Après une semaine intense de campagne électorale, le candidat de la majorité déroule. Le ministre Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République, fait le point sur la stratégie de son candidat, le jeu des alliances qui se poursuit et surtout l’intrusion de l’ex-président Abdoulaye Wade qui vient bouleverser le cours des choses, avec un discours belliqueux.
Quel commentaire faites-vous de l’arrivée de Me Wade à Dakar et des propos qu’il a tenus sur votre candidat ?
Abdoulaye Wade appartient au passé. Ses déclarations incendiaires, invitant les Sénégalais à déchirer leurs cartes d’électeur et à brûler les urnes, sont la manifestation d’une tentative de sabotage du processus électoral qui ne saurait être toléré. Son plan de guerre est voué à l’échec. Il se rendra à l’évidence que sa télécommande, qu’il ne cessait d’actionner depuis Versailles, ne saurait fonctionner en terre sénégalaise. Wade n’a pas fait le choix du boycott, mais plutôt d’une surenchère politique démesurée. Mais, une chose est sûre, il nous a habitués à clignoter à droite et à tourner à gauche. L’homme n’a pas changé. Il déteste la retenue qui sied aux grands hommes, aux hommes d’Etat, tout simplement. Jamais le président Macky Sall n’abaissera la fonction présidentielle en lui répondant.
Faut-il avoir des craintes sur le déroulement de l’élection présidentielle et même le scrutin du 24 février ?
Le 24 février 2019, le suffrage des Sénégalais s’exprimera à l’échelle du territoire national et de la diaspora. Les Sénégalais choisiront notre candidat, le président Macky Sall, le candidat de la stabilité. Je puis vous garantir que l’Etat prendra toutes les dispositions nécessaires pour garantir la sécurité de nos concitoyens contre toute forme d’intimidation ou de détournement de leur volonté par des combinaisons machiavéliques de vestiges du passé. Les tentatives d’installer la peur dans l’esprit des Sénégalais ne passeront pas. Nous avons un peuple mûr, qui sait prendre ses responsabilités. D’ailleurs, nous sommes tous témoins de la vague de désapprobations qui a accueilli ses élucubrations. C’est la première fois, dans l’histoire politique du Sénégal, qu’un homme ayant occupé la plus haute fonction de ce pays s’adonne à un pareil spectacle. Les Sénégalais n’en reviennent pas. Franchement, je pense qu’il faut sauver le soldat Wade.
Pensez-vous que Wade ait les moyens de faire ce qu’il a dit ?
Dans un premier temps, il a dit que la Présidentielle ne se tiendrait pas sans son fils. Ensuite, il a déclaré urbi et orbi que notre candidat ne battrait pas campagne. Et aujourd’hui, il en appelle au boycott de la Présidentielle. A la vérité des faits, son fils n’est pas candidat et la campagne se déroule très bien. Wade ne détient plus le monopole de la violence symbolique. Pour avoir perdu l’initiative politique au soir du 25 mars 2012, il doit se résigner. Après lui, ce ne sera pas le déluge.
Ce discours ne va-t-il pas parasiter celui de votre candidat et, par ricochet, celui des autres engagés à cette Présidentielle ?
Je vous l’ai dit : Jamais le président Macky Sall n’abaissera la fonction présidentielle en lui répondant. Le président Macky Sall est un homme serein. Il a hérité d’un pays à genoux et, sept ans durant, il s’est évertué à le redresser. Aujourd’hui, la nouvelle trajectoire économique du Sénégal, marquée par une croissance à la fois forte, soutenue et vigoureuse, l’attractivité de notre environnement des affaires, le renouveau infrastructurel, prouvent que le président Macky Sall a relevé les défis du redressement pour pouvoir inscrire notre pays dans une perspective de transformation de sa structure socio-économique. Pour les autres candidats, j’avoue que je suis déçu par la faiblesse de leurs offres assimilables à de simples déclarations d’intention.
Justement, le président Macky Sall met l’accent sur ses réalisations, depuis le début de la campagne et fait moins de promesses. Qu’est-ce que cela signifie ?
Je pense que le président Macky Sall fait mieux que des promesses. En vérité, il s’est engagé à léguer aux générations futures un pays prospère. L’objectif qu’il partage avec les Sénégalais, c’est de bâtir un Sénégal uni et prospère dans l’équité et la justice. C’est tout le sens de son combat. L’équité et la justice constituent l’épine dorsale de sa politique. Tant bien même que les leviers de croissance sont activés, une politique sociale est mise en œuvre, à travers les Bourses de sécurité familiale, la Couverture maladie universelle, le Pudc, Promovilles, Puma, etc. En réalité, le président Macky Sall est dans le temps de l’action, le temps utile.
Dernièrement, il a procédé à l’inauguration de plusieurs infrastructures qui ne sont pas encore achevées. Ne craignez-vous pas que cela soit contre-productif ?
Je pense qu’il y a une confusion sémantique entretenue par des marchands d’illusions qui n’ont jamais rien proposé à leur pays. Ils n’ont rien compris. Pour l’Airbus, il a été question de présentation d’un appareil flambant neuf, contrairement aux avions ‘’brandés’’ aux couleurs du Sénégal et qui devaient changer d’habillage régulièrement sous l’ancien régime. Pour le Ter, il a été question d’une réception et le président Macky Sall en a profité pour tester le dispositif, de la gare de Diamniadio à la gare emblématique de Dakar, en passant par Rufisque et Colobane.
Aujourd’hui, notre patrimoine autoroutier est ouvert aux usagers. Qu’il s’agisse de Ila-Touba, Aibd - Thiès ou encore Aibd - Mbour. Ils sont séduits par la qualité des ouvrages, le service et le temps du voyage.
Quel bilan faites-vous de cette semaine de campagne qui s’achève ?
