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4 mai 2025
Développement
TRUMP COUPE LES VIVRES À HARVARD
Washington suspend 2,2 milliards de dollars d'aides à la prestigieuse université, qui refuse de modifier ses politiques sur le recrutement et l'inclusion. Un conflit qui pourrait faire jurisprudence pour l'ensemble du système universitaire américain
(SenePlus) - L'administration Trump a gelé lundi 2,2 milliards de dollars d'aides fédérales destinées à Harvard, après que la prestigieuse université a refusé de se plier aux exigences du gouvernement concernant sa gouvernance interne et ses politiques de recrutement, selon les informations rapportées par Le Monde et relayées par plusieurs médias américains.
Cette prise de position ferme fait suite à une lettre de l'administration Trump datée du 11 avril, dans laquelle une task force gouvernementale accusait Harvard de ne pas respecter "les conditions de droits intellectuels et civiques justifiant un investissement fédéral". Cette équipe spéciale, théoriquement chargée de lutter contre l'antisémitisme, regroupe les ministères fédéraux de la santé et de l'éducation.
La réaction présidentielle ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié lundi soir, le gouvernement a annoncé le gel immédiat de 2,2 milliards de dollars d'aides, sur un total de 9 milliards promis à l'université et à son hôpital pour les prochaines années.
Parmi les demandes adressées à Harvard, le gouvernement fédéral exige notamment :
La réforme du recrutement des étudiants internationaux "afin d'empêcher l'admission d'étudiants hostiles aux valeurs américaines"
L'abandon des politiques de diversité et d'inclusion dans le recrutement des élèves
Un audit de la "diversité idéologique" au sein du corps enseignant
La suppression de toute "préférence fondée sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l'origine nationale" dans les pratiques d'embauche
Cette offensive s'appuie sur un double prétexte : d'une part, l'accusation de ne pas avoir lutté efficacement contre l'antisémitisme lors des manifestations propalestiniennes qui ont suivi les événements du 7 octobre 2023 ; d'autre part, le rejet des politiques d'inclusion de l'université, déjà condamnées par un arrêt de la Cour suprême à l'été 2023.
Le personnel de Harvard, plus ancienne université des États-Unis fondée en 1636, avait fortement incité sa direction à résister. En avril, plus de 800 membres du corps enseignant ont signé une lettre exhortant l'établissement à "monter une opposition coordonnée à ces attaques antidémocratiques", rapporte Le Monde.
Larry Summers, ancien président de Harvard et ancien secrétaire au Trésor sous Bill Clinton, a publiquement soutenu cette résistance sur son compte X : "Je suis très heureux de voir le président Garber diriger Harvard et j'espère que toutes les universités résisteront aux demandes extrajudiciaires et déraisonnables du gouvernement fédéral."
Face à cette situation, Harvard a anticipé d'éventuelles difficultés financières en émettant 750 millions de dollars d'obligations, qui pourraient servir de trésorerie en cas de coupure prolongée des subventions fédérales.
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SONKO SE DIT POLITIQUEMENT INDESTRUCTIBLE
Lors des questions d'actualité au gouvernement ce lundi, le Premier ministre a regretté une opposition qui, selon lui, privilégie les attaques personnelles au détriment des véritables défis du pays, appelant à un débat républicain sur le fond
(SenePlus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé sa détermination face aux attaques personnelles, se déclarant "politiquement indestructible" lors de la séance plénière sur les questions d'actualité du gouvernement à l'Assemblée nationale ce lundi.
"Je ne m'intéresse pas aux attaques crypto-personnelles. Je suis politiquement indestructible. Je rends grâce à Dieu pour cela", a déclaré le chef du gouvernement, répondant ainsi aux critiques formulées par certains opposants.
Sonko a déploré l'attitude d'une opposition qui, selon lui, cherche à "enfermer le pays dans des débats de personnes" plutôt que de se concentrer sur les véritables priorités nationales comme l'élevage, les ressources naturelles ou les objectifs économiques.
"À une certaine opposition, je dis que la haine ne peut pas être un moteur politique. Surtout lorsqu'elle est dirigée contre une personne qui ne vous a rien fait", a-t-il souligné, ajoutant qu'il occupe son poste "par la volonté divine" et qu'il est "honoré de l'amour" que lui portent de nombreux compatriotes.
Le Premier ministre a appelé à un débat d'idées centré sur les enjeux nationaux et non sur les personnalités. "Ce qui m'importe, c'est l'avenir d'un pays prospère. Si nous avons une opposition républicaine, qu'elle s'oppose de manière républicaine", a-t-il affirmé.
Sonko s'est dit "ouvert au dialogue et aux débats contradictoires", rappelant son attitude passée à l'Assemblée nationale lorsqu'il siégeait dans l'opposition.
