
Mbas ma la bόoxun ma la subόoxun ma la !
Yaw miy tëral yaw miy rey
Di yee fitnë di rëccal fit yi
Yaw miy jaxase xel yi tey lëmbé àddina si
Kow ba suuf ndeyjoor ba càmmoñ
Mbas ma la yaw miy nërméel koomkoom
Di tëj lekkool yeek daara yi Jumaa yeek jàngu kërcaan
Mbas ma la bόoxun ma la subόoxun ma la !
Yaa wër ndombo dund gi
Jël caabi-lawbe tëj ràpp
Mbedd yeek dëkkuwaay yi
Mbas ma la bόoxun ma la subόoxun ma la !
Moonte maa ngi naan Waaw gόor waaw jigéen,
Yéen liggéeykat yi Fajkat yeek kaarànge gi
Yéen jàmbaari réew yi fonk doomu aadama
Di xettali ci moom yaram wa, xol baak ruu ga.
Yaw doomu réew aji bëgg réew
Déglul ma woykat yay yeeteeka artu
Gisal ma tajoor yay ñaw muurukaayi kanam ya,
Guddéek bëcëk toqi wu ñu
Xoolal ma ndaw ya ca xarala yu yees yi,
Sargalal ma gëstukat yeek fentkat yi
Ñoom ñi maaseek jamono
Ba indi tegal nu jumtukaay yi méngόok jamono!
Dëgg feeñaat na tey, naa wax ko waxaat ko
« Nit nitay garabam » !
Ma teg ci tegaat ci : « Nit nitéey garabam » !
Nanu xoolaat sunu bopp
Sàkku xamxam roggantikoo ràññee
Ba fer ciy aayόo nenne aki naxee mbaay
Aywa léen doomi réew aji bëgg réew
Ñeme waar ñeme coono
Gëm sunu bopp ak sunu askan gëm sunu ëllëg
Looloo di bokk jëmu ci yoonu bokk tedd tey ak ëllëg !
VIDEO
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, PENSEUR SANS FRONTIÈRES
Confiné aux États-Unis, le philosophe observe et pense le monde d’aujourd’hui. Il souligne les inégalités rendues criantes par le coronavirus, mais aussi la nécessité, plus que jamais, de penser une citoyenneté mondiale
Souleymane Bachir Diagne est né au Sénégal, a étudié en France et est parti enseigner à l’université Columbia de New York. Confiné aux États-Unis, le philosophe observe et pense le monde d’aujourd’hui. Il souligne les inégalités rendues criantes par le coronavirus, mais aussi la nécessité, plus que jamais, de penser une citoyenneté mondiale.
GEORGE FLOYD, LE DOUX GÉANT MORT AUX MAINS DE LA POLICE AMÉRICAINE
Il avait quitté le Texas pour une nouvelle vie à Minneapolis. Mais l'Américain noir décrit comme un homme généreux, qui a perdu son emploi pendant la crise du coronavirus, est mort face contre terre, le cou sous le genou d'un policier blanc
Il avait quitté le Texas pour commencer une nouvelle vie à Minneapolis, dans le nord des Etats-Unis. Mais George Floyd, cet Américain noir décrit comme un homme généreux, qui a perdu son emploi pendant la crise due à la pandémie, est mort face contre terre, le cou sous le genou d'un policier blanc.
"Tout le monde aimait mon frère", a dit Philonese Floyd mardi, au lendemain de ce décès qui a provoqué des manifestations dans plusieurs villes et ravivé les appels à en finir avec un racisme "systémique" en Amérique.
"C'est un doux géant", a-t-il affirmé à CNN. "Il ne fait jamais de mal à personne".
Le défunt, qui avait 46 ans, avait d'abord trouvé du travail comme camionneur dans le Minnesota, puis comme agent de sécurité dans un restaurant, le Conga Latin Bistro, avant que le confinement ne porte un coup aux affaires.
"Il nous faisait nous sentir en sécurité", a témoigné Luz Maria Gonzalez, une cliente régulière de l'établissement, auprès de la radio publique NPR. "En fin de soirée il disait +Hé Luz, je vais attendre avec toi jusqu'à ce que tu montes dans le taxi."
D'autres ont évoqué les pas que faisait George Floyd pour améliorer sa vie.
"Je me souviens qu'il disait vouloir toucher le monde. Il voulait avoir un impact sur le monde", a raconté Jonathan Veal, un ami d'enfance, à la chaîne KPRC à Houston, où ils sont allés ensemble au lycée Jack Yates.