Nous sommes satisfaits. Très satisfaits. La campagne se passe très bien. Sans prétention, nous battons la meilleure campagne, actuellement. La déferlante populaire qui accueille le président Macky Sall montre que les Sénégalais ont adhéré à son programme. D’ailleurs, c’est ce qui a semé la confusion dans le camp de l’opposition.
Pouvez-vous revenir sur la stratégie qui a été développée jusqu’ici ?
Une stratégie, on ne la dévoile pas avant la fin des opérations. Sinon, c’en est plus une. Ce que je peux vous dire, c’est que nous déroulons notre stratégie au fil des jours. Nous sommes en complicité avec les militants qui sont eux-mêmes plus engagés, plus enthousiastes et plus confiants. Une campagne électorale est un moment fort de grande ferveur politique et c’est ce que le président Macky Sall, candidat de Benno Bokk Yaakar, vit et partage avec tous les militants et sympathisants. La même chose avec tous les alliés et leaders mobilisés à ses côtés, dans son cortège ou à la base, à travers les comités électoraux. Plus extraordinaire encore, au-delà de la grande mobilisation autour des meetings, nous nous rendons compte, pendant les porte-à-porte et les visites de proximité, du coefficient de sympathie du président Macky Sall qui augurent de réelles perspectives au soir du 24 février 2019.
La coalition Bb y a réussi à pêcher de gros poissons, notamment Aïssata Tall Sall. Mais la coalition Idy-2019 regroupe l’essentiel des recalés des parrainages et tout récemment Khalifa Sall. Comment voyez-vous les rapports de forces en présence ?
La grande coalition politique, c’est Benno Bokk Yaakar, renforcée par la coalition dite de la Majorité présidentielle, les mouvements politiques, les assemblées religieuses, traditionnelles ou coutumières, les groupements de jeunes et de femmes, sans oublier la Plateforme des forces de l’émergence. Par conséquent, il n’y a pas de rapport de force qui tienne, puisque les forces ne sont pas égales. Loin de là. Une liste de noms et de personnes de soutien n’est pas synonyme de poids électoral. Surtout lorsqu’il s’agit des recalés qui peuplent le boulevard des invalidés. Comme vous le savez, ‘’doolé yémoul’’. Nous avons un leadership incontestable, nous avons une méthode mobilisatrice et une grande capacité d’organisation sereine, cohérente et diversifiée partout au Sénégal jusque dans la diaspora. Vous ne pouvez pas en dire autant de l’opposition.
On a noté quelques actes de violence, notamment à Saint-Louis, avec l’attaque de la caravane de Sonko, et hier à Louga avec des jets de pierres essuyés par ce même candidat et ses militants. Quel commentaire en faites-vous ?
Sans donner une quelconque caution à la violence d’où qu’elle provienne, il est heureux de constater que cette présente campagne électorale est très apaisée. Globalement, tout se passe dans la cordialité et dans la grande sagesse. Même dans les traits d’humour, notre camp est resté fair-play. Et je peux vous dire que nous ne céderons pas à la provocation.
Est-ce qu’on peut espérer de Bby que ses militants vont rester fair-play jusqu’au bout ?
Tout à fait. Et comme toujours.
Dakar est considérée comme la mère des batailles où vous-même et beaucoup de responsables êtes engagés. Etes-vous confiant, malgré la concurrence ?
Je suis très confiant ! D’abord, parce que le président Macky Sall a obtenu 606 619 voix, soit 73,59 % à Dakar en 2012. Ensuite, en 2017, lors des élections législatives, alors que le président Macky Sall n’était pas engagé dans la compétition, Dakar est tombée entre les mains de la coalition Benno Bokk Yakaar. Je suis convaincu que notre candidat est meilleur.
Les propos de votre candidat tenus à Matam sont considérés par l’un des candidats comme une dérive ethniciste. Quel commentaire faites-vous ?
Le président Macky Sall est un Sénégalais de synthèse. Faire de telles insinuations est caractéristique d’un manque de fair-play de ce candidat dont vous parlez. Heureusement que les Sénégalais ne sont pas dupes, au point de se laisser entraîner dans des considérations ehnicistes qui n’ont rien à voir avec la politique.
De Blaise Diagne à Macky Sall, l’histoire politique du Sénégal est jalonnée de luttes âpres entre anciens alliés. Une série de reniements, de ralliements ou de ruptures aussi fracassants les uns les autres. A en conclure que le compagnonnage politique se termine inéluctablement en queue de poisson.
Le péché originel fait remonter en surface les bisbilles entre Blaise et Ngalandou ; le Sérère Senghor séparé de son mentor Lamine Coura puis réconcilié ; la rupture fratricide entre le même Senghor et son ami Dia ; l’irrévérence subtile du dauphin Abdou à son bienfaiteur académicien qui mena à la guéguerre du trio d’héritiers, en l’occurrence Diouf, Djibo et Niasse. Une déchirure qui, in fine, éjecta le longiligne timonier socialiste du navire Sénégal.
Aujourd’hui, l’arène politique abrite le choc des seconds couteaux libéraux, avec les adversaires d’hier comme arbitres. D’abord, une série d’infanticides avant que le général des calots bleus ne bute sur l’indigeste colosse de Fatick. Macky le géologue, dur comme un roc, terrassa le vieux maitre enchanteur et l’envoya à Versailles.
Ainsi, plus que la confrontation des programmes, les attaques crypto-personnelles entre bonnes vieilles connaissances vont bon train. Le feu est attisé par le souffle venimeux de l’intraitable Sonko qui n’a pas la langue liée. Des diatribes à foison qui indisposent les citoyens ou amusent la galerie de spectateurs friands de sensations fortes. Une dose de cynisme qui en dit long sur les rancœurs et autres règlements de comptes qui moussent et débordent des alvéoles trop pleines de mauvais sang.
