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30 avril 2025
Economie
BIENTÔT LA REPRISE NORMALE DES TRANSPORTS
Le président a instruit les ministres en charge des Transports, en relation avec celui de l’Intérieur, de travailler avec les partenaires du secteur, à la levée des restrictions selon des modalités à convenir - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 3 juin 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, le mercredi 03 juin 2020, à 10 heures, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, adressé ses chaleureuses félicitations à la communauté chrétienne à l’occasion de la célébration de la Pentecôte.
Le Président de la République a ensuite informé le Conseil du report de la reprise des enseignements et apprentissages dans les établissements d’enseignement publics et privés, initialement prévue le 02 juin 2020. Il a, à ce titre, réitéré ses remerciements, ses encouragements et son soutien à l’ensemble des acteurs impliqués pour leurs appuis et concours respectifs.
Le Chef de l’Etat a particulièrement salué l’engagement patriotique exceptionnel des enseignants qui œuvrent, avec exemplarité, à la réussite scolaire des apprenants et à la performance du système éducatif.
Le Président de la République a, par ailleurs, indiqué aux ministres en charge de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, la nécessité, d’une part, de définir les modalités de redémarrage des activités pédagogiques dans les écoles, universités et établissements d’enseignement supérieur publics et, d’autre part, de renforcer l’accompagnement de l’Etat au fonctionnement adéquat des établissements privés.
Le Chef de l’Etat, évoquant la gestion multisectorielle et prospective de la pandémie de la COVID-19, a rappelé aux membres du Gouvernement l’impératif de renforcer la riposte sanitaire, la sensibilisation des populations et l’engagement communautaire.
Le Président de la République a, dans cette dynamique, demandé au Ministre de la Santé et de l’Action sociale de préparer une évaluation prospective de la gestion sanitaire de la pandémie. Il a également invité le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, en relation avec le Ministre des Finances et du Budget, à procéder à l’évaluation sectorielle et financière de l’exécution du Fonds de Riposte et de Solidarité « Force Covid-19 ».
Le Chef de l’Etat, revenant sur le programme agricole et la résilience de l’économie rurale, a pris des mesures visant à accentuer la riposte et à atténuer les impacts négatifs de la crise sanitaire sur le secteur agricole. Le Président de la République a, à cet effet, informé de la mobilisation en urgence par l’Etat des montants d’un (01) milliard et de 1, 2 milliards FCFA destinés respectivement à la commercialisation de la production horticole en souffrance et à l’achat de matériels de récolte de riz.
Le Chef de l’Etat a, dans le cadre du programme agricole 2020-2021 financé par l’Etat à hauteur de 60 milliards FCFA, informé de sa décision de subventionner à 100% plus de 700 unités de matériels agricoles motorisés destinés aux femmes et jeunes porteurs d’initiatives agricoles.
Le Président de la République a, notamment, abordé la question de la nouvelle impulsion de la politique de la jeunesse en invitant le Ministre de la Jeunesse à s’atteler à l’édification rapide des Maisons de la Jeunesse et de la Citoyenneté dans les huit (8) communes ciblées en 2020.
Le Chef de l’Etat a, au titre du climat social, de la gestion et du suivi des affaires intérieures, demandé au Ministre de la Culture, des Finances et du Budget, de l’Economie et de l’Artisanat, d’accélérer la mise à disposition des soutiens de l’Etat aux Artisans et aux Professionnels des Arts et de la Culture.
Le Président de la République a, enfin, appelé les populations à veiller au respect scrupuleux des règles établies dans le cadre de l’état d’urgence et de la lutte contre la pandémie de la Covid-19.
Confirmant la stratégie d’assouplissement graduel des mesures restrictives liées à la pandémie de la COVID-19, le Chef de l’Etat a instruit les Ministres en charge des Transports terrestres et aériens, en relation avec le Ministre de l’Intérieur, de travailler avec les partenaires du secteur des transports, à la levée des restrictions selon des modalités à convenir.
Le Président de la République a décidé, dans cette perspective, d’affecter une enveloppe de trois (3) milliards de FCFA aux opérateurs des transports terrestres.
Aussi pour permettre une reprise des activités économiques du secteur dans le cadre du Programme de Résilience Economique et Social (PRES), le Chef de l’Etat a par ailleurs décidé, compte tenu de l’ajournement de certaines activités majeures de l’Agenda culturel national, de la mise en place d’un appui spécifique de trois (3) milliards FCFA , affecté au secteur des Arts et de la Culture.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique.
Au titre des Communications,
Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la finalisation des négociations sur le port de Ndayane.
le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait le point sur la situation internationale et l’assistance apportée par l’Etat à nos compatriotes de la Diaspora.
Le Ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale a fait le point sur la situation de la mobilisation et de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication portant sur la mobilisation des fonds dans le cadre de la coopération multilatérale et bilatérale.
Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait le point sur la situation de la pandémie.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur mise en place des intrants pour la campagne agricole en cours, l’exportation des fruits et légumes et la situation phytosanitaire.
Le Ministre du Tourisme et des Transports aériens a fait une communication sur le projet de Plan stratégique et opérationnel de Développement du Tourisme et des Transports aériens.
Le Ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du Territoire a fait une communication portant sur une étude de proposition d’un mode de gouvernance du Pôle urbain de Diamniadio.
Les Ministres de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur ont rendu compte respectivement des nouveaux dispositifs qui sont en train d’être mis en place pour la reprise des enseignements.
Le Ministre de l’Industrie a rendu compte au Conseil de sa visite aux trois industriels du fer au Sénégal.
Le Ministre de la Culture et de la Communication a fait une communication sur les propositions des acteurs de la culture au sujet de la prise en charge des effets de la COVID-19.
Le Ministre de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire a fait une communication sur le Fonds national de la Microfinance, instrument de financement et d’assistance technique adressant les trois niveaux macro, méso et micro de la microfinance.