PÉRIL SUR LA LIBERTÉ SYNDICALE
Dans un pays où le chômage sévit, les représailles contre les délégués syndicaux sont devenues monnaie courante, transformant l'exercice d'un droit constitutionnel en acte de bravoure parfois suicidaire
Bien que garantie par la Constitution, le Code du travail et les traités internationaux, la liberté syndicale est de plus en plus menacée au Sénégal, au vu et au su de tous.
“Tout travailleur peut adhérer librement à un syndicat dans le cadre de sa profession.” Ce droit du travailleur garanti par la Constitution et les traités internationaux n'a jamais été autant foulé aux pieds au Sénégal. Dans certaines entreprises, les employeurs étouffent systématiquement toute tentative des travailleurs à se regrouper et à créer un syndicat. Ceux qui bravent l'interdiction sont souvent victimes de représailles, qui peuvent aller jusqu'au licenciement. Journaliste, Ankou Sodjago a été licencié de son entreprise, à la suite de la mise en place d'un syndicat. Il revient sur les péripéties ayant mené à la création d'un syndicat dans leur boite.
‘’Pendant deux ans, tout était bloqué, jusqu’à ce que trois d’entre nous prennent leurs responsabilités. Mais beaucoup de collègues refusaient de se joindre à nous, par peur ou par loyauté envers l’employeur’’, raconte-t-il.
Avec ce syndicat, ils espéraient défendre leurs droits dans leur entreprise, œuvrer pour l'amélioration de leurs conditions. Finalement, cela s'est révélé être source de problème. Par des subterfuges, l'employeur a fini par licencier deux d'entre eux. Ankou s'est senti désabusé, abandonné par les siens. Le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication (Synpics), souligne-t-il, les a certes soutenus, mais c'était d'un soutien très faible. ‘’Ils nous ont pris un avocat, ont fait un communiqué, mais j'ai l'impression qu'ils nous ont abandonnés en cours de route. Ils ne sont pas allés jusqu'au bout, à mon avis”, lâche-t-il un peu amer.
La crainte de représailles étouffe la liberté syndicale
Les représailles contre l'exercice de la liberté syndicale ne se limitent pas au secteur de la presse. C'est valable dans presque tous les secteurs de la vie professionnelle. Dans l’enseignement privé, par exemple, les syndicats sont rares ou dormants quand ils existent. Les enseignants ne s’y rallient que lorsqu’ils sont en difficulté avec leur établissement, souvent trop tard, renseignent certaines sources. Même situation dans le secteur de la santé, de l’industrie ou des transports où les travailleurs évoluent dans l’informel ou dans des zones grises du droit du travail. Isolés, sans contrat, soumis à des horaires épuisants et à des rémunérations aléatoires, ces derniers sont à la merci des propriétaires de véhicules. ‘’Il faut être prêt à tout perdre pour s’engager’’, soupire un délégué syndical du secteur, lui-même sous pression.
Face à cette tyrannie des employeurs, certains renoncent tout bonnement à exercer ou même à revendiquer ce droit constitutionnel. Victime de l'exercice de ce droit, Pape Amadou Sy semble parfaitement comprendre le pourquoi la réticence des travailleurs à s'engager des secteurs comme celui de la presse. Il déclare : ‘’Qui a envie de prendre le risque de se faire licencier dans un pays où trouver un emploi est un chemin de croix ? Pour beaucoup, il faut juste gagner sa vie, peu importe les conditions.”
Ainsi, analyse-t-il, la logique de survie l’emporte de plus en plus sur les idéaux de lutte collective ; ce qui érode la liberté syndicale.
Un droit pas assez protecteur contre les licenciements
Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement (CNTS/FC), Cheikh Diop reconnait les difficultés dans l'exercice de ce droit syndical. Il donne l'exemple des Ciments du Sahel, où les travailleurs rencontrent plusieurs entraves à l'exercice de la liberté syndicale. De telles violations, explique-t-il, sont assez fréquentes et il faut être tenace pour y faire face, en saisissant les instances habilitées. Mais on n’est jamais totalement à l'abri, prévient M. Diop. “Quand un employeur est hostile à l'action syndicale, tous ceux qui prennent l'initiative sont ciblés de façon sournoise. Soit on leur cherche la petite bête avec des demandes d'explication par-ci et par-là, soit, s'ils ont un CDD, on ne leur renouvelle pas à la fin du contrat. Ils cherchent tous les moyens pour liquider les travailleurs qui prennent l'initiative d'exercer leur liberté”, constate-t-il pour le regretter.
Le plus désolant, c'est que quand ils ont l'intention de licencier, difficile de les en empêcher. Le tribunal, s'il s'agit d'un travailleur ordinaire, ne peut que condamner l'entreprise à payer des dommages et intérêts, s'il estime que le licenciement est abusif.
L'autre problème, c'est que souvent, les procédures sont très longues et embarrassantes pour les travailleurs sans soutien. “La loi sénégalaise protège effectivement le travailleur, mais dans des dossiers de ce genre, la procédure peut durer un, deux ans ou même plus. Mais l'employeur est souvent condamné à payer des dommages et intérêts”.