Arriva le vieux Wade, patriarche aux caprices de star, qui ne veut point se faire ravir la vedette dans cette vendetta tous azimuts. Il profite des bains de foule et de jouvence qui préservent ses énergies de rude combattant toujours prêt à ouvrir des fronts. Quelle grinta pour le pathétique papa qui se substitue à son fils frileux ! Ce vrai faux candidat qui redoute tout ce que le père aime endurer.
Toutefois, depuis le fameux ‘’wax waxet’’, le stratège de réputation se fourvoie trop souvent dans ses stratagèmes. Celui qui fut un génial politicien continue de bénéficier de la mansuétude des observateurs, eu égard certainement à son âge avancé qui force le respect et l’indulgence.
Mais, enfin, quel crédit pour un discours va-t’en guerre qui rejette la tenue du scrutin et qui, en même temps, propose un plan d’actions pacifiques en fonction de l’agenda de ce même processus : pendant la campagne, le jour de l’élection et au moment de la proclamation des résultats ?
Quelle cohérence chez ce prophète qui proclame urbi et orbi que l’élection n’aura pas lieu, mais qui annonce déjà les chiffres et le futur président élu ?
Bref, on ne brûle pas une icône, surtout s’il s’agit de l’inusable Wade !
SOUTIEN A UN CANDIDAT : BAMBA FALL SE DECIDE SAMEDI
Le maire de la Médina, Bamba Fall, va se déterminer samedi prochain, quant au candidat qu'il compte soutenir pour la présidentielle.
Selon la la Rfm, qui donne l'information, l'édile médinois a pris cette décision lors d'une rencontre avec ses partisans.
Mais, signale la même source, ces derniers menacent de ne pas suivre leur leader s'il décide de soutenir Macky Sall. Ils disent faire confiance à Khalifa Sall qui a choisi Idrissa Seck.
SONKO S’EN VA CUIRE SES CAROTTES CHEZ WADE
On penserait que « Gorgui » divague, qu’il se croirait ou serait nostalgique de ses années de gloire face au régime socialiste, quand il lui suffisait de lever la main pour envoyer des milliers de jeunes paralyser la capitale sénégalaise
On aurait pensé, comme Aminata TOURE, que, l’âge faisant ses effets, le vieux a décidé de saboter toute présidentielle sans un candidat nommé WADE. On penserait que « Gorgui » divague, qu’il se croirait ou serait nostalgique de ses années de gloire face au régime socialiste, quand il lui suffisait de lever la main pour envoyer des milliers de jeunes paralyser la capitale sénégalaise.
Notre « grand-père » national, qui appelle à bruler les bulletins de vote, n’est sans doute pas cohérent, lui qui a toujours refusé d’accéder au pouvoir en passant sur des cadavres. Seulement, prendre Abdoulaye WADE pour un sénile, qui distilles des sottises, serait la plus grave erreur à ne point commettre. Plus solide qu’un gaillard, Me Abdoulaye WADE n’a lâché aucun mot qu’il ne voulait pas. Ses derniers actes, avec l’audience qu’il a accordée à Ousmane SONKO, entrent en droite ligne avec le projet qu’il a toujours nourri : laisser un héritage marqué par 50 ans de gouvernance libérale.
Enfin ! Ils se dévoilent, au grand jour. Je me suis toujours borné à croire que cette élection présidentielle, serait l’occasion idéale pour les Sénégalais, dont j’attire l’attention depuis si longtemps sur les accointances entre Me Abdoulaye WADE et Macky SALL qui coûtent si cher à la démocratie sénégalaise, de comprendre. Si les deux hommes sont réellement en contradiction, comme ils le font croire aux Sénégalais depuis près de dix ans, ce scrutin présidentiel serait à même de le démontrer.
En effet, Macky SALL a entrepris, à sa prise de pouvoir, une titanesque tâche : réussir à transformer l’opinion que les Sénégalais avaient de Karim WADE et maintenir la vieille caste politique, excepté Me WADE, dans les girons du pouvoir. L’objectif étant, en définitive, de reconfigurer l’espace politique sénégalais. Jusqu’en 2012, avec trois grands pôles, les Libéraux, souvent alliés à ceux qui se font appeler Communistes (PIT, LD, AJ), faisaient face aux Socialistes. Le schéma que Me WADE a dessiné et que Macky SALL exécute veut que ces trois pôles soient substitués en trois autres mais qui seraient tous de sa famille libérale.
Les trois pôles, ou le triangle libéral, c’est au cœur même du pouvoir que Me Abdoulaye WADE les a constitués. Lui qui a mis 26 ans à se battre pour la conquête du pouvoir n’était pas disposé à le lâcher malgré son âge. 50 ans de gouvernance libérale avait-il théorisés pour perpétuer son héritage. Ce qu’il avait entrepris dès 2004, avec les nominations de Macky SALL (Premier ministre) et de Karim WADE (ANOCI) et la disgrâce d’Idrissa SECK, a définitivement pris forme avec l’avènement de Macky SALL à la tête de l’Etat.
Arrivé au pouvoir, le Président SALL a déroulé le tapis rouge à ses alliés du PS, de l’AFP, du PIT, de la LD, entre autres. Ceux qui s’étonnaient de voir homme dont on dit qu’il est né après l’indépendance s’entourer de Moustapha NIASSE, Ousmane Tanor DIENG, d’Ahmet DANSOKHO etc., ne savaient pas que c’était le meilleur moyen pour Macky SALL de bousiller leurs appareils politiques. Moustapha NIASSE, avait pris son chocolat avec l’Assemblée nationale, avait pleuré pour remercier Macky SALL avant de chasser Malick GAKOU qui voulait lui empêcher de se lécher les doigts.