Le Ministre en charge du suivi du Plan Sénégal émergent (PSE) a fait le point sur l’exécution des projets prioritaires.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Fonds National de la Microfinance ;
- le Projet de décret modifiant l’article 8 du décret n° 2014-770 du 14 juin 2014 précisant certaines obligations des opérateurs quant au droit à l’information des consommateurs.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Abdou FALL, ancien ministre est nommé Président du Conseil d’Administration de la société APIX SA, en remplacement de Monsieur Chimère DIOP ;
Monsieur Ibra NDIAYE, titulaire d’un Master en transport aérien, est nommé Président du Conseil d’Administration de la société AIBD ASSISTANCE SERVICES (2AS) ;
Maître Amadou KA, Avocat, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Infrastructures de Réparation Navale (SIRN) ;
Monsieur Moussa SY, Administrateur de société, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale du Port Autonome de Dakar (PAD), en remplacement de Monsieur Amadou KA ;
Monsieur Amadou SADIO, Administrateur civil principal, est nommé Président du Conseil d’Administration à l’Aurtorité nationale de l’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur(ANAQ-SUP), en remplacement du Professeur Abdoulaye SENE ;
Madame Ramatoulaye GUEYE DIOP, ancien ministre, est nommée Président du Conseil d’Orientation de l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), en remplacement de Monsieur Ibra NDIAYE ;
Madame Nicole GAKOU, Ingénieur, est nommée Président du Conseil d’Orientation de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), en remplacement de Monsieur Khalifa GUEYE ;
Monsieur Alioune DRAME, Journaliste, est nommé, Président du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse, au Ministère de la Culture et de la Communication poste vacant ;
Monsieur Bara NDIAYE, précédemment Administrateur de la Maison de la Presse, est nommé Directeur général de la Maison de la Presse, au Ministère de la Culture et de la Communication, poste vacant ;
Madame Bassine Thiaré DIONE, Inspecteur principal du Trésor, matricule de solde 611.508/G, est nommée Inspecteur des Finances, au Ministère des Finances et du Budget ;
Monsieur Baba DIAWARA, Inspecteur principal du Trésor, matricule de solde 616.205/D est nommé Inspecteur des Finances, au Ministère des Finances et du Budget ;
Monsieur Abdoulaye SADJI, Inspecteur principal du Trésor, matricule de solde 515.389/E, est nommé Inspecteur des Finances, au Ministère des Finances et du Budget ;
Monsieur Mame Ouneta FALL, Inspecteur principal du Cadastre, matricule de solde 505.738/B, est nommé Inspecteur des Finances, au Ministère des Finances et du budget ;
Monsieur Diéne FAYE, Ingénieur halieute, matricule de solde n° 607 125/I, précédemment Inspecteur des Affaires administratives et financières, est nommé Directeur des Pêches maritimes au ministère des Pêches et de l’Economie maritime, en remplacement de Monsieur Mamadou GOUDIABY, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Babacar Banda DIOP, Ingénieur halieute, matricule de solde n°619 397/M, précédemment Conseiller technique n°1, est nommé Directeur des Industries de Transformation de la Pêche au ministère des Pêches et de l’Economie maritime, en remplacement de Monsieur Diène NDIAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Diène NDIAYE, Ingénieur des pêches et de l’Aquaculture, précédemment Directeur des Industries de Transformation de la Pêche, est nommé Directeur de la Pêche continentale au ministère des Pêches et de l’Economie maritime, en remplacement de Monsieur Mahamadou SIGNATE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mamadou GOUDIABY, Docteur Vétérinaire, Qualiticien- Hygiéniste, matricule de solde n° 513 881/F, précédemment Directeur des Pêches Maritimes, est nommé Inspecteur des Affaires Administratives et Financières au Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime en remplacement de Monsieur Diène FAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mahamadou SIGNATE, Docteur Vétérinaire, matricule de solde 613 436/A, précédemment Directeur de la Pêche Continentale, est nommé Inspecteur Technique au Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime."
Le ressenti du confinement (Table-ronde virtuelle sur Zoom) D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé. Le Sénégal sous état d’urgence, le temps semble ralenti, le monde à l’arrêt. Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits et apparaissent dans quelques œuvres éparses. Le désir de partage titille visiblement les consciences. Partageons donc !
- 12 intellectuels et grands leaders d’opinion sénégalais sur Zoom.
- Tous répondent à une question et une seule : « Au plan personnel, au plan humain quel est l’impact de cette crise mondiale sanitaire qui pourrait alimenter de manière significative votre réflexion sur les prochaines années ? »
- Liste des participants : o Didier Awadi o Souleymane Bachir Diagne o Babacar Buuba Diop o Ousmane Blondin Diop o Elgas o Penda Mbow o Fatoumata Sissi Ngom o Alioune Sall Paloma o Pierre Sané o Mbougar Sarr o Marie-Angelique Savané o Rama Yade
- Facilitation de la discussion : René Lake
DES CHAUFFEURS SE RÉVOLTENT À NDIASSANE
Ils sont à bout, après près de trois mois d’arrêt, suite aux restrictions prises par le président de la République, pour freiner la propagation du Covid-19
Après près de trois mois sans travail, suite aux mesures restrictives prises par le gouvernement pour freiner la propagation du coronavirus, les chauffeurs sont descendus hier dans la rue à Ndiakhaté Ndiassane. C’était pour exprimer leur colère et demander la reprise du transport interurbain. Pour mieux se faire entendre, ils ont brûlé des pneus sur la nationale. Ce qui a nécessité l’intervention d’un grand renfort des forces de l’ordre.
Ndiakhaté Ndiassane, dans la commune de Chérif Lô, département de Tivaouane, a été hier le théâtre d’une violente manifestation organisée par des chauffeurs qui réclamaient la reprise du transport interurbain. Ils sont à bout, après près de trois mois d’arrêt, suite aux restrictions prises par le président de la République, pour freiner la propagation du COVID-19.