En ce qui concerne les délégués du personnel, le tribunal peut aller jusqu'à demander leur réintégration, en cas de licenciement abusif. “Le délégué ne peut être licencié que sur autorisation de l'inspection du travail”, explique le SG de la CNTS/FC, non sans rappeler l'obligation pour les entreprises et pour l'État de respecter les conventions de l'Organisation internationale du travail sur la liberté syndicale et sur la négociation collective.
Les longues procédures judiciaires : l'autre difficulté
Engagé dans une bataille judiciaire contre son ancienne entreprise depuis des années, Pape Amadou Sy est témoin des batailles longues, couteuses, éprouvantes, et parfois vaines. ‘’On a gagné en première instance, mais l'employeur a fait appel. L’affaire est toujours pendante. Peut-être que ça se réglera dans les semaines à venir”, rapporte-t-il optimiste.
Autant de facteurs qui finissent par décourager toute initiative syndicale. Le secteur de la presse n'échappe pas à la règle. Sur plus de 200 entreprises reconnues par le ministère de la Communication, seules 16 disposent aujourd’hui d’une section syndicale du Synpics. Une sous-représentation qui est révélatrice d’un malaise profond : peur des représailles, culture syndicale faible, précarité des statuts...
Ils sont d'ailleurs nombreux les grands groupes qui n'en disposent pas. Ce qui est incompréhensible aux yeux de certains interlocuteurs. ‘’Il est de la nature du journaliste de mettre la plume dans la plaie. Donc, il est incompréhensible que les journalistes aient peur de se syndiquer”, regrette un confrère qui tente de tempérer : “La non-syndicalisation de beaucoup de confrères est liée à la peur des représailles. Le syndicalisme est perçu comme un bras de fer. Il faudrait des règles claires pour protéger ceux qui s’engagent.’’
Interpellé, ce patron de presse dit regretter surtout l'absence de culture et de formation syndicale chez les jeunes. “Je ne suis pas contre l'exercice de cette liberté syndicale, mais je pense que les gens doivent aussi essayer de se mettre à la place de l'employeur”, se défend-il. Certains, selon lui, s'endettent jusqu'au cou pour payer des salaires. “Personne n'est pas sans savoir les difficultés que les entreprises traversent. Si les patrons n'avaient pas l'esprit de sacrifice, beaucoup de travailleurs allaient se retrouver dans la rue. Je pense que parfois il faut savoir raison garder”, a-t-il plaidé.
par Cheikh Thiam
LES SOPHISTES DE LA POSTCOLONIE
Macky Sall ne devrait pas siéger au conseil d’administration de Mo Ibrahim. Ce jugement peut déplaire. Mais il a le mérite d’être fondé sur des faits. Le texte de Hamidou Anne est certes beau, mais il ne dit absolument rien
Les sophistes ont toujours été les éléments les plus dangereux de l’époque moderne. La maîtrise de la belle phraséologie est un bel outil — mais tout ce qui brille n’est pas or. Voilà ce que montre et représente le texte d’Hamidou Anne : un mélange de tournures élégantes mais vides. Dans la postcolonie, la maîtrise du français est souvent confondue avec l’intelligence. Voilà ce que le texte de Anne donne à voir. Voyons pourquoi.
Le texte commence par une mention des 56 universitaires ayant signé une lettre ouverte, qualifiés d’“intellectuels” — entre guillemets. Ces guillemets en disent long. Pas besoin de commentaire. Juste après, Anne les présente comme rageux, haineux, aigris face à un président qui accumule les honneurs. L’attaque ad hominem est manifeste. C’est la première preuve d’un manque de rigueur dans la pensée. Les étudiants de première année de philo ou de math le savent déjà.
Les trois paragraphes suivants ne sont guère plus intéressants. Une avalanche de mots, tous plus méprisants les uns que les autres, dépeint ces universitaires comme engagés dans une guerre fangeuse, guidés par la jalousie envers la prestance et les succès de Macky Sall. Aucun argument. Des propos creux, sans retenue, qui pourraient être lancés à n’importe qui, à propos de n’importe quoi. À ce niveau, il ne s’agit plus d’un débat, mais d’un règlement de comptes de borne-fontaine. La réponse de Anne nous rappelle une tradition puérile : face à la critique, répliquer “tu es jaloux”.
Au quatrième paragraphe, enfin un changement… mais l’auteur change de sujet. Alors que les universitaires critiquent la nomination de Macky Sall au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim — en tant que symbole de la démocratie — le texte bifurque vers les réalisations du président et les promesses non tenues de Pastef. Soit. On pourrait avoir un débat sur cela aussi. Mais ici, ce n’est pas la question. Et comme un enfant surexcité, M. Anne perd le nord et s’égare dans un hors-sujet, enrobé de belles phrases. Il oublie que, contrairement à lui, ces intellectuels savent au moins rester sur le sujet.