Attendant son beurre que Macky SALL allait appeler HCCT, Ousmane Tanor DIENG a montré au leader de l’APR comment se débarrasser de Khalifa SALL. Et pendant que Macky SALL cherchait à ferrer ses alliés et toutes les « grandes gueules » susceptibles d’occuper l’espace de contestation (Abdoulatif COULIBALY, Penda MBOW, Souleymane Jules DIOP, Youssou NDOUR, Abdoul Aziz DIOP…), Idrissa SECK prenait ses distances. Dès la proclamation des résultats des élections législatives de 2012, il quitte Benno Bokk Yaakaar et s’en va constituer l’un des trois angles du triangle, décidé à accueillir les mécontents du PS et de l’AFP.
Mais, ce qui aura le plus coûté à Macky SALL, c’est la peine qu’il s’est donné pour métamorphoser Karim WADE aux yeux de l’opinion sénégalaise. Abdoulaye WADE qui depuis le début a désigné son fils comme l’héritier du pôle qu’il incarne a employé la manière douce sans parvenir à mettre Karim WADE dans le cœur des Sénégalais. En ressuscitant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), pour s’occuper de l’ancien ministre d’Etat, Macky SALL a fait passer Karim WADE « d’arriviste hautain » à « victime », acceptant volontiers le rôle du « bourreau » du fils de son bienfaiteur.
Pour avoir, pendant sept ans, utilisé tous les instruments de l’Etat pour déplacer des pions de l’échiquier, Macky SALL s’est mis à dos tous ceux qui ne sont pas ses partisans. Mais, assuré d’avoir une opposition qui le « frappe » là où il veut, son fauteuil n’a jamais tremblé. Et, il en a bien profité pour totalement verrouiller pas seulement la présidentielle à venir, mais aussi toutes celles qui vont suivre.
Sauver le soldat Macky
Certains ont été surpris d’entendre Me Abdoulaye WADE dire aux autres candidats qu’il est inutile de participer à la prochaine élection présidentielle que Macky SALL va gagner au premier tour. Ces seuls mots suffisent à plier l’affaire. Et, le leader du PDS ne les aurait pas prononcés si le C25 avait réussi son coup. En effet, c’est parce que la déclaration des candidats réunis dans cette autre énième organisation de l’opposition a été très mal accueillie par l’opinion, que le vieux s’est retroussé les manches pour débarquer au Sénégal, décidé à mettre en pratique le « boycott actif » prôné par le C25 et qui n’est autre qu’un boulevard ouvert pour Macky SALL.
Ousmane SONKO, dont la radiation a bizarrement coïncidé avec les déboires de Khalifa SALL, a suffisamment puisé dans la réserve électorale de ce dernier mais risque de tout reverser chez Me Abdoulaye WADE. Comme l’ancien maire de Dakar, le leader de PASTEF avait réussi à se hisser au niveau des trois pôles des libéraux. Idrissa SECK qui a curieusement accepté de se ranger derrière l’ancien maire de Dakar aux dernières législatives, vient de le phagocyter. En 2012, le leader de Rewmi a passé plus de temps à la place de l’indépendance à dénoncer la candidature de Me WADE que chez les électeurs qui écoutaient Macky SALL partit à leur rencontre.
En 2019, Abdoulaye WADE veut amener certains à la même place pendant qu’Idrissa SECK et Macky SALL s’en vont parler aux électeurs. Seulement, le combat auquel l’ancien président appelle, les insultes qu’il distille, plus que de la diversion, cherchent à maintenir en vie le pôle qu’il incarne et qui devrait échoir à Karim WADE. En entrant dans son jeu, SONKO ne perd pas que des heures précieuses de campagne, il balise une voie qui ne le mène pas là où il a déjà indiqué. En le « neutralisant», Me WADE est assuré qu’au soir du 24 février 2019, si le pouvoir quitte les mains de Macky SALL, ce serait pour échoir entre celles d’Idrissa SECK.
«JE SUIS LE CANDIDAT QUI A DE L’ENGAGEMENT POUR CE PAYS»
Macky Sall, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar, était en meeting, hier, à Sédhiou et à Bignona. Il a été accueilli par une foule en liesse avec comme ambition de réélire le Président sortant
Macky Sall, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar, était en meeting, hier, à Sédhiou et à Bignona. Il a été accueilli par une foule en liesse avec comme ambition de réélire le Président sortant.
Le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar est au cœur de la Casamance. Il a tenu un meeting, hier, à Sédhiou. Il y avait une forte mobilisation qui a permis à Macky Sall de soutenir que « vu la mobilisation, je peux dire que Sédhiou m’a porté haut. Car aujourd’hui, Sédhiou a été complètement désenclavé après la construction de la RN6 Ziguinchor-Tanaf. Nous avons engagé le bitumage de la boucle nord du Boudier et la boucle sud sera goudronnée. Nous allons aussi engager la route qui passera par Marsassoum à Simbali Brassou ». Il ajoute : « Sédhiou c’est aussi Promovilles.
Vous avez maintenant des routes pavées et Sédhiou est devenu une ville pavée et une ville lumière. Sédhiou c’est également la construction d’un nouvel hôpital régional de niveau 2 pour 150 lits qui aura coûté 20 milliards de nos francs. Sédhiou c’est aussi le domaine agricole communautaire où 1000 jeunes ont trouvé le travail aujourd’hui. Sédhiou ce sont les fermes agricoles villageoises, ces fermes familiales de l’ANIDA. Sédhiou c’est aussi le pont de Diassim, la rénovation des pistes avec le Pudc 2, la mise à niveau des châteaux d’eau, des forages dans l’ensemble de la région. La construction grâce à l’aquaculture d’une unité de production d’aliment de poisson.