Et Ndiakhaté Ndiassane est une localité où pratiquement tous les jeunes sont des chauffeurs de transport en commun, et chaque famille compte au moins 4 à 5 véhicules de transport. C’est pourquoi, le village est fortement impacté par les effets socio-économiques de la pandémie. N’en pouvant plus, les chauffeurs ont sonné hier la révolte. Tôt le matin, ils ont investi la route nationale pour bloquer la circulation pendant près de deux tours d’horloge. Les femmes, les jeunes, bref les populations sont massivement sorties pour prêter main forte aux chauffeurs manifestants, en décrivant les détails du malvivre engendré par l’interdiction du transport interurbain. Des pneus ont ensuite été brûlés et les forces de l’ordre venues dans un premier temps en nombre insuffisant ont dû avoir recours à des renforts, pour maîtriser la situation, non sans un échange de jets de pierres et de grenades lacrymogènes. Ce face-à-face a occasionné plusieurs arrestations. Les forces de l’ordre ont ensuite installé des cordons jusqu’à l’intérieur du village, ce qui a permis de libérer la circulation. Les épouses des manifestants entonnent en chœur : « Nous sommes fatigués, nous avons faim et soif, parce que nos maris sont privés de travail parce qu’ils sont des chauffeurs. Nous avons marre d’une telle situation ; que les autorités laissent tranquillement nos chauffeurs travailler et gagner leur vie à la sueur de leur front d’autant plus que personne n’aperçoit encore la couleur de l’aide tant annoncée ! » Elou Diakhaté laisse éclater sa colère et déclare : « La situation est devenue insoutenable et nous implorons le pardon du président de la République si les chauffeurs lui ont fait quelque part un tort sans le savoir, au point de justifier cet abandon dont ils sont victimes. La plus grande erreur qu’un gouvernant puisse commettre, c’est de confier un secteur d’activités économiques à quelqu’un qui ne s’y connaît rien. A notre humble avis, c’est le cas du ministre Oumar Youm qui est à l’origine de tous les échecs dans le secteur du transport.» Selon lui, aucune industrie, quelles que soient sa taille et sa dimension, ne peut générer le nombre d’emplois que créent les différentes gares routières du pays ; c’est pourquoi l’option manifeste prise par le pouvoir d’affaiblir le transport public est totalement incompréhensible. « L’heure est grave car les familles des chauffeurs de transport en commun risquent d’éclater du moment où ces derniers sont obligés de recourir à la mendicité pour donner un strict minimum à leur progéniture », affirment les protestataires.
Les différents responsables des gares routières du département de Tivaouane avaient récemment sonné l’alerte, lors d’un point de presse, en affirmant que la situation que vivent actuellement les chauffeurs est pire que le coronavirus. « Trop, c’est trop et ventre affamé n’a plus d’oreille » ! avaient-ils alerté. Et ils avaient demandé une organisation du transport public comme le sont les autres secteurs, ne serait-ce que pour sauver des acteurs économiques qui risquent de périr avec leurs familles.
DES ENTREPRISES DU SECTEUR DES RESSOURCES NATURELLES MENACÉES DE DISPARITION
Les activités minières, pétrolières et gazières sont rudement éprouvées à cause des mesures de restrictions prises dans le but de freiner la propagation du Coronavirus
A travers un webinaire organisé hier par l’Ong Oxfam, des panélistes ont débattu pendant plus de deux tours d’horloge sur les impacts de la pandémie de Covid-19 sur la gestion des ressources naturelles au Sénégal. Il ressort de leurs analyses que les activités minières, pétrolières et gazières sont rudement éprouvées à cause des mesures de restrictions prises dans le but de freiner la propagation du Coronavirus. Par ailleurs, ils prédisent que des entreprises vont disparaître.
Même s’ils jugent prématuré de mesurer l’impact du Coronavirus sur les activités des industries extractives, les panélistes sont pessimistes. Ils estiment en effet que faute de moyens financiers, des entreprises du secteur des ressources naturelles sont en train d’être exterminées par le Coronavirus. Selon le directeur de la communication et relations publiques de la Société des Pétroles du Sénégal (Petrosen), Ibrahima Bachir Dramé, l’impact de la Covid-19 peut être caractérisé en trois cas de figure. Dans le premier cas de figure, indique le sieur Dramé, certaines entreprises ne survivront pas à la crise faute de moyens financiers conséquents pour redémarrer les activités. Car, poursuit-il, des entreprises ne suivent plus et sont obligées de fermer comme ce qui se passe en Afrique du Sud, au Ghana, et dans d’autres pays où des mines ont tous été fermées définitivement en attendant d’y voir plus clair. Le deuxième cas de figure concerne des entreprises qui seront dans l’obligation de nouer des partenariats de fusions, de rachats ou de cessions des activités parce qu’elles n’ont pas d’orientation stratégique dans le long terme. Ce qui signifie, explique-t-il, que toutes les entreprises, qui ne s’étaient pas inscrites dans des hypothèses et des simulations d’activités stratégiques avant l’apparition de la pandémie du Coronavirus, vont se retrouver dans l’obligation, à défaut de faire disparaître l’activité, de fusionner ou de se faire racheter par des entreprises qui profitent de la situation pour s’agrandir.
Enfin pour le troisième cas de figure, renseigne monsieur Dramé, les entreprises seront repositionnées avec une vision de long terme en ayant profité de toutes les opportunités du moment. Au niveau des activités minières, explique Aminata Ndao Seck, juriste de formation et agent de l’Etat, l’impact de la pandémie pourrait se mesurer par rapport au déroulement des activités. «Parce que les titulaires de titres miniers de recherches ou d’exploitations, pour l’instant, peuvent rencontrer des difficultés venant des mesures qui ont été prises pour contrecarrer la pandémie», souligne-t-elle.