S’ensuit une attaque tous azimuts, qui finit par présenter ces universitaires comme des calomniateurs méprisés par les Sénégalais. Encore un texte fait de beaux mots, qui sera célébré par certains… mais qui, au fond, ne dit rien. Aucune réflexion, aucun argument, rien sur la question soulevée par les universitaires. Juste du bruit. Et c’est ainsi que l’on confond l’éclat des coquilles avec la substance de la moelle. Quant à celle-ci, Hamidou Anne n’en donne aucune. Il ne dit absolument rien.
Mais waaye nag, comme on dit dans le Kajoor, "leketi kese naxuli bèy" te "fentarloo ajoo ju fajuwul doy na cay duma."
Quant à la question centrale, celle que ces universitaires posent — et à laquelle Anne ne répond jamais — elle est pourtant simple. La Fondation Mo Ibrahim est un symbole de démocratie. Ses administrateurs doivent incarner cette valeur.
Or, comment comprendre la nomination de celui qui, pour s’accrocher au pouvoir, a mené le pays dans une situation délétère ; qui a emprisonné plus de 1000 personnes pour avoir contesté ses dérives antidémocratiques ; qui a avoué avoir “mis le coude” sur des dossiers de corruption ; et qui, pour couronner le tout, a repoussé les élections, craignant une défaite annoncée ? Celui-là même qui, malgré ses déclarations de renoncement au troisième mandat, avait déjà discrètement consulté le Conseil constitutionnel, lequel — dans la plus grande discrétion — lui avait signifié qu’il n’était pas éligible. Ce président ne devrait pas siéger au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim.
Ce jugement peut déplaire. Il peut même être interprété comme “rageux” ou “jaloux”. Mais il a au moins le mérite d’être fondé sur des faits précis. Le texte de M. Anne est certes beau. Il écrit vachement bien. Mais je lui aurais tout de même donné un zéro pointé, car il ne convaincra que ceux qui, comme lui, se contentent de la forme au détriment du fond.
Cela dit, si M. Anne souhaite que certains d’entre nous répondent aux questions qu'il évoque, je ne peux répondre qu’en mon nom.
Où étions-nous lorsque l’Université de Dakar a été brûlée ? Nous avions parlé. Mieux : nous avions organisé une conversation à ce sujet, où nous avions invité des critiques honnêtes de Pastef, comme le professeur Hady Ba. Il y avait aussi d'autres collègues comme le professeur Yankhoba Seydi, des étudiants, et moi-même. Certains, comme Ba et Seydi, y avaient vu un acte de barbarie. Pour ma part, je l’ai lu comme un moment crucial de notre histoire. Que se passe-t-il dans la tête d’un étudiant qui brûle sa propre fac ? Je le vois comme un acte suicidaire profondément fanonien.
Et sur la justice, notamment le cas Mansour Faye ? Voici ce que j’écrivais ce matin sur Facebook :
“Certaines choses doivent être sacrées dans un État de droit, quel que soit le bord politique. Au Sénégal, nous avons cependant tendance à nous focaliser sur les anecdotes, au lieu des principes. Quand nous nous indignions de l’arrestation arbitraire de journalistes il y a un an, ce n’était pas pour les beaux yeux d’un tel ou d’un autre. Quand nous nous indignions que Sonko soit assigné à résidence, c’était parce que cela n’était pas légal. Aujourd’hui, je m’indigne tout autant que des journalistes soient arrêtés. Je m’indigne que Mansour Faye (pour qui je n’ai aucun respect, soit dit en passant), ou tout autre Sénégalais, soit interdit de quitter le territoire sans décision d’un juge. Aujourd’hui c’est lui, demain ce sera nous. La jurisprudence est un principe de droit. Sénégal rekk moo nu wara ñor.”
Les autres questions que vous évoquez sont importantes. Elles méritent d’être débattues. Mais faisons-le avec honnêteté. Et cessons d’utiliser des mots creux pour dire des âneries fondées sur… absolument rien.
L'institution refuse, dans deux lettres consultées par SenePlus, de se plier aux exigences jugées inconstitutionnelles concernant sa gestion de l'antisémitisme sur le campus, au risque de perdre des milliards de dollars de financements fédéraux
(SenePlus) - Dans un bras de fer d'une ampleur sans précédent, l'université Harvard a formellement rejeté à travers deux correspondaces adressées à l'administration et consultées par SenePlus, les exigences du gouvernement fédéral américain concernant la lutte contre l'antisémitisme sur son campus, dénonçant une tentative d'ingérence dans son autonomie académique.
Le président de Harvard, Alan M. Garber, a informé la communauté universitaire lundi que l'institution refusait de se plier aux demandes gouvernementales reçues vendredi dernier. "La prescription de l'administration va au-delà du pouvoir du gouvernement fédéral. Elle viole les droits garantis à Harvard par le Premier Amendement et dépasse les limites statutaires de l'autorité gouvernementale selon le Titre VI", écrit Garber dans sa lettre.