Du haut de ses deux mètres, George Floyd avait brillé dans le basket et le football américain, et s'était aussi essayé au hip-hop.
Mais il avait fini par quitter Houston faute de pouvoir y trouver un travail.
M. Veal a dit avoir échangé avec son ami pour la dernière fois en janvier, par SMS.
Il y a "des petites choses que je dois régler pour mes petits", avait alors écrit George Floyd. "Ma foi est en train de revenir là où elle doit être."
Mais le 25 mai, comme le montre une vidéo de plusieurs minutes devenue virale, George Floyd est mort après qu'un policier a pressé son genou sur son cou alors qu'il était à terre dans la rue, non armé et menotté.
"S'il vous plaît, s'il vous plaît, je n'arrive pas à respirer", l'entend-on dire.
La police le soupçonnait d'avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes, après que l'employé d'une épicerie eut appelé le numéro d'urgence 911.
- "Changer sa vie" -
Pour Bridgett Floyd, la mort de son frère ainsi, aux mains de la police, "est à briser le coeur".
"C'est exactement ce qu'ils ont fait. Ils ont tué mon frère. Il criait à l'aide", a-t-elle dit à NBC News.
Quatre policiers ont été licenciés après le décès de George Floyd. Derek Chauvin, celui qui a maintenu son genou sur son cou, a été arrêté vendredi et inculpé d'homicide involontaire.
George Floyd "n'était rien de moins qu'un ange envoyé sur terre", a réagi sa petite amie, Courtney Ross, auprès de CBS News.
"Et nous l'avons diabolisé, et nous l'avons tué", a-t-elle dit.
George Floyd avait, selon les médias américains, deux enfants. Roxie Washington, la mère de sa fille de six ans à Houston, l'a décrit comme un père dévoué.
"Parce qu'il était si grand, les gens pensaient qu'il cherchait la bagarre", a-t-elle dit, citée par le Houston Chronicle.
"Mais c'était une personne aimante, et il aimait sa fille."
L'un des amis de longue date de George Floyd, Stephen Jackson, est devenu une vedette de la NBA. Ce qui n'a pas changé leur amitié, assure le sportif.
"On s'appelait Twin (Jumeau)", a raconté M. Jackson, visiblement ému, dans une vidéo sur Instagram.
"Il était en train de changer sa vie", déménageant au Minnesota pour le travail afin de subvenir aux besoins de ses enfants, a-t-il expliqué.
"Mon gars faisait tout ce qu'il fallait, et ils me l'ont tué."
LE CNGE VA RENFORCER SA RIPOSTE À DAKAR
Face au nombre croissant de malades dans la capitale (73,6% des cas nationaux), les autorités doivent proposer dès mardi, une stratégie spécifique de renforcement de la démarche de lutte contre la Covid-19 dans la région
Se dirigerait-on vers un confinement, une quarantaine ou une imposition plus stricte du port du masque dans certains endroits de la région de Dakar ? On ne peut pas encore répondre par l’affirmative. Mais face au nombre croissant de malades Covid à Dakar (73,6% des cas nationaux), le comité de gestion des épidémies et sa structure sectorielle qui chapeaute la région de Dakar doivent proposer, dès mardi, une stratégie spécifique de renforcement de la démarche de lutte contre la Covid-19 dans cette zone géographique.
Après la prorogation de 30 jours de l’état d’urgence, une autre mesure de durcissement de la lutte contre la Covid-19 est attendue dès mardi prochain. Le Comité de gestion des épidémies et sa cellule de la région de Dakar vont édicter une stratégie spécifique pour la région qui englobe la capitale sénégalaise. Une décision qui doit infléchir la tendance négative actuelle.
Sur les 106 cas testés positifs au coronavirus, les 84 viennent de la région de Dakar, selon les chiffres officiels du jour fournis, samedi 30 mai. Et sur les 12 cas communautaires recensés le même jour, les 10 viennent de la région de Dakar. Ces données ne sont pas des exceptions. C’est une tendance notée depuis plusieurs jours et semaines. De ce constat, il y a une déduction logique du côté des autorités sanitaires : « Dakar est l’épicentre de l’épidémie de coronavirus au Sénégal », a déclaré Abdoulaye Diouf Sarr, lors du point de presse de samedi sur l’évolution de la Covid-19.
73,6% des cas
Trois quart des malades confirmés de Covid-19 sont issus de la région de Dakar. En effet, les chiffres sont éloquents. « A la date du 29 mai 2020, la région de Dakar totalise 2 525 cas sur les 3 429 dépistés, soit 73,6% », a divulgué le ministre Diouf Sarr. La transmission locale est clairement établie avec une forte transmission communautaire. Ce qui va conduire inexorablement vers un renforcement de la stratégie de lutte contre l’épidémie au Sénégal.