A cet effet, elle estime que le premier impact est lié à la réduction de la mobilité des travailleurs sur les sites miniers. «Ce qui contribue au ralentissement des activités». Donc pour Mme Ndao, les restrictions ont causé un énorme ralentissement dans le déroulement des activités. Et d’ajouter dans la même veine que des sociétés devaient démarrer leurs activités, mais elles ne pourront pas le faire, parce que leurs travailleurs ne sont pas sur place. «Cela va entraîner des retards dans l’exécution de certains travaux.
Par ailleurs, il y a des obligations légales et conventionnelles auxquelles les sociétés minières sont tenues et des délais leur sont accordés pour entériner ou exécuter certains travaux», indique Aminata Seck Ndao qui précise à ce propos que la convention minière ne régit que celles qui sont en phase de recherche mais également d’exploration à grande échelle. Sous ce rapport, elle renseigne également que la pandémie peut causer une rupture ou une renégociation de certains contrats. Pour ce qui est des autorisations de carrières, dit-elle, la problématique qui pourrait se poser c’est qu’elles soient limitées dans le temps. «Si par exemple, un titulaire d’autorisation ou de carrières temporaire reste six à sept mois sans travailler, les délais continuent à courir. Donc, cela pourrait déboucher sur une suspension temporaire de cette autorisation», souligne Aminata Seck Ndao.
Concernant les impacts sur le déroulement des activités d’exploitation minière artisanale, elle minimise. «Ce ne sont pas des projets miniers au véritable sens du mot», informe-telle. Par ailleurs, elle considère que d’autres impacts pourraient se mesurer par rapport à la productivité et au rendement des sociétés minières. Et si la situation perdure, cela risque d’entraîner une baisse de la production.
par Ousmane Ngom
FAIRE REPARTIR NOTRE ÉCONOMIE AU PLUS VITE
Rompre avec la peur et acquérir les gestes appropriés pour vivre avec le virus. La lutte se gagnera au niveau communautaire par une bonne sensibilisation et la promotion des comportements adéquats
« Il nous faut apprendre à vivre en présence du virus… « Cette phrase du président Macky Sall a suscité et continue de susciter beaucoup de réactions. Comme la mesure de suspension de la rentrée scolaire qu’il vient de prendre en urgence. La Covid-19, qui frappe le monde, n’est assurément pas une épidémie comme celles déjà connues et combattues. La preuve, le comportement du virus sur notre continent amène beaucoup d’interrogations. Pourquoi l’Afrique n’a pas connu ces taux de létalité importants comme dans les continents européen ou américain ?
Le futur nous le dira certainement. Pour l’heure, soyons simplement heureux que les prévisions les plus pessimistes ne se soient pas réalisées et qu’elles ne réalisent pas. Avec 3 mois de recul, des évidences peuvent quand même être notées. Il en est de l’utilité du port du masque, comme de la distanciation physique. Le virus se transmet d’homme à homme. Cela explique que les zones de forte densité de population soient les plus touchées. Il est donc tout à fait naturel que les régions abritant les capitales comme Dakar qui polarise plus de 70% des cas positifs et c’est le cas dans différents pays, surtout en Afrique, soient les épicentres du phénomène, parce que aussi les premières touchées avant que le virus ne soit porté par des hommes dans les régions à l’intérieur des pays. Une autre évidence, est que la circulation du virus continuera de longues semaines, voire des mois, dans tous les pays. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’à tel jour J, on arrivera à avoir 0 cas sur un nombre plus ou moins significatif d’échantillons testés.
Les Européens ont commencé à retrouver leurs activités à un moment où ils continuent encore à enregistrer plus d’une centaine de décès par jour. Chez nous se pose aujourd’hui la question de la levée rapide de l’état d’urgence et du couvre-feu pour restaurer la sérénité et remettre le pays au travail. Je m’explique. Le virus est là, certes sa pathogénicité peut fortement diminuer pour X raisons, il n’y aura pas de traitement et de vaccin reconnus efficaces dans le court voire moyen terme, alors apprenons à vivre avec. Il nous faut rompre avec la peur, car la peur est injustifiée et capable d’engendrer des réflexes et comportements incompréhensibles et inacceptables, comme ces cas rapportés d’enterrements rejetés par des populations ou de jeunes qui se rebellent contre le couvre-feu ou encore de chauffeurs-transporteurs vandalisant des bus et gares routières. C’est le fruit de l’angoisse. Mais la peur ne nous aidera point à vivre avec le virus. Nous avons besoin davantage de sérénité, à tous les niveaux. C’est dans cette sérénité que se trouve la clé de l’acceptation de vivre et demain de rompre la chaine de transmission du virus.
Ayons des comportements responsables, partout, dans les quartiers, les maisons, les mosquées, les églises, l’espace scolaire et j’en passe. Il nous faut nous habituer aux masques, nous habituer au lavage des mains, à la distanciation physique, pour continuer à mener nos activités quotidiennes. Reconnaissons le professionnalisme et le mérite de notre corps médical que je connais bien, et rendons leur grâce pour tous ces efforts qu’ils continuent de fournir pour le bien des populations. A chaque fois que l’opportunité se présentera, il nous faudra les acclamer. Notre pays n’a pas connu de grosses épidémies depuis le début des années 2000, en dehors des préparatifs, avec succès, de la réponse à la maladie à virus Ebola qui sévissait dans la sous-région.
Les dernières grandes épidémies d’ampleur datent des années 90, épidémies récurrentes de choléra, méningite cérébrospinale, fièvre jaune, auxquelles avaient su faire face avec vélocité et efficacité les Services de Santé d’alors. L’implication et la responsabilisation de chaque Sénégalais, passe aussi par les chefs de quartiers, les ASC des jeunes, les leaders des collectivités locales ainsi que les leaders communautaires en général. Tous devraient être les vecteurs du bon message, afin de promouvoir les bons comportements partout et à tous les niveaux. Voilà venu pour eux le moment de densifier leurs interventions pour une bonne sensibilisation de nos concitoyens.