Ceci va permettre de faire de Sédhiou le pôle aquacole national etc. Ça montre que Sédhiou a bénéficié de certaines choses lors de mon premier mandat ». Selon Macky Sall, il reste la grande question du fleuve. « Nous sommes en train d’étudier la possibilité d’avoir zéro bac au Sénégal. » Toutefois, Macky Sall est d’avis que Sédhiou va montrer la différence pour que le travail du Pse continue. « Le seul bulletin qui vaille, c’est le bulletin marron avec la tête du cheval. C’est ça le candidat qui est au diapason. Le candidat qui ne sait que travailler et qui a surtout de l’engagement pour ce pays. »
Par la suite, Macky Sall et sa délégation étaient à Bignona où il a été accueilli par une foule en liesse. S’exprimant à cette occasion, Macky Sall a déclaré : « j’ai vu à Bignona une caravane sur 2 km qui me montre une foule que je n’avais encore jamais vu. J’étais à Sédhiou avec une extraordinaire mobilisation comme partout où je suis passé. Le Sénégal réel, le Sénégal des profondeurs nous a accueillis, nous a adulés parce que a adhéré à la politique mise en œuvre depuis bientôt 7 ans.
Voilà pourquoi j’ai dit Ziguinchor attention à Bignona. ». Il poursuit : « jamais nous n’avions connu une stabilité économique, une paix aussi durable, un avenir aussi prometteur en Casamance. Je veux vous proposer une nouvelle Casamance bâtie et cristallisée autour de la paix qui sera réalisé sous nos yeux. Une Casamance avec des ponts partout, des routes partout, une navigation maritime, aérienne et nous l’avons commencé.
Une Casamance avec le pont de Farafégny, Nous avons beaucoup de projets pour la Casamance. La modernisation de la culture. La multiplication des digues anti-sel, un Eno, la rénovation du stade de Bignona, le renforcement de la Der, un tribunal d’instance à Ziguinchor,… Si vous voulez que la Casamance intègre carrément le Sénégal dans le cadre du développement, il faut voter la coalition Benno Bokk Yaakar. 450 milliards, c’est ce que j’ai injecté en 7 ans en Casamance..».
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, EMMANUEL DESFOURNEAUX
JE M’EN LAVE LES MAINS !
EXCLUSIF SENEPLUS - L’arène politique sénégalaise, comme celle des lutteurs, obéit à des codes traditionnels et quiconque les ignore, c’est le bannissement assuré - Sans doute est-ce le principal défaut de Karim à ce jour
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 10/02/2019
Souvenez-vous du mémorable combat du 1er juin 2014 entre les lutteurs Ama Baldé et Malick Niang. Nonobstant le statut de favori de Niang, patatras, le voilà au tapis après une rafale de coups de poing esquivée par son habile adversaire et un déséquilibre fatal qui s’en est suivi. Rares étaient les journalistes à parier sur la chute du roi des arènes fort de ses 10 victoires d’affilée.
A deux semaines du 1er tour du 24 février, Macky Sall règne en maître absolu sur le jeu politique sénégalais. Il a une ascendance politique et psychologique sur ses adversaires, renversant les uns, refoulant les autres. Une défaite serait aussi inenvisageable que celle du lutteur Niang. Ces outsiders ont pourtant repris du poil de la bête ! C’est le cas d’Idrissa Seck dont le profil nous fait penser au lutteur Baldé. Des défaites, ce dernier en a connu quelques-unes précédemment mais il a cru en lui à point nommé, il n’a rien lâché durant le combat. Un vrai guerrier !
Si Me Abdoulaye Wade est tant adulé encore aujourd’hui, de Dakar à Touba, c’est qu’il fut et est encore le plus valeureux guerrier parmi tous. Sur le modèle de la lutte, il assimila le combat politique à la virilité au sens antique, le guerrier héroïque. Car pour être un homme politique respecté sous les cieux de la Teranga, il faut aimer le combat. Ironie ou cruauté du sort, le fils du plus grand guerrier, depuis son ascension, est accusé de féminité (faux guerrier), débarquant fraîchement de la City de Londres, aux allures d’homme politique européen.
En réalité, l’arène politique sénégalaise, comme celle des lutteurs, obéit à des codes traditionnels et quiconque les ignore, c’est le bannissement assuré. Sans doute est-ce le principal défaut de Karim Wade à ce jour : celui de ne pas l’avoir compris, par ignorance ou mépris ! Les plus hautes responsabilités politiques s’obtiennent par des combats épiques. Tanor Dieng, Moustapha Niass, ou encore Me Abdoulaye Wade en sont des preuves vivantes. Titrés de sobriquets de peureux, de trembleur, l’image de Karim Wade en souffre, peut-être à tout jamais. Ce qu’on ne lui pardonne toujours pas (sous le couvert de l’enrichissement illicite !), c’est une ascension au piston. La présidentielle 2019 était une chance pour lui, celle de montrer ses capacités de bravoure, qu’importe le protocole de Doha.
Car voilà, un lutteur, il se montre, surtout s’il annonce urbi et orbi qu’il participera au combat ! Il prend part à celui-ci dans l’arène, pas seulement en sa périphérie dont les réseaux sociaux. Khalifa Sall, en connaisseur des us et coutumes politiques du Sénégal, l’a capté. Ne s’avouant pas vaincu sur le plan judiciaire pour des raisons de dignité, il renonce à briguer à la présidentielle à l’exemple de Lula. Les 2 K, les deux recalés du Conseil constitutionnel, n’ont pas le même don de soi qui est aussi un attribut du guerrier héroïque.