Les représentants juridiques de Harvard, William A. Burck et Robert K. Hur, ont officiellement notifié le gouvernement de ce refus, affirmant que "l'université ne cédera pas son indépendance ni ne renoncera à ses droits constitutionnels."
Les documents révèlent l'étendue des demandes gouvernementales, qualifiées d'"inédites" par Harvard. Parmi elles:
Une restructuration de la gouvernance visant à "réduire le pouvoir" des étudiants, professeurs non titulaires et administrateurs "plus engagés dans l'activisme que dans l'érudition"
Un audit complet des "points de vue" politiques et idéologiques au sein du corps étudiant, du corps professoral et du personnel administratif
La fermeture immédiate de tous les programmes de diversité, équité et inclusion (DEI)
Des réformes drastiques des procédures disciplinaires, notamment l'interdiction totale du port de masques lors des manifestations
L'interdiction et la sanction des organisations étudiantes ayant participé à des activités jugées antisémites depuis octobre 2023
Un contrôle gouvernemental des admissions d'étudiants étrangers pour éviter l'entrée de personnes "hostiles aux valeurs américaines"
L'enjeu est considérable : le gouvernement menace de couper des milliards de dollars de financement fédéral à Harvard si l'université ne se conforme pas. Ces fonds soutiennent des recherches cruciales dans des domaines comme la médecine, l'intelligence artificielle et les sciences quantiques.
"Pour le gouvernement, se retirer de ces partenariats maintenant risque non seulement la santé et le bien-être de millions d'individus, mais aussi la sécurité économique et la vitalité de notre nation", souligne Garber.
Cette confrontation s'inscrit dans le sillage des tensions qui agitent les campus américains depuis les événements du 7 octobre 2023 et l'escalade du conflit israélo-palestinien. Harvard, comme d'autres universités d'élite, a été secouée par d'importantes manifestations pro-palestiniennes.
Dans sa lettre, Garber affirme que Harvard s'engage à combattre l'antisémitisme et a déjà pris "de nombreuses mesures" en ce sens au cours des quinze derniers mois. L'université prévoit "d'en faire beaucoup plus", tout en refusant que "le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, dicte ce que les universités privées peuvent enseigner."
"La liberté de pensée et de recherche, ainsi que l'engagement de longue date du gouvernement à la respecter et à la protéger, a permis aux universités de contribuer de manière vitale à une société libre", rappelle Garber.
par Thierno Bocoum
LE PIÈGE DE L'ARROGANCE AU POUVOIR
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques
Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.
Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.
Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.
Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.
Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.
Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le "Coumba am ndéyisme" et le "Coumba amoul ndéyisme".
Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.
La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président AGIR.
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FINANCER L'AFRIQUE AUTREMENT
L'économiste Abdou Cissé dessine les contours d'un système monétaire africain souverain, capable de financer le développement du continent sans les contraintes héritées de l'époque coloniale
Dans une interview accordée à l'émission "Décrypter l'Afrique" de la chaîne Le Média TV, l'actuaire et économiste Abdou Cissé dévoile les défis et les perspectives d'avenir du franc CFA, cette monnaie qui semble désormais "condamnée" à moyen terme.
Le débat autour de la souveraineté monétaire s'intensifie dans plusieurs pays africains. Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a récemment affirmé que son pays "ne renoncera jamais à la quête de la souveraineté intégrale et à la recherche des voies et moyens pour disposer de sa propre monnaie", qu'il s'agisse d'une monnaie commune régionale ou d'une devise nationale.
En Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, président du PDCI et potentiel candidat à la présidentielle, partage cette vision : "La monnaie est un attribut essentiel de la souveraineté. Une nation qui n'a pas le contrôle de sa monnaie n'est pas vraiment souveraine."
Selon Abdou Cissé, la critique du franc CFA s'inscrit dans un contexte plus large d'inégalité entre les pratiques monétaires occidentales et africaines. "Comment les banques centrales occidentales peuvent-elles créer des centaines de milliards pour sauver leurs banques en période de crise, alors que nous, Africains, sommes contraints à des politiques monétaires restrictives qui freinent notre développement ?", s'interroge-t-il.
L'économiste cite plusieurs exemples frappants : la création de 250 milliards de francs suisses pour sauver le Crédit Suisse, l'injection massive de liquidités par la Réserve Fédérale américaine lors de la crise des banques régionales en 2023, ou encore la création par la France de la Société de Financement de l'Économie Française (SFEF) en 2008 pour emprunter 60 milliards d'euros hors dette publique.
L'analyse d'Abdou Cissé va plus loin en quantifiant les préjudices causés par les politiques économiques imposées aux pays africains. Les ajustements structurels des années 1980-1995, qui ont drastiquement réduit les dépenses publiques, auraient coûté au Sénégal environ 40 000 milliards de francs CFA en potentiel économique perdu.
Quant à la dévaluation du franc CFA de 1994, elle aurait représenté un coût supplémentaire de 38 000 milliards, portant le préjudice total à près de 78 000 milliards de francs CFA - bien plus que la dette actuelle du pays estimée à 18 000 milliards.