Rompre avec la peur et acquérir les gestes appropriés pour vivre avec le virus. La lutte se gagnera au niveau communautaire par une bonne sensibilisation et la promotion des comportements adéquats. C’est simplement possible et salutaire. Ce volet communautaire, incluant la surveillance communautaire, dans nos pays africains, est la plus-value qui fait la différence avec les continents européen et américain, dans la réponse à ce type d’épidémie. Nous devons continuer et renforcer la gestion sereine de cette épidémie.
La plupart des cas n’ont pas de symptômes graves, fort heureusement. Il s’agit de les rendre conscients de leur situation de porteur de l’infection et de les surveiller. Les cas graves par contre doivent être absolument référés dans les centres spécialisés pour prise en charge appropriée, car ce sont ces cas qui peuvent conduire à la mort. Ce sont là les deux indicateurs, cas grave et mortalité qui doivent surtout retenir notre attention et non le décompte quotidien du nombre de cas avec la stigmatisation des cas dits communautaires qui installent cette peur et aussi augmente la stigmatisation. Mais nos structures de santé ont aussi besoin de retrouver cette confiance des populations pour venir se traiter contre le paludisme et autres affections aigues ou chroniques.
L’hivernage arrive…il nous faut assurer la continuité des services de santé comme des prestations de services essentiels et aussi de prévention comme la vaccination des enfants et des femmes, dès à présent. C’est aussi cela l’équité. Les structures de santé doivent s’organiser à assurer une circulation efficace des patients à l’intérieur de la structure. Il y a trois jours quand la France dénombrait 54 décès dans son décompte quotidien, le même jour, le décompte des 47 Etats africains faisait état de 42 décès. Comme on le voit les situations sont tout à fait différentes. Ce sera grâce à la mise en œuvre effective des mesures de prévention, port généralisé du masque, distanciation physique, lavage systématique des mains, tests de tous ceux qui présentent des signes évocateurs de la maladie, que nous pourrons ouvrir sereinement nos écoles, que la circulation interurbaine pourra reprendre progressivement selon des modalités à établir.
Devant la souffrance de plus en marquée de nos économies africaines, dans tous ces pays présentant le même profil, il sera aussi temps de songer, à la réouverture concertées des frontières intra africaines selon là aussi des modalités à définir, comme les autres continents le font. Le commerce et les échanges intra africains doivent reprendre. Nos économies ont bien besoin de souffler tant au niveau des pays qu’aux niveaux régional et continental. Notre continent ne doit pas continuer à rester à l’arrêt. Nos économies ont ce besoin très fort de repartir rapidement de l’avant.
PAR 12 INTELLECTUELS ET LEADERS D'OPINION SÉNÉGALAIS
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LE SILENCE DU TEMPS
EXCLUSIF SENENPLUS - D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé - Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits
Le ressenti du confinement est exprimée dans cette table-ronde virtuelle organisée par SenePlus. D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé. Le Sénégal sous état d’urgence, le temps semble ralenti, le monde à l’arrêt. Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits et apparaissent dans quelques œuvres éparses. Le désir de partage titille visiblement les consciences. Partageons donc !
12 grands leaders d’opinion sénégalais se sont retrouvés sur Zoom. Et tous, répondent à une question et une seule : « Au plan personnel, au plan humain quel est l’impact de cette crise mondiale sanitaire qui pourrait alimenter de manière significative votre réflexion sur les prochaines années ?
Les participants pour cette première, l'artiste musicien Didier Awadi, le philosophe et chercheur Souleymane Bachir Diagne, l'historien Babacar Buuba Diop, le politologue Ousmane Blondin Diop, l'écrivan et journaliste Elgas, l'historienne Penda Mbow, écrivaine et analyste politique Fatoumata Sissi Ngom, l'expert en prospective Alioune Sall Paloma, l'analyste et ancien patron d'Amnestie internationale Pierre Sané, l'écrivain Mbougar Sarr, l'experte en développement Marie-Angelique Savané, et enfin, la politologue et ancienne ministre de France Rama Yade. La facilitation de la discussion est assurée par l'analyste René Lake.
DES SYNDICALISTES OPPOSÉS À LA RENÉGOCIATION DU CONTRAT AKILEE-SENELEC
Réagissant à la sortie du directeur général d’Akilee Amadou Ly qui a envisagé de revoir le contrat qui lie Senelec et Akilee, les syndicalistes minimisent et demandent toujours l’annulation du contrat
Réagissant à la sortie du directeur général d’Akilee Amadou Ly qui a envisagé de revoir le contrat qui lie Senelec et Akilee, les syndicalistes minimisent et demandent toujours l’annulation du contrat. Selon le secrétaire général du Sutelec Habib Aidara, cela n’aura aucun incident sur le combat qu’ils sont en train de mener.
Le directeur général de Akilee Amadou Ly a affiché sa volonté de renégocier le contrat entre Senelec et Akilee.
Interpellés, les syndicalistes de Senelec indiquent que cela n’aura aucun incident sur le combat qu’ils sont en train de mener. «La déclaration du directeur général de Akilee ne nous fait pas changer de position. Depuis le début, du temps de l’ex-directeur général de Senelec, on avait demandé des informations. Jusque ici les informations que nous avons, ne nous ont pas convaincues et que les termes qui sont établis dans le contrat font que jusqu’à présent nous demandons l’annulation du contrat. On n’est même pas d’accord pour une renégociation. On veut que le contrat soit rompu», a soutenu Habib Aidara, secrétaire général du Sutelec. Selon lui, si Senelec juge que cette activité doit être externalisée, il faut qu’elle fasse l’objet d’un appel d’offres en bonne et due forme. «Aujourd’hui tous les corps de contrôle de l’Etat ont été réinvestis pour la mission à Senelec. C’est sûr que cela va suspendre l’exécution du contrat. Maintenant, attendons d’avoir les conclusions de cette mission.