Dakar ne brûlera pas ! Le Général de Gaulle interrogea un journaliste en ces termes : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? ». Dans la même lignée, pourquoi voudriez-vous qu’à 92 ans l’opposant le plus célèbre du Sénégal se transforme en pyromane de la République ? La pensée de Me Abdoulaye Wade est à plusieurs sens. C’est une faute de lecture de penser qu’elle se borne au seul cas de son fils. Lui-même à une dent contre Macky Sall ! Il a été défait par lui, et le vit comme une trahison. Ce n’est pas seulement un combat par procuration, de Doha contre Dakar, c’est bel et bien un duel fratricide entre Abdoulaye et Macky. Peut-être même est-ce Me Wade qui a plus manipulé son fils que l’inverse ! C’est aussi un combat pour la survie du PDS. C’est enfin une guerre psychologique entre hommes politiques où, dans la logique de lutteur, tous les coups sont permis. Macky Sall, lui-même, en use avec ses sorties ironiques sur l’opposition, sur ses tentatives d’effacer toute trace de passage de Me Abdoulaye Wade à la présidence, comme naguère le firent les successeurs du pharaon Akhenaton.
La question qui taraude l’arène politique : Me Abdoulaye Wade va-t-il devenir le féticheur d’un des deux outsiders ? Ce serait assurément un renfort de poids pour l’une ou l’autre des écuries. Au-delà de la mise à disposition de son électorat, Me Abdoulaye Wade connait parfaitement le président sortant. Son ancien directeur de campagne de 2007 reproduit la même stratégie : continuité des chantiers et stabilité. Et une perspective de passer dès le 1er tour avec 56 %. Me Abdoulaye Wade est donc prêt à jouer cet élément déstabilisateur qui manque assurément dans la besace des candidats de l’opposition.
Avec Ousmane Sonko, Wade s’appuierait sur une personnalité qui gagne en popularité. Mais compte tenu des déterminismes socio-culturo-politiques exercés sur l’électorat sénégalais, il est très difficile d’entrevoir sa victoire dès 2019. A moins d’une révolution à la Thomas Sankara, dont il se rapproche le plus, de par son projet politique d’émancipation nationale et ses jeunes militants désireux de moderniser la vie politique. Ainsi avec cette alliance, se cumuleraient deux éléments d’instabilité ! En revanche, avec Idrissa Seck, Wade aurait un point de fixation autour de la stabilité pour rassurer l’électorat sénégalais. Coexisteraient ainsi un facteur de stabilité et d’instabilité pour une conquête électorale efficiente. Il y retrouverait aussi une partie de sa famille libérale dont des compagnons très proches. De toute évidence, son ralliement permettrait de faire des deux K une cause commune derrière un seul et unique candidat.
Entre le Régal et Mermoz, se trouvait la demeure de Moustapha Wade. S’appuyant sur sa canne, le frère aîné du président me lança un regard glaçant : « Si tu fais quoi que soit contre Abdoulaye, je m’en lave les mains ! ». Il n’aimait pas la lutte, vraiment pas ! Les injustices font partie de nos vies d’homme. Certaines ont été commises sous le magistère de Wade. Aussi dures soient-elles, il faut faire montre de sacrifice dans l’intérêt supérieur d’une Nation. Me Abdoulaye Wade est encouragé à faire table rase des rancœurs du passé, à s’élever au-dessus des injustices subies par son fils, pour permettre un combat loyal et une lutte plus équilibrée entre le président sortant et un opposant choisi selon la realpolitik. Pour cela, il doit puiser dans ses valeurs nobles de guerrier héroïque. Dans le cas inverse, s’il s’entête dans des calculs politiciens ou dans une déstabilisation dangereuse, ce sera à mon tour de dire à la famille Wade : « Je m’en lave les mains ! ».
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les modalités d’un échange réellement bénéfique invitent à dépasser le seul cadre de la politique - Il faut nous regarder dans le miroir et arrêter d’y voir uniquement les politiques
#Enjeux2019 – "Quand on a des idées, on débat ; quand on a des convictions, on se bat". Le débat entre candidats aux élections présidentielles est devenu, presque partout dans le monde, un marqueur de démocratie. Idéal de transparence et de confrontation, il joindrait ainsi l’utile à l’agréable. On peut ajouter au spectaculaire. L’utile, parce c’est l’occasion, dans le meilleur des cas, d’entendre les candidats décliner leur vision, leur projet, de le défendre de le porter à la connaissance du plus grand nombre avec la puissance de relai de la télévision. L’agréable, parce que la mise en scène et le caractère dramatique apportent une part scénarisée très plaisante qui rend le moment moins grave certes mais aussi moins ennuyant que les habituelles conférences. C’est le moment de comparer, de jauger, d’évaluer les aptitudes, et de mesurer les charismes, pour préparer son choix. Spectaculaire aussi, parce que c’est très souvent la consécration des moments historiques, des formules restées légendaires, qui peuvent être décisives dans la victoire finale. Le débat entre politiques semble ainsi une nécessité de la vie politique, un moment qui rapproche les électeurs et les futurs élus. Un standard mondial, assimilé presque partout.
Au Sénégal, petit îlot démocratique, ce débat n’a pourtant jamais eu lieu entre candidats. Retoqué par les visions paternalistes habituelles du pouvoir, de Diouf à Sall en passant par Wade, les Sénégalais n’ont jamais eu l’occasion de voir ces affrontements et ce n’est pas faute de les avoir demandés. Le refus du débat est souvent le fait du pouvoir en place, pour diverses raisons, relevant d’une crainte, d’une dissimulation, d’une incertitude et d’une fuite en avant. Chez les challengers, le demande est toujours plus forte. L’absence de démocratie réelle, institutionnelle et médiatique, crée une faiblesse structurelle pour contraindre les candidats à cette exigence démocratique. Ainsi, le débat devient presque une charité du pouvoir, qu’il ne consent pas à accorder pour les raisons précitées. Au Bénin et en Côte d’Ivoire, les impétrants du second tour, se sont prêtés au jeu pour un résultat encourageant mais insuffisant. Si cela bloque au Sénégal, c’est parce qu’on n’a pas exploré toutes les raisons du blocage qui ne tiennent pas uniquement de la réticence du pouvoir en place, mais aussi de l’absence plus profonde, plus ancienne, plus ancrée, et totalement structurelle, de culture du débat au niveau national. La société ne peut se déshabiller de ses devoirs et les rejeter uniquement sur le politique.