"On passe notre temps à compter notre passif, ce qu'on doit aux autres, mais il est grand temps qu'on compte ce que les autres nous doivent", affirme Cissé.
Malgré ce tableau sombre, des innovations prometteuses commencent à apparaître. La Côte d'Ivoire, par exemple, a lancé depuis 2017 des "CFA obligations", permettant d'emprunter en devises étrangères tout en libellant la dette en francs CFA. Ce mécanisme commence à faire du franc CFA une véritable devise internationale.
Abdou Cissé préconise également la création d'une holding financière dotée d'un capital d'un milliard de dollars pour financer les économies africaines, ainsi qu'une plus grande flexibilité monétaire pour les banques centrales régionales.
Pour l'économiste, l'avenir réside dans la création de marchés financiers interconnectés à l'échelle du continent et dans la cotation des matières premières africaines dans les monnaies locales.
"Comment expliquer que c'est nous qui produisons du coton, du cacao ou du cobalt, et que ces matières premières sont cotées à Londres ou aux États-Unis ?", s'indigne-t-il.
Cette "révolution de nature financière", fondée sur des innovations monétaires, constituerait selon lui l'étape décisive vers une véritable souveraineté économique africaine, au-delà de la simple question du franc CFA.
LA LOI INTERPRÉTATIVE N’EXISTE PAS, SELON DOUDOU NDOYE
Pour l'éminent juriste, la démarche d'interprétation législative récemment adoptée par l'Assemblée nationale sur initiative du député Amadou Ba constitue une invention sans fondement dans la tradition juridique
La loi interprétative de la loi d’amnistie n’existe pas dans le langage judiciaire, selon Me Doudou Ndoye. Ce dernier, qui ne voit pas sa raison d’être, affiche son espoir de voir aboutir le recours de l’opposition parlementaire introduit au niveau du Conseil constitutionnel pour attaquer cette loi.
La loi interprétative de la loi d’amnistie n’a pas sa raison d’être, selon Me Doudou Ndoye. Cela n’existe pas dans le langage judiciaire, a fait savoir l’avocat lorsqu’il s’est agi de donner son avis sur ce nouveau texte législatif, qui a été adopté au début du mois d’avril et portant l’initiative du député Amadou Bâ.
«Je souhaiterais qu’un professeur de Droit, un avocat, un magistrat français, ivoirien, congolais, béninois, sénégalais, me disent s’ils ont déjà vu une loi qui vient dire : «Je viens interpréter ma précédente loi.» Alors, nous sommes devant un nouveau déni juridique au Sénégal. Quelqu’un qui nous crée un système juridique nouveau, qui nous apporte ça et qui dit : «Je vais voter une loi interprétative.»», déclare Me Doudou Ndoye dans l’émission «Le Grand jury» qui passait hier sur la Rfm.
Me Ndoye affiche par ailleurs son espoir de voir aboutir le recours introduit par l’opposition parlementaire au niveau du Conseil constitutionnel.
«Je ne peux pas prétendre que le Conseil constitutionnel se dira incompétent. Celui qui le pense, il pense, il ne fait que penser. Le Conseil constitutionnel jugera et dira ce qu’il en sera», soutient l’avocat.
Me Doudou Ndoye a également manifesté son désaccord avec le Président Bassirou Diomaye Faye. Cela fait suite aux propos du chef de l’Etat qui estime que le Peuple a le droit de mettre la pression sur la Justice.
Me Ndoye juge «insensée» l’idée de remplacer le Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle.
«Le mot «Cour constitutionnelle», l’appellation «Cour constitutionnelle» n’a aucun intérêt. Ce qu’il y a comme intérêt, c’est la mission, ce n’est pas le nom. Le nom n’a aucun intérêt. Ce que nous avons à faire, ce que les membres du Conseil constitutionnel ont à faire pour le bien du Sénégal, c’est ça qui est important», plaide Me Ndoye.
Ce dernier n’est pas pour que le président de la République continue de siéger au sein du Conseil supérieur de la Magistrature. «Si j’avais un choix à faire, je dirais que le chef de l’Etat ne serait pas membre du Conseil supérieur de la Magistrature.» Tel est l’avis tranché de Me Doudou Ndoye sur la question relative à l’organisation et la composition du Conseil supérieur de la Magistrature (Csm). Mais l’avocat tient tout de même à préciser que le chef de l’Etat aura son mot à dire par rapport aux décisions du Csm.
«Toute décision du Conseil supérieur de la magistrature lui sera soumise afin qu’il puisse contrôler et apporter son visa avant qu’elle ne soit appliquée», fait remarquer Me Ndoye. Ce dernier parle de cette nuance qui, selon lui, vise à préserver l’équilibre entre indépendance judiciaire et autorité institutionnelle, tout en posant les jalons d’une refonte plus ambitieuse de la fonction présidentielle. «Je veux à la tête du Sénégal un véritable chef d’Etat», a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de réformes structurelles fortes.