Ainsi, Abdoulaye Diouf Sarr a « demandé au Comité national de gestion des épidémies, en rapport avec le comité régional de gestion des épidémies de Dakar, de se réunir, toute affaire cessante, pour (…) proposer une stratégie spécifique de renforcement de la démarche de lutte contre la Covid-19 dans la région de Dakar ». La proposition est, donc, attendue dès mardi.
Du côté des autorités sénégalaises, une conviction s’est faite jour : il faut une mobilisation au sein des communautés pour vaincre la Covid-19. De ce fait, Abdoulaye Diouf Sarr a lancé « un appel particulier et insistant à toutes les dynamiques communautaires de la région de Dakar pour se lever comme un seul homme afin de stopper la Covid-19, car si on perd la main à Dakar, la lutte risque d’être perdue au niveau du pays ».
UNE ÉMISSION DE MAME LIKA SIDIBÉ
VIDEO
AVIDITÉ ET CONVOITISE AUTOUR DU LITTORAL SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Quelle est la responsabilité de l'Etat dans cette situation qui n'a que trop duré ? Les citoyens sont-ils au fait des dangers de ce phénomène ? Quelle politique de gestion et de préservation ? - AU FOND DES CHOSES AVEC MOCTAR BA
Des constructions en cours sur les terres du Phare des Mamelles suscitent l'indignation des activistes et organisations de la société civile qui ont lancé une pétition contre cette agression sauvage du littoral. Cette initiative précédée par la publication sur SenePlus, d'un appel pour la préservation de cet espace, est portée entre autres, par Moctar Ba, président de la Plateforme pour l'Environnement et la Réappropriation du Littoral (PERL).
Au micro de "Au fond des choses", animée par Mame Lika Sidibé, il revient propositions à l'appui, sur son combat pour la préservation du littoral sénégalais bientôt complètement défiguré.
DE FAUSSES REPRISES DES VOLS AIR FRANCE ANNONCÉES EN AFRIQUE
Depuis le 10 mai, des articles de presse et publications internet annoncent la reprise des vols Air France vers les principales capitales d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à partir du 3 juin, en se basant sur un visuel qui circule sur les réseaux
Depuis le 10 mai, des articles de presse et publications internet annoncent la reprise des vols Air France vers les principales capitales d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à partir du 3 juin, en se basant sur un visuel qui circule sur les réseaux sociaux. Contactée par l’AFP, la compagnie française a démenti ce planning: si elle compte pouvoir desservir plusieurs de ces aéroports au 30 juin, aucune date de reprise n’est connue et elle se fera au cas par cas, selon les autorisations données par les pays. Les vols depuis et vers le Cameroun ont d’ailleurs déjà repris.
Un tableau annonçant les dates de reprise des vols d’Air France vers les capitales des principaux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (Abidjan, Cotonou, Niamey, Lomé, Nouakchott, Yaoundé, Kinshasa...) a fait le tour d’internet ces dernières semaines.
Il a été largement reproduit dans diverses publications de médias locaux (1, 2, 3), de sites d’information continentale et d’internautes des différents pays concernés.
Un site gabonais a ainsi annoncé la reprise des vols d’Air France pour Libreville au 21 juin, assurant que la compagnie aérienne française "a déjà officialisé son programme de vols vers l’Afrique".
L’information a été rapidement démentie par un communiqué du ministre gabonais des Transports lu le 13 mai à la télévision. "Aucun vol de compagnie régulière transportant des passagers n’est autorisé sur le Gabon jusqu’à nouvel ordre", assure le ministère.
Selon nos recherches, ce planning est apparu en premier le 8 mai sur un compte Facebook intitulé Qui-go.
Il a suscité une avalanche de réactions d’internautes indignés de voir la compagnie française reprendre son activité alors que les frontières de ces pays sont censées être fermées depuis le mois de mars pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus (1, 2, 3).
Démenti d'Air France
"Le visuel circulant sur internet et attribué à Qui-Go ne provient pas d’Air France et les informations (qu’il contient, ndlr) sont incorrectes", a affirmé le 19 mai à l’AFP un porte-parole de la compagnie, Mathieu Guillot.
La petite compagnie aérienne sénégalaise, frappée comme l'ensemble du secteur par la pandémie de coronavirus, «ne sait pas où elle va». En attendant des jours meilleurs, elle fait voler ses avions à vide au-dessus du Sénégal
«Altimètre: check! Compas: check! Vérifications avant décollage: terminées». Concentré sur les écrans du cockpit, le commandant de bord Laurent Klinka procède aux derniers ajustements avant le décollage de l'aéroport international Blaise Diagne, à l'est de Dakar.