Mais nous ne pensons même pas que cette négociation pourrait satisfaire la préoccupation des travailleurs. Il faut casser le contrat», a-t-il lâché. Abondant dans le même sens, Serges Derhie Cissé, secrétaire général du syndicat des cadres de Senelec (Sicas) estime que les syndicalistes n’ont rien à voir avec cette renégociation du contrat.
Selon lui, cela n’engage que le directeur général de Senelec et celui de Akilee. «Nous sommes totalement indépendants par rapport à ça. Nous, l’action que nous menons avec les organes de contrôle, c’est de savoir les tenants et les aboutissants de ce contrat. Ce qu’ils sont en train de faire eux et nous ce que nous sommes en train de faire, c’est sur la base d’une rupture de confiance de départ. Si les organes de contrôles viennent, ils vont nous édifier en tant que syndicats. Eux peuvent négocier et faire ce qu’ils veulent », martèle-t-il.
Ainsi, M. Cissé a fait savoir que les syndicalistes vont se plier aux conclusions des organes de contrôle qui ont été saisis. «Depuis le départ, nous sommes dans un processus très clair et précis. Nous nous sommes levés pour dire qu’il y a une nébuleuse dans un contrat et nous voulons que les organes de contrôle nous édifient sur cette nébulosité. On va se plier à ce que les organes de contrôle nous donnent comme résultat. Ils sont libres de mener des négociations », indique-t-il.
POURQUOI LA REPRISE DU TRAFIC AÉRIEN ATTENDRA
Les frontières aériennes sénégalaises resteront fermées aux vols de passagers jusqu’au 30 juin au moins. Et la reprise des vols dépendra d’une décision concertée au sein de l’Uemoa
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Guèye |
Publication 02/06/2020
La réouverture du ciel sénégalais attendra. La fermeture des frontières aériennes a en effet été prolongée jusqu’au 30 juin, a annoncé le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, à l’exception des vols cargos et des vols médicaux. Le 29 mai, au lendemain de cette prorogation, le président Macky Sall prolongeait jusqu’au 2 juillet, par décret, l’état d’urgence – qui prévoit un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin et l’interdiction de tout déplacement entre les régions.
Interrogé par Jeune Afrique, Oumar Khassimou Dia, le directeur des Transports aériens au ministère, indique que « le gouvernement recueille l’avis technique des experts avant de prendre de telles décisions ». Selon lui, « le risque de propagation des maladies transmissibles à travers les voyages aériens est très élevé, et la situation des pays avec lesquels nous avons traditionnellement un flux de passagers est encore sérieuse. Même si la tendance est à la baisse en Europe. La prudence voudrait que nous observions si cette tendance va se confirmer ».
Cela veut-il dire qu’après le 30 juin, un nouveau report pourrait intervenir ? « Tout est possible, indique Oumar Khassimou Dia. Cela dépendra de la situation de la pandémie à l’approche de cette échéance du 30 juin. Le gouvernement tranchera en fonction des informations que nous lui fournirons. »
Perte de trafic de 97,5 %
La trentaine de compagnies qui opèrent à l’aéroport International Blaise Diagne (AIBD) sont actuellement impactées par le lockdown aérien décrété depuis le 20 mars. Les seules compagnies qui continuent à effectuer des vols cargo sont Lufthansa, Turkish Airlines, Emirates et DHL. Subsistent également des vols d’évacuation et quelques vols de rapatriement (par Air Sénégal, Air France ou Ethiopian Airlines). « Mais c’est vraiment résiduel : nous déplorons une perte de trafic de l’ordre de 97,5 % à l’AIBD », précise le directeur des Transports aériens.
LES STARTUPS SÉNÉGALAISES AU SERVICE DE LA MODERNISATION DE L’ÉTAT
EXCLUSIF SENEPLUS - La nouvelle économie est caractérisée par le partage et la déconcentration du savoir. Fini le temps de l’État rigide où la connaissance et l’initiative étaient les attributs d’une autorité ascendante et verticale
L’univers des startups peut sembler complexe pour ceux qui n’y évoluent pas. Ce monde inconnu, fait de concepts nouveaux et d’anglicismes, dont je vous ferai l’économie, suscite partout dans le monde beaucoup d’intérêt. C’est un univers passionnant dans lequel les acteurs rivalisent de créativité pour apporter des solutions à des difficultés de leur environnement, pour améliorer leur cadre de vie, et tenter de rendre meilleure la vie.
Le Sénégal, aujourd’hui, compte des centaines de startups réparties dans tous les secteurs d’activité de l’économie. Toutes ces petites structures portent, parfois avec la foi d’un missionnaire, de grandes idées, toujours innovantes, parfois utopiques et démesurées. Mais elles ont un atout formidable : elles sont faites de la même matière que le rêve.
Le formidable privilège de savoir rêver
Savoir rêver, et se projeter dans un avenir radieux et prospère, est un privilège que la jeunesse africaine doit absolument reconquérir. C’est à travers ce rêve libérateur que naissent l’espoir d’un avenir meilleur et l’énergie du bâtisseur. L’univers des startups demeure encore un espace où on peut poser une folle idée - aussi farfelue soit-elle à priori -, la nourrir, la chérir et en consommer les fruits mûrs après un dur labeur. La plupart des jeunes africains, qui se lancent dans l’aventure et continuent contre vents et marées leurs projets d’entreprise, portent cette croyance : dans ce monde tout est toujours possible.