A cet égard, la demande récemment formulée par des twittos pour le débat, ressemble plus à un désir de voyeurisme politique qu’à une vraie quête démocratique. Initiative fédérée autour du hashtag [sunudébat], relayée des centaines de fois, elle est devenue, subitement, une passion pour la démocratie télévisée. Adepte du débat dans son caractère intégral qui touche à toutes les populations, qui s’invite dans les familles, qui ose aborder les questions sensibles, qui est régulier, sinon quotidien, la réduction du débat salutaire au seul champ politique - et encore au champ présidentiel - ressemble plus, à mon avis, à une volonté de regarder sur un écran un duel frissonnant. Un débat pour un débat n’apporte rien s’il ne s’enracine pas dans une tradition intellectuelle plus large. Il est curieux que, dans un pays où on rechigne à débattre de tout dans le fond, à l’université, dans la vie intellectuelle, dans la religion (et je parle de débat, pas d’invectives ou de foucades sur les réseaux sociaux ou dans les émissions télé entre chroniqueurs), naisse l’envie d’un débat exigé et réduit au seul champ politique.
Du reste, le débat n’est pas un gage. Il n’est pas la seule condition de la transparence démocratique. Des débats mythiques, très souvent nous ne gardons ni les idées majeures, ni les programmes, mais seulement les formules, dédiées à l’histoire. Les modalités d’un échange réellement bénéfique invitent à dépasser le seul cadre de la politique. C’est ce qu’il manque à cette initiative même si elle est bienvenue. Elle doit ajouter le souci d’une conversation nationale plus libérée, d’où naîtrait la reconnaissance du mérite, du talent, de la règle, toutes choses qui pourraient durablement affecter l’équilibre du fonctionnement actuel. Il ne faut du reste pas trop attendre du débat : ceux qui ont à y perdre ne s’y soumettent pas. C’est valable pour le politique, comme pour tous les autres domaines. C’est pourquoi les tenants du pouvoir, dans leur pluralité, peuvent assez facilement refuser le débat : ils peuvent dire que ce n’est pas leur tradition, leur culture, que c’est importé, que le débat n’est pas une habitude des valeurs morales etc. Et ils auraient raison. Sans débat véritablement intégral, nous sommes sur des gadgets, des caprices de téléspectateurs en quête de drame maquillé en soif de démocratie. C’est toujours amusant de voir les politiques invoquer les mêmes arguments que leurs pourfendeurs pour se dérober à leur responsabilité. Cela dit, c’est le mensonge fondateur dans lequel nous baignons tous.
La démocratie de basse intensité dont nous parlions ici-même condamne le débat à être un combat de coqs pour assouvir les envies voyeuristes. Tous les autres domaines, exemptés d’un débat, montrent encore le terrible décalage entre la politique et la société. Il y a toujours à choisir, en termes de soin à un grand malade démocratique : entre caresser la plaie ou la purger pour la soigner. Le débat sera intégral, inconfortable, ou ne sera pas. Il faut nous regarder dans le miroir et arrêter d’y voir uniquement les politiques.
Elgas est journaliste, chercheur et écrivain. Son premier roman, "Un Dieu et des mœurs", a été publié en 2015 par Présence africaine. Né en 1988 à Saint-Louis, et ayant grandi à Ziguinchor, il est diplômé de communication et de science politique et, depuis peu, titulaire d'un doctorat en sociologie. Depuis deux ans, Elgas publie sur SenePlus.com une chronique hebdomadaire : "Inventaire des idoles".
ABDOULAYE WADE DU MAUVAIS CÔTÉ DE L'HISTOIRE
De retour à Dakar le 7 février, l’ancien président multiplie des sorties contre l’élection présidentielle, s’en prenant parfois violemment à Macky Sall. Objectif ? Troubler, par des pics maladroits et des coups bas, le scrutin et prendre la revanche
De retour à Dakar le 7 février, l’ancien président multiplie des sorties contre l’élection présidentielle, s’en prenant parfois violemment à Macky Sall. Objectif ? Troubler, par des pics maladroits et des coups bas, le scrutin et prendre la revanche de Karim, son fils qui a été écarté par le conseil constitutionnel. Une posture qui le place du mauvais côté de l’histoire d’autant que par sa position, il aurait pu jouer le rôle de garant de la paix et de la stabilité.
Depuis une semaine, la campagne électorale a été ouverte à Dakar pour la présidentielle du 24 février, avec à la clé, 5 candidats dont Macky Sall, le président sortant. Alors que la campagne battait son plein, peu attendu, l’ancien président sénégalais a multiplié des sorties « gênantes » pour plusieurs diplomates accrédités à Dakar en appelant, à Versailles ( sa résidence habituelle) comme au Sénégal (depuis son retour au pays) à boycotter la présidentielle. « Un appel anti-constitutionnel » chuchote-t-on à l’ambassade de France. « Surréaliste » tempêtent plusieurs organisations de la société civile. Les sections sénégalaises d’Amnesty International et du Forum du justiciable, une ONG de défense des droits de l’Homme ont critiqué cet acte « incompréhensible » sans pour autant décourager Aboulaye Wade, comme si ce scrutin était sa dernière occasion de revanche d’autant que son fils, Karim, a été écarté par le conseil constitutionnel.