Une scène banale pour ce pilote français chevronné, si ce n'était le silence dans les rangées vides de cet Embraer ERJ-145 d'une cinquantaine de places.
Pour conserver leurs licences, les pilotes doivent effectuer au moins trois décollages et trois atterrissages tous les trois mois. Et les avions doivent voler pour rester en bon état.
«C'est une joie de retrouver les avions, même pour une heure. Mais tout le monde a peur de ce qui pourrait advenir avec cette crise», explique le pilote.
Aux commandes du bimoteur de 22 ans, il effectue une rotation d'une trentaine de minutes en longeant les côtes sénégalaises, jusqu'à Saint-Louis (nord).
Pour entretenir sa flotte de six appareils, Transair organise un vol à vide par semaine, qui lui coûte 1.000 euros par heure rien qu'en carburant.
- Bouclage aérien -
Tous les vols en provenance ou à destination du Sénégal sont suspendus depuis le 20 mars, à l'exception d'une poignée d'évacuations sanitaires, d'un certain nombre de vols de rapatriement de touristes et des vols de maintenance.
Les compagnies aériennes, dont Air France, très présente au Sénégal, et les autres secteurs économiques du pays, attendent avec impatience l'autorisation de reprise des vols, en croisant les doigts pour qu'elle intervienne avant la saison estivale en Europe.
Mais le gouvernement a annoncé jeudi prolonger jusqu'au 30 juin la suspension de tous les vols au départ ou à destination du Sénégal.
Au niveau mondial, l'Association internationale du transport aérien (Iata) a chiffré à 314 milliards de dollars (286 milliards d'euros) l'impact de la pandémie sur le chiffre d'affaires des compagnies aériennes en 2020, soit une chute de 55% par rapport à 2019.
Et le transport aérien ne devrait pas retrouver son niveau de trafic d'avant-pandémie avant 2023, selon l'association.
Le Sénégal, où le tourisme est un des moteurs de l'économie, compte trois compagnies nationales.
La plus petite, Arc-en-ciel Aviation, est spécialisée dans les vols à la demande. Air Sénégal, compagnie publique fondée en 2016, a su se faire une place dans les liaisons avec la sous-région et l'Europe.
Entre les deux, Transair, lancée il y a 10 ans, reste active dans les vols à la demande, son métier initial, tout en opérant en temps normal une soixantaine de vols commerciaux par semaine, dont 40 à l'intérieur du Sénégal.
- Elan brisé -
«Avant, nous étions en expansion, on prévoyait même des vols intercontinentaux dans quelques années. Maintenant, tout est à l'arrêt. Quand on fait 3 ou 4 vols par jour et qu'il n'y a plus rien, on ne sait pas où on va», explique à l'AFP le patron de Transair, Alioune Fall.
Pour réduire l'impact de la crise, le gouvernement sénégalais a débloqué 77 milliards de francs CFA (115 million d'euros) en faveur du tourisme et des transports aériens, dont 45 milliards de CFA (67,5 millions d'euros) pour Air Sénégal.
Compagnie privée, Transair devrait bénéficier d'un petit coup de pouce, dont des prêts à taux préférentiels et un report du paiement de la TVA.
Alioune Fall n'a procédé à aucun licenciement mais il se demande s'il pourra verser les salaires de ses 104 employés et évoque un «risque de faillite».
S'il juge «l'année 2020 vouée à l'échec», le chef d'entreprise «garde espoir malgré tout».
«C'est pour cela qu'il faut que les avions continuent à voler», souligne-t-il, tout en sachant que «l'activité va reprendre avec un service minimum au début».
Les lendemains de la pandémie s'annoncent «sanglants», prévient Ibra Wane, un expert sénégalais du secteur aérien.
«Les entreprises vont rogner sur les budgets de déplacement et le tourisme va se contracter de manière terrible. Si les compagnies ne réduisent pas la voilure et ne taillent pas dans les coûts, elles risquent de disparaître», juge-t-il.
Le Sénégal, comme les autres pays du continent, reste relativement épargné par la pandémie. Il a déclaré plus de 3.300 cas, dont 41 décès, depuis le 2 mars.