Cette nouvelle énergie créatrice, qui nourrit la jeunesse, peut bénéficier à nos États qui, depuis quelques années, ont fait vœux de modernité. En plus du rêve, la modernité est l’autre matière dont les startups sont faites. Elles identifient les défis de l’époque et choisissent de les relever. Ces défis qui pour nos États peuvent s’appeler : service public de qualité, égalité entre les citoyens. Notre administration publique, à bien des égards, ne répond plus aux exigences de notre espace contemporain. Les tares sont multiples. Défauts de clarté dans les procédures, lenteurs, manque de flexibilité, délais improbables. Les mots ne manquent pas pour qualifier les maux de nos services publics. Ces difficultés créent une rupture d’égalité entre les citoyens, car selon que vous soyez nantis ou pas, vos démarches administratives n’auront pas la même issue. Enthousiastes et déterminés nous pouvons ensemble tenir la promesse d’un service public de qualité.
Modernité dans la relation avec les citoyens : quitter le vieux monde de la verticalité et s’ouvrir aux apports fécondants du monde transversal et collaboratif
Il est possible d’apporter de l’agilité, de la flexibilité et de la fluidité à notre service public. Ces concepts moteurs de l’univers des startups peuvent être appliqués au fonctionnement de notre administration. La nouvelle économie est caractérisée par le partage et la déconcentration du savoir. Fini le temps de l’État rigide où la connaissance et l’initiative étaient les attributs d’une autorité ascendante et verticale. L’innovation peut venir de tout esprit savant, sans appartenir à aucune caste ou institution officielle. L’écoute et le partage deviennent la règle. Jugez-en par le nombre de vidéos et d’articles instructifs partagés sur internet tous les jours.
Le brillant mathématicien Russe, Grigori Perelman, a partagé en 2003 sur Internet la démonstration de la conjecture de Poincaré. Un problème mathématique vieux alors de 100 ans. Perelman a outrepassé toutes les règles de l’institution universitaire hyper codifiée. La tradition voudrait qu’il envoie son article à une revue prestigieuse, avec comité de lecture chargé de statuer. Il n’en a rien fait. Il a par ailleurs décliné la médaille Fields (équivalent du prix Nobel en mathématique) qu’on lui avait décerné. Nous sommes au cœur du sujet. Nos États peuvent avec la participation des startups s’initier à cette nouvelle forme de collaboration, ouverte, transversale et fécondante. Cette ouverture permet la détection rapide des talents. Leur mise en valeur pourrait, encore, inspirer d’autres talents et favoriser un cercle vertueux d’émulation positive.
Modernité dans l’outil d’administration des citoyens : inclusivité et équité
L’usage des outils numériques est aujourd’hui une réalité dans nos pays. La vitesse affolante avec laquelle les applications informatiques, et autres outils pénètrent les masses populaires, modifient les codes et changent les relations sociales nous interpellent. Cela passe de la connexion à des réseaux sociaux à l’utilisation massive de technologie de transaction financière. Ces outils ont un attribut formidable : l’inclusivité. Ils permettent à un grand nombre d’accéder à des services inaccessibles auparavant. Grâce à cette technique nous avons réalisé de grands sauts technologiques. Permettant, par exemple, de passer d’un très faible taux de bancarisation à un accès quasi-universel aux services financiers.
Le peuple souverain adhère à la technologie et aux outils numériques. Le prétexte est trouvé pour résolument intégrer l’outil numérique dans la méthode d’administration des citoyens. Obtenir rapidement des documents administratifs, avoir une information claire, apporter de la transparence dans les procédures, accélérer les démarches. Enfin, réconcilier les citoyens avec l’administration. Ce défi numérique est bien possible à relever. Les compétences des startups sénégalaises permettent largement d’accéder à cette réalité. Le digital n’est pas qu’un gadget. Il peut faciliter la reconquête de certains secteurs régaliens grâce à l’inventivité de ces jeunes pouces. Dans la santé, une pépite nommée E-yone a conçu une application très poussée pour la gestion des structures de santé, qui prend en charge un passeport médical des patients. Cet outil peut participer à améliorer le suivi de ces derniers en mettant fin à l’errance fatal de certains patients faute de dossier médical cohérent.
C’est un début de réponse à la modernité. Il en existe dans l’éducation, l’agriculture, le marketing digital et d’autres secteurs encore dont l’énumération serait fastidieuse. A celles-là s’ajoutent toutes les autres qui évoluent dans la « deep tech ». D’ailleurs, une étude, du ministère de l’économie numérique, sur les startups et PME du numérique, publiée le 01/09/2019, recommande la mise en place d’une « GOV-TECH » pour favoriser l’accès aux entreprises du numérique à la commande publique. Pour faire écho au souhait de l’État de moderniser la Poste nationale, le Sénégal regorge de startups performantes dans la logistique et la finance, qui pourraient activement y participer et lui redonner un souffle nouveau. S’ouvrir, collaborer, encadrer dans un environnement inclusif et protecteur, au lieu d’interdire et de s’enfermer dans une impasse et dans des réseaux faibles.
L’État stratège
L’idée des entrepreneurs, seuls, qui viennent à bout de nos difficultés sociales, économiques, est un leurre. C’est une illusion qui pourrait nous perdre dans un désert encore plus vaste d’aveuglement. Ce désir d’avenir meilleur, cher à l’écosystème des entrepreneurs, ne sera possible que grâce à un État fort, aux côtés de tous. La prospérité n’adviendra qu’avec le concours d’hommes politiques conscients des enjeux de notre temps. L’État est également la seule entité capable de garantir un égal accès à un service public de qualité au plus grand nombre. L’État est aussi le régulateur capable de fédérer les intelligences, d’impulser la transition technologique, de bâtir les complexes techno-écologiques, d’impulser la recherche et le développement, de construire les politiques industrielles solides.