Un message inaudible
En début de semaine, alors qu’une annonce importante a été annoncée par des réseaux sociaux proches de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade publie une vidéo tournée chez lui, relayé sur facebook, depuis son domicile de Versailles. Il y appelle le peuple sénégalais à boycotter la présidentielle à venir qu’il qualifie de « verrouillée« . Un message qui sera mal perçu à Dakar où on y voit « une vengeance« . Il n’aura d’échos ni dans la presse locale ni dans celle internationale. Dans un pop vox réalisé dans la capitale sénégalaise par Sarah Sakho, plusieurs sénégalais dénoncent » un acte inopportun », ce qui ne suffira pas pour décourager l’ancien président dont le retour à Dakar a été annoncé dans la foulée. Arrivé jeudi 7 dans son pays, il portera le même message, s’en prenant ouvertement au président sortant, Macky Sall qui lui aura répondu par le silence. Abdoulaye Wade annonce vouloir rencontrer plusieurs candidats et les mobiliser pour « faire partir Sall« . En tournée à l’intérieur du pays, Ousmane Sonko a tout de suite répondu à son appel et l’a « rencontré dès son retour à Dakar« . Mais au-delà de quelques candidats opportunistes, les appels répétés de l’ancien président ont eu peu d’échos. Plusieurs organisations internationales et la société civile ont appelé à « rejeter cet appel« .
Société civile et organisations internationales contre le discours de Wade
La société civile sénégalaise s’est levée contre cet appel au boycott. L’ambassadeur de France aussi s’en est inquiété et s’est confié au Pape du Sopi qui vit, pour l’essentiel du temps, entre sa villa de Versailles en France et l’immense résidence de Karim, son fils, en périphérique de Doha. Amnesty international a dénoncé un appel dangereux pendant que tous les candidats, indifférents, ont continué la campagne. Quelques semaines plus tôt, Karim Wade, condamné pour malversations et enrichissements illicites et aujourd’hui domicilié au Qatar, avait été écarté par la cour constitutionnel de la présidentielle. Son père qui s’obstine à rêver d’un retour à la « monarchie wadiste » a empêché par tous les moyens le Parti démocratique du Sénégal (Pds) d’avoir un candidat. Et bien qu’il vive, lors de ses séjours au Sénégal, dans une luxueuse villa de Madiacké Niang, membre de son parti, au quartier Fann Résidence de Dakar, il a refusé de lui accorder sa bénédiction. Comme si pour Wade, il n’y a d’élection que si son fils est candidat. Surtout pour prendre sa revanche sur Macky Sall dont il n’a jamais digéré la victoire face à lui, en février 2012.
Macky Sall favori
Parti favori, le président sortant organise sa campagne autour de ses grands ouvrages dont le Train express régional (Ter), inauguré récemment ainsi que la grande cité en construction près de Dakar, Diamniadio. Arrivé au pouvoir en 2012 avec la mobilisation de la société civile et le soutien des partis traditionnels du Sénégal qui voulaient, à l’époque, contrée la visée monarchiste de Wade qui tentait un troisième mandat, Sall a multiplié des réformes et engagé de grands travaux. Comparé dans son entourage et dans les chancelleries occidentales à Mitterrand pour « sa fougue à entreprendre et sa passion de la démesure« , il est aussi accusé par une partie de l’opinion et des organisations internationales de faire reculer les libertés publiques dans bien de domaines. Mais son premier mandat aura permis de renforcer les acquis sociaux, de faire rayonner la diplomatie sénégalaise et surtout, d’engager le pays sur la voie de la modernisation. La croissance économique a aussi augmenté de 5 points et la constitution mise aux normes.
Si plusieurs sondages le donnent largement gagnant avec un second tour face à Seck, Macky Sall entend tout de même parcourir tout le pays pour faire valoir son bilan. Un long périple qu’il a inauguré par une visite aux relents spirituels à Touba, capitale de l’influente confrérie musulmane des mourides, à 194 km à l’est de Dakar.
TAXAWU SENEGAAL FRANCE APPROUVE LE CHOIX DE KHALIFA
A l'heure où tout le peuple sénégalais est désorienté, nous ferons bloc, avec les moyens humains et financiers à notre disposition, pour une large victoire de la coalition Idy2019 au soir du 24 février - COMMUNIQUÉ DE TAXAWU SENEGAAL FRANCE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la coalition Taxawu Senegaal France, daté du 9 février 2019, relatif au soutien à la candidature d’Idrissa Seck à la présidentielle.
« Le 8 février 2019, le candidat Khalifa Ababacar Sall a officiellement appelé à voter pour Idrissa Seck à l’élection présidentielle du 24 février 2019, du fond de sa cellule de la prison de Rebeuss. Un choix discursif aux fins « de sceller un partenariat fondé sur un engagement commun de rupture et de refondation de la gouvernance institutionnelle, démocratique, économique et sociale ».
Nous, membres de la coalition Taxawu Senegaal ak Khalifa Ababacar Sall/France, le félicitons pour sa détermination dans la lutte pour la conservation des acquis démocratiques au Sénégal, pour sa dignité, son abnégation et sa volonté de ne pas céder face aux menaces, aux intimidations et à la double cabale politico-judiciaire dont il est victime depuis presque 2 ans.
Subséquemment, nous lui assurons notre totale adhésion à cette démarche et mènerons le combat au sein de la coalition Idy2019. Nous sommes donc prêts et déterminés à participer activement à la campagne de ladite coalition en France.
A l'heure où tout le peuple sénégalais est désorienté, assoiffé, affamé, à l'heure où le népotisme, l'injustice, la corruption sont érigés en règle dans un pays qui était la vitrine de la démocratie en Afrique, nous ferons bloc, avec les moyens humains et financiers à notre disposition, pour une large victoire de la coalition Idy2019 au soir du 24 février. »
AUDIO
OBJECTION AVEC DJIBY DIAKHATE
Le sociologue, enseignant-chercheur à l'ucad est l'invité de Baye Oumar Guèye