Me Ndoye a opposé un refus catégorique à la possibilité d’ouvrir le Conseil supérieur de la Magistrature à d’autres composantes de la société. «Non. Absolument pas !», répond-il, sec. Le Csm est une institution spécialisée qui doit rester entre les mains de ceux qui en connaissent les arcanes. «Le magistrat est le magistrat. Le magistrat est un corps ferme, un corps qu’on doit respecter», argue-t-il, avant de dire que le Csm est taillé exclusivement pour les magistrats.
«Le Conseil supérieur de la Magistrature, qui s’occupe de la carrière des magistrats, ne peut être constitué que par des magistrats, tout comme l’Assemblée nationale ne peut être composée que de députés», avance Me Ndoye.
Indépendance de la Justice
Le débat sur l’indépendance de la Justice et le rôle du président de la République dans la gouvernance judiciaire est relancé par l’avocat à un moment où les attentes citoyennes en matière de réforme institutionnelle sont de plus en plus pressantes.
Me Doudou Ndoye a par ailleurs une pensée pieuse à l’endroit de Me Koureychi Bâ et Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel, qui viennent de quitter ce monde. Il leur a rendu un vibrant hommage pour le service qu’ils ont rendu à la Justice sénégalaise.
PAS DE BOL POUR J-P SENGHOR
Le Directeur exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire vient d'être limogé sans successeur désigné, laissant l'institution sous tutelle directe de la Primature. Une situation critique alors que près de 500 000 Sénégalais risquent la famine
Le Directeur exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (Cnsa) vient d’être limogé sans avoir été remplacé, et la tutelle placée sous les ordres directs de la Primature. Le personnel, qui n’a pas perçu son salaire de mars, ni les moyens de travail, est inquiet de la menace de licenciements massifs. D’où une grosse vague d’inquiétude et de découragement.
Une structure créée par décret a été dissoute par un arrêté ministériel. Son responsable, nommé par arrêté du Premier ministre, limogé par une «note de service» du ministre-Secrétaire général du gouvernement. C’est la mise en pratique, par l’Etat-Pastef, de la politique de notre ancienne «Tata Mimi», d’accélérer la cadence politique. Cela permet d’éviter les lourdeurs administratives et les rigueurs de la loi, on peut présumer.
Pour faire passer la pilule, le Premier ministre a commencé par dissoudre le Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire. De ce fait, le Directeur exécutif se retrouve sans fonction, et la note de service le limogeant ne pourrait pas être dénoncé et attaqué. Entretemps, le personnel du Conseil national à la sécurité alimentaire (Cnsa) se trouve à se tourner les pouces, en attendant la nomination d’un nouveau responsable, appelé à remplacer M. Jean-Pierre Senghor, le directeur sorti. En plus de ne pas être payé, ce personnel n’a plus les moyens de réaliser les enquêtes de terrain sur la situation de la sécurité alimentaire dans le pays. Or, ces enquêtes sont vitales pour prévenir des cas de malnutrition, ou même pire.
Cette situation se produit au moment où, selon les derniers résultats provisoires recueillis par le Cadre harmonisé sur la situation alimentaire au Sénégal, environ 484 069 personnes, soit 2, 6% de la population nationale, encourent un risque de famine. Ce risque sera aggravé en période de soudure dans les départements de Goudiry et Salémata, dans la région de Kédougou. Les mois de juin, juillet et août seront également cruciaux pour d’autres départements, en plus des deux cités. Le Secnsa a d’ailleurs demandé de préparer au plus vite une assistance alimentaire à la population concernée. Il a aussi alerté sur le risque que la situation de détresse qui frappe ces populations ne s’étende sur d’autres parties du pays.
On peut, dans ces conditions, se demander l’urgence qu’il y a à remplacer le Directeur exécutif Jean-Pierre Senghor, sans lui avoir au préalable trouvé un remplaçant. A croire que les autorités politiques n’auraient pas la même perspective des urgences nationales.
Jean-Pierre Senghor a pris fonction au Conseil national à la sécurité alimentaire en 2017, en provenance du Prodac dont il venait d’être débarqué. Malgré des résultats mitigés, l’ingénieur agro-économiste a pu faire du Commissariat à la sécurité alimentaire un instrument fiable dont les travaux font référence auprès de partenaires tels que le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), le Programme alimentaire mondial (Pam) ou la Fao. Selon des employés du Cnsa, le Cilss s’est même inspiré de leurs logiciels et de leurs méthodes de travail dans ses collectes de données. Et des pays comme le Bénin et d’autres ont envoyé des délégations au Sénégal pour copier les méthodes de travail du Commissariat dont «le leadership dans la lutte contre l’insécurité alimentaire est loué dans toute la sous-région».