Tout reste possible avec l’énergie créative des entrepreneurs, mais seul l’État rendra cette force pérenne, durable et profitable à tous. Je ne suis ni un partisan forcené de l’étatisme, ni un disciple docile du tout privé, mais un militant de la dignité. C’est aussi notre devoir d’aider nos États à garantir les besoins primaires des citoyens. Le Sénégal a, depuis longtemps, tenu sa réputation de pays pourvu en ressources humaines de qualité. Contrairement à certains pays d’Afrique qui ont traversé des crises politiques majeures, le Sénégal n’a jamais connu de rupture importante de sa chaîne d’éducation lors des cinquante dernières années. Nous avons, malgré tout, tenu cette promesse de formation de qualité. Même s’il faut rappeler que l’éducation nationale a connu de meilleurs jours.
C’est l’occasion de mettre en avant cette ressource humaine de qualité, ainsi que les entrepreneurs méritants, en faisant taire ceux que le chroniqueur et essayiste Sénégalais, Hamidou Anne appelle « les narrateurs de l’entreprenariat ». Ces derniers se nourrissent du « vide sidéral » de leur discours. Ces transhumants qui sillonnent les fora et épousent allégrement toutes les nouvelles tendances. Ont-ils une entreprise ? Aucune. Leur bureau ? Leur compte Facebook. Nous disons ici que tout cela n’est pas sérieux. Les réseaux sociaux restent l’espace d’expression du vide qu’ils ont à partager. Sur ces réseaux, ils égrènent des chapelets de vacuité. Attention ! On atteint le mur des inepties.
Leur conviction absolue de dire vrai en tout lieu, tout le temps, rend leur posture insoluble dans l’apprentissage, le partage et le progrès. C’est de la bêtise réflexive. C’est la pire. Elle est irréversible et invincible. Combattre ces pratiquants de l’histrionisme fera grand bien à notre écosystème, avant d’entamer sereinement le virage de cette nouvelle collaboration. Cette collaboration nouvelle donnera aux startups l’opportunité de mieux travailler sur des sujets à fort impact et de renforcer leur prise avec le réel. Devenir le prolongement du réel, tel doit être l’une des missions du numérique en Afrique. Ici, le réel se nomme l’informel. C’est le moment de transformer ce bouillonnement fertile quotidien, de femmes et d’hommes, en une opportunité de mieux-vivre ensemble.
La DER : un trait d’union entre les deux univers
La DER par ses attributs est le liant naturel de cette collaboration nouvelle. Elle a pu, en un temps record, déchiffrer tous les codes et rouages de ce nouveau tissu entrepreneurial. Elle a pu s’adapter à la célérité qui caractérise ce monde et répond à la mission qui lui est assignée : accompagner, comprendre, financer, mettre en valeur les acteurs et projets de cette nouvelle économie, jusque-là, malades d’un défaut d’attention des acteurs publics. La même étude, du ministère de l’économie numérique, citée plus haut, révèle que 81% des entreprises du numérique n’ont pas accès au financement. La DER arrive à son heure. Son statut d’institution publique et son immersion réussie dans cet écosystème nouveau justifient ce rôle de facilitateur. Sa méthode de travail, parfois iconoclaste, qui répond parfaitement à l’exigence de notre époque, dérange souvent les traditionalistes du secteur plus habitués à des procédures plus longues et des dossiers « mieux maîtrisés ». Tant mieux. Ce sont les idées nouvelles qui changent le monde. Notre pays a besoin de mouvement, de concepts inédits, d’idées fortes, de gestes déterminés pour venir à bout des importants défis qui nous attendent.
Les très petits entrepreneurs du Sénégal ont longtemps souffert de la condescendance des puissants, de l’injustice des forts, de l’omniprésence des entreprises néocoloniales et de l’indifférence de l’État. Nous avons l’opportunité de reprendre la main sur notre tissu entrepreneurial. Encourager les plus volontaires, récompenser les plus méritants et soutenir les meilleurs par l’un des bras puissants de l’Etat. La DER peut être cet agent de la catalyse. Le processus est déjà entamé. Il s’agit de renforcer le mécanisme pour une collaboration plus aboutie avec les talents nationaux, pour que l’agriculteur vive de sa terre et le pêcheur de son poisson. En définitive, seule l’action publique peut mettre sur le même pied le « startuppeur » des technologies très avancées et la vendeuse de légume du marché de Diaobé. Pour qu’enfin advienne une nation moderne, forte, solidaire, prête, protectrice et équitable.
Youssou Owens Ndiaye est coordinateur de SenStartup et cofondateur de Ouicarry
TRACT ET PLUS, UNE EMISSION D'OUSSEYNOU NAR GUEYE
VIDEO
LE CARACTÈRE SISYPHÉEN DE LA DETTE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS : Aussitôt annulée, aussitôt reconstituée ? Les transferts de migrants, quelle place dans la mitigation des besoins en emprunts de l'Afrique ? AVEC CHEIKHOU OUMAR SY ET PAAP SEEN
"Tract et ...Plus : l'IADA (Initiative pour l'Annulation de la Dette Africaine), portée par plusieurs organisations sénégalaises (partis de la majorité et de l'opposition, syndicats, société civile, organisation patronale, personnalité indépendante) en soutien à la démarche du président Macky Sall est en débat.
Interrogé par Ousseynou Nar Gueye, l'ex-deputé Cheikhou Oumar Sy (législature de 2012 à 2017), président de l'Osidea (Observatoire de suivi des indicateurs de développement économiques de l'Afrique), invité fil rouge de l'émission, explique les motivations de son adhésion à l'IADA.
La dette africaine, aussitôt annulée, aussitôt reconstituée ? Les transferts de migrants, quelle place dans la mitigation des besoins en emprunts de l'Afrique ? La France va-t-elle payer cette dette de l'Afrique sans contrôle par celle-ci de sa natalité en contrepartie, comme soutenu par la députée française de droite Nadine Morano ?
Paap Seen est notre éditorialiste invité.
"Tract et...Plus", partenariat Tract.sn et SenePlus, est une émission dont la réalisation et le montage sont assurés par Boubabar Badji.