VIDEO
RETOUR DU THIOF SUR LES ÉTALS
Le poisson à la chair fine est normalement exporté vers les tables huppées de Dakar ou à l'étranger. Désormais, au marché, le poisson est plus abordable pour le citoyen sénégalais
Depuis l'état d'urgence et le couvre-feu imposé pour lutter contre le coronavirus, toute la chaîne halieutique sénégalaise est en apnée. Les pêcheurs n'ont plus suffisamment de temps pour pêcher. Mais surtout, le thiof, le célèbre mérou blanc, ne peut plus s'exporter, pour cause de fermeture des frontières. Ceux qui tentent de surmonter la crise ont dû revoir leur activité à la baisse et diminuer leurs prix.
Le poisson à la chair fine est normalement exporté vers les tables huppées de Dakar ou à l'étranger. Désormais, au marché, le poisson est plus abordable pour le citoyen sénégalais.
"LE MOMENT POUR L'AFRIQUE DE RÉINVENTER LES MODALITÉS DE SA PRÉSENCE AU MONDE"
L'économiste, écrivain et enseignant Felwine Sarr, évoque cette période inédite et la façon dont elle résonne avec les préoccupations à l'œuvre dans son travail
Enseignant, économiste et écrivain, Felwine Sarr devait voir son texte Traces – Discours aux nations africaines, écrit en 2018, mis en scène au festival d'Avignon en juillet 2020. La pandémie mondiale en a décidé autrement, l'événement a été annulé, mais le penseur continue à interroger l'avenir du continent et du monde. Depuis Dakar, il évoque cette période inédite et la façon dont elle résonne avec les préoccupations à l'œuvre dans son travail.
En tant que penseur, vous êtes très impliqué dans les réflexions autour de la crise actuelle. Quel regard portez-vous sur le moment que nous vivons ?
Cette crise est importante, inédite et constituera probablement un marqueur historique pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'elle est globale, qu'elle touche tous les pays du monde sans distinction. Au-delà du fait sanitaire, elle possède une dimension sociétale, écologique, voire civilisationnelle. Elle révèle également de manière criante les inégalités de notre monde. Mais, ce qui me semble intéressant, c'est qu'elle rouvre la contingence de l'histoire. Nous avions, depuis longtemps, le sentiment d'être embarqués dans un train qui ne s'arrêterait jamais. Quelles que soient les utopies que certains d'entre nous pouvaient élaborer, la réalité semblait immuable. Or la crise crée une brèche dans le temps. Nul ne sait ce qui va advenir, mais le chantier historique semble à nouveau modelable. Des possibles nouveaux s'offrent à nous.
Cette crise globale dit-elle aussi quelque chose sur nos imaginaires et la façon dont ils se confrontent ?
La première réaction des peuples a été de se replier sur eux-mêmes, de se comporter en tribus, en clans. Nous nous identifions à ceux qui ont la même histoire, la même géographie, la même « culture » entre guillemets. Nous sommes Français, Italiens ou Africains, mais, pour l'instant, nous sommes encore incapables de faire communauté humaine. De ce point de vue, la situation de l'Afrique est un révélateur. Face à la crise, beaucoup nous prédisaient de funestes lendemains, des hécatombes, comme si personne ne se satisfaisait de ce que nous soyons moins atteints par la létalité du virus. Si nous avions fait humanité, nous aurions dû nous réjouir de ce moindre coût en vies humaines. Pourtant, les clichés sur le Continent sont réapparus, ne laissant aucun doute sur le fait que nous ne formions pas encore une communauté.
Dans le « pandemic diary » que vous tenez à l’heure actuelle pour un média allemand, vous écrivez que « l’Afrique est une réalité imaginaire dont la force des représentations qui lui sont accolées congédie sa réalité ». Le continent africain possède-t-il aujourd'hui des ressources culturelles, intellectuelles et humaines dont les pays occidentaux semblent manquer face au virus ?
Depuis la nuit des temps, l'Afrique a fait face à de nombreux chocs, qu'ils soient culturels, civilisationnels ou sanitaires. L'expérience en matière de lutte contre les épidémies nous a, par exemple, permis de mettre en place des centres de traitement et des équipes médicales capables d'organiser plusieurs formes de réponses face à ce type de crise. C'est un fait : le Continent possède une grande capacité de résilience. Dire cela n'implique pas que les Africains acceptent les calamités ou les encouragent, mais plutôt qu'ils ont dû développer des stratégies de survie. Il y a, dans la mémoire longue des sociétés africaines, une vague de vie, une volonté de se battre qui renaît face au défi. Entendons-nous bien : ces hommes et ces femmes n'ont rien d'exceptionnel, ce sont des êtres humains comme les autres. Néanmoins, on ne peut pas nier le capital expérience issu de leur histoire.