Les employés, qui s’expriment ainsi, souhaitent être fixés rapidement sur leur sort, et surtout sur les coupes sombres qui vont s’opérer en leur sein. En effet, M. Senghor, en partant, aurait confié à des proches qu’il lui avait été demandé, par sa tutelle, de mettre fin à des contrats spéciaux de certains employés, ainsi qu’à certains Contrats à durée déterminée (Cdd). Est-ce sa lenteur à s’exécuter qui serait la cause du blocage des salaires, ainsi que du financement des enquêtes ? La conséquence en est un gros sentiment d’inquiétude face à l’insécurité alimentaire.
LES GRANDS CHANTIERS DU DIALOGUE NATIONAL
De la transformation de la CENA en CENI à l'inscription automatique des électeurs, en passant par la révision du système de parrainage, des réformes d'envergure s'annoncent. Diomaye souhaite adapter le cadre institutionnel avant les prochaines échéances
Le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique prépare activement la journée du dialogue national sur le système politique. Les services de Jean Baptiste Tine ont d'ailleurs envoyé à l'opposition les termes de référence de l'événement, non sans solliciter leur feedback par rapport à l'organisation de l'activité et aux propositions de réformes.
Le processus devant aboutir au dialogue national sur le système politique est enclenché. En effet, le ministère de l'Intérieur a déjà envoyé au coordonnateur du Front pour la Défense de la République (FDR) les termes de référence de la rencontre. Dans le document daté du 7 avril 2025, il est demandé à Khalifa Ababacar Sall et ses camarades de faire des observations sur le document ainsi que des propositions ou recommandations de réformes avant la fin de ce mois d'avril.
Il a été également noté qu'un Comité de pilotage dirigera les travaux, avec pour mission d'organiser et de coordonner les concertations ; de faciliter la médiation et le consensus entre les parties ; et de rédiger un rapport général des travaux. Le ministère de l'Intérieur précise également que le lieu et la période des rencontres seront communiqués ultérieurement.
Revenant aux termes de référence, le ministre Jean Baptiste Tine et ses services rappellent que la stabilité et la longévité de la démocratie sénégalaise reposent sur l'organisation régulière des élections, l'implication de l'ensemble des acteurs à travers un processus largement consensuel et la capacité de résilience du système politique.
Toutefois, soulignent-ils, aussi performant soit-il, le système politique au Sénégal doit être continuellement évalué et amélioré, en prenant en compte les dysfonctionnements observés, les mutations technologiques, l'évolution démographique et les bonnes pratiques démocratiques internationales. Il est aussi rappelé que depuis l'adoption du Code électoral consensuel de 1992, la concertation entre les parties prenantes est devenue une tradition pour la fixation du cadre institutionnel régissant l'organisation des élections au Sénégal.
Jean Baptiste Tine et Cie relèvent d'ailleurs que le Chef de l'État est conscient de la nécessité de préserver et de renforcer cette tradition démocratique. C'est pourquoi, précisent-ils, le Président Bassirou Diomaye Faye a appelé à un Dialogue national inclusif portant sur l'environnement institutionnel relatif aux questions politiques et électorales.
Toujours, selon le ministère de l'Intérieur, les échéances à venir, qui impliquent de rendre plus transparente et inclusive l'assise institutionnelle, sont: les élections territoriales en 2027, l'élection présidentielle en 2029 ; et les élections législatives en 2029. Il est donc essentiel, souligne-t-il, de mettre en place un cadre de concertation favorisant des échanges ouverts et constructifs sur les réformes institutionnelles.
Réformes majeures en vue
Au titre de ces réformes institutionnelles majeures, le président de la République, lors de l'adresse à la Nation du 3 avril 2024, a relancé le débat sur la nécessité de remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA) par une Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mieux, note-t-on, ces concertations seront l'occasion de discuter de l'amélioration du cadre institutionnel du système politique au Sénégal ainsi que de la réforme et l'amélioration du système électoral sénégalais.
Les discussions porteront en effet sur : «le contenu à donner au statut de l'opposition et de son chef; le débat sur l'inscription automatique sur le fichier électoral dès l'établissement de la carte nationale d'identité biométrique CEDEAO et dès l'âge de la majorité ; la révision du système de parrainage ; l'examen du rôle des autorités en charge des élections et des médias; la place de la justice dans le processus électoral; la rationalisation du calendrier républicain; la rationalisation en profondeur des partis politiques; l'encadrement du financement des partis politiques; et la révision du Code électoral.
Il sera aussi question de l'étude sur les spécifications techniques du bulletin unique ; de l'opportunité de procéder à un audit du fichier électoral ; de la numérisation du processus électoral; et du vote des personnes en détention».
Auparavant, Jean Baptiste Tine et ses hommes avaient soutenu que l'architecture institutionnelle gouvernant le système politique et les élections au Sénégal doit régulièrement être repensée à l'aune des mutations politiques, des crises protéiformes et des dysfonctionnements constatés lors des échéances électorales.
Un système, quel qu'il soit, précisent-ils, doit nécessairement questionner en permanence ses fondations afin de s'adapter à la temporalité politique changeante. Et ce constat impose la tenue d'un Dialogue national sur le système, ont-ils fait savoir.